Culture Face à cannes, la plus grande des îles de Lérins abrite désormais une sculpture permanente nommée Liberté, en hommage au célèbre homme au masque de fer. réalisée in situ par le sculpteur charles cermolacce, l’œuvre a trouvé sur l’île Sainte-Marguerite un écrin d’exception.
Le sculpteur azuréen Charles Cermolacce est l’un des seize artistes qui ont été sélectionnés pour la 2e Rencontre internationale de Land Art, dont l’exposition s’est tenue jusqu’au 31 août dernier sur l’île Sainte-Marguerite. Entre terre et mer était le thème imposé pour cette seconde édition. À partir de blocs de pierres prélevés au sein des carrières de l’île et en collaboration avec les équipes de l’Office national des forêts (ONF), l’artiste y a sculpté une œuvre monu-
liberté, GRAVÉE DAN mentale de 1,80 m de hauteur, symbolisant la légende du Masque de fer. L’œuvre a pris place à quelques mètres de l’embarcadère.
un visage meurtri face au continent
« Il semblait aux visiteurs qu’elle avait été là depuis toujours »
36 - Cannes Soleil n° 148 > janvier 2015
Chacune des seize œuvres façonnées sur place, une semaine durant, avait vocation à disparaître, puisque tel est l’ADN du Land Art. Toutes sauf une : selon le souhait de la municipalité, le Masque de fer baptisé Liberté, signé Charles Cermolacce, reste désormais au titre d’œuvre d’art permanente sur l’île. Création unique et totalement originale, cette sculpture évoque une légende forte rattachée à l’identité de l’île. « Il s’agit de ma vision personnelle du Masque de fer. Comme pour la bête du Gévaudan, celui qui entend parler de cette histoire se fait sa propre interprétation. Pour ma part, j’ai représenté un visage nu, abimé par de multiples plaques de fer, strates, clous… Symbolisant les marques du temps qui passe et les cicatrices que les épreuves de l’existence peuvent laisser sur un visage » souligne l’artiste qui venait de vivre un épisode marquant au moment de la réalisation de cette œuvre. « L’immersion dans l’atmosphère de l’île, son calme et son environnement furent salutaires. J’ai pu y puiser une grande inspiration. Travailler ainsi, dans l’isolement, plus d’une semaine d’affilée, du matin jusque tard le soir, a été une expérience marquante : ma solitude faisait écho à celle qu’a pu vivre l’homme au masque de fer. Au fur et à mesure qu’il prenait forme, je ressentais une sorte de bien-être ». Nommée Liberté, cette statue sculptée à même la pierre brute incarne une fenêtre sans barreau d’où un visage meurtri fait face au continent. Elle symbolise une échappée possible vers un ailleurs prometteur. Jusqu’au mois d’octobre dernier, Charles Cermolacce – artiste reconnu et forestier au Conseil général des Alpes-Maritimes – est venu sur le site à plusieurs reprises afin de parfaire encore et encore son œuvre. « Les promeneurs et touristes s’arrêtaient souvent pour me regarder travailler. La plupart pensait