Blaulicht 3/2019

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PERSONNES

on que Dufour a agi avec circonspection et qu'il a exigé le respect de principes éthiques. Le principe directeur « On ne doit pas simplement sortir victorieux d'un combat, encore faut-il en sortir sans récrimination ! », est devenu la maxime de commandement des commandants placés sous ses ordres. C'est sans doute pour cette raison que la guerre du « Sonderbund », qui a duré environ quatre semaines, n'a fait selon les informations officielles que 150 morts et 400 blessés. La retenue de Dufour présentait surtout comme avantage de laisser place à une possibilité de réconciliation, et c'est ainsi que les cantons qui étaient auparavant en conflit, se sont mis rapidement d'accord sur la création d'un État fédéral avec une constitution commune. Dans les années 1849/56/59 (accords passés avec Büsing, Neuchâtel et les Savoyards), la nouvelle assemblée fédérale a transféré à Dufour le haut commandement sur l'armée fédérale. Il a été ainsi le premier général de l'histoire de la Suisse, existant en tant qu'État moderne.

Cartographe En 1832, Dufour devient quartier-maître général de l'autorité de contrôle militaire (jusqu'en 1847) et « Directeur de la Carte » (jusqu'en 1865). Ainsi, lui incombe la direction de la « Triangulation » et la mensuration nationale. Poursuivant comme objectif le remplacement de l'« Atlas Suisse » par une bien meilleure carte topographique, Dufour crée en 1837 à Carouge le Bureau topographique fédéral (aujourd'hui : office fédéral de topographie). De 1845 à 1865, Dufour élabore 25 pages de la « carte Dufour » en travaillant à une échelle établi au 1:100.000ème. Sa cartographie permet pour la première fois de représenter la Suisse dans son intégralité. Sa présentation topographique relie le versant nord des Alpes au versant sud, et présente donc l'avantage de réunir l'ensemble des cantons de l'État fédéral moderne sur une seule et même carte, soulignant ainsi de manière « tangible » l'identité commune des cantons.

Cofondateur de la Croix-Rouge Le 9 février 1863, Dufour, conjointement avec Henry Dunant, avec les médecins Théodore Maunoir et Louis Appia, de même également qu'avec le juriste Gustave Moynier, créé à Genève le « Comité des cinq ». Une bonne semaine plus tard, ce comité devient le « Comité international des sociétés caritatives pour les soins aux blessés » et en 1876 définitivement le « Comité international de la Croix-Rouge » (CICR). Le fondement de l'engagement de Dufour se base sur ses valeurs humanistes mais également sur l'ouvrage d'Henry Dunant : « Un souvenir de Solférino ». La notoriété internationale de Dufour et sa réputation en tant que général et humaniste, contribuent à ce que ce nouveau comité puisse gagner à sa cause de nombreux gouvernements étrangers. Après avoir fondé le comité, Dufour est élu premier président de celui-ci et préside la conférence diplomatique qui parvient en août 1864 à décider l'adoption de la première Convention de Genève. La même année, à l'âge de 77 ans, Dufour transmet la fonction de président à Gustave Moynier.

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Guillaume Henri Dufour » Auteur : Jörg Rothweiler

Faits Thoune, Dufour et Napoléon III. Charles Louis Napoléon Bonaparte, en tant d'une part que Président de la République française sous la seconde République, de 1848 à 1852, et en tant d'autre part que Napoléon III., empereur des Français, de 1852 à 1870, a fait partie, lui aussi, des élèves de Guillaume Henri Dufour. Il a vécu au début du 19ème siècle avec sa mère, la reine Hortense, à Constance et à Augsbourg, puis à partir de 1818 dans le château d'Arenenberg situé dans le canton de Thurgovie. Après la décision prise par la Diète en 1826, selon laquelle sur autorisation spécifique de l'autorité militaire de contrôle, les personnes étrangères pouvaient également avoir accès à l'école militaire, le Prince Napoléon a été accepté en 1829, à l'âge de 22 ans, à étudier à l'école militaire de Thoune. En 1832, la Confédération helvétique lui a conféré la nationalité suisse en tant que « citoyen d'honneur du canton de Thurgovie », et c'est la raison pour laquelle il a pu conserver sa nationalité française. En 1834, Napoléon Bonaparte a participé en tant que capitaine d'infanterie bernois à un camp fédéral militaire qui a eu lieu en session extraordinaire à Thoune. Sa relation privilégiée avec la Suisse et avec Dufour, qui avait d'abord fait la connaissance de Napoléon Ier à Paris, a eu également des conséquences politiques. C'est ainsi que la Confédération helvétique a refusé dans « l'affaire princière » de 1836 à 1838, de livrer Charles Louis Napoléon à la France – en dépit des menaces violentes de déclaration de guerre proférées par la France – car Charles Louis Napoléon en tant que citoyen du canton de Thurgovie, bénéficiait de la protection de la Confédération. Réciproquement, c'est l'empereur Napoléon III qui a accepté de faire office de négociateur, entre la Confédération helvétique et la Prusse, dans « l'affaire de Neuchâtel » de 1856 à 1857 ». Mais il est vrai que la donne change en 1860 : Napoléon III. humilie le général Dufour dans « l'affaire des Savoyards », en refusant de reconnaître la neutralité de la Savoie d'une part, et en incorporant celle-ci à la France d'autre part. En 1865, Napoléon III se rend dans la ville de Thoune et visite à cette occasion la caserne d’artillerie de Thoune qui vient tout juste d’être achevée.

Designer et écrivain Le drapeau, emblème national de la Suisse, « croix blanche sur fond rouge » est adopté en 1840 par la Diète – sur le conseil et l'insistance de Dufour – et ce drapeau est conservé lors de la création de l'État fédéral. C'est également à Dufour que l'on doit l'inversion des couleurs : « croix rouge sur fond blanc » pour symboliser tout à la fois le mouvement international de la Croix-Rouge et le signe de protection adopté comme tel par les Conventions de Genève. Outre ces deux symboles internationalement reconnus, Dufour, décédé à Genève des suites d'une grave maladie le 14 juillet 1875, laisse à la postérité de nombreux écrits dans des domaines aussi différents que l'art militaire, les sciences naturelles, la technologie et l'histoire.


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