Brazzamag Num 6 - Avril 2019

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N° 6 - AVRIL 2019

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Voyage au cœur de la musique congolaise

N° 6 - AVRIL 2019

Prévenir LE Cancer du sein OBAC : restructurer SON entreprise en difficulté SOS enfants de la rue

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Heures d’ouverture

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Lundi à Samedi : 8h-13h / 15h-19h30 Dimanche : 9h-13h

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NOS ICONES

Pointe Noire : BP 4845, Avenue Charles de Gaulle (en face de PARK N SHOP) Tél. : +242 22 294 02 70 / 05 573 15 75 Ligne 1 Grand Marche Tél. : +242 05 520 01 94 E-Mail : supersonic_pnr@yahoo.fr Brazzaville : BP 1107, Avenue Orsy (en face de PARK N SHOP) Tél. : +242 22 281 37 80 / 05 318 00 00 BRAZZAMAG Avenue Amilcar Cabral (à côté d’Air France) Tél. : +242 22 281 37 80 / 05 527 17 99 E-Mail : supersonic_bzv@yahoo.fr


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Heures d’ouverture Lundi à Samedi : 8h-13h / 15h-19h30 Dimanche : 9h-13h

s inaire rs m u L ve mbre ools & di a h C le - Alc la tab x - Luxe e d t eau - Ar ager isirs / Cad n é m Lo tro - Elec - Litérie s t e u t - Jo men aison Aménage M ss Fitne de Jardin r lie Mobi

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Adresse : 29, Avenue Barthelemy BOGANDA B.P. 828 Pointe-Noire / République du Congo BRAZZAMAG Email : picknpay@burotec.biz Tel : (00242) 05 579 66 90, (00242) 05 537 14 01


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NOS ICONES

NUMÉRO 6 - AVRIL 2019

Photo: Robert Nzaou

SANTÉ 46. LA MUSIQUE ET NOTRE SANTÉ 47. LE CANCER DU SEIN, PREMIER CANCER AU CONGO-BRAZZAVILLE

TENDANCES 10. DENIS MUKWEGE, PRIX NOBEL DE LA PAIX 11. EN ATTENDANT VOTRE PUB… J’EXPOSE

NOS ASSOS 50. L’ASSOCIATION BAOBAB, BALLON D’OR 51. SOS ENFANTS DE LA RUE

NOS ICONES 18. JUDITH BACH, TOP CHEFFE D’ENTREPRISE 20. PAPA HUSSAM, LE MANAGER DES NUITS CONGOLAISES

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NOS QUARTIERS 52. TRIBUNAL DE QUARTIER 54. AVENUE LOUTASSI 56. VIVRE EN HARMONIE À LOANDJILI

SPÉCIAL MUSIQUE

23. CASIMIR ZOBA (ZAO) 26. TEDDY BENZO, MWANA MBOKA 28. NOS NOUVELLES STARS 31. MARIUSCA ENFLAMME LE SLAM 32. BIG TYGER 33. MIXTON "JE SUIS UN COCKAIL" 34. DJ RANDY, EXPERT EN MARIAGE 35. CHANTER ET DANSER CONTRE LES CLICHÉS

FLASH BACK 60. DEPUIS 70 ANS, ON FAIT LA FÊTE CHEZ FAIGNOND 62. LA CASE DE GAULLE POUR TOUS 64. « AIR MAKANA », COMPAGNIE MYSTIQUE

LIFE STYLE BUSINESS 40. OBAC, FAIRE DU BUSINESS AU CONGO 42. CORDONNIER, UN MÉTIER “SANS” TABOUS 44. L’EXPLOSION DU MARKETING EN AFRIQUE

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66. 6 APPLIS MUSIQUE 68. MARIETA SAKO, UNE "GUERRIÈRE" SUR LE PODIUM 69. GRÂCE-MERVEILLE MALANDA GRÂCE-MERVEILLE, MANNEQUIN-POÉTESSE


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édito

UN SOUFFLE NOUVEAU... Nouveau numéro, nouveau rubriquage, nouvelle équipe, Brazzamag fait peau neuve. Néanmoins, notre vision demeure inchangée. Nous continuerons à mettre en avant les hommes et les femmes qui contribuent au développement économique, social et culturel du Congo. Nous continuerons à donner à notre pays sa juste place dans l’actualité africaine. A travers ce sixième numéro, nous vous ferons voyager au coeur de l’histoire de la musique congolaise des années 70 à nos jours. Traversez les frontières en passant de la rumba aux musiques urbaines. Laissez vos souvenirs se réveiller aux rythmes de chez nous. Dans “Grand Format”, Le célèbre Casimir Zoba alias Zao relate les premières années de sa carrière musicale. L’artiste congolais nous livre ses impressions et son avis critique sur la génération de jeunes artistes congolais d’aujourd’hui. Teddy Benzo est-il un ange ou un démon? Quel est le surnom de Mixton? Biz Ice, Fanie Fayar, Sosey, Big Tyger mais aussi la slameuse Mariusca, Randy DJ, ils ont tous contribué à l’élaboration de cette édition spéciale musique. Découvrez également la nouvelle rubrique “Tendances” qui revient sur les événements marquants de ces derniers mois. La rubrique “Nos assos” qui promeut les bonnes oeuvres et les actions sociales menées par des bénévoles (Samu social, l’association baobab). Dans “Flash back”, nous vous faisons revivre les temps forts de l’histoire du Congo Brazzaville. En ces temps de fêtes, nous avons choisi de célébrer la nouvelle année en lançant l'application mobile Brazzamag. Rendez-vous sur votre smartphone pour suivre en direct les derniers articles de notre magazine et nos vidéos. Enfin, nous sollicitons votre indulgence pour notre absence qui a duré plusieurs mois et nous vous remercions pour votre fidélité. On se retrouve bientôt pour les prochaines éditions avec toujours plus de textes inédits et des modèles de réussite à la congolaise. Bonne lecture ! La rédaction BRAZZAMAG

PAR ExecutablE media groupe & AFRICATHEMIS Numéro 06 Avril 2019

GROUPE EXÉCUTIF Directrice de la rédaction: Flore ONISSAH DIRECTION Secrétaire de rédaction: Sylverène EBELEBE Secrétaire administrative: Megan MIEGASS Conseiller Juridique : Herold Armand Malonga

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JOURNALISTES Antoine Rolland Bernard Sallé Flore ONISSAH Sylverène Ébélébé

DESIGN Sylverene Ebelebe Recreation Multimedia

COMMERCIAUX Pointe-Noire / Brazzaville +242 06 474 7790 +242 05 059 5555 info@brazzamag.com

COLLABORATIONS SPÉCIALES Gras Savoy (Chronique Santé) YAKALA FM (Média)

PHOTOGRAPHIE Studio 242 Aude MAGELOU Romaric ONIANGUE


Crédit Robert Nzaou 9 photo: BRAZZAMAG


TENDANCES AU TOP

DENIS MUKWEGE

Le gynécologue congolais Denis Mukwege a reçu le prix Nobel de la paix 2018.

10 CHOSES À SAVOIR SUR LE GYNÉCOLOGUE CONGOLAIS DENIS MUKWEGE 1 Denis Mukwege est surnommé « l’homme qui répare les femmes » ou encore le « docteur miracle ». 2 Troisième d’une famille de neuf enfants, il a été tôt inspiré par son père, pasteur pentecôtiste dévoué aux autres, qu’il accompagnait très jeune dans ses visites aux malades. 3 En 20 ans, il a soigné plus de 50 000 femmes victimes de viols. 4 Il a d’abord fait des études de médecine au Burundi, avant de se spécialiser en gynécologie-obstétrique en France. 55 Denis Mukwege est âgé de 63 ans. Il est marié et père de cinq enfants. 6 En 1999, il fonde l’hôpital Panzi avec l’aide de la Communauté

des Églises de Pentecôte en Afrique centrale.

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7 L'hôpital de Panzi prend en charge gratuitement chaque année plus de 3 500 victimes de violences sexuelles et leur permet de bénéficier d'une chirurgie reconstructive. 8 Il a été victime d’une tentative d’assassinat à son domicile de Bukavu en 2012. 9 En 2016, le magazine Time le cite dans son classement des cent personnes les plus influentes au monde. 10 Il a appris qu’il allait recevoir le prix Nobel de la paix alors qu’il était en train d’opérer.

LE SAVIEZ-VOUS ? Dix-sept autres Africains ont reçu le prix Nobel de la Paix. Le premier était, l’écrivain Nigérian Wole Soyinka en 1986. Wangari Maathai, biologiste kenyane, est la première femme à recevoir cette célère distinction en 2004.


7 numéros publiés

plus de 100 000 exemplaires distribués www.brazzamag.com

www.brazzamag.com N˚2 Avril - Juin 2017

DOSSIER :

N˚1 Janvier - Mars 2017

AGRO-

"ÉLÉMENTAIRE''

DOSSIER SPECIAL:

TOURISME le secteur de demain ?

STIMULANTS SEXUELS,

LES FETICHES

"ZIZIMAN"

LES DESSOUS d'un business

TOMBENT LE MASQUE

immobilier, LA rEPRISE ?

DIABETE,

GRATUIT

9 QUESTIONS AU DR. BOuNGOU le futur de la tv & internet

LE MAGAZINE QUI MET L'HOMME AU COEUR DU DEVELOPPEMENT

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BRAZZAMAG.COM

Edition N ˚00

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SUr LEs TRACes DU MONSTRE ...

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Edition N ˚02

Edition N ˚01

N˚4 Décembre 2017 - Février 2018

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DOSSIER :

ils se sont investis au congo

www.brazzamag.com

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N˚4 Décembre 2017 - Février 2018

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lA SÉCURITÉ 3.0 AU COEUR DES DOCKERS

la dot, maître de cérémonie

DOSSIER :

à la mode de chez nous la dot, maître de cérémonie

DES IDEES CADEAUX 100% MADE IN CONGO

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L'obésité , un fléau pour le congo

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Edition N ˚03

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LIEUX DE DISTRIBUTION : Dans tous les vols TAC (Nationaux et régionaux) Restaurants, hôtels, Supermarchés, magasins, salons de coiffure, agences de voyage, boulangeries.

Edition N ˚05

SUIVEZ-NOUS POUR METTRE VOTRE PUBLICITE Mail : info@brazzamag.com Tel : +242 06 474 7790 +242 05 059 5555

lE MAGAZINE QUI MET L'homme au coeur du développement 11 BRAZZAMAG


TENDANCEs

CULTURE

En attendant votre pub… J’expose Avez-vous déjà assisté à une exposition artistique sur un rond-point ? Le photographe congolais Robert Nzaou Kissolo a présenté ses oeuvres à Pointe-Noire, en plein coeur de rue, lors de la manifestation « En attendant votre pub...j'expose » organisée par la productrice et directrice artistique Sylvie Mavoungou Bayonne.

L'événement a lieu sur le carrefour Joseph Pouabou, haut magistrat et premier président de la cour suprême du Congo, mort assassiné le 15 Février 1965 à Brazzaville. Cette année, l’artiste à l’honneur s’appelle Robert Nzaou Kissolo. Photographe autodidacte, Robert Nzaou Kissolo vit entre le Cap en Afrique du Sud et Pointe-Noire au Congo. Né en 1976 à Nkayi, ville principale de la région de la Bouenza, l’artiste s’est spécialisé dans la photographie de rue. « J’ai voulu sublimer les aliments de notre quotidien au Congo pour en faire des oeuvres d’art » explique-t-il. Dans le cadre de cette exposition urbaine, l’artiste met en avant des visages et y incorpore des aliments tels que le Gombo, le saka-saka, la chikwangue ou encore du piment. La passion de Robert pour la photographie s’est révélée après les guerres de 1993 et 1997 quand il a été contraint de s’éloigner de sa famille sans même une photo. Cette solitude fait naître en lui une passion pour la photographie et pour les souvenirs qui s’y rapportent. En 2000, son frère lui offre son premier appareil photo, un NIKON D90.

« MADIA YA BWALA » (LA NOURRITURE DE CHEZ NOUS) "Avec ce projet, je voulais que les congolais soient fiers de leur nourriture. Quand je mange ici, je ne fais pas attention parce que je sais que tout est bon. Les fruits et légumes sont plantés dans des villages, sans pesticide, ni engrais. Il y a même des aliments comme le Ntundu, qui ne poussent qu’en forêt et qui sont menacés du fait de la déforestation. Il faut manger et protéger notre nourriture qui est bonne et saine pour notre santé et notre spiritualité." Robert Nzaou Kissolo.

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Depuis, Robert Nzaou Kissolo prend des clichés de tout ce qui l’entoure: le photographe est né. « Robert sublime la rue, même une poubelle devient belle avec lui. Il voit ce à quoi on ne fait pas forcément attention. Il a par ailleurs un vrai souci du détail et de la couleur » commente la productrice Sylvie Mavoungou Bayonne. En accord avec Atlas Congo, partenaire principal de l’événement, les oeuvres de Robert Nzaou Kissolo sont exposées sur des panneaux publicitaires de Pointe-Noire (rond point de la station total du côté de l’aéroport, sur la route du walf, à Loandjili etc.) tant que personne n’achète le droit de diffusion sur lesdits panneaux. Emmanella Thys


« Mfumbu » "Le Mfumbu c’est des feuilles qu’on râpe en petits morceaux qui me font penser aux cheveux des femmes lorsqu’elles les coupent. Pour moi l’afro Mfumbu c’est la fierté africaine." Robert Nzaou Kissolo.

Crédit 13 photo: BRAZZAMAG Robert Nzaou


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Saka saka

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"Le saka-saka c’est notre nourriture nationale. Il est présent à toutes les fêtes, les grands moments, les veillées mortuaires, les anniversaires… il ne manque jamais." Robert Nzaou Kissolo. 14

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Crédit Robert Nzaou 15photo: BRAZZAMAG


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Juste…pour rire Juste Parfait est humoriste. Ce n’est pas un pseudo, mais son vrai nom. Une preuve selon lui que son père avait le sens de l’humour. Depuis quatre ans qu’il enchaîne les vannes sur scène, il ne cesse d’impressionner par son talent d’écriture aiguisé. Aidé par sa corpulence, qui ne passe pas inaperçue. Par Antoine Rolland.

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artout où il passe, la même rengaine. « Papaoutai », « Formidable », lui lance-t-on à la volée dans un éclat de rire. Juste Parfait est un juke box à tube de Stromae. La ressemblance physique avec le chanteur est assez troublante : la même taille, le même buste fin et interminable. Mais surtout un sens de la répartie : quand on l’interpelle, on sait qu’il trouvera la bonne réplique. « Mon corps m’a obligé à avoir de l’humour », philosophe-t-il avec le sourire. « Quand j’étais petit, on se moquait de moi facilement. J’ai dû apprendre à riposter. » Son physique reste sa meilleure blague. Son sens de l’autodérision fait mouche à chaque coup. « Si le premier blanc arrivé en Afrique m’avait vu, il n’y aurait pas eu de de traite négrière, avance-t-il sur scène. Il se serait dit : entre lui et la canne à sucre, qui va couper l’autre ? » La salle se plie en deux. Le tour est joué.

FUIR LA BLAGUE FACILE

UNE CARRIÈRE PANAFRICAINE

Quand il joue, son ton est calme, jamais grandiloquent, quasi flegmatique. Mais son texte ne connaît pas de temps mort, et les blagues tombent toutes les 30 secondes. « Il a des facilités d’écriture », analyse Weilfar Kaya, comparse sur scène et colocataire à la ville. “Là où n’importe qui peut sécher sur une blague, il trouve toujours la solution. »

Juste regarde ailleurs et construit patiemment sa carrière à l’étranger. Il a été repéré en 2016 pour faire partie de la troisième saison du « Parlement du rire » sur Canal +. Il y côtoie Mamane, Digbeu Cravatte, ou Adama Dahico, ses modèles. Son passage est l’un des plus vus de l’année sur Youtube.

Juste a commencé il y a quatre ans. A force de faire rire ses copains, ce comédien de formation s’est dit qu’il pouvait tenter avec un public entier. Il commence au Brazza Comedy Show, une plateforme de talents de la scène brazzavilloise, pour la première saison. Puis il participe la même année au spectacle d’humour du Tuséo. L’humoriste ivoirien Valery Ndongo le repère et lui conseille d’insister sur l’autodérision. Il découvre à ce moment l’exigence du standup. « Tout doit paraître naturel, explique-t-il. Mais c’est une illusion qui demande des mois de travail, et une réécriture permanente pour s’appuyer sur l’actualité. »

L’enjeu est de s’adapter à un public qui ne connaît pas la réalité du Congo, sans pour autant se détourner du Congo. Bien au contraire, son pays reste « sa première et principale inspiration ». « Le Congo est connu dans l’Afrique pour sa culture" s’enthousiasme-t-il "alors j’essaie de la vendre en parlant par exemple de la rumba». Son idéal est de tendre vers « un humour intelligent. Derrière une vanne se cache toujours un message. L’autodérision, c’est l’acceptation de soi » explique-t-il.

Tout doit paraître naturel, explique-t-il. Mais c’est une illusion qui demande des mois de travail, et une réécriture permanente pour s’appuyer sur l’actualité. »

La facilité le fait fuir, à l’instar des classiques sketches sur « la différence entre les noirs et les blancs », « très difficile car souvent déjà vu ». Il méprise aussi le plagiat, trop présent selon lui dans la profession. Il préfère essayer de sortir de sa zone de confort et d’aborder tous les thèmes : la drague, le deuxième bureau, l’économie parfois. « J’aime que mes spectacles parlent des gens, et de leur quotidien, plutôt que de choses qui leur sont étrangères. La chute des prix du baril du pétrole par exemple, n’est pas en soit intéressante. En revanche la façon dont l’homme de la rue en parle me passionne. »

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Le voyage lui a permis de se forger une conviction : l’humour d’Afrique centrale en général, et du Congo en particulier, est bon. « Il y a une qualité d’écriture qu’on ne trouve pas en Afrique de l’Ouest, où la profession est pourtant plus développée ». La raison selon lui tient au nombre de scènes ouvertes. « La bas, n’importe qui peut se produire sur une petite scène. Ici, ce ce rôle est principalement dévolu aux instituts français. Or ils ont une exigence sur les textes. On ne peut pas jouer n’importe quoi. » L’humoriste fourmille de projets, regarde vers le cinéma, la scène en Europe et le Jamel Comedy Club en France. Il écrit aussi en anglais, pour viser les scènes anglophones, une évidence pour lui qui est bilingue et fan des comiques américains. Quant au duo avec Stromae, on l’attend toujours.


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TOP CHEFFE D’ENTREPRISE Femme « forte » et déterminée, Judith Bach est la propriétaire du restaurant La Perla, l’un des lieux incontournables de Pointe-Noire. Rencontre avec cette entrepreneure audacieuse. Par Sylverène Ebélébé.

COMMENT ÊTES VOUS DEVENU UN CHEF D’ENTREPRISE ?

En 2003, tandis que je résidais en Italie et que je travaillais pour une compagnie aérienne, j’ai eu le désir de changer de vie. J’ai donc pris la décision de retourner dans mon pays natal qui est le Burkina Faso et de me lancer dans un nouveau projet professionnel en devenant mon propre patron. J’ai commencé à entreprendre dans la décoration d’intérieur, puis ouvert des magasins de vêtements et chaussures italiennes. En 2006, j’ai inauguré mon premier restaurant au Burkina ensuite en Côte d’Ivoire.

COMMENT CONCILIEZ-VOUS VOTRE VIE PROFESSIONNELLE ET VOTRE VIE PRIVÉE ?

je vous avoue que c’est pas toujours évident de concilier la vie privée et la vie professionnelle lorsqu’on est dans le domaine de la restauration. Pour ma part, je suis une femme mariée et mère de deux filles une de quartoze ans et l’autre de huit ans. C’est justement à cet âge de la préadolescence et de l’adolescence qu’il faut leur consacrer encore plus de temps. Pour ce faire, je fais du mieux que je peux en organisant de temps en temps des petits voyages en famille et en planifiant des activités que nous faisons tous ensemble. Mon mari et moi faisons le nécessaire pour que nos enfants soient en permanence entourés.

QUELLES CONSEILS OU ASTUCES DONNERIEZ-VOUS AUX FEMMES QUI SOUHAITENT ENTREPRENDRE ?

DEPUIS PLUS DE QUARTOZE ANS VOUS ÉVOLUEZ DANS LE SECTEUR DE LA RESTAURATION D’OÙ VIENT CET INTÉRÊT POUR LA CUISINE ?

Je suis une passionnée de cuisine depuis mon plus jeune âge. C’est aux côtés de ma grande soeur avec qui j’ai vécu quelques années que j’ai appris à concocter de bons petits plats, découvrir les saveurs... Adulte, je me suis perfectionnée en suivant des cours de cui-

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COMMENT AVEZ-VOUS CRÉÉ LA PERLA ?

J’ai créé La Perla il y a de cela six ans. C’est un ami et ancien associé sachant que j’avais déjà un restaurant en Côte d’Ivoire et au Burkina qui lors d’une conversation m’a suggéré l’idée d’en ouvrir un autre ici à Pointe-Noire.

QUEL TYPE DE CUISINE ET D’AMBIANCE PROPOSEZ-VOUS AUX CLIENTS ?

Nous proposons de la cuisine occidentale et africaine dans le but de satisfaire tout le monde. À La Perla, vous pourrez aussi bien déguster des tagliatelles aux cèpes flambées dans la meule de parmesan, qu’un bon kedjenou de poulet, un saka-saka aux gambas ou encore une belle côte de boeuf à la braise. Nous avons également un lounge bar où nous offrons différents types de cocktails à base de gingembre et de bissap, du mojito mais aussi du champagne ou tout simplement une bonne bière locale bien fraîche. Du jeudi au samedi de 20h à 21h, un orchestre interprète des grands classiques du jazz avant de vous faire danser sur de la rumba congolaise et plusieurs genres de musique (variété, zouk, chansons françaises,…).

Le premier conseil que je donnerai aux femmes qui souhaitent entreprendre c’est surtout d’être très motivé et de chercher à apporter une valeur ajoutée par rapport à ce qui existe déjA

Le premier conseil que je donnerai aux femmes qui souhaitent entreprendre c’est surtout d’être très motivé et de chercher à apporter une valeur ajoutée par rapport à ce qui existe déjà. Par ailleurs, lorsqu’on veut créer sa propre structure, il faut se battre deux fois plus que la normale et se dire que si d’autres ont réussi alors pourquoi pas nous…Dans le domaine de l’entrepreneuriat, Il faut croire en soi et vous y arriverez. Il y aura certainement des jours où vous voudrez baisser les bras mais c’est à ce moment là que vous devez repenser à la raison pour laquelle vous avez voulu entreprendre.

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sine dans un restaurant à Milan. Par ailleurs, le plus souvent, lorsque je voyage, je passe plus mon temps à découvrir des restaurants de la ville au lieu de faire du tourisme.

OÙ VOYEZ-VOUS LA PERLA DANS CINQ ANS ?

J’espère de tout cœur que La Perla va continuer à prospérer grâce à toute l’équipe formidable que j’ai depuis six ans et en particulier avec l’aide, le soutien de tous nos clients qui depuis le début nous sont restés fidèles et nous encouragent quotidiennement à nous surpasser.

AVEZ-VOUS RENCONTRÉ DES OBSTACLES DU FAIT QUE VOUS SOYEZ UNE FEMME ?

Pour finir, quels sont d’après vous les moyens à mettre en place pour favoriser l'entrepreneuriat au féminin ? Je n’ai pas rencontré d’obstacle particulier du fait que je sois une femme, cependant plusieurs personnes de mon entourage n’ont pas compris le fait que je décide de tout abandonner en Italie pour recommencer à zéro en Afrique. Selon moi, il serait souhaitable que plus de femmes soient nommées au sein des conseils d’administration des grandes entreprises et également au sein des organisations patronales. Cela permettrait aux femmes de démontrer leurs compétences en matière de management et de gestion d’entreprise. Je pense également que si toutes les femmes entrepreneures pouvaient de temps en temps se rencontrer pour échanger sur leurs expériences personnelles ainsi que leurs difficultés, ensemble nous pourrions trouver des solutions pour favoriser l'entrepreneuriat au féminin et changer les mentalités.


Judith Bach 19 BRAZZAMAG Crédit photo: Studio 242


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Papa Hussam, le manager des nuits congolaises « Papa Hussam », de son vrai nom Hussam Sleiman est connu à Pointe-Noire pour apporter des solutions aux problèmes de gestion, rénovation de boîtes de nuit, restaurants ainsi que l’organisation d’événements et la création d’ambiances. Par Sylverène Ebélébé

COMMENT ÊTES-VOUS MONDE DE LA NUIT ?

ARRIVÉ

DANS

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Je suis arrivé au Congo, à Brazzaville, il y a 25 ans. J’avais envie de me lancer dans l’entrepreneuriat, j’ai donc décidé d’ouvrir une quincaillerie. Les choses marchaient très bien jusqu’à ce que la guerre de 97 m’oblige à mettre les clés sous la porte et m’envoie à Pointe-Noire. Par la suite, un ami m’a proposé de remplacer temporairement le chef cuisinier d’une ancienne pizzeria de la place. Je n’avais jamais travaillé dans le secteur de la restauration auparavant mais au fil du temps, j’ai commencé à apprécier ce que je faisais et à laisser libre court à mon imagination. Je me suis mis à former d’autres travailleurs, proposer de nouvelles idées comme l'agrandissement des locaux. Et c'est comme ça qu'un nouveau concept - dans le but de donner aux clients la possibilité d’avoir deux services en un - est né : un snack bar tout le long de la journée qui se transforme en boîte de nuit à partir de 23h jusqu’à 5h du matin (le Black White). Chaque soir, j’observais la façon dont le barman faisait ses cocktails et lorsque tout le monde s’en allait, je restais sur les lieux pour tenter de refaire les mêmes gestes que lui et je créais de nouvelles recettes. C’est à partir de cette première expérience qui a duré plus de six ans que j’ai pris goût au fait d’être sous le feu des projecteurs, au regard des gens… Par la suite, j’ai travaillé pendant cinq ans au Zanzibar et depuis un an je suis au Chatham house.

POUVEZ-VOUS NOUS CITER QUELQUES ÉVÉNEMENTS QUE VOUS AVEZ ORGANISÉ ?

Etre honnête avec soi-même et avec la personne à qui on a confié son bien, Travailler sa personnalité, ET Proposer constamment des nouveautés, innover pour attirer plus de clients.

Mis à part les soirées de lancement, ceux à thème… Je peux citer le concert de Colonel Reyel, celui de Keisha, DJ Arafat et d’autres artistes de la diaspora que j’ai fait venir à Pointe-Noire. Le show Kitoko qui avait réuni plusieurs chanteurs, danseurs, comédiens, sapeurs locaux et internationaux au Zanzi night. Le showcase avec Souké et Siriki. Les afterwork avec la participation de DJ Skop, Sosey, Mc One et le groupe A6...

QUELS SONT LES SECRETS DE VOTRE RÉUSSITE ?

J’aime ce que je fais, et je ne suis pas complexé par les titres des clients que je rencontre. Je reçois tout le monde de la même manière et je cherche d’abord à rendre service sans rien attendre en 20

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retour. Je m’investis à fond dans chaque projet qu’on me soumet et je me force à apporter régulièrement des innovations pour casser la routine, changer le climat telle qu’une nouvelle phrase, une chorégraphie propre au client...

LES AVANTAGES DE VOTRE MÉTIER ?

La popularité et un carnet d’adresses riche. Aujourd’hui à Pointe-Noire, je peux dire que beaucoup de personnes me connaissent. Au Congo ou en Afrique en général, n’importe quel blanc peut facilement se faire passer pour un boss. Mais le fait d'être proche des gens, partager et échanger avec eux ouvre des portes sans mesure. Par exemple, je n’ai jamais été convoqué par la police ni eu de soucis de voisinage….

LES INCONVÉNIENTS ?

J’aime dire que je travaille quand les autres dorment et je dors quand les autres travaillent… Par rapport aux différentes fonctions que j’exerce, je dirais que les inconvénients sont le fait de ne pas pouvoir passer les fêtes de fin d’année en famille, être absent lors des anniversaires, avoir une vie de couple instable et devoir toujours rester fort et souriant malgré les circonstances.

QUELS SONT VOS PROJETS PERSONNELS ?

A long terme, j’aimerais créer un événement pour promouvoir les jeunes talents congolais (comédiens, chanteurs).


PAPA HUSSAM Crédit photo: Studio 242

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NOS ICONES

Les 20 TUBES qui onT AG

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RETRO 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8. 9. 10.

MISSENGUE, PIERRE MOUTOUARI L'ARGENT APPELLE L'ARGENT, PAMELO MOUNK'A ANCIEN COMBATTANT, ZAO EDEN, THEO BLAISE KOUNKOU YATAMA, FERNAND MABALA ALPHONSINE, LES BANTOUS DE LA CAPITALE PREMIER SALAIRE, KALY DJATOU LOBELA, FREDDY SAMBA MOUSTIQUE, ZAO OMINGA, PEMBE SHEIRO

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LA MUSIQUE AU CONGO

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marquÉ marquÉVOTRE VOTREGÉNÉRATION GÉNÉRATION N BRAZZ A AG

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ACTU 1. SORCELLERIE , ROGA ROGA 2. ANGE OU DÉMON, TEDDY BENZO 3. TU MENS, MIXTON 4. LE PAPA LE PAPA, KEVIN MBOUANDE 5. KO YOKA TE, SOSEY 6. LOUBOUTIN, EMBEUDAH MUSIK 7. ZEMBE, DJ RAMA 8. O KERHA, SHERYL GAMBO 9. RÉSEAUX, NISKA 10. NA KANGAMI, BIG TYGER

SOMMAIRE DOSSIER 24. CASIMIR ZOBA (ZAO) 26. TEDDY BENZO 28. NOS ARTISTES, NOUVELLES STARS 31. MARIUSCA EMFLAMME LE SLAM 32. BIG TYGER 33. MIXTON, « JE SUIS UN COCKTAIL » 34. RANDY DJ, L'EXPERT DES MARIAGES DE RÊVE 35. CHANTER, DANSER CONTRE LES CLICHÉS

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CASIMIR ZOBA (ZAO)

Artiste, CHANTEUR

« Mon premier producteur était un… vendeur de congélateur » Depuis les années 80 Casimir Zoba, alias Zao, est devenu la référence musicale du Congo. Ses spectacles font salle comble. Ses tubes sont connus de tous. Brazzamag le retrouve dans son fief, à l’Espace Zao, arrondissement de Bacongo (Brazzaville). Retour sur sa carrière, sa vision de la musique actuelle et les secrets de fabrication de ses plus grands tubes. Par Antoine Rolland.

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COMMENT LA MUSIQUE EST-ELLE ENTRÉE DANS VOTRE VIE ?

Je suis né dans une famille de griots, mes grands-parents étaient des grands joueurs de percussions. J’ai ça dans le sang si l’on veut. Avec mes amis, on était obsédés par la musique. Quand tous les jeunes de notre âge passaient leurs après-midi à jouer au football, on organisait nos spectacles de percussions dans le quartier de Moungali.

C’EST LÀ QUE VOUS AVEZ DÉCIDÉ DE DEVENIR MUSICIEN ?

Certainement. Mais c’est avec le groupe « les Anges » que j’ai eu ma première opportunité. On m’a recruté pour chanter les épopées du parti et les chants révolutionnaires. On suivait le mouvement, et on y croyait ! Et puis je trouvais ces chansons magnifiques. (Il chante) « Avante camarada, avante… » Grâce aux « Anges, » j’ai chanté à Cuba. Les gens y étaient pauvres et opprimés, mais paradoxalement joyeux. Et c’est le pays de la rumba. On était chez nous : c’était les même rythmes, les mêmes percussions. En 1982, vous gagnez le prix RFI Jeunes Talents. Qu’est-ce que ça a changé pour vous ? Il m’a permis de me faire connaître. Si je n’avais pas été supporté par RFI, je serais encore dans les tiroirs. Dès 1983, j’ai fait mon premier festival en Belgique.

ET PUIS IL Y A EU L’EXPLOSION AVEC ANCIEN COMBATTANT… VOUS VOUS Y ATTENDIEZ ?

Non j’étais surpris ! Mon producteur n’y croyait pas non plus : il ne voulait même pas le sortir. J’ai mis deux ans à le convaincre. Il faut savoir que c’était un vendeur de congélateur, donc son avis n’était pas forcément le plus pertinent (rires). Mais quand c’est sorti, il a bien vu qu’il s’était trompé. Pour une première fois en studio, c’était pas mal.

VOUS VOUS INTÉRESSEZ À CE QUE FAIT LA NOUVELLE GÉNÉRATION ?

DANS VOS TEXTES ON RETROUVE CE SOUCI DE MÊLER LES INFLUENCES. VOUS TRADUISEZ DES PHRASES LITTÉRALEMENT DU KIKONGO EN FRANÇAIS. CELA DONNE DES TOURNURES ÉTONNANTES, COMME DANS L’AIGUILLE : « DONNEZ-MOI AIGUILLE, CONGO JE RACCOMMODERAI AVEC. » POURQUOI CE STYLE ?

Je suis toujours en quête des mots. Je suis un musicien, mais aussi un chercheur. J’essaie d’aller chercher dans la forêt vierge, ou rien n’a été touché.

Ce sont des langues vivantes, c’est important de les marier, c’est ce qui fait leur beauté. La francophonie, ce n’est pas seulement chanter en français. Emprunter d’autres mots, ce n’est pas détruire une langue, c’est la renforcer. L’union fait la force. Vous êtes aussi friand de jeux de mots. « Cadavéré » que vous créez dans Anciens combattants, est même passé dans le langage courant.

Oui, depuis toujours. En 2003 j’ai créé l’espace Zao qui se veut, entre autres, un atelier pour les jeunes. Les instruments, traditionnels ou modernes, coûtent chers. Ici ils peuvent au moins les toucher et apprendre. Beaucoup de jeunes ont du talent, mais ils n’ont pas assez de soutien. C’est important de les aider et de les conseiller. Je constate que beaucoup veulent partir en France. Je leur dis : « La musique, c’est ici, à Brazzaville ! »

Je suis toujours en quête des mots. Je suis un musicien, mais aussi un chercheur. J’essaie d’aller chercher dans la forêt vierge, ou rien n’a été touché. Béatriste par exemple : ça veut dire porte-bonheur et porte malheur. En un seul mot, vous avez une signification et son contraire ! Ca vient de ma formation. Dans ma jeunesse j’ai été marqué par Victor Hugo ou encore Jean de La Fontaine. Ces hommes ont tout écrit, tout inventé. Nous on ne peut que s’inspirer.

LES JEUNES SONT TOUJOURS ATTIRÉS PAR LA RUMBA ?

VOS TEXTES SONT SOUVENT FESTIFS, MAIS CONTIENNENT TOUJOURS UN MESSAGE. VOUS ÊTES PLUTÔT AMUSEUR OU ENGAGÉ ?

Oui, même si elle a évolué. Internet et la télévision sont passés par là, et la nouvelle génération n’a plus les mêmes repères que la mienne. Nos pères dansaient de la rumba douce, aujourd’hui le style est plus énergique, les gens dansent vite. Je constate que les jeunes vont vers plus de mélanges : ils ont raison ! La musique est une science qui doit évoluer.

Je caresse dans le sens du poil. Je ne veux pas blesser ou faire de mal. Mais ça ne veut pas dire que je ne suis pas engagé. Si tu ne l’es pas, tu n’es pas un artiste. J’essaie d’aborder tous les thèmes : la guerre, le paludisme, l’alcoolisme. On s’inspire partout, d’une discussion dans un bar, de la télévision… Je prépare une chanson, sur la liberté. (Il chante ) : « La liberté c’est ça que j’adore… » Ensuite, c’est au public d’y voir un message ou pas. 25 BRAZZAMAG


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Teddy Benzo, Mwana mboka (l’enfant du pays) Étoile montante de la musique congolaise, il fait un carton national après la sortie de son titre « mwana mboka », « l’enfant ou fils du pays » avant de connaître un succès international à la suite de la diffusion du clip de la chanson « ange et démon » . Teddy Benzo, de son vrai nom Teddy Okobo Itoua est l'un des artistes de hip hop et rap congolais les plus en vogue du moment. Par Sylverène Ebélébé.

Teddy Benzo

Artiste, ENTREPRENEUR

Crédit photo: Studio 242 26 BRAZZAMAG


DÉMOCRATISER LE RAP AU CONGO

Cadet d’une fratrie de six garçons, Teddy est un ancien habitant des quartiers populaires de Pointe-Noire. Il se lance dans la musique en 1990 au sein du groupe « Impartial Def » qu’il forme avec deux de ses confrères, Poki Diama Star et Stone. Il se fait alors connaître sous le nom de Benzular. « Les vieux - terme employé pour définir les personnes d’un certain âge au Congo - avaient l’habitude de dire que le rap ne vient pas de chez nous, que c’est une musique de voyous mais en y ajoutant des sonorités, des rythmes de chez nous, on a réussi à se démarquer des autres. J’ai voulu faire pareil avec le rap en proposant un autre style à la sauce du Congo » précise t-il assis sur un fauteuil noir dans les locaux de Yakala FM. Compositeur de musique et de texte, Teddy Benzo se forme aux côtés de l’un des leaders du hip hop au Congo de l’époque, Docteur Fuma Strong. « Fuma Strong était un homme multi-tâches, il faisait tout : de la programmation en passant par la rédaction d’un texte à la concrétisation d’un titre... ! » se remémore l’enfant du pays un brin nostalgique en rendant hommage à la mémoire de son précurseur. « Fuma Strong était le fondateur du label la P.A.C. (Production Afro Centrique) qui nous a permis à moi et d’autres artistes (Djo Back, Ya Batamio, Obymarf, Kaysee M, Nex one... ) ainsi que Fuma Strong lui même de produire le morceau Black jack lyrics ». C’est à travers ce titre que le public congolais a pu découvrir les talents du nouvel artiste. Passionné de musique mais aussi de basket. Teddy a commencé ce sport pour « faire comme Michael Jordan et attirer les filles ». En 1997, la performance, l'endurance et l’audace du jeune homme de vingt-et-un an lui permettent d'être repéré par un club de basket. Teddy s’envole alors pour la République Démocratique du Congo avant de continuer sa route au Gabon et en Afrique du Sud où il évolue comme basketteur professionnel pendant plusieurs années.

« FÉDÉRER UNE NOUVELLE GÉNÉRATION DÉCOMPLEXÉE »

Après plus de dix ans hors de son pays, Teddy Okobo Itoua met fin à sa carrière sportive et choisit de revenir à Brazzaville. Toujours animé par sa passion pour le rap qu’il a continué à pratiquer dans sa chambre à l’étranger, Teddy veut utiliser la musique comme un canal d’expression, de développement et d’épanouissement pour les jeunes congolais. Il crée un premier label Large Production avec des amis. « J’avais envie de faire les choses différemment, créer une structure sérieuse, donner de la visibilité aux artistes de chez moi et révéler le potentiel qu’il y a dans le hip hop au Congo » affirme celui que les «

mamans » de la place surnomment affectueusement « mwana mboka », « l'enfant du pays ». En collaboration avec Bakus, co-fondateur de Yakala FM et Yakala TV, il créé une agence événementielle Press’ Com. Les deux hommes organisent plusieurs activités culturelles autour de la musique telles que la journée du hip hop au forum Mbongui (PointeNoire), Dolisie love Musik, ainsi que d’autres concerts gratuits regroupant des jeunes artistes congolais sous le signe du respect, de l’unité, du partage et de l’échange.

« Aujourd’hui avec le label Belle Rage, on a organisé des concours de danse et de chant inter-écoles avec que des artistes congolais. On a créé la marque de t-shirt ya beto (de chez nous) et des fournitures scolaires Belle Rage pour inciter les gens à s’intéresser au rap et hip hop congolais. Les congolais acceptent plus facilement ce qui vient d’ailleurs sous prétexte que c’est plus beau ou plus mignon. Au sein de notre structure, nous avons refusé d’attendre que les autres viennent faire les choses pour nous. On veut être indépendant, fédérer une nouvelle génération Après plusieurs années de silence , encou- décomplexée qui réfléchit, s’autoproduit et ragé par ses proches, en 2012 Teddy Benzo ne pense pas seulement business mais plutôt formation, stratégie et rentabilité.»

J’ai toujours voulu être payé pour jouer au basket et je l’ai fait, je voulais revenir dans la musique, voyager… et ce que je fais actuellement.

LE GRAND FRÈRE DES NOUVEAUX TALENTS

Fier d’être congolais, Teddy Benzo est déterminé à accomplir sa mission en étant un repère pour les autres. Il veut casser les préjugés en utilisant la musique pour influencer positivement les personnes de sa communauté et les inspirer. « Ce que je veux transmettre comme message aux générations décide enfin de faire son come back présentes c’est qu’il faut apprendre à oser, dans la musique. Il sort une mixtape intitulée sortir du lot. Leur montrer que si moi j’ai pu Street Business sous le label Belle Rage Mu- y arriver, ils peuvent aussi » atteste l'artiste. sic, dont il est le co-fondateur aux cotés de Bakus et le Doc Abdoulaye. En 2013, le tren- « Aujourd’hui, je m’aperçois que me rêves se tenaire qui porte souvent une casquette à vi- réalisent et je suis heureux. J’ai toujours vousière courbée ou le chapeau mythique de Mi- lu être payé pour jouer au basket et je l’ai fait, chael Jackson rend public Illégal son premier je voulais revenir dans la musique, voyager… album composé de dix huit titres mariant le et ce que je fais actuellement » affirme ce hip hop et les musiques traditionnelles. Un rappeur que plusieurs considèrent comme le an plus tard, Teddy démarre Illégal tour, une « yaya », « le grand frère » des nouveaux tatournée nationale à Pointe-Noire, Brazzaville lents et le plus proche des « plus » démunis. et Dolisie, pour présenter les différents mor- Plutôt détendu et sans prétention aucune, ceaux de son album à la presse locale ainsi Teddy Benzo répond lui même aux messages qu'à ses fans. « J’ai fait une tournée sans de ses fans sur les réseaux sociaux. Son deusponsors » dit il avant de prononcer quelques xième album International Superstars en colmots en anglais et de poursuivre « ma pre- laboration avec Quincy Alfred, un rappeur mière cover avait été dessiné à la main, on américain est disponible en CD et en format avait écrit avec du feutre. On a commencé digital depuis le 10 octobre. avec rien » se souvient l’ancien basketteur. 27 BRAZZAMAG


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NOS ARTISTES

NOUVELLES STARS À Pointe-Noire tout comme à Brazzaville, où l’industrie de la musique reste encore « sous » développée, plusieurs vedettes congolaises tentent d’attirer les projecteurs sur leurs talents artistiques et leur originalité. Zoom sur ces nouvelles figures de la musique congolaise! Par Sylverène Ebélébé et Antoine Rolland.

Biz Ice réchauffe les choeurs Avec Biz Ice, ça va chauffer. Jeu de mots facile mis à part, voilà un nom qui s’installe dans le hip hop. Pourquoi ce pseudo ? « C’est trop long à raconter », élude le rappeur, de son vrai nom Grace. On saura juste que c’est un ami qui a commencé à l’appeler ainsi, et qu’il a fini par garder le patronyme. Biz Ice décolle à partir de 2012 avec son titre « Conscience tranquille ». Depuis, il enchaîne les succès avec régularité, porté par le créatif label Violence Musique, responsable de quelques talents sur la scène congolaise. Il n’hésite pas à s’aventurer hors de sa zone de confort. Ainsi en 2013 on le voit en duo avec une chanteuse de rumba angolaise, Cleopatre Mbilia Bel. « C’est obligatoire pour un artiste de se coller à d’autres styles », affirme celui qui s’est toujours dit attiré « par la musique en général. »

FAL, l'aîné Tout le monde s’est fait un jour éconduire par l’être aimé, pour sa plus grande peine. Peu en revanche en on fait un tube, comme FAL, dans son dernier album avec le vivifiant titre « Fleure du mal ». « L’amour est un pays dont l’orgueil a fait le deuil », prévient-il au début du morceau. Effectivement, il décrit pendant trois minutes un râteau en bonne et due forme. Un humour et un recul qui font du bien à l’heure où les musiques urbaines tendent à tomber dans le sexisme ordinaire : ici l’homme ne conquerra pas, pour le plus grand plaisir du public. Petit clin d’oeil : celle qui l’accompagne en duo est celle qui est justement à l’origine de la chanson. FAL est un grand frère dans le rap. Présent sur scène depuis les années 2000, il a pu sortir un album sous le récent et dynamique label Mobembo. Dans Mozaïque, le rappeur mélange en six morceaux toutes ses influences. Du son à l’ancienne, sans l’influence de la musique urbaine portée par Trace TV. Un retour aux classiques qui fait beaucoup de bien.

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Makhalba Malecheck, le mastodonte Attention, c’est du lourd. Makhalba Malecheck est une bête de scène. De son physique imposant, il embarque une salle, enchaîne les morceaux, sans retenue aucune. En 2015, le jeune homme âgé alors de vingt-deux ans fait une irruption remarquée dans le monde du rap sur la scène du Fespam. Le public est tellement demandeur qu’il repassera le lendemain, fait unique au Festival panafricaine. Biberonné au rap engagé, ayant comme modèle Kery James, il se tourne vers des textes « plus efficaces », et c’est surtout en lingala que le public découvre son énergie. Plus rare ces derniers mois, il promet un retour en force, en tant que producteur indépendant, « pour mieux s’y retrouver ». Airtel l’a choisi comme ambassadeur musical, il a fait la première partie de Niska lors de son passage à Brazzaville et planche sur ses prochains morceaux. Le 8 mars dernier, il a sorti un vieux morceau qui trainait dans les tiroirs depuis 3 ans. Une ballade en l’honneur de sa mère qui détonne avec ce qu’il fait habituellement. Derrière le costaud se cache aussi un tendre.

Fanie Fayar, la médaille d'or « Bo Yamba Ngai », « Recevez moi » en lingala. En terme de réception, on peut dire qu’elle est unanime. Fanie Fayard est l’artiste féminine du moment. La professeure de chant à l’Institut Français est en train de prendre une nouvelle dimension. À chaque concert la salle est remplie, et le spectacle vaut le détour. Sa voix puissante est capable d’émouvoir le public, et, l’instant d’après, d’un pas de danse, par une intonation ou un changement d’octave, de l’amener dans un enthousiasmant délire. Fanie Fayard mélange la rumba avec une touche de world music. Elle propose des morceaux rafraîchissants et surtout, pour la plupart, de potentiels tubes. C’est une artiste technique, avec beaucoup d’expérience : elle commence dans une chorale chrétienne en 1996, puis devient chanteuse principale dans différents groupes dans les années 2000. Ce n’est qu’en 2014 qu’elle commence une carrière solo, avec comme premier jalon, la médaille d’or du concours de chant lors des Jeux de la Francophonie en 2017. Elle est désormais en train de décrocher celle du public. 29 BRAZZAMAG


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Sosey, le “pilina boy” Jeune artiste congolais, Jo-Phaite Boussanzi alias Sosey, est un chanteur et un rappeur qui s’est imposé par son talent et son originalité dans la musique urbaine congolaise. Il fait ses débuts en 2008 au sein du groupe DC Massacre avant d’intégrer la maison de disque Belle Rage Music en 2013 et se faire remarquer pour les titres comme « Dream come true », « Wapi Ngué » , « où es-tu ? » et « So Hot. » En 2016, il sort le single « Ko yoka té », « n’entends pas » dont il est lui-même le compositeur. Le titre connaît un véritable succès national. À la radio, en boîtes de nuit, dans les quartiers, « Ko yoka té » fait l'unanimité. Il est sélectionné parmi les meilleurs titres chez RFI et fait parti de la compilation de célébration des 20 ans de Couleurs Tropicales. « Je veux représenter le Congo dans d’autres pays, exporter notre savoir-faire » affirme le rappeur. Artiste « loveur», Sosey dédie ses chansons à toutes les femmes en s’inspirant de certains artistes jamaïcains et surfe entre la dancehall, le rnb, le rap... Après une collaboration de 3 ans avec le label First Class Music, en août dernier, le pilina boy* a conclu un contrat avec Sony Music. pilina boy* : un garçon « comme ça »

Ecoma Gospel, LES VOIX DU CIEL Noire, Dolisie et Brazzaville, des interventions pendant des défilés de mode « légendaires » de la ville océane, des passages sur les chaînes TV locales, Ecoma Gospel aborde tous les styles musicaux (jazz, blues, Rnb, rap, soul... ). « Notre originalité vient de notre capacité à proposer des mélodies et des rythmes old school puis faire des reprises de grands titres de gospel américains, africains… a capella » confie une des chantres, Louisette Ngassangui.

Fondé en 2002, Ecoma Gospel est reconnu comme l’un des groupes de Gospel les plus célèbres à Pointe-Noire. La troupe est composée de plus de 30 artistes (un pianiste, un percussionniste, deux batteurs, un drummer, un choeur de plus de 20 chantres) qui ont tous une même passion pour le Gospel. Chaque événement est une occasion pour cette grande famille de transmettre la joie et partager des moments forts avec son public. Avec plus de 100 concerts dont vingt au Forum Mbongui et à Sueco, sept festivals à ointe-

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Sur scène, le groupe n’interprète pas seulement des chants liés à l’évangile. Il propose également de la musique citoyenne, en abordant dans les langues nationales (lingala, kituba, mbochi...), mais aussi en français, anglais, espagnol, plusieurs faits de société tels que la malnutrition, les violences faites aux femmes…, afin de réveiller les consciences et véhiculer un message d’espoir.


Mariusca enflamme le slaM Mariusca Moukengue est jeune, mais déjà bien installée sur la scène brazzavilloise. Elle a commencé tôt, par le théâtre, avant de se tourner vers le slam. Elle joue, jongle, juge avec les mots. Avec Mariusca, la poésie devient un partage, une expérience collective à suivre en public. Brazzamag a assisté à l’un de ses concerts. Par Antoine Rolland.

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lle n’a plus de voix. Dans une heure Mariusca Moukengue passe en première partie de Fanie Fayar, une de ses idoles, sur la scène de l’institut Français du Congo. Mais elle est complètement atone. Deux jours avant, elle se produisait en plein air, pendant une heure trente. La veille elle avait improvisé une prestation lors d’un vernissage d’exposition, encore une fois en plein air. Mariusca a trop tiré sur la corde vocale, sa voix, si assurée d’habitude, s’éteint. « Ca va aller, se rassure-t-elle. Ma voix sait qu’elle ne peut pas me faire ça. Je n’ai pas le choix : on n’annule pas au dernier moment. » C’est une habituée de la scène, qu’elle fréquente depuis qu’elle a quinze ans. Mariusca Moukengue a commencé dans le théâtre comme actrice et dramaturge. Elle est notamment auteure de la pièce « L’Envers d’un silence ». C’est donc naturellement qu’elle se tourne vers la poésie urbaine en 2014. Le slameur Prodige lui met le pied à l’étrier. « La plume était déjà là. Il fallait juste lui apprendre les techniques de déclamation, se souvient-il. Dès son premier concours à l’IFC, sa présence était remarquable. Elle finit à la deuxième place, devant des slameurs confirmés. Le Congo a besoin d’artistes de sa trempe, qui n’ont pas peur d’affronter la scène. » La jeune femme confirme. « Quand je suis sur les planches je me sens vivre. On me chouchoute, on me câline. Ce serait bien si tous les jours de ma vie étaient une scène. » La métamorphose est maintenant complète. Le maquillage posé, le bustier bleu enfilé, les bijoux placés sur sa tête. Plus l’heure approche, plus sa voix se réveille. La native de Sibiti s’isole dans un coin des coulisses en attendant son passage imminent. Le contraste avec la cohue des musiciens de Fanie Fayar est saisissant. Chez Mariusca tout à l’air simple, et artisanal. Avant chaque entrée sur scène, elle répète la même mécanique, scande à toute vitesse et « visualise »

ses textes, pour les mettre en bouche. Un dernier raclement de gorge et la voici devant le public. La magie opère : la voix est de retour. « Que le slam s’enflamme », lance-telle, entre chaque texte. Ce soir, elle aura le temps d’en déclamer seulement trois en dix minutes, sans accompagnement musical. Le premier parle du souvenir d’un amour perdu. Le deuxième s’appelle « Instant solidaire ». « Solidarité, c’est comprendre qu’en famille ou au Congo, ce sont les affluents qui font la puissance des fleuves », clame-t elle. Dans l’écriture ou les thèmes choisis, le slam lui donne une plus grande liberté que le théâtre. Les seules règles sont celles de la poésie. Le reste est libre.

LE SLAM COMME THÉRAPIE

Elle sort de scène, peu satisfaite. Elle a souffert. « Je n’ai pas réussi à transmettre les nuances comme je le voulais. » La jeune femme, très exigeante sur la technique, enseigne elle-même les enjambements, les métaphores et autres figures de style à des poètes en herbe. « Le slam n’a que dix ans au Congo, analyse-t-elle. Il faut encore le faire découvrir au public. » Il lui arrive d’aller au Cameroun ou en RDC, via son projet Slamunité, destinée aux jeunes de dix à dix huit ans. « Ca me permet d’apprendre encore d’eux, de voir de quelle manière ils vivent leur quotidien. » L’écriture est entrée dans sa vie par thérapie. Dès onze ans elle s’en sert comme l’exutoire de ses pensées les plus sombres. Aujourd’hui elle laisse ses oeuvres là sur le côté. « Elles ne représentent pas qui je suis devenue. Maintenant je slame des textes plus optimistes». « Mariusca croit en ce qu’elle fait, dit Prodige. Elle est attachée à ce qui se passe, vit au présent, regarde autour d’elle. Elle est déterminée à être la voix des « sans voix ». Ca tombe bien, avec elle, on ne reste jamais longtemps atone. 31 BRAZZAMAG


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Big TYger

LA revelation de la musique congolaise Son air un peu timide et réservé, son côté introverti vous étonneront certainement et pourtant, derrière cette carapace, Big Tyger né Paul Christ Salomon Moubamou, est la révélation de la musique urbaine congolaise. Artiste musicien, Big Tyger fait ses débuts sur scène en tant que danseur au sein du groupe DANCE For Me avant de démarrer sa carrière musicale en 2013. Par Sylverène Ebélébé. danseur mais aussi compositeur, en 2013 Tyger intègre le label congolais Belle Rage Music au sein duquel il bénéficie d’un accompagnement particulier, afin de perfectionner son talent, travailler sa personnalité et améliorer son style musical. Christ se découvre alors des aptitudes de chanteur et décide. Il se lance dans l’afrobeat et le dancehall.

UN ARTISTE À LA POINTE

Tandis qu’une partie du public congolais découvre le jeune artiste de vingt-cinq ans, Chris dévoile une nouvelle facette de lui à ceux qui le connaissaient déjà. En 2017, il présente son premier single « African woman » interprété sous un rythme dancehall en anglais et en Kituba. Dans le clip, Big Tyger dénonce le comportement déviant d’une femme africaine. Le titre est un succès national ! « Je voulais que les gens oublient le « Tyger » rappeur » affirme Tyger avec un air satisfait. « Le morceau a été bien accueilli » commente le co-fondateur de Belle Race Music avant d’ajouter « le but était de toucher une cible plus large, avoir une visibilité internationale et se positionner dans la durée ». Big Tyger enchaîne les passages à la télévision et les tournées médiatiques dans les trois villes principales du Congo (Pointe-Noire, Brazzaville et Dolisie) avant de faire connaître « Na kangami », « je suis accro », une chanson dans laquelle il fait une déclaration d’amour à sa fiancée. En moins de cinq mois, le « protégé » de Teddy Benzo offre à ses fans quatre singles dont un téléchargeable gratuitement sur son site internet. Il crée la surprise en diffusant une vidéo sur sa page Facebook dans laquelle il demande à ceux qui le suivent de choisir quel titre entre « Rihanna » et « Like you » devrait-il tourné le clip.

« IL NE FUME PAS, NE BOIT PAS… »

LES DÉBUTS DANS L’UNIVERS DE LA MUSIQUE

« J’avais déjà l’habitude de rapper à la maison quand j'étais danseur. Je faisais des freestyles avec des amis dans le quartier ou dans la rue » révèle Big, un surnom que lui a donné un de ses amis à cause de sa « grosse » voix. « On s’inspirait de notre quotidien pour évoquer des sujets qui touchent tout le monde dans un langage familier » commente Chris. Cadet d’une fratrie de dix enfants, dès son adolescence, Big Tyger se montre déjà très précoce, entreprenant et travailleur : « Je savais qu’il finirait par percer dans la musique. Je lui avais dit qu’il irait très loin » confie la maman de l’artiste. Rappeur, 32

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Chemise à carreaux à moitié déboutonné, Big Tyger paraît quelquefois pensif « je n’ai pas beaucoup d’heure de sommeil. Je travaille tard dans la nuit pour finir les six prochains titres » glisse t-il. « Tyger est un bosseur, il s’enferme dans sa chambre pour préparer chacune de ses manifestations. Il parle très peu mais écoute énormément. Et ce qui me rend encore plus fière c’est qu’il ne fume pas et ne bois pas » affirme maman Madeleine au cours de la présentation du premier album de son fils qu’elle appelle « Ty », le 20 août dernier au Victory Palace. À peine neuf mois après sa révélation, Big Tyger veut représenter la musique congolaise à l’international tout en étant proche de son public. Ambitieux, il envisage de reprendre ses études et laisser libre court à sa deuxième passion : la mode, en créant une marque de vêtements.


Mixton

"Je suis un cockail" Doté d’un style qui combine le hip hop, le ragga et le rap, Mixton fait parti des artistes incontournables des soirées hip hop à Pointe-Noire. En effet, découvert par le public congolais dans les années 2000 à travers le clip « tous contre le sida », produit par la maison de production AKALYA, le jeune homme enchaîne les collaborations avec les artistes locaux avant de se lancer dans une carrière solo. Par Sylverène Ebélébé.

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é d’une mère appréciant énormément la musique, Mixton de son vrai nom Michael Tony Mbama a commencé à manifester de l'intérêt pour le hip hop aux côtés de son frère qui écoutait MC Solaar. A dix ans, Mixton (combinaison de Michael et Tony) démontre déjà une faculté à mémoriser des textes de grands titres musicaux et faire des reprises en épatant ses camarades de classe : « parfois pendant la récréation, mes copains venaient me chercher pour que je chante dans la cour de l’école. Du coup, je me mettais au centre et j’interprétais une chanson des célébrités de l’époque » raconte Michaël d’un brin nostalgique avec un sourire aux lèvres. Il continue à se perfectionner en marchant sur les traces des « anciens » avant d’enregistrer son premier titre intitulé « Nous sommes le Congo » la veille des élections présidentielles au Congo en 2007. Le chant prône un message de rassemblement et soutient la lutte contre le tribalisme. Il est récompensé aux Tam-Tam d’or dans la catégorie « Découverte ». En 2010, Mixton participe au festival hiphop (GABAO) à Libreville. Deux ans après, le clip de « Tu mens », l’un des quatorze titres de l’album à coeur ouvert sorti en 2014 est diffusé sur plusieurs chaînes de musique urbaine internationales telles que TRACE TV, B BLACK... Michael part alors à la conquête de l’Afrique centrale et remporte plusieurs prix artistiques. Il participe à différents festivals notamment à Douala et assure les premières parties des concerts de Booba, Youssoupha, Soprano, Kery James… « J’ai collaboré avec beaucoup de vedettes et labels de la place » lance fièrement celui qu’on surnomme « Milkshake » tout en mettant l’accent sur ses origines 100% congolaises, « je suis né à Madoungou, j’ai débuté la musique à Dolisie avant de me rendre à Brazzaville et PointeNoire. Mon style musical est une combinaison de hip hop, ragga et rap inspiré de la rumba congolaise. Si je devais m’attribuer un qualificatif, je dirai que je suis un cocktail »

révèle celui que certains de ses proches ont baptisé « automatique » du fait de sa rapidité à composer ses textes et sa facilité d’adaptation.

Façon ya'ko zua eza ebelé o'yo ya nga na zuaka na'ko YEMBA, il existe plusieurs façons de se procurer de l’argent, la mienne consiste à chanter” Père d’un enfant de trois ans, Michael rédige des chansons assez « correctes » pour ne pas choquer ni donner une mauvaise image de la musique aux jeunes qui l’écoutent. « Mon objectif en tant qu’artiste engagé est de dénoncer certains faits de société pour réveiller les consciences et propulser d’autres talents » affirme le ponténégrin en retirant ses lunettes de soleil puis évoquer ses sources d’inspiration : « Je m’inspire de tout ce que je vois ou entends au quotidien. Par exemple, le clip de tu mens est un scénario d’une jeune fille matérialiste. Dernièrement, j’étais à Dolisie pour une tournée, j’ai

rencontré une demoiselle qui était saoule, je lui ai fait une remarque son état et elle m’a répondu c’est toi qui paie ma boisson ? ». Je sais d’ores et déjà que mon prochain titre sera dédié à ce phénomène de mode qui touche terriblement nos petites soeurs confie Mixton d’un air soucieux. Artiste, interprète et entrepreneur, Mixton s’auto-produit à travers sa propre maison de production, Nouvel Ordre Musical dont le but est d'insuffler un souffle nouveau dans la musique urbaine congolaise et encadrer d’autres artistes. « Ici au Congo, on constate de véritables failles dans l’industrie de la musique notamment un grand manque de professionnalisme. La plupart des managers et/ou des producteurs ne sont pas formés ou dans d’autres cas il y en a qui ne font pas leur travail » déplore l’artiste qui réussit de façon admirable à interpeller le public et le faire danser sur des sujets parfois sensibles ou tabous... Son dernier single « Mbongo », « l’argent », sorti en février 2018 fait parti du top 3 de Trace Africa. L’artiste illustre les diverses manières que les gens utilisent pour avoir de l’argent afin d’obtenir une position dans la société et subvenir à leur besoins et ceux de leur famille. 33 BRAZZAMAG


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L’expert des mariages de rêve... Si son agenda de 2019 est déjà complet, ceux de 2020 et 2021 le seront bientôt. De passage à Pointe-Noire, Randy DJ ou plutôt Randy Bitsi, « la fierté du pays » comme le surnomment certains, a répondu aux questions de notre journaliste. Par Sylverène Ebélébé.

QUI SE CACHE DERRIÈRE LE PSEUDONYME « RANDY DJ » ?

Dernier smartphone Samsung à la main, crâne rasé, lunettes de vue tendance, chemise noir col mao, pantalon fushia et baskets Yohji Yamamoto aux pieds, souriant, plutôt extraverti, Randy apparaît très détendu. Cadet d’une famille de quatre enfants dont le père est originaire du Congo et la mère de Madagascar, c’est à quinze ans que le jeune garçon prend l’habitude d’accompagner son père dans des soirées et des fêtes afro-caribéennes. Il porte les enceintes, vérifie les branchements, teste le son... « Un soir tandis que j’avais l’habitude d’observer mon père, il m’a laissé les platines et m’a demandé d’animer la soirée à laquelle nous étions » explique Randy. L’expérience se renouvelle plusieurs fois, l'adolescent est coaché par son entourage. « Je ne parlais pas le lingala mais j’avais plusieurs amis congolais qui me traduisaient les paroles des chansons et qui me briefaient sur les actualités musicales congolaises ». Alors qu’il rêvait de devenir avocat, une fois au lycée, l’adolescent se réoriente vers un DUT technico-commercial. À vingt cinq ans, il se rend compte que la profession de DJ lui plait réellement: « J’ai fait le choix de donner une nouvelle orientation à cette activité, de la moderniser en la professionnalisant, et surtout en proposant des services haut de gamme ». Randy se sert alors de ce qu’il a appris pendant son parcours scolaire : analyse des besoins du client, définition des services à offrir, négociation et communication commerciale... « Je m’adresse à ceux qui veulent des belles choses. Je leur offre des prestations qui pour certains sont uniques sur le marché comme par exemple l’ouverture du bal des mariés sur un nuage de fumée ». 34

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BIEN PLUS QU’UN DJ, UN ENTREPRENEUR PROFESSIONNEL

À la tête d’une société par actions simplifiée (SAS), Randy suggère aux mariés de gérer leur soirée de A à Z. À la question à quoi dois-tu ton succès ? Randy répond sans complexe « je crois qu’après tous les efforts que j’ai fourni je mérite mon succès. Parfois, il faut arrêter de jouer à la modestie mal placée ! » Très organisé et approbateur du work smart (travailler intelligemment) plutôt que du work hard (travailler durement), Randy planifie ses journées avec rigueur. Devenu, incontournable sur le marché de l'événementiel depuis dix ans, il est sollicité en Île-de-France, en Belgique, au Portugal... Suivi par plus de 13 000 personnes sur son compte Instagram et 5 000 sur Facebook, Randy soigne particulièrement son image sur les réseaux sociaux en publiant régulièrement des photos de ses voyages et de ses interventions. Il est reconnu comme le maître des platines et de l’ambiance dans sa diaspora et dans d’autres communautés. Le jeune congolais ne travaille pas seul. Son objectif est de rassembler différents prestataires (traiteur, décorateur, pâtissier, photographe,…) vers un objectif commun : proposer un mariage de rêve. Agréablement surpris par son séjour sur la terre de ses ancêtres, après avoir conquis la diaspora congolaise en France et en Europe, aujourd’hui Randy envisage un retour au pays avec plusieurs idées en tête, telles que la formation de professionnels dans le secteur de l’événementiel et l’organisation de soirées.


Chanter et danser contre les clichés

C’est l’un des plus grands événements de la culture afro-caribéenne en Île en France : le Melting Crew Award. Créée en 2012 par Afouz Olongo à travers l’association « Kimia & Co » , cette initiative culturelle vise à récompenser les meilleurs talents de la musique et de la danse afro-urbaines. Par Sylverène Ebélébé.

QUEL EST L'OBJECTIF DU MELTING CREW AWARDS ?

L'objectif du Melting Crew Awards est de montrer que la musique africaine est une musique universelle - deux personnes sur trois en France ont déjà dansé au moins une fois sur du ndombolo ou du coupé décalé,… - trouver des talents afro-urbains parfois méconnus du public et les propulser à un rang professionnel. Nous avons également un objectif social qui consiste à recueillir des dons pour les enfants congolais. Tous les ans, nous invitons le public à apporter des fournitures scolaires qui seront transmises à l’association « Aider sans regard » (ASR) basée au Congo Brazzaville qui aide les personnes en situation de handicap. L’entrée au spectacle coûte 15€ (10 000 FCFA) en prévente et 20€ (13 000 FCFA) sur place.

QUELLES SONT LES CONDITIONS QUE LES GROUPES SÉLECTIONNÉS DOIVENT RESPECTER ?

Chaque année, nous définissons un thème dont les artistes doivent s’inspirer pour préparer leur performance. L’an dernier par exemple, le thème était « Origins ». Les différents groupe (danse ou chant) devaient proposer au public une musique ou une danse en rapport avec les anciens titres des années 60/70. Et cette année, c’était « In the mirror », « dans le miroir » pour inciter l’unité entre les artistes.

D'OÙ VOUS VIENT CET INTÉRÊT POUR LA MUSIQUE ET L'ÉVÉNEMENTIEL ?

Je suis passionné de la musique depuis mon tout jeune âge. À trois ans déjà, j'étais un véritable « génie » de la danse, j'impressionnais même mes parents. Puis en grandissant - environ vers mes onze ans - j’ai commencé à éprouver un intérêt particulier pour le monde de l'événementiel. J'ai effectué ma première expérience en tant qu’organisateur d'événement dans une association en 2007 et depuis je continue à exercer dans ce secteur.

QUE FAIT KIMIA & CO ?

Kimia « paix » en lingala & CO pour « corporate » est une association à but non lucratif formée d’une dizaine de personnes en plus de moi-même ainsi que le vice-président Diarra Gagny. Depuis huit ans maintenant, nous dispensons des cours de soutien scolaire et de danse aux jeunes de Fontenay-Sous-Bois dans le but de favoriser la mixité culturelle, réduire les barrières sociales puis casser les stéréotypes et les clichés qu’on a l’habitude d’entendre sur les habitants des banlieues. Parallèlement à cela, chaque année depuis 2010, tous les bénévoles de l’équipe se mobilisent à partir du mois de janvier pour préparer le prochain show du Melting Crew Awards qui a lieu en avril. Après un appel à la candidature sur les réseaux sociaux..., nous faisons une sélection des différents groupes de chanteurs ou danseurs qui seront présentés au public le jour J.

DANS QUELLE MESURE CE GENRE D'ÉVÉNEMENT PEUT-IL CONTRIBUER À LA PROMOTION DE LA MUSIQUE CONGOLAISE ?

En 2015 nous avons organisé la première édition du « Melting Crew Tour » à l'Institut Français de Brazzaville en partenariat avec la chaîne télé DRTV. Cette manifestation a permis à plusieurs artistes locaux des différents quartiers de Brazzaville de sortir de l’ombre et dévoiler leur potentiel. Certains montaient sur la scène pour la première fois tandis que d’autres, plus « habitués » ont pu bénéficier d’une diffusion sur TRACE TV et parmi eux quelques uns ont signé des contrats avec des maisons de production comme Universal. Mon souhait est que le concept du Melting Crew Award puisse prendre une grande ampleur afin que nous puissions un jour organiser l'événement dans une salle mythique comme l'Olympia.

QUEL EST LE PUBLIC QUE VOUS VISEZ ?

Chaque année l'événement accueille des personnes de tous genres (noirs, blancs, maghrébins...) de toute l’Île de France et toute catégorie sociale mais aussi d’autres pays comme la Belgique, l’Angleterre, la Hollande dans une ambiance festive et d’ondes positives...

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GRAND FORMAT

NOS ICONES

DOLISIE, République du CONGO Dolisie, anciennement appelée Loubomo est la troisième ville du Congo. Elle se situe à 160 km de Pointe-Noire, plus précisément dans le département du Niari dont elle est le chef-lieu. Dolisie ou encore Dol doit sa réputation à sa terre rouge, sa verdure et son lac bleu

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Crédit photo: Studio 242 37 BRAZZAMAG


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BUSINESS

OBAC, faire du business AU CONGO

C’est dans les locaux de SBV Consulting, la holding qui abrite le cabinet OBAC (Opportunités de Business en Afrique Centrale) que Philippe Bouiti Viaudo, Directeur associé du cabinet OBAC en charge du pôle Conseil stratégique & Financier de Pointe-Noire, reçoit Brazzamag. Par Sylverène Ebélébé.

UN AVENIR TOUT TRACÉ

Titulaire d’une licence en économie et gestion, Philippe a obtenu un master 2 en management et stratégies des entreprises, un autre en marketing des produits industriels avant de conclure par un MBA section Finance à l’école supérieure de gestion ainsi qu’une certification de l’Autorité des marchés financiers français. De retour au Congo en 2013 après avoir fini son cursus scolaire à Paris, il effectue un stage de fin d’études en tant qu’assistant chef de zone et chargé clientèle PME pendant 4 mois chez EcoBank. Au cours de son stage, le jeune diplômé remarque que plusieurs entreprises en difficulté ont du mal à se restructurer, à faire évoluer leur modèle économique et à redéfinir une stratégie de développement. Il fait alors quelques recommandations à certains clients de la banque qui ne manquent pas d’en parler à sa hiérarchie. Au bout des 4 mois de sa période de « formation » , le directeur de la banque lui propose un contrat à durée indéterminée mais le jeune homme qui a plusieurs projets en tête décline l’offre. « Mes parents étaient très surpris de mon choix » révèle Philippe avant d'ajouter « J’avais plus envie de m’investir dans l’entrepreneuriat au Congo, prendre des risques et proposer des solutions aux problématiques que j’avais identifiées, plutôt que de travailler pour une grande entreprise, avoir un gros salaire, des avantages…» Détenteur d’un blog, strategiesdentreprises.wordpress.com sur lequel il aborde des sujets concernant les différentes stratégies d’entreprise, le business plan…, Philippe décide de partir au Ghana pour un séjour linguistique.

L'ÂME D’UN ENTREPRENEUR

« Depuis mes premières années à l’université, je suis très attiré par le monde de l’entrepreneuriat » affirme le jeune congolais. Tandis qu’il perfectionne son niveau en anglais au Ghana, Philippe participe à plusieurs colloques et rencontre plusieurs chef d’entreprise. Impacté par la mentalité anglophone, le jeune congolais rédige un business plan et organise une levée de fonds pour la création d’un cabinet de conseils stratégiques et financiers capable d’aider les entreprises ayant des problèmes de trésorerie à se restructurer et à renforcer leurs fonds propres si cela est nécessaire. « Les anglophones de manière générale ne sont pas dans l’attente. Ils n’attendent pas que les choses leur tombent dessus, ils vont de l’avant et aiment prendre les risques. D’ailleurs, en anglais on ne dit pas « prendre le risque » mais « take your chance », « prendre sa chance ». Ce qui fait que les anglophones ont une mentalité plutôt tournée vers les opportunités et non les risques.» Le projet de son entreprise séduit quelques investisseurs. En 2014, c’est le début d’une grande aventure pour le cabinet OBAC ! De nouveau, de retour à Brazzaville, Philippe a des rêves plein la tête mais est très vite confronté à la réalité de la vie d’un entrepreneur : tous 40

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3 étapes pour restructurer une entreprise en difficulté

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Le diagnostic interne: Analyser le fonctionnement de l’entreprise, les risques et l’état des finances.

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Le diagnostic externe: Examiner l’environnement, la concurrence, l’offre et la demande, les menaces et les opportunités du marché

les investisseurs n’ont pas tenu leur parole… Tenace, persévérant et innovant, Philippe réussit brillamment la restructuration de quelques entreprises, recrute de nouveaux consultants, les forme et se fait un nom dans la ville côtière ainsi qu’à Brazzaville. Il prévoit d’implanter le cabinet OBAC sous forme de franchise dans cinq autres pays de la CEMAC d’ici 2025. La première installation se fera l’an prochain au Gabon suite à l’observation de nombreuses similitudes environnementales avec le Congo et la mise en place de plusieurs partenariats. Quatre ans après le lancement d’OBAC, Philippe s’attaque à un nouveau problème : le risque de crédit. En partenariat avec des experts sectoriels, il travaille sur le service OBAC RISK MANAGEMENT et créé au sein du cabinet un pôle d’études et analyses sectorielles dont la mission consiste à proposer aux banques et aux micro finances une solution leur permettant de réduire le risque de crédit et d’assainir le portefeuille de prêts. C’est dans cet élan qu’en avril dernier, le cabinet OBAC a lancé le colloque trimestriel des investisseurs, un évènement réunissant le monde des finances tous les trois mois autour d’un secteur d’activité afin d’identifier ses difficultés et mener une réflexion pour trouver des moyens concrets pour y remédier. La première édition était dédiée au secteur du bois et la deuxième qui a eu lieu en octobre dernier concernait l’agro-alimentaire. Plus de 200 personnes (porteurs de projets, chefs d’entreprises…) y ont participé.

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La restructuration: Prendre en compte la résistance au changement, le risque social (licenciement) et le risque financier.

transmettre un caractère. « Entreprendre c’est bien, mais la réalité du marché est dure, c’est pourquoi il est capital de croire en soi et ne pas s'arrêter à la première difficulté. Un entrepreneur doit faire preuve de persévérance, de résilience, garder son objectif en tête et aller au bout des choses » assure le Directeur associé d’OBAC. En quatre années d’expérience, le cabinet OBAC a déjà accompagné une quarantaine de sociétés dans différents secteurs (médical, transport, agro-industrie,numérique…) et formé 100 porteurs de projets. L’an dernier, deux candidats parmi ceux qui ayant bénéficié des formations qu'offre le cabinet OBAC ont été repérés par des investisseurs, créé leur entreprise et aujourd’hui s'attèlent à la développer. Au Congo, où la culture entrepreneuriale émerge seulement depuis quelques années, plusieurs facteurs freinent encore l’avancée de certains dispositifs... Toutefois, Philippe reste optimiste « le Congo n’a jamais eu autant d’opportunités que maintenant. Il y a des problèmes partout, nous avons besoin d’encourager l’initiative privée, pour les résoudre avec de nouveaux modèles économiques car l’Etat ne fera pas tout… S’il m’était permis de faire passer un message, ça serait : « Osez ! ».

UN FORMATEUR

Panafricaniste, Philippe rêve de voir émerger une génération d’entrepreneurs africains, dynamiques, efficaces… C’est ainsi, après avoir constaté les difficultés des jeunes porteurs de projet congolais à structurer leurs idées de business, le jeune homme créé un pôle formation et lance la chaire OBAC, une branche destinée à l’entrepreneuriat en collaboration avec plusieurs écoles de Pointe-Noire. Chez OBAC, les candidats sont formés dans le but de devenir des porteurs de solutions. « De plus en plus de personnes veulent entreprendre notamment à cause de la crise, mais l'entrepreneuriat n'est pas une mode » lance le trentenaire avant de détailler : « Un entrepreneur doit apporter un service utile. Son rôle consiste à identifier un besoin, innover et aider l’environnement dans lequel il se trouve. » Outre l’aspect technique, les masterclass délivrées par Philippe Bouiti Viaudo et ses associés (MYB, Congo web agency) visent également à

LES FORMATIONS OBAC Les masters accompagnement sont dispensés en cours du soir une fois par semaine, le mardi ou le mercredi de 18h30 à 20h30. Un certificat de participation est remis à chaque candidat à la fin de la formation qui dure trois mois. Les frais d’inscription s’élèvent à 35 000 FCFA par mois. Outre les master accompagnement dédiés aux porteurs de projets, le cabinet OBAC participe à la formation des étudiants dans cinq écoles de la place. 41 BRAZZAMAG


BUSINESS

CORDONNIER, UN MÉTIER “SANS” TABOUS On les trouve souvent au coin d’une rue en centre ville, ou encore cherchant un client à qui nettoyer les chaussures ici et là, ceux là sont appelés « babisa lipapa », « cordonniers ambulants » . Qui sont ces cordonniers que l'on croise au quotidien ? Comment en sont ils arrivés à choisir ce métier ? Brazzamag vous fait découvrir l’histoire de Claude, Benjamin, Luc, Saidou ainsi que celle de la cordonnerie Boots. Par Sylverène Ebélébé.

CLAUDE, “LE SAPEUR”

semelle en utilisant un crochet et du fil de pêche. Il m’a initié aux différentes techniques de décollage et collage, au cirage, à la teinture… et à mon tour je montre comment faire aux jeunes congolais. » Très admiratifs de leur maître, Benjamin, Jeancy et Luc l’écoutent parler avant de sourire. « Vous pouvez parler » leur dit-il tendrement tel un père qui s’adresse à ses enfants. « J’ai fait des études mais ce qu’on m’a enseigné à l’école ne m’a pas permis d’avoir un métier. J’ai été attiré par le côté pratique de la cordonnerie. On n’a pas besoin d’avoir fait de longues études pour travailler » confie Benjamin avant d’ajouter avec un regard joyeux « depuis que j’exerce ce métier, je me sens bien ».

Aimant la sape comme un c bon congolais » , Claude accorde une attention particulière à ses chaussures ! Du choix de la matière en passant par les motifs, les lacets, la couleur… ce cinquantenaire, s’est lancé dans la cordonnerie parce qu’il voulait toujours avoir une chaussure neuve pour agrémenter ses tenues « J’ai été élevé dans une famille dont les parents n’avaient pas beaucoup de moyens. Par conséquent, je n’avais qu’une seule paire de chaussures que je portais à n’importe quelle occasion. Un jour, j'étais invité à une fête et la tenue que je devais porter ne s’accordait pas du LA CORDONNERIE MODERNE tout avec la chaussure que j’avais. Je Crée en 2016 par Annabelle et Gaétan Motoli, la me suis mis cordonnerie Boots vient répondre aux besoins de à réfléchir à Au début, j’avais honte d’envi- ceux qui veulent plus de « professionnalisme » . comment j’alsager que je pourrais être cordon- Originaire du Congo, Annabelle et Gaétan évolais faire et soudainement j’ai eu une idée de génie : et si je colorais ma chaussure ? nier. Mais lorsque j’ai appris que des luent en France avant de décider de revenir au pays il y a dix ans et de se lancer dans l'entre». Claude teint alors ses souliers en cuir noir “grands” hommes comme Jean Marc prenariat. « En Afrique, notamment au Congo, les en rouge bordeaux. Satisfait du résultat, il chaussures s'abîment plus facilement qu’ailleurs décide de renouveler l’expérience pour ses Weston, -une des marques favorites prochaines sorties. Autodidacte, il s’exerce des congolais-, avait commencé par à cause des routes, de la poussière » affirme Annabelle. Collectionneuse de chaussures, tout sur les paires de ses frères et prend peu à être cordonnier avant de créer son comme son mari Gaétan qui en avait assez d’avoir peu à goût à ce qu’il fait. Très vite, l’ancien sapologue suscite l'intérêt de ses voisins. Il entreprise, je me suis dit qu’un jour moi ses mocassins sales en rentrant chez lui après le travail et de ne pas pouvoir bénéficier d’un serpropose ses services en contrepartie d’une aussi j’en ferai autant vice après-vente, le couple lance un concept mulmodique somme d’argent et se lance dans - Jeancy tiservice. En plus de la réparation, la teinture, le la cordonnerie. découpage de talons, la serrurerie, l’habillage, les clients ont accès à des conseils, des offres sur-mesure, un service MAÎTRE SAIDOU... après-vente gratuit, la programmation de clé de voiture automaInstallé en face du centre 4 M au centre ville de Pointe-Noire, maître tique, la fabrication de plaques d’immatriculation (plaques SEMAC). Saidou comme le surnomment ses trois apprentis (Benjamin, Jeancy « Notre objectif est de proposer la même qualité de services qu’on et Luc) vêtu d’une blouse bleue avec une casquette noire, est assis retrouve à l’étranger en utilisant les compétences et le savoir-faire sur un petit banc en bois. Il tient entre ses mains, une paire d’escarlocaux » assure celle que ses employés surnomment affectueusepins dont l’embout du talon s’est ment « Madame. » cassé. « Le trou pour remettre un nouvel embout est trop petit, par conséquent, je suis obligé de limer la tige métallique pour l’ajuster puis utiliser une pince et un marteau avant de le remplacer. » Originaire du Mali, « maître Saidou » évolue dans la cordonnerie depuis vingt ans. Formé par un de ses proches, il est arrivé au Congo il y a vingt-trois ans et a voulu transmettre son savoir-faire. « J’ai appris à réparer, entretenir les chaussures, auprès d’un frère. C’est lui qui m’a expliqué comment il fallait procéder pour coudre une 42

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V oVuos uês t ê e tseàs à lala r e rcehcehr e c rhceh e d'u dn' u inn ti n e tr e mré mdéi a d i raei r e p rp o rf o e fse s isos n i onnenl e l d ed ec ocnof ni af inacnec ee te e t fef ifcf iaccaec e, e, ne nA fAr ifqr iuqeu, ee, ne nE uEr uorpoep, e , e neA n sA i es i e t e ta uaxuUx SUAS, Ap, opuor ut ro tuot e u t seosr toer t d e ed n eéngéogcoec :e u:nuen seesuel e ule adresse adresse la la SFAC. SFAC. Nous Nous démarchons démarchons , prospectons, , prospectons, achetons achetons puis puis négocions négocions le le me mi lel ei lu l er usresr e v ircve ica e par p è rsè - vs e - vnet n etp e opuor uvrovuos u , sa, ua m uo mi n od i nr d erc e ocûot ûet t e t d adnasn lse lse m s e mi e lle i l luer u s rd s edl e a li a s ip s opuor utrotuot uct ec e d odnot nvt ovuosu a s vaevze z besoin besoin : véhicules : véhicules professionnels professionnels ouou personnels personnels - poids - poids lourds lourds ouou leg l eegr e s ,r sp, i è pc i èecseds ed e r e rcehcahnagneg, em , a mcahci n he i nseos uot u i l st i li sn d i nuds u t rsi ter li leel sl e , s, a gar g i cr iocl o e lse, sm , a mta etr e i er il e li n fi n o fr o mr a mta i qt iuqeu, ee, l e lcetc r itqr iuqeu, em , é mdéi d c iacl a , l, i mip mr p im r ie mr e i er -i ee- dei tdi o i tn ioe n te c t. c .

" L'achat " L'achat professionnel professionnel estest unun métier. métier. Nous Nous enen sommes sommes lesles spécialistes" spécialistes" Contacts Contacts Adresse Adresse SFAC SFAC 1, allée 1, allée de de Picardie, Picardie, 91800 91800 Brunoy Brunoy France France Port Port : 00: 00 (33) (33) (0) (0) 668264635 668264635 Mail Mail export@sfac-negoce.com export@sfac-negoce.com 43 BRAZZAMAG


BUSINESS

l’explosion du marketing EN AFRIQUE Panneaux publicitaires, spots audio à la radio, publicités sur internet, emballages personnalisés, étiquettes sur les produits de consommation courante,... Le marketing est omniprésent dans notre quotidien. Etat des lieux avec Benjamin Mampuya, fondateur et directeur de la compagnie générale de communication (CGC). Par Flore Onissah.

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QUELLES SONT LES TENDANCES DANS LE MARKETING EN AFRIQUE ?

C’est d’abord l’apparition d’un paysage entrepreneurial et économique de plus en plus diversifié. La croissance économique atteignait 4,3% en moyenne en 2016, soit presque le double de celle observée en Europe. Cette croissance bénéficie d’abord au secteur privé, ce dont témoigne l’optimisme des chefs d’entreprise africains année après année (voir à ce sujet le rapport « Business Agenda » du cabinet PwC). Cela se traduit par une double évolution en termes de marketing et de communication : les entreprises sont de plus en plus nombreuses à atteindre la « taille critique » qui leur permet de dégager un budget spécifique au marketing et à la communication ; de plus, le dynamisme des entreprises dans la région, qui sont de plus en plus nombreuses à s’exporter dans de nouveaux pays et sur de nouveaux segments du marché, rend le marketing absolument essentiel pour accompagner cette conquête. Après une décennie marquée par une urbanisation rapide, c’est maintenant l’explosion du numérique qui bouleverse les modes de vie sur notre continent. Alors que le smartphone est actuellement le support le plus utilisé pour avoir accès à internet, l’enjeu est de pouvoir répondre à une vraie demande en termes de digital marketing, mais aussi de contenu pour les réseaux sociaux. La région se modernise à grande vitesse grâce à ces nouveaux usages, les entreprises doivent s’emparer des outils que sont la communication et le marketing pour suivre.

2 EST CE QU’IL Y A DES NOUVEAUX SECTEURS QUI FONT APPEL AU MARKETING HORS MIS LES TÉLÉCOMS ET LES BANQUES ?

On peut dire que les nouveaux secteurs du marketing On peut dire que les nouveaux secteurs du marketing vont être ceux qui sont en développement et accompagnent de larges pans de la population : le secteur immobilier, par exemple, qui est en plein boom avec l’apparition de classes moyennes qui s’urbanisent, le tourisme dans certaines régions à haut potentiel, mais également quelques secteurs auxquels on pense moins : les produits de luxe ou encore le secteur pharmaceutique.

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3 AVEZ-VOUS DES CONSEILS À DONNER POUR

BIEN RÉUSSIR SA COMMUNICATION ET SON MARKETING EN AFRIQUE ?

Je pense qu’il faut tirer les leçons de ce qui s’est vu dans le secteur de la publicité. Dans les années 2000, le premier boom démographique et l’urbanisation laissaient entrevoir des opportunités importantes pour les publicitaires. Les multinationales ont fondu sur le butin, mais ce ne sont pas forcément elles qui ont fait recette. Aujourd’hui, ce sont plutôt des groupes locaux qui tirent leur épingle du jeu dans le secteur publicitaire, et cela pour une raison simple : ce sont ceux qui ont réussi à créer des contenus adaptés à leur cible, en intégrant des éléments d’histoire et d’identité culturelle dans la communication, en transformant leur charte graphique, etc. Ce qui est vrai pour le secteur publicitaire l’est aussi pour le marketing et la communication. L’Afrique Subsaharienne n’est pas une région où l’on peut arriver et déployer une stratégie « clés en mains » ; il faut absolument, pour réussir son pari, utiliser la culture de proximité.


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SANTÉ

LA MUSIQUE ET NOTRE SANTÉ Être en bonne santé est un besoin universel. À chaque numéro, Brazzamag partagera avec vous des conseils sur la santé, la nutrition ou encore la forme. Cette nouvelle rubrique, « Priorité santé » permettra de faire de la prévention et informer sur les traitements, toutes sortes de problématiques autour de la santé et bien plus encore. Des spécialistes de la santé interviendront dans cette rubrique pour traiter différents sujets. Docteur Bikindou, Médecin Conseil Gras Savoye Congo

LE SAVIEZ-VOUS ? La musique a des effets positifs sur le développement de l’enfant. Elle lui permet d’apprendre à coordonner ses mouvements, développer sa mémoire, affiner son écoute, sa sensibilité et à s’extérioriser. Il en retire satisfaction et fierté, et augmente, par le fait même, son estime de soi.

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a musique est une combinaison de sons de façon mélodieuse, rythmique et harmonieuse. Il s’agit donc d’une émission sonore agréable. Cette musique peut devenir désagréable à l’oreille humaine quand elle dépasse un certain seuil, l’oreille humaine ayant une tolérance limitée à l’intensité du son. Le seuil d’inconfort auditif est d’environ 90 décibels. Donc au-delà de 90 décibels, le son devient gênant pour l’oreille humaine. Il faut savoir que la douleur apparaît au-delà de 115 décibels.

LES INCONVÉNIENTS DE LA MUSIQUE

La musique est omniprésente dans notre quotidien. Certaines personnes l’écoutent une seule fois ou occasionnellement tandis que d’autres ont une dépendance ou encore une accoutumance à des sons en particulier. Cependant, très souvent, nous ne nous rendons pas compte des effets néfastes 46

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qu’elle peut engendrer. Une écoute dans un environnement excessivement bruyant provoque des acouphènes (bourdonnement dans les oreilles en permanence), une hypersensibilité auditive (douleur des oreilles au moindre son) et une perte auditive (diminution de l’audition).

LES AVANTAGES DE LA MUSIQUE

De nombreuses études montrent que la musique a un effet positif sur la santé :

1. RÉDUIT LA DOULEUR:

La musique a la capacité de réduire la douleur par la libération d’endorphines qui agissent comme des analgésiques naturels.

2. DIMINUE LE STRESS :

Le stress a été associé à de nombreuses maladies, y compris plusieurs maladies mentales chez les personnes ayant des niveaux de stress très élevés. Dans une étude, les gens qui écoutent une demi-heure de musique apaisante 2 fois par jour pendant 2 semaines, ont montré des réductions significativement plus importantes du stress et de l’anxiété.

3. AVANTAGES CARDIOVASCULAIRES :

Écouter de la musique apaisante permet également de réduire votre fréquence cardiaque et la pression artérielle.

4. STIMULE LES CELLULES DE CERVEAU :

La recherche a démontré que la musique peut stimuler les ondes cérébrales. D’autre part, écouter de la musique classique apaisante améliore la capacité de se concentrer pendant plus de temps et favorise le calme, l’état méditatif.

5. AUGMENTE LA PERFORMANCE PHYSIQUE :

Écouter de la musique pendant un exercice physique peut avoir un impact sur les performances de votre exercice et de l’engagement.

6. FAVORISE UN PROFOND SOMMEIL :

La musique douce pendant le sommeil est efficace pour bien dormir. 7. Augmente l’optimisme :

La dépression mène à la faiblesse, aux maux de tête, à la confusion et la perte de concentration. La musique développe un état d’esprit plus positif.

8. AIDE AU CANCER :

La recherche suggère que la musique peut offrir un des avantages chez les personnes cancéreuses. Elle réduit l’anxiété chez les patients recevant une radiothérapie, et apaise les nausées et les vomissements associés à la chimiothérapie à haute dose.

9. AIDE À SE SOCIALISER :

La musique est un excellent moyen de se retrouver avec des gens qui partagent une passion. En conclusion, la musique présente de nombreuses vertus, quand elle est utilisée dans les limites du seuil de tolérance. Il est donc recommandé de l’intégrer dans notre vie de tous les jours depuis notre enfance.

3 BONNES HABITUDES

• Utiliser les casques ou écouteurs fournis avec l’appareil que vous achetez. • Faire des pauses de 30 minutes toutes les deux heures en boite de nuit • Eviter de rester trop près des baffles


Priorité santé Le cancer du sein, “L'ENnEMI” DE LA FEMME Le cancer du sein est le premier cancer au Congo Brazzaville. En moyenne, 700 nouveaux cas sont enregistrés chaque année à Brazzaville et 250 à Pointe-Noire. Brazzamag fait le point sur le traitement et la prise en charge de cette maladie avec le Docteur Sidney Ngatali, cancérologue à l'hôpital de Loandjili (Pointe-Noire). Par Sylverène Ebélébé.

1POUVEZ-VOUS DÉFINIR LE CANCER DU SEIN ?

Le cancer se caractérise par la présence de cellules anormales qui se multiplient de façon incontrôlées dans le corps d’un individu. Dans le cas du cancer du sein, c’est le résultat du dérèglement de certaines cellules formant le plus souvent une masse appelée tumeur dont on peut déterminer le stade - c'est-à-dire l'étendue de la maladie - grâce à des examens cliniques (dépistage, prélèvements,…). Il en existe principalement trois : stade local (les cellules ne restent que dans le sein), loco-régional (elles se répandent dans les organes avoisinants, tel que les ganglions des aisselles par exemple) et enfin le stade général ou métastatique (les cellules se sont propagées dans d’autres organes).

2QUELS SONT LES CAUSES ?

Il existe des facteurs exogènes et endogènes capables de provoquer ou révéler un cancer. Par exemple, une alimentation trop riche en matières grasses peut causer un cancer du côlon. De même, une exposition très fréquente aux radioactifs et/ou à la pollution entraîne un cancer des poumons. En ce qui concerne le cancer du sein, 5 à 10% sont de nature héréditaire. Ce qui veut dire qu’une femme dont la mère est décédée d’un cancer du sein aura des prédispositions à manifester la pathologie contrairement à une autre femme dite “normale”. L’actrice américaine Angelina Jolie par exemple dont la mère était décédée suite à un cancer, a décidé en 2013 de faire une mastectomie, c’est-à-dire une ablation des deux seins car elle avait un risque de 87% de développer un cancer du sein et 50% pour celui des ovaires. Cependant, pour que le cancer se déclenche, il faut que la mutation génétique BRCA* 1 ou 2 ait au moins un taux de

personnes meurent du cancer.

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QUESTIONS

Sidney Ngatali

4QUELLES

SONT LES INFRASTRUCTURES MISES À DISPOSITION DES MALADES ?

En Afrique ou plus précisément ici, la majorité des femmes atteintes du cancer du sein arrivent à l'hôpital en ayant un stade déjà avancé. Cela s’explique par le fait que certaines d’entre elles ne sont pas du tout informées sur la maladie. De ce fait, depuis quelques années des associations telles que Solidarité cancer et Union de lutte contre le cancer mettent en place des campagnes de sensibilisation et de prévention. BRCA* : gènes porteurs de tumeurs

50% et que les gènes héréditaires soient en contact avec d’autres facteurs.

3COMMENT

SOIGNE-T-ON LE CANCER DU SEIN ?

Les traitements sont prescrits en fonction du stade de la maladie et du plan de soins* de la patiente. Il y a la chirurgie (mastectomie partielle ou tumorectomie, mastectomie totale, chirurgie aux ganglions lymphatique), la radiothérapie, la chimiothérapie et la thérapie hormonale et la thérapie ciblée (propres au type de tumeur). La thérapie hormonale est, la plupart du temps, combinée à la chirurgie, à la radiothérapie ou à la chimiothérapie. Au Congo, notamment à Pointe-Noire, les femmes peuvent bénéficier de tous les soins (mis à part la radiothérapie) à la clinique Guenin, chez Netcare et à l'hôpital de Loandjili. Notons que de nos jours, grâce aux grandes avancées de la médecine partout dans le monde, de moins en moins de

Plan de soins*: un outil destiné aux infirmiers qui contribue à planifier les soins prodigués aux patients. Il inclut l'ensemble des actions à réaliser dans une situation précise, les objectifs à atteindre et les résultats attendus.

LES SYMPTÔMES • Une boule dans le sein • Des ganglions durs au niveau de l’ais-

selle • Des modifications de la peau du sein et du mamelon • Des écoulements spontanés au niveau du mamelon • Les autres symptômes: douleurs osseuses, nausées, perte d’appétit, maux de tête, vision double etc. Si vous observez l’un ou l’autre de ces signes, consultez un médecin sans tarder. 47 BRAZZAMAG


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NOS ICONES

CORDONNIER, UN MÉTIER “SANS” TABOUS page 42

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Crédit photo: Studio 242 49 BRAZZAMAG


NOS ASSOS

L’association baobab, ballon d’oR Un samedi après-midi à l’école primaire du quartier de Diata. Les enfants tentent de se qualifier à un tournoi inter-quartiers organisé en parallèle de la Coupe du monde. A l’origine de l’événement, l’association Baobab. Fondée par Ate Nzete au début des années 2000, elle utilise le football comme levier éducatif sur les enfants. Brazzamag a enfilé ses crampons pour les rencontrer. Par Antoine Rolland. Le mouvement est exécuté avec rapidité et précision. Le latéral gauche parvient à déborder, et à centrer en retrait en bout de course. Seul devant le but, l’avant-centre de l’équipe des « Ballons d’or » n’a plus qu’à pousser la balle dans les filets : Ouverture du score, 1 à 0. Les supporters sont déchaînés. Le buteur, dix ans à peine, court les rejoindre au point de corner, les bras ouverts, le regard vers le ciel, comme ses idoles des championnats européens. A ceci près qu’ils ne sont pas des millions à le regarder: deux bonnes centaines, tout au plus. Mais c’est tout comme, dans cette école primaire de Diata utilisée pour l’occasion. Etrange clin d’oeil : au loin, on aperçoit les projecteurs du stade Massamba-Débat, arène des championnats de l’élite. Peut-être l’avenir de l’un d’entre-eux. « On avait prévu huit équipes, mais finalement une douzaine s’est fait connaître », décompte l’un des bénévoles. Il a donc fallu resserrer le programme. Le but de l’après-midi était de retenir quatre équipes, qui ont pu participer à la Coupe du monde inter-quartier. Elle était organisée par l’association en parallèle de la vraie compétition. Les trente-deux équipes ont été choisies dans les quartiers puis parrainaient chaque nation de la Coupe du monde. Pour la petite histoire, c’est l’Australie qui a remporté la médaille d’or, devant la France et le Pérou. C’est la troisième fois que Baobab organise un tournoi lors d’un événement de ce type. « Il s’agit de décloisonner les quartiers, explique Dior, coordinateur de l’association, présent depuis le début

« Le foot d’accord, l’école d’abord »

Crédit photo: Aude May

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de l’aventure. D’une part, les jeunes se rencontrent dans un cadre sportif, ce qui est rare. Et en attribuant une équipe nationale, on efface l’étiquette des quartiers. Il ne s’agit plus de battre Ouenzé, Talangaï, Bacongo ou autre. Il n’y a plus de rivalités, juste du football. » Depuis deux décennies, c’est la vraie mission de Baobab. « Le football n’est qu’un prétexte pour notre association », affirme d’emblée Ate Nzeté, le fondateur, mais aussi agent de joueurs basé à Sarcelles, en France. Il a l’idée d’utiliser la force de cohésion du ballon rond pour recréer du lien social. « Quand les enfants participent à nos compétitions, ou viennent à nos cours de football, il n’y a rien à gagner, prévient Até Nzeté. Si ce n’est un cadre éducatif et un entraînement avec des footballeurs confirmés et des éducateurs compétents. » L’association est née en 2004, quand les mentalités étaient encore marquées par les événements des années 90. « Il fallait casser les clivages entre les quartiers, tant sur le terrain que par les esprits. » Ce sport donne de plus un avantage énorme à l’association : il n’est pas cher. Avec quelques ballons, des chasubles et un sifflet, les enfants sont occupés toute la journée. « Ils s’ennuient beaucoup hors de l’école, à nous de les occuper mais aussi de leur inculquer des valeurs. » « Le foot d’accord, l’école d’abord », dit l’un de leur slogan sur un prospectus. « Pour la Coupe du Monde, nous avons rendu visite aux parents de chaque enfant sélectionné, se souvient Dior. Nous leur avons expliqué le projet, les valeurs derrière. Nous nous sommes assurés de l’âge de leurs enfants, et nous avons vérifié que ces derniers n’avaient pas de problèmes particuliers ». Une vraie enquête de voisinage pour la cinquantaine d’éducateurs de l’association, qui ne comptent pas leur temps dans tous les arrondissements de la capitale. La plupart d’entre eux viennent du milieu du football professionnel et semi pro, s’opposent parfois sur les terrains. Mais quand il s’agit de s’occuper des jeunes sur leur temps libre, on range la rivalité au vestiaire. Certains sont même des anciens de l’association. Avec eux le football n’est pas qu’un sport, c’est un engagement. Crédit photo: Aude May


SOS enfants de la rue Le Samu social de Pointe-Noire a été créé en 2006. Il œuvre en faveur de la réinsertion des enfants et jeunes de la rue. Le point sur les missions menées par l’association avec le Directeur du service social, Raphaël Ellun. Par Flore Onissah.

QUELS SONT VOS RÉSULTATS EN MATIÈRE D’INSERTION PROFESSIONNELLE ?

Actuellement 10 % des jeunes ont trouvé un emploi. On essaie de trouver des formations très pratiques car ce sont des personnes qui ont un niveau scolaire assez faible et malheureusement ici, les grandes entreprises de la place demandent un niveau de qualification élevée. On a mis en place une plateforme privée-publique afin de mieux comprendre les besoins des entreprises. On essaie de développer ce volet en se portant garant de la bonne morale des jeunes, du respect des règles d’artisan et de l’employeur.

QUELLES SONT LES PROBLÉMATIQUES MÉDICALES LES PLUS FRÉQUENTES ?

QUELLES SONT LES MISSIONS DU SAMU SOCIAL DE POINTE-NOIRE ? Notre programme se décline en 4 volets :

1 Les maraudes : un véhicule va dans les rues, 6 nuits par semaine.

Nous établissons un lien de confiance avec les enfants de la rue et nous les orientons.

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Un centre d’hébergement d’urgence d’une capacité d’accueil de vingt-quatre places. Les enfants de la rue peuvent y manger, s’occuper de leur hygiène et avoir une alimentation correcte. On organise également des activités pour travailler sur la médiation familiale. On essaie de reconstituer l’histoire familiale de l’enfant et de retrouver sa famille. Si c’est possible, on organise un retour en famille, au contraire on oriente l’adolescent ou le jeune vers les structures partenaires qui prennent en charge les enfants sur le plus long terme -pour les emmener à l’école...-

3 Des activités de sensibilisation auprès des pouvoirs publics, des commissariats, des centres de santé, des centres d’accueil sociaux...

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Depuis 2015, nous avons mis en place un volet formation professionnelle pour les jeunes qui ont plus de 18 ans. On trouve des partenaires, des compagnons artisans chez qui ces jeunes peuvent aller se former en mécanique, en soudure pour qu’ils soient plus outillés dans leurs recherches d’emploi.

L’urgence médico-sociale est le cœur de notre activité. Nous gérons en priorité le paludisme et les plaies (superficielles ou profondes). Il y a également des problèmes d’addictologie au tramadol face auxquels nous ne sommes pas forcément outillé. Le tramadol, en gros, c’est du doliprane avec un peu d’opium. On donne ça aux personnes après une opération. On peut s’en procurer sur le marché et un peu partout. Un cachet coûte environ 50 FCFA. Le tramadol provoque des addictions très vite, de la déshydratation et de la dénutrition ainsi que des effets assez ravageurs sur le cerveau.

QUE FAIRE SI L’ON RENCONTRE UN ENFANT EN SITUATION DE DÉTRESSE ?

L’acteur de référence c’est les CAS, les circonscriptions d’action sociale. On travaille beaucoup avec ces structures étatiques qui dépendent des directions départementales des affaires sociales. On les contacte pour qu’ils nous mettent en relation avec les familles des enfants, pour voir s'ils les connaissent et avec qui ils peuvent nous mettre en relation. Ils connaissent bien les jeunes car ce sont eux qui effectuent les recensements.

Coordonnées ADRESSE: Arrêt Boundji, Av. Général Alfred Raoul (Mpita), première impasse à gauche CONTACT : Équipe mobile d’aide : 06 929 88 40

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NOS QUARTIERS

tribunal coutumier Trois fois par semaine, les mardi, jeudi et dimanche, les affaires coutumières sont jugées dans le quartier Météo de Makélékélé par des notables et le chef de quartier. Ici, les affaires sont traitées sous la forme d’un tribunal dont le décorum n’a rien à envier aux juridictions civiles. Ce jour-là le tribunal devait juger une affaire de sorcellerie. Par Antoine Rolland. ll est 9h. Comme chaque dimanche, François Kouba sonne la cloche. Pas celle de la messe, celle du tribunal coutumier du quartier de Météo. L’assistance s’installe en silence. Tout le monde ne trouve pas sa place, et bientôt une foule dense se masse aux portes et aux fenêtres. A l’autre bout de la salle huit juges vêtus de robes noires et des épitoges attendent déjà derrière une table disposée en hauteur. Ce sont les médiateurs. L’un d’eux se lève pour dicter les règles de bienséance : il est interdit de parler, de manger, ou de croiser les jambes. Toutes les parties concernées paient une cotisation de 15 000 FCFA. On peut commencer. Selon un texte de 1972, les chefs de quartier ont le pouvoir de gérer les conflits coutumiers ou de voisinage. A eux de décider de la manière de l’exercer. « Météo » s’est doté d’un authentique tribunal. « A ma connaissance, un seul autre quartier fonctionne ainsi, à Moungali, avance Jean-Benoit Tomadiatounga, président depuis 2000. Cela donne une force solennelle à nos décisions. » Mais ce n’est pas un tribunal de substitution, prévient-il : « Dès qu’une affaire concerne le civil, nous la refusons. » 52

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Une femme d’une quarantaine d’années s’avance à « la barre », une table recouverte d’un drap mauve. Depuis la mort de son père, sa famille est frappée par la sorcellerie. Ses frères et soeurs sont régulièrement malades et font des rêves chimériques, c’est-à-dire érotiques. Leur boutique ne fonctionne plus. L’aînée détaille son histoire à l’aide de grands gestes, sans jamais reprendre son souffle. Ici les affaires paraissent banales, elles cachent pourtant des enjeux énormes à l’échelle d’une vie.

SORCELLERIE ET NOSTALGIE

Elles concernent un différend de parcelles entre voisins, un mur mal construit, un arbre envahissant. Des enfants accusent les parents, et inversement. Une femme veut rompre le mariage coutumier. Un commerçant est victime d’insultes. Et puis il y a la sorcellerie : ces esprits malveillants qui provoquent les maladies, ces rêves qui bouleversent les équilibres familiaux. La femme a laissé place à un sexagénaire. Il baisse la tête. Ses yeux expriment des remords. C’est lui qui, selon la famille, est la cause de


leurs maux. Il est leur voisin, et était le meilleur ami de leur père, qui lui avait vendu la moitié de sa parcelle. Depuis la mort de « son frère », l’homme s’ennuie. La retraite n’arrange rien. Lui qui était l’un des conducteurs de corbillards les plus connus de la ville est devenu, selon ses propres mots, « un ivrogne ». « Quand je me promène nu dans la parcelle de mes voisins, en leur parlant de leur père, ce n’est pas pour invoquer son esprit. Je suis juste soûl, se défend-il maladroitement, sous les rires étouffés de la salle. Le « médiateur président » le toise avec dédain. « Pourquoi leur parles-tu de leur père alors qu’il est décédé ? Pourquoi tu ne laisses pas son esprit tranquille ? ».

UN CASIER DE JUS POUR FAIRE LA PAIX

L’affaire exposée, les parties doivent maintenant proposer une issue. L’accusé demande formellement des excuses, ainsi que la réconciliation. « Qui s’excuse s’accuse, » répondent les enfants. Ils exigent que leur voisin se soumettre au rite du kibila : il ne devra plus invoquer l’esprit du père pour le libérer. Le tribunal accepte, à condition que la famille donne à l’accusé un casier de jus. Les amendes sont sym-

boliques. Elles s’élèvent rarement à plus de 50 000 FCFA. L’essentiel est de trouver un compromis. Au dehors, l’ancien conducteur de corbillard rejoint ses contempteurs. François Kouba, le « médiateur coutumier » entre en scène. C’est à lui de procéder au rite, son rôle depuis plus de vingt ans. Il tend une bouteille de vin de palme à l’accusé, qui présente ses excuses. C’est ensuite au médiateur de vider une bouteille de bière autour de la famille. A l’intérieur la deuxième affaire a déjà commencé. Plus de cinq seront traitées ce jour-là par l’équipe de médiateurs. Chaque dimanche la salle attire les curieux et les soutiens des parties. « Je viens ici pour apprendre, admet l’un des spectateurs, Ludovic. Grâce au tribunal, je sais parfois comment régler des problèmes dans ma famille. » Fier de sa « juridiction », le président Jean-Benoit Tomadiatounga caresse quant à lui l’espoir qu’un jour sa formule fasse florès, et que chaque quartier ouvre son propre tribunal.

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NOS QUARTIERS

Avenue Loutassi, la belle voie du Plateau Le Plateau des 15 ans, c’est un gros morceau, – 118 Blocs de Quartiers ! – avec des aspects divers. Mais il est traversé par une voie originale, l’avenue Loutassi, qui en a été longtemps la limite à l’ouest et au nord, jusqu’à ce que le quartier n’en déborde. Et Loutassi, c’est tout un monde. Le Plateau est un quartier résidentiel, et les commerces se sont concentrés au marché Plateau d’une part, et sur l’avenue Loutassi d’autre part. Par Bernard Sallé.

LIMITES GÉOGRAPHIQUES

Loutassi commence au Boulevard Alfred Raoul (Boulevard des Armées), traverse le chemin de fer, monte vers le nord et oblique au nord-est vers Moukondo. Par un petit bout de la rue Itoumbi, une bretelle ramène ensuite vers la Commune de Moungali, en haut de l’Avenue de la paix. La boucle est bouclée, même si des quartiers ont débordé à l’ouest et au nord vers l’aéroport. L’occupation la plus ancienne du Plateau des quinze ans, au-dessus du Pont du Centenaire, est contenue par l’avenue Loutassi.

HISTOIRE DU QUARTIER

Le nom du quartier a une explication : dans l’après-guerre et la fin de 54

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la colonisation, les tirailleurs qui avaient fait quinze ans de services pouvaient prendre leur retraite avec une petite parcelle qu’on leur attribuait, dans ce quartier encore en friche qui s’appelait alors Loubassa. Notons que le lotissement « SIC », entrepris à partir de 1956 par la « Société Immobilière du Congo », a fini par s’appeler, par glissement, « Quartier Chic ». Le tracé stabilisé de la rue Loutassi, lui, date des années 1970. Le chef du quartier actuel, M. Patrick Bagana, se souvient que sa maison familiale était encore alors entourée de « matitis », « herbes ».

POPULATION ET SUPERFICIE

Le quartier Plateau est l’un des gros quartiers de Brazzaville, après Ouenzé. Il a gardé son caractère résidentiel, avec des villas familiales sur de belles parcelles. Il a des rues agréables et de bonnes dimen-


sions, malheureusement peu goudronnées.

L’ORIGINE DE LOUTASSI

« Loutassi », c’est très simple, c’est « la ceinture ». C’était la première vocation de l’avenue, de ceinturer le quartier.

POUR LA PETITE HISTOIRE

Le choix des noms de rues adjacentes a été plutôt géographique et géologique : des rivières, Djouari, Louémé, Madzia, Moukoukoulou, Nko, Voula, une forêt, Bangou, une chaîne montagneuse, Mayombe, des gorges, Diosso.

LES BÂTIMENTS REMARQUABLES

Le bâtiment le plus remarquable est récent, c’est la préfecture, à l’entrée de la rue Loutassi. Le pont du Centenaire, à deux pas, n’a rien de remarquable, mais il a fait longtemps la fierté de la jeune République. Mais si le quartier n’a guère de bâtiment historique à présenter, il est riche en commerces, services et établissements. Les hôtels sont nombreux. On trouve sur Loutassi des stations-services, des écoles, des pressings, des commerces de toutes sortes, des agences, des établissements de santé, dentistes, pharmacies - dont la célèbre pharmacie de nuit Jaegger - des polycliniques, dont celle du Docteur Azika (gynécologie) au coin de la rue Voula.

Crédit photo: Aude May

LES COMMUNAUTÉS

Le quartier était cosmopolite dès l’origine (anciens tirailleurs du Tchad, du Gabon, de la Centrafrique), puis les fonctionnaires du Congo vinrent compléter, parmi lesquels bien des noms de futurs acteurs de la politique congolaise. De nombreux commerces dans le quartier sont tenus par des ressortissants de l’Afrique de l’ouest (familles sénégalaises, maliennes, mauritaniennes).

OÙ MANGER ?

Sur l’avenue Loutassi, on ne compte plus les petits restaurants, les étals de grillades (surtout le soir). Depuis une dizaine d’année, de nombreux restaurants se sont également ouverts, dans les rues adjacentes, rue Voula, par exemple. L’accueil y est toujours bon, et la cuisine traditionnelle. Citons aussi le Marie Diallo, près de la Commune, et le 755.

Crédit photo: Aude May

OÙ FAIRE LA FÊTE ?

En bien des endroits, le Plateau est un quartier où l’on aime s’amuser. La vie nocturne est animée. On se promène, on boit sur des terrasses, et on va dans les discothèques et les petits « VIP ». Citons, pour les établissements les plus célèbres, le Queens, le Classic, le Selfie, le Club One.

UNE PERSONNALITÉ DU QUARTIER

Un grand chef du quartier, Antoine Malonga, est resté dans les mémoires des anciens. Mais il faut également citer le musicien Youlou Mabiala. Parmi les nombreuses personnalités actuelles, notons Mme Inès Bertille Nefer Ingani, Ministre de la promotion de la femme, et le Ministre de la Défense. Et le père de l’actuel chef de quartier, Jean-Gaston Bakana, a été le premier diplomate congolais, au Quai d’Orsay.

AU MOINS UNE RAISON D’Y ALLER

On trouve de tout, avenue Loutassi, dans une ambiance tranquille. Des bus la desservent en permanence. On y vit bien, disent les habitants. Tout le monde se connaît. Loutassi est un bon exemple d’une vie souriante à la congolaise, mélangée, tolérante, un modèle original à Brazzaville de ce que la culture congolaise a de bon.

Crédit photo: Aude May 55 BRAZZAMAG


NOS QUARTIERS

Crédit photo: Studio 242

VIVRE EN HARMONIE À LOANDJILI Loandjili est l’un des quartiers les plus récents de Pointe-Noire. Ancien village des vili, auparavant dotée d’une plaine, la commune doit son développement à l’élevage et la fabrication du savon. Par Sylverène Ebélébé.

LIMITES GÉOGRAPHIQUES

Loandjili est scindé en deux parties. D’un côté, il y a Faubourg marché inclus dans l’arrondissement 4 et de l’autre Faubourg centre social compris dans l’arrondissement 5 (Mongo- Mpoukou). Loandjili est délimité au sud par la rivière Songolo jusqu'au pont de la rivière Lubenda située au nord, à l'est par l'intersection des axes routiers de la nationale 1 menant à Brazzaville, via Makola et Hinda et par la route nationale 5 en direction du Bas-Kouilou.

HISTOIRE DU QUARTIER

Loandjili a longtemps été connu sous le nom du « district de Loandjili ». Le district de Loandjili était administré par le colon français, Vincent Jeannot. Ce dernier possédait une résidence sur place surveillée par une troupe de militaires. Après son départ, le district de Loandjili a été rebaptisé « Loandjili Faubourg » - plus communément appelé « Faubourg » aujourd’hui par certains habitants en référence au bar « Escale de Faubourg » , créé dans les années 1958 par M. Makosso, un homme politique de l’époque qui a activement contribué à la transformation de Loandjili.

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POPULATION ET SUPERFICIE

Cosmopolite et bienveillante, la population de Loandjili s'élevait à 162 000 habitants en 2012 avec un pourcentage de femmes supérieur à celui des hommes et un taux de naissance remarquable. La superficie de la commune s’étend sur douze zones et cinquante blocs pour Faubourg marché et Faubourg centre social.

L’ORIGINE DE LOANDJILI

Loandjili est l’un des lieux les plus antiques de Pointe-Noire. Il était principalement habité par des clans vili avant de devenir accessible à d’autres ethnies grâce notamment à Edouard Mayaka, ancien enseignant et chef du village qui a favorisé le mélange des peuples.

POUR LA PETITE HISTOIRE

Chef du quartier de Faubourg centre social depuis 1979, Florent Tchibouaka accorde une attention particulière à chaque habitant du quartier. En collaboration avec les forces de l’ordre, les centres hospitaliers, il veille à la bonne tenue du quartier. Le mois dernier, tandis


qu’une personne atteinte de troubles mentaux - connue par les autres habitants du quartier - avait été agressée dans la rue et laissée pour morte, Florent Tchibouaka a mobilisé une équipe de jeunes pour aider la victime. Celleci a pu bénéficié d’un toilettage, de nouveaux vêtements et d’une prise en charge médicale.

LES BATIMENTS REMARQUABLES

Construite entre 1940 et 1945 par les prêtres catholiques, l’école de Loandjili est le premier établissement qui accueille les enfants du CP jusqu’au CE2 avant de céder la place au centre social. Loandjili abrite également l’église Simon Zéphirin, première église pro-

Crédit photo: Studio 242

phétique en Afrique et l'Hôpital de Loandjili dont l’inauguration a été faite en 2004. D’autre part, sur le rond point qui mène à l'hôpital, vous apercevrez la statue de Jean-Félix Tchicaya, premier parlementaire congolais à l'Assemblée territoriale française.

LES COMMUNAUTÉS

Les vili représentent 70% des habitants de Loandjili. Cependant, d’autres communautés telles que les lari, les yombe, les mbochi, les congolais de la RDC… y habitent aussi.

OÙ MANGER ?

Situé à Faubourg centre social, le nkanda « la Favella » propose des spécialités congolaises ainsi qu’une variété de plats internationaux (frites saucisses, hamburger…). L’ambiance et la convivialité y sont toujours garanties. Les grillages faites en journée et/ou le soir le long de la boîte de nuit Esthétique 1 - l’un des lieux incontournables à Faubourg marché - égayeront également vos papilles !

OÙ FAIRE LA FÊTE ?

Crédit photo: Studio 242

Si vous êtes jeunes, vous apprécierez certainement le côté moderne et contemporain des deux plus grandes boîtes de nuit du quartier : Esthétique 1 et Esthétique 2 tandis que les personnes plus âgées apprécieront plus le Sublime.

UNE PERSONNALITÉ DU QUARTIER

Ancien topographe congolais, Arthur Tchicaya est celui qui a loti le quartier de Loandjili (création des rues, séparation des parcelles…) et créé le centre social.

AU MOINS UNE RAISON D’Y ALLER

L'hétérogénéité et l’hospitalité des habitants de Loandjili font de cet ancien village des vili, un quartier où célébrer des mariages entre différentes tribus est devenue une fierté. Les enfants sont majoritairement scolarisés dans des écoles privées dont deux d’entre elles ont une « grande » renommée (Gabi School et Louis Grégory). Enfin, la religion a une place fondamentale dans la vie du quartier, d’où la présence de plusieurs églises catholiques, évangéliques... Crédit photo: Studio 242 57 BRAZZAMAG


GRAND FORMAT

NOS ICONES

MEMORIAL PIERRE SAVORGNAN DE BRAZZAVILLE Grande œuvre architecturale moderne de la ville capitale du Congo Brazzaville, le Mémorial Pierre Savorgnan De Brazza se distingue désormais comme un monument de charme au centre ville. Il a été inauguré le 03 Octobre 2006 par le président de la République, Denis SASSOU N’GUESSO qui, à cette occasion était entouré de ses homologues du Gabon, Omar BONGO ONDIMBA et de Centrafrique François BOZIZE à cette époque. source: brazzaville.cg

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Crédit BRAZZAMAG 59photo: BRAZZAMAG


FLASH BACK

Depuis 70 ans, on fait la fête Chez Faignond Le bar Faignond a été fondé vers la fin des années 40, en bord de brousse. 70 ans plus tard, “Chez Faignond” n’a pas bougé mais Brazzaville s’est agrandie. L’établissement à maintes fois été copié mais jamais égalé, car c’est en partie dans cet établissement qu’est née la rumba congolaise. Par Antoine Rolland.

Il s’appelait Emile Joachim Faignond. Dès la fin des années 1940, ce métisse franco-congolais fut l’un des premiers à rassembler les deux cultures européenne et locale dans son dancing-bar « Chez Faignond ». Emile Joachim Faignond a donné son nom à une dizaine de sites touristiques au moins, tantôt à une île, tantôt à un bar. Ce dernier, situé derrière la rue Mbaka à Poto-Poto, est un sanctuaire de la musique congolaise. « Chez Faignond » dégage une certaine sérénité. Logique pour un établissement de son âge, qui en a vu passer de toutes les couleurs. On devine que ses murs cachent les souvenirs d'une jeunesse endiablée. Et comment ! Dès son ouverture en 1949, Faignond attire les musiciens les plus emblématiques des deux rives (voir encadré). La rumba naît des allers et retours entre les Congolais de Kinshasa et de Brazzaville, de part et d’autre du Pool. La prohibition de L'alcool, qui frappe de nombreux établissements de la colonie belge, poussera de nombreux fêtards à l’exil de ce côté du fleuve, et participera à la renommée du bar. La pratique de la musique est réservée aux hommes, mais les femmes ne sont pas en reste. Elles assurent l’ambiance tous les soirs via des associations de femmes, « de la rose » ou « de la violette ». Dès les années 60, le bar est délaissé par son créateur. Emile Faignond s’ennuie dans une ville de plus en plus grande. Il a la bougeotte et cherche la nature. Il ouvre un nganda au nord de la capitale, puis part s’installer jusqu’à la fin de ses jours sur l’île qui porte désormais son nom. Sa femme reprend la suite dans les années 60, et à partir de 2010, son fils Jean-Claude. Le bar a bien changé. Il s’est scindé en deux : d’un côté un nightclub, de l’autre le bar d’origine, accessible par la rue Louanda. Il est aujourd'hui fréquenté par une clientèle congolaise assez aisée, quelques expatriés aussi, plus jazzy que coupé-décalé. Dans la cour, Jean-Claude Faignond a installé un kiosque, des 60

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chambres d’hôtel ont été construites, un pub est en cour de rénovation dans l’une des deux ailes. De l’aveu de propriétaire, l’endroit est plus calme, les années fastes sont derrière lui. Mais parfois, le dimanche, le groupe Bana Poto-Poto revient faire chanter les cuivres. Fondé par le demi frère de Jean-Claude, Roland Faignond, ancien maire d’arrondissement, revisite les standards de l’ancien temps. Sur la piste, ceux


qui ont vécu cette époque, mais aussi quelques plus jeunes, se déhanchent deux par deux.

Les superstars de Chez Faignond TINO MAB

Chanteur de charme influencé par Tino Rossi. Dans Mariana, il fait la cour à une femme pour qu’elle intègre la Violette, groupement emblématique des femmes de Poto-Poto dirigée par Georgine Sava, qui n’est autre que Mme Faignond.

ANTOINE WENDO

Antoine Wendo a donné à la rumba l’un de ses premiers standards : "Marie Louise". Le chanteur l’a écrit en l’honneur de la soeur de l’un de ses musiciens, qui avait l’habitude de lui préparer ses repas.

FRANCO LUAMBO

Il est l’auteur de Mario, un des plus grands succès de la rumba. Il raconte l’histoire d’un gigolo qui vit aux crochets d’une femme âgée. Peu lettré, Franco avait pourtant déjà dans ses mains un cahier de plus de 100 chansons, écrites par lui-même.

PAULO KAMBA

Chanteur de charme influencé par il est un des pères de la rumba, avec son groupe Victoria Brazzaville, créé en 1942 en réaction à Victoria Kin, fondé par Antoine Wendo. Il meurt en 1950 à l’âge de 42 ans, trop tôt pour inscrire ses oeuvres dans l’histoire. Seuls de rares enregistrements subsistent.

GUY LEON FYLLA

Guy Léon Fylla est resté dans les mémoires pour ses performances techniques. En 1953, il chante Mama E, l’une des premières chansons où l’on entend la guitare électrique, un instrument dont les musiciens de rumba ne se sépareront plus. Fylla, mort en 2015, était aussi un grand théoricien de l’art.

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FLASH BACK

LA CASE DE GAULLE POUR TOUS C’est la maison la plus connue de Brazzaville, l’une des plus discrètes aussi. La résidence de l’ambassadeur de France, dite la « Case de Gaulle » était jusqu’à présent rarement accessible au public en dehors des cérémonies officielles. Mais son ancien occupant, l’ex ambassadeur de France Bertrand Cochery et son épouse, ont décidé d’ouvrir les portes aux visiteurs en pèlerinage sur les traces du Général. Par Antoine Rolland. Située à l’orée du bouillonnant quartier de Bacongo, la Case de Gaulle accueille le visiteur dans une atmosphère de quiétude, presque irréelle. Comme si les murs entourant la résidence pouvaient empêcher le bruissement de la ville de troubler le calme des grands arbres qui peuplent le jardin. Autre mystère : le fleuve. Le Congo est le deuxième cours d’eau le plus puissant au monde, et pourtant il semble ralentir au moment de passer devant la résidence. « La Case », comme l’appellent les habitués du lieu, fut construite pour un général de division alors en exil et en guerre, Charles de Gaulle. La décision fut prise dès la fin de 1940. L’homme du 18 juin venait de rassembler les colonies d’Afrique centrale autour de sa personne et de sa cause, appuyé par l’énergie de Félix Eboué. Il fallait une résidence incarnant la France libre, souveraine sur son territoire.

C’est en octobre 1942, alors que les travaux n’étaient pas encore terminés, que le gouvernorat général fit don de la Case au Général. Charles de Gaulle remettra les clefs à l’état français au moment de l’indépendance du Congo-Brazzaville, le 15 août 1960. La Case devient alors la résidence des ambassadeurs de France.

22 Novembre 1890 : Naissance de Charles de Gaulle, 1er président de la Vème République française.

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BRAZZAVILLE, CAPITALE DE LA FRANCE LIBRE

L’ancien ambassadeur de France et son épouse, Bertrand Cochery et Raliatou Tamsir Niane - Cochery, ont eu l’idée de l’ouvrir au public pour des visites. « C’est un lieu diplomatique et officiel, mais il appartient aux Français et aux Congolais », explique Bertrand Cochery. « Il est important d’assurer la transmission de la mémoire. «


« De Gaulle rejetait toute forme d'idolâtrie » C’est la première œuvre d’un jeune architecte de l’époque, Roger Lelièvre, dit Erell (R. L.). La Case de Gaulle va devenir le laboratoire de son style qu’il reproduira pour le stade Félix Eboué et la Maison du Peuple de Poto-Poto. Erell innove au niveau architectural. Il mélange un style moderne, qui fait écho au palais de Tokyo à Paris, et une couleur locale avec les pierres provenant des carrières du Djoué. Au niveau technologique, il met en place un système de plafonds hauts, de circulation de l’air et de claustras (paroies ajourées) : les lieux sont rafraîchis et aérés naturellement. La Case de Gaulle n’est pas un musée, c’est un lieu de vie. Elle n’a cependant connu que de rares changements et adaptations à la vie moderne. Les visiteurs pourront s’attarder sur des témoignages de l’Histoire : ici une croix de Lorraine, là une réplique de la pépite d’or « Afrique » offerte par un minier belge à la France pour soutenir l’effort de guerre, là encore des photos du temps de la guerre. Surtout, de Gaulle est partout. Même les hauts plafonds semblent être un hommage à sa stature (1m96). « C’est un lieu où souffle l’esprit », assure Bertrand Cochery, citant l'écrivain Maurice Barrès. Une empreinte surprenante en comparaison du temps que le chef de la France libre passa effectivement dans la résidence durant la guerre. On n’y trouve d’ailleurs aucun souvenir personnel. « De Gaulle n’a jamais voulu laisser de reliques derrière lui », explique l’ex ambassadeur. « Il rejetait toute forme d’idolâtrie. »

Crédit photo: Aude May

CITATION Et de comparer la Case avec les autres lieux de résidence de « l’Homme du 18 juin », en Angleterre ou au Liban. « Ils sont parfois devenus des lieux de pèlerinage. Mais la Case semble malheureusement être passée au second plan dans la mémoire gaullienne. Les Congolais le vivent non sans regret, au regard de la place qu’a occupée Brazzaville dans la libération de la France. Il s’agit donc de la remettre en valeur. » La Fondation Maréchal Leclerc a déjà répondu à l’appel, tout comme l’Association congolaise des Amis de la Case de Gaulle.

Crédit photo: Aude May

« Ce qui arrivera quand de Gaulle aura disparu ? Eh bien, je vous dis ceci, qui peut-être vous expliquera dans quelle direction à cet égard nous allons marcher : ce qui est à redouter à mon sens, après l’événement dont je parle, ce n’est pas le vide politique, c’est plutôt le trop-plein. » Conférence de presse du 15 mai 1962 - Général De Gaulle.

Crédit photo: Aude May 63 BRAZZAMAG


FLASHBACK

« Air Makana », compagnie mystique Chaque pays, chaque capitale a ses « légendes urbaine », comme on les appelle aujourd’hui. Mais il est difficile de trouver plus belle histoire que l’histoire congolaise d’ « Air Makana » qui, bien qu’elle date des années 197080, est encore dans les mémoires. Quand on en parle, la même question revient toujours : « Vous y croyez ? ». Les avis sont partagés. Par Bernard Sallé.

C’est Radio Congo dans les années 80 qui avait répandu l’histoire. On s’était passionné pour d’autres sujets tout aussi étranges, celui de ce père de famille qui avait envoyé son fils faire ses études en France, mais qui se plaignait que le garçon ne donne guère de nouvelles. Un jour il se décida à transporter d’un coup, par magie, le mauvais garçon à Brazzaville pour le sermonner. Imaginez la surprise de l’étudiant !... Autre histoire, celle du vieux Papaye, qui affectionnait sa nouvelle télévision, mais qui avait une nombreuse famille trop turbulente dans la parcelle. Excédé, un jour, il convoqua ses descendants devant le petit écran, où il apparut tout à coup pour sermonner tout le monde. Il paraît que la famille s’était carapaté en hurlant dans toutes les directions. Et le vieux Papaye avait retrouvé sa tranquillité devant son poste de télévision. Et pour « Air Makana » ?... On raconte que des sorciers avaient inventé un avion en bambou qui les amenait à Paris à leur convenance. Les contrôleurs aériens de la tour de contrôle de Roissy en France, n’y voyaient que du feu. Les douaniers prenaient pour des passeports quelques makaya pliés. Les vanniers installés dans le virage de Makana étaient une insti-

tution, avant la guerre. Ils sont même mentionnés sur l’ancienne carte de l’Institut Géographique National. Jean Moubari, un ancien de Moukoundzi-Ngouaka, se souvient de toute l’histoire : « Les vanniers étaient organisés en « tontine », en likélemba, et ils voyageaient à tour de rôle. Ce qui n’était pas simple, c’est qu’il leur fallait tout de même un pilote, et la petite histoire dit qu’ils allaient surtout à Paris et à Marseille. Pourquoi ? Sans doute des raisons familiales ». Et puis, un jour, il semble y avoir eu des dissensions, le chef secret a été désavoué, et il est allé s’installer au-delà de Matoumbou. On se montrait encore sa maison en passant, mais il ne semblait plus bénéficier d’aucun pouvoir. Les années difficiles ont dispersé les vanniers, qui sont aujourd’hui au rond-point Kinsoundi et contre le stade Marchand mais la légende est restée et, à l’heure des visas difficiles à obtenir, elle a tout pour faire rêver !

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LIFE STYLE

MEDIA & TECH

6 APPLIs MUSIQUE Vous voulez créer votre musique, animer vos soirées ou encore développer vos talents d’artiste? Brazzamag fait le point sur les applications qui vous seront utiles.

Shazam Retrouver une chanson Shazam est une application musicale qui vous aide à identifier les chansons que vous entendez. Les chansons trouvées sont stockées dans une liste de lecture et peuvent également être écoutées sur YouTube. Tout en écoutant la musique sur votre smartphone, les paroles des chansons que vous cherchez peuvent être visualisées en mode plein écran. Vous pouvez par ailleurs acheter directement vos découvertes musicales via l’application sur iTunes Store ou Play Store. Disponible sur Android et iOS

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Avec cette application, vous pouvez créer vos propres mix en toute simplicité, que vous soyiez un mixeur novice ou un DJ professionnel. Dans sa version gratuite, l’application propose deux platines virtuelles sur lesquelles l’utilisateur peut charger les pistes de sa bibliothèque musicale. Il est également possible de choisir des morceaux disponibles sur le service en ligne SoundCloud. La prise en main est rapide et facile. Disponible sur Android et iOS

L’application offre une base de données de chansons avec plus de 800 000 titres. Vous pouvez modifier votre voix avec divers effets mais aussi réaliser un enregistrement vidéo seul, en duo ou en groupe avec les membres de la communauté en ligne. Vous pouvez également connecter l’application sur votre compte Google +, Facebook ou Twitter pour partager le morceau qui vous touche le plus. Il existe une version de base gratuite et une version premium avec encore plus de chansons disponibles. Disponible sur Android et iOS

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Notes de musique

GarageBand

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Travailler sa justesse

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Cette application va transformer votre iPhone en un véritable studio d'enregistrement. GarageBand propose de prendre en charge l'enregistrement, le mixage et l'exportation de vos créations musicales. Pour enregistrer du son, il est possible d'utiliser l’un des nombreux instruments virtuels disponibles (guitare, batterie, basse, synthé, piano, cordes...). Vous pouvez également brancher un micro ou utiliser le micro interne. Garageband peut prendre en charge jusqu'à 8 ou 16 pistes audio, selon votre modèle d'iOS. Disponible sur iOS

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FASHION

Marieta Sako 25 ans, 1m75, sénégalo-congolaise

Crédit photo: Studio 242

Sur un podium, je me sens comme une guerrière

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arieta Sako est mannequin depuis huit ans. Une profession qu’elle a d’abord dissimulée à ses parents. « Ma famille n’était pas d’accord car je suis née d’un père musulman (il est sénégalais) et d’une mère congolaise catholique très pratiquante. Pour eux le mannequinat c’était de la prostitution » explique la jeune fille de vingt-cinq ans. Elue première dauphine en 2009 à l’élection de miss Pointe-Noire, Marieta a depuis enchainé les défilés à l’étranger (Ouagadougou, Sali, Cotonou). Un métier qui rapporte peu car la 68

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plupart du temps le cachet qu’elle gagne en dehors des frontières du pays lui permet à peine de payer son billet d’avion. Mais peu importe. En devenant mannequin, Marietta a découvert d’autres cultures, d’autres pays. « Devenir mannequin m’a permis de combattre ma timidité. Quand je suis sur un podium, je deviens une autre personne, je me sens comme une guerrière ; il faut avoir du courage pour valoriser la tenue que l’on porte ». Son plus grand rêve ? Participer à un défilé à Paris, la capitale de la mode.


Mannequin-poétesse.

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n l’appelle « Miss Congo » depuis sa tendre enfance parce qu’elle est grande et fine. Grâce-merveille Malanda est née en 1996 à Pointe-Noire. Ses parents l’ont toujours soutenu dans sa carrière de mannequin et n’avaient qu’une seule exigence avant qu’elle ne se lance dans la profession : la validation d’un baccalauréat. La première fois qu’elle monte sur un podium, Grâce-Merveille a dix-huit ans et ne sait pas encore marcher : elle participe alors au casting organisé par Elite mode dans la capitale économique. Depuis Grâce-Merveille a pris part aux défilés de mode de grands stylistes internationaux tels que Martial Tapolo, Chouchou Lazar, Pathé’o etc. Sa plus grande fierté ? Avoir porté des créations du styliste camerounais Imane Ayissi lors du Forum des concours des métiers de la mode et du design organisé en 2011 à Yaoundé. Mannequin mais aussi poétesse : Grace écrit des petits poèmes qu’elle collectionne à ses heures perdues. En 2011, son poème « la femme est une fleur » remporte le premier prix lors d'un concours organisé par l’institut français de Pointe-Noire. Une manière pour la jeune mannequin d’extérioriser ce qu’elle ressent et de sortir du monde des apparences.

Grâce-merveille

MALANDA 22 ans, 1m73, congolaise

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Av Jacques Av Jacques Opangault Opangault ( Face ( Face agence agence Crédit Crédit du Congo du Congo ) Centre ) Centre villeville Pointe-Noire, Pointe-Noire, T : +T242 : + 242 05 720 05 720 99 07 99 /07+ 242 / + 242 22 294 22 294 45 00 45 00 Av Colbert Av Colbert William William Guynet, Guynet, Centre Centre villeville - Brazzaville, - Brazzaville, T : +T242 : + 242 28 116 28 116 46, Email 46, Email : regalbzv@regal-congo.com : regalbzv@regal-congo.com Heures Heures d’ouverture d’ouverture : Lundi : Lundi à Samedi à Samedi ( 8h30 ( 8h30 - 20h - 20h ) et )Dimanche et Dimanche ( 8h30 ( 8h30 -13h-13h ) ) 71 BRAZZAMAG


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