Février 2022 - Cannes Soleil

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EXPOSITION NICOLAS FLOC’H :

À LA DÉCOUVERTE

DE NOS FONDS MARINS

Le Pôle Art Moderne et Contemporain de la Mairie de Cannes (PAMoCC) nous plonge, avec l’exposition Invisible Parallèle – Îles de Lérins de Nicolas Floc’h présentée jusqu’au 22 mai au musée du Masque de fer et du Fort Royal, dans une lecture comparative des paysages sous-marins du parc national des Calanques et d’autres sites méditerranéens. Parmi ces derniers, l’archipel de Lérins et l’île Sainte-Marguerite où l’artiste a réalisé son exploration photographique et artistique en 2021 lors d’une résidence. Entretien avec un photographe à la forme d’inventoriste et au fond marin.

C

annes Soleil : Comment qualifier vos photographies : sont-elles à la croisée de l’art et de la science ? Nicolas Floc’h : Je mène un travail photographique d’inventaire sous-marin des différentes façades maritimes, mais ce sont des missions avant tout artistiques. Les scientifiques ne posent pas le même regard sur cet environnement, ils prennent en général des vues beaucoup plus morcelées pour mesurer ce qui se trouve dans

les fonds marins, des vues moins larges. Dans une vue panoramique, on va avoir une idée de l’environnement, la perception d’un état.

C.S. : Vous souhaitez poser un nouveau regard sur les fonds marins ? N.F. : La plupart des personnes ont une connaissance des fonds marins qui se limite à celle des fonds tropicaux, de l’ordre du détail, de la macro. Habituellement, on regarde ce qui est un peu Nicolas Floc’h a photographié les fonds marins des exceptionnel, îles Saint-Marguerite et Saint-Honorat lors d’une pas ce qu’il y a résidence d’artiste au musée du Masque de fer et du Fort Royal en 2021. autour. Il y n’y a pas d’errance dans le commun de l’océan. Or, je trouve que le commun est tout aussi intéressant. La photographie sous-marine est très centrée sur la faune, le plongeur ou l’apnéiste. Elle est très

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CANNES SOLEIL N° 223 - FÉVRIER 2022

anthropocentrée, on ne voit pas ce qui s’étend sous le regard. Ici, autour des îles de Lérins, c’est le paysage qui est sujet. C.S. : Quels paysages avez-vous exploré ? N.F : Je viens de terminer une exposition à Brest qui a duré un peu plus de trois ans. J’ai travaillé sur la couleur de l’eau, entre Saint-Nazaire et SaintMalo. Avec les séries méditerranéennes Invisible, j’ai exploré les différentes façades maritimes du parc national des Calanques, de Port-Cros et des îles de Lérins. Au cours de plongées en apnée ou en bouteilles, j’ai fait un inventaire des paysages. C.S. : Les paysages sont-ils très différents ? N.F. : Dans les Calanques, c’est très minéral. Par endroits, toutes les roches sont rases, on a quelques herbiers et de grands tombants. C’est un des seuls parcs urbains d’Europe : il y a 200 ans de pression, que ce soit par les industries ou les rejets de la ville en plein cœur du parc. Les paysages y sont marqués. Au contraire, les îles de Lérins sont quasiment champêtres, avec de grandes herbes de posidonies tout autour. C.S. : À quoi fait référence la « parallèle » de votre exposition ? N.F. : Aux îles du Levant, on a des tombants rocheux avec pas mal de posidonies. Il y a un environnement assez riche, mais sur des zones plus profondes que sur les îles de Lérins, qui ont


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