Jean Cousin, père et fils. Une famille de peintres au XVIe siècle (extrait)

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fig. 3 Portrait de Marie Cousin, fille de Jean Cousin Père, Sens, musée des Beaux-Arts fig. 4 Portrait du chanoine Bouvyer, curé de Soucy, chanoine de la cathédrale de Sens, Sens, musée des Beaux-Arts

1517 à 1537. C’était un artiste singulier, qui exécuta de nombreux ouvrages de son métier pour les chanoines, mais qui avait des compétences plus larges, puisqu’il était aussi chargé d’entretenir l’horloge7. Avant lui, le brodeur attitré du chapitre était un certain Thomas Cousin, que l’on peut raisonnablement supposer lui être apparenté8. C’est un acte notarié de juillet 1527 qui établit un lien familial entre ces brodeurs et Jean Cousin peintre. Nicolas Cousté, marchand drapier de Sens, venait de mourir9. Sa veuve, Barbe Thomas, désirant céder une parcelle de terre ayant appartenu à la communauté, dut solliciter l’autorisation des tuteurs de ses enfants mineurs : Jean Cousin chasublier et Jean Cousin peintre10. Un an et demi plus tard, en février 1529, elle procéda à une nouvelle vente. Cette fois, seul le peintre intervint pour donner son consentement11. À quel titre avait-il été désigné comme tuteur ? Un document conservé dans le censier de l’abbaye SaintRémi, connu depuis longtemps, mentionne qu’il devait un cens pour des terres à Collemiers acquises de sa belle-mère, veuve de Nicolas Cousté. Maurice Roy en avait conclu que celle-ci devait être la mère de Christine Rousseau, seule femme connue de Jean Cousin, et qu’elle avait été mariée en premières noces à Lubin Rousseau12. Ce serait donc, dans ce cas, en tant que mari de la sœur utérine des mineurs qu’il aurait été choisi. La parenté paraît bien éloignée pour qu’on lui ait confié une telle charge. Surtout, plusieurs actes mentionnent Jean Chaumet, chanoine

de Bray, comme oncle de Christine Rousseau13. Sa mère s’appelait donc Chaumet, non Thomas. Il ne reste ainsi qu’une possibilité pour faire coïncider ces informations : un premier mariage de l’artiste avec une fille de Nicolas Cousté et Barbe Thomas. La désignation d’un gendre du défunt comme tuteur était courante. De plus, on s’explique mieux la présence de deux tuteurs dans l’acte de 1527. En effet, la coutume de Sens prévoyait que les hommes étaient émancipés par le mariage, même s’ils n’avaient pas atteint vingt-six ans, mais qu’ils ne pouvaient pour autant, avant cet âge, procéder à des aliénations ou des hypothèques14. Marié à une fille de Nicolas Cousté avant sa majorité, Jean Cousin aurait donc pu, légalement, exercer la tutelle des mineurs, mais non consentir seul à la cession de leurs biens. L’acte de 1527 étant précisément une vente de terres, il aurait eu besoin, pour le passer, de la caution de son propre tuteur qui, dans ce cas, pourrait bien être son père. Cette dernière hypothèse est confortée par plusieurs actes notariés qui établissent que le Jean Cousin chasublier possédait des terres à Soucy15, village natal du peintre. Puisque celui-ci avait autorisé seul la seconde vente, en 1529, on peut supposer qu’il avait alors vingt-cinq ans révolus, ce qui conduit à placer sa date de naissance autour de 1503 et non pas dans les années 1490. Cette chronologie s’accorde d’ailleurs mieux avec les textes qui documentent les débuts de la carrière de Jean Cousin à Sens entre 1526 et 1531. Jean Cousin Père et Fils d’après les textes 15


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