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3.3 Élévation du niveau de la mer et tempêtes
de subsistance traditionnels et les conflits avec d’autres communautés en raison de la concurrence pour les ressources. En comparaison, les femmes et les filles ne sont pas aussi mobiles compte tenu des rôles et des responsabilités qui leur sont socialement attribués ; on attend d’elles qu’elles restent à la maison pour s’occuper de leur famille. En outre, les inégalités en matière de gouvernance et d’accès à la terre peuvent avoir un impact négatif sur la capacité des femmes, en particulier dans les zones rurales, à reconstruire «mieux» après une catastrophe. En l’absence de droits de propriété formels, les règles traditionnelles régissant la propriété et le transfert des terres (par des moyens traditionnels, acquisition commerciale ou héritage par exemple) sont souvent moins favorables aux femmes. En conséquence, lorsqu’un homme meurt, sa veuve et sa famille peuvent se retrouver sans biens et sans réseaux de soutien, et avec des mécanismes de protection formels et informels souvent brisés, ce qui les rend très vulnérables à la pauvreté au lendemain d’une catastrophe et perpétue les inégalités entre les femmes et les hommes.
Droits fonciers - Un exemple ougandais
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Dans la plupart des régions rurales de l’Ouganda, les femmes accèdent à la terre par le biais du mariage. L’état civil d’une femme est très important pour déterminer comment elle sera affectée par l’enregistrement des terres ; les veuves sont particulièrement vulnérables car les terres sont généralement enregistrées au nom du mari et à la mort de celui-ci, elles ne sont pas considérées comme des héritières. En Ouganda, il existe des inégalités entre les sexes en matière d’acquisition et de propriété foncière ; les femmes risquent de se retrouver démunies, même dans le cadre d’une propriété foncière commune, en cas de divorce ou de séparation, car la culture perçoit la terre comme étant celle des maris. Bien que le droit statutaire n’interdise pas aux femmes de posséder des biens, la réalité dans laquelle elles vivent les prive effectivement de ce droit.23
3.3 Élévation du niveau de la mer et tempêtess
L’élévation du niveau de la mer et les ondes de tempête constituent également un risque croissant pour les zones côtières de faible altitude où vivent généralement un grand nombre de personnes. Le GIEC prévoit une élévation du niveau de la mer entre 18 et 59 cm d’ici 2100, ce qui, dans la grande corne de l’Afrique, menacera les établissements côtiers du Kenya, de l’Érythrée, de la Somalie et de Djibouti. Mombasa par exemple, sur la côte kenyane, pourrait perdre 17 % de sa superficie avec une élévation de 30 cm du niveau de la mer.
Élévation du niveau de la mer - Djibouti
Avec 88% de sa population autour de la capitale et le long du littoral, Djibouti est en danger d’inondation et de perte de terres en raison de l’élévation du niveau de la mer ainsi que de la salinisation de ses aquifères d’eau douce.24 En fait, l’élévation du niveau de la mer fait peser des menaces importantes sur la qualité de l’eau déjà en déclin, notamment en ce qui concerne l’intrusion d’eau salée dans l’aquifère côtier de Djibouti. Dans les zones urbaines comme Damerdjog, les activités de développement du littoral ont éliminé la protection offerte auparavant par les forêts de mangroves qui se dégradent rapidement. Associée au pompage excessif des eaux souterraines, ainsi qu’à la surexploitation des eaux de surface et souterraines à des fins municipales, l’intrusion d’eau salée dans la nappe aquifère due à l’élévation prévue du niveau de la mer constitue un risque grave pour les zones urbaines du pays. Cette situation est particulièrement critique pendant la saison de la mousson du nord-est (octobre-mai), lorsque les marées prédominantes proviennent de la mer Rouge, apportant des niveaux de salinité élevés.25
L’érosion du littoral, les inondations fluviales et côtières ou une grave sécheresse ont déplacé des millions de personnes. Dans la Corne de l’Afrique, on prévoit que les mauvaises récoltes et la mortalité élevée du bétail vont accroître la migration des campagnes vers les villes, ce qui exercera une pression croissante sur l’emploi, le logement, l’énergie, la santé et l’assainissement en milieu urbain. Cependant, les flux migratoires peuvent également être influencés par le niveau d’impact du changement climatique sur une ville. Si une zone urbaine dépend de précipitations de plus en plus imprévisibles, comme à Addis-Abeba en Éthiopie, cela pourrait ralentir ou décourager la migration interne. Les villes côtières pourraient également être déplacées en raison de la combinaison de l’élévation du niveau de la mer et de la diminution de la disponibilité en eau.26
En tant que stratégie d’adaptation, les hommes et les femmes migrent soit vers d’autres zones rurales soit vers des zones urbaines ; cependant, la migration des femmes est liée à la situation et au statut des femmes dans la société. Les décisions concernant qui migre, quand et où ne sont pas prises par les femmes. La migration des deux sexes a un impact sur les femmes, révélant leur vulnérabilité dans différents contextes et espaces. En Éthiopie, par exemple, des sécheresses plus graves ont tendance à augmenter la migration des hommes, mais à la réduire pour les femmes, notamment en vue du mariage. Cela peut être dû à la réticence des familles à absorber les coûts élevés du mariage (dot) pendant les sécheresses.27
23 Laloyo Stella Apecu (2018) Gender, land rights and fragility in Northern Uganda: the case of Amuru District. Globe: A Journal of Language, Culture and Communication, 6: 184-195 (2018) 24 Ministry of Foreign Affairs of the Netherlands (2018) Climate Change Profile – Greater Horn of Africa. April 2018. 25 GFDRR (2011) Vulnerability, Risk Reduction and Adaptation to Climate Change – Djibouti, Climate Risk and Adaptation Country Profile, April 2011. 26 Ministry of Foreign Affairs of the Netherlands (2018) Climate Change Profile – Greater Horn of Africa. April 2018. 27 Medhanit A. Abebe (2014). Climate Change, Gender Inequality and Migration in East Africa, Washington Journal of Environmental Law & Policy, Vol. 4:1, 104-140.