CIM Magazine May-June 2020

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Pleins feux sur la neutralité

carbone L

es sociĂ©tĂ©s BHP, Rio Tinto, Vale et Teck se sont engagĂ©es, depuis une annĂ©e, Ă  atteindre la « neutralitĂ© carbone » (zĂ©ro Ă©mission nette de dioxyde de carbone) Ă  l’horizon 2050. La course est lancĂ©e. Au Canada et dans des pays plus lointains, les sociĂ©tĂ©s miniĂšres tentent de « dĂ©carboniser » leurs activitĂ©s, Ă  savoir rĂ©duire, voire supprimer leurs Ă©missions de dioxyde de carbone (CO2), en utilisant des parcs de vĂ©hicules Ă©lectriques, en puisant leur Ă©nergie dans des sources plus Ă©cologiques et en mettant au point des stratĂ©gies plus propres pour les mĂ©thodes de fusion et le transport des marchandises. « Jusqu’ici, il Ă©tait bienvenu d’adopter des mesures Ă©cologiques. Aujourd’hui, c’est une tendance gĂ©nĂ©ralisĂ©e. Des sociĂ©tĂ©s [de fonds mutuels] telles que BlackRock proclament que la [responsabilitĂ©] environnementale, sociale et de gouvernance (ESG) constitue un facteur de dĂ©cision important pour ses investissements dans des actions miniĂšres », dĂ©clarait Julian Kettle, vice-prĂ©sident de la section MĂ©taux et mines de la sociĂ©tĂ© de conseil spĂ©cialisĂ©e dans l’énergie Wood Mackenzie. Les efforts de « dĂ©carbonisation » (Ă  savoir l’ensemble des mesures et techniques visant Ă  rĂ©duire la teneur en carbone, plus spĂ©cifiquement en CO2, des Ă©nergies, voire d’une Ă©conomie entiĂšre) dĂ©ployĂ©s par les sociĂ©tĂ©s miniĂšres ont jusqu’à prĂ©sent Ă©tĂ© « dĂ©cevants », dĂ©plorait-il. Des promesses telles que celles, rĂ©centes, de Rio Tinto, d’investir un milliard de dollars amĂ©ricains (soit l’équivalent de 1,4 milliard de dollars canadiens) dans des initiatives vertes sont, certes, « un bon dĂ©part, mais devront faire leurs preuves rapidement ». Une course contre la montre que la pandĂ©mie liĂ©e au COVID-19 rend dĂ©sormais encore plus complexe. Certaines dĂ©marches en faveur de la dĂ©carbonisation des sites sont Ă©prouvĂ©es, testĂ©es et constituent une option compĂ©titive. Dans les nouvelles mines, il est logique sur le plan Ă©conomique de puiser l’électricitĂ© dans des sources d’énergie renouvelables. L’énergie propre est, par dĂ©finition, plus Ă©cologique et peut parfois ĂȘtre moins onĂ©reuse que l’électricitĂ© produite Ă  l’aide de combustibles fossiles. Les autres stratĂ©gies de dĂ©carbonisation requiĂšrent une innovation et un investissement supplĂ©mentaires. 52 | CIM Magazine | Vol. 15, No. 3

Alors que les sociĂ©tĂ©s miniĂšres s’engagent Ă  rĂ©duire leur empreinte carbone, la portĂ©e de cet engagement ne cesse de croĂźtre Par Cecilia Keating

Par rapport Ă  l’exploitation miniĂšre souterraine, la disponibilitĂ© et la maturitĂ© de l’équipement Ă©lectrique utilisĂ© pour l’exploitation miniĂšre Ă  ciel ouvert accusent un certain retard, et les efforts visant Ă  dĂ©carboniser les procĂ©dĂ©s Ă  forte intensitĂ© de carbone tels que la production d’acier et la fusion de l’aluminium (que l’on considĂšre toujours plus comme Ă©tant en partie de la responsabilitĂ© du secteur minier) se trouvent dans un Ă©tat encore plus embryonnaire. L’examen minutieux des Ă©missions de CO2 engendre inĂ©vitablement une surveillance encore plus rigoureuse et constitue un enjeu supplĂ©mentaire pour les producteurs de produits de base. Les Ă©missions de champ d’application 3, Ă  savoir des Ă©missions rĂ©sultant d’activitĂ©s extĂ©rieures et en aval de la chaĂźne de valeur telles que le transport, la fusion et l’utilisation finale des matĂ©riaux, peuvent ĂȘtre jusqu’à 30 ou 40 fois supĂ©rieures aux Ă©missions rĂ©sultant des activitĂ©s opĂ©rationnelles ou de l’utilisation d’électricitĂ© sur place dans une mine. En 2019 par exemple, Teck a gĂ©nĂ©rĂ© 290 kilotonnes d’émissions de CO2 provenant d’électricitĂ© produite Ă  l’extĂ©rieur de ses sites, 2 936 kilotonnes dans ses exploitations et 73 000 kilotonnes en aval de la chaĂźne d’approvisionnement. En d’autres termes, 96 % de ses Ă©missions de CO2 Ă©taient gĂ©nĂ©rĂ©es aprĂšs que les matĂ©riaux ont quittĂ© l’exploitation. De mĂȘme, les Ă©missions de champ d’application 3 de Vale en 2018 reprĂ©sentaient 96 % des Ă©missions totales de la sociĂ©tĂ©. Elles Ă©taient initialement rĂ©parties entre les navires (2 %) et les clients (93,9 %). Ceci explique qu’un nombre croissant d’investisseurs et de consommateurs appelle l’industrie Ă  inclure les


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