Cannes Soleil juillet/août 2010

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« Silence, on tourne », c’est traditionnel. « Secret, on tourne », c’est plus rare. C’est pourtant le choix de la production du long métrage Omar m’a tuer qui vient d’être réalisé à Cannes et dans la région par Roschdy Zem. Directement inspiré d’une affaire criminelle célèbre (il y a un gros indice dans le titre), le film va sans nul doute créer l’événement et peut-être la polémique. Soucieuse de ne pas en rajouter, la production a donc opté pour la discrétion médiatique absolue. Le plateau s’est cependant ouvert une paire d’heures à l’équipe de Cannes Soleil. Chut !

Le cinéma, ça peut être d’intrépides poursuites, des tirades étincelantes, des tartes à la crème, une prestigieuse reconstitution historique ou encore des scènes d’amour torrides ou délicates. Mais ça peut être aussi un homme qui sort d’un garage, met son casque et démarre sa mobylette. Et s’envole vers le soleil couchant tel un poor lonesome cow-boy sur sa monture. Bon, là, on extrapole un peu pour ajouter une touche de romantisme. En fait, nous sommes rue Hibert sur le tournage d’une scène qu’il faut bien qualifier de transition, certes peu palpitante mais néanmoins indispensable comme toutes celles de ce genre pour créer la liaison entre deux moments forts.

L

Roschdy m’a

Une affaire de patience Et des moments forts, il ne devrait pas en manquer dans ce film qui retrace l’af-

(presque) filme(r) 24 - Cannes Soleil n° 99 > juillet/août 2010

faire Omar Raddad à travers le combat mené par l’académicien, écrivain et journaliste Jean-Marie Rouart pour démontrer l’innocence d’Omar. Petit rappel des faits : une riche américaine assassinée dans sa maison de Mougins écrit, mais est-ce si sûr que ce soit elle, sur le mur avec son sang « Omar m’a tuer » faute d’orthographe incluse. La police dirige donc immédiatement son enquête vers... Omar qui est le jardinier de la dame. Une enquête qui va foncer dans cette direction en délaissant toute autre piste, ce qui va finir par créer un malaise dans l’opinion, beaucoup ayant, de plus, du mal à admettre que la personnalité timide et effacée d’Omar soit celle d’un tueur. Omar est néanmoins condamné aux assises, même si le procès fait apparaître de multiples zones d’ombre dans l’enquête. Avec le soutien de JeanMarie Rouart, un homme pourtant si différent de lui, et d’une large part de l’opinion publique, Omar est finalement gracié par le président Chirac. Gracié


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