Beatriz Armendariz

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CROISSANCE ENDOGÉNE ET RÉDUCTION DE LA PAUVRETÉ Philippe Aghion et Beatriz Armendáriz de Aghion La Doc. française | Economie internationale 2004/4 - no 100 pages 27 à 38

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Pour citer cet article :

-------------------------------------------------------------------------------------------------------------------Aghion Philippe et Armendáriz de Aghion Beatriz, « Croissance endogéne et réduction de la pauvreté », Economie internationale, 2004/4 no 100, p. 27-38.

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ISSN 1240-8093


Économie internationale 100 (2004), p. 27-38.

C ROISSANCE

ENDOGÈNE ET RÉDUCTION DE LA PAUVRETÉ

Philippe Aghion & Beatriz Armendáriz de Aghion1

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en avant l’idée que la croissance économique est un facteur essentiel de réduction de la pauvreté, malgré le fait qu’une plus grande croissance de la productivité s’accompagne d’une augmentation des inégalités entres ménages, entreprises, et régions. Partant de cette observation, nous montrons en quoi les nouvelles théories de la croissance permettent de mieux comprendre l’histoire récente des pays en développement, en même temps qu’elles suggèrent de nouvelles politiques pour augmenter la croissance de la productivité et réduire la pauvreté. Nous concluons cet essai en discutant brièvement pourquoi les économies latino-américaines n’ont pas été à même d’augmenter la croissance et de réduire la pauvreté à la différence des économies asiatiques qui pourtant se situaient au même niveau développement qu’elles dans les années soixante. Classification JEL : N10 ; O10 ; O30 ; O40. Mots-clefs : Pauvreté ; croissance ; productivité ; innovation ; inégalités.

ABSTRACT.

In this paper we provide evidence to the idea that growth has been a major factor of poverty reduction in a country like India, even though it has also increased inequality among households, firms and regions. We then build upon this observation to argue that new growth theories provide an adequate tool to understand recent economic history of developing economies and to design appropriate growth policies to reduce poverty. Finally, we briefly touch upon the question as to why Latin American countries have not grown and reduced poverty as much as their Asian counterparts which started at the same level of technological development back in the 1960s. JEL Classification: N10; O10; O30; O40. Keywords: Poverty; Growth; Productivity; Innovation; Inequality.

1. Auteur correspondant: Philippe AGHION, Robert C. Waggoner Professor of Economics, Department of Economics, Harvard University (p_aghion@harvard.edu). Beatriz ARMENDARIZ DE AGHION, Lecturer in Economics, Department of Economics, Harvard University. 2. Le texte orginal a été traduit de l’anglais par Antoine Berthou et Nicolas Berman : la relecture en a été assurée par les auteurs.

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RÉSUMÉ. Sur la base d’études empiriques récentes, en particulier sur l’Inde, cet article2 met


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Les études empiriques sur la croissance ont été globalement perçues comme étant trop agrégées : elles sont pour la plupart réalisées au niveau de plusieurs pays, elles utilisent des variables agrégées comme le produit intérieur brut moyen par habitant (PIB), la productivité totale des facteurs (PTF) moyenne, le taux d’épargne moyen, des mesures moyennes du développement financier, ou des indicateurs d’éducation moyenne. Au contraire, les économistes du développement se concentrent plus directement sur l’étude des ménages, des institutions locales et des infrastructures ; ils entreprennent des expériences plus ciblées pour évaluer l’efficacité de telle institution dans un village ou une communauté en particulier ; et par conséquent, ils estiment utiliser la bonne méthode pour comprendre le problème de la réduction de la pauvreté et de l’écart existant entre riches et pauvres. Cet article constitue une tentative visant à mettre fin à la segmentation entre économie du développement et théorie de la croissance. Nous utilisons l’exemple de l’Inde au travers des décennies passées pour montrer que l’innovation et/ou la croissance de la productivité ont été les moteurs principaux de la réduction de la pauvreté dans le pays. Nous montrons également que la nouvelle théorie de la croissance peut nous éclairer sur ce processus. De surcroît, ceci peut nous permettre de comprendre pourquoi la croissance et la réduction de la pauvreté n’ont pas été observées en Amérique latine. L’article évoque d’abord ce qui est connu à l’heure actuelle sur l’évolution récente des indicateurs de croissance et de pauvreté en Inde au cours des quatre dernières décennies. Puis nous présentons brièvement la nouvelle théorie de la croissance et quelques unes de ses principales prédictions, et nous utilisons cette description pour analyser le processus de réformes en Inde. Nous montrons ensuite que les réformes de 1991 ont eu des effets inégalitaires sur la productivité et la profitabilité entre industries et entre États ; pour finir, nous nous intéressons aux expériences contrastées de l’Asie et de l’Amérique latine au regard de la croissance de la productivité et de réduction de la pauvreté.

Q UELQUES

FAITS EMPIRIQUES SUR LA CROISSANCE , LA PAUVRETÉ ET L ’ INÉGALITÉ EN I NDE Il est bien connu que la pauvreté en Inde a commencé à baisser de manière régulière au cours des années soixante et soixante-dix (Datt et Ravallion, 1998). Mais, au même moment,

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La théorie de la croissance a souvent été perçue par les économistes du développement comme étant orthogonale à leur centre d’intérêt, à savoir la compréhension des sources persistantes de pauvreté et de stagnation parmi les villages et les ménages, ainsi que la recherche de politiques visant à y mettre fin. Selon eux, la théorie de la croissance est une composante de la macroéconomie : elle considère des économies avec des producteurs et des consommateurs représentatifs, et se concentre particulièrement sur l’épargne au niveau agrégé et sur le rôle de l’accumulation du capital physique ou humain dans la croissance de long terme et la convergence. En particulier, la théorie de la croissance ne s’intéresse pas à la pauvreté et à l’inégalité entre des individus riches et pauvres au sein d’un même pays.


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Le premier résultat principal rapporté par Deaton et Drèze est celui selon lequel, même lorsque l’on prend en compte les modifications des questionnaires d’une cession à l’autre (méthodologie officielle), ou les changements dans les indices de prix au cours du temps (méthodologie ajustée), la pauvreté a baissé de manière substantielle au cours des vingt dernières années, à la fois dans les zones rurales et urbaines (TABLEAU 1). Tableau 1 -

Réduction de la pauvreté en Inde Exprimé en % de la population Méthodologie officielle*

Estimations ajustées**

1987-1988 1993-1994 1999-2000 1987-1988 1993-1994 1999-2000 Zone rurale

39,4

37,1

26,8

39,0

33,0

26,3

Zone urbaine

39,1

32,9

24,1

22,5

17,8

12,0

* Données sur la consommation extraites de National Sample Survey, Planning Commission. ** Données sur la consommation ajustées pour améliorer la comparabilité, et indices de prix. Source : Deaton, Angus et Drèze, 2002.

Deaton et Drèze parviennent au même résultat lorsqu’ils utilisent des mesures de l’écart de pauvreté ou du salaire agricole à la place du head-count. Un second résultat indique que l’inégalité en termes de consommation entre les ménages individuels a augmenté entre les

3. Comme l’expliquent Todaro et Smith (2003), “après la Révolution Verte de la fin des années soixante et du début des années soixante-dix, la production agricole a commencé à croître à un rythme annuel de 3%. Ce gain est principalement dû à l’amélioration des technologies agricoles et aux systèmes d’irrigation. L’Inde est ainsi devenue autosuffisante dans la production de grains. La production de blé est passée de 10 millions de tonnes en 1964 à plus de 45 millions en 1945.” 4. Voir Eswaran et Kotwal (1994). Nous remercions Dilip Mookherjee pour nous avoir indiqué cette référence.

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le secteur manufacturier a connu une croissance faible. On peut donc se demander quelle est l’origine de cette réduction de la pauvreté. La réponse couramment proposée attribue cette réduction de la pauvreté à la Révolution Verte et au choc positif qu’elle a entraîné sur la productivité du secteur agricole3, en particulier sur la diffusion d’une innovation fondamentale à l’ensemble du secteur agricole et ses retombées sur le secteur urbain par l’intermédiaire du prix des biens alimentaires et des salaires4. Étonnamment, ce déclin tendanciel de la pauvreté a été soutenu au cours des deux dernières décennies, bien que l’impact en termes de productivité de la Révolution Verte ait été largement épuisé. Dans leur récent article sur la “pauvreté et l’inégalité en Inde”, Deaton et Drèze (2002) analysent les évolutions récentes de l’inégalité et de la pauvreté en Inde sur les décennies passées. Ils utilisent des données d’enquête fournies par trois cessions quinquennales de questionnaires (respectivement conduites au cours des périodes 1987-1988, 1993-1994, et 1999-2000) sur la consommation des ménages pour un panier de biens durables et non durables. Cette information est ensuite utilisée pour évaluer le nombre d’individus qui vivent sous le seuil de pauvreté, divisé par la population totale, pour obtenir ce que l’on appelle le head-count ratio.


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périodes 1993-1994 et 1999-2000, ce qui confirme le résultat de Banerjee et Piketty (2001) indiquant une hausse substantielle de l’inégalité entre les revenus les plus élevés. Ces résultats sont également similaires à ceux reportés dans l’article de Aghion, Burgess, Redding et Zilibotti paru en 2004 qui indique que la variance des profits entre les firmes en Inde a fortement augmenté depuis 1991. Il est à présent intéressant de connaître le profil de croissance sur la même période. Sur ce thème, l’étude la plus intéressante est celle de Rodrik et Subramanian (2004), dont les résultats soulignent qu’après une stagnation prolongée, toutes les variables de productivité, à savoir le PIB réel par habitant, le PIB réel par travailleur, et la PTF, ont décollé depuis le début des années quatre-vingt et ont continué à croître à un rythme soutenu depuis (TABLEAU 2). Tableau 2 -

Taux de croissance moyens en Inde Estimations du FMI, en %

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Production

3,75

3,16

5,64

5,61

Production par travailleur

1,77

0,86

3,69

3,30

Productivité totale des facteurs

1,17

0,47

2,89

2,44

Source : Tableau 1, dans Rodrik et Subramanain, 2004.

Ainsi, un premier aperçu de l’évolution économique au cours des quatre dernières décennies en Inde nous indique que la Révolution Verte dans un premier temps, puis la croissance soutenue dans le secteur manufacturier, expliquent en grande partie ce phénomène de réduction de la pauvreté. Dans les deux cas, la technologie et l’esprit d’entreprise dans les secteurs ruraux puis urbains ont joué un rôle clé, ce qui nous amène à la section suivante.

Q UE

NOUS ENSEIGNENT LES NOUVELLES THÉORIES DE LA CROISSANCE ? Les nouvelles théories du progrès technique endogène5 sont caractérisées par trois idées principales. D’une part, la croissance de la productivité est principalement conduite par le taux de l’innovation technologique, sous la forme de nouveaux produits, de nouveaux processus de production et de nouvelles formes d’organisation de la production. D’autre part, la plupart des innovations sont issues d’activités d’entreprise ou d’investissements, c’est-à-dire d’investissements en recherche et développement, qui impliquent des expérimentations risquées et de l’apprentissage. Enfin, l’incitation à s’engager dans des investissements innovants est elle-même affectée par l’environnement économique.

5. Voir Romer (1990) et Aghion-Howitt (1992, 1998).

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1960-1970 1970-1980 1980-1990 1990-1999


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1.

Un système d’éducation efficace aura un effet positif sur la croissance de la productivité de long terme, à la fois en augmentant l’efficacité des technologies de l’innovation et des investissements (les deux sont hautement intensifs en connaissances), et en réduisant le coût du travail qualifié, ceci permettant d’accroître les profits et favorisant les innovateurs. Benhabib et Spiegel (1994), de même que Krueger et Lindhal (2001), montrent qu’un plus grand stock de capital humain augmente la capacité d’un pays à la fois à innover et à imiter les technologies les plus avancées6.

2.

Un environnement légal permettra aux entrepreneurs de s’approprier une fraction significative des revenus générés par leurs investissements innovants. En particulier, une meilleure protection des droits de propriété intellectuelle ou un marché du travail qui n’est pas trop défavorable aux employeurs augmentera les profits attendus de l’innovation et, par conséquent, encouragera les investissements innovants et la croissance de la productivité. La capacité d’une meilleure protection des droits de propriété à favoriser la croissance a été démontrée au cours des deux siècles passés de l’histoire économique, et les travaux récents sur l’économie des institutions ont contribué à éclaircir ce lien (La Porta et al., 1998 ; Hall et Jones, 1999 ; Acemoglu et al., 2001). Le rôle des régulations sur le marché du travail est également important, comme nous le montrons dans Aghion, Burgess, Redding et Zilibotti (2004), article dont nous reportons les résultats infra.

3.

La stabilité macroéconomique tend également à stimuler la croissance de la productivité de long terme7 ; elle réduit les taux d’intérêt et accroît par conséquent la valeur de la rente captée par l’innovateur dont le projet a été mené à bien, et plus généralement incite les entrepreneurs à établir leurs projets dans un horizon plus lointain, ce qui encourage la recherche et développement ainsi que d’autres types d’investissements innovants de long terme. Aghion, Angeletos, Banerjee et Manova (2004) ont montré récemment que ce dernier élément est particulièrement vrai dans des pays ayant des niveaux de développement financier plus faibles.

4.

Levine8 montrent que le développement financier est d’une grande importance pour la croissance de la productivité de long terme, puisqu’il permet aux entrepreneurs de financer plus facilement leurs projets innovants. Plus récemment, Aghion, Howitt et Mayer (2004) ont montré que le développement financier constitue une variable clé

6. Vandenbussche, Aghion et Meghir (2004) utilisent un panel similaire de données de pays pour montrer que plus un pays est initialement proche de la frontière technologique, plus l’éducation supérieure relativement à l’éducation primaire/secondaire est importante pour la croissance de la productivité. 7. Ramey et Ramey (1995) furent les premiers à apporter la preuve d’une corrélation négative entre volatilité et croissance pour un panel de pays. Voir aussi Aghion, Angeletos, Banerjee et Manova (2004). 8. Voir en particulier King et Levine (1993) et Levine et al. (2002).

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Nous présentons ici cinq principaux exemples d’institutions et/ou de politiques qui affectent la croissance de la productivité de long terme au travers de leur impact sur les incitations des entrepreneurs, ou de leur capacité à favoriser les investissements innovants.


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Une concurrence accrue entre les entreprises présentes sur le marché et/ou des menaces d’entrée plus importantes (comme celles induites par la libéralisation commerciale ou par une diminution des coûts d’entrée ou de licence), tendra à encourager les innovations de la part des entreprises présentes, celles-ci visant précisément à échapper à la concurrence ou à l’entrée de rivaux potentiels. L’incitation à réagir à des menaces d’entrées plus importantes ou à une concurrence accrue à travers des investissements innovants tendra à être plus importante pour des entreprises proches, d’un point de vue technologique, des concurrents de la même industrie ou des entrants potentiels pour une même frontière technologique. Ceux-ci sont d’ailleurs les plus à même d’échapper à la concurrence ou à l’entrée à travers l’innovation. D’autre part, une concurrence ou une libre entrée accrue n’aura pas d’effet, ou un effet négatif, sur les firmes technologiquement en retard, qui ont peu de chance de rester compétitives dans l’environnement post-libéralisation9.

Selon nous, la nouvelle théorie de la croissance mentionnée ici fournit de bons outils, permettant d’interpréter la récente réduction de la pauvreté en Inde. La relation existant entre la nouvelle approche de la croissance et la Révolution Verte est bien établie10 ; nous tenterons de montrer maintenant que cette approche est également appropriée pour comprendre ce qui s’est passé en termes de croissance et de pauvreté durant les deux dernières décennies.

9. Cf. Aghion, Bloom, Blundell, Griffith et Howitt (2004), Aghion, Burgess, Redding et Zilibotti (2004) et Aghion, Blundell, Griffith, Howitt et Prantl (2004). 10. Cf. le World Development Report de 1998 de la Banque mondiale, qui offre une description détaillée de la Révolution Verte et de la manière dont sa diffusion a été facilitée par des politiques gouvernementales appropriées dans les domaines de l’éducation, de la propriété intellectuelle, des IDE, du “lincensing” technologique, et par des “vastes programmes visant à aider des laboratoires (de recherche) publics ciblés selon les besoins du secteurs productifs”.

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pour expliquer pourquoi certains pays convergent vers la frontière technologique alors que d’autres divergent. Cette même approche peut nous permettre d’expliquer pourquoi, au sein d’un même pays, certaines firmes ou secteurs d’activité croissent plus vite que d’autres et pourquoi la croissance de la productivité peut accroître l’inégalité : (i) dans un environnement avec contraintes de crédit, les firmes ne peuvent pas emprunter plus qu’une fraction de leurs profits actuels ; (ii) les profits d’équilibre d’une firme à une date donnée sont typiquement proportionnels à leur productivité courante ; (iii) le coût de recherche et développement pour rattraper la frontière technologique est typiquement proportionnel au niveau de productivité de la frontière. Ainsi, plus la productivité d’une firme est basse, plus il est coûteux pour cette firme de rattraper la frontière technologique, et il est par conséquent moins probable qu’elle opère son rattrapage technologique. Par conséquent, si l’on considère une économie avec un faible niveau de développement financier, les firmes qui sont initialement plus proches de la frontière technologique auront tendance à croître plus vite que les firmes qui ont un niveau de technologie plus faible.


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OU DEUX VAGUES DE R É FORMES EN

I NDE ?

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Un important débat s’est engagé sur les facteurs qui ont déclenché le décollage de la croissance indienne. D’un côté, Aghion, Burgess, Redding et Zilibotti soulignent l’importance des réformes de 1991. Selon eux, jusqu’à cette date, les entreprises et industries étaient contraintes, autant d’un point de vue interne en raison des contrôles permanents du gouvernement central, qui passaient par la propriété publique et le contrôle serré des licences, que d’un point de vue externe, à travers les barrières tarifaires et non tarifaires importantes sur l’investissement direct étranger. En réponse à la crise de la balance commerciale, une Nouvelle Politique Industrielle a été introduite en 1991, mieux alignée avec ce que les nouvelles théories de la croissance évoquées précédemment pourraient suggérer, c’est-à-dire : (i) une libéralisation commerciale, à travers une diminution de 51 % des tarifs sur 97 % des produits, qui a augmenté la concurrence et le nombre d’entrées sur le marché ; (ii) une poussée de l’investissement direct étranger, grâce à l’approbation automatique des accords sur les technologies étrangères, ceci ayant conduit à une participation étrangère de plus de 51 % dans un grand nombre d’industries ; ces mesures doivent à la fois stimuler les entrées et permettre aux entreprises indiennes de réduire en partie leurs contraintes financières ; (iii) une dérégulation, à travers un relâchement substantiel des procédures de démarrage de nouvelles unités de production ou de mise en place de nouveaux produits, et une privatisation, à travers une réduction très importante du nombre de secteurs réservés au secteur public, qui doit encourager encore plus l’innovation de la part des firmes présentes, et encore une fois, stimuler les entrées ; (iv) enfin, davantage d’améliorations sur les capacités de productions autorisées et des réductions de l’impôt sur le revenu des entreprises, ceci ayant permis d’augmenter les capacités des entrepreneurs à s’approprier les gains de leurs investissements innovants. Cependant, Rodrik et Subramanian (202) ont montré que le décollage indien est antérieur aux réformes de 1991, qu’il date du début des années quatre-vingt. Dans ce cas, peut-on réellement attribuer les taux de croissance importants de la dernière décennie aux réformes de libéralisation de 1991 ? Ou est-ce que la croissance sur la période entière résulte, au contraire, d’autres changements ayant eut lieu en 1980 ou auparavant, et, par conséquent, est beaucoup moins en rapport avec ce que les nouvelles théories de la croissance suggèrent ? Plus précisément, Rodrik et Subramanian (2002) identifient deux phases au sein de l’expérience indienne des deux dernières décennies : d’abord, ce qu’ils appellent la phase de réformes “pour les affaires”, qui a débuté en 1980 avec le retour d’Indira Gandhi et par la suite la montée de Rajiv Gandhi. Tous deux ont envoyé un signal clair au secteur entrepreneurial, signal selon lequel le parti du Congrès et le gouvernement indien devaient abandonner leur discours antérieur pro-socialiste et pro-pauvre, et favoriser le développement des entreprises privées existantes à travers des mesures “pro-business” telles que le relâchement

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U NE

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Comme nous l’avons expliqué plus haut, les marchés et le commerce n’ont été libéralisés qu’en 1991 ; c’est à cette date que la seconde phase de l’expérience indienne de croissance a commencé. Comme nous l’avons mentionné supra, on s’attend à ce que la concurrence et la libre entrée accrues encouragent encore plus les investissements innovants visant à préserver les firmes, ce qui expliquerait pourquoi la croissance est restée au même taux durant les années quatre-vingt-dix, contrairement à la balance commerciale en crise. Cependant, à l’inverse de ce que l’on a observé au cours des années quatre-vingt, les années quatre-vingtdix furent caractérisées par un ralentissement de la réduction de la pauvreté et, pour le début de cette décennie, par des niveaux de pauvreté fluctuants. Nous allons voir que de telles fluctuations peuvent être expliquées par le fait que la libéralisation commerciale nécessite des gagnants et des perdants, autant au sein de chaque secteur qu’entre secteurs.

L ES

EFFETS INÉGALITAIRES DE L ’ EXPÉRIENCE INDIENNE DE LIBÉRALISATION

Aghion, Burgess, Redding et Zilibotti (2004) analysent l’impact de la libéralisation sur la performance des firmes répertoriées du secteur manufacturier11. Les auteurs effectuent des régressions en données de panel portant sur des mesures de performances telles que la croissance de la PTF ou la profitabilité d’une industrie particulière, dans un État et à un moment particuliers. Ils régressent ces mesures de performances sur : (i) la proximité de l’industrie pour un État donné de la frontière technologique indienne (définie comme étant égale à la

11. Ces firmes correspondent à celles de plus de 10 employés. Sur la période 1980-1997, elles représentaient 10 % du PIB, c’est-à-dire deux fois plus que le secteur non répertorié.

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des restrictions sur l’extension des capacités, la suppression des contrôles sur les prix et la réduction des taxes d’entreprises. Bien que ce bloc de réformes n’ait pas amélioré le commerce ou la libre entrée, l’ensemble de ces mesures, selon la nouvelle approche de la croissance mentionnée plus haut, devrait avoir stimulé la productivité en augmentant la capacité des entrepreneurs présents à s’approprier les fruits de leurs investissements innovants. Effectivement, ce changement de politique du gouvernement indien fut suivi d’une accélération de la croissance, cette dernière étant initialement due à une hausse continuelle de la productivité, et dans une moindre mesure à une accumulation des facteurs. Selon Rodrik et Subramanian, la coïncidence entre le changement de politique et le décollage de la croissance n’est pas erroné, mais reflète plutôt une relation causale ; ceci est montré par les auteurs de deux manières : d’abord, ils montrent que le décollage de la croissance fut plus prononcé dans les États indiens au sein desquels les membres du gouvernement local appartenaient (ou étaient alliés) au Parti du Congrès en exercice ; ensuite, un changement significatif au niveau de l’investissement privé des ménages dans le secteur manufacturier avait eu lieu, celui-ci reflétant une réaction positive du secteur privé à ce qu’il percevait comme étant une amélioration du climat d’investissement.


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productivité du travail dans l’industrie de cet État à un niveau 3-digit dans les années quatrevingt-dix divisée par la productivité du travail dans les trois États les plus productifs pour cette industrie au cours de l’année étudiée), avant la réforme ; (ii) une variable muette qui capture la réforme de libéralisation, qui est égale à zéro avant 1991, un ensuite ; (iii) les institutions du marché du travail au niveau des États, et en particulier le caractère des réglementations du travail de l’État, plus ou moins favorables aux employés ou aux employeurs comparativement aux autres États. Pour capturer les institutions au niveau des États, Aghion, Burgess, Redding et Zilibotti suivent l’approche de Besley et Burgess (2003), qui utilisent le nombre et l’orientation (en faveur des employeurs ou des employés) des amendements au niveau des États de l’Industrial Disputes Act de 1947 pour mesurer la propension des réglementations des différents États indiens à être plus ou moins en faveur des employés ou des employeurs. Ils s’intéressent, d’une part, au fait de savoir si l’orientation des changements de régulations sur la période 1980-1997 a affecté les performances des industries, et d’autre part, à l’impact des institutions du marché du travail antérieures à la réforme, sur les performances post-réformes. Ils contrôlent également les résultats par des effets fixes portant sur l’industrie des États et sur l’année, et les écarts-types sont ajustés afin de regrouper par État et éviter les problèmes d’auto-corrélation des résidus. Les résultats empiriques les plus importants de l’étude peuvent être résumés comme suit : la PTF, l’investissement et la profitabilité répondent de manière plus positive à la réforme de libéralisation dans les industries initialement proches de la frontière technologique. De plus, le progrès technique et la croissance de la profitabilité sont plus lents dans les industries localisées dans les États dont les régulations sont plus favorables aux employés ; ceci est totalement cohérent avec le point de vue mis en avant par les nouvelles théories de la croissance, selon lesquelles l’environnement institutionnel dans lequel les firmes opèrent affecte leurs incitations à investir et, par conséquent, leurs performances en termes de croissance de la productivité. Enfin, la libéralisation accroît l’impact négatif des régulations favorables aux travailleurs sur la croissance de la productivité. Ainsi, une plus grande extraction de la rente de la part des travailleurs réduit les incitations des firmes à lutter pour entrer sur le marché à travers une plus grande quantité d’investissements intensifs en innovations. Les investissements ont réagi d’une manière aussi hétérogène que les productivités et profitabilités des firmes dans les différents États, ou à des distances différentes de la frontière de leur industrie ; ceci prouve que ce qui s’est déroulé durant les années quatre-vingt-dix ne constituait pas uniquement une pure sélection entre des entreprises intrinsèquement plus performantes, qui pouvaient donc mieux résister au choc de la libéralisation, et des entreprises moins performantes, que de telles réformes condamnaient de fait à l’obsolescence. Comme le prédisent les nouvelles théories de la croissance, c’est au contraire à travers ces effets portant sur les incitations des entreprises à investir dans les différents États et industries que les réformes de libéralisation ont affecté la croissance de la productivité de la manière la plus importante. Et c’est parce que les incitations des firmes à innover et à répondre aux menaces

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croissantes d’entrées sont différentes selon les États et les niveaux initiaux de développement technologique que l’on a observé des réactions hétérogènes de la croissance à ces réformes. Ainsi, les réformes de libéralisation de 1991 ont augmenté la productivité moyenne et la profitabilité sur la décennie suivante, mais ont également accru les inégalités. Ceci est vrai en moyenne pour l’ensemble de la période, même si la réduction de la pauvreté a ralenti.

PAUVRETÉ

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Au cours de cette discussion, nous avons tenté de montrer que la réduction de la pauvreté et le développement économique ne doivent plus uniquement être appréhendés d’un point de vue microéconomique – du point de vue des ménages –, mais aussi sous une perspective macroéconomique d’économie de la croissance. On peut cependant critiquer cette manière de penser en citant l’exemple des pays d’Amérique latine, dont les indicateurs de pauvreté se sont détériorés au cours des deux dernières décennies malgré le fait que (ou peut être en raison du fait que) ces pays aient mis en application un bloc de réformes du type “Consensus de Washington” (libéralisation des prix et du commerce, privatisation et stabilisation). Il est par ailleurs intéressant de noter que ni la pauvreté, ni les indicateurs de croissance ne se sont améliorés dans ces pays au cours de la période récente, de telle sorte que l’on ne peut pas considérer l’Amérique latine comme un parfait contre-exemple. Il est donc important de comprendre pourquoi les pays d’Amérique latine ne connaissent pas de croissance. Il est possible d’y répondre partiellement en examinant la combinaison de trois éléments : inégalités, éducation et commerce. D’abord, l’inégalité, qui est plus importante en Amérique latine qu’en Asie12. Comme l’ont suggéré Alesina et Rodrik (1994) ou Benabou (1996), trop d’inégalités tend à réduire la croissance, en particulier dans les pays les moins développés. Ensuite, l’éducation, qui est, de loin, plus étendue dans les pays d’Asie de l’Est comme la Corée du Sud ou Hong Kong qu’en Amérique latine. Enfin, le commerce : les pays d’Asie de l’Est, et plus récemment la Chine, ont suivi des stratégies de promotion des exportations plus agressives, combinées à des investissements en capital physique et humain plus importants. Une autre partie de la réponse à la question soulevée plus haut peut se trouver dans les différences de stratégies de croissance adoptées par les pays ou régions : à travers leurs politiques visant à promouvoir les exportations, les pays d’Asie ont concentré leurs efforts sur une imitation des secteurs les plus productifs des pays développés, alors que les pays d’Amérique latine ont suivi des politiques de substitution aux importations, conduites par le marché local et par une vue statique des avantages comparatifs. Les raisons pour lesquelles ces facteurs favorables à la croissance sont observés dans certaines parties du monde et pas dans d’autres ont été le sujet d’une littérature grandissante 12. Dans son World Development Report de 1998, la Banque mondiale estimait que les coefficients de Gini moyens pour l’Amérique latine et pour l’Asie de l’Est étaient respectivement égaux à 0,49 et 0,40, ce qui reflète un niveau d’inégalités plus élevé en Amérique latine, par rapport à l’Asie du l’Est.

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P OURQUOI Y A - T- IL EU RÉDUCTION DE LA EN A SIE ET NON EN A MÉRIQUE LATINE ?


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en économie des institutions (cf. La Porta et al., 1997 ; Hall et Jones, 1999 ; Acemoglu et al., 2001). Mais cette littérature n’est pas encore parvenue à délivrer des recommandations sur les nouveaux mécanismes qui pourraient potentiellement aider à surmonter les obstacles politiques et légaux nuisant à la mise en œuvre de politiques plus efficaces en faveur de l’éducation, de la santé et de la croissance du secteur privé. C’est précisément sur ce point que nous pensons que les approches par l’étude de la croissance et des ménages peuvent être conciliées pour parvenir à une nouvelle théorie du développement. Plus spécifiquement, nous pensons que les Organisations Non Gouvernementales (ONG) ont un rôle à jouer pour guider la mise en œuvre des programmes gouvernementaux visant à obtenir une meilleure distribution de la croissance, afin de maximiser leur efficacité. Par exemple, les principales institutions de microfinance sont dirigées par des ONG, et ont pour objectif d’accroître la participation des ménages aux programmes de santé et d’éducation tout en surveillant leur qualité, en plus d’aider à promouvoir, évidemment, le développement financier et le secteur bancaire. Cependant, en l’absence de stratégies de redistribution, tout ce que ces institutions de microfinance ont été en mesure d’accomplir a été d’aider la population à survivre dans la pauvreté sans lui permettre d’en sortir, comme le montrent de récentes études empiriques (Armendáriz et Morduch, 2004). P. A. & B. A. de A.

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Philippe Aghion & Beatriz Armendáriz de Aghion / Économie internationale 100 (2004), p. 27-38.


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