résilience des architectures Oasiennes

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RĂŠsilience des architecture Oasienne

Brahim Jaouher

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Introduction

I)Au pays des Kasbahs et Ksour

A) Histoire

1) Des origines inconnues

2) Une architecture défensive

B) territoire des palais de terre

Géographie

II )Deux approches contradictoires

A) Une région attractive

1) Tourisme et patrimoine

2) Une région accessible

3) Prise de conscience d’un patrimoine de valeur

B) Un désintérêt de la population locale

1) Un exode rurale important

2) Une architecture à l’abandon

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III) Une tradition constructive en perdition

A) Traditions locales : les maitres artisans

B) Matériaux, techniques de construction et décors architectural

IV) Tamnougalt, la ruine

A) Ksar de Tamougalt

B) La kasbah

V) Projet

Programme

Stratégie d’intervention

Glossaire

Bibliographie

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Introduction :

Dans les oasis pré-sahariennes du Dadés, du Draa et du Tafilalet et sur les hauts plateaux de l’Atlas, les Berbères ont élevé des palaisforteresses en terre, des demeures seigneuriales, des villages et des greniers fortifiés.

« Pas de réalisations royales prestigieuses tapissées d’or, de marbre ou d’onyx, mais des châteaux rustiques qui doivent Leur Majesté à l’utilisation exclusive de matériaux naturels extraits sur place - la terre, la pierre, le bois - et à un savoir-faire maitrisé. Cet art architectural rural marque les paysages du Sud du Maroc. »

Les vallées du haut Atlas, étroites et montagneuses, et leurs abords ont privilégié « la Kasbah, une maison de maitre fortifiée, flanquée de quatre tours d’angle, isolée ou implantée au coeur d’un hameau, et le taddart à la maison individuelle. Les villages montagnard sont souvent dominés par un grenier collectif fortifié, l’agadir.

Les larges oasis des vallées pré-sahariennes ont, elles favorisé le village fortifié entouré d’une enceinte, le Ksar. »

Nous allons nous intéresser plus particulièrement au village de Tamnougalt. A l’entrée de la vallée du Draa, à 4 kilomètres d’Agdz, entre Ouarzazate et Zagora, s’élève sur un promontoire le ksar

Tamnougalt, à l’allure de forteresse, l’un des villages fortifiés les plus majestueux de la vallée du Draa.

Cependant ce savoir-faire est en danger, les nouvelles générations

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Maisons délabrées, tours érodées… le patrimoine architectural des kasbahs et ksour est en danger et en voie de disparition. Beaucoup de ces merveilleux palais de terre s’éteignent lentement mais surement, faute de restauration et d’entretien.

L’une des principales cause en est l’exode rural.

En effet, la population locale se désintéresse de ce patrimoine architectural en terre exceptionnel, et ce pour de multiples raisons.

Identifiant le matériau terre au passé, à un symbole de pauvreté, certains ont abandonnés les maisons traditionnelles pour des maisons « modernes » en béton.

A contrario, la région a connue une prise de conscience de ce patrimoine de valeur.

D’un côté, les institutions nationales ainsi qu’internationales ont crées différents organismes afin de restaurer et faire vivre les kasbahs et ksours.

De l’autre ce patrimoine à suscité un engouement certain de la part des touristes.

L’architecture en terre, dont les formes appartiennent toutes à la même famille. En fonction des régions, l’une ou l’autre de ces différentes formes d’architecture de terre prédomine, présentant une unité de style étonnante. Nous savons finalement très peu de cet art de bâtir ancestral.

En effet, est présent dans cette région un savoir-faire artisanal et constructif très riches, se transmettant de génération en génération, il fait parti des traditions. Cependant celui-ci est en danger.

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Ainsi ces régions riches d’un patrimoine architectural en terre exceptionnel vivent plusieurs phénomènes contradictoires :

l’abandon de la population locale et l’intérêt d’une population étrangère, un riche savoir-faire local cependant en perdition et enfin une architecture en ruine pourtant attirant touristes et locaux.

La problématique à laquelle nous tenterons de répondre à travers le projet-mémoire est la suivante :

Comment concilier tourisme et économie locale tout en préservant le patrimoine architectural de terre et ses savoir-faire ?

Quelle est l’attitude à adopter face à la ruine ?

A travers ce mémoire, je souhaiterais mettre en lumière cette région riche d’un patrimoine en terre exceptionnel. Mon ambition est donc de proposer un projet qui permet de faire de cette région une destination touristique attractive pouvant assurer de l’emploi aux jeunes, afin d’y insuffler une nouvelle dynamique tout en préservant le patrimoine architectural en terre et ses savoir-faire.

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I) Au pays des Kasbahs et Ksour

A) histoire

1)Des origines inconnues

L’architecture de terre contient dans ses murs toute l’histoire des oasis et des civilisations qui ont marqué le monde berbère. Mais l’origine et l’âge des palais de terre demeurent un mystère.

Les plus anciens vestiges de cette architecture se trouvent dans le Tafilalet, sur le territoire de l’ancienne cité Sijilmassa, dont la prospérité et la puissance sont légendaires.

Fondée en 757, la première cité musulmane d’Afrique du Nord, capitale du Tafilalet durant huit siècles, fut le coeur d’un royaume in8


dépendant. La ville rayonnait alors du Sahara jusqu’en Espagne, et construit une étape majeure sur la route du commerce transsaharien, au carrefour de trois grands foyers de civilisations médiévale : le bassin de la méditerranéen, l’Afrique subsahariennenne et le Proche-Orient.

Dans cette grande ville saharienne du Maghreb, dont on dit qu’elle possédait près de six cents kasbahs, l’art berbère et l’art hispanomauresque de Fès se sont étroitement mêlés. Il n’en reste aujourd’hui que quelques pans de murs émergeant du sable.

Au XIVème siècle, Ibn Batouta (1304-1377) rapport que « chaque habitant possède une maison en brique crue, un jardin et un champ »

D’après le géographe Henri Terrasse, « la forme pyramidale de l’architecture de terre trouverait son origine dans les murs obliques de l’Egypte ancienne. »

La maison à patio et à étages venue d’Andalousie propre à l’architecture de terre de cette région s’apparenteraient à la maison romaine.

L’architecture des oasis a peu à peu conquis la montagne berbère jusqu’au nord du massif du Tichka grâce aux nomades Sanhadjas, qui s’implantèrent dans l’Atlas.

Par la suite le pouvoir de chefs berbères s’est traduit par le développement d’une architecture digne de leur prestige.

Au XIX ère siècle, les caids - des seigneurs de l’Atlas désignés par le sultan pour rétablir son autorité auprès des tribus insoumises ont bouleversé l’architecture du monde berbère.

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Pour marquer leur empreint dans le paysage, ils ont introduit dans la constructions des Kasbahs l’allure rustiques des éléments d’influence citadine : à l’extérieur, de nouveaux cours de bâtiments se sont juxtaposés à la maison traditionnelle ; à l’intérieur ils ont introduit un décor arabo-musulman.

A la fin du XIX ème siècle, les trois grands caids de l’Atlas - le Glaoui, le Goundafi et le Mtouggi - ont progressivement affirmé leur domination en se partageant une grande partie du Sud Marocain. Tout au long de leurs conquêtes, ils ont fait bâtir de majestueuses kasbahs dans les vallées montagnardes et aux portes des oasis du Sud.

2)Une architecture défensive

Kasbahs et Ksour de terre devaient permettre un minimum de confort et de protection en cas d’attaques guerrières.

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Dans les oasis cultivées, l’insécurité a obligé les habitants à se regrouper au sein d’une fortification.

En montagne, les Kasbahs sont édifié sur des sites escarpés parfois inaccessibles, ou à flanc de montagne pour mieux voir arrivée l’ennemi.

Le site était choisi généralement proche d’une rivière afin d’assurer les besoins en eau, des hommes, des animaux, des cultures.

Kasbahs et ksour de terre devaient avant tout servir d‘abris naturels, de relais ou de points de ravitaillement aux convois de chameliers, et permettre un minimum de confort et de protection en cas d‘attaques guerrières.

Comme l‘écrit André Bertrand, en 1977, dans son étude sur les tribus berbères du Haut Atlas. « l‘histoire du Maroc central n‘est qu’une succession de batailles destinées à s‘assurer le contrôle des pâturages. Pour cette raison les groupes tour à tour s‘affrontent, s‘associent, éclatent... Tous ces mouvements sont généralement orientés en une ligne sud-ouest/nord-est, perpendiculaire à l‘Atlas, qui pousse les tribus sahariennes vers la montagne et celles de la montagne vers les plaines atlantiques, chacune occupant, afin de se constituer un parcours de transhumance, un point dans la vallée et un sur les sommets ».

Une architecture défensive était donc nécessaire face aux luttes de clans, aux guérillas, et aux difficiles tractations avec les nomades.

On rencontre ces forteresses aux points de départ ou d‘arrivée des itinéraires commerciaux sahariens (Tafilalet, Draa), là où l‘eau coulait en abondance. Dans les oasis cultivées, l‘insécurité a obligé les habitants à se regrouper au sein d‘une fortification. En montagne, 11


les bâtisseurs ont édifié les kasbahs sur des sites escarpés parfois inaccessibles, ou à flanc de montagne pour mieux voir arrivée l’ennemi, et se défendre des attaques.

Le site était choisi généralement proche d’un oued, afin d’assurer les besoins en eau des hommes, des animaux et des cultures. Dominer l’assaillant, tel était le rôle des casbahs, véritables chateaux forts, dont les murs et les tours étaient couronnés de créneaux, cernés par un chemin de ronde, renforcés de créneaux, cernés par un chemin de ronde, renforcés de bretèches et creusées de meurtrières. Leur taille imposante permettait d’abriter une grande partie de la population en cas d’attaques. Etant donné la fragilité de la terre, la hauteur des édifices de terre est surprenante, mais elle empêche toute tentative d’escalade.

3)La famille patriarcale berbère

Un fort esprit communautaire, donné sur les liens familiaux, caractérise la société berbère. Isolées géographiquement et politiquement, les tribus berbères ont créé leurs propres institutions sociales.

La famille de type patriarcale est à la base cette société. Dans la kasbah, deux à trois génération de même parents vivaient ensemble. Elle était dirigée par son chef qui veillait sur les actes et la moralité de chacun.

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B) Territoire des palais de terre

Au Maroc la population urbaine est principalement concentrée sur le littoral. En effet, les plus grandes villes du Maroc sont au bord de l’océan atlantique alros que l’intérieur du pays est délaissé. Les régions montagneuses que dans les oasis, le long des oueds.

1)Géographie

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Ksours et Kasbahs se sont implantés des contreforts du Haut-Atlas jusqu’aux portes du Sahara, aussi bien dans les régions montagneuses que dans les oasis, le long des oueds.

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Le Haut Atlas Le haut et ses montagnes infranchissables, fut longtemps un obstacle naturel à l’unité du pays. Cette barrière montagneuse s’étends sur 800 kilomètres de long.

Le haut Atlas est le domaine des berbères qui, dès la conquête arabe, restèrent attachés à leur indépendance et hostiles à toute tentative de domination étrangère. Ils refusaient de se soumettre à l’autorité makhzanienne.

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La vallée du Dadès Cette grande vallée de 150 kilomètres de long s’étend d’ouest en est, entre le Haut atlas et les contreforts de la montagne Sagho ou sud. Le fleuve trouve sa source de l’Atlas pour rejoindre Ouarzazate. Il alimente une série d’oasis.

La vallée du Dadès est le royaume des Kasbahs au décor très sobre, souvent isolées ou tout juste groupées.

La vallée du Draa Le fleuve du Draa fend la chaine de l’Anti-Atlas en s’enfonçant dans les profondeurs des canyons entre les montagnes Sagho et Siroua pour réapparaitre près d’Agdz en un long ruban vert de 200km.

La vallée du Draa est le pays des plus vastes ksour.

Certains s’élèvent sur un promontoire au-dessus du fleuve tel Tamougalt, d’autres s’étale largement en plaine, non loin des terres cultivées de l’oasis.

La vallée du Tafilalet C’est la plus vaste des palmeraies marocaines. elle s’étend sur 150km2 au creux d’une longue coulée verte cernée de falaises.

Le tafilalet est ponctué de quelques centaines de ksour, dont l’architecture a été influencée par la proximité de la ville de Fès.

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II )Deux approches contradictoires

A)Une région attractive

1)Tourisme et patrimoine

« Le Maroc occupe une place relativement confortable concernant le tourisme à l’échelle continentale, il fait partie du trio de tête constitué avec l’Afrique du Sud et l’Égypte, cependant, à l’échelle mondiale le Maroc arrive à la 29e place et rêve de se hisser à la 18


20ème place à l’horizon 2020. Le nombre d’arrivées de touristes au Royaume du Maroc est passé de 4,4 millions en 2001 à 9,3 millions en 2010 avec une croissance des revenus touristiques passant de trois milliards d’euros à près de six milliards d’euros »

Par ailleurs, la vision touristique de la région du Draa Tafilalet est construite autour de trois sites.

Le premier, «Haut Atlas», met en avant une montagne pure et une culture vivante.

Le second, Ouarzazate qui est considérée comme le prélude au désert et Enfin les «Vallées & Oasis».

Cette région se positionnera donc comme la destination phare de l’éco-tourisme et du développement durable.

L’objectif est d’y accueillir 2 millions de touristes, c’est pour cela que l’état consacre à la région du Draa Tafilalet un investissement de 46 millions d’euros, soit 17% de l’enveloppe globale dédiée à la vision 2020.

Le patrimoine architectural de terre des ksour et kasbahs en fait une région attractive, en effet il y à un tourisme qui se développe tout autour.

Celui-ci évoluera très certainement et la région gagnerait beaucoup à contrôler le tourisme de masse afin de préserver le patrimoine.

Il est donc cruciale de réfléchir à ce tourisme en pleine évolution.

L’activité touristique participe directement ou indirectement à la protection ou à la réhabilitation du patrimoine, mais elle peut 19


également lui nuire, c’est pour ça qu’il est important, de la prendre en considération.

La politique de l’état est de transformer les kasbahs en hotel 5 étoiles.

2)Une région accessible

En 2017, les Aéroports du Maroc franchissent pour la première fois le cap de 20 millions de passagers, les arrivées aux postes de frontières sont de 10,3 millions de touristes.

A moins d’une heure de route de Tamnougalt, se trouve l’aéroport international de Ouarzazate avec une capacité d’accueil annuelle de 250 000 passagers, ainsi que celui de Zagora.

L’aéroport de ourzazate à accueilli 70 000 passagers en 2017, celui de Zagora 17 000 passagers et celui de Marrakech plus de 2 millions. Ces chiffres tendent à augmenter étant donné la politique de développent de la région.

Ainsi on peut relier Paris Tamnougalt en moins de quatre heures

Par ailleurs Tamnougalt est facilement accessible par voie terrestre à l’échelle nationale. Le village est desservie par les taxis et bus.

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3)La prise de conscience d’un patrimoine de valeur

Au début du XXème s., des chercheurs, des géographes, des peintres découvrent les kasbahs de l’Atlas et les ksours des vallées pré-sahariennes.

En 1884, Charles de Foucault fait paraitre le journal de son expédition : Reconnaissance au Maroc.

Durant, le protectorat, le Maroc connait un engouement certain, et les études sur l’architecture du Sud fleurissent. Robert Montagne, conseiller du maréchal Lyautey, réalise des études ethnologiques sur les populations marocaines. Il publie, en 1930, Les berbères et le makhzen dans le sud du Maroc.

En 1938 parait Kasbahs berbères de l’Atlas et des oasis, d’Henri Terrasse, membre du service géographique du Maroc.

Le peintre Jacques Majorelle, installé au Maroc en 1917, devient le peintre de l’atlas. « Fasciné par l’architecture de terre, subjugué par la lumière et les paysages montagneux. » comme il aimé le dire.

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Réhabilitations et restaurations

Le classement du patrimoine marocain à commencé en 1945 avec la kasbah de Taourirt à Ouarzazate.

En 1968, le Programme alimentaire mondiale (PAM) des Nations unies lance un grand projet de

rénovation de l’habitat rural, suivi par l’inscription au rang des objectifs prioritaires de la mise en valeur du patrimoine architectural des oasis.

En 1970, un programme national pour la préservation des kasbahs du Sud est lancé par le ministère de la Culture marocain avec l’appuie du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), de l’UNESCO et l’organisation mondiale du tourisme (OMT).

L’objectif est de sauver un patrimoine culturel exceptionnel, mettre en valeur les architectures de terre en péril et stimuler le tourisme.

En 1987 le Centre de Conservation et de Réhabilitation du Patrimoine Architectural des Zones Atlasiques et Sub-atlasiques (CERKAS) est fondé grâce à Jean-Louis Michon, architecte genevois à l ’origine d‘une méthode d’inventaire du patrimoine architectural marocain.

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Le Cerkas a depuis permis d’effectuer des travaux de consolidation et de réhabilitation dans le ksar d’Ait ben haddou, le ksar de Tamnougalt, la kasbah de Taourirt à Ouarzazate.

Classé en 1987 sur la liste des biens du patrimoine culturel mondial de l’Unesco, Ait benhaddou a été le premier ksar a bénéficier d’un restauration partielle.

B)Un désintérêt de la population locale

1)Un exode rurale important

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Le Maroc connait depuis ces cinquante dernières années un exode rural important, les gens quittent de plus en plus leurs villages pour s’installer dans les villes.

En effet, le ratio population urbaine et rurale est passé de 30/70% en 1960 à 60/40% en 2015.

Dans le village de Tamnougalt, on distingue deux types d’exode, certains quittent le ksar de Tamnougalt pour le nouveau quartier et d’autres pour les grandes villes.jeunes (centres sociaux, terrain de sport…).

Dans le village de Tamnougalt, on distingue deux types d’exode, certains quittent le ksar pour le nouveau quartier et d’autres pour les grandes villes.jeunes (centres sociaux, terrain de sport…).

Le taux de chômage à Tamnougalt est particulièrement important : 60% pour les femmes et 28% pour les hommes.

A Ouarzazate il est déjà moins élevé 30% pour les femmes et 12% pour les hommes

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Le plus faible dans la région est Marrakech, principale ville touristique du Maroc, 8% pour les femmes et 6% pour les hommes.

Ceci explique l’attrait de ces villes pour les habitants de Tamnougalt : il y à du travail ailleurs…

Les principales causes de l’exode rural de ces derniers sont la sécheresse et le manque de travail.

En effet, l’agriculture frappée par la sécheresse, principale source de revenue des habitants ne rapporte pas assez.

Ce phénomène à des conséquences négatives lorsqu’il est aussi important. Une fois arrivé en ville, il est difficile de s’intégrer; l’image de « blédard » colle à la peau. Les émigrés sont victimes d’un racisme.

Cela entraine également l’augmentation du taux de la criminalité, le chômage, l’apparition des bidonvilles.

Par ailleurs on remarque une baisse de la production agricole puisque il y a moins de mains d’oeuvres en milieu rural.

Un exode rural trop important crée un déséquilibre au sein du pays, il est difficile à contrôler.

On a donc tout interêt à trouver des solutions pour améliorer les conditions du monde rural afin d’encourager les gens à y rester.

2)Une architecture à l’abandon

L’exode rural se traduit donc par la désertification des zones reculées et l’abandon de l’habitat traditionnel. Fragile l’architecture de terre ne peut survivre aux outrages du temps qu’en étant entretenue

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avec soin par ses habitants ou restaurée avant que sa dégradation ne soit irréversible.

L ’ abandon s’explique également par d’autres phénomènes :

Au XXIèmes. l’autodéfense des populations a perdu sa raison d’être, tout comme la solidarité

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collective, qui ne s’expliquait que par le besoin de se défendre contre des ennemis communs.

Aussi, plusieurs Kasbahs, édifiées au XIXèmes. et XXèmes. par le pacha de Marrakech, le Glaoui, meurent pour des raisons politiques, les biens ont été confisquées, à la suite de sa disgrâce, par le roi du Maroc à l’indépendance du pays.

Par ailleurs, l’idée de progrès, qui nie le matériau terre - symbole de précarité et de pauvreté influe les habitants du village. Ci-après le ksar de Tamnougalt partiellement en ruine. Aujourd’hui la modernité est liée aux matériaux industriels, notamment au béton. Or les maisons en durs à la manière« occidentale », certes plus confortables et plus spacieuses, ne sont pas adaptées au climat du Sud.

Le ciment n’a pas les propriété thermiques de la terre dans ces régions atteignant des températures très élevées l’été.

III) Une tradition constructive en perdition

A) Définition

La tradition traduit une identité qui s’inscrit dans la durée. Mais le concept de tradition est très variable suivant les cultures. La tradition ne peut être afférente qu’à un groupe, elle ne peut être individuelle. La tradition suppose que le futur est plus ou moins inclus dans le passé. En se référant au passé évènementiel, la tradition s’oppose au présent et à la raison. 
 La tradition opérante est avant tout inconsciente, mais se révèle 28


surtout en présence de l’étranger. La prise de conscience de la tradition se fait au contact avec les autres sociétés.

Le traditionalisme consiste à faire revivre à tout prix une tradition qui s’est irréversiblement éteinte, souvent au nom d’un rejet du progrès. On décide de réinventer un passé jugé meilleur et de réanimer certaines attitudes, certains comportements d’antan. Ce geste est évidemment voué à l’échec, dit Herman DeDijn, puisque ces attitudes et ces comportements ne fonctionnent que là où ils s’inscrivent. La tradition y perd toute sa crédibilité.

« Une tradition agit toujours, pour ainsi dire, ’’derrière le dos’’ des individus. Elle anime indirectement leurs actes et leurs pensées, de manière évidente. Lorsque la tradition exige de nous un engagement explicite, son heure a peut-être déjà sonné et sa survie ne sera qu’artificielle »

Herman DeDijn, Modernité et tradition, essai sur l’entre-deux, Vrin, 2004, 257

La tradition de l’apprentissage ainsi que l’influence étrangère ont privilégié des métiers d’art qui ont trait d’avantage à la décoration.

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B) Matériaux, techniques de construction et décors architectural

Les matériaux :

La terre : issue directement du terrain

La paille : c’est l’armature de la terre

Le roseau et le peuplier : récolter près du fleuve

L’eau : élément important pour le mélange des ingrédients de constructions

La pierre : fondations et parties basses des murs

Le bois : coupé principalement du palmier c’est les poutres ou poteaux

L’adobe

« L’adobe est une brique de terre crue façonnée à la main ou moulée, puis séchée pendant quelques jours à l’air libre ou sur des aires couvertes. Argiles, limons et sables sont mélangés à de l’eau pour atteindre l’état plastique, et parfois à des fibres pour réduire les fissures lors du séchage. Pour des chantiers de taille modeste, fabriquer les briques dans de petites unités de production est rapide et économique, avec des conditions variables selon les pays (industrialisés ou en développement). L’édification de voûtes et coupoles 30


dans la continuité des murs en adobe permet de couvrir les bâtiments sans recourir à des matériaux rares et chers. » CRATerre

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Le pisé

« Le pisé permet de construire des murs massifs, qui peuvent être porteurs, en damant entre des banches de fines couches de terre pulvérulente. Le mélange étant à peine humide, le décoffrage est immédiat. Les strates compactées restent visibles, avec une texture riche par son grain et sa couleur. » CRATerre

La combinaison des deux techniques de constructions que sont l’adobe et le pisé conditionnent une architecture spécifique.

On ne peut évoquer la construction sans citer les « maalmin », véritables détenteurs de l’architecture traditionnelle au Maroc. Grâce à eux.

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Les portes : franchir la frontière avec l’extérieur

L’entrée de la maison est marqué par un seuil de hauteur variable. Ce seuil remplie des fonctions diverses :

Il protège contre les vents de sable, les insectes et les courants d’airs froids d’hiver.

Lorsque la porte est ouvert, le regard n’entre pas dans la maison. L’intimité du foyer est préservé par un entrée en chicane.

Les hautes façades : capter la lumière en les habillants de motifs

Le décor d’arcature des tours de brique crue, dont on ne connaît pas l’origine exacte recouvre les tours d’angle des maisons du Draa. Chaque tour de tighremt possède donc un décor d’arcature constitué de motifs artistiquement composés. La brique crue était le matériau utilisé pour élever le décor d’arcature.

Il apparaissait donc en creux lorsque l’artisan, pour créer le motif, retirait 33


progressivement certaines briques, par un jeu d’entailles, formant des reliefs où la lumière joue avec les ombres. Il s’agissait d’un travail sur la lumière, spécifique à cette région-ci avec un soleil vertical que l’artisan savait conduire.

Fenêtres : vu sans être vu Les fenêtres sont étroites, souvent fermées de l’intérieur par des volets en bois découpés.

Des grillages en fer forgé traditionnelle habillent les fenêtres. Le système de moucharabieh permet l’intimité.

Le tataoui : réutilisation de ressources locales Il est issue d’un technique de construction traditio- nelle de plancher ou de plafond.

Des baguettes en rosier forment un faux plafonds autour des poutres en bois ou de palmier.

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IV) Tamnougalt, Une scission entre deux époques

Le village est dans une cuvette, cernée par deux montagnes.

Le fleuve du Draa s’installe au

plus

bas. Ce dernier évolue dépendemment du niveau du barrage

La palmeraie est au niveau le plus étendue de la topographie alimentée par le fleuve. Les parcelles sont dans le sens perpendiculaire de la topographie. Il y a une densification de palmiers pour contrer les vents Sud/

Le village ancien est sur la position la plus stratégique du site : Architecture défensive. Au bord de la palmeraie. La kasbah en colline afin de surveiller les possibles attaques de l’époque.

Sud-Est. 35


Le ksar de Tamnougalt :

Aujourd’hui partiellement en ruine, il a hérité d’un patrimoine architectural d’une grande richesse.

En berbère, Tamnougalt signifie « lieu de rencontre ».

C’était notamment un lieu de rassemblements des caïds, représentant de l’autorité du sultan.

Jadis capitale de la région nord de la vallée du Draa, anciennement peuplée par la tribu Mezguita, Tamnougalt a un joué un rôle non négligeable jusque dans les années 1960, en commandant l’accès des voies commerciales du Draa. Du côté du fleuve, les hautes murailles du ksar se dressent sans ouvertures.

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A l’intérieur s’élève de belles demeures de belle demeure édifiées à des époques différentes, qui communiquent entre elles par des ruelles couvertes. Chaque maison a son propre puit.

Le ksar (au pluriel : ksour) est une entité urbaine, constituée de nombreuses demeures toutes plus ou moins adossées à la Kasbah comme pour en exprimer le lien de vassalité et une volonté de solidarité avec l’ensemble des membres de la communauté. Le ksar se présente comme une place forte défensive, généralement élevée sur un site difficile d’accès pour assurer sécurité face à l’agresseur et protection des crues des oueds, rares, mais violentes.

Entouré de remparts, le ksar dispose de ses propres magasins de réserves alimentaires et de puits collectifs protégés. Il ne dispose en général que d’une seule entrée fortifiée et d’un accès en chicane. Le ksar, adapté au milieu naturel et humain, est un espace de vie collective, visant à faire respecter l’échelle sociale.

Il est cet héritage prestigieux de la civilisation oasienne.

Le nomadisme intérieur

En été les habitants passent une grande partie de la journée au rezde-chaussée ou au premier étage, et dorment la nuit sur la terrasse. En effet, les pièces intérieurs sont plus fraiches grâce à la grande épaisseur des murs.

Les pièces du Rez de chaussée atteignent leur température maximale vers 19 heures soit 5 heures après le maximum de la température extérieur.

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En hiver, les gens passent la plus grande partie de la journée dans le patio car celui-ci agit comme un régulateur thermique. L’air frais amassé la nuit ne finit pas disparaitre que l’après-midi.

Le patio fonctionne comme un puit dans lequel descend l’ai frais. La galerie autour du patio est

généralement utilisé pour les circulations afin que les pièces adjacentes soient moins ensoleillées.

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La kasbah

une maison de maitre fortifiée, flanquée de quatre tours d’angle, isolée ou implantée au coeur d’un hameau, et le taddart à la maison individuelle.

La kasbah attire une multitude de visiteurs, touristes. Laissé en ruine c’est ce qui attire ces touristes

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Il n’y a plus de planchers, ni de toit. Les portes ainsi que les fenêtres ont été pillés. En partie détruite les murs en pisé sont les seuls encore présent, toutefois délabrés.

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V) projet

Programme

Nous avons vu dans un premier temps que ce village riche d’un patrimoine architectural très fort connaît deux phénomènes contradictoires.

L’intérêt de touristes et de certaines institutions d’un côté.

Et l’abandon et la fuite de l’autre.

Nous avons également vu qu’est présent un savoir faire artisanal très riches mais cependant en perdition.

Aussi nous avons constaté la scission entre les différentes parties du village.

Une nouvelle ville, un village à l abandon et la kasbah en ruine.

Il est donc évidement qu’il faut combiner dans la réflexion tous ces éléments.

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Ainsi est née l’idée d’un centre d’exposition et de formation du savoir-faire local.

Cela de garantir la pérennité de la transmission du savoir-faire traditionnel afin d’intéresser et offrir des opportunités professionnelles à ces jeunes abandonnant leur village.

Cela permettra également de réhabiliter par la suite le village abandonné.

Par ailleurs la partie exposition, offrira une visibilité à cet art de bâtir, stimulera le tourisme dans cette région et permettra aux visiteurs de questionner le patrimoine en terre de cette région en visitant la kasbah de tamnougalt en ruine, point culminant de la visite. Témoin des traces du passé.

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Glossaire

Agadir : grenier collectif fortifié de l’Atlas (voir 1äfirem).

Aït : mot berbère. équivalent du ben arabe (fils de). Accompagné d‘un nom ait désigne une tribu, un groupehumain et, plus rarement, la région où vit la tribu (expie: Aït Bouguerne).

Alaouites : dynastie actuelle régnant depuis 1666.

Almohades (1147-1269) : deuxième dynastie berbère, fondée par Ibn Toumert

Almoravides (1055—1147) : première dynastie berbère, originaire du Sahara.

Assif : mot berbère désignant un cours d‘eau, une rivière ou un torrent.

Banche : unité de base correspondant au volume intérieur du moule à pisé.

Bled es siba : autrefois territoire des tribus dissidentes ne reconnaissant pas l’autorité politique du sultan.

Caïd : fonctionnaire responsable de l’administration d‘un groupe de villages, subordonné au gouverneur de province.

Cheikh : l’« ancien », le chef d‘une fraction de tribu.

Hamada : plateau désertique du Sahara recouvert de cailloux, dont les éléments fins en décomposition sont emportés par le vent.

Hégire : date de départ du calendrier musulman correspondant au 16 juillet 622 de l’ère chrétienne en 1956.

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Kasbah : maison forte ou petit château fort, comportant une à quatre tours crénelées à chacun de ses angles.

Tighremt : maison fortifiée patriarcale à tours d’angle et à plusieurs étages. `

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Bibliographie :

Architecture des limites, construire en milieu hostile, du désert au vide interplanétaire, Ruth Slavid, Edition du seuil 2009

L’atelier du désert, André Ravéreau, Editions parenthèses, 2003

Du local à l’universel, André Ravéreau

L’architecture de terre au Maroc, Selma Zerhouni Hubert Guillaud Élie Mouyal, ACR édition 2001

Habiter le désert, les maisons mozabites, C. et P. Donnadieu / H. Et J-M. Didillon architecture + Recherches / Pierre Mardaga Editeur, 1986

Palais de terre Maroc, Marie-Pascale rauzier Cécile Tréal & JeanMichel Ruiz, Editions de Lodi

Art et Architectures berbères du Maroc, Naji Salima, Edisud/La croisée des chemins, 2001

Greniers Collectifs de l’Atlas, Naji Salima, Edisud/La croisée des chemins, 2006

Kasbas berbères, de l’atlas et des oasis. Les grandes architectures du sud marocain, ACTES SUD/CJB

Architectures de terre dans l’Ouest Africain, Bleu à l’ombre, ocre au soleil, Jean-Paul Colleyn Cécile Tréal - Jean-Michel Ruiz, Imprimerie nationale éditions, 2016

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Traité de construction en terre, Hugo Houben Hubert Guillaud, Editions Parenthèses, 2006

Bâtir en pisé, technique conception réalisation, Jacky Jeannet, Bruno Pignal Pascal Scarato, « Pisé, terre d’avenir » association pour la promotion de la construction en terre,1998

Bâtir en terre, Du grain de sable à l’architecture, Laetitia Fontaine Romain Anger, Editions BELIN, 2010

Ksours et Kasbahs Patrimoine en terre, mémoire Sofia Cherkaoui ESA

Inventaire et Documentaire du Patrimoine Culturel du Maroc www.idpc.ma

:

www.pnud.com

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