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Restauration d’un monument emblématique

COLLÉGIALE DE NEUCHÂTEL Restauration d’un monument emblématique

Dominant la colline depuis le XIIe siècle en compagnie du Château, la Collégiale est le plus ancien lieu de culte connu de la ville de Neuchâtel. Depuis une dizaine d’années, diverses interventions ont permis de redonner leur lustre aux façades; c’est à présent l’intérieur qui bénéficie de l’attention des professionnels du patrimoine. Les travaux menés en trois étapes, sur 14 ans (2008-2022), nécessiteront quelque 23 millions de francs, payés en partie par des subventions fédérales et cantonales.

Quelque 23 millions pour restaurer une vieille dame de plus de 800 ans.

Bâtie en pierre calcaire jaune d’Hauterive, lumineuse et solide, la Collégiale Notre-Dame de Neuchâtel voit ses travaux débuter vers 1190, sous l’impulsion du premier seigneur de Neuchâtel, Ulrich II. La construction s’achève près de cent ans plus tard en 1276, après plusieurs phases de chantier aux caractéristiques architecturales distinctes. Particulièrement significative est la rupture du premier tiers du XIIIe siècle: ainsi, la base de la Collégiale est construite selon l’art roman rhénan. Puis l’architecture change pour être plus proche du style bourguignon, notamment le toit couvert de tuiles vernissées. Enfin, les parties hautes et le cloître sont d’inspiration gothique. Après l’arrivée de la Réforme en pays neuchâtelois, incarnée par Guillaume Farel, la Collégiale devient protestante: les autels, des tableaux et des statues sont détruits. Entre 1867 et 1870, l’architecte neuchâtelois Léo Châtelain est mandaté pour restaurer l’édifice. De nouveaux éléments sont alors ajoutés, conférant un style néo-gothique à l’ensemble. La Collégiale constitue - avec le Château voisin - un ensemble monumental

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Un échafaudage de plus de 10 mètres pour restaurer la voûte étoilée du plafond. Le travail patient et minutieux des équipes spécialisées rend toute sa splendeur à la Collégiale.

d’importance exceptionnelle dans l’histoire politique et architecturale du canton de Neuchâtel. L’édifice accueille tout au long de l’année un nombre considérable de manifestations: cultes, fêtes du calendrier liturgique, mariages, services funèbres, événements d’ordre culturel, manifestations diverses, politiques et administratives.

Un chantier inspiré du passé

Dans les années 1990, l’état de vétusté de la Collégiale a incité les autorités communales à envisager une restauration complète du bâtiment. Une première étape est menée dès 2009, portant sur la réhabilitation de l’enveloppe de l’église et du cloître. La restauration (en cours) de l’intérieur de l’église s’en est ensuivie. Les quatre cloches monumentales, dont la plus ancienne remonte au XVIe siècle, ont retrouvé leur éclat et leur son unique. Par ailleurs, la partie Est (transept, chœur et abside) a été entièrement restaurée. La voûte étoilée du plafond, durement touchée par les effets du temps, a fait l’objet d’un nettoyage et de retouches à la feuille d’or. Les parois de pierre calcaire d’Hauterive, masquées sous un voile grisâtre ou victimes de coulures dues à la condensation, ont également été savamment nettoyées par les conservateurs-restaurateurs spécialisés. Dans l’aile occidentale de l’église, sur un vaste échafaudage à plus de dix mètres du sol, les restaurateurs de peintures murales s’apprêtent à consolider la voûte étoilée. Puis viendra la remise en état des murs, des jointures, des portes et des vitraux, sans oublier le sol. Les ouvriers se relaieront jusqu’en 2022 pour «restaurer les rénovations» entreprises par l’architecte Léo Châtelain. Aucun retour à un état qui serait antérieur à la fin du XIXe siècle n’est proposé. «Le contraste est saisissant entre l’aile orientale, à nouveau ouverte depuis le 28 novembre pour des cultes et des événements culturels, et la partie en chantier. C’est grâce au travail patient et minutieux des équipes spécialisées que peu à peu, ce chantier rend toute sa splendeur à un édifice bouleversant qui nous fait traverser les siècles», a commenté la conseillère communale Christine Gaillard, directrice de l’Urbanisme.

Autour de l’église

D’autres aménagements ont été réalisés, comme la pose récente d’une passerelle au nord du cloître. Celle-ci permettra, une fois le passage sécurisé, d’effectuer un chemin de ronde complet entre le Château et l’esplanade de la Collégiale, offrant une vue à couper le souffle sur la ville. Véritable atout touristique, ce nouveau tracé piétonnier devrait être ouvert au printemps. Dans le préau du cloître, c’est la verdure qui domine désormais, suite à la solution élaborée en concertation avec un groupe d’utilisateurs. La bande fleurie, encore peu visible en hiver, a été élargie autour du préau engazonné. Seul le passage qui relie l’entrée du cloître aux espaces mitoyens du Château a été conservée sous forme dallée. La plupart des dalles retirées du cloître sont quant à elles réutilisées dans l’aménagement du chemin de ronde. Enfin, les travaux portent sur l’éclairage et les moyens acoustiques. Le système de chauffage et les installations électriques vont également être remplacés, dans le but d’améliorer le bilan énergétique. Une restauration qui devrait préserver l’édifice pour les générations futures. n

Véronique Stein

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