Cannes Soleil mars 2012

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Social

Nina Husson et Mathieu Gache : « Nous sommes là pour montrer l’exemple » Mathieu, 17 ans, et Nina, 18 ans, ont été choisis pour être les « parrains » des adolescents en difficulté accueillis au sein de l’Oasis. Tous deux résidents de longue date des foyers de l’association Rayon de soleil et aujourd’hui sur la voie de l’autonomie, ils sont pour ces nouveaux arrivants fragilisés un exemple vivant de parcours réussi, malgré les douloureux obstacles de la vie. Pour Mathieu, qui vivait déjà au foyer Montbrillant depuis l’âge de dix ans avant de récemment intégrer l’Oasis : « La vie en foyer nous a permis d’acquérir des repères que nous n’aurions pas forcément eus dans nos familles. Ça a été difficile pour moi jusqu’à mes 13 ans, et puis je me suis passionné pour la cuisine, avant de me lancer dans la pâtisserie. Aujourd’hui, je suis apprenti en pâtisserie-chocolaterie à La Faculté des métiers et je travaille en alternance à l’hôtel Martinez. Le foyer m’a structuré. Si je n’étais pas venu ici je n’en serai peut-être pas là aujourd’hui, je serais peut-être un petit voyou. Je veux montrer à ces jeunes qui ont des problèmes qu’ils peuvent s’en sortir ». Nina, quant à elle, a passé son adolescence – depuis l’âge de 13 ans – au foyer Saint-Léon avec son grand frère. Elle a ainsi pu étudier au lycée Les Coteaux où elle a passé avec succès son BEP vente-action marchande et son bac pro service accueil. Pour elle, parrainer les ados de l’Oasis qu’elle vient de rejoindre est une évidence : « J’avais déjà un peu ce rôlelà à Saint-Léon, les plus jeunes venaient me parler. Ici, les gens, les éducateurs sont vraiment à l’écoute. Ils sont toujours là pour nous et nous aident à préparer notre sortie du foyer face à l’inconnu. Aujourd’hui, je vais continuer à travailler mon anglais pour pouvoir faire de l’accueil et de la réception, et être autonome. C’est à mon tour de soutenir les jeunes de l’Oasis, de les écouter, de les recadrer si besoin, et de leur dire que eux aussi, ils pourront y arriver ».

Un Rayon de soleil pour les enfants 1935. C’est la date de création par les époux Fort de l’association Rayon de soleil, reconnue d’utilité publique en 1943 et aujourd’hui présidée par Svitlane Ghattas. Une dénomination qui regroupe trois structures : la pouponnière Les Clémentines (vingt-sept enfants de 0 à 6 ans) et le foyer Saint-Léon (trente enfants de 6 à 18 ans), toutes deux situées avenue du Maréchal-Juin, ainsi que le foyer Montbrillant (photo), totalement rénové en septembre 2011, qui accueille trentetrois enfants de 6 à 18 ans, auquel s’ajoute désormais le foyer L’Oasis conçu pour recevoir quatorze adolescents. L’association travaille sous l’autorité et la tutelle de la direction de la santé et des solidarités et de la protection judiciaire de la jeunesse. Son financement est principalement assuré par le conseil général, qui est la collectivité dont dépend la protection de l’enfance. La Ville de Cannes, quant à elle, a soutenu Rayon de soleil en lui octroyant notamment une garantie d’emprunt lors de la construction de la pouponnière en 2008 et en favorisant la construction du foyer L’Oasis.

La salle de séjour : chaleureuse et conviviale.

Les salles d’ateliers pour privilégier les temps d’activité et de partage.

les jeunes du foyer Montbrillant qui partagent les locaux avec eux et leur servent d’exemple (voir encadré). Ils vont alors bénéficier, outre d’un encadrement spécifique, d’un environnement apaisant, serein. Dans la salle à manger, une grande table contemporaine, dessinée par l’architecte des lieux, est propice au rassemblement autour d’un bon repas. Dans la pièce à vivre, juste à côté, des canapés, des BDs, et même un piano invitent à la détente : « À l’Oasis, tout a été pensé pour favoriser la convivialité. Nous vivons ici un peu comme dans une famille, explique Serge Azema. D’ailleurs l’une des vocations premières de l’association a été d’accueillir les fratries. Les jeunes ne traînent pas devant la télé. Nous privilégions les temps « humains », où nous allons faire des choses ensemble. Il y a des ateliers pour les arts manuels, pour la culture en général : la danse, le théâtre… Pour le sport aussi. À la fin de leur séjour, ils refont un voyage avant de rejoindre leurs familles, avec lesquelles nous travaillons en étroite collaboration. » Les résultats obtenus à l’issu du premier groupe de sept adolescents accueillis au sein de l’Oasis sont encourageants : « Les jeunes se sont ouverts, ils ont participé. Il n’y a pas eu de tentative de fugue. Sur les sept, quatre ont demandé à prolonger leur séjour et un à intégrer une structure d’accueil. Ces ados en souffrance ont appris à communiquer, à parler de ce qu’ils vivent, à travailler sur leurs problèmes. C’est un bilan très positif. » ■

« Remettre les jeunes dans une dynamique de vie »

Cannes Soleil n° 117 > mars 2012 - 25


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