introduction
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Europe à partir du deuxième quart du xixe siècle. Rares sont en effet les pièces attestées avant cette date dans les collections royales ou impériales ; on connaît toutefois quelques bronzes, statuettes ou objets de parure ayant suscité la curiosité des collectionneurs du xviie et du xviiie siècle, comme les anneaux du Picenum (notice 65), mais le plus souvent il demeure difficile de retrouver l’origine et l’historique précis des pièces dans les inventaires de la Couronne ou les listes des acquisitions de l’Empire. Les plus anciennement attestées ne sont d’ailleurs pas toujours passées par les collections royales ou n’ont intégré qu’indirectement et plus tard les collections du musée : c’est ainsi que certaines urnes de Volterra, probablement découvertes dans les années 1760, ont été vendues au musée en 1827 par le grand archéologue Giuseppe Micali (notice 93), tandis que d’autres urnes de Volterra, présentes au xviiie dans la collection Gaddi, une ancienne collection formée après le milieu du xvie siècle par Niccolò Gaddi, sont entrées par un dépôt du Cabinet des médailles en 1929 seulement. Le vase plastique en bronze, probablement découvert dès le xviie siècle sur les terres du prince Aldobrandini à Gabies et passé dans la collection Borghèse (notice 71), a fait quant à lui partie de la collection de l’impératrice Joséphine à Malmaison mais a d’abord été la propriété d’Edme-Antoine Durand avant de faire son entrée au Louvre en 1825. Cette date marque un moment important dans la constitution de la collection des antiques du musée du Louvre, et notamment des collections étrusque et italique : c’est en 1825 que Charles X achète l’ensemble de la collection que Durand, un riche amateur, a amassée au cours des années, en particulier lors de ses séjours en Italie. Des séries entières de vases (dont beaucoup provenant d’Italie méridionale), de statuettes et de vaisselle en bronze (notices 42, 51 et 71), de figurines en terre cuite, de verres ou de bijoux ont constitué les bases de la collection encyclopédique
d’antiques du Louvre, que viendront renforcer et enrichir dans les décennies suivantes les fruits des fouilles qui se multiplient à partir de cette époque en Italie. En effet, si les découvertes ont été nombreuses depuis la Renaissance sur le sol italien et ont toujours alimenté un commerce vivace d’antiques (comme le montre du reste la collection Durand), le phénomène prend une ampleur nouvelle dans les années 1825-1830 : celles-ci marquent dans une large mesure les débuts de l’archéologie moderne, dans laquelle la redécouverte des cités étrusques et de leurs riches nécropoles a joué un rôle fondamental. Les découvertes majeures qui se succèdent à partir de cette époque (tombes peintes de Tarquinia, tumuli princiers et sanctuaires de Cerveteri, riches tombeaux de Chiusi ou de Vulci) suscitent un vif intérêt chez les savants et les artistes installés à Rome et contribuent à la fondation dans cette ville en 1829 de l’Institut de correspondance archéologique ; ce dernier, où sont particulièrement actifs les savants allemands mais qui est très largement ouvert aux collaborations internationales, occupera une place centrale tout au long du siècle dans le monde académique européen et aura une importance décisive dans la publication et l’étude des monuments antiques. Mais la multiplication des découvertes alimente également un florissant marché d’antiquités, auquel la législation relativement permissive de certains États italiens donne une dimension européenne. Les nécropoles de Vulci en particulier ont fait l’objet d’une exploitation économique plus que d’une fouille scientifique (entreprise où s’est distingué en particulier l’un des principaux grands propriétaires locaux, Lucien Bonaparte, prince de Canino, le frère de Napoléon) ; ainsi sont apparus sur le marché non seulement des céramiques et des bronzes étrusques mais également d’innombrables vases grecs (parfois encore considérés alors comme étrusques). Il en va de même de Chiusi, où les propriétaires-fouilleurs se font volontiers marchands.