TRADITIONS
Pièces historiques et automates plus contemporains peuplent cette fresque biblique aux origines centenaires.
LA CRÈCHE DU SUQUET,
SANTONS D’HISTOIRE
Jusqu’au 2 février, l’église Notre-Dame d’Espérance présente sa crèche biblique sulpicienne (art remontant au XVIe siècle) qui fêtait, comme les cloches de l’édifice récemment restaurées par la municipalité, son centenaire en 2020. Avec ses pièces d’origine, cette crèche, la plus grande de style sulpicien visible en France, fait lien entre les Cannois d’hier et ceux d’aujourd’hui qui se pressent à l’admirer comme un élément indémodable de leur patrimoine et de leur identité. En haut du Suquet, cent ans d’histoire à contempler.
T
out Cannois qui aime la magie de Noël a forcément déjà franchi au moins une fois dans sa vie le seuil de Notre-Dame d’Espérance, au Suquet, pour y admirer sa crèche centenaire. Créée en 1920, à l’initiative du chanoine Paul Grau – curé emblématique de la paroisse jusqu’en 1952 et tout à la fois pasteur et patriote dont de nombreuses œuvres lui ont survécu comme l’Espérance de Cannes ou encore le foyer de la Sainte Famille –, cette
scène de la Nativité plonge le visiteur sur le chemin de la modeste étable de Bethléem, au milieu des bergers, paysans et rois mages, des chèvres, vaches et moutons, mais aussi éléphants ou dromadaires.
Un pèlerinage culturel et spirituel Sur les 70 santons de cette fresque biblique, plus d’une trentaine sont d’origine. Le décor onirique, posé sur une toile de sept mètres sur cinq, est lui aussi d’époque. Réalisé par Georges Roux, qui concevait également les costumes et décors des fêtes folkloriques du quartier, ce tableau, dont les couleurs évoquent le temps qui passe sans rien perdre de leur intensité réaliste, cache toute une logistique mise en place par Joseph Charles à la fin des années 1930 Vue de la crèche dans son ensemble, encadrée de ses anges luminaires et d’un drapé rouge scintillant qui la mettent en valeur.
24
CANNES SOLEIL N° 221 - DÉCEMBRE 2021
pour animer et éclairer les personnages et habitations. Les outils y sont rudimentaires et leur fonctionnement pérenne relève presque du « miracle », comme l’explique Gilles Mangiantini qui, en 2010, a entrepris de restaurer la crèche : « Pour faire tourner les anges dans le ciel de Bethléem, les sujets de plâtre sont suspendus à une roue de vélo positionnée à l’horizontale et garnie d’ailes en fer blanc, sur lesquelles souffle un vieux sèchecheveux avec sa coque métallique. Ici, un simple moteur de tournebroche permet au troupeau de vaches de se
SUR LES 70 SANTONS, PLUS D’UNE TRENTAINE SONT D’ORIGINE
déplacer dans la montagne. Là, un gros moteur à courroie entraîne une chaine de motocyclette permettant aux sujets de défiler autour de l’étable. Enfin, une petite pompe de cale de bateau aspire l’eau du lac pour la recracher dans la cascade au fond du décor. » Une vraie quincaillerie en coulisses pour une mise en scène lumineuse et magistrale, qui force à la fois le rêve des plus petits et la méditation des plus