zosia h. archibald, jan bouzek et alexey gotsev
Pistiros, un emporion en Plaine supérieure de Thrace 188 Le nom de Pistiros (
) apparaît dans le lexique d’Étienne de
6 mètres, adopte une orientation au sud-ouest. Des plates-formes, basses et
Byzance, qui appartient à la fin de l’Antiquité (171.6 ; 524.11), ainsi que
quadrangulaires, en argile cuite, désignées sous le terme d’« autels », ont été
dans l’inscription grecque du milieu du
iv e siècle
av. J .- C . découverte à Bona
découvertes sur l’ensemble du site. Leurs angles indiquent systématiquement
Mansio. L’établissement mis au jour en 1988 par l’archéologue polonais
les quatre points cardinaux. Les édifices qui bordent la route sont dotés de
Mieczys ł aw Domaradzki à Adjiyska Vodenitsa, près de Vetren (à
fondations de galets et conservent parfois des parements de blocs disposés
68,9 kilomètres à l’ouest de Plovdiv, l’antique Philippopolis), entretient sans
en carreau. Ils étaient desservis par une conduite d’évacuation centrale en
aucun doute un rapport étroit avec le texte de l’inscription. Il constitue en ce
pierre dont la longueur de 28 mètres correspond à la longueur de la rue qui a
sens un candidat possible pour une identification avec l’ancienne Pistiros.
été préservée. Elle se ramifiait en deux branches devant la tour qui
M. Domaradzki avait déjà noté la forte concentration de trésors monétaires
protégeait la porte orientale. Chacune de ces conduites sortait de
en argent du v e siècle av. J .- C . dans un rayon de 20 kilomètres autour
l’établissement par des ouvertures verticales pratiquées dans le mur de
1
d’Adjiyska Vodenitsa . Les fouilles menées sur près de 0,5 hectare dans le
fortification. Les vestiges d’occupation à l’intérieur de l’enceinte couvrent
secteur proche de la porte orientale de cet établissement ont livré mille six
une surface d’environ 2,5 hectares. M. Domaradzki estime que le centre
cent cinquante-six monnaies qui s’échelonnent du
av. J .- C .
urbain, enceint par le rempart, a pu s’étendre sur une surface de plus de
Sur cet ensemble, cinq cent quarante-neuf pièces d’argent et trois pièces d’or
15 hectares, en excluant de ce chiffre le territoire agricole. Ces données
proviennent d’un pot enterré aux alentours de 280 av. J .- C ., peut-être en lien
classent l’établissement d’Adjiyska Vodenitsa dans la catégorie des cités
avec une attaque des forces celtes menée en Thrace centrale.
grecques de taille moyenne.
ve
au
iii e siècle
La majeure partie de l’établissement a subi l’érosion du fleuve Hébros/ 2
La rue centrale présente trois niveaux successifs dont la chronologie
Maritsa au cours des deux derniers millénaires , n’épargnant que les
confirme les grandes lignes historiques de cet établissement 3. Bien que
secteurs est du site. Ils représentent un quart de sa superficie initiale et se
certaines découvertes, qui remontent à la fin du vi e ou au début du
répartissent de part et d’autre de la rue principale ; s’y ajoute un secteur
v e siècle av. J .- C ., constituent les vestiges d’une occupation plus ancienne
disposé sur le versant nord-ouest, doté de quelques maisons extra-muros.
ou de travaux préliminaires, il apparaît que le site d’Adjiyska Vodenitsa fut
Les dimensions du mur de fortification (2,15 m de large), ainsi que des
planifié et construit comme une zone urbaine enceinte au troisième quart du
différents édifices urbains, sont comparables à celles qui caractérisent les
v e siècle av. J .- C . Le blocage qui sépare le niveau le plus ancien de la rue du
grands centres de l’Égée. À titre d’exemple, la maison
no 1
s’étend sur
second niveau a livré de la céramique et des monnaies datables de la seconde
18,2 × 14,35 mètres, soit 261,17 mètres carrés. Une porte imposante, munie
moitié du v e et du début du iv e siècle av. J .- C . Ce deuxième niveau est à
d’une tour mesurant 9,02 × 8,3 mètres, reflète un plan d’urbanisme
rapprocher d’un aménagement apporté à la porte orientale, qui a eu lieu vers
ambitieux. L’assise inférieure du mur, qui se dresse au-dessus d’une plinthe
370 av. J .- C ., durant le règne de Kotys I er (383-359 av. J .- C .). Le dernier
en pierre, s’articule autour de deux parements. Elle était élevée en blocs de
niveau, le plus récent, appartient au troisième quart du iv e siècle av. J .- C .
granit, placés en carreau, issus des carrières proches de Vurshilo et de
Il est contemporain de l’apparition d’un quartier d’habitation adjacent dont
Boshulya. Certains d’entre eux sont d’une largeur supérieure à 1 mètre. Le
les édifices ont été incendiés après 280 av. J .- C . C’est dans ce quartier que se
remplissage du mur – emplecton – était composé d’un blocage de galets et
trouvait la « maison méridionale » qui a livré, au sud de la rue, le trésor
d’un mortier en argile au-dessus duquel se dressait une élévation en briques
monétaire évoqué précédemment. La voie était bordée, de chaque côté, de
crues. Cette dernière se révèle mieux documentée au voisinage immédiat de
portiques en bois dont les colonnes reposaient sur des bases en pierre, tandis
la porte où une tour, construite au-dessus de l’entrée elle-même, s’est
que la couverture était assurée par une toiture en tuiles. Derrière ces
effondrée lors d’un violent incendie dans les premières décennies du
portiques se dressaient des édifices dotés de plusieurs salles. L’importante
iii e siècle av. J .- C .
quantité de monnaies retrouvées dans ces bâtiments, ainsi que le long de la
Le réseau urbain de l’établissement d’Adjiyska Vodenitsa est similaire à
voie, laisse supposer qu’ils étaient liés à des activités commerciales. C’est
celui de Seuthopolis. Le mur de fortification, suivi sur plus de 120 mètres, est
l’impression qui ressort également de la présence d’une balance et de
orienté au nord-ouest - sud-est, tandis que la rue principale, large de
plusieurs poids dans l’édifice n o 1 (au nord de la voie), tandis que l’« édifice
l ’ o r g a n i sa t i o n
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royau m e
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