Le « Léonard de Vinci » du carnaval
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CARNAVAL
Entre théâtre de rue et tradition carnavalesque, Joby Bernabé nous a proposé en 2007 son spectacle événement « Mayétètpiépoutèt », grande fresque carnavalesque réunissant 300 personnages burlesques et structures géantes. Le premier volet de la création « Prologue » regroupant une cinquantaine de personnages et le « chienfer » bénéficia d’un fort retentissement à la fois populaire et médiatique.
Negs Marrons à la parade de Cayenne
>> Dans le cas du costume contestatai-
re, « le corps entier peut être transformé, modifié avec des artifices vestimentaires ou l’utilisation de feuillages naturels. » (voir le travail remarquable de Stéphanie Mulot). Le carnavalier n’est plus une personne, mais un esprit incarné, un corps habité (le corps-performance), et c’est pour cette raison qu’il effraie. Il rappelle la figure du Nègre Marron, noir en fuite qui s’est affranchi des chaînes de l’esclavage, roi des Mornes, qui « déboule » en ville (lieu symbole des bourgeois) pour réclamer son dû.
Si j’étais un jouet, je serais une toupie
Homme déguisé en femme à la parade de Cayenne.
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Boucan {Avril
2010}
Tel le derviche tourneur, le carnaval, étourdit, hypnotise et électrise. Le corps, le temps et l’espace constituent généralement les matériaux de base de l’art performance. Ce corps, dont l’identité a été gommée par le masque devient l’instrument du mouvement. Or qu’observet-on lors des déboulés ? Des carnavaliers, comme pris par l’esprit du Mas, dans un état proche de la transe. La transe résulte de moyens techniques particuliers : musique percussive, échauffement collectif, utilisation de breuvages alcoolisés ou de drogues. Les déboulés peuvent durer plusieurs heures et c’est particulièrement éprouvant pour