le coq et l'aigle : histoire de ces emblèmes français et allemand

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L’aigle impérial et germanique En Occident, c’est en l’an 102 avant notre ère que le consul romain Caius Marius (157-86 av. n. è.), oncle par alliance de Jules César, décrète que l’aigle devient l’emblème de La République de Rome et des armées romaines. Le choix de ce symbole vient du fait que comme l’aigle en vol peut d’un seul regard contempler plusieurs royaumes, de même que Rome fédère plusieurs nations. Le symbole est conservé sous l’Empire et sera ensuite régulièrement repris par les autres empires européens. La reprise de l’aigle est régulière mais pas systématique. Ainsi, bien que Charlemagne se soit largement inspiré de l’Empire des Césars, il préfère concrétiser son alliance avec la Rome Pontificale en choisissant le signe de la Croix plutôt que celui de l’aigle. Le seul témoignage que l’on possède d’une évocation carolingienne de l’aigle romaine (en héraldique l’aigle est au féminin) se trouve dans l’Histoire des francs de Richer de Reims (v 940 - 998), qui mentionne l'aigle de bronze, que Charlemagne avait fixé sur le sommet du palais dans l'attitude du vol.... Il s’agit vraisemblablement d’une aigle romaine ramenée par Charlemagne de ses campagnes d’Italie. L’association de l’aigle à Charlemagne est en fait beaucoup plus tardive. On commence à le voir dans l’art de la fin du Moyen Âge comme sur son buste-reliquaire conservé à Aix-La-Chapelle, réalisé à la fin du XIVe siècle, et où il est revêtu d’un manteau semé d’aigles , ou encore dans les armoiries imaginaires que lui donne C. Paradin dans ses Alliances généalogiques des rois et des princes de Gaule.

Il faut attendre huit siècles après la chute de l’empire romain pour voir réapparaitre l’aigle comme symbole impérial en Occident. Cette reprise a lieu dans le monde germanique où la notion d’Empire réapparait avec la dynastie Ottonienne qui succède aux carolingiens, et qui tire son nom du premier empereur germanique : Otton I (912-973). Toutefois, même dans ce contexte impérial, les Ottoniens ne choisissent pas immédiatement l’aigle pour emblème. Ils lui préfèrent le faucon d’Henri Ier dit l'Oiseleur, fondateur de la dynastie, ou le corbeau, messager des dieux scandinaves, et qui est figuré perché sur le sceptre des empereurs Ottoniens dans plusieurs enluminures de cette époque. En fait, le premier à renouer avec la symbolique de l’aigle est Frédéric Ier Barberousse de Hohenstaufen (1194-1250). Ce symbole perdure ensuite en Allemagne, même après la suppression de l’Empire le 6 août 1806. François II abdique et délie les Allemands du serment de fidélité à l’Empereur. L’Allemagne devient alors un État fédératif, mais la notion de rassemblement de plusieurs entités géopolitiques sous une même égide fait que la symbolique de l’aigle reste valable et continue d’être utilisée par la République fédérale d’Allemagne de nos jours.

David de Necker, Das Heilige Römische Reich mit seinen Reichsständen, Augsburg, Hans Burgkmair le vieux, gravure par by Jost de Negker, 1510 ( common)

Les quatre régions d’Europe Rendent hommage à l’empereur Otton III, (détail) Evangéliaire d’Otton III, La Reichenau, vers l’an 1000 (Munich, Bayerische Staatsbibliothek, ms. Clm 4453 -

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