BÉATRICE EPHRUSSI DE ROTHSCHILD – BISCUITS
Fig. 1 : Pendule, Paris, vers 1775-1780, biscuit, marbre, bronze doré et cadran émaillé marqué : Joseph-Marie Revel au Palais-Royal, Saint-Jean-Cap-Ferrat, villa Ephrussi de Rothschild, inv. 1837.
Fig. 2 : Pendule, Paris, vers 1780, biscuit, marbre, bronze doré et cadran émaillé marqué : Michel-François Piolaine à Paris, Saint-Jean-Cap-Ferrat, villa Ephrussi de Rothschild, inv. MS 110.
que « 1 groupe l’Amour aiguisant ses flèches » (96 livres l’unité). Ces groupes – qui étaient initialement destinés à un surtout de table du château de Versailles – furent agrémentés, le 1er septembre 1781, de « 2 socles » (30 livres l’unité). Le roi acquit encore en 1786, au titre des remplacements destinés au château de Rambouillet, « 2 groupes l’Amour rémouleur et pt » et « 2 socles 11 ». En témoignent encore à ce jour des exemplaires conservés aux châteaux de Pavlovsk 12 et de Versailles 13 ou en mains privées 14. Quant à celui de Béatrice Ephrussi, ce pourrait être le « groupe en ancien biscuit de Sèvres : L’Amour rémouleur. Sous le socle ovale, l’indication du sujet 15 » payé 480 francs en 1914. L’Amour piqué par une abeille – qui possède un pendant, L’Amour caressant la Jeunesse – apparaît, dans une vente au comptant, dès le 26 décembre 1774. Son prix de 132 livres suggère qu’il s’agit d’un modèle de seconde grandeur car celui d’un exemplaire en première grandeur était de 168 livres. Avec une préférence pour la seconde grandeur (avec ou sans socle), Louis XVI s’offrit plusieurs groupes de ce modèle – toujours accompagné de son pendant – en 1775, 1776, 1780 pour son service de Compiègne, 1781 et le 11 mai 1783. Seul L’Amour piqué par une abeille fut acquis, en 1786, pour les remplacements de Rambouillet. Le prix de ce groupe ne tarda pas à baisser. Louis XVI paya, au premier semestre 1789, 120 livres un exemplaire seul puis, le 20 décembre 1789, 96 livres chacun des pendants… Le roi fit placer les siens dans ses différentes résidences. Deux pendants avec socles furent inventoriés en janvier 1781 à Fontainebleau et « 2 groupes l’Amour piqué par une abeille et l’Amour caressant la jeunesse » furent prisés 72 livres, le 30 brumaire an II (20 novembre 1793), parmi les porcelaines examinées à Marly pour être vendues « à l’exposition qui doit avoir lieu au Louvre 16 ». L’engouement pour ce modèle affecta également d’autres membres de la famille royale. La comtesse d’Artois se laissa tenter
le 10 mars 1788, et fut imitée dès le 4 septembre suivant par le duc d’Orléans 17. Plusieurs de ces groupes – qui pouvaient au besoin être inclus dans des surtouts de table – furent offerts comme présents diplomatiques : le 30 avril 1777 à Joseph II d’Autriche, le 22 juin 1784 à Gustave III de Suède, le 12 juin 1786 à l’archiduc Ferdinand d’Autriche, le 28 août 1786 au duc de Saxe-Teschen 18. Un autre exemplaire fut facturé, en juin 1779, à la cour de Russie 19… Seuls en témoignent ceux qui sont conservés au château de Pavlovsk 20, à la Thomas Jefferson Memorial Foundation 21 ou encore en mains privées 22. Celui de Béatrice Ephrussi pourrait être le « groupe en biscuit : Vénus et l’Amour ; auprès d’eux, une ruche 23 » adjugé 295 francs en 1904. Singulier hasard, Béatrice Ephrussi posséda une autre œuvre de Boizot, L’Amour allumant son flambeau (collection particulière 24), mais elle ne conserva pas ce groupe de terre cuite. Béatrice Ephrussi ne resta pas insensible aux charmes de Léda, dont elle posséda de multiples représentations sous diverses formes ; elle avait probablement en mémoire « 1 Groupe Statuette marbre blanc Léda XVIIIe » que son père, le baron Alphonse de Rothschild, exposait dans le salon de la terrasse de l’hôtel de la rue SaintFlorentin. Ainsi, dans sa chambre à coucher de Paris se trouvaient, en 1934, « deux groupes Tanagra : Léda et Bacchus » tandis qu’un « panneau peint décor Léda (amours et rinceaux), faisant partie d’une décoration Ile de France » ornait, à la même époque, une grande chambre du deuxième étage de sa villa Rose de France. Les placards de sa chambre à coucher parisienne renfermaient encore un « groupe en ancienne porcelaine [de Ludwigsburg] blanche Leda » et surtout « deux groupes en biscuit : Léda et le cygne – Vénus corrigeant l’Amour ». Que le passage en vente, en 1901, d’un « groupe : Léda et le Cygne. Ancien biscuit de Niderviller 25 » et, en 1909, d’un second « groupe en biscuit : Léda et le cygne 26 » soit
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