Dans ce contexte, comment lâOTAN peut-elle se prĂ©senter comme le bras armĂ© de lâactivitĂ© Ă©conomique des alliĂ©s en mĂȘme quâelle se pose, sans Ă©tat dâĂąme, comme lâagence humanitaire mondiale ? LâOTAN est aussi la premiĂšre barriĂšre au dĂ©sarmement nuclĂ©aire. Elle va mĂȘme, en toute illĂ©galitĂ© et en porte-Ă -faux avec les TraitĂ©s quâelle a elle-mĂȘme signĂ©s, jusquâĂ justifier les armes nuclĂ©aires comme Ă©tant des armes de dissuasion alors que la dĂ©tention de ces armes alimente une escalade de lâarmement, ou en tout cas le statu quo. LâOTAN est, de plus, une organisation sous principale autoritĂ© des Etats-Unis, comme le disait dĂ©jĂ De Gaulle dans les annĂ©es 50. Est-ce que lâUnion europĂ©enne souhaite se soumettre constamment aux dĂ©sidĂ©ratas des Ătats-Unis ? Notre participation Ă lâOTAN est-elle la maniĂšre la plus judicieuse dâassurer notre protection ? Plusieurs alternatives sont possibles. Tout dâabord, il est possible dâenvisager pour lâUnion europĂ©enne un partenariat sĂ©curitaire eurasiatique dans lâidĂ©e de poursuivre le dĂ©sarmement du territoire et favoriser la paix. En effet, la Russie est fortement dĂ©pendante de lâEurope au niveau Ă©conomique et un partenariat plus engagĂ© avec la Chine et la Russie permettrait un apaisement et une meilleure garantie de la paix plutĂŽt quâune course Ă lâarmement, soi-disant dissuasive, qui augmente les tensions au lieu de les rĂ©sorber. Une autre option pour lâUnion europĂ©enne serait de constituer une dĂ©fense autonome, oĂč la dĂ©fense serait civile et dĂ©mocratisĂ©e et oĂč de facto lâUE constituerait une force neutre. Cette neutralitĂ© se ferait bien entendu de maniĂšre progressive. Elle doit ĂȘtre envisagĂ©e dans un cadre mondial avec un accord tacite dâautres grandes puissances telles que les Ătats-Unis, la Russie et la Chine. Elle implique par consĂ©quent une rĂ©affirmation du rĂŽle de lâONU comme forum multilatĂ©ral de gestion de conflits. LâEurope pourrait ainsi devenir une puissance autonome de paix avec une armĂ©e
dĂ©fensive, restreinte et citoyenne. Cela nĂ©cessite dâoffrir des formations aux citoyens en vue de leur rĂ©appropriation de la nĂ©cessitĂ© de se protĂ©ger et de lâobjectif de nonviolence et de paix. Dans un premier temps, il pourrait sâagir de constituer une armĂ©e europĂ©enne qui plus tard serait remplacĂ©e par une dĂ©fense civile. Ces alternatives impliquent, sinon la dissolution de lâOTAN dans un avenir immĂ©diat, au moins une rĂ©duction de lâimplication de la Belgique et de lâUnion europĂ©enne au sein de lâAlliance militaire. Cela est plus que souhaitable dans lâobjectif dâun monde plus en paix et moins violent. LâUnion europĂ©enne ne doit bien sĂ»r pas ĂȘtre perçue comme la panacĂ©e mais comme une construction dont la base lĂ©gislative opposable Ă lâaction des Ătats et des institutions est plus solide et davantage vĂ©rifiable. Le contrĂŽle dĂ©mocratique des agissements de lâUnion europĂ©enne, trĂšs faible pour le moment, peut davantage ĂȘtre Ă©tendu que dans le cadre anti-dĂ©mocratique de lâOTAN. Pourtant, la recherche dâalternatives Ă la structure belliqueuse et agressive de lâOTAN ne doit pas nous Ă©garer. Elle doit sâaccompagner radicalement dâune politique pacifiste de rapprochement entre les peuples, de cessation de la mise en concurrence pour privilĂ©gier la collaboration, de dĂ©sarmement et dâopposition Ă la guerre. Un monde oĂč la sĂ©curitĂ© et le bien-ĂȘtre de tous sont privilĂ©giĂ©s et pas seulement la sĂ©curitĂ© et le bien-ĂȘtre de ses seuls ressortissants.