Déclaration de la Gauche Indépendantiste lors de la manif à Lorient en solidarité avec Afrin

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Déclaration de la Gauche Indépendantiste Bretonne à Lorient le 31 mars 2018 lors de la manifestation de solidarité avec Afrin et le Kurdistan La ville d’Afrin située au Kurdistan syrien est tombée il y a quelques semaines aux mains des troupes fascistes turques obéissant au diktat de leur président Erdogan. La ville d’Afrin a été conquise avec l’aide des terroristes de Daesh et d’Al-Qaida enrôlés par Erdogan, euxmêmes combattus par les soldats kurdes et leurs renforts internationalistes du YPG-YPJ à Kobane, à Raqqa ou à Deir-er-Zor. Les habitants de la ville et du canton d’Afrin, les troupes kurdes et les internationalistes venues combattre la coalition turco-fasciste ont été la cible délibérée de bombardements et autres attaques durant 2 mois sans que jamais la communauté internationale pourtant alertée ne se soit fait entendre. Une communauté internationale, les États-Unis et la France en tête, qui a été pourtant bien prompte à s’appuyer sur les mêmes soldats kurdes et internationalistes pour venir à bout des troupes de Daesh à Kobane ou à Raqqa. Si nous appelons à nous mobiliser pour que l’occupation turque d’Afrin cesse, nous appelons aussi à nous élever contre le silence complice des dirigeants internationaux de l’OTAN défendant les intérêts de leur partenaire Erdogan. Des dirigeants internationaux bien connus ici en Bretagne et à Lorient, la ville de M. Le Drian, ministre des Affaires Étrangères. Les annonces françaises des derniers jours en accord avec l’administration du Rojava sont certes une victoire diplomatique pour cette dernière mais c’est vraiment le service minimum après 60 jours de silence complice envers la Turquie. Ces annoncent cachent mal la complicité active de Macron/Le Drian et Erdogan. La Turquie vient de rappeler qu’elle refusait toute médiation au Rojava. La Turquie d’Erdogan est en fait soutenue par la France quand Macron et Le Drian continuent de qualifier le PKK de « terroristes » et affirment le droit de la Turquie à se défendre contre le PKK. C’est en fait une autorisation à continuer à massacrer les Kurdes. D’ailleurs la France s’est bien gardé d’expulser les diplomates Turcs alors que tout le monde le sait les services secrets Turcs sont impliqués dans l’assassinat des militantes Kurdes Fidan Doğan, Sakine Cansiz et Leyla Söylemez dans la nuit du 9 au 10 janvier 2013. Tout le monde le sait, mais la France impérialiste et l’UE continuent d’avoir des relations normalisées avec la Turquie qui finance et arme les troupes de DAESH et autres supplétifs islamistes. Tout ceci dans le cadre de l’OTAN. La France a mis bien longtemps à poursuivre l’entreprise LAFARGE pour avoir financé DAESH grâce à l’entremise d’un cadre de cette entreprise par ailleurs candidat du Front National alors que le PKK est interdit en Europe et classé comme terroriste et que nombreux de ses militants ont croupis dans les prisons françaises. La France et l’Union Européenne continuent d’autoriser le parti d’Erdogan à faire des réunions publiques sur leur territoire alors qu’on sait leur implications dans le soutien à DAESH. Pourtant c’est le PKK et ses alliés au sein du KCK (Conseil des communautés Kurdes) qui a contribué à aider à organiser une alternative à la barbarie et aux impérialistes au Rojava et au Shengal et ce avec le seul soutien des internationalistes partis combattre là bas, comme notre camarade Kendal Breizh et tant d’autres. L’UE de Merkel, Jean-Yves Le Drian et Macron ont au moins cette cohérence dans leur politique internationale : celle de soutenir tous les fascistes comme Rajoy et le Roi d’Espagne qui répriment violemment les indépendantistes catalans, comme en témoignent le silence de mort des institutions européennes suite aux nombreuses incarcération de leader Catalans par l’Espagne ou l’Allemagne. Là encore, Le Drian a choisi son camp : celui des impérialistes, des monarques, des fascistes. Comme il le choisit en ne disant rien au sort scandaleux fait à Abdullah Ocalan, emprisonné à vie par la Turquie. Nous sommes venus ici pour soutenir et remercier les organisations Kurdes qui contribuent à la résistance à Afrin et partout au Rojava et dans les autres parties du Kurdistan. Car ce n’est pas seulement une lutte contre le fascisme de Daesh et d’Erdogan. C’est aussi un formidable espoir politique que de voir ainsi lier concrètement autodéfense militaire et politique, auto-organisation du peuple et visibilité des femmes et de tous les groupes ethniques et linguistiques présent au Rojava et au Kurdistan. En tant que Bretons indépendantistes en lutte contre l’assimilation française nous affirmons que nous trouvons hypocrite l’engouement affiché de certains pour le confédéralisme démocratique, qui s’esbaudissent devant cette démarche politique novatrice et refusent ici la moindre concession aux langues et peuples opprimés par l’état français. Comme en témoigne les propos scandaleux d’Alexis Corbiere de la France Insoumise contre la langue bretonne cette semaine à paris. En tant qu’indépendantistes bretons nous affirmons que soutenir la résistance Kurde et le Rojava c’est s’en inspirer ici dans nos pratiques politiques, ce n’est pas apporter un soutien impérialiste d’occidental éclairé, mais c’est construire les résistances ici basées sur le féminisme, le partage des richesses et sur le droit de tous les peuples a pleinement vivre leur culture, leur langue et à décider sur leur territoire. Soutenir et apprendre de la résistance Kurde c’est lire et apprendre et diffuser les paroles de Riza Altun, fondateur du PKK, porte-parole de la commission des affaires étrangères du KCK et il n’y a pas si longtemps réprimé par la justice française aux ordres des fascistes d’Ankara pour son appartenance au PKK. Elles résonnent fort justement en ces temps de luttes sociales que nous souhaitons radicales contre Macron et son gouvernement, elle résonne fort justement dans ces temps de lutte nécessaire contre les agressions fascistes et les discours anti-immigration.


Voici ce que dit Riza Altun sur la présence de forces impérialistes au Kurdistan : « Ce rapport avec ces puissances impérialistes reste tactique. C’est logique. Il ne peut pas devenir stratégique. Nous tentons de développer une perspective démocratique communale pluraliste et anticapitaliste. Les impérialistes tentent d’apporter leurs intérêts dans la région par la force pour ainsi propager leur hégémonie. Nous qui intervenons pour la liberté et les intérêts des peuples, sommes de l’autre côté. C’est la raison pour laquelle cela ne peut pas devenir un rapport stratégique. Pour arriver à une collaboration stratégique il faudrait que nous partagions la même vision du monde et ce n’est pas le cas. Nous intervenons pour un socialisme démocratique. Ils tentent d’imposer leurs intérêts capitalistes et impérialistes. Mais dans cette lutte il peut y avoir des phases dans lesquelles nous devons contracter un rapport tactique. Dans les phases révolutionnaires de tels rapports tactiques peuvent avoir lieu. Ce fût fréquent au cours de ‘l’histoire. Par exemple le rapport de Lénine avec l’Empire Allemand avant et après la 1ere guerre mondiale. Un tel rapport des états socialistes avec d’autres états fut également présent après la première guerre mondiale et au début de la seconde guerre mondiale ». « Pour mener notre lutte progressiste nous ne dépendons ni de l’aide des USA, ni de celle de l’Europe, ni de celle de la Russie. A l’opposé nous faisons appel à tout mouvement progressiste, révolutionnaire ou démocratique » « Mais uniquement se solidariser avec un mouvement ne suffit pas. Là où nous sommes, nous devons nous organiser et intervenir pour vivre. Je vais dire maintenant quelque chose de difficile à avaler. La modernité capitaliste qui se développe en Europe ou dans l’Occident a produit une vision du monde qui est Eurocentrique. De cela nait une logique qui veut que l’on continue a soutenir les autres. Par ce soutien on tente de cacher sa propre identité, ce que l’on vit soi-même. L’action du mouvement démocratique de gauche en Europe est similaire. C’est-à-dire qu’au lieu de faire avancer sa propre révolution elle soutient les autres. Faire des changements sur place n’est sa cause prioritaire. Au contraire elle s’occupe d’un mouvement qui lui est dans un processus révolutionnaire. Et faire preuve de cette solidarité, de ce soutien c’est actuellement une approche Eurocentriste. La perspective du révolutionnaire devait être qu’il faut la révolution partout. Les révolutionnaires devraient être partout ou la révolution est nécessaire. Cela signifie que développer une révolution au Rojava, au proche Orient n’est pas uniquement notre tâche à nous. C’est aussi la vôtre. Cette population ce n’est pas uniquement notre population c’est aussi la vôtre. Vous devriez vous aussi en assumer la responsabilité. Par conséquent vous devriez militer dans ce processus révolutionnaire dont l’origine est au Rojava. » Nous voulons saluer ici tous les peuples de Turquie, autres que les Kurdes qui luttent contre le régime d’Erdogan, les femmes, les ouvriers, les fonctionnaires, tous les prisonniers politiques détenus en Turquie. Ceux et celles de TIKKO/TKP-ML, du MLKP, TKEP/L, les anarchistes, le DHKP-C. Nous n’avons rien contre les peuples de Turquie. Nous appelons à soutenir concrètement la révolution au Rojava pour laquelle se battent nos camarades kurdes rejoints par les internationalistes : - En donnant au Secours Rouge International pour acheter du matériel médical pour les combattants internationalistes ; - En exigeant la libération d’Abdullah Ocalan ; - En exigeant le retrait du PKK de la liste des organisations terroristes ; - En exigeant une reconnaissance internationale de l’unité territoriale des différents territoires Kurdes ; - En accentuant les luttes sociales radicales, la lutte sans concession contre le racisme et la xénophobie et bien sur la lutte pour le droit à l’autodétermination de Lorient à Barcelone, de Noumea à Kobane ! Biji YPG/YPJ ! Biji Kurdistan ! Biji Apo ! Biji PKK ! NB : les extraits de Riza Altun sont issus de la revue Internationale Debatte numéro 8 Juillet 2017. L’interview intégrale de Riza Altun est dans cette revue. Cette entrevue a été réalisée en décembre 2016 dans les monts Qandil par des membres du Revolutioner Aufbau Schweiz. La connaissance est une base pour construire et renforcer la solidarité révolutionnaire.


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