Catalogue Festival Bandits-Mages 2009

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Coul = 0% 0% 0% 100%

Édito

P01

Pays invité : Le Portugal

P03

Street Art

P23

Les mondes anticipés

P∞

Open Mind Control

P51

Transformactions

P55

Odysée du réel

P65

Expérience(s) cinéma

P83

Expérience(s) vidéo

P101

Expérience(s) son

P111

Rencontres internationales

P141

Invitations

P179

Art(s) et Économie(s)

P185

Journée ZAAP

P189

Les P’tits Bandits

P197

Remerciements

P200

152 mm

182 mm

134 mm

1,9 mm

20 mm 7,7 mm

144 mm

22 mm


Depuis 18 ans, plusieurs équipes, plusieurs générations, postures, ambitions… se sont assemblées à Bourges, pour faire vivre, dans la diversité, un Bandits-Mages toujours renouvelé. Ce projet « utopiste » de festival, dédié à la jeune création vidéo/film/nouveaux media, créé par des artistes, reste fidèle à ses principes fondateurs : révéler et partager l’émergence de la création contemporaine internationale. Cette année le festival met à l’honneur le Portugal, dont la scène artistique est particulièrement dynamique, ouverte, internationale... et généralement méconnue en France. Une programmation éclectique et dense répondra aux sélections du palmarès 09, différents workshops rendront possible une production permanente, le 108 « on air » nous conduira vers des mondes anticipés et le « no design », des sons étranges animeront nos soirées, et les rues des Bourges se verront quelque peu transformées par de poétiques interventionnistes.

For the last 18 years, several teams, several generations, attitudes, ambitions… have gathered in Bourges to bring a constantly renewed Bandit Mages to life through diversity. This “utopian” festival project, dedicated to video/film/new media youth creations and created by artists, stays true to its founding principles : to show and to share the emergence of international contemporary creative work. This year the festival honours Portugal, where the artistic scene is particularly dynamic, open, international – and generally unrecognised in France. An eclectic and concentrated programme will answer to the 2009 selection of artists, different workshops will enable continuous production, the 108 “on air” will lead us towards anticipated worlds and “no design”, strange sounds will enliven our evenings, and the streets of Bourges will be somewhat transformed by poetic happenings.

Direction artistique : Jean-Pascal Vial | Isabelle Carlier | Jean-Paul Labro Programmateurs associés : Jérôme Fino & Flavie Guerrand pour Street Art | Nathalie Magnan & Ewen Chardronnet pour Mondes anticipés | Joachim Montessuis & Horia Cosmin Samoila pour Open Mind Control | Jérôme Poret pour le plateau berlinois « Expérience(s) Son » | Benjamin Cadon pour Labomedia Direction technique : Eric Grimault Assistante de production : Alice Grosperrin Secrétariat : Jessica Dias Relations publiques : Sabrina Lloris Conception graphique : Stéphane Beaudonnet & Yann Millet (Lynxcommunication) Artistes associés à la préparation et à l’organisation du festival : Julie Karabeguian | Etienne Baboulène | Pierre Bamford Pascale Reignault | Fabrice Cotinat | Bertrand Aubert | Guillaune Landron | Nicolas Lachambre | Patrice Pailloux Wilfried Augé | Denis Champeau | Vincent Saugier | Marilou Hatinguais | Sylvie Bontemps | Geoffroy Gross

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Coul = 100% 0% 0% 0%

134 mm

152 mm

182 mm

107 mm

1,9 mm

20 mm 7,7 mm

144 mm

22 mm


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© courtesy Museu do Chiado, Lisboa, Portugal / National Contemporary art museum

Plus Jamais la Fin du Monde, la marche solitaire de João Tabarra

Plus Jamais la Fin du Monde [Never again the end of the world], The Solitary March of João Tabarra

par Pedro Lapa

by Pedro Lapa

Les œuvres de João Tabarra opèrent d’ar­ dues performances de situations al­lé­go­ riques innomées, où l’ironie semble être le fil conducteur de la relation angoissante entre la réalité et le réel. Dans ses photographies ou vidéos, une in­déniable mise en scène s’insinue dans la façon dont il mimétise des si­tua­ tions apparemment banales, qui par là même deviennent ambiguës. La valeur d’indexation de la photographie ou de la vidéo par rapport au monde est continue, construisant plus qu’un effet de véracité, une possible tangibilité. Cependant la conscience de cette construction permet une manipulation des référents antérieurs à la photographie, de manière à provoquer une ambiguïté par rapport à une vérité originelle et fondatrice du classique de la photographie ou du registre

The works of João Tabarra function as arduous performances of unnamed allegorical situa­ tions, where irony seems to be connecting thread in the vexed relationship between reality and the real. There is a frankly staged quality in the way, in his photographs and videos, Tabarra mimics apparently banal situations, thus rendering them ambiguous. The indexical value that the photograph or video holds in relation to the world is pursued, constructing not so much an effect of truth, but rather the possibility of tangibility. However, the self-consciousness of this construction allows the artist to manipulate the referents existing prior to the photograph in such a way that it produces an ambiguity in relation to the originary and foundational truth of the classic that-has-been of photography, or indeed to the testimonial (or even vigilant) register of video. The high degree of staginess in photographs such as No Pain No Gain (1999);

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documentaire (ou même sécuritaire) de la vidéo. Le degré de mise en scène dans des photographies, comme No Pain No Gain, 1999 ; True Lies and Alibis – Marche Solitaire, 1999 ; ou dans des vidéos, comme Barricades Improvisées, 2001, est assumé, en ayant recourt à des personnages com­me une fée déguisée ou à l’artiste lui-même, comme instance centrale des situations. La métaphore et son dé­dou­ blement dans un récit ont remplacé le référent premier de la signification qui a été enterré par une théâtralité de gestes, codes et contextes, c’est-à-dire, par une infinité de suppléments de signification. Ces œuvres se construisent, donc, com­ me des allégories qui tronquent et com­ plexifient les processus de signi­fic ­ ation de l’indexation inhérentes à la pho­to­ gra­phie et à la vidéo. Il devient ainsi évident qu’il n’existe pas un référent intrinsèquement décodé et comme tel présent absolument dans son intériorité. Nous assistons donc à son éloignement, qui a laissé place à la métaphore de ses codes. Les photographies, en particulier, sont habitées par des personnages ri­ sibles et porteurs d’une condition an­ nihilée. L’humour et l’étrangeté qu’ils sous entendent peuvent désamorcer une oscillation des signes qu’ils manipulent et révéler dans l’épisodique, qui se rap­ porte à des situations proches du quo­­ tidien, une dimension allégorique du champ politique voir même bio­gra­ phique. L’usage caricaturé de codes ciné­ matographiques, devenus des modèles assimilés par l’imaginaire occidental et dont le personnage de la fée de Walt Disney est un exemple récurrent, contribue à construire l’allégorie ellemême. Néanmoins son déguisement as­ sumé provoque un court-circuit dans les traditionnels effets, et leurs potentiels mécanismes de dénouement face aux plus diverses questions deviennent ab­ surdes. Il serait ainsi possible de tracer une généalogie de ces images d’origines di­ verses des mass média, du cinéma, des cartoons, des séries télévisées, mais ce sont surtout les formules rhétoriques de cette imagétique qui intéressent João Tabarra, dans ce qu’elles ont de document

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True Lies and Alibis - Marche Solitaire (1999); or in videos such as Barricades Improvisées (2001) is self conscious, having recourse to such characters as a transvestite fairy, or to the artist himself as the central protagonist of the situations presented. Metaphor and its unfolding within narrative have here come to replace the prior signifying referent, buried under the theatricality of gestures, codes and contexts; submerged, in other words, under an infinity of signifying supplements. For this reason, these works are constructed as allegories that both truncate and complicate the processes of signification and indexation inherent in photography and video. It thus becomes evident that no referent exists that is purely decodified and hence absolutely present in its interiority. The photographs in particular are inhabited by characters that make us want to laugh, characters that are bearers of a condition of erasure. The humour and strangeness that they insinuate may unleash an oscillation of the signs they manipulate, exposing, in that very episodic quality that invokes the banale, an allegorical dimension within the field of the political or even the biographic. The caricatural use of cinematographic codes codes that have been assimilated as models in the imaginary of the Western world, of which Walt Disney’s figure of a fairy is a recurrent example - contribute towards the construction of the allegory itself. However, the obvious transvestism of this figure provokes a short circuit in traditional effects, making their potential solutions a source of laughter in the face of the most diverse of concerns. It would thus be possible to trace a genealogy of these images with their diverse souces in the mass media, in cinema, cartoons and TV series. But João Tabarra is above all concerned with the rhetorical formulas of this imagery, with its role as the visual document of a human wish or set of expectations within contemporary con­ditions. Conscious of the ways in which ca­ pitalism submits such images to a mercantile reification, emptied of their potentiality, these rhetorical formulas of the image are subtly and ironically reconfigured in the works, restaging them while altering a detail here, a character there, or indeed even the context of such familiar images. Such a shift produces a defamiliarisation in relation to the reified order.


visuel d’une volonté ou d’une expectative hu­maine à propos des conditions du monde contemporain. Conscient de la façon dont le capitalisme les soumet à une réification marchande, vidées de potentialités, ces formules rhétoriques de l’image sont subtilement et ironiquement reconfigurées par les œuvres, où a lieu une remise en scène – ayant recours à la modification d’un détail, d’un personnage ou même du contexte de ces images familières – qui de cette façon produit une désarticulation dans l’ordre réifié. Notons que cet ordre est employé par João Tabarra en tant que pure volonté de recouvrir le réel dans sa totalité comme une vérité, à la manière de la philosophie classique, bien que cyniquement per­ ver­tie. Toutefois, ça a été dans le but de donner un sens au monde ou à la politique que la philosophie a perdu le réel et c’est dans la transformation de celui-ci en une image que le capitalisme sépare la puissance pratique de l’action elle-même. Giorgio Agamben rapporte que « c’est dans la figure de ce monde séparé et organisé à travers les media, où les formes de l’État et de l’économie se compénètrent, que l’économie marchande accède à un statut de souveraineté absolue et irresponsable sur la vie sociale tout entière »1. Contrairement aux personnages des photographies Prestíssimo, 2008 et Largo e maestoso II, 2008 – dont l’engagement heurte la profonde impuissance à laquelle cette condition décrite par Agamben les soumet –, la fastidieuse énumération d’auteurs, que les personnages de la vidéo sea© (2009), performent jusqu’à l’épuisement,amène au langage lui-même qui ne cache rien dans ses révélations, simplement le langage sans prétexte, sans possibilité. Rien sans prétexte, le langage comme possibilité. João Tabarra révèle ainsi un scepticisme à l’égard du sens et il me semble qu’il partage avec Nietzsche et Lacan une même méfiance selon laquelle le sens est toujours religieux. Ce fut Alain Ba­diou qui a attiré l’attention sur le fait que pour 1. Cf. Giorgio Agamben, La communauté qui vient. Théorie de la singularité quelconque, Paris, éditions du Seuil, 1990, traduit de l’italien par Marilène Raiola, p. 81.

João Tabarra considers such an order to describe the pure wish to re-cover the real in its totality with the truth, in the manner of – even if cynically perverting – classical philosophy. Now, it is precisely with the wish to give meaning to the world or to politics that philosophy has always lost the real, and it is in the transformation of the real into image that capitalism separates practical potentiality from action. Giorgio Agamben observes that “[i]n the figure of this world separated and organized by the media, in which the forms of the State and the economy are interwoven, the mercantile economy attains the status of absolute and irresponsible sovereignty over all social life.” 1 Contrary to the characters in the photographs Prestíssimo (2008) and Largo e maestoso II (2008), whose voluntarism comes aground on the profound impotence to which that condition described by Agamben submits the, the fastidious enumeration of authors performed to the point of exhaustion by the characters in the video sea© (2009) wears itself out, in the last analysis, in language itself that hides nothing in its revelations, but that is simply language without pretext or possibililty. nothing without pretext, language as possibility. In this way, Tabarra shows himself to be somewhat sceptical with regard to meaning, a scepticism that seems to share with that of Nietzsche and Lacan a certain mistrust: a sense that meaning is always religious. It was Alain Badiou who called attention to the fact that for Lacan, it was not a case of establishing the power of meaning in opposition to the truth, as was the case in Nietzsche, but rather, of substituting the religion of meaning for the insensate character of the real, exposing the real in opposition to meaning, the real as encounter and as act. As such, the real is always contravening some rule, rather than playing out that rule. There being, therefore, no guarantee with regard to the real, anxiety erupts as an “excess of the real or of something that is too real, such that that which does not deceive about the real is the real itself, even as a dimension of excess”2. Now, if the works of João Tabarra ridicule our potential mechanisms for understanding and 1. Giorgio Agamben, The Coming Community, transl. Michael Hardt, second edition, Minnesota: University of Minnesota press, 1993, p. 82. 2. Cf. Alain Badiou, Lacan e o real. Santiago de Compostela, Amastra-N-Gallar, 2002, p. 14.

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Lacan il ne s’agit pas d’établir la puissance du sens par opposition à la vérité, comme dans Nietzsche, mais de remplacer la religion du sens par le caractère insensé du réel, de démontrer le réel contre le sens, du réel comme rencontre et comme acte. Ainsi, celui-ci est toujours en rupture avec toute règle et non pas comme application de la règle. N’ayant donc pas garantie du réel, il y a l’angoisse comme « excès de réel ou quelque chose de trop réel de manière à ce qui ne se trompe pas sur le réel est le réel lui-même en tant que dimension de l’excès »2. Toutefois, si les travaux de João Ta­bar­ ra rendent risibles les potentiels mé­ canismes de compréhension et solu­tion face aux diverses questions suscitées c’est non seulement parce que le réel est en rupture avec toute règle liée au sens, mais aussi parce qu’ils pointent dans un sens différent, de l’affirmation vitaliste du polymorphisme du sens 2. « Un exceso de real ou algo demasiado real de xeito que aquilo que non engana sobre o real é o real mesmo mentres estea na dimensión do exceso », cf. Alain Badiou, Lacan e o real. Santiago de Compostela, Amastra-N-Gallar, 2002, p. 14.

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solving the issues that they themselves raise, this not only because the real has breached any kind of rule-bound meaning, but also because they point in a different direction, at a vitalist acknowledgement of the polymorphous, in the Nietzschean sense3. The situations reenacted by these works almost always reveal an impasse and more than just a surface irony, where the work’s claim to meaning slips and a profound anxiety marks the articulation between impotence and an excess of the real. Anxiety becomes the inevitable experience of the real, hence the recurrent presence of the artist in performative situations constituting a living, indexical trace of the knot linking the manifestation of the real to the impossibility of symbolisation. Perhaps more than any other of his works, Êxodo (2007) functions as an exhaustive me­taphor of this Gordian knot. In this work, we see the artist at sea, rescued by a helicopter extending a 3. This position seems to me to be characteristic of the works of João Maria Gusmão and Pedro Paiva (cf. my essay Vontade e Afirmação in João Maria Gusmão e Pedro Paiva, Intrusão: The red square. Lisboa, Museu do Chiado – Museu Nacional de Arte Contemporânea, 2005.) In opposition to the frequenty cited affinities between these artists, the work of João Tabarra, which takes as its point of departure a similar critique of truth, moves in a different direction.


nitz­schéen3. Les situations remises en scène par ses œuvres révèlent presque toujours une impasse et plus qu’une iro­ nie superficielle, où la prétention du sens prévaut, une profonde angoisse définit le lien entre l’impossibilité et l’excès du réel. L’angoisse devient l’inévitable expérience du réel, dont la présence récurrente de l’artiste en situations performatives constitue un vif trait indexatif du noeud qui unit la démonstration du réel à l’impossibilité de symbolisation. Peut-être plus que tout autre travail, Êxodo, 2007, soit la métaphore exhaustive de ce noeud gordien en présentant l’artiste au milieu de la mer secouru par un hélicoptère, qui lui tend un câble pour le sauver, le déplace au-dessus des eaux immenses, le dépose ensuite dans une piscine, d’où il est à nouveau hissé pour un autre vol, pour être à nouveau déposé au milieu de la mer et ainsi de suite. Au bout d’un câble qui le suspend au moment de la plongée de l’image l’artiste nous regarde de làhaut, nous qui le regardons d’une position avantageuse. Voici l’impasse qui entoure l’acte performatif – un excès de réel. Je pense même que le projet de João Tabarra est surtout motivé par un processus de sabotage qui ambitionne la totalité de l’ordre symbolique ou, si vous voulez, d’une ontologie qui coupe l’acte et l’effectue dans le concept. Cette dominante logocentrique, qui in­staure la règle et subsume le réel, est con­ tinuellement désagrégé par une impasse que l’acte prolonge en impliquant une performance des personnages. Cette at­ tente instaurée par l’impasse entraîne avec elle la possibilité d’une urgence sensible de non-être, en tant que ré­ sistance à la prétention symbolique, ou de l’être lui-même et révèle ce qui se manifeste comme exception aux lois du visible. Protecção, 2003, explore cette im­ 3. Cette position me semble caractéristique des travaux de João Maria Gusmão e Pedro Paiva (cf. mon essai Vontade e Afirmação in João Maria Gusmão e Pedro Paiva, Intrusão: The red square. Lisboa, Museu do Chiado – Museu Nacional de Arte Contemporânea, 2005.) Contrairement aux affinités entre ces artistes, qui sont si fréquemment invoquées par la critique, la position de João Tabarra, partant de la même critique au sens et à la vérité, se déplace dans un sens différent.

rope to save him, transporting him over an immense ocean, only to deposit him in a swimming pool, from which he is hoisted up yet again onto another flight, and then once again deposited in the middle of the ocean, and so on. Seen in bird’s eye view dangling at the bottom of the rope, the artist looks up at us, and we watch him from our vantage point. This is the impasse involving the performative act – an excess of the real. I would go so far as to argue that João Tabarra is, above all, concerned with a process of sabotaging any sort of aspiration to a totalisation of the symbolic order, or, put another way, of an ontology that performs the act through the concept. This prevailing logocentrism, instituting the rule and subsuming the real, is continuously dispersed by an impasse that the act inau­ gurates in implicating a performance by the characters. This sense of waiting instated by the impasse announces the possibility of a perceptible emergence of non-being, operating as resistance to any claim to the symbolic, or indeed any claim to being itself, exposing that which appears as an exception to the laws of the visible. Protecção (2003) explores this impasse in presenting a rural countryside from which stones are violently thrown at the screen (albeit the other side of the screen). Consequently, the mediation that is the technical device for the presentation of the image becomes merely a thin, protective film. It is, perhaps, this intact surface of the image that Ballata del Suicidio, Workings Class Angels, Para Pasolini (2007) comes to corrode. The accumulation of aeroplane lights in the night sky, reaching an unbearable point of luminous saturation on the screen configures waiting as the patient inscription and filling in of anxiety. Here the mediation of the device becomes in itself the wound of the real. For the artist and his fairy, everything seems to slip away as soon as it has been revealed or given to thought. Everything absents itself towards non-being. The new beginnings, cons­ tantly reiterated from one work to the next, sponsor both the fiction and its potentiality for cognitive operations. One constant in these repeated fresh starts is the inscription of fiction in a particular place in such a way as to counter the incessant flight of being, its conversion into nothingness. Animating every performative act in the works of João Tabarra is the search for a fiction of a location as offering the possibility

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passe en présentant un paysage cham­ pêtre d’où sont projetées de violents jets de pierre qui atteignent l’écran, bien que de l’autre côté, et par conséquent la médiation du dispositif technique de présentation de l’image devient à peine une fine pellicule protectrice. C’est peutêtre cette surface intacte de l’image que Ballata del suicidio, Working Class An­ gels. Para Pasolini, 2007, vient alors ron­ ger. L’accumulation des feux d’avions dans le ciel nocturne jusqu’à la saturation lumineuse et insoutenable de l’écran configure l’attente en tant que patiente inscription et remplissage de l’angoisse. Ici la médiation du dispositif devient ellemême la plaie du réel. Pour l’artiste et sa fée tout semble fuir dès lors qu’il est révélé ou donné à penser. Tout disparaît pour le non-être. Le re­com­ mencement constant, d’œuvre en œuvre, suscite la fiction et son potentiel opératif de connaissance. Dans ce recommencement, l’inscription de la fiction dans le lieu est constante de manière à contrarier la fuite incessante de l’être, sa conversion en néant. La re­ cherche qui anime chaque acte per­ formatif des travaux de João Tabarra est celle d’une fiction pour le lieu comme possibilité de révélation de l’être. Mais tendenciellement João Tabarra lui-même et ses personnages arrivent toujours trop tôt ou trop tard en ces lieux et le réel se situe toujours en ce point, ainsi les lieux de fiction se révèlent comme des dispositifs de transformation de l’être en ruine – comme les photographies de Promenades au désastre, 2001, ou la vidéo Tornado, 2007 – ou du non-être en puissance de l’être – comme Houdiniisnotdead, 2003 ; Atelier, 2007. Ainsi si, d’une part, le medium s’est cons­ titué comme surface d’inscription d’ur­ gence du réel, d’autre part, il coïncide avec ce point où fiction et lieu s’articulent, à travers les déambulations du sujet, et les actes se manifestent autant comme rupture et impasse, comme ils peuvent révéler l’instantané de la symbolisation qui dans sa considération détaillée tend à présenter le faux et simultanément à

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of revelation of being. However, tendentially, both Tabarra himself and his characters always arrive upon the scene either too early or too late, and the real always situates itself at this point. In this way, the places of fiction reveal themselves either as the mechanisms whereby the real is transformed into ruin, as in the pho­ tographs of Promenades au desastre (2001), or the video Tornado (2007), or of non-being as potentially being, as in Houdiniisnotdead (2003), or Atelier (2007). Thus, if, on the one hand, the medium constitutes itself as a surface upon which the emergence of the real is inscribed, on the other hand, it coincides with this point at which fiction and place are articulated. Such articulation occurs through the meanderings of the subjects. Acts manifest themselves as rupture and im­ passe, but may equally reveal themselves in the sudden flash of symbolisation, which, in its detailed consideration, tends to present the false while simultaneously returning to us a vestige of anxiety that indicates the real itself. In the broadest sense, this is what the possibility of the act means to João Tabarra: the permanent exhibition of its non-inactuality. Meandering becomes the agent of a blurred distinction between being and non-being, deflecting any dialectic between the two terms and implicating them continuously with each other. If the articulation of fiction with place implies a subject, independently of its relation with being or non-being, João Tabarra literally gives body to the act, and refuses the position of a subject extricated from experience. It is, then, the practical power of the image, as act, that generates a supplement of inactuality and gives the subject back to the world as a return.


restituer un reste d’angoisse qui in­di­que le réel lui-même. Celle-ci est la meil­ leure possibilité de l’acte pour João Ta­ barra, la permanente exposition de son inactualité. La déambulation devient l’agent de l’in­ distinction, entre l’être et le non-être, qui éloigne toute dialectique entre les deux termes et les implique continuellement l’un dans l’autre. Si l’articulation de la fiction comme lieu implique un sujet, indépendamment de sa relation avec l’être et le non-être, João Tabarra donne corps à l’acte, littéralement, et refuse la position d’un sujet séparé de l’expérience. C’est alors la puissance pratique de l’image, en tant qu’acte, qui gère un supplément d’inactualité et restitue le sujet au monde comme retour. Son travail privilégie de cette façon une ouverture à l’incident, au hasard et même ironiquement à la recherche d’un quelconque bonheur. True Lies and Alibis – Marche Solitaire, 1999, présente un artiste solitaire, au milieu d’un terrain vague d’une zone industrielle, avec un drapeau où l’on lit : « Plus jamais la fin du monde.» Ce travail est un exemple de cette manifestation singulière de la passion pour l’incident, de façon à susciter l’ouverture à une al­ térité et construire un contrepoint au domaine terroriste de la réalité, qui réduit le réel au néant et précipite le sujet dans une lamentation neurotique. Je pense que nous pouvons alors considérer que de cette façon son projet se dirige aussi vers une épreuve des conditions possibles de liberté. Si l’événement échappe à toute détermination de l’être et révèle l’incident dans la conjonction de l’acte fictionnel avec le lieu, nous pouvons in­ terpréter la déambulation comme sa recherche. Ce troisième terme entre l’être et le non-être serait l’unique à permettre une altérité, qui presque toujours ne suffit jamais. L’itinérence se fait alors entre ces intervalles sans rédemption dans l’espoir d’un devenir, mais c’est toujours comme un secret que, dans Confissão/Construção, 2003, João Tabarra lui-même confie au lion empaillé, je ne sais que vivre. Traduit du portugais par Paula Leitao João Tabbara est représenté par la galerie Graça-Brandão

In this way, Tabarra’s work privileges an opening up to the incident, to chance, and even if ironically, to the search for some kind of happiness. True Lies and Alibies - Marche Solitaire (1999) shows us the artist on his own, in the middle of an open space in industrial surroundings, with a flag that reads: Plus jamais la fin du monde. This work is an example of this singular manifestation of the artist’s passion for the incident, in such a way as to provoke an opening out to an otherness, and to construct a counterpoint to the terroristlike dominion of reality that reduces the real to nothingness and that precipitates a neurotic lament in the subject. Arguably, then, in this way, João Tabarra’s project is also aimed at an examination of the possible conditions of freedom. If the event escapes any kind of determination of being, unveiling the incident in the conjunction of fictional act and place, we might interpret the meandering as the search for this articulation. This third term between being and non-being would then be the only one that enables anotherness that almost never arrives.Wandering then takes place in these intervals with neither redemption nor the expectation of anything occurring, but it is always as a secret that, in Confissão/Construção (2003), João Ta­barra himself says to the stuffed lion: living is the only thing I know. Translation: Ruth Rosengarten

(...) Marche Solitaire (...) Assembler 2001 | 00:09:00

Vigilante 2003 | 00:01:50

Pedra 2008 | 00:06:30

Tornado 2007 | 00:01:00

Linha de Costa 2007 | 00:01:20

Barricades Improvisées

Poço de Murmurios 2002 | 00:00:12

Fatigue loop 2002

Ballata Del Suicidio, Working Class Angels, For Pasolini 2007 | 00:06:31 Production : ZDB Lisboa / Galeria Graça Brandao, Lisboa

Atelier 2007 | 00:04:35 Production : ZDB Lisboa / Galeria Graça Brandao, Lisboa

2001

Exodo

Moon Watcher’s defeat

2007 | 00:08:55 Production : ZDB Lisboa / Galeria Graça Brandao, Lisboa

2007

O encantador de Serpentes 2007

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Joao Seguro Sur le passage de quelques personnes pendant une assez courte unité de temps [On the passage of a few people through a rather brief moment in time] 2004 | 00:27:00

L’œuvre est une vidéo datée de 2004 dont le titre est, à bien des égards, fallacieux, Sur le passage de quelques personnes pendant une assez courte unité de temps. Le titre de cette œuvre, citation intégrale de l’un des films de Guy Debord, lui fournit son nom et décrit également une catégorie de notions que l’artiste a l’intention de mobiliser. Au cours des vingt-sept minutes pendant lesquelles se déroule une telle action, l’artiste nous permet, par l’entremise de l’angle fixe de la caméra, de saisir et d’embrasser une vue latérale du point de départ d’un marathon (événement sportif), plus précisément le marathon de Londres, une manifestation qui réunit tous les ans environ quarante mille athlètes professionnels et amateurs. Le lieu choisi afin de rendre compte de ce moment précis de l’événement nous fait prendre conscience de la perspective de pouvoir poursuivre et capturer l’image de tous les participants puisque ce lieu est situé à l’endroit même du point de départ, endroit où les quatre catégories d’athlètes prévues sur les listes des organisateurs se rencontrent : athlètes professionnels, athlètes anonymes, groupes scolaires et fondations caritatives. Dans cette œuvre, nous sommes les spectateurs de cet accomplissement grégaire, et l’on se révèle être capable de verbaliser une petite théorie sur cet événement : engagement politique fort conçu comme un intervalle entre la conscience communautaire et l’unité. The piece dates back to 2004 and is a video whose title is in many ways fallacious, Sur la passage de quelques personnes a travers d’une assez courte unité de temps. The title of the piece, entirely quoted from one of Guy Debord’s films, provides its name and also describes a sort of notions the artist intends to trigger. Throughout the twenty seven minutes during which such action takes place, the artist registers and allows us to see within the camera’s fixed angle a lateral view of the starting point of a marathon (sports event), explicitly the London marathon, an occurrence that yearly embraces about forty thousand of both professional and recreational athletes. The location chosen to trace this segment of the event makes us

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aware of the prospect of having all the participants being tracked down since this place is located precisely at a stage of the starting point. This is where the four categories of athletes scheduled by the books of the organization meet: professional athletes, anonimous athletes, school groups and charity corporations. In this piece we bear witness to this gregarious achievement and one becomes able to put into words a small theory of this event as a moment political engagement framed as an interval of communitarian awareness and unity.

Dioptrique 2005

Cette œuvre vidéo est constituée d’extraits d’une promenade effectuée à bord d’un bateau de compagnie côtière. À l’intérieur du bateau utilisé comme plateforme de tournage pour filmer la côte, on trouve un quadrillage pour cadrer le paysage, quadrillage qui rappelle ceux utilisés comme machines à dessin depuis la renaissance. Cette grille détermine également un point fixe de visualisation de toute image environnante car son arrangement rigide suggère que le spectateur ou l’espace lui-même est l’agent d’un dilettantisme mobile de l’œil. This video work documents fragments of a boat tour by a coastal line. Inside the boat that was used as a platform to film the coast there is a grid that frames the landscape, a grid that resembles those used as drawing machines since the Renaissance. This grid also determines a fixed point of visualization of every surrounding image for its rigid arrangement suggests that the spectator or the space itself is the agent of an unfixed dilettantism of the eye.


Sara & André Nés en 1980 (Sara) et 1979 (André), à Lisbonne, où ils travaillent et vivent. Tous deux diplômés en 2005, ils commencent à travailler ensemble dès 2000, renforçant plus intensément cette collaboration depuis 2004. Utilisant la photographie, la vidéo et la performance, leur travail se concentre sur l’Auteur, l’appropriation et les mécanismes de la gloire dans l’art contemporain. Parmis leurs projets, « prétendez à la gloire » entrepris en 2004, et « Fondation Sara&André » qui consiste à demander à d’autres artistes de produire des œuvres sur eux. En 2006, ils ont été sélectionnés à la 3e édition de « Anteciparte » (prix jeune artiste) et en 2008 pour le projet « rooms » de ARTE LISBOA. En plus de leur participation à plusieurs actions de groupe et autres évènements, ils ont présenté leur travail en individuel à Lisbonne, Porto, et Berlin. En ce moment ils commencent une résidence proposée par le ZDB de Lisbonne. Sara & André sont représentés par la galerie 3+1 CONTEMPORARY ART Born in 1980 (Sara) and 1979 (André), in Lisbon, where they live and work. Both graduated in 2005, Sara in Art Stage Direction by the Superior School of Theatre (E.S.T.C.) and André in Visual Arts by the Superior School of Art and Design of Caldas da Rainha (E.S.A.D.), they started working together in the year 2000, becoming this collaboration more intense since 2004. Through the use of photography, video and performance, their work focus on matters like authorship, appropriation and the mechanisms of fame in contemporary art. Among their projects, are to be noticed the “Claim to Fame Project”, started in 2004, and “Foundation Sara&André”, which consists in asking other artists to produce art works about them. In 2006 they were selected for the 3rd edition of Anteciparte (young artists’ prize) and in 2008 for the Project Rooms of ARTE LISBOA. Besides their participation in many group shows and other events, they had presented their work solo in Lisbon, Oporto and Berlin. At the moment they are attending the artistic residencies promoted by ZDB, Lisbon. Sara & André are represented by Gallery 3+1 CONTEMPORARY ART, Lisbon.

11 Pays invité : Le Portugal


Cabelo

Jocélio Batista Né en 1975 à Ponte Nova, Minas gerais, Brésil. Ayant étudié le cinéma d’animation (2001) et le dessin (2003), il présente cette même année ses travaux au « X Salon » de Bahia, organisé par le Musée d’Art Moderne de Salvador, où il gagne le prix « Revelation ». Utilisant la vidéo comme véhicule d’expression artistique, son travail est aussitôt présenté dans plusieurs festivals internationaux. En plus des nombreux prix significatifs obtenus en 2005, il rejoint le projet « Blind Spaces » qui se déroule à Durban et Belo Horizonte. En 2008 il participe à Madrid à Optica Fest. Jocélio Batista est représenté au Portugal par la galerie 3+1 CONTEMPORARY ART Born in 1975, in Ponte Nova, Minas Gerais, Brazil. Having studied Animated Cinema (2001) and Drawing (2003) at the UFMG, Brazil, he presented his work in the same year at the X Salon of Bahia, held at the Museum of Modern Art in Salvador, where he won the Revelation Prize. Using video as a vehicle for artistic expression, his work was already presented in several international video-art festivals (France, Italy, Austria, Dominican Republic, Honduras, Indonesia and Spain), being of special notice the II Biennial Inter-American of Video Art in Washington (2004), «Brésil, Brésilis», Festival Videoformes, France (2005) and the XX International Video and New Media Festival (2005). Besides the significant awards he has been achieving in these participations, he was invited to join the video art project “Blind Spaces” that took place in Durban and Belo Horizonte (2005). In 2008 he participated in Optica Fest Madrid. Joacélio Batista is represented in Portugal by Gallery 3+1 CONTEMPORARY ART.

12 Pays invité : Le Portugal

Né en 1967 à Cachoeiro de Itapemirim, Brésil. Il vit et travaille à Rio de Janeiro. Cabelo est cet artiste particulier qui explore le potentiel du dessin et du language dans une voie surréaliste, fermement attaché au subconscient et à l’induction d’un état mental perturbé, assumant improvisations et spontanéité comme composantes de son travail. Ses créations révèlent un univers magique et primitif, par l’utilisation de symboles élémentaires , son chemin brise les barrières entre le conscient et le subconscient. Par ailleurs, jouant comme chanteur dans le groupe BOATO, Cabelo déclare que la poésie est la base de son travail, ne trouvant aucune différence entre musique et art visuel. Il a eu d’importantes expositions personelles à la Galeria dell’Arte Moderna de Bologna (2001), Centre d’Art Santa Mónica in Barcelona (2005), à côté de sa participation dans plusieurs concerts de groupes, notamment à Whitechapel Art Gallery, Londres (1997), X Documenta de Kassel (1997), au CAPC Musée d’Art Contemporain, Bordeaux, France (2001), au Walker Art Center, Minneapolis, Minnesota (2003), Fondazione Sandretto Re Rebaudengo Per L´Arte, Turin, (2003), Contemporary Arts Museum, Houston, Texas (2004) et aux biennales comme São Paulo, Brazil et Cuenca, Ecuador (2004). En 2008, il presente la performance The Sheppard of the Shadows au ARCO Madrid. Born in 1967, in Cachoeiro de Itapemirim, ES, Brazil. Lives and works in Rio de Janeiro, Brazil. Cabelo is a very peculiar artist that explores the potential of drawing and language in a somehow surrealistic way, strongly linked to the subconscious and to the induction of disturbed states of mind, assuming improvisation and spontaneity as components of his work. His creations reveal a magical and primitive universe, through the use of elementary symbols, as a way to break the barriers between the conscious and the subconscious. Also acting as a singer at the band Boato, Cabelo states that poetry is the basis of his work, finding no difference between music and visual art. He had important solo shows at Galeria dell’Arte Moderna de Bologna (2001), Centre D’Art Santa Mónica in Barcelona (2005), besides the participation in several group shows, including the Whitechapel Art Gallery, London (1997), X Documenta de Kassel (1997), in CAPC Musée d’Art Contemporain, Bordeaux, France (2001), at the Walker Art Center, Minneapolis, Minnesota (2003), Fondazione Sandretto Re Rebaudengo Per L´Arte, Turin, (2003), Contemporary Arts Museum, Houston, Texas (2004) and biennials like São Paulo, Brazil and Cuenca, Ecuador (2004). In 2008 he presented the performance «The Sheppard of the Shadows» at ARCO Madrid. Cabelo is represented in Portugal by Gallery 3+1 CONTEMPORARY ART.


Margarida Gouveia It Doesn’t Move [Ça ne bouge pas] 2007 | 00:04:02 video boucle | HDV PAL 16:9 | muet | N&B Edition: 1/3 + AP

Cette vidéo fait partie de la série It Doesn’t Move, 2007. La série tourne autour de performances entre l’image et la réalité, ou je court-circuite les incidents de ma propre image, en utilisant pour cela un papier découpé de moi-même. Un personnage de papier virevolte et projette son ombre sur le paysage, dans un mouvement perpétuel.

Francisco Queirós Né à Lisbonne en 1972. Vit et travaille à Sintra, Portugal. Born in Lisbon in 1972. Lives and works in Sintra, Portugal. He is represented in Portugal by Lisboa 20 Arte Contemporanea.

Peter Pan P | 2005 | 00:05:00

The nature of the beast P | 2006 | 00:05:50

This video is part of the series It doesn’t move, 2007. The series revolves around performing between image and reality, were I short-circuit the incidents of my own image, using for that a paper cut-out of myself. A plane figure of paper floats and projects it’s shadow on the landscape, front and back in an endless movement. Margarida Gouveia is represented in Portugal by Lisboa 20 Arte Contemporanea.

13 Pays invité : Le Portugal


daniel blaufuks Slightly smaller than Indiana P | 2006 | 01:18:00 | vidéo | couleur musique originale : Dead Combo production : Laranja Azul Lisboa

Au cours de l’été 2004, j’ai voyagé à travers le Portugal, pour y tourner mon projet : un road movie sur un pays qui peut être traversé en six heures du nord au sud, et seulement une heure et demie d’est en ouest. Le paysage que nous traversions, Joao Ribeiro (caméra) et moi, était marqué par l’après Euro 2004, et le gouvernement provisoire de Santana Lopes. C’est un pays qui ressemblait encore à l’idée que nous avions de notre « patrie», mais qui ne correspondait plus à la réalité et son devenir, presque méconnaissable, comme une carte postale. J’étais guidé par cette volonté de réaliser ce film et ce voyage dans une vieille Mercedes, nommée Rocinante, qui sût nous inquiéter à plus d’un titre. Le Portugal aujourd’hui est un territoire en profonde mutation, un mélange de ce qu’il a été, et une idée de l’Amérique, qui a été importée et modifiée par l’Europe centrale il y a des années. Les autoroutes sillonnent littéralement le pays, donnant une fausse impression de vitesse, car il ne me semble pas qu’elles furent accompagnées par une rapidité plus grande dans les actes et la pensée en général. Le paysage est falsifié et violé par chacun, mené par les pouvoirs politiques de toutes les couleurs et des promoteurs, tandis que la plupart d’entre nous regardent passivement. Ce qui ressemble le plus à une politique environnementale que les gouvernements et les autorités locales ont inventés, c’est la création d’innombrables terrains de golf. Beaucoup d’entre eux sont des paysages fictifs qui sucent l’eau du sous sol, asséchant les napes phréatiques et sont accessibles seulement par une élite. L’agriculture est en voie d’extinction. Tout semble fait pour l’argent et la rentabilité à court terme. Les constructions manquent autant de qualité que de goût, mais aussi de notion de taille et d’emplacement. Des centres

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commerciaux gigantesques, copiés sur ceux de Etats-Unis, ne sont pas implantés à l’extérieur, dans de vastes espaces, mais coincés entre un village et une ville. Des villas énormes sont construites dans des secteurs protégés, déjà menacées par l’océan, d’autres sont construites tout contre des autoroutes bruyantes. On maltraite l’espace public avec des monuments atroces baptisés « art public ». L’espace privé, cependant petit, est égoïstement inclus à l’intérieur des barrières des murs et des rails. Au dessous ou au dessus de la surface de ce paysage, des memoires individuelles et collectives, ainsi que d’autres réalités sont cachées. Nous devons simplement ouvrir les journaux pour apprécier certains d’entre eux: corps trouvés sur un versant d’une montagne, enfants abusés, accidents de voiture. De toute façon c’était l’été, Joao et moi, travaillions du matin au soir. En arrivant dans les hôtels et pensions, épuisés, prêts à dormir, mais visionnant les morceaux de films que nous avions tournés chaque jours, il m’est devenu clair qu’il etait difficile de peindre l’immensité d’un désert sur un écran. Je ne pouvais pas m’endormir...la température est montée, mais le ciel était toujours blanc, ce qui était mauvais pour le type de film que j’avais en tête. La saison des baignades battait son plein, les côtes et les piscines étaient pleines, les feux éclataient de partout, et le trafic toujours plus intense, portait le bruit de voitures, des motos et des klaxons. Dans chaque café et restaurant, on pouvait entendre le son de la musique ou de la télé, parfois les deux en même temps. Le jour ou la température a atteint 43°C, nous tournions au milieu d’un paysage qui avait brulé la veille. Joao était désespéré, car nous ne trouvions que des frites grasses à manger, et invariablement des salades laitue-tomate. En attendant, je ne pouvais penser qu’aux paroles d’une chanson de Morrissey : Hide on the promenade. etch a postcard: « How I dearly wish I was not here » in the seaside town that they forgot to bomb Come, come, come - nuclear bomb...» Mais n’était-ce pas cela que j’avais désiré pour mon film?


N’était-ce pas ce chaos que je cherchais et qui m’avait poussé dans cette sorte d’aventure? La réalité à dépassé mes espérences, et, oui, c’etait ce que je voulais pour mon film. Le problème, ce n’etait pas ce que je voulais pour mon pays. In the summer of 2004, I traveled across Portugal to shoot my project: a road-movie about a country that can be crossed in six hours from north to south and just one hour and a half from east to west. The landscape we passed through, (camera) Joao Ribeiro and I, was the post-Euro 2004 Portugal, with the provisional government of Santana Lopes about to take office. It is a country that still seems like the idea we all have of “our homeland”, but which actually no longer corresponds to reality and is becoming almost unrecognizable, as in a postcard. It was this notion that led me to want to make this film, and this journey in an old Mercedes named Rocinante, eventually confirmed it, sometimes in an alarming way. Portugal today is a territory undergoing deep transformation, a mixture of what it was and an idea of America, which was imported and changed by Central Europe years ago.The highways literally split the country, giving a false sense of speed, because it doesn’t seem to me that this is being accompanied by greater swiftness in deed or in thinking in general. The landscape is adulterated and violated by everyone, led by the political powers of all colors and property developers, while most of us just look on passively. The closest to an environmental policy of any consequence that governments and local authorities have come up with is the creation of innumerable golf courses. Many of these are no more than fictional landscapes that suck the water from the subsoil, drying up the original natural features, and accessible only to a select few. Agriculture is on the road to extinction. Everything seems to be

done for money and the economic value. Construction lacks both quality and taste, but also a sense of size and location: gigantic shopping malls copied from the United States, which there do not stand out in the vast spaces they have available, but here are boxed in-between a village and a town. Huge villas are built in protected coastal areas, already threatened by the ocean anyhow. Others are built beside noisy motorways. Public space is maltreated or littered with atrocious monuments they call «public art». Private space, however small, is selfishly enclosed inside fences, walls and railings. Beneath or on top of the surface of this landscape, individual and collective memories and other realities are hidden. We simply have to open the newspaper to appreciate some of them: bodies found on a mountainside, children being abused, car crashes. Anyway, it was summer, and Joao and I were working from morning to night. We would arrive at hotels and guesthouses tired out, ready to sleep. But, seeing the bits of film we had shot each day, it became apparent to me how difficult it is to portray the vastness of a desert on a screen. And I couldn’t fall asleep ...the temperature went up, but the sky was always white, which was bad for the kind of film that I had in mind. The bathing season was in full swing, the beaches and swimming pools were full of people, fires were breaking out everywhere, and the intense traffic always carried with it the noise of the cars, motorbikes, the hooting of horns. In every cafe and restaurant could be heard the sound of music or the television or, sometimes, both at the same time. On the day when the temperature reached 43 C, we were filming in the middle of a landscape that had burnt the previous day. Joao was in despair because we rarely managed to find anything to go withour meals other than greasy French fries and, if we were lucky, some sort of salad, invariably lettuce and tomato. Meanwhile I could only think of the lyrics to a Morrissey song, Hide on the promenade, etch a postcard : “How I dearly wish I was not here in the seaside town that they forgot to bomb, Come, come, come - nuclear bomb...” But wasn’t this what I had wanted for my film? Wasn’t it this chaos that I’d come in search of and that had pushed me into this kind of adventure? The reality surpassed my expectations and, yes, this was what I wanted for my film.The problem was that this was not what I wanted for my country. He is represented in Portugal by galerie Carlos Carvalho arte contemporânea.

15 Pays invité : Le Portugal


YONAMINE Wash [Nettoyage] 2008 | 00:05:11 | vidéo en boucle | dimensions variables Courtesy Sindika Dokolo, African Collection Of Contemporary Art | Courtesy Cristina Guerra, Contemporary Art

« Yonamine vient d’un pays détruit, l’Angola. Un pays dont l’histoire, au lieu de travailler comme un palimpseste – c’est un texte sur lequel plusieurs écrits ont été produits en laissant une trace de ceux qui les précèdent – a toujours travaillé comme un processus d’effacement. L’histoire a été effacée au nom d’un plus grand intérêt. Le passé colonial portugais a été supprimé par le processus de décolonisation brutale, qui, par son tour, a été effacé par la guerre qui est maintenant effacée par la paix. Ce processus de nettoyages consécutifs est un abrasif, comme si le corps (du pays) avait été éliminé avec une brosse en acier. Et la peau, constamment blessé, mute en une peau de plus en plus épaisse, une carapace. L’installation vidéo Wash, est précisément une main avec un gant de caoutchouc noir essuyant un journal avec un article sur l’immigration, sur l’autre écran, on peut voir un mur fait de journaux en feu, ouvrant un trou à travers lequel nous pouvons voir l’artiste, presque comme si il était un fantôme. Les journaux apparaissent comme une allusion permanente à la condition précaire de l’Histoire et du Temps. Les journaux donnent des avis de l’époque actuelle, elles sont le lieu de l’actualité, mais aussi un lieu de l’éphémère, d’un temps qui est consommée par la voracité du temps lui-même. Pour cette idée de l’effacement, nous pouvons porter une idée de l’accumulation qui est, ensuite, la double face de la même médaille. L’accumulation est aussi un moyen d’effacer, car elle traite de la logique de plus de couches et de la disparition de la couche précédente. (...)» Cunha e Silva, Paulo, texte pour l’exposition Tuga Suave Galeria 3+1, Lisbon, 2008.

“Yonamine comes from an erased country, Angola. A country which history, instead of working as a palimpsest – that is, a text over which multiple writings were produced leaving notice of those preceding them – has always worked as an erasing process. History has been erased in the name of a bigger interest. The Portuguese colonial past was removed by the sudden decolonization process, which, by its turn, was erased by the war that now is being erased by peace. This consecutive cleaning process was an abrasive one, as if the body (of the country) was being wiped out with

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a steel brush. And the skin, constantly wounded, mutated into a hard, scaly skin, into a carapace. The video installation Wash, is precisely a hand with a black rubber glove relentlessly wiping a newspaper with a notice about immigration, and in the opposite of the installation, we can see a wall made of newspapers on fire, opening a hole through which we can see the artist, almost as if a ghost. The newspapers appear as a permanent allusion to the precarious condition of History and Time. Newspapers give notice of the present time, they are the place for the news, but also a place of the ephemeral, of a time that is consumed by the voracity of time itself. To this idea of erasure we can relate an idea of accumulation that is, afterwards, the double face of the same coin. Accumulation is also a way of erasing, as it deals with the logic of over layering and disappearance of the previous layer.(…)” Cunha e Silva, Paulo, In the text for the exhibition Tuga Suave Galeria 3+1, Lisbon, 2008.


MIGUEL PALMA Né à Lisbonne en 1964, l’artiste vit et travaille à Lisbonne et à New York. Miguel Palma crée ses oeuvres à partir d’objets industriels et de récupération. Il utilise d’anciennes machines et ses artefacts, les intégre en quelque chose de nouveau, leur procurant un nouveau sens. Born in Lisbon in 1964, the artist lives and Works in Lisbon and New York. Miguel Palma creates his works out of industrial and used objects. He uses old machines and artifacts and their parts to integrate them into something new, transferring them a new sense. Miguel Palma is represented in Portugal by gallery Baginski.

Lisboa-Roterdão 2001 | 00:04:18 image : Miguel Palma | montage : Pedro Reis Berardo Collection

Une remorque avec une ville côtière à l’intérieur, cette « boîte » a été transportée par la route de Lisbonne à Rotterdam. Dans le véhicule était embarqué une caméra vidéo. Sous l’effet des fluctuations de la conduite, l’eau submerge les zones résidentielles. This towcar with a coastal city lined the acrylic box was transported by road from Lisbon to Rotterdam. The vehicle had a video camera that recor-

ded the changes in its interior due to the effect of fluctuations in driving: the water flood the residential areas.

Festival Aéreo 2001 | 00:05:11 | installation vidéo image : Miguel Palma | montage : Pedro Reis | Fernando Espirito Santo Collection

L’avion Piper Super Club échelle 1:3, équipé d’un pilote et d’un caméscope qui enregistre un voyage autour de Lisbonne. Cette vidéo a ensuite été montrée sur un écran à l’intérieur de l’avion, où il est possible de voir le film du voyage.

Airplane Piper Super Club 1:3 scale, includes driver and camcorder that records a trip around Lisbon. This video was then shown on a monitor inside the aircraft, where it is possible to see the film of the travel.

Património 2002 | 00:11:56 image / montage : Paulo Mendes, António Caramelo | PMLJ Foundation Collection | Fabien Frynz Collection

Documentation d’une action qui a eu lieu à l’ouverture de l’exposition solo de Miguel Palma – Mini Mind au Cercle des Beaux-Arts de Coimbra (PACE), le 9

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Projecto Aríete 2005 | 00:05:37 image : João Bonito | montage : António Caramelo | Américo Marques Collection

novembre 2002. Il s’agit d’un enregistrement de la destruction et la reconstruction d’une copie d’un pot Japonais « Imai » du xviiie siècle. Documentation of an action occurred at the opening of the solo exhibition of Miguel Palma - Mini Mind in the Circle of Fine Arts of Coimbra (CAPC) on 9 November 2002. This is a recording of the destruction process and reconstruction of a copy of a Japanese “Imai” jar of the 18th century.

Travelling with pets 2003 | 00:06:43 |Super8 film transferred to DVD | image / montage : Laurent Simões | Américo Marques Collection

L’enregistrement vidéo de l’utilisation d’un dispositif de transport des animaux adapté au toit d’une voiture. Présenté in­itialement dans la salle d’exposition de l’agence commerciale de compagnie d’aviation, Aeroflot, à Lisbonne. Video recording of the use of a device for transport of animals adapted to the roof of a car. Displayed in showroom of the agency’s commercial aviation company, Aeroflot, in Lisbon.

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Accident Motion Pictures 2003 | 00:03:57 | installation vidéo image : Guideon Nell, António Caramelo, Vitor Pires Vieira | montage : Guideon Nell | Américo Marques Collection

Une ambulance dont l’intérieur a été trans­formé en une petite ville à l’échelle 1/18. Lorsque vous conduisez le véhicule, il produit plusieurs victimes entre les voitures miniatures qui sont filmées et présentées simultanément dans les quatre moniteurs installés à l’intérieur de l’ambulance. Ambulance in which its interior has been transformed into a small city at the scale 1/18. When driving the vehicle, it produces multiple casualties between the miniature cars, which are filmed and simultaneously presented in four viewing monitors inside the ambulance.

Miguel Palma fait un voyage dans plusieurs pays européens afin de visiter certains des plus importants musées et centres d’art contemporains. La Porshe 911 qu’il conduit, est équipée d’un poste de pilotage d’un avion militaire sur le toit. Tout en visitant les musées, Miguel Palma transporte une partie de cette structure, qui contient un catalogue de son travail. Miguel Palma made a trip around several European in order to visit some of the most important museums and centers of contemporary art. The Porshe 911 in which he travelled, carried a military aircraft cockpit on the roof. While visiting the museums, Miguel Palma carried a section of this structure, which contained a portfolio of his work.

Ultramar 2003 | 00:10:52 image / montage : António Caramelo | collection de l’artiste

Un voyage en bateau sur un navire de croisière. L’auteur évoque et simule la cérémonie d’adieu de son père dans les années 60 dans le contexte de la guerre coloniale outre-mer / Ultramar. From a trip on a turistic cruise, the author mimics a farewell by his father in the 60s in the context of the colonial war in the Overseas / Ultramar.


Catarina Campino Spanish Kiss [Baiser espagnol] P | 2000 | 00:03:01 | vidéo musique : Rumba Gitana by Quisada par Eugenio de Badajoz (The LP Bailes Flamencos (Marfer), joué en accéléré

Si l’on place deux allumettes à la verticale tête à tête au-dessus d’une boîte d’allumettes et si on met le feu à l’une des allumettes, tandis que la flamme se propage, elle provoque un mouvement de lévitation. Spanish Kiss aborde cette simple astuce, portrait d’un baiser fougueux. Le mouvement circulaire de la boîte d’allumettes et le son d’une musique flamenco, en accélérant la rotation, transforme la scène en une belle chorégraphie et renforce l’atmosphère extatique. Une fois éteint le baiser enflammé, il ne reste rien, mais les corps carbonisés des deux amants. Qu’est-ce qui les retient encore ensemble? La caméra fait un zoom, en essayant de discerner les visages, qui ne sont que de gros morceaux de charbon. If one places two matches vertically with heads leaning together on top of a box of matches and sets the body of one of the matches on fire, it carries through a levitation movement, while the flame spreads and consumes both matches. Spanish Kiss approaches this simple trick of the same name, to make the portrait of an impetuous kiss. The circular movement of the box of matches and the sound of a flamenco tune in sped up rotation transform the scene into a stunning choreography and strengthen the ecstatic atmosphere. Once extinct the inflamed kiss, nothing remains but the carbonised bodies of the two lovers. What still binds them together? The camera zooms in, trying to discern its faces, which are nothing but coarse bits of coal.

EVERLASTing Love (from the Love Hurts series) P | 2001 | 00:03:26 | vidéo en boucle performeurs : Catarina Fonseca and Pedro Mendes musique: montage basé sur un sample, Distant Drums, de Roy Orbinson(Roy Orbinson : The Hits, Pickwick Group)

Dans le décor nostalgique d’un salle de danse, une femme et un homme, vêtus de vêtements de danse latine, armés de gants de boxe. La chorégraphie est accélérée, au battement sonore constant des tambours, les personnages alternent des mouvements gracieux et sensuels, brusques et menaçants. Rituel de séduction ou déclaration de guerre ? Le conflit, même de façon imminente, n’arrive jamais à se concrétiser. In the nostalgic scenery of a dance hall, a woman and a man, dressed with the proper apparel for a Latin dance competition and armed with boxing gloves, perform a sped up choreography, to the constant sound of ruffling drums, alternating sensual and gracious movements with brusque and threatening strikes. Ritual of seduction or declaration of war? The conflict, even so imminent, never arrives to the point materializing itself. She is represented in Portugal by galerie Carlos Carvalho arte contemporânea.

Catarina Campino est née à Lisbonne, en 1972. Diplômée en arts visuels à Ar.Co - Centro de Arte e Comunicação Visual, à Lisbonne. Dans les années 1990, elle conçoit son travail artistique comme une manifestation et un échange d’affection, création de textes, dessins, objets centrés sur les relations avec les personnes les plus proches dans sa vie quotidienne et au niveau émotionnel. Depuis, les relations interpersonnelles, et en particulier les relations d’amour, restent au cœur de son travail. Paralellement à son travail, Catarina Campino exerce une activité secondaire de commissaire et productrice indépendante d’expositions. Catarina Campino (Lisbon, 1972) trained in the visual arts at Ar.Co - Centro de Arte e Comunicação Visual, in Lisbon, Portugal. In the early 1990’s, she conceived her artistic work as a manifestation and an exchange of affection, creating texts, drawings, and objects centred on the relationships with those closest to her in daily life and on an emotional level. Ever since, interpersonal relations, and in particular love relations, remain at the core of her work. her creators: she systematically uses the single steady shot, avoids editing (or conjures its presence), and refrains from using ostensive visual effects. Between 2001 and 2003, many of her works take conventional spaces and situations from the world of opera and classical singing as their starting point and transfigure them. Since then, and with her current use of sculpture, performance, and photography, she has broadened the scope of her work. Campino has maintained a sideline activity as a curator and producer of independent group exhibitions.

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Les états évolutifs des images : citations d’artistes sur l’art, la vie et la politique. Extraits d’une compilation de Miguel Von Hafe Pérez

« Je suis avant tout un artiste. Même si je ne peux pas exprimer ce que cela signifie, je suis intimement persuadé que cela me rend d’une manière ou d’une autre instable socialement. Et si je n’étais pas dans une certaine mesure inadapté, je suis convaincu que j’aurais choisi un mode de vie plus stable. J’embrasse la vie comme un militant engagé, c’est-à-dire que je m’engage activement dans mes activités et rituels quotidiens avec un sentiment de curiosité subversive. Je suis en constante recherche des limites que j’abolie quand je les ai trouvées, puis je recommence. Nous nous comprenons intimement ainsi que le monde qui nous entoure à travers les limites que sont la moralité et les convenances sociales. La pire de toutes ces limites, c’est l’habitude.» “Before anything else I’m an artist. While I can’t say what that means, I do think it makes me somehow socially unstable. If I were not to some degree maladjusted I’m sure I would have chosen a more stable way of life. I embrace life as an activist in the sense that I actively engage my daily rituals and activities with a sense of subversive curiosity. I’m always looking for the limits, when I find them I try to collapse them, and then I start again.We understand ourselves and our world through limits such as morality and social etiquette. The worst limit of all is habit.”

Kendell Geers « Tout art aboutissant à l’empathie est un échec. L’empathie est inactive. L’empathie ne mène pas à l’action.» “Art that results in empathy is a failure. Empathy is inactive. Empathy doesn’t lead to action.”

Vito Acconci « J’essaie de créer un art qui célèbre le doute et l’incertitude, qui provoque des réponses mais ne les donne pas, un art qui retient la signification absolue en incorporant des sens parasites, qui suspend le sens en vous réorientant perpétuellement vers l’interprétation, qui vous pousse à voir au-delà du dogmatisme, au-delà de la doctrine, au-delà de l’idéologie, au-delà de l’autorité.» “I try to make art that celebrates doubt and uncertainty, which provokes answers but doesn’t give them. Which withholds absolute meaning by incorporating para-

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site meanings. Which suspends meaning while perpetually dispatching you toward interpretation, urging you beyond dogmatism, beyond doctrine, beyond ideology, beyond authority.”

Sherrie Levine « Si vous produisez de la peinture protestataire, vous allez vraisemblablement rester en deçà de la complexité de l’appareil qui fait l’objet de vos attaques. Il est émotionnellement agréable de pointer quelque atrocité du doigt en disant que c’est ici que se trouve le salaud qui en est responsable. Mais en réalité, une fois que l’œuvre est exposée dans un endroit public, elle ne s’adresse qu’aux gens qui partagent ces sentiments et qui sont déjà convaincus. Les appels et les condamnations ne provoquent pas la réflexion.» “If you make protest paintings you are likely to stay below the sophistication of the apparatus you are attacking. It is emotionally gratifying to point the finger at some atrocity and say this here is the bastard responsible for it. But, in effect, once the work arrives in a public place, it only addresses itself to people who share these feelings and are already convinced. Appeals and condemnations don’t make you think.”

Hans Haacke « Dire que l’on a besoin de l’art ou de la politique, qui intègrent l’ambiguïté et la contradiction, cela ne revient pas à dire que l’on s’abstient alors de reconnaître et de condamner les choses comme étant mauvaises. Toutefois, cela pourrait nous amener à cesser d’être si fermement convaincu de la certitude de nos propres solutions. Il doit nécessairement y avoir une compréhension solide de la faillibilité et de la manière


Miguel von Hafe Pérez

dont l’acte même de certitude ou d’autorité peut générer des désastres.» “To say that one needs art, or politics, that incorporate ambiguity and contradiction is not to say that one then stops recognizing and condemning things as evil. However, it might stop one being so utterly convinced of the certainty of one’s own solutions. There needs to be a strong understanding of fallibility and how the very act of certainty or authoritativeness can bring disasters.”

William Kentridge « On ne dit pas: “je veux créer pour générer un univers”, parce que cela serait aussi absurde que de déclarer : “je veux faire quelque chose de poétique.” Cela ne marche jamais. Les univers sont créés au hasard, par des explosions, par la connaissance, des intuitions, la conscience, l’ignorance et les actions physiques. Il y a sans doute des aspects scientifiques à mon travail ; je m’intéresse aux lois qui régissent l’univers et à sa fantaisie à générer des schémas de pensée dans ma vie quotidienne. Mais quand les artistes essaient d’être scientifiques, ils commettent les mêmes erreurs que lorsqu’ils essaient d’être poètes ou esthètes. Ils finissent par faire de la science pour enfants ou de la poésie pour adolescents. L’art est pour les adultes.» “We don’t say, “I want to create in order to generate a universe,” because it would be as absurd as to claim, “I want to do something poetic.” That never works. Universes are created by chance, explosions, knowledge, intuitions, awareness, ignorance, and physical actions. There are possible scientific aspects of my work; I have an interest in the general laws of the universe and its fantasy to generate patterns of thought in my everyday life. But when artists try to be scientific, they make the same mistakes as when they try to be poetic or aesthetic. They end up making science for kids or poetry for teenagers. Art is for adults.”

Gabriel Orozco

Né à Porto en 1967. Vit et travaille à Porto. Commissaire indépendant installé à Porto, il a organisé plus de trente expositions depuis 1993. En 2001, il était responsable des arts visuels et de l’architecture de « Porto, Capitale européenne de la culture ». En 2002, il a été commissaire de l’exposition portugaise à la biennale de São Paulo. Conservateur – avec David G. Torres – de la Biennale de Pontevedra 2004 et de 2003 à 2006, conservateur associé au Centre d’Art Santa Monica, Barcelone. Actuellement responsable du projet Anamnese – digital platform on contemporary art from / in Portugal (www.anamnese.pt) pour la Ilidio Pinho Foundation, où il est aussi responsable de la collection d’art contemporain. Publications récentes : Anamnèse-o livro (Fundação Ilidio Pinho, Porto, 2006) ; Propositions da Arte Portuguesa : Position 2007 (Museu de Serralves / Público, 2007). Born in Porto in 1967. Lives and works in Porto. As an independent curator, he has been responsible for more than forty shows since 1993. In 2001 was Head of Visual Arts and Architecture of Porto 2001, European Capital of Culture. In 2002, he was curator of the Portuguese Representation at the São Paulo Biennial (João Tabarra, Poço dos Murmúrios). Curator, with David G. Torres, of the Pontevedra Biennial 2004, and from 2003 to 2006 associate curator at the Centre d’Art Santa Mònica, Barcelona. Currently responsible for the project Anamnese – digital platform on contemporary art from / in Portugal (www.anamnese.pt) for the Ilídio Pinho Foundation, where he’s also head of the contemporary art collection. Recent publications : Anamnese-o livro (Fundação Ilídio Pinho, Porto, 2006) ; Propostas da Arte Portuguesa: Posição 2007 (Museu de Serralves /Público, 2007).

21 Pays invité : Le Portugal


Coul = 0% 50% 0% 0%

134 mm

152 mm

182 mm

107 mm

1,9 mm

20 mm 7,7 mm

144 mm

22 mm


m

Street Art, intervention urbaine

avec Brad Downey, sur une proposition de Jérôme Fino et Flavie Guerrand, artistes et co-programmateurs du festival http://www.braddowney.com/

Une multitude de signaux et de systèmes gouvernent nos villes, et imperceptiblement déterminent notre vie quotidienne. L’artiste Brad Downey réclame le droit pour chaque individu d’interpréter et de comprendre ces systèmes, et de pouvoir ainsi intervenir dans l’espace publique. En tant que citadins, nous sommes acclimatés par ces signes, leurs manipulations et proliférations sont souvent indétectables. Via ses interventions, Brad Downey pointe l’organisation institutionnelle de nos comportements dans la ville. En faisant prendre conscience de ces contrôles, il espère apporter une meilleure compréhension de notre propre situation sociale et urbaine. Subtil, drôle et souvent provocateur, Brad Downey cherche à surprendre les spectateurs en montrant comment l’espace urbain et l’expérience personnelle se chevauchent dans une ère de plus en plus privatisée. Il détourne et réutilise des « restes » oubliés d’architectures urbaines dans le but de les réinventer et de les rajeunir. Ceux-ci sont ensuite ré-insérés dans le paysage quotidien. Ses oeuvres sont une perturbation temporaire, et restent généralement en place peu de temps, parfois quelques minutes, mais peuvent aussi devenir une caractéristique permanente de la métropole. Street Art (Urban Disruption) There are multitudes of signals and systems that govern our cities and imperceptibly determine our everyday movement. Artist Brad Downey stakes a claim for the right of the individual to interpret and understand these systems, and thus regain power in the public arena. As a public, we are acclimatized to these signs and beacons, and their subtle manipulation and proliferation can go undetected. Brad Downey, via his art, shines a light on this institutional regulation of public behavior. By wider awareness of these controls, his viewing public, he hopes, will gain greater understanding of his own urban and social situation.

Jérôme Fino est né à Paris en 1981. Depuis son diplôme à l’Ensa de Bourges, il développe un travail sonore et vidéo en recherchant les relations entre son et matière. Il est aussi un membre de Radio Free Robots. Jérôme Fino is born in Paris in 1981. Since his master of Fine Arts in Bourges, he developped sound and films works. Artist and musician, he’s resarching relations between materials and music. He’s also a member of Radio Free Robots. http://vimeo.com/jrm http://www.radiofreerobots.com/

Flavie Guerrand Vidéaste, monteuse et photographe, vit et travaille à Berlin. Filmmaker,video editor and photographer, lives and works in Berlin.

Brad Downey Traffic Jam for Berlin, 2008 Museum Osnabreuk, Germany Urban detritus, gravity photo by Just | courtesy of the Rik Reinking Collection

23 Street Art


Subtle, comic and very often provocative, Downey aims to surprise the viewer by illuminating how public and private property, and urban space and personal experience, overlap in an era of increasing privatization. He finds forgotten remnants of urban architecture to re-invent and rejuvenate. These are then re-inserted into the everyday landscape. The works are a temporary disruption, usually remaining in place for as short a time as a few minutes, but also sometimes becoming a permanent fixture in the landscape of the metropolis.

TAG YOUR IT

Blu Muto ARG |2008 | 00:07:26 | musique : Andrea Martignoni

Une animation peinte sur des murs publiques, essentiellement en Amérique du Sud. An ambiguous animation painted on public walls mostly in South America.

John Reiss Bomb It (extract from the documentary) US | 2007 | 00:04:00

par Jérôme Fino & Flavie Guerrand Sans règle figée, la rue devient plateforme d’un vaste jeu urbain et inventif qui interroge l’espace public et l’art.

Ce clip montre l’artiste Zezao explorant les canalisations des égouts de Sao Paulo.

Without motionless rules, the street becomes platform of a vast urban and creative gamewhich questions the public place and the art.

Ritche and Zast For My Friends

Jan Svankmajer The Flat CZ | 1969 | 00:12:00

Un homme se retrouve enfermé dans une pièce d’un appartement. A man finds himself trapped inside a oneroom apartment.

The clip shows the artist Zezao exploring the underground sewer system of Sao Paulo.

D | 2006 | 00: 07:30

Un dialogue est créé par le dessin, la danse et la musique. Ces éléments sont communiqués séparemment entre deux stations de train. Avec Christian Marien and Amigo. A dialogue is created with drawing dancing and music. These elements are communicated separately between two train stations. Feat Christian Marien and Amigo.

Nug and Pike So Fresh I Can’t Take It S | 2003 | 00:04:00

Un instant de folie dans le métro de Stockholm avec une bombe aérosol A manic moment, with a spray can in Stockholm subway station.

24 Street Art

Lines D | 2006 | 00: 04:00

A line travels though a tunnel like a communiter.


Stefan Bresinski A.K.A. Jesus and Jerôme Fino Ubahn Music

Nothing But Printing Nothing But Chilling

D | 2008 | 00:02:55

Deux planches, un splif

Ça sonne bien, non?

Two boards, one splif.

Sounds good, hein?

Christian Schellenberger Fitness Center F | 2008 | 00:02:00

L’ exercice physique est parfois illégal. Exercising is illegal sometimes.

Brad Downey ON-OFF F | 2008 | 00:02:00

Un-Stitching (C) Karl D | 2007 | 00:06:00

Akim and Daniel Anti-Square Depression BULG | 2008 | 00:01:00

Sam 3 Water Kiss E | 2008 | 00:01:15

Animation réalisée avec de l’eau et la chaleur du soleil espagnol.

CZ | 2008 | 00:01:03

D | 2008 | 00:01:00

Mischa Leinkauf and Matthias Wermke In between D | 2008 | 00:08:00

Quand une idée devient réalité, quand des images commencent à exister, c’est à ce moment que la fiction devient réalité. Une draisine sur les pistes de la métropole, sans destination. In Between ne raconte pas d’histoire, mais une condition. Il s’agit d’une déclaration d’amour. When a thought turns into reality, when conceived images start to exist, this is when fiction becomes reality. A handcar on the tracks of the metropolis. Infinite, without any destination. In Between tells no story but a condition. It is a declaration of love for the moment.

Spanish sun.

William Lamson Icicle-Baloon

Ouroboros

USA | 2006 | 00:01:00

Musique de Bijan Cheminari “Noh Zarbi” album Eos. Sounds from Bijan Cheminari “Noh Zarbi” album Eos.

The Wa Lolipop

Freaks Gallery and Akay 3 days 3 Shelters CH | 2006 | 00:07:00

Fabriquer chaque nuit une nouvelle chambre à coucher avec des matériaux récoltés durant la journée.

D | 2008 | 00:01:57

The artists have to make a new place to sleep each night using the

Paix, amour et lolipop

materials in the city.

Peace, love and lolipop.

Climber Kevin Kemter.

Guilty Guilty Being Alive By Playing Dead S | 2005 | 00:04:30

Brad Downey CCTV #1

Stop motion with water and the hot

D | 2008 | 00:04:02

Portrait de l’alpiniste urbain Kevin Kemter.

Misha Leinkauf & Matthias Wermke The Neon Orange Cow D | 2005 | 00:06:00

Un expédition dans Berlin la nuit, une vision de la ville rarement perçue. Cette approche à travers les espaces publiques permet de redécouvrir Berlin. An expedition through Berlin at nighttime, a Berlin one usually doesn’t perceive. This approach to dealing with public space opens the view to discover something new in theknown. Berlin from a different perspective.

Brad Downey Auto-Created D | 2008 | 00:06:00 | musique : NeverRecord

Akay and Made Reincarnation S | 2005 | 00:03:00

Christian Schellenberger YES F | 2007 | 00:01:00

for VideoKlubBerlin.

Child F | 2008 | 00:07:00

for VideoKlubBerlin.

Max Stocklosa The History Of D | 2007 | 00:01:43

25 Street Art


Coul = 0% 100% 100% 0%

107 mm


Les mondes dystopiques décrits dans la « soft » science-fiction des années 70-80 semblent être devenus réalité. Les auteurs cyberpunk comme William Gibson sont sortis de l’anticipation pour entrer dans la fiction contemporaine, décrivant toujours cependant les changements technologiques et leurs conséquences funestes sur la société. D’autres comme Bruce Sterling sont devenus des prospectivistes du maillage informatique et électromagnétique actuellement en déploiement : RFID, traçabilité, bases de données, etc. La société Orwellienne de Big Brother – le grand oeil qui voit tout - semble aujourd’hui rendue obsolète au profit d’un « Everyware » panoptique de servitude volontaire. Le monde des angoisses hallucinées de Philip K. Dick est aujourd’hui tangible. Ce monde ou la prochaine révolution de la communication annoncée est celle de la pré-cognition, de la psyonique et de la télépathie, rendue possible grâce à cette grille « everyware ». Mais là où des systèmes dominants régissent les usages et influent sur le quotidien de chacun, des alternatives entre dystopies et utopies permettent d’envisager d’autres univers et de construire d’autres réalités dans ce qu’elles ont de force poétique mais aussi de concrète parce que reliées à des modes de vie. Particulièrement face à une société qui donne à voir pour vrai le spectacle qu’elle produit. Des espaces communicants de travail et de diffusion (Medialab - plateau radio/vidéo/de projection) vont réunir un ensemble d’intervenants. Ils sont invités à montrer et présenter leur travail, et à intégrer des temps communs de discussion qui prendra comme toile de fond un futur possible. Là où se créent des formes d’investigation tendant à une interprétation d’un monde où le désastre est annoncé quotidiennement, se créent aussi des modes concrets de développement de tactiques ou stratégies de ré-appropriation du monde, de modification de l’environnement quotidien.

The dystopian worlds described in ‘soft’ science fiction from the 70s and 80s seem to have become reality. Cyberpunk authors like William Gibson have left the world of anticipation to enter into contemporary fiction while continuing, however, to describe technological changes and their sinister consequences on society. Others, like Bruce Sterling, forecast the information and electromagnetic interconnections that are being rolled out at the moment: RFID, traceability, databases etc. The Orwellian Big Brother society – the great eye that sees everything – seems to have been rendered obsolete in favour of an ‘Everyware’ panoptican of voluntary servitude. Philip K. Dick’s world of wild anxieties has become tangible. This world where the expected communications revolution is that of precognition, psionics and telepathy, made possible by the ‘everyware’ network. But while dominant systems regulate and influence each person’s daily use, alternative systems, between dystopia and utopia, allow us to imagine other universes and construct other realities where they have both a poetic and a concrete force because they are linked to ways of living. This is particularly true in a society that likes to see the truth of the show that it is putting on itself. Communicative spaces for work and broadcasting (Medialab – a radio/video/projection platform) will bring together a number of participants. They will be invited to present their work, and to include some common time for discussion around the theme of what the future might bring. Where some forms of investigation tend to create a version of the world where disasters are announced every day, others create practical ways of developing tactics or strategies to take back the world, to modify the everyday environment.

27 Mondes anticipés / Territoires augmentés


« À partir du moment où une société réussit à faire croire que ce qu’on vit est réel, en ayant réussi à faire que le spectacle soit directement vécu comme une réalité : Il faut quitter la réalité. Car cette homologation que le fascisme n’a jamais obtenue, le pouvoir actuel de la société du désir, a réussi à l’obtenir. Enlevant de la réalité aux divers modes de vie humains.» Solange Morlon

“ From the moment that society succeeds in making us believe that what we are living is real, having managed to make us think that the show we are living through is reality – we must quit reality. Because this approval that Fascism never obtained, the power of our desire-based society has now managed to obtain. Taking away from the reality of many ways of human life.” Solange Morlon

Le plateau

relayé par ((Radio 108)) coordination / médiation : Nathalie Magnan, Ewen Chardonnet réalisation du dispositif : Fabrice Cotinat Nathalie magnan est professeure à l’école nationale supérieure d’art de Bourges. Elle a dirigé La vidéo entre art et communication ensb-a 1997, et en collaboration avec Annick Bureaud, Connection, art, réseaux, média ensb-a 2002. Ses dernières publications : « Hacktivisme : pour une pratique politique du code» in Arts Numériques, tendance, artistes, lieux & festival. ed M21. 2008 / « Interview with Hassan Ibrahim, Al Jazeera » dans Tactics in Hard Times : Space and Practices of New Media MIT Press 2008 / Donna Haraway, Manifeste cyborg et autres essais, science-fictionféminisme sous la direction de Laurence Allard, Delphine Gardey, Nathalie Magnan, édition Exils. Elle a enseigné à l’université de Paris 8 et à l’université de Californie à Santa Cruz. Elle a réalisé pour Paper tiger TV, Deep Dish TV (USA) et Canal+ (France). Nathalie Magnan teaches at Ecole Nationale Superieure d’Art de Bourges. She edited La vidéo entre art et communication ensb-a 1997, and co-edited with avec Annick Bureaud, Connection, art, réseaux, média ensb-a 2002. Her last publications : « Hacktivisme : pour une pratique politique du code » in

Arts Numériques, tendance, artistes, lieux & festival, ed M21, 2008 / « Interview with Hassan Ibrahim, Al Jazeera » in Tactics in Hard Times: Space and Practices of New Media, MIT Press, 2008 / Donna Haraway, Manifeste cyborg et autres essais, science-fiction-féminisme co-edited with Laurence Allard, Delphine Gardey, Nathalie Magnan, édition Exils 2008. She taught at Université de Paris 8 and Université de Californie Santa Cruz. She produced visual essais with Paper Tiger TV, Deep Dish TV (USA) and Canal+ (france).

Ewen Chardonnet Ewen Chardronnet est auteur, artiste et commissaire vivant à Paris. Dans les années passées, il a été actif dans des projets sur les systèmes de l’information et les médias tactiques. Il collabora à divers travaux comme l’Association des Astronautes Autonomes, le Makrolab, l’Acoustic Space Lab et World-Information.org. Il a publié en 2001 Quitter la Gravité, l’anthologie française sur l’Association des Astronautes Autonomes et en 2003, a reçu le Leonardo New Horizons Award. Ses récents travaux artistiques s’orientent sur une recherche à propos des ondes électromagnétiques avec le Spectral Investigations

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Collective et le journal Planète Laboratoire. Il est actuellement commissaire du festival numérique de la Ville de Paris, Futur en Seine. Ewen Chardronnet is an author, artist and curator based in Paris. In the past years Ewen has been active with projects focusing on information systems and tactical media, and engaged in various collaborative works such as the Association of Autonomous Astronauts, Makrolab, Acoustic Space Lab and World-Information. Org. He published in 2001 Quitter la Gravité, the French anthology on the Association of Autonomous Astronauts and in 2003 received the Leonardo New Horizons Award. His recent works include electromagnetic waves related artworks with the Spectral Investigations Collective and the journal The Laboratory Planet. He’s currently curator for the digital city festival in Paris’ region, Futur en Seine.

Fabrice Cotinat vit et travaille à Châteauroux. C’est d’abord comme un habile ingénieur de machines ludiques à la beauté formelle indéniable que Fabrice Cotinat subvertit les mécanismes de production et de réception de l’image en général et de l’oeuvre d’art en particulier. Au sein de La galerie du cartable, il investit la création


audiovisuelle par le biais du cartable-vidéo – espace de projection et de création nomade – et la pratique d’un cinéma d’invention dont l’originalité s’appuie sur des dispositifs low-tech de prises de vue et des mises en scène contraintes par des architectures bricolées.

Lives and works in Châteauroux. It is first as a skilled engineer of playful machines with an undeniable formal beauty that Fabrice Cotinat deals one of its main concerns : subverting mechanisms of production and reception of image in general and the work of art in particular. In the galerie du cartable, he invests visual creation through the cartable-video – nomad and

creative space of screening – and practice of an invention of cinema whose originality based on lowtech devices shooting and staged in cobbled architectures.

Alessandro Ludovico

Alessandro Ludovico est critique

Spam

Le Spam, comme l’un des phénomènes de communication incontournable de notre époque, est une partie de notre quotidien animé dans Infoscape. Le Spam est extrêmement répandu et efficace pour des milliards de personnes (faciles à repérer et à démarcher) dont la porte de communication personnelle et ouverte est constituée par quelques « lettres / chiffres », un @ et quelques points. Plusieurs objectifs sont visés , de la fascinante publicité des produits miraculeux jusqu’à ce qu’on appelle le « phishing », ou encore leurrer les gens pour qu’ils divulguent leurs informations personnelles à des fins néfastes, l’ entrepreneur spammeur sait comment titiller verbalement sa cible presque parfaitement. Ainsi, le spam n’est pas seulement un abus d’un bien publique (les protocoles SMTP et POP3), et pas seulement une façon de survivre sur le plan technique aux fréquentes coupures de services des fournisseurs, mais c’est surtout réinventer continuellement une prose concise et charmeuse. La guerre littéraire sans fin entre les logiciels de filtre des spam et les spammeurs n’aura probablement jamais de gagnant. Ce sera jouer en utilisant différents « code / signe » à tour de nouvelles combinaisons de filtres et le passage à travers la ‘protection / censure’ verbale. Avec une surcharge constante de la rétine, quelques stratégiques mots(clés) peuvent faire la différence. Spam, as one of the inescapable communication phenomena of our times, is a lively part of our everyday infoscape. Spam is extremely pervasive and effective for billions of persons whose (easy to spot and trade) personal and open communication door is constituted by few letters/numbers, a @ and some dots. With various final aims, from the fascinating advertisement of miraculous products to the so-called “phishing”, or tricking people into disclosing personal information for nefarious purposes, the spam entrepreneur knows almost perfectly how to verbally titillate his target. So spam it’s not only about abusing a common (the smtp and pop3 protocols), and not only about technically survive the frequent providers’ cuts of services, but mainly about continually reinventing the concise language of good’s charm. And the endless literary war between software spam-filters and spammers will probably never have a winner. It’ll be played using different code/sign combinations to trick new filters and go through the verbal protection/censorship. With a constant retina overload, few strategic (key)words can make the difference.

et rédacteur en chef du magazine Neural depuis 1993. Il est l’auteur de plusieurs essais sur la culture numérique et il co-dirige Mag.Net Reader. Il est l’un des contributeurs fondateur de la communauté Nettime, l’un des fondateur de l’organisation Mag.Net (éditeurs de la culture électronique). Il enseigne le Computer Art et les interfaces esthétiques à l’académie d’art de Carrara (Italie). Parallèlement, il collabore avec Ubermorgen et Paolo Cirio sur des projets artistiques qui ont fait le tour du monde. Alessandro Ludovico is a media critic and editor in chief of the highly respected Neural magazine from 1993. He is the author of several essays on digital culture, he co-edited Mag.Net Reader (1 and 2). He’s one of the founding contributors of the Nettime community, one of the founders of the Mag.Net (Electronic Cultural Publishers) organization and he teaches Computer Art and Interface Aesthetics at the Academy of Art in Carrara. he also collaborates with Ubermorgen and Paolo Cirio on artistic projects which have toured the world.

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Mondes anticipés / Territoires augmentés


Konrad Becker

Cultural Peacekeeping in the Theaters of Possessions Présentation de quelques principes fondamentaux mondialement déployés des technologies créatives de contrôle culturel, de pacification de l’individu, du vivant que l’on fait taire et l’énigme du zombie. La surveillance est faite pour sécuriser la propriété et les investissements. La priorité aujourd’hui est de protéger la Propriété Intellectuelle. Mais nous devons nous demander ce qu’est la possession, ce que sont les biens intangibles et de quelle manière est-il lié au maintien culturel de la paix ? Les théâtres des possessions sont le champ de bataille pour le contrôle de l’objet et du sujet dans le féodalisme de l’information. La sécurité n’est pas seulement technologique mais une façon de penser intériorisée où le contrôle est maintenu par la crainte du synthétique et le besoin de sécuriser la propriété contre autrui. Les caméras de sécurité n’ont pas besoin d’être connectées ; elles n’ont même pas besoin d’être allumées pour exercer leur magie dans le rhizome des Yeux Diaboliques et leurs systèmes de domination symbolique. Maximiser les moyens de sécurité pour minimiser la vie. Le mariage chimique des technologies de contrôle et de l’imagination, la convergence du Divertissement Militaire de la sécurité et de la culture, provoque une nouvelle ère de direction des conflits pré-humain. Cultural Peacekeeping in the Theaters of Possessions Presentation of some basic principles of the globally deployed creative technologies of cultural control, the pacification of the individual, the silencing of the living and the enigma of the undead. Surveillance is to secure property and investments. Today’s priority is to protect Intellectual Property. But we have to ask what ownership is, what intangible assets are and how it is related to cultural peacekeeping? Theaters of possession are the battleground for control of object and subject in information feudalism. Security is not just technology but an internalized mindset where control is maintained by synthetic fear and the need to secure property against some other. CCTV cameras need not be connected; they do not even have to be «on» to work their magic in the rhizome of Evil Eyes and systems of symbolic domination. To maximize security means to minimize life. The chemical wedding of the technologies of control and the imagination, the Military Entertainment convergence of security and culture, brings on a new era of post-human conflict management.

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Konrad Becker fondateur de « Global Security Alliance » l’agence de maintien de la paix culturelle, est un chercheur en communication interdisciplinaire, théoricien et practicien. Il a été actif dans les médias électroniques en tant qu’artiste, écrivain, compositeur ainsi que commissaire, producteur, éditeur et organisateur. Directeur et co-fondateur de l’Institut pour les Nouvelles Technologies de la Culture/t0, et de Public Netbase de 1994 à 2006, il commença World-information. org et World Information Institute, une agence d’intelligence culturelle. Prochaine édition: Le Dictionnaire stratégique de la Réalité (Autonomedia 2009) Konrad Becker founder of “Global Security Alliance” cultural peacekeeping agency is an interdisciplinary communication researcher, theorist and practitioner. He has been active in electronic media as an artist, writer, composer as well as curator, producer, publisher and organizer. Director and cofounder of the Institute for New Culture Technologies/t0, and of Public Netbase from 1994 to 2006, he started World-Information.Org and World-Information Institute, a cultural intelligence agency. Upcoming publication: Strategic Reality Dictionary (Autonomedia, 2009). http://www.t0.or.at http://world-information.org http://global-security-alliance. com


Bureau d’études Le groupe conceptuel Bureau d’études développe un travail collectif croisant art, théorie et recherche. Ce travail se traduit notamment par la réalisation de cartographies sur les réseaux et complexes de pouvoirs, rendant lisibles les liens entre les Etats, les groupes financiers, les think tanks, les entreprises... Ces cartographies sont diffusées dans des contextes artistiques, militants, universitaires ou sans qualité. Dans l’ Université Tangente, un projet de recherche indépendant pour la production de savoirs autonomes, les cartographies deviennent des outils coopératifs pour traquer les relations de pouvoirs mondialisés et agir pour renforcer des voies alternatives de production de vérité, de savoirs et de pouvoirs. www. utangent.org

Depuis 2008, se développe le projet d’une base de donnée en ligne Mapping the Laboratory Planet (http:// laboratoryplanet.org/) augmentant l’investigation conceptuelle des cartes par une approche géolocalisée des centres d’action de la « Planète Laboratoire ». Ils fondent en 2006 avec Ewen Chardronnet le journal indépendant La Planète Laboratoire (http://laboratoryplanet.org/), journal périodique de philosophie des sciences et critique des techniques, explorant les scénarios qui justifient les expérimentations démiurgiques du Monde devenu Laboratoire. Conscient des limites d’une approche exclusivement critique, ils élaborent la construction d’une « Commune expérimentale» en milieu rural basé sur la tri-articulation culture/agriculture/social pour y faire émerger des tentatives de réponses à l’organisation irrationnelle du monde-laboratoire. La planète Laboratoire La Planète Laboratoire est un journal périodique de philosophie des sciences et critique des techniques, tiré en deux versions, française et anglaise, et diffusé par un réseau de personnes-relais. La direction éditoriale du journal est assurée par Bureau d’études, Ewen Chardronnet et Michel Tibon-Cornillot. Le constat Depuis la Seconde Guerre Mondiale, le monde se transforme progressivement en laboratoire à l’échelle 1. Au modèle du «monde usine» s’ajoute désormais un modèle de «monde laboratoire». Ce devenir-monde du laboratoire encourage la manipulation du vivant selon la doctrine du «risque acceptable». La radicalisation de la compétition et les «manques à gagner» dans les investissements planifiés autorisent les tests en «conditions réelles».

The conceptual group Bureau d’études develops collective work combining art, theory and research. This work is particularly focussed on the mapping of networks and complexes of power, showing the links between states, financial groups, think tanks, companies, etc. These maps are made available to people in artistic fields, militants, university researchers and others. In the Tangential University, an independent research project on the autonomous production of knowledge, this mapping becomes a cooperative tool used to track worldwide power relationships and to strengthen alternative ways of producing truth, knowledge and power (www.utangent.org). The online database project Mapping the Laboratory has been under development since 2008 (http:// laboratoryplanet.org), increasing the conceptual investigation of maps with a geolocalised approach to the Laboratory Planet’s action centres. The independent journal Laboratory Planet was founded in 2006 with Ewen Chardronnet. It is a periodical journal about the philosophy of sciences and critical writing on technology, exploring the scenarios that justify the demiurgical experiments of the World that has become a Laboratory. Aware of the limits of an exclusively critical approach, they are working on the construction of an experimental commune in a rural setting based on the triangle culture/agriculture/social themes, attempt to come up with some answers to the irrational organisation of the laboratory-planet. The Laboratory Planet The Laboratory Planet is a periodical journal about the philosophy of sciences and critical writing on technology, published in English and French, and circulated by a network of local distributors. The editors are Bureau d’etudes’ Ewen Chardronnet and Michel Tibon-Cornillot.

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Les objectifs du journal Le journal explore les scénarios apocalyptiques qui justifient les expérimentations démiurgiques du monde devenu laboratoire. La Planète Laboratoire veut faire prendre conscience à ses lecteurs que l’organisation rationnelle du monde-laboratoire s’est d’ores et déjà retournée en une organisation irrationnelle menaçant ceux qui l’ont instauré. Lecture biodynamique du Jeu des Rois La biodynamie est une théorie et une pratique agricole initiée par Rudolf Steiner au début du xxe siècle qui a l’ambition de soigner une terre dont nous savons tous aujourd’hui qu’elle est malade. Le Jeu des rois est une pièce de théâtre qui était jouée au Moyen Âge autour du 6 janvier. Dans les cultures anciennes non chrétiennes et chrétiennes ce moment de l’année était célébré comme moment de mort et de renaissance de la lumière et de la Terre. Le travail de lecture biodynamique du Jeu des rois est venu d’une intuition qu’il fallait vérifier, savoir que tout ce récit chrétien des rois-mages décrivait en quelque sorte, des processus de la nature, un drame qui se produit dans l’activité chimique de la terre. Un drame qui se produit également dans la vie végétale qui voit au cours de l’été surgir l’étoile du pistil, du pollen, étoile qui descend en automne dans la graîne pour renaître au printemps. Le temps des rois dans la nature, c’est l’évocation d’un processus qui commence et qui, en se mettant en mouvement, rencontre des obstacles, des forces d’anéantissement, suscite des métamorphoses, des polarisations, des renversements dans la vie des éléments.

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The situation Since the Second World War, the world has been progressively transformed into a full scale laboratory. The model of a “laboratory world” has now been added to the model of a “factory world”. This developing laboratory-world promotes the manipulation of the living according to the doctrine of “acceptable risk”. The radicalisation of competition and the “short-falls” in planned investments result in tests under «real-life conditions». The aims of the journal The journal explores the apocalyptic scenarios which are used to justify the demiurgic experimentation in a world that has become a laboratory. The Laboratory Planet wants to develop readers’ awareness about the fact that the rational organisation of this laboratory-world has now become an irrational organisation threatening those who created it. A biodynamic reading of the Game of Kings performance

Biodynamics is a theory and an agricultural practice created by Rudolf Steiner at the beginning of the 20th century, which aims to heal an earth now known to be sick. The Game of Kings is a play that was performed in the middle ages around the 6th January. In ancient Christian and non-Christian cultures this time of the year was celebrated as the time of the death and rebirth of light and of the Earth. This work of biodynamic reading of the Game of Kings came from the intuition that it was necessary to check, and to realise that this whole Christian story of the three wise kings described, in a way, the processes of nature, a drama carried out in the chemical activity of the earth. A drama that also happens in the world of plants when the star of the pistil rises in the summer with the pollen and sets in the autumn in the seed to be reborn in the spring. The time of the kings in nature is the evocation of a process which begins, and which then, in the process of moving, meets obstacles and annihilating forces, creates metamorphoses, attractions and disruptions in the life of the elements.


Anne Laforêt

Anne Laforet est

Archéologie des médias [Archeology of the media] L’archéologie des médias propose une réflexion qui va à l’encontre d’une approche des technologies en tant que progrès constant, linéaire, qui rend obsolètes machines et systèmes. Le développement des technologies est ainsi placé dans un ensemble de références socio-techniques et culturelles plus larges. Elle propose une lecture des utopies et dystopies qui se révèle à la fois proche et lointaine de la science-fiction qui, à travers une projection dans le futur, décrit le présent et le passé, les espoirs et peurs liés aux technologies et à leurs usages. The archaeology of the media suggests a reflection that rejects the idea that technologies progress in a constant and linear way, rendering machines and systems obsolete. The development of technology is thus placed within a wider cultural and sociotechnical set of references. Anne Laforêt offers a lecture on utopias and dystopias that turn out to be both close to and far from science fiction, which describes the present and the past, via a projection into the future, of the hopes and fears linked to technologies and their uses.

An Mertens Pour Constant la fiction est un outil de travail. Elle permet de prendre de la distance par rapport à la réalité de tous les jours et d’injecter de nouvelles perspectives dans sa pratique. Quels sont les exemples de la sciencefiction dite féministe qui pourraient inspirer un modèle de travail dans lequel le partage, l’échange et le droit à l’erreur sont les axes centraux ? Est-ce qu’on pourrait relier le potentiel de nouveaux modèles qui réside dans le Cyborg Manifesto de Donna Haraway à la mention de Linux Thorvald dans les notes qui accompagnent la première distribution de Linux : « Interrupts aren’t hidden.» Et qu’est-ce qui arrive quand on essaie de mettre en pratique ces idées dans un projet collaboratif de serveur pour femmes ? An Mertens ne répondra pas à toutes ces questions, mais les prendra comme point de départ pour une session de conte inédite. For Constant fiction is a work tool. Fiction allows you to take a distance from everyday reality and to inject new perspectives in work practises. Which examples of so called feminist science-fiction could inspire a methodology in which sharing, exchange and the right for mistakes are central ? Could we link the potential of new models embedded in the Cyborg Manifesto by Donna Haraway to the statement of Linus Thorvald in the following sentence, from the notes he distributed with the first release of Linux : “Interrupts aren’t hidden.” And what happens when you try to apply these ideas to a collaborative server project for women ? An Mertens will not answer all these questions, but will take them as a starting point for an unreleased storytelling session.

spécialiste du net art et cher­ cheur. Elle vient d’achever son doctorat en sciences de l’information et de la communication avec une thèse sur la conservation du net art. Elle écrit sur la culture électronique pour Poptronics.fr et Arte.tv. Anne prend part depuis une dizaine d’années à différents projets en réseau, autant artistiques que de recherche. Anne Laforêt is a researcher and specialist in net art. She has recently been awarded a doctorate in information and communication sciences, and wrote her thesis on the conservation of net art. She writes about electronic culture for Poptronics.fr and Arte.tv. Anne has been taking part in different networking projects for around ten years, both in the artistic and the research field. http://www.sakasama.net/

An Mertens est membre de Constant et du collectif de Femmes & Logiciels Libres Samedies. Elle écrit, rédige, raconte et expérimente avec des formes de narration analogues et digitales. Constant est une association sans but lucratif basée à Bruxelles, active depuis 1997 dans les domaines du féminisme, des alternatives au copyright et du travail en réseau. Constant mène ses projets en matière de code, design & publication, vidéo, audio, bases de données, en se déplaçant dans les lieux de culture et de travail. An Mertens is member of Constant and of the collective Femmes & Logiciels Libres Samedies. She writes, rewrites, tells stories and experiments with analogue and digitalforms of narration. Constant is a non-profit association, based and active in Brussels since 1997 in the fields of feminism, copyright alternatives and working through networks. Constant develops code, publication and design tools, audio, video electronic music and database projects, by means of migrating from cultural work to work places and back again. http://www.constantvzw.org http://samedi.collectifs.net

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Stéphanie Richard et Alexandre Korber RepRap Le projet RepRap1 (Replicating Rapid prototyping) initié par Adrian Bowyer2 (University of Bath) a pour but de rendre accessible la technologie de « l’imprimante 3d » ou « prototypage rapide » en proposant la fabrication d’une machine pour un investissement maximum de 500 €. La particularité de ce projet par rapport à d’autres projets « Do It Yourself » est dans l’engagement politique de son fondateur Adrian Bowyer. Il est en effet question de se réapproprier les moyens de productions et de rendre l’usage de cette technologie abordable financièrement et techniquement alors qu’elle est encore aujourd’hui réservée à des usages industriels. Outre ses aspects sociologiques et politiques, le projet RepRap est fortement inspiré du modèle de « Constructeur Universel » de John von Neumann : La machine auto-répliquante. En effet, la machine RepRap « Darwin » actuelle peut produire plus de la moitié des ses composants. Le reste étant des tiges filetées, boulons et composants électroniques abordables. Une personne possédant cette machine peut donc produire des pièces à moindre coût, les diffuser et/ ou fabriquer des pièces de rechanges. Cet argument naturaliste rejoint alors les enjeux politiques du projet : les machines peuvent, avec notre aide, « se reproduire » d’une manière exponentielle et ainsi nous offrir une capacité de production sans précédent. 1. http://reprap.org/bin/view/ En partant du /tmp/lab3, premier hacMain/WebHome ker space parisien, ce projet souhaite 2. http://staff.bath.ac.uk/ensab/ 3. http://www.tmplab.org/ confronter la machine aux pratiques artistiques dans le soucis de mettre en réseau nos compétences et proposer un usage créatif et décomplexé de la technologie. Site du projet /tmp/usine : http://dev.tmplab.org/wiki/tmp-usine Forums : http://dev.tmplab.org/projects/tmp-usine/boards

The RepRap (Replicating Rapid Prototyper)1 is a project started by Adrian Bower2 from the University of Bath which aims to make 3D printing, or rapid prototyping technology accessible to all, by making the design publicly available and with a maximum investment of 500. The thing that makes this project special compared to other DIY projects is the political commitment of its founder Adrian Bowyer. His idea is to bring the technology and means of production back into the public domain and make it technically feasible and affordable for everybody, instead of being exclusively reserved for industrial uses as it is today. Apart from the sociological and political aspects, the RepRap project was inspired by the “Universal assemblers” of John von Neumann : a self-replicating machine. The RepRap is itself able to produce more than half of its own parts. The remaining parts are made

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Stéphanie Richard (GAST FALL) est éclairagiste et plasticienne, travaille le son et la vidéo sous formes de concertsperformances (Le Divan du monde à Paris, festival 0/1 à Orléans, OPA à Paris...) ou d’installations (La ferme du Buisson à Noisiel, Centre d’art Rhizome à Torcy, MEM festival à Bilbao) et poursuit une recherche universitaire sur les dispositifs techniques inhérents au théâtre et à la performance. (Université Paris III) http://gastfall.org/

Alexandre Korber est webmaster du département de biologie de l’ENS Paris. Il réalise les vidéos du festival de mode et tendances Modorrra à Bilbao. Est associé aux collectifs Action Futur et Gast Fall dans la réalisation de performances et de vidéos. Fonde PetiteBoiteSansFond dont l’objet est la création d’un lieu de résidence ouvert aux porteurs de projets créatifs : artistes, scientifques, littéraires. Ils collaborent tous les deux avec le /tmp/lab, hackerspace situé à Vitry-sur-Seine pour intégrer le projet RepRap dans de futurs projets artistiques et pédagogiques autour d’une écologie de la production d’objets.


up of threaded metal rods, nuts and affordable electrical components. The machine’s owner can therefore produce low cost parts for others or for spares. This naturalistic argument supports the project’s political goals: the machines can, with our help, self-replicate exponentially and as such make available a hitherto unheard-of production capacity. From the foremost Parisian hacker space, /tmp/lab3, the project intends the machine to meet artistic practises head-on, in order to network our skills and use the technology in a creative and uncomplicated way. /tmp/usine project site: http://dev.tmplab.org/wiki/tmp-usine Forums : http://dev.tmplab.org/projects/tmp-usine/boards 1. http://reprap.org/bin/view/Main/WebHome 2. http://staff.bath.ac.uk/ensab/ 3. http://www.tmplab.org/

Philippe Zunino avec la participation de David Legrand Quitter la réalité = fictions + frictions ou de la réalité du poïétique Depuis longtemps je m’intéresse au potentiel et à la puissance de désignation du langage, des mots, ainsi qu’à leur adresse – C’est à toi que je parle ? …tout particulièrement par l’oralité qui constitue l’essentiel de mes productions sonores ou filmiques –. C’est ainsi que j’ai été conduit à m’interroger et agir non pas simplement sur le sens des mots ou de leurs articulations, c’est-à-dire les considérer comme des motifs, ou des abstractions, tel que le pratiquent les poètes sonores entre autres, ou encore déplacer le sens sur la forme, à la façon de l’art contemporain, version ready made post Marcel Duchamp, mais à réfléchir sur le fonctionnement de l’incorporation de la pensée elle-même, c’est-à-dire à définir des langages – des modes d’expression – qui seraient construits comme des outils critiques d’un monde défini par avance comme réel, unique et irremplaçable, c’est-à-dire implacable. Implacable comme le monde déshumanisé qui se profile et se construit apparemment aujourd’hui dans un sentiment d’impuissance générale. Dire comme faire ? Ces deux aspects sont-ils réellement indissociables ? Que doit-on distinguer ? Au cours de cette conférence fiction, que j’ai intitulée « quitter la réalité = fictions + frictions » je tenterai de montrer en quoi la réalité telle qu’elle s’offre à nous aujourd’hui est plus de l’ordre du contrôle de la pensée, que d’une forme de réalité objective et partageable. Ce contrôle s’exerce par les médias, par l’économie de marché et enfin par le politique via le corps social, c’est-à-dire tous les corps en un.

Quitting reality = fictions + frictions Or the reality of the poietic I have long been interested in the potential and the power of the designation of language, of words, as well as their aim – Is it you I’m talking to? …. Especially by the orality which makes up the main part of my sound and film work. This is how I came to question and act upon not only the sense of words and their articulation, to consider them as patterns or abstractions much as the sound poets and others do, or else to transfer the meaning to the form, in the style of ready-made, post Marcel Duchamp contemporary art, but also to reflect upon the process of the incorporation of the thought itself, defining languages – modes of expression – which could be constructed as tools critical of a world that is predefined as real, unique, and irreplaceable, or in other words, implacable. Implacable like the dehumanised world which is emerging and becoming established today amid a sense of general powerlessness. To say like to do? Are these two aspects really indissociable? What should we dis­tinguish?

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J’en suis arrivé ainsi à considérer que l’espace réel est surtout devenu un espace conflictuel, conflits avec soi-même et avec les autres...d’où l’apparition de l’Autre, ce héros qu’on ne cesse d’encenser et qui lui, n’existe pas non plus. La réalité n’existe plus aujourd’hui que là où le corps se refuse à la pensée et donc au langage, voire au dégoût de la culture elle-même. Je considère donc qu’on peut quitter cette dite réalité prédéfinie puisqu’elle ne signifie plus que le lieu de sa propre destruction. Parler du sens, c’est déjà s’en retirer. Car c’est là où l’économie culturelle parachève la destruction de la pensée, en tentant de combler les désirs par des manques et cela, (?) en faisant passer le vide pour la mort, ce culturel débité et distillé dans une froideur et une distance propre à la réalité quotidienne décrite ci-dessus. Dès lors, les questions de fictions ou de réalités m’apparaissent sous un autre aspect, elles se rapprochent et se dénouent dans la friction, elles se côtoient mais toutefois restent distinctes si le sujet qui s’y trouve pris en étau demeure conscient de l’état du monde, c’est-à-dire s’il reste toujours à son écoute. Il sera ainsi à même d’agir pour et par les autres, c’est-à-dire de vivre sans contraintes. Pour conclure, je citerai en exemple les noms et prénoms que se donnent les manouches, car aucun ne porte le même nom. Porter le même nom, c’est porter le nom d’un mort et ce serait parler de la mort. Or chez les manouches, on ne parle pas de la mort1. Chaque manouche possède un Romano Lap, un nom unique qui ne le relie pas à l’histoire mais à la mémoire, donc à une forme de conscience collective. Le prénom manouche s’inscrit dans un entre deux, une ambiguïté sémantique due à une ambiguïté phonologique (par exemple, certains s’appellent à nos oreilles John, Johnny qu’ils écrivent car certains savent écrire Jony, Jonni, etc montrant ainsi aux gadgés que ces prénoms leur appartiennent et qu’ils les écrivent comme ils l’entendent, car la dernière chose dont ils ont envie, c’est d’écrire leur langue...). Apparaît comme une fonction supplémentaire à celle de nommer, la fonction poétique qui tend à viser le message lui-même et mettre en évidence le côté palpable des signes, au travers de ces prénoms qui appartiennent uniquement à ceux qui les portent. Pour les manouches, n’importe quel endroit, n’importe quel objet peut être Mulengri Plaça (une

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During this fiction conference, that I have entitled “Quitting reality = fictions + frictions”, I will try to show how reality as it is offered to us today is more like thought control than a form of objective and shareable reality. This control is exerced by the media, by the market economy, and in politics through the social institutions which together act as a whole. I have come to consider that real space has essentially become a space in conflict, conflicts within ourselves and conflicts with others … hence the appearance of the Other, that hero that we endlessly praise and who does not exist either. Reality only exists today where the body refuses thought, and hence language, even disgust of culture itself. I consider therefore that we can quit this so called predefined reality since it signifies nothing more than the place of its own destruction. To speak about meaning is to withdraw from meaning. Because that is where the cultural economy completes the destruction of the thought, by trying to satisfy desires with needs, by disguising the emptiness as death, this culture distilled and served up with a coldness and distance well suited to the everyday reality described above. Questions of fictions or of realities now appear to me in a different light, they come together, tangle and disentangle within the friction, they come close to one another but remain distinct from one another if the subject which finds itself caught in a stranglehold stays aware of the state of the world, that is if he continues to listen to it. He will then be ready to act for and through others, to live without constraints. To conclude, I am going to use the example of Romany names, because no two Roma have the same name. To have the same name would be to be named after a dead person, and that would be to speak of death. The Roma never speak of death1. Every Roma has a ‘Romano Lap’, a unique name which doesn’t link to the past, but connects to memory, to a sort of collective consciousness. The Roma names are a grey area, a semantic ambiguity due to a phonological ambiguity ( for


place en rapport avec un mort et que ça ne se voie pas, que n’importe quelle chose puisse être à la fois ce qu’elle a l’air d’être et autre chose)... C’est pourquoi on peut estimer que les manouches à l’inverse des gadgés sont dans un rapport global au monde, les gadgés s’inscrivant dans la surface, la pensée écran, si on considère que l’écriture est advenue par l’image. Si j’ai choisi cette métaphore des prénoms manouches, c’est parce qu’elle me semble parfaitement illustrer la situation d’errance dans laquelle se trouve la pensée occidentale, désunie par le langage. extrait de la conférence Quitter la réalité ? 1. Voir le livre Nous, on n’en parle pas

example, names that we hear as John, or Johnny, are written as Jony, Jonni etc. to show “gadgés”, non-Roma people, that Roma names belong to Roma people and that they write their names as they hear them, because the last thing they wish to do is to write down their language…). The poetic function of the name is supplementary to the naming role, and aims at the message itself, bringing to the fore the evocative signage of these names that only belong to those who bear them. For the Roma any place, any object, can be “Mulengri Plaça”, a place linked to death, unseen, the idea that anything can be both what it appears to be and something else… This is why it is said that the Roma, as opposed to gadgés, have a complete relationship with the world while the gadgés stay on the surface, behind the thought screen, if we consider that writing comes from the image. I have chosen this metaphor of Romany names because it seems to me to perfectly illustrate the misguided situation that western thought finds itself in, fragmented by language. extract from his conference “Quitting Reality” 1. See the book Nous, on n’en parle pas

Artiste de la déflagration et du blasphème, Philippe

Zunino nous confronte avec humour et distance à la violence de l’organisation des discours médiatiques qui structurent notre quotidien. C’est pourquoi nous pouvons quitter cette réalité sans regret. La parole et le sens que portent ses films, ses pièces sonores ou encore ses émissions radiophoniques révèlent la perte collective d’expériences vécues et la soumission généralisée au nouvel ordre économique. Un travail burlesque qui joue de la fragmentation et de la recomposition des langages parlés ou écrits. Ces créations audio visuelles trouvent leur cohérence dans la diversité et l’éclatement d’une utopie commune et

sans fin, qui ferait du langage populaire la conversation courante de la pensée et de la créativité. Une forme de paranoïa critique totalement assumée puisque pour Philippe Zunino il n’y a plus lieu d’affirmer des positions artistiques précises ou identifiables, bien au contraire compte tenu que l’objet critique de ce travail radical se déplace en permanence sur le terrain de la mauvaise foi collective, la colère refoulée, le pouvoir, les frustrations accumulées ou encore l’indifférence. No design. (Maryline Chutet) As an explosive and blasphemous artist, Philippe Zunino confronts us, using humour and a certain distance, with the violence of the organisation of the media commentary which makes up the structure of our daily life. That is why we can quit this reality without any regrets.

The words and meanings that his films, his sound works or his radio programmes bring reveal the collective loss of living experience and the generalised submission to the new economic order. His work is burlesque and plays with the fragmentation and restructuration of spoken and written languages. These audio-visual creations find their coherence in diversity and the shattering of an endless shared utopia which would make bring down the level of conversation about thought and creativity to that of basic language. Philppe Zunino totally accepts this form of paranoid criticism, as he believes that there is no longer any need to take artistic or identifiable stands, quite the reverse I fact given that the critical target of this radical work is constantly moving, covering collective bad faith, repressed anger, power, accumulated frustrations or indifference. No design. (Maryline Chutet)

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Downgrade!

International network of free Gatherings [La dé-mise-à-jour] http://downgrade.fr coordination : Bandits-Mages / Nathalie Magnan, enseignante à l’ENSABourges

Présentation/contexte Vous êtes en 2009 sur Terre. Le crash a déjà eu lieu il y a quelques années mais vous ne savez plus exactement quand. Les principales villes d’Europe et des Etats-Unis sont peuplées de zombies soumis à des bombardements psychotroniques qui neutralisent leur esprit critique et les poussent à consommer toujours plus. L’âge autoritaire du copyright industriel a enterré toute forme de spontanéité et les dispositifs sécuritaires de contrôle ne favorisent pas la socialisation telle que vous l’entendez. Art et culture sont des notions oubliées, remplacées depuis longtemps par la publicité et la télé-réalité. Vous vous sentez isolés au milieu de la matrice. Mais grâce au réseau internet vous êtes en contact avec les derniers résistants de la planète. Avec eux vous partagez la conviction qu’un autre monde est non seulement possible mais inévitable et que tout n’est pas perdu. Downgrade : la dé-mise-à-jour inévitable Vous définirez votre propre projet de dé-mise-àjour et choisirez le cadre idéal pour son développement. C’est grâce à votre intuition et votre ima-

gination, et avec l’aide des savoirs collectifs et libres, que vous vous en sortirez Presentation/context You are on earth in 2009. The crash happened a few years ago, but you don’t remember exactly when. The main cities of Europe and the USA are populated by zombies subjected to psychotronic bombardments which neutralise their critical spirit and push them into consuming more and more. The authoritarian age of industrial copyright has suffocated any form of spontaneity and controlling security devices do not favour socialisation as you see it. Art and culture are forgotten notions, long since replaced by advertising and reality TV. You feel isolated in the middle of this matrix. Thanks to the internet, however, you are in contact with the last rebels on the planet. You share the conviction with them that another world is not only possible, but inevitable, and that all is not lost. The inevitable Downgrade You will define your own downgrade project and choose the ideal framework to develop it. You will manage thanks to your intuition and your imagination, with the help of free and collective knowledge.

Ulrike Uhlig et Emmanuel Revah rike@curlybracket.org

- La situation : confidentialité du courrier électronique, des communications téléphoniques, rétention des données, lois sécuritaires. - Idéaux et stratégies : liberté d’expression, liberté de la presse, secret des communications. Présentation de quelques sites, cas, scénarios. - Tactiques quotidiennes : décentralisation de l’information sur le net (ou : comment devenir indépendant de Google ?), pratiquer l’autogestion informationnelle. « Nous sommes tous les deux artistes plasticiens et gagnons notre pain en tant qu’informaticiens autodidactes. Nous proposons une introduction à la protection de la vie privée dans l’utilisation quotidienne de l’ordinateur et d’internet.»

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- The situation: the confidentiality of electronic mail, telephone, data retention, security laws. - Goals and strategies: freedom of expression, freedom of the press, secrecy of communications. Presentation of some sites, case, scenarios. - Daily tactics: decentralization of information on the net (or: how to become independent of Google?), practice selfmanagement of our own informations. “We are both artists and earn our living as self-educated computer-engeneer. We propose an introduction to the protection of privacy in the everyday use of computer and the internet.”


Comment la sciencefiction et l’art sont venus à être semblables ? par Stéphane Troiscarré

« Il n’y a aucun inconvénient à nommer art l’ensemble de ces activités, c’est à condition toutefois de ne jamais oublier que le même mot recouvre cent choses diverses, se situant différemment dans le temps et dans l’espace, à condition de bien comprendre aussi que l’Art pris comme une abstraction, l’Art avec un grand A, n’existe pas.» Ernst Gombrich L’art est devenu une forme sociologique étendue et sans définition précise. Les nombreuses propositions d’artistes à ce jour n’autorisent plus de poser une définition universelle qui emporterait l’approbation de tous. Les expériences esthétiques du xxe siècle et l’assimilation d’autres civilisations ont sonné le glas d’un Art Majeur quelqu’il fusse. L’essence de l’art a considérablement changée au cours de l’histoire moderne accompagnant le mouvement des idées de la modernité. Longtemps le débat s’est situé autour du passage du transcendant à l’immanent. La disparition du sujet religieux laissant place aux activités humaines, Gustave Courbet abandonne les genres de la peinture pour s’intéresser à l’être humain, James Ensor clôture une période bimillénaire de la représentation en Occident en peignant « l’entrée du Christ à Bruxelles » en 1925, alors que Duchamp travaillait depuis 15 ans son Ready Made. Cette opposition philosophique n’a plus de sens tant l’art s’est étendu à tout le champ sociologique et qu’importe la conviction de l’artiste immanence ou transcendance. Cela relève de ces convictions personnelles. C’est autrement qu’il faut chercher une dynamique générale qui puisse décrire le champ des expériences esthétiques. On serait bien à mal de vouloir décrire la carte de l’ensemble des esthétiques humaines à ce jour. Tout y est dit, la chose et son contraire, l’ancien, l’actuel et le nouveau comme autant de possibilités. Les domaines sciences et art devien-

Anticipated worlds “There is no harm in calling all these activities art as long as we keep in mind that such a word may mean very different things in different times and places, and as long as we realise that Art with a capital A has no existence.” Ernst Gombrich Art has become a widespread sociological form without a precise definition. The number of propositions offered by artists today does not allow us to formulate a universal definition which could meet with the approval of all. The aesthetic experiments of the 20th century and the assimilation of other civilisations sounded the death knoll of any sort of “Art Majeur”. The essence of art has changed significantly throughout modern history along with the shifts in ideas about modernity. For a long time the debate centred around the passage from the transcendent to the immanent. With the disappearance of religious subjects leaving space for human activities, Gustave Courbet abandoned genre painting to concentrate on the human being, James Ensor ended a two thousand year stretch of western representation with his painting ‘Entry of Christ into Brussels’ in 1925, while Duchamp worked on his Ready Made for 15 years. This philosophical opposition loses its sense now that art has spread to all sociological fields, and the artist’s personal conviction regarding immanence or transcendence is of little importance. The general dynamics to describe the area of aesthetic experiences must be found elsewhere. It would certainly be hard to describe the whole range of human aesthetics today. Everything has been said, every thing and its opposite, the ancient, the current and the new as different possibilities. The domains of science and art are becoming porous, non-specialists call for aesthetic

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nent poreux. De non spécialistes revendiquent des postures esthétiques, et l’on devient artiste avec des formations hétérogènes, Mathew Barney est un ancien sportif (cf, article Matthew Barney, Wikipedia), Jeff Koons1 fut trader avant de se lancer dans la production d’esthétique. La figure de l’artiste démiurge conçue au xixe siècle a disparu pour laisser place au chercheur, à l’entrepreneur, au rebelle, au dilettante, au courtisan, à l’amateur. Diversifiée tant dans sa sociologie que dans les pratiques. Une importante communauté internationale produit des expériences esthétiques dont la finalité et le destin est parfaitement adapté à un monde complexe fait de réseaux et de ramifications aux nodalités autonomes et interconnectées. Les grands évènements de l’art contemporains ne sont pas la seule réalité de ce monde aux limites complexes et mouvantes. L’art existe à bien d’autres niveaux. (On ne peut contester le statut d’artiste à un peintre de la place du Tertre. On peut éventuellement s’interroger sur la pertinence de sa posture esthétique). Cette multiplicité peut paraître d’autant plus violente que perdure le souci de trouver de la transcendance sous la forme de l’adéquation au modèle. Ainsi le goût contemporain cumule plusieurs siècles d’expériences esthétiques comme autant de mondes existants. La théorie post-moderne de l’art à posé les bases de cette multiplicité. En établissant des équivalences entre l’art et la production de masse, en dissolvant la notion de style, en minimisant la perspective historique. Valorisant « la fragmentation, la segmentation, la superficialité, le saut stylistique, le flou entre la mediation et la réalité, l’effondrement du passé et du futur dans le présent, la glorification de l’hedonisme, la domination du visuel sur le verbal, (Tetzlaff, 1986) dans Andrew Goodwin : Sound and Vision Fatal distractions : MTV meets postmodern theory ». Cette situation peut paraître semblable en plusieurs points à une dystopie, où le monde apparaît dans plusieurs formes parallèles et disjointes. L’atelier de la Renaissance (je pense aux artistes de la Transavant-garde Enzo Cucchi, Mimmo Palladino) jouxte celui de l’artiste généticien (Eduardo Kacs). Le passage de la transcendance à l’immanence au xixe siècle puis la multiplication des expériences esthétiques au xxe siècle sont les signes d’une histoire culturelle toujours en cours, elle

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positions, and artists can come from mixed backgrounds ; Matthew Barney is an exsportsman (cf Mathew Barney article in Wikipedia), Jeff Koons1 was a trader before getting into aesthetic production. The 19th century image of the artist as a demiurge has disappeared, leaving in its place the researcher, the entrepreneur, the rebel, the dilettante, the courtesan, or the amateur, as varied sociologically as they are practically. A large international community produces aesthetic experiments whose finality and destiny are perfectly adapted to a complex world made up of interconnected independent nodes branching into networks. Contemporary Art’s great events are not the only reality of this world, with its complex and shifting limits. Art exists at many other levels. (We cannot argue with the statute of artist being given to a painter in the place du Tertre. We could possibly wonder about the pertinence of his aesthetic position). This multiplicity can appear even more shocking because of the continuation of the wish to find transcendence in the form of an appropriate model. Contemporary taste is built up on many centuries of aesthetic experiments like as many existing worlds. The post-modern theory of art laid the foundations of this multiplicity by establishing an equivalency between art and mass production, by eliminating the notion of style, and by minimising historical perspective. Valuing instead “fragmentation, segmentation, superficiality, stylistic jumbling, the blurring of mediation and reality, the collapse of past and future onto the moment of the present, the elevation of hedonism, and the dominance of the visual over the verbal” (Tetzlaff, 1986 in Andrew Goodwin’s:  Sound and Vision Fatal distractions : MTV meets postmodern theory). This situation can seem similar in many ways to a dystopia, where the world appears in several disjointed parallel forms. The Renaissance movement (I’m thinking of Transavantgarde artists Enzo Cucchi, Mimmo Palladino) meets that of the transgenic artist (Eduardo Kac). The passage from transcendence to immanence in the 19th century, followed by the multiplication of aesthetic experiments in the 20th century are signs of an ongoing cultural history, extending into multiple


se prolonge dans la multiplicité des mondes esthétiques et dans la profusion des jeux d’influences, des dynamiques stratégiques et des enjeux financiers et de production. L’univers esthétique ne fait que d’accompagner le monde politique en devenant multiple, fragmentaire et multidimensionnel. Cette complexité paraît inquiétante si l’on n’est pas accoutumé à la notion développée en philosophie analytique et en physique des « mondes possibles ».2 Certains philosophes pourraient trouver ainsi une suite à l’effort de libération de l’humanité commencé en Grèce antique. La science-fiction s’est, dès son apparition intéressée aux « mondes possibles », le traitement spéculatif des réalités contingentes et leur projection dans d’autres contextes procède de cette transformation. « Et si cela était ainsi… ?», « Qu’arriverait-il si…?» Ce sont les questions fondamentales des œuvres d’anticipation spéculative. Comme la nouvelle axiomatique développée par David Kellog Lewis remplaçant les opérateurs booléens par d’autres opérateurs permettant ainsi d’élaborer de nouvelles opérations logiques sur le monde. Ce déplacement sémantique permet de moduler les « mondes possibles ». Le déplacement des points de vue, la modification des conditions et des processus permettent d’enrichir notre compréhension de l’expérience vécue. Edwin Abbott et Lewis Caroll sont les précurseurs les plus connus. Alice au pays des Merveilles fonde en 1880 les liens de la logique avec l’imaginaire des mondes parallèles et des mondes possibles. Les deux auteurs ont eu des formations religieuses et sont des logiciens. En 1904, Edwin Abbott (Flat Land, présence du Futur, éd. Denoël) propose de vivre dans un monde à deux dimensions permettant ainsi de comprendre ce qui pourrait se passer dans des dimensions supérieures. La possibilité des mondes est ainsi posée sous une forme rationnelle qui permet de se développer efficacement sans négliger la composante imaginaire et la nécessité de violer les règles. Cette possibilité des mondes apparaît au début du xxe siècle avec l’apparition du collage graphique et du montage cinématographique.

aesthetic worlds and a profusion of influences, strategic dynamics and production and financial stakes. The aesthetic universe just accompanies the political world, becoming multiple, fragmented, and multidimensional. This complexity can seem worrying if we are not used to the notion of “possible worlds”2, developed by analytical philosophy and by physics. Some philosophers find in this a continuation of the attempt to liberate humanity, first started in antique Greece. Science Fiction has been interested in possible worlds from its beginnings, the speculative processing of contingent realities and projection into other contexts comes from this transformation. “What if it was like this?”, “What would happen if…?” These are the fundamental questions of speculative anticipation works. Like David Kellog Lewis’s new approach that replaced Boolean operators with others that allow new logical operations on the world. This semantic change allows the modulation of possible worlds. Changing points of view, modifying conditions and processes allows us to enrich our understanding of the experience. Edwin Abbot and Lewis Caroll are the best known forerunners. Alice in Wonderland created links in 1880 between the logical and the imaginary ideas of parallel worlds and possible worlds. Both authors had religious training and were logicians. In 1904, Edwin Abbott in Flatland: A Romance of Many Dimensions, offers us a two dimensional world, enabling understanding of what might happen in higher dimensions. The possibility of other worlds is thus shown in a rational light which allows it to be well developed without forgetting the imaginary element and the necessity to break the rules. This possibility of worlds appeared at the beginning of the 20th century with the emergence of graphic collage and film editing (The aim of this text is not to explain the history of the subject, but to briefly point out the force behind the juxtaposition

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(L’objet de ce texte n’est pas d’en faire l’histoire, mais une rapide énumération permettra la force de la juxtaposition des mondes). Dada, cubisme, surréalisme, nouveaux réalismes sont autant d’expériences esthétiques où les mondes se juxtaposent provoquant de nouvelles interprétations comme autant de variations d’une infinité de mondes possibles. Le cinéma apporte un autre aspect de cette expérience L’homme à la caméra de Dziga Vertov 1925, étant la première expérience fondatrice d’une synthèse globale du regard. Il ne faut pas oublier Abel Gance qui propose les premières expériences convainquantes de cinéma immersif. Symptomatiquement l’art contemporain naît avec la science-fiction. Pratiquant parallèlement une notion énonçée par Ernst Mach : l’expérience par la pensée « gedankenexperiment ». En art et en science-fiction on trouve autant d’expériences mentales. Marcel Duchamp fut à sa façon l’une des figures de l’expérience artistique comme expérience mentale. Cette notion s’étend avec les idées de Claude Shannon et Robert Weiner sur l’équivalence de l’énergie et de l’information. L’art devenu information se dote d’une mutabilité infinie. La procédure domine, qu’importe l’objet, c’est la fonction qui compte. Cette procéduralité apparaît dans la production artistique depuis le « Ready Made ». Cette idée est l’une des entrées de la science-fiction en art. Ce genre littéraire est en effet habitué à spéculer sur les mondes et d’en proposer de multiples variétés. Dystopie, utopies, uchronie, cyberpunk, steampunk sont autant de styles de narration que l’on retrouve dans les formes des oeuvres contemporaines. Le temps et l’espace sont les axes de base de déploiement de réalités articulées sur d’intelligentes combinaisons. Les formes expérimentales d’art autorisant la mise en place de tous ces mondes. Les prémisses de ces formes sont apparues en 1984 sous une forme littéraire quand Serge Brussolo à écrit Plus lourd que le vent c’est un recueil de nouvelles décrivant différents artistes travaillant sur des médias télékinétiques, télépathiques dont les formules esthétiques apparaissent comme des aberrations qui inciteraient à imaginer « une tératologie artistique ». Ce livre est suivi par L’évacuation immé-

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of worlds). Dada, cubism, surrealism, and neo-realism are all aesthetic experiments where the juxtaposition of worlds gives rise to new interpretations in as many variations as the infinite number of possible worlds. Cinema gives another aspect to this experience, with “The Man with a Camera” being the first founding experience of a global synthesis of ways of looking at the world. Not to forget Abel Gance who created the first convincing experiences of immersive cinema. Symptomatically, contemporary art was born with science fiction. Both used a notion created by Ernst Mach : thought experimentation “gedankenexperiment”. As much mental experimentation can be found in art as in science fiction. Marcel Duchamp was, in his way, one of the figureheads of artistic experimentation as mental experimentation. This notion spread with the ideas of Claude Shannon and Robert Weiner on the equivalence of energy and information. Art as information is infinitely mutable. The procedure dominates, whatever the subject, it’s the function that counts. This procedurality has appeared in artistic production since “Ready Made”. This idea is one of Science Fiction’s entry points into art. This literary genre is indeed accustomed to speculating about worlds and putting forward multiple varieties. Dystopia, utopia, alternate history, cyberpunk and steampunk are all styles of narration that can be found in the form of contemporary works. Time and space are the bases of realities which are cleverly linked together. Experimental art forms allow us to create all these worlds. The ideas behind these forms appeared in print in 1984 when Serge Brussolo wrote Plus Lourd que le Vent (Heavier than the Wind), which is a collection of short stories describing different artists working with telekinetic and telepathic media whose aesthetic formulae appear as aberrations ; “an artistic teratology” that stimulates the imagination. This book was followed by L’Evacuation Immédiate des Musées Fantômes (Immediate Evacuation of the Ghost Museums), which is the description of a civilisation where museums have become the graveyards of cultures. In these two books Serge Brussolo invented


diate des Musées fantômes qui est la description d’une civilisation dont les musées seraient la sépulture des cultures. Serge Brussolo invente dans ces deux ouvrages des artistes dont l’esthétique est une combinaison de nouveaux moyens techniques et une fascination morbide pour l’acte de création. En 1995, l’exposition L’hiver de l’amour propose une profusion de postures esthétiques rappelant la diversité des Biennales de Paris. Beaucoup d’œuvres présentées constituaient des déplacements et des amplifications de réalités contemporaines. Le Palais de Tokyo continue et institutionnalise cette vision lorsque son commissaire Marc Olivier Wahler déclare travailler sur un rapprochement entre l’art et la science comme pratique spéculative. Mais bien avant en 1981, Bruce Sterling prononcera la naissance du mouvement Cyberpunk en publiant un recueil de nouvelles dont plusieurs parlent d’artistes. Les auteurs de science-fiction abordent la question esthétique avec des postures précises : Mozart en Verres Miroirs déclenche un renouveau de la littérature de sciencefiction qui a malheureusement accompagné l’effondrement du mouvement utopique des années 70. La dystopie rapidement deviendra une réalité avec le drame de Tchernobyl, l’effondrement du mur de Berlin, l’échec de la politique spatiale américaine et la disparition des rassurants antagonismes politiques de l’après 2e Guerre mondiale. L’histoire rejoint l’anticipation. On peut voir au cours des années 80 comment le Post-Modernisme redéfinit l’art, tant et si bien que l’esthétisation du réel devient la norme. Parallèlement le fertile malentendu entre l’art et la science autorise aussi des circulations hétérogènes permanentes. Il est nécessaire de s’interroger sur les dynamiques parallèles art et science. Car la science continue de vivre des révolutions conceptuelles alors que le renouvellement des perspectives s’est arrêté à l’apogée du PostModernisme dans les années 80, dès lors que tout est possible, le renversement des horizons n’a plus de sens. Dans ce cas la révolution paradigmatique n’est-elle pas plus discrète, car constituante du paysage sociologique ? Elle se confondrait dans les nécessités politiques, sociales et intellectuelles. Les outils de la philosophie analytique ont permis d’élaborer une réponse qui a le mérite de respecter toutes les possibilités. Le Post-Mo-

artists whose aesthetic is a combination of new technologies and a morbid fascination in the act of creation. In 1995 the L’hiver de l’amour (The Winter of Love) exhibition showed a profusion of different aesthetic positions, a reminder of the diversity found in the Paris Biennials. Many of the works presented shifted and amplified contemporary reality. The Palais de Tokyo continued and institutionalised this vision, when its curator, MarcOlivier Wahler announced he was working on bringing together art and science as a speculative practice. Even further back in 1981, Bruce Sterling announced the birth of the cyberpunk movement when he published a collection of short stories, several of which mentioned artists. Science fiction authors adopted specific positions on the aesthetic question : Mozart en Verres Miroirs (Mozart in Mirrorshades) set off a revival of science fiction literature, which was accompanied by the unfortunate collapse of the 70s utopian movement. Dystopia quickly became reality with the Chernobyl disaster, the fall of the Berlin wall, the failure of the American space program and the disappearance of the reassuring political antagonism dating from the Second World War. History joined anticipation. We can see how postmodernism redefined art in the 80s, to such an extent that the aestheticisation of the real became the norm. Concurrently the rich seam of misunderstanding between art and science helped to create a permanent heterogeneous circulation between the two. The dynamics of the two may be questioned however, as while science continues to experience conceptual revolutions, the renewal of artistic perspectives ended at the height of the Post Modernist movement in the 80s – as soon as everything is possible, overturning the rules no longer makes sense. In this case, is the paradigmatic revolution not more discrete, as it is part of the sociological landscape? It would merge into the everyday political, social and intellectual needs. The tools of analytical philosophy have enabled the development of an answer that has the merit of respecting every possibility. Postmodernism has laid the foundations for a plurality of the aesthetic.3 Everything

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dernisme à posé les bases d’un pluralisme de l’esthétique3. Tout est possible car l’art n’ayant pas d’existence en soi, il peut prendre toutes les formes que l’on souhaite. Il reste néanmoins possible d’avoir des convictions et de croire en un axe privilégié. C’est peut être même souhaitable. Le pont que l’on établit entre l’art et la sciencefiction permet de reconnaître dans le champ culturel la nécessité d’une posture spéculative, dépassant l’injonction contingente d’un spectacle étendu à toutes les pratiques de la société. C’est une réponse efficace au constat d’un monde limité, obnubilé par sa décroissance et la découverte des horizons finis (fin de la conquête spatiale, la colonisation du système solaire n’est plus à l’ordre du jour). C’est le renouvellement des possibilités d’espérer disparues avec l’effondrement de l’utopie.4 La multiplicité inventive des mondes possibles réinscrit l’humanité dans son imaginaire et l’espoir qu’elle fonde dans son destin. L’esthétique comprise comme une forme étendue du discours humain sur lui-même et l’univers qui l’accueille, procure des outils prospectifs appropriés à l’immense liberté offerte par la combinaison de la raison et de l’imagination « On voit, que connaître et comprendre s’étendent au-delà de l’acquisition de croyances vraies et vont jusqu’à découvrir et inventer des ajustements de toutes sortes.» « Les différences entre ajuster une version à un monde, un monde à une version, une version à une autre ou à d’autres versions, s’effacent quand on reconnaît le rôle des versions dans la production des mondes.» Nelson Goodman, Ways of Worldmaking, cit., p. 173: 1. Après avoir été longtemps trader à Wall Street, Jeff Koons se lance dans l’art « en tant que vecteur privilégié de merchandising ». Ses œuvres sont réalisées dans un atelier, situé à Chelsea, près de New York, avec plus de 100 assistants. Il ne réalise aucune œuvre lui-même mais impulse des idées qu’il fait exécuter par ses collaborateurs professionnels. cf Wikipedia 2. Hugh Everett : « Byrne P., Les nombreux univers de Hugh Everett, » in Pour la Science, mars 2008, pp. 26-31. 3. Fredric Jameson : Le Postmodernisme ou la Logique culturelle du capitalisme tardif, traduit de l’américain par Florence Nevoltry ENSBA, 608 p. Archéologie du futur, traduit par Nicolas Vieillecaze et Fabien Ollier, Max Millo, 393 p. 4. Le principe espérance, 3 vol., Paris, Gallimard, 1976.

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is possible because art, not having an existence as such, can take any form that we wish. It remains possible, nevertheless, to have convictions and believe in one particular approach. It may even be desirable. The bridge that is being built between art and science fiction allows us to acknowledge the necessity of a speculative position in the cultural domain, going beyond the contingent injunction to become part of a scene involving all the practices found in society. It is an efficient response to the established fact of a limited world, bemused by its decline and the discovery of limited horizons (the end of the space race and the colonisation of the solar system are no longer on the agenda). It is the revival of possibilities to hope, which had been lost with the collapse of utopia.4 The inventive multiplicity of possible worlds gives mankind back its imagination hope for the future. Aesthetics as an extended form of human dialogue about mankind and the universe that accommodates us, provides prospective tools well matched to the immense freedom offered by the combination of reason and imagination. “Knowing or understanding is seen as ranging beyond the acquiring of true beliefs to the discovering and devising of fit of all sorts.” “The differences between fitting a version to a world, a world to a version, and a version together or to other versions fade when the role of versions in making the worlds they fit is recognised.” 1. After working for a long time as a commodities broker on Wall Street, Jeff Koons set up as an artist “as an excellent marketing tool”. His works are made in a workshop in Chelsea, near New York, with over 100 assistants. He does not make any of the pieces himself but comes up with ideas that he has made by his professional team (Wikipedia) 2. Hugh Everett : “Byrne P., Les nombreux univers de Hugh Everett”, in Pour la Science, mars 2008, pp. 26-31. 3. Fredric Jameson : Le Postmodernisme ou la Logique culturelle du capitalisme tardif, transl. from american par Florence Nevoltry ENSBA, 608 p. Archéologie du futur, transl. by Nicolas Vieillecaze and Fabien Ollier, Max Millo, 393 p. 4. Le principe espérance, 3 vol., Paris, Gallimard, 1976


Mondes anticipés par Stéphane Trois Carrés & Sylvie Allouche La dictature du présent nous écarte des possibilités de spéculer sur l’avenir. L’échec des utopies programmatiques nous éloigne des outils de l’espérance. Dans le projet artistique il est aussi possible de réfléchir au monde de l’explorer ou de spéculer sur ces formes à venir. Il est aussi possible de participer à l’élaboration de ces formes. Au cœur de cet exercice outre la capacité de formaliser une idée dans la matière ou un évènement, il est aussi possible de l’articuler comme une expérience mentale une spéculation afin d’en dessiner les contours et d’en deviner les propriétés. C’est ce que Sylvie Allouche et Stéphane Trois Carrés vous proposent de faire autour de la question de la science-fiction, du temps et de l’espace, en vous invitant à participer à leur dialogue autour de l’art, la philosophie et la science-fiction. The present dictatorship is diverting us from the possibilities of speculating on the future. The failure of programmatic utopias is distancing us from instruments of hope. In artistic project it is also possible to reflect on the world, to explore it and to speculate on those forms to come. It is also possible to participate in the development of those forms. Central to this exercise, in addition to the ability to formalize an idea on the subject or an event, it is also possible to express it as a mind experiment. Speculation so as to draw outlines and figure out properties. That is what Sylvie Allouche and Stephane Trois Carrés are proposing to do around the question of science fiction, time and space, by inviting you to take part in their dialogue around art, philosophy and science fiction.

Stéphane Trois Carrés Enseigne la vidéo à l’Ecole Supérieure d’Art du Havre. Ancien étudiant de l’ENSAD Créateur du groupe des Frères Ripoulin en 1985 C’est à partir d’une réflexion mathématique sur la morphogénèse qu’il élabore un travail expérimental de peinture et de vidéo. Il développe une esthétique de la transition et explore les multiples aspects de la relation entre l’espace et l’imagination. Teaches video at l’Ecole Supérieure d’Art du Havre. Ex-student of l’École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs. Founder of the group ‘Les Frères Ripoulin’ in 1985.

Coming from a mathematical reflection on morphogenesis, he has developed experimental paintings and video works. He is developing the aesthetic of transition, and exploring the many aspects of the relationship between space and imagination.

Sylvie A. Allouche a mêlé à son cursus principalement philosophique une composante scientifique et une autre littéraire. Actuellement doctorante de l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et de l’Institut d’histoire et de philosophie des sciences et des techniques (IHPST), sa thèse porte sur les enjeux philosophiques des interventions biotechnologiques sur le

corps humain dans la sciencefiction. Elle a enseigné dans les Universités Paris 8 et Lyon 1 notamment, ainsi qu’au Collegium Eötvös de l’Unversité ELTE de Budapest. Sylvie A. Allouche studies were mainly philosophical, with some scientific and literary elements. She is currently studying for her doctorate at the University Paris 1 Panthéon-Sorbonne and the IHPST (Institut d’Histoire et de Philosophie des Sciences et des Techniques), and her thesis is about the philosophical stakes of biotechnological operations on the human body in science fiction. She has taught at the Universities of Paris 8 and Lyon 1, as well as at Collegium Eötvös de l’Unversité ELTE of Budapest.

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N+1

Coordination : Stéphane Trois Carrés, Alain Longuet et Bernard Maltaverne Le projet N+1 est une œuvre expérimentale qui se réalise par sessions de tournage s’accumulant récursivement dans la scène qui vient d’être tournée. Ce projet préfigure l’idée d’une méta-fiction, c’est-àdire le récit dans le récit. Sa réalisation est un travail hebdomadaire, les prises de vue s’organisant durant une journée. La vidéo réalisée est tout de suite produite afin d’être diffusée dans la séquence tournée la semaine suivante. Il n’y a pas d’histoire ou de scénario au sens classique du terme, comme dans le champ de la peinture et de la performance, le contexte est constamment renouvelé. The N+1 project is an experimental work made by shooting a scene which is recursively integrated into the previous scene. This project prefigures the idea of metafiction, ie a story within a story. The production work is carried out weekly, with the shoots organised for one day. The film shot is immediately edited in order to be shown in the following week’s shoot. There is no story or plot in the classic meaning of the term ; in the same way as in the field of painting or performance, the context is constantly being renewed.

Marie Christine Driesen   & Horia Cosmin Samoïla Aurora Consurgens

Abstract Notre dispositif offre une nouvelle forme d’exploration de l’activité cérébrale, afin de créer un pont de communication avec l’Inconscient Collectif. A travers une interface visuelle et sonore, deux ou plusieurs personnes connectent ensemble leur activités cérébrales pour former un cerveau virtuel. Des modulations Archétypales et mathématiques, en temps reel et en relation directe avec l’activité psychique des particippants, par delà une esthétisation du biofeedback en soi, pourrait representer un système pertinent afin d’articuler un moyen de communication avec les Conglomerats Cognitifs.. Our device, offer a new way of exploration of brain waves activity, in order to crate a bridge of communication with the Collective Unconsciousness. Trough a visual and sound interface, two or more persons are connected together their brain wave activity, forming a virtual brain. Archetypal and mathematical modulations, in real time in relation with the psychic activity of the participants, beyond an esthetical and creative biofeedback, could represent a relevant system to articulate a possible way to communicate wit the Cognitive Conglomerates.

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Mécanosphère & Mark Stewart sur une proposition d’Ewen Chardronnet Mécanosphère est une organisation artistique / musicale trans­nationale (pt., fr. uk, usa...) basée au Portugal. Dans son incarnation sonore, Mécanosphère recycle et permute : chaos rock, ruines de hip hop, trash jazz, fractures et échos du dub, restes de death metal, spoken word, science-fiction, bricolage électrique et retour de la magie noire dans les machines. L’un des principaux collectifs de la scène experimentale au Portugal , Mécanosphère a collaboré et enregistré nottament avec Steve Mackay (Iggy and the Stooges). La formation actuelle du groupe inclue le chanteur anglais Mark Stewart (On-U-Sound / The Maffia / Adrian Sherwood), avec qui Mécanosphère est en train de finaliser son prochain album, ainsi que la multi-instrumentiste et chanteuse Angie Reed. Mécanosphère is a transnational (pt., fr., usa, uk…) and transonic morphing line-up music group and a multi-specter art project/process headquartered in Portugal since 2003. Informed by fantastic literature, philosophy, rap slogans, zombism, voodoo, gnosis, collage art, death metal, ruins of hip hop, chaos rock, remanence of the ocult, bass heavy downbeats, the electric world, psychedelic dub , cargo cultism, violent noise and space echo – Mécanosphère’s fragmented body of work includes recordings, concerts, texts and archives. For this specific concert in Bandits-Mages, Mécanosphére will turn up in its infamous line-up 05 incarnation, featuring legendary british vocalist and pioneer in harsh dub/industrial/ experimental/»bristol-sound vs. punk funk» Mark Stewart ( the Maffia /on-U-sound/..) and Angie Reed aswell as Mécanosphére’s mainmen Benjamin Brejon, Jonathan Uliel and Gustavo Costa.  mecanosphere-bureau.blogspot.com myspace.com/mecanosphere1 www.soopa.org www.angiereed.com

Line-up Benjamin Brejon : batterie, percussion eléctrique, machines Jonathan Uliel : électronique, manipulations, instruments, machines Gustavo Costa : batterie| Angie Reed : instruments / basse | Mark Stewart : vocals

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Hans Scheirl sur une proposition du Peuple qui manque

ordinateur, vidéo et technologies interactives.» dit Hans Scheirl1. Extrait de l’article « Cinémas Queer » de Aliocha Imhoff & Kantuta

in Multitudes, n°35 Hans Scheirl, cinéaste et peintre anglo- Quiros, Extract of the article “Queer Cinema” by Aliocha Imhoff & Kantuta autrichien transgenre appartient au cer- Quiros, in Multitudes, n°35 cle d’artistes de l’avant-garde queer des Hans Scheirl, is a transgender Anglo-Ausannées 90 qui ont retravaillé le cinéma trian film maker and painter who belongs to the expérimental depuis des pratiques il- avant-garde circle of queer artists of the 90s who légitimes comme la pornographie. (…) have reworked experimental films ever since ilEn 1998, il réalise Dandy dust, film culte legitimate practices such as pornography. (…) qui emprunte à de multiples registres ci- In 1998, he directed Dandy Dust, a cult film which nématographiques. Inspiré par les films borrowed from many cinematographic styles. de genre (les séries de live-action des Inspired by films about gender (live-action Jamangas japonais, les films d’horreur, le panese manga series, horror films, feminism féminisme et l’Actionnisme viennois), and Viennese Actionnism), Dandy Dust is a transDandy Dust est un long-métrage trans- gender feature-film in which the hybridization genre, dont l’hybridation entre les genres amongst sexual genders can only be equaled by sexués n’a d’égales que la sophistication the sophistication and beauty of the processes et la beauté des procédés de fabrication, of fabrication; it is a sumptuous work about coun travail somptueux autour des couleurs lors and substances, has a highly camp sense of exaggeration and reveals the et des matières, un sens de 1. Hans Scheirl, « Manifesto for the poetical and violent crudeness Dada of the Cyborg-Embrio », in The l’exagération le plus campé of a proliferating sexual uniEight technologies of otherness, éd. et la poétique et violente Sue Golding, London, 1997, p.55. verse. Hans Scheirl explores crudité d’un univers sexuel the utopian potential of video proliférant. Hans Scheirl explore le pofilms through the fluidity of identities, involving tentiel utopique du cinéma à la fluidité masculine/feminine, the decadent 18th century/ des identités, entre masculin/féminin, science-fiction (a post-apocalyptic period and e humain/machine, xviii siècle décadent / the poetry of techno culture) within a shattered, science fiction (une époque post-apoca- polymorphous narrative. It is a daydream that lyptique et la poésie de la technoculture) makes use of art, the media, technological devedans un récit éclaté et polymorphe, rêve- lopments, medicine, and artificial bodies. Accorrie utilisant art, médias, développement ding to Hans Schierl, “A human being becomes a technologique, médecine, corps artifi- cyborg when a cyborg possesses blood ties with a ciels. « L’humain devient cyborg quand le computer, video and interactive techniques.”1 cyborg entretient des liens de sang entre

Dandy Dust A | 01:34:00 | 16mm | 1998

Une personnalité cyborg, schizée, gender-fluid, passe en trombe à travers le temps pour collecter ses différentes personalités. Inspiré par Hong-Kong, les séries de live-action tirées des mangas japonais, les splatter films (films d’horreur), le queer underground, le féminisme et l’Actionnisme viennois. A cyborg with a split personality and fluid gender zooms through time to collect his/her “selves” in a struggle against a family obsessed by lineage : This cartoon-like futuristic low-budget horror satire by the Austro-British filmmaker Hans Scheirl turns the real into the absurd, for the duration of a small cybernetic, chemo-sexual film adventure at least. Identity is just a matter of creativity, and far beyond cinema’s limitations. (Stefan Grissemann)

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Kaori Kinoshita & Alain Della Negra sur une proposition de Elisabeth Pawlowski Neighborhood F | 00:17:00 | 2006 | VOST Avec : Lady Courtney, David Tabonu Marketa Tomanova & Adam Preston Sylvain Destephan, Julien Rosa Yoshiko Kohara & Munenori Uemuro Nicolas Boucher, Adrien Wattel Julien Legoupil, Yutaka Hattori Réalisation : Kaori Kinoshita et Alain della Negra Montage : Jean-Christophe Hym Mixage : Thomas Fourel Image (Lady Courtney) : Mark Martin Production : Capricci Films avec le soutien du CNC

Ce film présente des portraits de joueurs du jeu vidéo les « Sims », racontant la vie de leur avatar. Ce que le spectateur ignorera en abordant le film, c’est la nature virtuelle de ces témoignages. En effet il sera impossible au spectateur de mettre en doute l’authenticité des propos puisqu’ils sont tirés de la propre expérience des joueurs, que ces derniers parlent à la première personne et qu’on ne voit pas de saisies d’écrans ni d’ordinateurs à l’image. Pourtant le malaise puis le doute s’installeront petit à petit par la dichotomie entre l’image et le son. L’écart entre les histoires racontées et les décors, le désaccord entre l’attitude des personnages et leurs propos permettront le glissement du réel vers le virtuel.  Il sera alors possible de montrer comment, dans un dispositif documentaire, en omettant un simple élément contextuel – les « Sims » sont un jeu – la compréhension se trouve détournée… Players of the game « The Sims » tell the life of their avatar. Through accounts of the first person, the players show confusion between reality and the virtual world and an original représentation of their double life.

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Coul = 0% 50% 0% 0%

134 mm

152 mm

182 mm

107 mm

1,9 mm

20 mm 7,7 mm

50

144 mm

22 mm


OPEN MIND CONTROL

Maxence Layet, Joachim Montessuis, Gabin Noir, Horia Cosmin Samoila Conférence-rencontre sur le contrôle. Saisir ses bases historiques, ontologiques et technologiques et les tentatives ancestrales et actuelles de résistance à sa volonté de synchronisation intégrale : pensée unique et standardisation des corps. Cette approche transversale s’effectuera par une mise en abîme progressive de notre perception de la réalité, la notion de corporalité de l’être se diluera au rythme de la cristallisation de sa conscience, solve et coagula. A conference on control. Understanding the historical, ontological and technological origins and ancestral and modern-day attempts at resistance to the wish for complete synchronisation : blinkered thinking and standardisation of the body. This transversal approach will gradually deepen our perception of reality, the notion of the corporality of the being will be diluted in harmony with the crystallisation of conscience, will dissolve and coagulate.

Horia Cosmin Samoïla Considérant l’électromagétisme comme une matière première qui s’articule au sein d’une  alchimique confrontation des rayonnements naturels et artificiels, ses questionnements artistisques redéfinissent la place de l’artiste en tant que chercheur, explorateur, et expérimentateur. Le GhostLab interroge la représentation de territorialités émergentes ou rémanentes dans une dialectique de l’immatériel et repose la question de l’intime symbiose de la psyché et de la nature du Réel. Considering electromagnetism as a raw material based on an

alchemical confrontation of natural and artificial radiation, this artistic investigation redefines the artist’s position as a researcher, explorer and experimenter. GhostLab questions the representation of emerging or residual territorialities at an immaterial level and reexamines the issue of the intimate symbiosis of the psyche and the nature of what is Real. http://www.ghostlab.org

Maxence Layet Maxence Layet est journaliste scientifique, environnement, santé, spécialiste des nouvelles technologies de l’énergie et de l’information. Il publie des articles sur l’innovation, l’écologie cognitive, les médecines douces et le développement durable dans de nombreux

média, parmi lesquels Effervesciences, News.fr, Psychologies magazine et Le Monde de l’intelligence. Il est l’auteur et co-auteur de plusieurs livres, dont L’énergie secrète de l’univers, une passionnante enquête aux frontières du Qi et de l’électromagnétisme, et Quinton, le sérum de la vie, l’histoire naturelle et thérapeutique d’un incroyable extrait d’eau de mer, utilisé depuis plus d’un siècle pour restaurer la santé et soigner de nombreuses maladies. Maxence Layet is a scientific, environmental and health journalist and an expert in new energy technologies and information technologies. He has had articles on innovation, cognitive

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Gabin Noir Cosmin Horia Samoïla & Joachim Montessuis Elements Expérimentation visuelle, sonore et métaphysique issue des recherches de Cosmin Horia Samoïla, Marie Christine Driesen, Joachim Montessuis et Amm (collectif transversal composé de Tanoa Despland, Gabin Noir et José da Silva). Performance en accélération utilisant différentes sources : Random Number Generator, Binaurals, sons archétypaux, messages visuels pulsés et mixés en temps réel. Elements sera interpreté et ritualisé par Gabin Noir, Cosmin Horia Samoïla et Joachim Montessuis. Visual, sonar and metaphysical experimentation coming from research carried out by Cosmin Horia Samoïla, Marie Christine Driesen, Joachim Montessuis and Amm (a transversal collective made up of Tanoa Despland, Gabin Noir et José da Silva). Accelerated performance using various sources: a Random Number Generator, Binaurals, archetypal sounds and pulsating and visual messages mixed in real time. Elements will be performed and ritualised by Gabin Noir, Cosmin Horia Samoïla and Joachim Montessuis.

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Joachim Montessuis Cosmogon Cosmogon est une transposition des vibrations du système solaire à la portée de l’ouie. Parcours cosmique sous forme d’un crescendo extrême, les fréquences sonores émises par les planètes du système solaire (rendues audibles par un travail de multiplication d’octave) sont utilisées et amplifiées dans un parcours sonique, une errance au cœur des vibrations primordiales qui nous influencent au quotidien. Astronomie, mathématique et musique hypnotique sous un même dénominateur commun. Cosmogon is a transposition of solar system vibrations to put them within hearing range. A cosmic trip in the form of an extreme crescendo, sonar frequencies emitted by the planets (made audible through octave multiplication) are used and amplified in a sonic trip, a wander through the centre of the primordial vibrations which influence us on a daily basis. Astronomy, mathematics and hypnotic music joined by a common denominator. http://www.autopoiese.org/2008/03/15/cosmogon/

ecology, alternative medicine and sustainable development published in, amongst others, Effervesciences, News.fr, Psychologies magazine and Le Monde de l’intelligence. He has written / co-written several books including « L’énergie secrète de l’univers », an inspiring investigation into the frontiers of IQ and electromagnetism, and « Quinton, le sérum de la vie», the natural and therapeutic history of an incredible sea water extract, used for over a century to restore health and cure numerous illnesses. http://www.editions-tredaniel. com/maxence-layet-auteur-786. html

Joachim Montessuis Joachim Montessuis produit des concerts des projections des actions bruitistes paniques un peu partout en Europe et ailleurs depuis 1993. Il s’intéresse aux liens entre

art, science et spiritualité et tente de créer des contextes d’introspection, de brouillage et de débordement (sensoriels, émotionnels, culturels) qu’il expérimente lors de concerts/installations, crescendos intenses et véritables expériences immersives et interactives entre live cinema génératif et art action. Un peu sourd depuis deux ans mais toujours motivé pour remonter le temps. Son travail actuel s’oriente vers des processus expérimentaux de mise en abyme de la question de l’observation et de la perception de la réalité à travers une approche non duale. Joachim Montessuis has been performing live all over Europe and elsewhere since 1993, using projections of noise panic actions.

He focuses on the associations between art, science and spirituality and experiments with contexts of introspection, blurring and sensory, emotional and cultural disturbance during his concerts, displaying intense crescendo and truly immersive and interactive experiences, somewhere between live generative cinema and art action. Although slightly deaf for two years, Joachim Montessuis is always ready to turn back the clock. He is currently experimenting with processes of mise en abîme covering the question of observation and perception of reality through a nondual approach. http://www.autopoiese.org

Gabin Noir Performeur post-collapsus Post-collapsus performeur http://fr.groups.yahoo.com/ group/ZONES-REFUGES

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Coul = 0% 50% 0% 0%

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1,9 mm

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144 mm

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transforM

actions NEW CRIUM DELIRIUM KOYOTE CIRCUS par Caramba El Coyote, mars 2009 (avec Zorro et Lynx)

Dans les années 70, Lionel et Thierry Magall, fondent avec quelques amis, le CRIUM DELIRIUM CIRCUS, groupe hybride de théâtre-action-concert, dans l’atmosphère psychédélique surchauffée de 1968-1972, où s’expérimente, à Paris, particulièrement, l’utopie d’une scène ouverte, transversale, hétéroclite, hétérogène. C’est l’époque du Living théâtre, de Kantor, de Grotowsky, d’Actuel et du Parapluie, du Music Circus (immense happening théâtre-musique dans les halles) et du festival Liberté de Parole (36 heures d’évènements: poésie, sonorités, films, rencontres, coordonnées par Jean-Jacques Lebel, hiver 1969, Théâtre du Vieux Colombier). Au Palace comme à l’American Center, les nouvelles musiques américaines déferlent (La Monte Young, Steve Reich, Terry Riley...). Paris devient quelque temps un laboratoire de brassages sans frontières. Quarante ans plus loin, en juin 2008, pour les 40 ans de 1968, Lionel Magal et Michel Giroud sont invités à La Bellevilloise (le 14 juin 2008); ils proposent de réinstaurer un nouveau CRIUM DELIRIUM CIRCUS, sous l’appellation non contrôlable de NEW CRIUM DELIRIUM KOYOTE CIRCUS, en duo (sonorités, voix, projections, tambour et trompette) puis en trio, avec Joachim Montessuis (voix et sonorités électroniques) au CAPC, à Bordeaux (le 28 novembre 2008), dans le cadre des soirées psychédéliques 70.

m

Trois générations improvisent et s’entrecroisent, en expérimentations nomades vers un théâtreaction-concert en transes-fusions, annoncées par Radio-TV Koyote. Surimpressions acoustiques et numériques, vagabondages divers : verbalités, sonorités, gestes, vidéo-projections, danses excentriques, sampling et karaoké.

The theatre-action-concert group, CRIUM DELIRIUM CIRCUS was founded in the 70s by Lionel and Thierry Magall with a few friends in the overheated psychedelic atmosphere of 1968-1972 when the utopia of the transversal, diverse and eccentric open scene was being tested, particularly in Paris. It was the time of Living Theatre, of Kantor, Grotowsky, Actuel and Parapluie, the time of the Music Circus (an enormous theatre and music happening in Les Halles) and the ‘Liberté des Paroles’ festival (36 hours of free speech events organised by Jacques Lebel in the Théâtre du Vieux Colombier in 1969, including poetry, sound events, films and gatherings). At the Palace and the American Center new American music was performed (La Monte Young, Steve Reich, Terry Riley...). Paris became for a while an experimental centre of fusion without borders.   Forty years later, in June 2008, to celebrate the 40th anniversary of 1968, Lionel Magal and Michel Giroud were invited to La Bellevilloise (14th June 2008); they suggested re-establishing the CRIUM DELIRIUM CIRCUS, under the name of NEW CRIUM DELIRIUM KOYOTE CIRCUS, first as a duo (vocals, sounds, projections, drum and trumpet), and then as a trio with Joachim Montessuis (vocals and electronic sounds) at the CAPC in Bordeaux (28th No­vember 2008) in the framework of the 70s psychedelic evenings. Three generations improvise and interweave, nomadic experimentation leading to a theatre-action-concert in trance-fusion, as announced by Koyote Radio TV. Acoustic and digital superimpositions, various wanderings: verbali-

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Le climat actuel kakaotique est propice aux transbordements, aux insoumissions esthétiques et sociales, hors des classifications. En principe et potentiellement, il n’y a plus de frontières, théoriquement, depuis les actions de désintoxication de Beuys, Filliou, Fluxus, happennings et actionnismes, mais une extension, plus ou moins visible, illimitée, du territoire de l’art vers la poésie totalement totale de la PATATAPHYSIQUE des guérillas du fou-rire dont Rabelais, déjà, et Fourier, annonçaient la nécéssité  contre et audelà du divertissement spectaculaire médiatiquement exalté. 2007 fut le centenaire, assez inaperçu, de la mort de Jarry, l’inventeur de la pataphysique (1897), science des exceptions ou des singularités (Satie, Duchamp, Picabia, Dada). Le nouveau siècle n’est plus celui des avants-gardes et des mouvements, mais celui des transesformactions. Croisements et entrecroisements de singularités nomades, en réseaux. Dans un bain de plus en plus bien planétaire (musique du monde, internet, web, dvd, Nokia, Apple) les expérimentations pleuvent et peuvent se généraliser avec l’outillage des nouvelles technologies (vidéo-projection, podcast, streaming, visioconférence, le blog...). Le site UBU (cabaret électronique expérimental underground) en est l’incarnation. L’underground des années 60/70 est désormais partout : en marge, dans l’institution et sur le web, en mutation permanente. Un cabaret invisible, virtuel et potentiel, fragmentaire, en mouvement perpétuel, hors frontières, est en Action. Le NEW CRIUM est une manifestaction de cette mouvance à mille voix (1000 voies), à mille pattes, à mille soleils, sous la protection hilare du bouddha électronique tibétain (en tout cas pour le nouveau CRIÖM! OM! OM! MMM!!!). Identités voilées, trouées, dispersées. Divagations sans commencement ni fin-inachèvements. Plateformes d’énergies. Après Sun Ra, Sonic Youth, Suicide, Sex Pistols, Kraftwerk, Gong, The Doors, Grateful Dead, free jazz, Rock Punk, le FREE n’importe quoi, n’importe où, n’importe quand est possible. Mixage d’expériences singulières. Deleuze et Guattari avaient entrouvert la boîte avec Mille Plateaux. Le NEW CRIUM traverse chaotiquement (théorie de Kaos) l’occident déclôturé grâce aux foisonnements inépuisables, inextricables des multitudes d’expériences asiatiques, africaines, améridiennes, aborigènes, tout en absorbant pardi tout autant (crénom) musette, bourrée, valse,

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sations, sounds, gestures, video projections, eccentric dances, sampling and karaoke. The current chaotic climate is conducive to transfers, to aesthetic and social insubordination - unclassifiable. In theory, and potentially, there have been no more frontiers since the detoxifying actions of Beuys, Filliou and Fluxus and their happenings, but rather an unlimited movement, more or less visible, of the domain of art towards the totally total poetry of the side-splitting guerrillas of Patapataphysics, the necessity of which was announced by Rabelais and Fourier, against and above the spectacular entertainment so loved by the media.  2007 was the relatively unacknowledged centenary of the death of Jarry, the inventor of ‘pataphysics (1897), the science of exceptions or singularities (Satie, Duchamp, Picabia, Dada). The new century is no longer that of avant-gardes and movements, but that of trances-formactions. Crossing and interweaving of nomad singularities, in networks. In a sphere becoming increasingly planetary (world music, internet, web, dvd, Nokia, Apple) experiments abound and can be generalised using new technologies (video-projection, podcasting, streaming, videoconferencing, blogs…) The UBU (experimental underground electronic cabaret) site is the incarnation of this.    The underground scene of the 60s and 70s is now everywhere: on the margins, in the institutions, and on the web, in a state of constant change. An invisible, virtual and potential cabaret, in perpetual movement, outside any frontiers, is in Action. The NEW CRIUM is a manifestaction  of this movement of a thousand voices (1000 paths), a thousand feet, a thousand suns, under the grinning protection of the Tibetan electronic Buddha (at least for the new CRIÖM! OM! OM! MMM!!!). Veiled, pierced, dispersed identities. Wanderings without a start or an end – unfinished. Energy platforms. After Sun Ra, Sonic Youth, Suicide, Sex Pis-


rigodon, tutti et quanti. Viva lo Berry-Berry! l’actionisme Berrichon! Le grand cirque dada planétaire, imaginé à Berlin, en 1920,1 semblerait se manifester, sous moultes identités transitoires un peu partout, dans le monde, sous les diverses formes de syncrétismes hétéroclites. Opéra nomade hybride, le NEW CRIUM refuse de se laisser réduire à des catégories anciennes ou nouvelles puisqu’il mélange tout, méli-mélo, théâtre, danse, conférence, radio, débat, concert, projection, voix, mantras, expositions, poésies expérimentales, sonorités électroniques, va et vient Zébré, sans dessus dessous, en coq à l’âne, singularités multiplicités. Chaosmose minimal maximal. Psychédélique, allusif, expressif. Ici cosmique, polyssonique et monochrome. Répétitif, rythmique, mélodique. Rayé, éraillé, ÉVEILLÉ. Densités d’intensités. Trouées d’imprévues. Furioso. En débordement. Suspensif, drolatique, déceptif. Ebullitions, élans, éclatements, éboullements, éblouissement, piano, piano. Le triangle fondateur du NEW CRIUM n’a pas de programme mais des batteries d’ÉNERGIA démultiplicatrices, chantier vivant qui ne construit pas une nouvelle maison mais des croissements, des croisements imprévus selon l’inspiration, l’aspiration du moment et le contexte. Vers la transe, via les voix, tambour, trompe et trompette, TANTRUM CYMBALUM, exorcismes, incantations, jubilations. Mixage entre itinérances plutôt divagatoires (bazar abracadabra). ABRAXAS. Arts graphiques et sonores (Magal), arts sonores électroniques (Montessuis), arts textuels et vocalités (Giroud). Dans le mixeur, ça donne du TRANSE-MEDIACTION. Vidéogagactions, shémas, cris (El Coyote), tambour, chansons, graphes et images (Foxtrot), sonorités vocales électroniques (Oreille de lynx). Une collection (L’ÉCART ABSOLU aux presses du réel, à dijon) et des entreprises fictives (IAM, PTT, TKT...) avec Giroud; une revue sonore internationale (ERRATUM) et des vidéos, avec Montessuis; une sarabande de documentaires (festivals, concerts) tournés à radio Nova et autres psyké-lieux, avec Lionel Magal. En tout cas trois ENERGUMENES nourris au lait (allo ali allais) des

tols, Kraft, Werk, Gong, The Doors, Grateful Dead, free jazz, Rock Punk, FREE anything, anywhere, anytime is possible. Mixing singular experiences. Deleuze and Guattari had partly opened the box with ‘Mille Plateaux’. The NEW CRIUM crosses the unfenced western world chaotically (chaos theory), thanks to the abundant inexhaustible and inextricable multitude of experiences – Asian, African, Amerindian, Aboriginal, all the while absorbing folk music such as the musette, bourrée, waltz, rigodon, tutti and quanti. Long live the Berry, and the Berrichon actionism! The great planetary dada circus, first imagined in Berlin in 19201, seems to be showing itself, with numerous transitory identities all around the world in various different forms of syncretism. A hybrid nomadic opera, the NEW CRIUM refuses to let itself be reduced to the old or new classifications, because it mixes everything, jumbled up, theatre, dance, conferences, radio, debates, concerts, projections, voices, mantras, exhibitions, experimental poems, electronic sounds, Zebra-like comings and goings, upside down, changing the subject, multiple singularities. Minimal maximal chaosmosis. Psychedelic, allusive, expressive. Here it is cosmic, polysonic et monochromatic. Repetitive, rhythmic, melodic. Scratchy, rasping, AWARE. Density of intensities. Shot through with unexpectedness. Furioso. Boiling over. Suspensive, funny, deceptive. Bubbling momentum, breaking up, a dazzling landslide, piano, piano. The founding triangle of NEW CRIUM does not have a program, but has a proliferation of ENERGIA, a living construction site that is not building a house but unpredictable fusions, depending on the inspiration of the moment and the context. Leading to trance, via vocals, drums, horn and trumpet, TANTRUM CYMBALUM, exorcisms, incantations, jubilations. A mix of itinerant ramblings (abracadabra bazaar). ABRAXAS. Graphic and sound arts (Magal), electronic sound art (Montessuis); textual and vocal arts (Giroud). In the mixer, TRANCE-MEDIACTION is created. Videogagactions, diagrams, cries (El Coyote), drum, songs, graphs and images (Foxtrot), electronic vocal sounds (Oreille de lynx). A collection (L’ECART ABSOLU from the ‘presses du reel’ in Dijon) and fictional

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mantras tibétains plus soufisme, plus vaudou plus plus encore et encore les diverses transes del Mondo. En tous les cas (K), adeptes de l’os à Moelle (DAC! DAC!) du gai savoir du momo (Artaud), pour en finir et tout brouiller, tout, dans le plein vide des denses danses hilares. (Ah! Ah!) 1. Almanach dada, facsimité, les presses du réel, dijon, 2006

Caramba El Coyote (Michel Giroud) se définit comme un peintre oral et tailleur en tout genre (mot, son, geste, dessin, objet). Il est historien et théoricien des avant-gardes (dada et fluxus), auteur d’essais variables, il a été aussi journaliste et organisateur de très nombreuses expositions. Le travail de Michel Giroud se place dans une forme de spontanéité pure : spécialiste de l’intervention impromptue, de la performance in situ. Son travail de performeur l’a amené à être invité dans la plupart des manifestations de poésie et d’art contemporain en France. Il expose régulièrement et en ce moment au Centre Pompidou.

Lionel “Fox” Magall alias « le renard » : Happenings, théâtre, free festivals, films d’animation. Cet artiste multimédia sérigraphie aux beaux arts les affiches révolutionnaires en mai 68 et il et participe à la première version du magazine Actuel. Il est co-fondateur avec Thierry Magall du groupe psychédélique Crium Delirium & sur les chemins de Kathmandou en acid trip et cosmic bus avec la Hog-Farm Comunity (Woodstock). Actuellement vidéaste-archiviste et mémoire

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companies (IAM, PTT, TKT…) with Giroud; an international sound magazine (ERRATUM) and videos, with Montessuis; a whirl of documentaries (festivals, concerts) shot at Radio Nova and other psyche-places, with Lionel Magal. In any case, three ENERGUMENES brought up on the milk of Tibetan mantras and Sufism and voodoo and still more and moreover the various trances del Mondo. In any case (K s), lovers of marrowbone (DAC! DAC!) , of gay science, of momo (Artaud), and to finish and scramble everything up, of everything, in the full vacuum of dense blissful dances (Ha Ha!)

audiovisuelle de Radio Nova productions. Poèmes : Poésie perse par Royaï Yadollah, traduit et mis en musique par El Coyote Fox-trot et El Coyote (Duo) New Crium Delirium Coyote Circus avec projections de vidéogags de Gernulf, trompette de cavalerie, guitare tchinetok, tambour et lancer de manifeste (30 min de réincarnation). Entité inssaisisable, Crium Délirium a été à la croisée des chemins qui ont mené au développement de la scène alternative française au début des années 70. En 1993, le label parisien Legend Music a eu la bonne idée de publier leurs archives sonores, qui se révèlent aussi fumeuses que celles de Gong. Retrouvez l’histoire de Crium Delirium dans L’Underground musical en France (éditions Le Mot et Le Reste, 2008). Crium Délirium : Power to the carottes Live Concert 1972-1975 (Legend Music, 1993). Caramba El Coyote (Michel Giroud) defines himself as an oral painter and sculptor of all sorts (words, sounds, gestures, drawings, objects). He is a historian and avant-garde theorist (dada and fluxus), the author of variable essays, a former journalist, and the curator of numerous exhibitions. Michel Giroud’s work incarnates pure spontaneity: he is a specialist at impromptu interventions

and in situ performances. He is often invited to most poetry events and contemporary art shows in France for his performance work. He often exhibits his work and is currently showing it at the Pompidou Centre. Lionel “Fox” Magall alias “le renard”: Happenings, theatre, free festivals, animation films. This multimedia artist screen processed revolutionary posters in May ’68 and also participated in the first version of Actuel magazine. With Thierry Magall, he is the co-founder of the psychedelic band Crium Delirium & on the route to Katmandu on an acid trip and a cosmic bus with the HogFarm Community (Woodstock). He is currently a film maker- archivist and the audiovisual memory of Radio Nova’s productions. POETRY: Persian poetry by Royaï Yadollah, translated and put into music by El Coyote Fox-trot and El Coyote (duo) “new Crium Delirium Coyote Circus” with video projections of gags by Gernulf, cavalry bugler, tchinetok guitar, drums and a manifesto (30 minutes of reincarnation). Crium Delirium is an intangible entity that was at the crossroads leading up to the development of the French alternative scene at the start of the 70s. In 1993, a Parisian label called Legend Music had the great idea of publishing their sound archives that were as obscure as the Gongs’. You can find out more about Crium Delirium in The French Musical Underground (published by Le Mot et Le Reste, 2008). Crium Délirium: Power to the carottes Live Concert 1972-1975 (Legend Music, 1993).


Oleg Kulik par Evgeny Mitta

Contemporary Art anthology F | 2008 | 01:47:00 Production Galerie Rabouan Moussion

Oleg Kulik (russe ukrainien) est artiste performeur, sculpteur, photographe et commissaire. Dans Contemporary Art anthology, Kulik crée un jeu symbolique de paramètres, qui définit l’environnement qu’une « personne-chien » habitera et une série d’actions en réponse. L’artiste décrit « une chute consciente de l’horizon de l’humain » et le place à quatre pattes. Son intention est de décrire ce qu’il voit comme une crise de culture contemporaine, le résultat d’une culture excessivement raffinée qui dressent

des barrières entre individus. Ainsi, il simplifie le langage de sa performance aux émotions basiques d’un animal domestique. Oleg Kulik (Russian Ukranian) is a performance artist, sculptor, and curator. In Contemporary Art anthology, Kulik created a symbolic game of parameters defining the environment a “persondog” would live in and a series of actions in response. The artist portrays the “conscious falling of the human horizon” and places it on all fours. His aim is to describe what he perceives as being a contemporary cultural crisis; the outcome of an excessively refined culture which establishes boundaries between individuals. He therefore reduces the language of his performance to the basic emotions of a household pet.

Marta Jonville Paprika Marta est en résidence depuis le mois d’octobre à l’est de la Slovaquie. Cette résidence (qu’elle a sculptée) est une extraction à son environnement, une immersion dans un ailleurs. La Paprika Performance est une image de sa perception de l’Europe de l’est, ou comment la cristallisation sur un objet crée un doux filtre, un kaleidoscope. Marta is in residence since October 2008 in eastern Slovakia. This residence (she has sculped) is an extraction from her enrironnement, an immersion in another place. The Paprika Performance will be a picture of her perception of Eastern Europe, how Crystallizing on an object to create a soft filter, a kaleidoscope.

Marta Jonville vit et travaille généralement à Bordeaux. Ses performances sont des détournements d’images populaires ou plus simplement, des actions, des moments, re-joués, ré-écrits et photographiés. Chaque performance est le résultat d’un long processus : elle se laisse le temps de maturation. Entre l‘idée, la performance et la photographie, plusieurs années peuvent s’écouler. Marta aime la lenteur, forme de résistance à la sur-activité et sur-productivité de notre époque. Her performances are popular images diversions or, simply, actions, moments, re-played, rewritten and photographed. Each performance is the result of a long process: she let is enough time to mature. Between the idea, performance and photography, several years may elapse. Marta likes the slow form of resistance to over-activity and productivity of our time.

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Esther ferrer Esther Ferrer fait continuellement référence à l’absurdité de la vie quotidienne, qui est le point de départ de son travail. Ajouter l’absurde à l’absurde veut dire s’en approcher et s’en éloigner aussitôt. De simples événements comme un mot prononcé, un titre, un objet quotidien, peut déclencher ce qu’elle considère une performance. Il n’y a pas de matériel pré-existant comme dans le sens de la théorie d’art classique, où les pinceaux et les couleurs arrivent avant la peinture, où les notes arrivent avant une partition musicale, où les mots existent avant le poème. Pour Esther Ferrer, les images, les photos, les pièces de musique sont présentes au même niveau. La performance peut dévenir objet et vice-versa.

Esther Ferrer continuously refer to the absurdity of everyday life, which is the starting point of his work. Add absurd to the absurd means to approach and remove them immediately. Simple events as a spoken word, a title, a daily object, could start what she considers a performance. There is no equipment already exist in the sense of the theory of classical art, where brushes and colors come before the paint, where notes come before a musical score, where the words exist before the poem. For Esther Ferrer, images, photos, music are presents at the same level. Performance may become object and vice versa.

Alias Black Market Alias Black Market est une formation ouverte, expansée de jeunes femmes artistes. 6 filles toutes indépendantes, juste six filles sexy en autodérision qui ont bien asssimilé les acquis du féminisme de leurs aînées, 6 filles libérées, généreuses et attachantes qui sondent courageusement leur résistance en inventant des rôles absurdes pour jouer à la vie, à la mort avec beaucoup de finesse. Alias c’est Marie Aerts, Lucie Mercadal, MarieLaurence Hocrelle, Lei Yang, Marta Jonville et Léa Le Bricomte. Une nouvelle génération !

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Alias Black Market is open training intended for young female artists. 6 independent girls, simply 6 sexy, selfdeprecating girls who have mastered the acquired feminism of their elder sisters, 6 emancipated, generous and endearing girls who have put their resistance to trial by inventing absurd roles to play life and death with lots of delicacy. Alias is composed of Marie Aerts, Lucie Mercadal, Marie-Laurence Hocrelle, Lei Yang, Marta Jonville and Léa Le Bricomte. A new generation !


Nicolas Boone Benjamin Serror Po2sie Poésie 2 montrera sur scène une fenêtre de temps, une heure à l’échelle 1. Il y a un rêve dans le théâtre expérimental que le théâtre soit dans la rue. Poésie était construit de multiples figures emblématiques du spectacle, Poésie 2 pourrait en être le contre-champ portant sur scène ce que le spectacle ne montre pas, faisant revenir à la réalité les figures empreintes de mythologie de ce premier volet. Ce posera sûrement la question de savoir si le spectacle est soluble dans la vie. Poésie 2 will create a window of time on the stage, one hour in real time. There is a dream in the world of experimental theatre – that theatre is in the street. Poesie was put together with many emblematic figures of theatre, Poesie 2 is like the reverse-shot, bringing to the stage the things that the performance does not show, making the mythical figures from the first part come back to reality. This will certainly raise the question of whether performance can be mixed into life.

VINCENT MADAME Les Garçons Mohicans 00:30:00 | 2007

Dans ma pratique, je privilégie la dimension performative à travers un développement vocal spécifique. Ainsi, depuis 2007, je travaille sur une série de « performances vocales » qui s’inspirent de la littérature, de la poésie, de la chanson, du cinéma et qui abordent des thèmes tels que : le rythme, la boucle, la répétition, l’interprétation... La cinquième performance de la série est donnée en solo. C’est une interprétation chantée d’un texte de Pierre Giquel. Elle s’appelle Les Garçons Mohicans.

Benjamin Seror réalise des installations et des performances dans lesquelles la musique et plus particulièrement la chanson lui sert d’outil critique et narratif pour aborder une réflexion sur les moyens de décrire la complexité d’objet tel un volcan, un site internet, un groupe de musique des années 80 ou le travail d’autres artistes. Né en 1979, il vit et travaille à Lyon, où il suit le post-diplôme de l’ENBA. Benjamin Seror performs installations and performances in which the music and especially song is used as a critical and narrative tool to approach thinking about ways to describe the complexity of objects like a volcano, a website, a band of 80 ‘s or the work of other artists. Born in 1979, he lives and works in Lyon, where he took post-graduate of ENBA.

Nicolas Boone réalise des films dans lesquels l’événement du tournage est une performance qui véhicule des fictions. Nicolas BOONE makes films in which the filming event is a performance that conveys fictions.

In my practise I favour the area of performance using specific vocal development. I have been working in this way since 2007 on a series of ‘vocal performances’ inspired by literature, poetry, song and cinema which touch upon themes such as rhythm, looping, repetition, rendition… The fifth performance of the series is given as a solo. It is a sung rendition of a text by Pierre Giquel, called Les Garçons Mohicans [The Mohican Boys].

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Fabrice Gallis Fabrice Gallis écrit parfois des textes à la troisième personne du singulier, souvent pour les besoins d’une communication. Cependant, la plupart du temps, il utilise un texte présentant son activité que Julien Ottavi publia en 2003 : « Fabrice Gallis organise son travail autour d’un dialogue entre les principes numériques et les expériences intimes. Il agit sur le territoire de l’habitude par des dispositifs s’insinuant dans les systèmes logiques existants. Ces dispositifs ne constituent pas des objets mais des expériences modifiées du réel. Ils prennent la forme de programmes-partitions influençant les comportements quotidiens ou bien reprogrammant des structures technologiques que nous habitons (réseaux électriques, de communication, d’aide, de surveillance et de contrôle). Son travail se situe dans l’écart entre la présence réelle d’un système et sa perception effective.» I’ll be back est le second volet du «problème de la clique», dérive automobile réalisée en 2003, à Bourges, pour le festival Bandits Mages. Cette fois-ci, la machine n’est plus une Volvo 740 soumise à d’absurdes contraintes, mais un piéton. Ce rôdeur traverse la ville suivant un rythme et une trajectoire déterminés par un ensemble d’algorithmes qui empiètent sur son espace et son temps, lui attribuent une nouvelle fonction. Il devient chasseur, à la poursuite de phénomènes intrinsèquement lents. Il s’accorde à leur rythme, s’affranchissant des événements trop brefs qui n’ont alors plus d’incidence sur lui. Son gibier, trop lent pour être aperçu par les passants, laisse des traces sonores que le chasseur traque, rassemble et organise. En proposant à l’écoute pendant la durée du festival le fruit de cet affût suspendu, il dessine la silhouette d’une entité toujours déjà là, omnipotente, tapie dans les recoins, les vides et les silences. Point d’écoute, performance.

62 Transformactions

Fabrice Gallis sometimes writes his texts in the third person of the singular, often for public communications. Most of the time, however, I use a text presenting my activity published by Julian Ottavi in 2003: “Fabrice Gallis organises his work around digital principles and intimate experiences. He acts upon habits using devices introduced into existing information systems. These devices are not objects but modified experiences of reality. They take the form of programme-scores which influence everyday behaviour or reprogram the technological structures that we live around (electrical, communication, help, surveillance and control networks). His work is situated in the gap between the real presence of a system and its actual perception.” I’ll be back is the second part of the ‘Problem of the click’, a car-based piece made in Bourges for the 2003 Bandits Mages festival. This time the machine is no longer a Volvo 740 under absurd restraints, but a pedestrian. This prowler crosses the town with a rhythm and a path worked out by a set of algorithms which encroach on his space and time, giving him a new function. He becomes a hunter, pursuing intrinsically slow phenomena. He fits in with their rhythm, emancipating himself from events that are too short and as such have no effect on him. His prey, too slow to be noticed by passers-by, leaves sound traces that the hunter stalks, gathers and organises. By offering the fruits of his suspended hunt to be listened to during the festival, he draws a picture of an entity that is always already there, omnipotent, crouching in corners, empty spaces and silences. Listening point, performance.


Olivier Lecreux Quelques corps anonymes, immobiles, une lampe, une salle blanche, quinze minutes... L’œuvre de Olivier Lecreux est délibérément simple et dépouillée; concentration drastique sur un petit nombre d’éléments, grammaire rude et ascétique qui révèle un univers qui oscille entre tragédie, gravité et burlesque. Avec des moyens volontairement limités, il crée des performances aussi excessives dans leur sujet que dans leur dynamique. Comme les baroques, nous sommes des créateurs effrénés d’images mais secrètement nous sommes des iconoclastes. A few anonymous, immobile bodies, a lamp, a white room, fifteen minutes… Olivier Lecreux’s work is deliberately simple and bare; drastic concentration on a small number of elements, coarse and ascetic grammar that depicts a universe that oscillates between tragedy, solemnity and burlesque. With intentionally limited means, he created performances that are as excessive in their subject as they are in their dynamics. Like with baroque, we are also unrestrained image makers although secretly we are iconoclasts.

63 Transformactions


Coul = 0% 50% 0% 0%

134 mm

152 mm

182 mm

107 mm

1,9 mm

20 mm 7,7 mm

144 mm

22 mm


m

Köken Ergun est né à Istanbul en 1976. Il étudie au département d’art dramatique de l’Université d’Istanbul, puis il obtient un diplôme d’études supérieures en théâtre grec antique au King’s College de Londres. Il est titulaire d’une maîtrise du département de la communication visuelle et du design de l’Université Bilgi d’Istanbul et il est actuellement candidat au doctorat au département de dramaturgie théâtrale à l’Université d’Istanbul.

I, Soldier (avec l’aimable concours de l’artiste et du Netherlands Media Art Institute)

KÖKEN ERGUN The Flag et I, Soldier Dans ces deux vidéos, Köken Ergun nous convie à une évocation directe et discrète d’événements militaires. Les vidéos ont valeur de commentaire sur le contexte politique particulier de la Turquie d’aujourd’hui, soulignant les périls de l’ultranationalisme, et permettant une nouvelle lecture de la survivance de rituels étatiques du xxe siècle.

Born in Istanbul in 1976, he graduated the Istanbul University State Conservatory in 1997 with a BA in Acting. In 1999 he graduated the King’s College London with a PhD (Classics). He also graduated the Istanbul Bilgi University with a Master in Visual Communication Design in 2005 and he is now working on his PhD in Dramaturgy. He has been part of lots of group exhibitions since 2002 and will also be in 2007. I, Soldier has been screened in various galleries and film festivals. The Flag is the second part of I, Soldier.

The Flag 00:09:01 | 2006 Projection vidéo double (avec I, Soldier) | distribution : Montevideo

Bayrak [The Flag] offre un regard sur les cérémonies organisées chaque année en Turquie pour commémorer la chute de l’Empire ottoman et la création de l’Assemblée nationale sous l’autorité de Mustafa Kemal Atatürk, le soldat, l’homme d’État révolutionnaire, fondateur et premier président de la Turquie. Atatürk avait entrepris de créer une nouvelle république fondée sur des idées de démocratie et de rationalisme. En Tur-

65 Odyssée du réel


The Flag (avec l’aimable concours de l’artiste et du Netherlands Media Art Institute)

quie, le 23 avril est la journée des enfants. Des jeunes provenant de tous les coins du pays sont amenés à Istanbul pour prendre part à des cérémonies solennelles en l’honneur de leur nation, de leur drapeau et de leur gouvernement – des présentations créées sans l’apport des enfants, malgré la place centrale qu’ils occupent dans le spectacle. The Flag is the second part of Köken Ergun’s video series about the state-controlled national day ceremonies of the Turkish Republic. Shot during the “April 23rd Children’s Day”, which marks the establishment of the new Turkish Parliament, and the official demise of the Ottoman Empire back in 1920, this split screen film documents a pompous patriotic performance devised by elders to be performed by children. Hosted by the mayor and governor of Istanbul, with the participation of a high ranking general, the ceremony features poems and oaths read out loud by primary schools students. Patriotism becomes a hard-lined nationalism. One of the texts, The Flag, is recited passionately by a girl who vows to “destroy the nest of any bird who doesn’t salute [her country’s] flag in flight” and “dig the grave of anyone who doesn’t look at the flag the way [she does].”

I, Soldier 00:07;14 | 2005 Projection vidéo double (avec The Flag) | distribution : Montevideo

I, Soldier est une vidéo sur la cérémonie militariste du 19 mai, une des fêtes nationales de la Turquie. Ce spectacle contemporain et soigneusement orchestré, qui fait appel à des chorégraphies millimétrées d’écoliers, des parades militaires et des foules énormes de spectateurs participants, évoque d’une mise en scène totalitariste du pouvoir, telle qu’on la retrouvait à la fois dans les systèmes communistes et national-socialistes. Les expressions faciales d’un soldat présentées au ralenti,

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ainsi que le format en diptyque de la vidéo (comme dans The Flag), visent à saisir l’humanité derrière le spectacle (et, ce faisant, l’alimente). I, Soldier is the first part of a video series in which Köken Ergun deals with the state-controlled ceremonies for the national days of the Turkish Republic. The nationalistic attributes attached to these large-scale events are framed in a non-descriptive way and shown from an almost voyeuristic point of view. I, Soldier was shot at the “National Day for Youth and Sports”; the day that marks the start of the independence war of the Turkish people under the leadership of Mustafa Kemal Atatürk, against the Allied Forces back in 1919. The annual ceremony held at the biggest stadium of each city consists of figurative dances of high school students, choreographed in a “timeless” socialist-realist manner. In the last decade, popular songs replaced the usual military marches that used to accompany the choreography. In this video a nationalist hip-hop song is played during the gymnastic demonstrations of the military school students backed by a stern poem of a high-ranking soldier about the virtues of The Soldier.


Gee Jung Jun France 2007

Corée du sud | 2007 | 00:19:00

Gee Jung Jun est cinéaste et photographe sud-coréen. Des corps, des visages, des regards, des lieux de vie, de l’humanité. La caméra n’est pas porteuse de jugement, elle établit dans la simplicité du premier contact une relation de connivence instinctive. Il n’y a pas de victimes, pas de cause à défendre. Cela se passe en France, en 2007, dans un bidonville de Lyon, habité de Roumains, de Tziganes, oubliés de la société, sans papiers, sans droits, qu’en d’autres contrées on appellerait des intouchables. La force du film est de laisser s’épanouir dans la splendeur de ses images l’évidence du bonheur, quand le consensus ambiant rumine la langue asséchée du misérabilisme. Dans ce parti-pris de la vie, le geste est éminemment politique. Eloquence du cinéma muet. South Korean film producer and photographer. Bodies, faces, expressions, life scenes, humanity. The video camera is not a bearer of judgement, with the simplicity of a first contact it establishes a relationship of instinctive connivance. There are no victims, no causes to defend. It takes place in France in 2007 in a slum area of Lyon, inhabited by Rumanians, Gypsies, forgotten by society, without papers, without rights, and who would be called untouchables in other countries. The strength of the film is to let the evidence of happiness bloom in the splendour of these images, when the prevailing consensus ponders language drained by miserabilism. In this bias of life, gesture is eminently political. The eloquence of the silent cinema.

Dominic Gagnon High Speed [Haute Vitesse] CAN | 00:15:00

Avec les nomades de l’espace et du temps… Dans le documentaire Haute vitesse, je présente des gens qui n’entretiennent plus ou peu de liens avec le temps, l’espace et leurs corps. Ceux qui approche les conditions du « pure mind » : utopie ultime du développement humain / technologie ; rêve futuriste de vitesse ou fantasme contemporain d’internautes. L’image d’un esprit pur, libéré de la force de gravité terrestre, des contraintes de temps, de transport et surtout des besoins primaux du corps humain. L’image d’un esprit connecté au réseau global, éternellement en transit, porté par une masse de signes et d’information. Je ne cherche pas la vérité. Je cherche à pénétrer certains mondes de simulation. Je capte les témoignages sans me soucier de la réalité ni des faits. Je filme les objets, les accessoires, les animaux et les produits signifiants qu’ils transportent avec eux. Tout est lumineux. Nous sommes dans de grands espaces. Nous discutons de leurs quotidiens et d’avenir, des trucs de survie dans les non-lieux et les non-temps dans lesquels ils se trouvent. With space and time travellers….In the documentary High Speed, I introduce people who don’t maintain or who hardly maintain any more links with time, space and their body. Those which approach the conditions of “pure mind”: ultimate utopia of human/technological development; futuristic dream of speed or contemporary internet users’ fantasy. The image of a pure mind, free from the force of terrestrial gravity, time restrictions, transport and especially the primitive needs of the hu-

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man body. The image of a mind connected to a global network, in transit eternally, carried by a mass of signs and information. I’m not looking for truth. I’m seeking to penetrate certain worlds of simulation. I capture evidence without worrying about the reality of these deeds. I film objects, accessories, animals and the meaningful products that they transport with them. Everything is luminous. We are in wide open areas. We discuss their everyday life and the future, ways of survival in the non places and non time that they find themselves in. Réalisateur, installateur et performeur actif sur la scène internationale, Dominic Gagnon considère la création comme technique de mesure du sans mesure ou comme discipline du chaos. Depuis 1996, il fait des représentations publiques d’images en mouvement, exécute des travaux sonores, bâtit des installations et crée des performances dans différentes galeries, festivals et biennales. Artiste à l’engagement total, Dominic Gagnon a produit et réalisé plus de dix films et vidéo documentaires et expérimentaux dont plusieurs ont mérité des prix nationaux et internationaux. Dernièrement, il a exécuté plus d’une vingtaine de performances et d’interventions au sein du collectif Au travail / At work (www.autravailatwork. org) dont il est le fondateur.  Ce collectif esquisse de nou-

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velles formes d’engagement sur le plan social et artistique. Pour la réalisation de ses projets, Dominic Gagnon a effectué plusieurs recherches et enquêtes : déclin des économies régionales (ISO), violence et crise identitaire chez les jeunes hommes (Opération Cobra), l’adoption internationale (Anchorage), la maladie mentale et l’itinérance (HauteVitesse), les pratiques SadoMaso et le fétichisme dans la culture populaire (Blockbuster History), la famille à l’ère du mega-divertissement (Beluga Crash Blues). Ces derniers projets consistent en la transformation d’une voiture en éolienne (exposition solo au centre des arts actuels Skol, Montréal, 2008) et le long métrage documentaire RIP IN PIECES USA.  Producer, art installer and active performer on the international scene, Dominic Gagnon considers

creation as a technique of moderation or without moderation or as a subject of chaos. Since 1996, he has been doing public performances of moving images, carrying out acoustic works, building installations and creating performances in different galleries, festivals and biennial art exhibitions. An artist who is totally committed, Dominic Gagnon, has made and produced over ten films and documentary and experimental videos of which several have deserved national and international awards. Recently, he has carried out around twenty performances and contributions within the “At work” (www. autravailatwork.org) collective of which he is the founder. This exquisite collective of new forms of commitment on a social and artistic level. In order to create his projects, Dominic Gagnon has done a lot of research and surveys: decline of regional economies (ISO) young men’s violence and identity crisis (Operation Cobra), international adoption (Anchorage), Mental illness and itinerancy (High-Speed), S&M practices and fetishism in popular culture (Blockbuster History), the family in the era of mega entertainment (Beluga crash blues). These latter projects consist of a car being turned into a wind turbine, (solo exhibition at the topical arts centre, Skol in Montreal, 2008) and the full length documentary, RIP IN PIECES USA.


Yael Bartana

Yael Bertana A declaration

00:07:00 | distribution : Montevideo

Un homme arrive par la mer en aviron sur un rocher, il remplace le drapeau israelien par un jeune olivier. Cette scène a lieu sur le rocher Andromeda, un rocher en méditerrannée face au port de Jaffa. Le protagoniste montre les similitudes avec les premiers pionniers israeliens des films de propagandes, forts et musclés, vêtus d’une chemise blanche et prêts à travailler dur la terre. Seulement, cette fois, le pionnier dénationalise le pays. Une des interrogations posée par A declaration : Quel effet peut produire le remplacement d’un symbole national par un autre ? A Declaration’ depicts a man rowing at sea and arriving at a rock where he replaces the proudly waving Israeli flag by a young olive tree. This action takes place at Andromeda’s Rock, a rock in the Mediterranean in front of Jaffa’s harbour. The protagonist shows similarities with the first Israeli pioneers from propaganda films, strong and muscular, dressed in a white shirt and ready to toil the land. Only, this time the pioneer denationalises the country. One of the questions that A Declaration asks is: what effect will it have when one national symbol is replaced by another?

Yael Bartana questionne les rapports complexes que nous entretenons avec la société. Comment le contexte géopolitique contemporain peut-il influencer notre comportement ? Mêlant vidéo et son, ses installations donnent à voir un geste qui, par sa répétition, devient mouvement. Le rythme obtenu, dont l’individu reste le moteur, fait vibrer la fragile frontière entre conditionnement et engagement. Le travail de Yael Bartana est très marqué par l’impact de l’état de guerre permanent ou latent sur la société israélienne contemporaine et plus particulièrement par la condition de la femme qui doit aussi être un soldat. Yael Bartana, âgée de 32 ans, est née et a étudié en Israël. Elle travaille aujourd’hui au Pays-Bas, représentée par la galerie Annet Gelink à Amsterdam. Ses vidéos, depuis 1999, sont montrées dans les festivals contemporains, notamment à la Manifesta 4 de Francfort/Main. Yael Bertana questions the complex relationships that we have with society. How does the contemporary geopolitical situation influence our behavior? Mixing film and sound, her installations provide us with a gesture that, by dint of repetition, transforms itself into movement. The resulting rhythm, which the individual is the driving force of, shakes the fragile boundary between conditioning and involvement. Yael Bertana’s work is greatly marked by the impact that the permanent or latent state of war has upon contemporary Israeli society and more specifically upon the condition of women soldiers. Yael Bertana is 32 years of age and was born and studied in Israel. She works in the Netherlands today and is represented by Annet Gelink Gallery in Amsterdam. Since 1999, her video work has been shown in contemporary festivals, notably at Manifesta 4 in Francfurt/Main.

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la galerie du cartable

Structure audiovisuelle portative pour piéton Fabrice Cotinat, David Legrand Henrique Martins Duarte depuis 1999 La galerie du cartable est une petite galerie portative pour piétons, un lieu de projection, de diffusion et de création vidéo portable, une galerie dorsale et nocturne qui peut faire irruption n’importe où ... n’importe quand. Depuis 2004, la galerie du cartable à ouvert son der­nier chantier filmique, une série de films vidéographiques intitulée Les Dialogues Fictifs, tour­née en partie avec des instruments de tournage et de diffusion d’in­ventions (low-tech) et qui mettent en scène des conversations entre des morts : personnages du passé, célèbres de l’histoire de l’art ou héros de la culture dans leur nouvelle vie quotidienne d’hommes filmi­ques. Portable audiovisual structure for pedestrians The satchel gallery is a small portable gallery for pedestrians, an area of projection, broadcasting and portable video making, a dorsal and nocturnal gallery which can burst in anywhere…at any time. Since 2004, the satchel gallery has opened its latest film site, a series of video graphical films entitled : The fictitious dialogues, shot partly with creative filming and broadcasting devices (Low-tech) and which stage conversations between dead people: characters from the past, famous people from history or art, or culture heroes in their new, everyday life of cinematic human beings.

Dialogue fictif #9 : Chercher cinéma Lettre à la galerie du cartable Chers amis, Un artiste français arrivera par le Mekong, dans un pays où les temples sont laissés à la nature qui se charge de leur destruction lente et naturelle pendant que d’autres temples se construisent à leur tour. La voie que cet artiste emprunte suit des principes qui doivent être appliqués à la vie quotidienne. Vous le filmerez! Votre acte filmique devra être pratiqué dès l’instant où vous vous levez pour accueillir le jour jusqu’au moment où vous vous retirez pour la nuit. Khamvien vous accueillera. Kéo vous traduira. Gardez votre corps et votre esprit centrés. Vos mains seront la clé de l’orientation systématique et du contrôle de votre caméra. Vous travaillerez avec les étudiants de l’Ecole des Beaux-Arts de Ventiane et de Luang Prabang. L’acte filmique s’établira partout, mais il aura une expression différente en chaque endroit où il prendra racine. L’Art que vous pratiquerez là-bas n’a pas de forme. Il consistera à ne rien retenir, à ne rien restreindre, à ne rien entraver. En définitive, vous devrez oublier toute technique. Si votre partenaire filme, laissez-le filmer, mais ne faites qu’un avec cette traction.

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Si l’artiste français joue au guerrier, laissezle attaquer. La voie du guerrier n’est pas de détruire ni de tuer mais d’entretenir la vie, de créer continuellement. Les étudiants savent que chaque rencontre est unique, c’est ainsi que la réponse appropriée surgira. Votre film stuppa gardera la mémoire de cette rencontre. Bon voyage, Isabelle Dear friends, A french artist will arrive via mekong, a country where temples are left to nature that takes care of their slow and natural destruction while other temples are built in turn. The path this artist follows is based on principles which must be applied to everyday life. You’ll film it! The act of filming should be practised from the very moment you get up to welcome the day to the moment you retire at night. Khamvien will welcome you. Keo will translate. Keep your body and spirit centered. Your hands will be the key to the systematic orientation and control of your film-camera. You’ll be working with the students of ventiane and Luang Prabang Art school. The act of filming will take place everywhere but it’ll have a different expression according to the place it’ll in each plce that it takes root. The art you’ll practise has no precise shape. It’ll consist in holding on to nothing, restraining nothing, blocking nothing. In fact, you’ll have to forget every technique. If your partner’s filming, let him film, move as one with him. If the French Artist plays the warrior, let him attack. The warriors’s path is not destroy or to kill but to support life, continuously creating. The students know that each meeting is unique, and so the appropriate answer will come up. Your “stuppa” film will keep the memory of this meeting. Have a good trip!

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Dominique Angel Extrait de Filet d’or sur fond bleu

«- Écoute Marcel, me demanda le commissaire de l’exposition à laquelle nous participions, écris-moi un texte court concernant tes intentions artistiques, on le fera traduire, je voudrais éviter que ton travail soit mal compris par un public peu au fait des extravagances de l’art contemporain. Je ne me faisais aucun souci pour la manière dont on pouvait interpréter mon travail ici, en raison du style grotesque de la décoration et des sculptures qui ornaient les temples. On pouvait y trouver un état d’esprit proche de l’art contemporain, y compris dans le délabrement des œuvres, leur facture sommaire et la profusion d’objets qui les entouraient. Ces œuvres n’avaient rien à voir avec le classicisme épuré des sculptures de hauts-reliefs hindoues, aux formes épanouies, qui structuraient une architecture de tailleur de falaise, plus distrayantes que les tympans d’églises du moyen âge chrétien. L’amoncellement en forme de monument des sculptures en pierre de la période classique de l’art hindou, évoquait une construction de l’esprit tendue et solidement délirante, propre à combler un abîme1. Par comparaison les sculptures en mortier peint et les temples du Laos ressemblaient à des œuvres de pacotille. Ma foi, assez gaies, pour leur défense. Même les statues en bronze du Bienheureux, à la texture pourtant plus délicate, semblaient faites de plastique doré. Mais les comparaisons étant funestes à l’art où rien n’est du même ordre, dans le meilleur des mondes possibles, je rédigeai le texte suivant :  Je réalise des photographies de sculptures improbables. Je me transforme momentanément en sculpture en me recouvrant de terre glaise. Il s’agit d’une série de bustes installés sur des socles. Ces bustes sont une représentation mélancolique de l’existence. Ce sont des autoportraits et, en fin de compte, des images. Ces images sont pour moi semblables aux œuvres d’art dont on n’a jamais vu que la photographie et qui n’existent peut-être plus en raison de l’usure du temps, des guerres et du vandalisme.

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Elles sont comme les photographies de nos ancêtres disparus.  Cette dernière phrase faisait allusion au culte des ancêtres, très apprécié dans cette région du monde. L’exemple me semblait juste, bien qu’il fut assez démagogique. Cependant, comprendre la nature de nos différences passait par ce genre d’allusions affectives. Or, il arriva, une fois le texte rendu public, que de nombreuses personnes vinrent curieusement me demander pourquoi je m’ennuyais. Le mystère fut éclairci quand, après avoir entendu plusieurs interprètes, j’appris que la phrase : « Ces bustes sont une représentation mélancolique de l’existence », avait été traduite par : « L’artiste réalise ces bustes car il s’ennuie dans la vie.»» Extract of Trickle of gold on a blue background “– Listen Marcel, said the curator of the exhibition that we were taking part in, write me a short text about your artistic projects and then we’ll get it translated; I would rather avoid your work from being misunderstood by an audience that is unaware of the extravagancies of contemporary art. I was not in the least bit worried about how my work could be interpreted here, due to the grotesque style of the decoration and sculptures that adorned the temples. You could find a certain frame of mind that was close to contemporary art, mainly through the dilapidation of the works, their rough workmanship and the profusion of objects surrounding them. These works had nothing in common with the uncluttered classicism of high-relief Hindu sculptures, with flourished shapes and impressive architecture that was even more diverting than the tympanum of a medieval Christian church. The piled up, stone sculpted monuments of the classical period of Hindu art recalled the construction of a tender and highly delirious soul, ready to fill a void1. In comparison, painted mortar sculptures and Laotian temples looked cheap. Well, rather gay to take their defense. Even the bronze statues of The Happy One with 1. However, it so happened that once the text was made public, many people inquisitively came to ask me why I was bored. The mystery was cleared up when upon hearing several interpreters I learnt that the sentence: “These busts are a melancholic representation of existence”, had been translated to : “The artist makes busts because he is bored in life.”


a more delicate texture, seemed to be made out of gold plastic. Yet the comparisons to art where nothing is of the same order were in fact grave, and in the best of possible worlds, I wrote the following text: I make photos of dubious sculptures. Momentarily, I transform myself into a sculpture by covering myself in clay. There is a series of busts installed on stands. These busts are a melancholic representation of existence. They are self-portraits, and thereby images. To me, these images are similar to art that we have only ever seen on photos and that may no longer exist due to the wear with time, wars and vandalism. They are like photos of our lost ancestors. The last sentence was an allusion to the cult of ancestors, which was immensely appreciated in this part of the world. The example seemed correct although rather demagogical to me. Nevertheless, understanding the nature of our differences passed through these kinds of affectionate allusions.”

Kiyé Simon Luang La chambre [The bedroom] Un repas au Laos. Deux hommes. Quatre femmes. Une caméra …Et une chambre. Une langue maternelle à jamais étrangère. Et tout ce qui se dit ne s’entend pas Et tout ce qui s’entend va sans dire. A meal in Laos. Two men Four women A video camera….And a bedroom A mother tongue forever foreign. And everything that is said cannot be heard And everything that is heard goes without saying.

Kiyé Simon Luang est membre du

Pièce supplémentaire n° 25 (Tuk tuk Sir ?) 2008 | 00:06:00

L’artiste traverse le Laos en dansant. The artist crosses Laos by dancing.

collectif Film flamme à Marseille et responsable du Studio Autonome du Cinéma de RecherchE (S.A.C.R.E.). Ecrivain et photographe, il développe son langage de cinéma au moyen des outils de la vidéo grand public : caméscope ou fonction vidéo des appareils photo numériques. Ce travail commencé en 2002 s’ancre librement dans le genre documentaire à travers des chroniques intimes qui sont autant de pages de ce qu’il nomme son journal du retour. Ici finit l’exil, son premier film long-métrage (production Shellac Sud) est en post-production.

C’est également un livre (éditions Limitrophe) paru en mars 2008. Kiyé Simon Luang is a member of the flamme film collective in Marseille and is in charge of the Autonomous Studio of Cinema Research. A writer and a photographer, he is developing his cinema language by means of video tools designed to appeal to a wide audience: camcorder or video function of digital cameras. This piece of work, which began in 2002, settles freely into the documentary category by way of intimate chronicles, which are as much pages from which he calls his return diary. Exile finishes here, his first full-length film (produced by Shellac Sud) is at the postproduction stage. It is also a book (Limitrophe editions) which came out in 2008.

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Carte blanche à Elisabeth Pawlowski Jean-Charles Hue Depuis quelques années, Jean-Charles Hue partage des instants de vie truculents avec une famille Gitane/Yénniche. C’est en quête de ses propres origines et dans l’impossibilité de les trouver qu’il se fit «adopter » par la famille Dorkel. La fréquentation régulière de cette famille en marge est devenue comme un appel d’air dans sa vie. À ce jour cinq films ont été réalisés La BM du Seigneur (2004), Perdonami Mama (2004), Quoi de neuf docteur ? (2004), Un ange (2005), Y’a plus d’os (2006). Jean-Charles Hue nous introduit dans des mondes tenus à l’écart et qui se tiennent aussi tout autant délibérément à distance. Jean-Charles Hue has been sharing colourful moments in the life of a Yeniche family for several years. While searching for his own roots, and being unable to find them, he got himself “adopted” by the Dorkel Family. Regular contact with this family on the margins of society brought a breath of fresh air into his life. Five films have been made so far : La BM du Seigneur (2004), Perdonami Mama (2004), Quoi de neuf docteur ? (2004), Un ange (2005), Y’a plus d’os (2006). Jean-Charles Hue introduces us to marginal worlds – worlds which also keep themselves deliberately apart.

La BM du Seigneur 2004 | 00:1300 | Vidéo

« C’est un 735 BM ma couille !» A 200 ça fait peur. On a peur parce qu’on se dit que l’on peut encore y faire quelque chose, arrêter la machine. Et puis un accident, ça y met du sang, des os brisés, ça hurle, ça fait très mal et même tu succombes. A 240, c’est plus un accident, c’est une destinée. Tu deviens silencieux et fragile. C’est comme avec une bastos… soudain… y’a plus d’os. On s’volatilise mettons… Ça veut dire qu’on vole et puis on disparaît.» Extrait de La BM du Seigneur.

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“This is a BMW 735 “ma couille” !” It’s scary At 200 kmh. It’s scary because we rec-

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kon we can still do something, stop the machine. And then an accident, it’s bloody, broken bones, screaming, it really hurts and you even die. At 240, it’s not an accident anymore, it’s destiny.You become silent and fragile. It’s like a bullet... suddenly ... no more bones. We vanish into thin air… It’s like we fly and then we disappear.” Extract from La BM du Seigneur.

Quoi de neuf docteur ? 2004 | 00:08:50 | Vidéo

« C’est le portrait de Maurice, un jeune voyageur “Yénniche”. Maurice aime chahuter les pitbulls, malmener ses neveux et nièces, conduire sans permis et braconner le lapin avec son frère. Mais ce qu’il sait faire de mieux, c’est préserver coûte que coûte le monde de l’enfance.» JCH

Elisabeth Pawlowski est diplômée des Beaux-arts de Caen en 2002. Parallèlement à différentes collaborations (Wharf, Plateau, Arte France Développement…), elle crée avec Hélène Robert l’association HB, dont l’objectif est de développer de nouveaux réseaux de production et de diffusion pour l’art contemporain. En 2004, elle se joint à la société ADR Productions où elle prête son concours aux sections longs-métrages et documentaires. Elle coordonne actuellement un département de films à la croisée des arts plastiques et du cinéma au sein de cette même structure. Elle vit et travaille à Paris. Elisabeth Pawlowski graduated from the École de Beaux-Arts in Caen in 2002. Alongside her work with numerous production companies (Wharf, Plateau, Arte France Développement ...), Pawlowski cofounded HB, an organisation committed to creating new networks for the production and distribution of contemporary art. In 2004, she began working for the feature film and documentary departments of ADR Productions. She is currently coordinating a department dedicated to films that bridge the gap between visual arts and cinema. She lives and works in Paris.


“This is a portrait of Maurice, a young Yeniche traveller. Maurice loves teasing pitbulls, treating his nephews and nieces roughly, driving without a license and poaching rabbits with his brother. But what he does best is to live his childhood to the full, whatever the cost.” JCH

Perdonami Mama 2004 | 00:07:30

« C’est Jo qui écoute dans son camion une chanson de voyageur. C’est un moment rare d’intimité et de proximité avec ce garçon habituellement d’un tempérament violent et lunatique. C’est aussi le plaisir de se laisser aller à écouter une chanson aussi naïve que romantique qui en dit long sur la vie des voyageurs. C’est dans ces moments simples que les êtres se mettent à nu…Et par ailleurs ce film est peut-être le premier karaoké gitan. » JCH

“Jo is listening to a traveller’s song in his lorry. It’s a rare intimate and close moment with this boy who is usually violent and moody. It’s also about the pleasure of letting yourself go, listening to a song as naïve as it is romantic, which says a lot about a traveller’s life. It’s in these simple moments that people bare themselves… and this might be, by the way, the first gypsy karaoke.” JCH

Un Ange 2005 | 00:38:00 | Vidéo

« Fred, un voyageur “Yénniche”, gagne sa vie en volant des voitures. Un jour, un être vient sur son terrain et lui parle de lumière. Suite à cette rencontre, Fred ne sera plus le même, car un ange –son ange- s’est penché sur lui. Si “Dieu passe entre les marmites” (Sainte Thérèse d’Avila), Fred recherche sa lumière entre les caravanes.» JCH

kes a living from stealing cars. One day, a being comes to his territory and talks to him about light. After this encounter Fred won’t be the same again, as an angel his angel - has come to him. If “God passes between heavy shells” (Saint Theresa of Avila), Fred searches for his light between caravans.” JCH

Y’a plus d’os [There Ain’t No Bones] 2006 | 00:05:36 | Vidéo

Il est question d’un enfant malade, d’un homme inconséquent et d’une femme excédée. Une soirée bien arrosée. Fred s’agace, tape de la carrosserie, hurle. Puis tout à coup l’arme se retourne… It concerns a sick child, an inconsequential man, and an irritated woman. A drunken evening. Fred loses it, hits the walls, yells. Then, suddenly, the weapon is turned…

“Fred, a Yenniche traveller, ma-

Andy Guerif Cène (Duccio di Buoninsegna) 2006 | 00:31:00 Production : Capricci films | Diffusion : Capricci Films Image : Pascal Rabate | Son : Gwen Labarta Mixage : Jeff Maître | Régie : Audrey Gohaux Acteurs : Guillaume Boissineau, Julien Parsy, Rémi Paris, Yvan Davy, Pierre Josse, François Guindon, Pascal Da Rosa, Tristan Raimbault, Cyril Planchenault, Julien, Jérôme, Xavier Barbarit, Andy Guérif

Un long plan-séquence, tourné en caméra fixe, montre 13 personnes en train de construire un décor. A long sequence shot, turned out with fixed camera, shows 13 people building a decoration and giving birth to a “scène”.

75 Odyssée du réel


Les instants vidéo par Marc Mercier

Des trajets moyen-orientaux Comment vivent les hommes sans la poésie ? Cette question peut paraître obsolète quand elle côtoie le mot Palestine. Quiconque porte un regard critique et méfiant sur les grands médias acceptera volontiers l’idée que ce territoire est défiguré par les images spectaculaires et partiales qui occultent une réalité complexe, nuancée, subtile. La poésie ne vit pas sans les hommes qui l’écrivent, la lisent, la disent, la filment. Elle est l’essence de toute véritable révolution sociale. Toute révolution doit se mettre au service de la poésie, et non l’inverse. Les Instants Vidéo mènent depuis 2004 des actions concertées avec des artistes et acteurs de la vie culturelle au Maroc, en Palestine, en Syrie, au Liban et bientôt en Egypte… Le sud méditerranéen nous passionne. Du 18 au 23 mai, avec nos partenaires de la Fondation Qattan, nous organiserons le 1er festival d’art vidéo et multimédias de Palestine (Ramallah, Gaza et Jérusalem). Ce sera certainement l’un des temps les plus forts de l’histoire de notre association. La programmation que nous avons choisie pour Bandits-Mages ne donnera qu’un lé-

ger aperçu de la création vidéo du MoyenOrient. Tout juste une esquisse. Quelques trajectoires. Quelques actes de résistances poétiques. Journeys with the Middle-East, a programm by Les Instants Vidéo How do people live without poetry ? The question could seem anachronistic when speaking about Palestine. Whoever have a critical and spectical glance at media will easily agree that this territory (Palestine) is distorted by the dramatical and biaised images which gloss over a more complex, subtle, discerning reality. Poetry can’t live without the ones who write it, read it, say it, film it. It is the essence of any real social revolution. Every revolution must be at the disposal of poetry, and not the contrary. Since 2004, Les Instants Vidéo have been running jointed actions with artists and cultural actors in Marocco, in Palestine, in Syria, in Lebanon and soon in Egypte. We are attached to the south mediterranean banks. From the 18th to the 23rd of May, together with our partners from the Qattan Foundation, we will organize the 1st Video art and multimedia festival of Palestine (Ramallah, Jerusalem and Gaza). It will surely be one of the most significant high point of our history. The programm we choose for Bandits-Mages will give a light glance at the Middle-East video art creation. Just a hint. A few paths. A few actions of poetic resistances.

Nisrine Boukhari

Wi-th-em

The monoconcept

Autoportrait(s) pluriel et délicatement chorégraphique.

Syrie 2008 | 00:05:40

Pendant les 20e Instants Vidéo, Nisrine Boukhari découvre la voix merveilleuse de Fatima Miranda. De retour à Damas, elle lui rend cet émouvant hommage. During the 20th festival Les Instants Vidéo, Nisrine Boukhari discovers the beautiful voice of Fatima Miranda. Back to Damas, a tribute to Fatima Miranda.

76 Odyssée du réel

Syrie 2008 | 00:05:30

A selfportrait(s), multifaced and carefully choreographic.

Taysir Batniji Gaza-Journal intime Palestine 2001 | 00:04:50

Réalisée en Palestine, cette vidéo réfléchit sur les qualités et les propriétés du médium vidéographique autant que sur le poids politique d’une césure qui sépare des populations voisines. Les arrêts sur

image se multiplient tout en préservant la continuité de la source sonore ; les seules images animées sont celles qui servent de plan de coupe systématique. Ellesmêmes évoquent le montage cut ou la fermeture de l’obturateur : un hachoir coupe de la viande. Intimate Journal is a five minute video work in which Batniji continues the development of his ideas and work around the city and public spaces in Gaza. Batniji operates like an anthropologist, observing his environment, and moving through intimate spaces of the city, while rarely depicting himself. In the film we see nu-


merous scenes of everyday life in Gaza, and the bustling sound of traffic and people; however this is interspersed with scenes of a butcher chopping meat. The butcher and meat carry different layers of significance. Meat is an important status symbol in Palestine and daily diet centres around the food, while the slaughter of lambs is part of the holiest feast in the Muslim calendar, the Eid al Adha. While calling on these references, Batniji also uses these scenes to explore issues of violence, death and to comment on the way in which time and routine are brutally disrupted in this place.

Majed Shala Eiffel à Gaza Palestine 2006 | 00:03:00 Production Windows from Gaza for Contemporary Art.

La Tour Eiffel transfèrée à Gaza. The Eiffel Tower moved to Gaza.

Nahed Awwad Going for a ride ? Palestine 2003 | 00:15:00

Une vidéo réalisée d’après une installation de Vera Tamari au moment du Siège de Ramallah. En avril 2002, l’armée israélienne envahit des villes sous contrôle de l’Autorité Palestinienne. Ils tuent des gens. Ils démolissent des maisons, défoncent des routes et détruisent des véhicules. Rien que dans Ramallah, entre 600 et 700 voitures ont été totalement écrasées par les tanks. Véra fait construire une

route qui vient de nulle part et va nulle part sur laquelle sont déposées des voitures détruites. Quelques heures après l’inauguration, le 23 juin 2002, les tanks isaréliens occupent à nouveau Ramallah, imposant un couvre-feu et ravageant une fois de plus la ville. Ils font basculer une voiture qui prend feu dans l’installation. From an installation by Vera Tamari. The Going For a Ride ? installation took its impetus from the violent incursions into the Palestinian territories that occurred in 2002. One of the consequences of the IDF’s attacks was the destruction of hundreds of vehicles by Israeli tanks. Vera Tamari sought to comment on this mindless destruction, the incursion, curfews and extreme force used to suppress Palestinians, through the creation of this site specific installation. A series of crushed cars were placed on a fake road in a playing field. The crushed cars which were going nowhere served to capture a moment in time, each with car radio playing. In fact, the same night after the opening of the installation, there was a second incursion into Ramallah, and the soldiers came and destroyed the installation. The process of the creation of the piece along with documentary photoage of the incursions can be seen in this short film by Nahed Awwad.

Till Roeskens Vidéocartographie : Aïda, Palestine France 2008

Camp Aïda 00:07:18 Vallée Ahmed 00:05:26 J’ai demandé aux habitants du camp de Aïda à

Bethléem d’esquisser des cartes de ce qui les entoure. Les dessins en train de se faire ont été enregistrés en vidéo, de même que les récits qui animent ces géographies subjectives. « I have asked inhabitants of Aïda, Bethleem, to draw maps of what they see around them. The drawing process as well as the stories related to chose subjective geographies have been recorded on video.»

Sharon Horodi & Cheb M. Kammerer Simply a Love Song Israël 2006 | 00:05:00

Ce film fut réalisé en août 2006 au moment où la guerre contre le Liban battait son plein. Pendant une manifestation à Tel Aviv contre la guerre, quelques passants commencent à perdre leur calme… “Simply A Love Song» was made in August 2006 when war between Israel and Lebanon hit its peak. During a demonstration against the war the atmosphere heated up, passerby started to lose temper. Despite our seemingly documentary working method this video display a subjective point of view, that does not intend to be objective.”

Marc Mercier Corrida urbaine France 2008 | 00:03:13

Dans une rue de Ramallah (Palestine), un agent de la circulation danse parmi des taureaux métalliques. A street in Ramallah (Palestine). A very intense trafic. A man is bullfighting the cars with the elegance of a dancer.

77

Odyssée du réel


carte blanche : Le peuple qui manque www.lepeuplequimanque.org

Art féministe latino-américain Mujeres creando & Maria Galindo Le célèbre groupe féministe bolivien, Mujeres creando, collectif multitude de femmes en rébellion, mène depuis quinze ans une passionnante élaboration entre intervention urbaine, critique radicale, utopie irrépressible, célébration faste et tendre du corps, du plaisir, du quotidien, des puissances de l’imaginaire. Leurs « actions » ou performances de rue dessinent une posture éthique unique en son genre d’agitatrices, « ni intellectuelles ni artistes », en lutte contre les oppressions patriarcales, les schémas coloniaux, les politiques néolibérales. (Aliocha Imhoff & Kantuta Quiros) (distribution: Le peuple qui manque) “Crazy people, agitators, rebels, disobedients, subversives, witches, street, grafiteras, anarchists, feministas, Lesbians and heterosexuals; married and unmarried; students and clerks; Indians, chotas, cholas, birlochas, and señoritas; old and young; white and coloured, we are a fabric of solidarities; of identities, of commitments, we are women, WOMEN CREATING.” Mujeres Creando. Acciones is gathering a serial of street actions between art and politics.

78 Odyssée du réel


Lorena Wolffer Mientras dormiamos (el caso Juarez) 2002 | 00:10:00 « Dans Tandis que nous dormions (l’affaire Juárez), le corps de Lorena Wolffer, transformé en carte symbolique, sert à documenter et à faire le récit de cinquante des cas enregistrés à Ciudad Juarez (Mexique) où depuis le debut des années 90, plus de 300 femmes ont été assassinées et autant sont portées disparues. Le corps de l’artiste devient un véhicule de représentation de la terrible violence subie par ces femmes. Une violence qui semble s’être aujourd’hui institutionnalisée.» “In While we’re sleeping (the Juárez scandal), Lorena Wolffer’s body, transformed as a symbolic card, is used to document and give an account of fifty cases recorded in Juarez City (Mexico) where since the beginning of the nineties, more than 300 woman have been murdered and as many reported missing. The artist’s body becomes a vehicle of representation for the terrible violence suffered by these women. Violence, which today seems to be institutionalised.”

Lorena Wolffer Mexicaine, Lorena Wolffer est artiste, performeuse et activiste culturelle. Elle a présenté son travail en Europe, au Canada, aux Etats-Unis. Lorena Wolffer est aussi promotrice d’art expérimental, elle a organisé plus d’une vingtaine d’événements artistiques, notamment les expositions ¿ Krimen urbano ? (Antiguo Edificio de Bomberos, 2001), Señales de resistencia (Musée de la Ville de México, 2000), Arte chido, el arte de la violencia (Antiguo Colegio de San Ildefonso, 1997) y Terreno Peligroso / Danger Zone (UCLA, Los Ángeles, California y Ex-Teresa Arte Alternativo, 1995). Elle a été co-fondatrice et directrice du centre culturel mexicain Ex-Teresa Arte Alternativo (1994-1996); chargée de la section de Mujeres del Siglo XXI, IMER 108 (2000-2002) ; etc. Elle est la co-créatrice et co-scénariste de l’émission culturelle télévisée La Caja negra, sur Once TV (2003-2004) et s’occupe aujourd’hui de la Coordination de la Diffusion Culturelle de l’Université Nationale Autonome de México et enseigne la performance au Centre National des Arts du Mexique, entre autres. Mexican, Lorena Wolffer is an artist, performer and cultural activist. She has presented her work in Europe, Canada, and the United States. Lorena Wolffer is also a promoter of experimental art, she has organised over twenty artistic events, in particular the exhibitions ¿ Krimen urbano ? (Antiguo Edificio de Bomberos, 2001), Señales de resistencia (Mexico City Museum, 2000), Arte chido, el arte de la violencia (Antiguo Colegio de San Ildefonso, 1997) y Terreno Peligroso / Danger Zone (UCLA, Los Ángeles, California y Ex-Teresa Arte Alternativo, 1995). She was co founder and director of the Mexican cultural centre Ex-Teresa Arte Alternativo (1994-1996) ; in charge of the section Mujeres del Siglo XXI, IMER 108 (2000-2002); etc. She is co creator and co scriptwriter of the televised cultural programme La Caja negra, on Once TV (2003-2004) and currently deals with the coordination of the National Autonomous University of Mexico’s cultural broadcasting and, among other things, teaches performance at the National Centre of Mexican Arts.

79 Odyssée du réel


CARTE BLANCHE CLAIRE GUELLEC CLAIRE GUELLEC Rô

2008 | 00:10:00 | N/B avec la participation d’Icaro lira et du réalisateur et néanmoins sujet, Luiz Rosemberg Filho

Ce court métrage est un court portrait du réalisateur Luiz Rosemberg Filho. Je suis chez lui et je l’appréhende. Je lis les images de sa télévision avec la réalité. Je lis son amertume face à sa propre situation au Brésil, de réalisateur engagé, à ses sourires et moments de silence fugace. Je joue avec la complexité des données que j’avalais au moment, alors au Brésil, avec une certaine simplicité, je pense, du moment présent. Ses films, filmés abruptement par la télé, sont les vestiges de son travail;  plusieurs long métrages et court-métrages ; bricolages d’images écorchés mais construits. Et c’est avant tout une rencontre forte et intense avec ce vieux monsieur usé, mais touchant, au sens profond et « non pathos » du terme. This short film is a brief portrait of the director Luiz Rosemberg Filho. I am at his home and I am apprehensive. I link the pictures on his television with reality. I link his bitterness about his own situation as a committed director in Brazil with his smiles and fleeting moments of silence. I play with the complexity of the information that I was able to take in with a certain simplicity at the time, in Brazil – thanks, I think, to experiencing them in the present. His films, shown abruptly on the television, are the remnants of his work; several feature films and shorts; an assortment of damaged but assembled images. And it is above all a powerful and intense meeting with this old man, who is worn but touching, in the deep, not the pathological, meaning of the term.

Luiz Rozemberg Filho

Sangue [sang]

2008 | 00:10:24 | Palmares prodution production : Palmares Production | poême : Moacy Cirne | édition : André Scucato | photographie : Renaud Leenhardt | acteurs : Moacy Cirne | réalisation : Luiz Rosemberg Filho & Moacy Cirne.

80

« Un court pensant » relatant d’une relation possible entre poésie et histoire. Et, parmi les deux, comme un petit pont, les images. Poésie, histoire et film dans une position anti-guerre, anti-armes. Un monde continuant à profiter des guerres nécessaires pour se préparer à un changement radical.

Odyssée du réel

Nelson Dantas dans le film Assuntina das

C’est un choix que nous Amérikas de Luiz avons, un rapport d’ur- Rosemberg Filho gence. En partant d’une poésie de bonne humeur et furieuse de Moacy Cirne, nous sommes arrivés à un assemblage créateur et audacieux pour ce recueil d’images largement diffusé et sa forme globale. A short thoughtful film portraying a possible relationship between poetry and history. Between the two, like a little bridge, are the pictures. Poetry, history and film taking an anti-war and anti-arms stand. A world that is continuing to profit from wars that are necessary to prepare a radical change. It is the choice that we have, an emergency. Starting with Moacy Cirne’s fun and furious poem, we get to this creative and audacious construction of a collection of widely distributed pictures and its global form.

Antonio Moreno

Éclipse

1984 | 00:12:00 | production du collectif de cinéastes « Corcina »

Éclipse d’Antonio Moreno est une animation dessinée, directement sur la pellicule. Éclipse se développe par un contrepoint entre les voix extrêmement concrètes et les images, frôlant l’abstraction. Le tout se perd constamment entre une relation de crise référencielle, externe, et possible des représentations. Le film, de caractère autodéstructif, décrète la mort des Nouveaux Films, léchant leurs blessures, dans un certain type de rituel, un passage dans lequel nous sommes pris. Celui de la modernité poudrée à un climat apocalyptique. Eclipse is an animated movie, drawn


directly onto the film. Eclipse grows through the parallel between the extremely con­ crete voices and the pictures which come close to abstrac-

tion. It swings between a referential crisis and the possibility of representations. The film has an auto-destructive character and describes the

death of New Films, licking their wounds in a sort of ritual; a gripping scene. It is modernity sprinkled over the apocalypse.

Anne Durez

Année Lumière [Light Year] 00:47:20 | film | 2007

De février à mai 2005, j’ai vécu cette période que l’on appelle l’hiver éclairé, en fin de nuit polaire et jusqu’au jour continu, sur l’Archipel du Svalbard (Spitzberg), la terre habitée la plus proche du Pôle Nord. Année lumière est le récit de cette expérience en milieu polaire, le questionnement lié au fait d’habiter le paysage. Année lumière est une relation au voyage. C’est un film entre fable et songe, entre pressentiment et souvenir. Avec le soutien de : CulturesFrance, Villa Médicis hors les murs | L’institut polaire français (IPEV) | « Aide au projet », La Criée, Centre d’art contemporain, Rennes | Région Bretagne, en partenariat avec le CNC | Stationmobile, Rennes | Année Lumière a également donné lieu à une exposition éponyme à la galerie du Dourven, Trédrez-Locquémeau du 2 février au 24 mars 2008

From February to May 2005, I experienced the time of the year called the “lit winter”, from the end of the polar night until the 24-hour-daylight on the Svalbard archipelago (Spitsbergen), the last inhabited land before the North Pole. Light Year is the story of this experience in a polar environment. It questions the idea of inhabiting the landscape. Light Year is a relationship to travel. It is a film between tale and dream, omen and memory. Supported by : AFAA, Villa Médicis hors les murs, 2005 | French Polar Institute (IPEV) | Grant allowed by La Criée, Contemporary Art Center, Rennes, France | Brittany region, in partnership with the National Center of Cinematography | Stationmobile, Rennes

81 Odyssée du réel


Coul = 0% 50% 0% 80%

134 mm

152 mm

182 mm

107 mm

1,9 mm

20 mm 7,7 mm

144 mm

22 mm


m

expérience(s)

cinéma Le Silo

sur une invitation de Solenn Morel et Elfi Turpin, dans le cadre du cycle d’exposition Concept Aventure Le Silo propose une séance de films consacrée à Edward W. Saïd, autour de ses Réflexions sur l’exil et autres essais, Actes Sud, 2008. Edward W.Said (Jérusalem 1935 - New York 2003) était théoricien littéraire, critique et musicologue palestinien de citoyenneté américaine. Il a enseigné de 1963 jusqu’à sa mort en 2003 la littérature anglaise et la littérature comparée à l’université Columbia de New York. Réflexions sur l’Exil et autres essais forment un ensemble de réflexions suscitées à la fois par son expérience d’enseignant-chercheur et par sa propre expérience d’exilé. Convaincu du rôle moral des intellectuels, Said prône une forme de résistance critique érudite, immédiatement inspirée par son histoire personnelle. L’« exil » intervient comme paradigme exégétique d’un processus intellectuel à vocation critique, à l’échelle humaine et universelle. Les films choisis ici présentent différentes situations d’exil – collectives ou individuelles, physiques ou intellectuelles, réelles ou métaphoriques. Il s’agit de décliner différents aspects d’une figure de mobilité mettant en crise la notion même de frontière et par conséquent celle de point de vue. Ce faisant, les films rejoignent les propos de Saïd : les lieux investis par les agents mobiles qui s’y activent deviennent des lieux critiques par excellence, foyers du doute fondamental qui sans cesse repense et reformule l’articulation entre l’ici et l’ailleurs, la subjectivité et l’autre.  Le Silo proposes a film session dedicated to Edward W. Saïd about Reflections on Exile and Other Essays, Actes Sud, 2008. Edward W. Said (Jerusalem 1935 - New York 2003) was a Palestinian literary theorist and musicologist with American citizenship. He was University Professor of English and

Le Silo est un groupe de travail dédié aux relations entre cinéma et art contemporain, envisagées d’un point de vue théorique et pratique : programmations cinéma et vidéo, expositions et publications, autant de projets qui permettent d’accompagner ce que l’on a appelé la « migration des images » : les multiples déplacements du cinéma. www.lesilo.blogspot.com

Le Silo, une proposition de Marie Canet / Teresa Castro / Evgenia Giannouri / Clara Schulmann / Jennifer Verraes Le Silo is a workgroup that is dedicated to establishing relationships between films and contemporary art envisaged from a theoretical and practical standpoint: film and video programming, exhibitions and publications; as many projects that accompany what we call the “migration of images”: the many movements of films. Le Silo is represented by Marie Canet / Teresa Castro / Evgenia Giannouri / Clara Schulmann / Jennifer Verraes

83 Expérience(s) Cinéma


Comparative Literature at Columbia University, New York from 1963 until his death in 2003. Reflections on Exile and Other Essays is a collection of reflections drawn from his experience as a professor and researcher, and his experience as an exile. Said, who was convinced of the moral role played by intellectuals, advocated the critical resistance of an erudite that was directly inspired from his own experience. “Exile” interposes like an exegetic paradigm that is part of an intellectual process with a critical purpose on a human and universal scale.

The selected films present different situations pertaining to exile: collective, individual, physical or intellectual, real or metaphorical exile. It is about declining the different aspects of a figure of mobility, thus highlighting the notion of boundaries and consequently, standpoints. The films connect with Said’s reasoning: places endowed with active mobile agents become critical places par excellence; sources of fundamental uncertainty that constantly reconsider and reformulate the connection between here and elsewhere, subjectivity and the other.

Concept Aventure

Cycle d’expositions et d’événements conduits par Solenn Morel et Elfi Turpin à La Box à Bourges, 2008/2009. Concept aventure tente le rapprochement pour le moins improbable de deux notions présentées le plus souvent comme antagonistes – d’un côté, le concept en référence au courant éponyme qui met à distance le monde et ses objets ; et de l’autre l’aventure ou l’expérience sensible du territoire. Concept aventure – ou une certaine « aventure du concept » à une époque où ce terme se vulgarise – propose ainsi d’imaginer des filiations entre des artistes issus de temporalités différentes (les conceptuels et une nouvelle génération) et de brosser le portrait d’un artiste intervenant à la frontière d’un terrain de jeu dont les règles ont été énoncées par ses aînés américains. Ces derniers, qui ont appliqué des méthodes et des processus d’appréhension de leur environnement, ont proposé un cadre d’interventions - un entre-deux, vecteur d’aventures contemporaines. Chaque épisode de ce programme – 15 % d’héroïsme, 6 % de conquête environ, 54 % de témérité, 25 % de mélancolie – émet donc ici, avec humour et dérision, une nouvelle hypothèse appréhendant de façon fragmentaire (d’où le recours aux mathématiques) le caractère insaisissable de ces approches.

84 Expérience(s) Cinéma

A cycle of exhibitions conducted by Solenn Morel and Elfi Turpin at La Box gallery in Bourges, 2008/2009.

Concept aventure strives to establish what seems to be an unlikely connection between two notions that are often perceived as conflicting. On the one hand there’s the eponymous referential concept that sets the world and its objects at a distance, and on the other there’s the sensitive adventure or experience of a territory. Concept aventure – or a certain «adventure of a concept» in an age when the term is becoming popular – is about imagining connections between artists from different temporalities (conceptual and new age) and presents us the portrait of an artist intervening on the limits of a playground where the rules were established by his American forefathers. The latter, who have bestowed their surroundings with apprehensive methods and processes, provide a framework for the unfolding of events – a middle ground that is a vehicle of contemporary adventures. Each episode of this program – 15% heroism, roughly 6% conquests, 54% temerity, 25% melancholy – humorously and derisively diffuses a new hypothesis which in a fragmented fashion (hence the recourse to mathematics) captures the elusive nature of its assessment.


Charles et Ray Eames

Charles Eames (19071978) et Ray Eames

1976 | 00:05:00 | couleur | sonore avec l’aimable autorisation du Eames Office www.eamesoffice.com

(1912-1988) comptent parmi les plus importants designers américains de ce siècle. Ils sont connus pour leurs contributions en architecture, en photographie artistique et dans les domaines du design industriel et mobilier. Entre 1950 et 1982, ils ont réalisé plus de 100 courtsmétrages de durées variables.

Atlas, a Sketch of the Rise and Fall of the Roman Empire

Une animation de la carte de la Méditerranée présente la progressive expansion et régression des frontières de l’empire romain pendant qu’un chronomètre compte les siècles. An animated map of the Mediterranean presents the progressive expansion and regression of the boundaries of the Roman Empire while a stopwatch counts the centuries.

Charles Eames (1907-1978) and Ray Eames (1912-1988) are amongst the most important American designers of this century. They are famous for their contributions to architecture, artistic photography and fields related to industrial and interior design. Between 1950 and 1982, they produced more than 100 various length short films.

Bouchra Khalili Mapping Journey #1

2008 | 00:08:00 | couleur | sonore | contact artiste : bouchra.khalili@gmail.com contact galerie : contact@galerieofmarseille.com

Un plan fixe sur une carte de l’Afrique et de l’Europe enregistre le témoignage et le trajet d’un “harrag”, migrant clandestin qui a quitté l’Algérie pour rejoindre la France. A static shot taken of a map of Africa and Europe recording the testimony and the journey of a “harrag”; a clandestine migrant who has left Algeria to come to France.

Kevin Jerome Everson North

2007 | 00:02:00 | couleur | sonore | contact galerie: Madeleine Molyneaux : picturepalacesale@yahoo.com | contact artiste : ke5d@virginia.edu

Un film sur un homme qui cherche son chemin sur une carte emportée par le vent. A film about a man who is trying to find his way on a map that is carried away by the wind.

Francis Alÿs

When Faith Moves Mountains 2002 | 00:14:00 | couleur | sonore | Galerie Peter Kilchmann en collaboration avec Cuauhtemoc Medina et Rafael Ortega

Le 11 avril 2002, 500 bénévoles ont été appelés pour déplacer de sa position initiale une dune de sable située dans les environs de la ville de Lima. On the 11th April 2002, 500 volunteers were asked to help shift a sand dune from its initial position in the outskirts of the city of Lima.

Bouchra Khalili est une artiste franco-marocaine, née en 1975 à Casablanca. Elle vit et travaille à Paris. Elle a étudié le cinéma à La SorbonneNouvelle, et est diplômée de l’Ecole Nationale Supérieure d’Arts de Paris-Cergy. Ses vidéos explorent l’espace méditerranéen, qu’elle envisage comme un territoire dédié au nomadisme. Placé sous le signe du déplacement géographique et mental, son travail tente de perturber les limites entre cinéma et arts plastiques, fiction et documentaire, essai et expérimentation. Bouchra Khalili is a French-Moroccan artist who was born in Casablanca in 1975. She lives and works in Paris. She studied cinema art at La Sorbonne-Nouvelle and holds a diploma from the National School of Fine Arts Paris-Cergy. Her videos explore the Mediterranean area, which she perceives as a territory dedicated to nomadism. Her work reflects geographic and mental movement and strives to perturb the boundaries between film and fine art, fiction and documentaries, tests and experimentation

85

Expérience(s) Cinéma


Djibril Diop Mambéty Contras’ City

1969 | 00:21:00 |Cinémathèque Afrique | jln@culturesfrance.com

À l’occasion d’une visite de Dakar, ce documentairefiction explore les contrastes entre la ville néocoloniale et la vie quotidienne des Sénégalais. Hybridité et asso­ ciation d’éléments disjoints définissent la ville. This docu-drama explores the contrasts between the neocolonial city of Dakar and the daily lives of Senegalese people during a trip. The city is characterized by hybridity and the association of unconnected elements.

Kevin Jerome Everson est né en 1965 à Mansfield dans l’Ohio. Prolifique photographe et cinéaste, Kevin J. Everson étudie le passé afro-américain ainsi que des questions de classe et d’identité sociale. Sa pratique artistique engage une variété de médiums tels que la photographie, le cinéma, la sculpture, le livre d’artiste et la peinture. À travers des processus de reconstitution et de réemploi d’images d’archives des années soixante, Everson investit son travail d’un air naturaliste de texture quasi-documentaire. Kevin Jerome Everson was born in 1965 in Mansfield, Ohio. He is a prolific photographer and filmmaker who studies Afro-American history and issues pertaining to class and social identity. He uses a variety of mediums in his artistic practices: photography, films, sculpture, artists’ books and painting. By reconstructing and re-using archived images from the sixties, Everson’s work conveys a naturalistic feeling and closely resembles a documentary. .

Francis Alÿs est né en 1959 à Anvers. Après des études d’architecture, il décide de s’installer à Mexico où il vit et travaille depuis 1987. Son protocole artistique est surtout

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connu pour ses marches urbaines qu’il débute au début des années 1990. When Faith Moves Mountains marque une rupture dans son œuvre. Depuis 2002, Alÿs investit des causes plus explicitement politiques sans abandonner le style allégorique qui caractérise ses fables urbaines. Francis Alÿs was born in Antwerp in 1959. After studying architecture, he decided to move to Mexico where he has lived and worked since 1987. His work is especially known for its urban involvement, which he began in the early 90s. When Faith Moves Mountains is a turning point in his work. Since 2002 Alÿs has become involved in explicitly political causes but has not abandoned the allegorical style of his urban fables.

Djibril Diop Mambéty (1945-1998) était acteur, réalisateur compositeur et poète sénégalais. Bien qu’il ait fait un petit nombre de films, ils ont tous reçu une reconnaissance internationale pour l’originalité de leur technique cinématographique et la nonlinéarité de leur style narratif. La notion d’hybridité est un des thèmes qui les traverse. Comme beaucoup de ses contemporains, il a utilisé le

médium cinématographique pour porter un regard critique sur les conditions politiques et sociales en Afrique. Ses films ont été l’expression d’une sensibilité africaine, ni enfermée dans un nationalisme étroit, ni dans la culture coloniale française. Djibril Diop Mambéty (1945-1998) was a Senegalese film maker, composer and poet. Although he only made a few films, they all received international acclaim for their originality, the filming techniques he used, and the non-linearity of their narrative style. The notion of hybridity is a theme conveyed throughout his work. Like many of his contemporaries, he used the medium of films to communicate a critical vision of the political and social conditions in Africa. His films are an expression of African sensitivity; they are neither locked into hidebound nationalism, nor colonial French culture.


Edward W. Said : du point de vue de l’exil par Evgenia Giannouri

« L’exil, s’il constitue étrangement un sujet de réflexion fascinant, est terrible à vivre. C’est la fissure à jamais creusée entre l’être humain et sa terre natale, entre l’individu et son vrai foyer, et la tristesse qu’il implique n’est pas surmontable… Ce qui est accompli en exil est sans cesse amoindri par le sentiment d’avoir perdu quelque chose, laissé derrière pour toujours. (…) Mais, si l’exil réel découle d’une perte irréversible, pourquoi l’a-t-on intégré avec tant de facilité à la culture moderne, comme un thème puissant, et même enrichissant ?»1

Edward W. Said : The Exile Standpoint “Although exile strangely constitutes a fascinating subject of reflection, it is terrible to experience it. For, it is an eternal fissure between human beings and their homeland, between individuals and their real home, and the sadness that this implies is insurmountable... What is accomplished though exile is repeatedly reduced by the feeling of having lost something and left it behind forever. (…) Yet, if real exile results from an irreversible loss, why have we managed to integrate it with such ease into modern culture, as a powerful and even enriching theme?”1

L’expérience de l’exil,qu’elle soit géographique ou intellectuelle contient la quintessence d’un savoir qui, mieux que n’importe quel autre, est capable de dialectiser les contraires, de questionner la différence et de résister aux idéologies conflictuelles de toutes les sortes. The experience of exile, whether it is Réflexions sur l’Exil et autres essais rassemble geographic or intellectual, contains the des articles qu’Edward W. Said publie de 1967 quintessence of a body of knowledge à 1998. Suscité à la fois par son expérience that is better than any other as it is cad’enseignant/chercheur au sein de pable of dialectics, and of quesla Columbia University de New York 1. Edward W. Said, tioning the difference between Réflexions sur l’exil et par sa propre expérience d’exilé, et autres essais, éd. resisting conflicting ideologies ainsi que de celle de sa famille, ce Actes Sud, p. 241. of all kinds. Reflections on Exile recueil d’articles forme un ensemble 1. Translated from and Other Essays is a collection Edward W. Said, de réflexions sur le monde actuel et Réflexions sur l’exil of articles that Edward W. Said sur sa vision de demain. Philologue, et autres essais, Ed. published form 1967 to 1998. musicologue et politologue, profes­ Actes Sud, p. 241. Drawn from his experience as a professor and researcher at the seur de littérature comparée et pré­­ Columbia University of New York, and curseur des questions postcoloniales, Said through his own experience as an exile, a tracé durant sa vie – non sans peine ni this collection of articles contains a sedérive – un parcours intellectuel qui concilie ries of reflections about today’s world deux tendances à priori contradictoires : and its vision of tomorrow. Said was a développer minutieusement et avec distance philologist, a musicologist and a policritique l’analyse littéraire, tout en valorisant tical scientist, a professor of compared l’expérience directe et immédiate de la literature and a precursor of postcolovie. Disciple de Giambattista Vico, il revient nial subjects. He strove, sometimes with régulièrement sur sa théorie de la réciprocité difficulty, to follow an intellectual career entre savoir et connaissance. À sa suite, Said se that conciliated two tendencies that montre sensible à un savoir de la subjectivité were a priori conflicting: to elaborately n’ayant rien d’une science exacte. Dans ce develop literary analysis with critical contexte, il imagine une nouvelle topographie distance, whilst valorizing the direct des humanités et des sciences humaines. Il and immediate experience of life. He propose un humanisme questionnant, ouvert was a disciple of Giambattista Vico and aux réalités tant individuelles que collectives. often revised his theory about the reciAu centre de ce principe se situe une réflexion procity between learning and knowledcritique inlassablement renouvelable,mouvante ge. In his tracks, Said proved himself to et émouvante, émanée d’accroches perceptives

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à leur tour en constant mouvement. Said les nomme des « points de vue exiliques ». Said formule le constat suivant : le monde actuel est constitué d’une dynamique impor­tante de mobilités migratoires. Les réarrangements territoriaux qui ont suivi la deuxième guerre mondiale ont produit de vastes mouvements démographiques que par la suite, les mouvements de colonisation et de décolonisation, les révolutions, les famines, les purifications ethniques n’ont fait qu’accentuer. Les sociétés et les cultures seront de toute façon toujours mêlées, même si elles restent hétérogènes, contradictoires. Les migrations généralisées ne peuvent qu’accentuer ce phénomène de continuelle transformation. Or, même si les cultures sont par définition considérées comme fluides et polymorphes, la généralisation du phénomène migratoire dans les sociétés actuelles affecte les formations géopolitiques et engendre, par les exodes économiques au sein des mégapoles, une situation d’urgence. De cette urgence, Said isole deux éléments symptomatiques d’un trouble de sens plus large : la « précarité de la vision » et la « fragilité de l’énoncé »2. Mais il s’agit d’y voir aussi une chance pour instaurer une condition intellectuelle et esthétique nouvelle, consciente d’un héritage culturel jusque-là parfois ignoré ; une condition qui s’appuierait sur une substance de mobilité informée des incessants mouvements d’entrée et de sortie de territoire. Said introduit un sujet de réflexion plus large, à la fois social et psychologique, faisant de l’exil un objet de réflexion et un outil conceptuel – un paradigme migratoire global – dont l’essence mobile, mobilisée et mobilisante, signe une conduite humaine et intellectuelle. Il décrit ainsi l’in­ tellectuel comme quelqu’un qui ne vise ni à «occuper un poste ou une place, ni simplement à appartenir à un pays, mais plutôt à aborder la circulation des idées et des valeurs qui sont en jeu dans notre société ou dans celle de l’Autre, à la fois de l’intérieur et de l’extérieur.»3

be sensitive to the insight of subjectivity that had nothing to do with exact science. In this context he imagined a new topography of humanities. He proposed interrogative humanism; open to realities that were individual as much as they were collective. At the core of this principle resided a continually renewed critical reflection; moving and touching, emanating with perceptive catches that in turn were in constant progress; Said named them “exile standpoints”.

Said made the following observation: today’s world is composed of an important dynamic of migrating mobilities. Territorial reorganizations that took place after the Second World War produced vast demographic movements which were then accentuated by colonization and decolonization, revolutions, famines, and ethnic cleansing. Cultures and societies will always be mixed, even if they remain heterogeneous and conflicting. Generalized migration can but accentuate this phenomenon of continual transformation. Indeed, even if cultures by definition are considered to be fluid and polymorphous, the generalization of migratory phenomenon in today’s society affects geopolitical formations and due to economic exodus within megapolises, it provokes crises. From this crisis, Said isolates two symptomatic elements from a difficulty with a larger meaning: “precariousness of vision” and “fragility of statement”. 2 It is however a means of establishing a new intellectual and aesthetical condition that is aware of a cultural heritage that had been ignored at times up until then; a condition based on the substance of mobility, informed of the unceasing flow of entries and exits of a territory. Said introduced a wider subject of reflection; it was both social and psychological, making exile into an object of reflection and a conceptual Dans un court texte de 1993, intitulé « In­ tool – a global migratory paradigm – of tellectual Exile: Expatriates and Marginals »4, which the mobile, mobilized and moSaid discute plus particulièrement l’analogie bilizing essence reflects a humane and entre expatriation – expérience d’une intellectual conduct. He thus described terrible « fissure entre l’être et la terre » – an intellectual as a person who does not intend to “occupy a position et ce qu’il appelle «exil intellectuel». or a place, nor simply belong Métaphore de l’exil géographique, l’exil 2. Idem, p. 14. intellectuel déterminerait l’attitude 3. Idem, pp. 141-142. to a country, but who’d rather

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de l’esprit, sans cesse et sans repos, au défi de nouvelles hypothèses. Cet exil permet d’ouvrir un espace critique intrinsèquement fluide, un «lieu d’exil intellectuel» au sein duquel opère une intelligence à «points de vue mobiles», «exiliques»5. Le sujet est en perpétuel mouvement entre soi et l’autre. Il tente la difficile épreuve de se désincorporer de son point de vue pour incorporer les foyers perceptifs de l’«autre». La tâche est de taille d’autant plus que l’exercice théorique, avant de désigner la manipulation intellectuelle d’un ensemble de concepts abstraits, plus ou moins organisés et appliqués à un domaine particulier, considère habituellement la périphérie à partir d’un foyer cognitif fixe et central. Le «point de vue exilique» rimerait alors avec une perception en situation de parallaxe supprimant l’antinomie de notions telles que centre/ périphérie, intérieur/extérieur. Au contraire, Said considère ces notions comme variables de différence mais d’une même substance qualitative, dialectisables dans l’unique geste d’un (perce)voir dyadique et simultané.

approach the circulation of ideas and values that are at stake in our society or in that of Others’, both from the inside and the outside.3”

In a short text from 1993, entitled “Intellectual Exile: Expatriates and Marginals”,4 Said studied the analogy between expatriation – the experience of a terrible “fracture between humans and the earth” – and what he referred to as “intellectual exile”. Intellectual exile is a metaphor of geographical exile. It determines the attitude of the mind, without interruption or rest, thus defying new hypotheses. This exile enables to enter intrinsically fluid critical space, a “place of intellectual exile” at the heart of which operates intelligence with a “mobile, exilical point of view”5. The subject is in perpetual movement between oneself and the other. With great difficulty, it undertakes the ordeal of disengaging itself from its standpoint En 1994, suite à un diagnostique de leucémie, to incorporate the perceptive homes Said entreprend d’écrire ses mémoires. Il of the “other”. It is a big task and all donne à son livre le titre suggestif d’Out of the more so given that the theoretical Space, publié en français sous le titre À Contre6 exercise, before it designates the intelvoie . lectual manipulation of an assembly of Or, le titre original traduit mieux le sentiment abstract concepts, usually considers the de non appartenance à un lieu, sentiment que periphery from a static cognitive and ressent son auteur depuis son plus jeune âge. central position. The “exile standpoint” Il suggère également cet état d’être dans le thus rhymes with a perception in a pamonde – et qu’il théorisera ensuite comme rallax situation, suppressing the antinopour le dédiaboliser – où tout ce qui détermine my of notions such as centre/periphery, une identité d’un point de vue géographique inside/outside. Yet on the contrary, Said et spatial, à savoir un pays natal, une langue, considered these notions as variables un nom, une localité fixe qui constitue le of difference containing the same quathéâtre de vie d’une succession litative substance, which is de générations du même arbre 4. Le texte se trouve dans Represen- dialectisable in a unique généalogique, fait défaut. Le jeune tations of the Intellectual. The 1993 gesture of dyadic and siEdward est né à Jérusalem en 1935, Reith Lectures, Vintage, Londres, multaneous perception. 1994.

dans une famille de palestiniens, arabes chrétiens ; son père est né à Jérusalem, détenteur de la nationalité américaine (suite à un séjour de dix ans aux EtatsUnis) ; sa mère est née à Nazareth, d’origine et de culture libanaise. Edward, baptisé d’après le prince de Galles, gardera « toute (s) a vie cette incertitude vis-à-vis de (s)es nombreuses identités

4. The text can be found in Representations of the Intellectual. The 1993 Reith Lectures, Vintage, Londres, 1994. 5. «The Exile Standpoint», in Representations of the Intellectual, op.cit., p. 45. 5. “The Exile Standpoint”, in Representations of the Intellectual, op.cit., p. 45 6. Publié aux éditions Le Serpent à Plumes, 2002. 6. Published by Le Serpent à Plumes, 2002.

In 1994, subsequent to being diagnosed with leukemia, Said started to write his memoirs. He suggestively entitled his work Out of Space, which was published in French as À Contre-voie6. Indeed, the original title translates the sentiment of not belonging

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to a place, a sentiment its author experienced – qui la plupart du temps sont en conflit very young. It equally suggests a way of being – et un souvenir précis de cette envie in the world – which he later theorizes about désespérée que nous soyons tous arabes as if to undemonize it – one that is lacking ou tous européens et américains ou tous everything that determines an identity from a chrétiens orthodoxes ou tous musulmans, 7 geographical and spatial standpoint, that is to ou tous égyptiens, ainsi de suite » . say country of birth, language, name, the fixed De 1941 à 1947, la famille Said réside area that shapes the theatre of life of a succesau Caire et séjourne régulièrement sion of generations of the same genealogical en Palestine. À l’âge de quinze ans, le tree. Said was born in Jerusalem in 1935, into jeune Edward s’installe définitivement a family of Arab Christian Palestinians. His aux Etats-Unis. « Etait-ce possible, dès father was born in Jerusalem and had Amerilors, qu’« Edward » se sente un jour à can nationality (subsequent to a ten year stay 8 sa place?» Si ses mémoires racontent in America). His mother was born in Nazareth les aventures d’un homme exilé du and was of Lebanese origin and culture. Said sen­timent même d’appartenance à un was baptized according to the Prince of Wales, lieu géographique ou intellectuel, son and for “his entire life felt uncertain vis-à-vis ouvrage Réflexions sur l’exil et autres his numerous identities – which more often essais théorise cette condition. than not were in conflict. He thus developed a En l’étendant à tous ceux qui, étant ré­ clear memory of the desperate thought that we fugiés, expatriés ou émigrés ne réus­ are Arab or all European and American, or all sissent à réparer le vide de pertes ir­ré­ Christian Orthodox, or all Moslem, or all Egypversibles et de retours impossibles, il tian, and so forth.”7 crée un sujet de réflexion en prise directe From 1941 to 1947, the Said family lived in avec le monde contemporain et tout ce Cairo and often made trips to Palestine. At que l’avenir nous appelle à construire the age of fifteen, Edward settled in America for good. “Was this possible, from then on that aujourd’hui. “Edward” would one day feel at home?”8. If his Les films choisis ici présentent différentes memoirs are about the adventures of a man situations d’exil – collectives ou indi­ who is exiled by the feeling of belonging to a vi­duelles, physiques ou in­tellectuelles, geographical or intellectual plaréelles ou métaphoriques. Il ce, his work, Reflections on Exis’agit de décliner différents 7. À Contre-voie, op.cit., p.20. 8. À Contre-voie, op.cit., p.41. le and Other Essays, theorizes aspects du motif de la mobilité about this condition. By extenmettant en crise la notion ding it to those who as refugees, expatriates, même de frontière et par conséquent or emigrants haven’t succeeded in repairing celle de point de vue. Ce faisant, les films the emptiness caused by irreversible loss and rejoignent les propos de Said : les lieux impossible return, he created a subject of reinvestis par les agents mobiles deviennent flection that was directly in touch with today’s des lieux critiques par excellence, foyers world and everything that the future requires du doute fondamental qui sans cesse us to build today. repense et reformule l’articulation entre l’ici et l’ailleurs, la subjectivité et l’autre.  The selected films present different situations pertaining to collective, individual, physical or intellectual, real or metaphorical exile. It is about declining the different aspects of a figure of mobility, thus highlighting the notion of boundaries and consequently, standpoints. By doing so, the films connect with Said’s reasoning: places endowed with active mobile agents become critical places par excellence; sources of fundamental uncertainty that constantly reconsider and reformulate the connection between here and elsewhere, subjectivity and the other.

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Regards croisés sur l’exil : North, Mapping Journey, When Faith Moves Mountains par Marie Canet & Evgenia Giannouri

North (2008) : Kevin J. Everson met en scène un homme au bord d’une falaise, dos à la mer. Il fait froid, humide, de toute évidence c’est un climat du nord et le vieil homme noir a perdu son chemin. Il cherche une destination et d’où il vient, déplie une carte mais le vent l’empêche de la lire. Situation absurde, inquiétante et comique, que Buster Keaton avait actée auparavant, Everson fait jouer ici à son père, presque amusé, l’image de sa propre existence : il y a une terre originaire, quelque part plus au sud, c’est un ailleurs, un souvenir, une perte irréversible et antérieure à sa naissance. C’est pourquoi arrêté, le vieillard est désorienté. En station, dos à l’horizon, en bout de terre et d’autre chose encore, il veut lire cette carte sur laquelle devrait être inscrit, logiquement, son proche avenir. Mais le futur n’est pas plus lisible sur une carte que dans le marre de café, d’autant plus que le but de la recherche ne peut être dessiné. La quête est identitaire. Dans ses nombreux petits films, K. J. Everson écrit et réécrit l’histoire du lieu où il vit : Cleveland. Il filme sa famille, ses amis, ses enfants, remet en scène ses souvenirs, remonte les archives télévisuelles de la ville, rejoue son histoire politique et sociale à travers la figure noire. Le panorama offert, au croisement de l’histoire intime et de la sociologie urbaine, n’est rien d’autre que la reconstitution filmique d’une histoire personnelle. À défaut de pouvoir chercher sur une carte l’origine de son existence, Everson dessine la sienne propre, situant dans l’espace et dans le temps les conditions de sa fabrication et de sa construction. Bouchra Khalili est franco-marocaine, elle filme l’exil, les victimes de guerres ou des mouvements de colonisation et décolonisation. Elle les rencontre dans les lieux de passage où ils séjournent pour quelques jours, quelques mois ou plusieurs années avant de repartir. Anonymes, pour la plupart sans carnets de route ni de points de chute, les endroits qu’ils habitent de façon provisoire sont les théâtres de leurs

An exchanged view on exile : North, Mapping Journey, When Faith Moves Mountains North (2008): Kevin J. Everson directs a man standing on the edge of a cliff with his back to the sea. It is a cold, wet and evidently Northern climate and the old black man has lost his way. He is looking for a destination and for the path that he has taken, he unfolds a map, but the wind prevents him from reading it. This absurd, disconcerting yet comical situation previously acted by Buster Keaton is revisited, almost with amusement, by Everson’s father, in the image of his own existence. There is the land of origin, further down south; it is elsewhere, a memory, an irreversible loss that is anterior to his birth. That is why when the old man stops he is disoriented. He is positioned, with his back to the horizon, facing the end of the land and other things; he wants to read the map upon which there should logically be written his near future. Yet the future can no more be read on a map than it can be found in coffee dregs and furthermore, the aim of his quest cannot be drawn. It is an identity quest. In his numerous short films, K. J. Everson writes and rewrites the story about where he lives in Cleveland. He films his family, friends and children and redirects his memories, re-assembles the city’s televised archives, and repeats his political and social history through this black character. The panorama that is offered is a combination of intimate history and urban sociology and it is nothing more than a filmed reconstitution of a personal account. Rather than looking for his origins on a map, Everson draws his own; he locates the conditions of its fabrica-

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récits éphémères : récits de vies construites sur une impossible intégration, portées par le rêve de jours plus tranquilles, ailleurs, toujours plus loin. Mapping Journey #1 (2008) est le premier volet d’une série de récits de traversées clandestines. Un jeune homme, dessine sur une carte le chemin de sa traversée, du continent Africain vers l’Europe – en transit à Marseille, il convient que s’il ne réussit pas à entrer dans la Légion étrangère, il ira en Suède et « puis c’est tout ». Quand les déplacements sont trop petits pour être perçus sur l’échelle de la carte, c’est la main qui les dessine dans l’air par des mouvements brusques et rapides. La parole qui les incarne, substitut du corps entier invisible, est, dans son mélange du français et de l’arabe, symptomatique de l’histoire tant individuelle que collective dont il est signataire. Le corps, omniprésent dans son récit, reste jusqu’à la fin absent de l’image, suggéré seulement par le biais des flèches destinées à croiser des tas d’autres lignes de passages invisibles, traçant ensemble, et de façon imperceptible, les nouvelles cartographies de la clandestinité. Francis Alÿs, abandonne sa Belgique natale et une formation d’architecte pour migrer au Mexique où il vit depuis les années quatrevingt. Essentiellement connu pour ses œuvres de flânerie urbaine, il pratique aussi bien la peinture, que le dessin, la vidéo, la photographie ou l’installation. La figure du marcheur tient un rôle central dans son travail : collectionneur, promeneur, il reconstitue la mémoire du tissu urbain. Force motrice capable de créer de nouvelles histoires, il est un agent producteur de récits. Les déambulations d’Alÿs, au-delà de l’allégorie, sont le propre d’une mécanique de médiation du sens en quête de lui-même. Loin du décor habituel des villes, When Faith Moves Mountains (Pérou, 2002) implique une perturbation de l’ordre spatial. Le projet, réalisé en collaboration avec Cuauhtémoc Medina, Rafael Ortega et cinq cents volontaires, pour la plupart étudiants à l’Université de Lima, est la fable contemporaine d’une situation géo-économique et sociale qui dépasse sa dimension locale. Cinq cents volontaires, munis des pèles, sont appelés à former une longue ligne droite dans le but de déplacer de dix centimètres une dune de sable longue de cinq cents mètres. Aussi absurde dans sa conception que ludique dans sa réalisation, le projet est méticuleusement documenté en

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tion and construction in space and in time. Bouchra Khalil is Franco-Moroccan. She films exile, war victims and movements about colonization and decolonization. She meets them in places where they are staying for a few days, months or years before they return. They are anonymous and most of them don’t have records or places to go, the places where they temporarily reside are the theatres of their own ephemeral tales: tales of lives founded upon impossible integration, nourished by the dreams of better days, elsewhere, always further away. Mapping Journey #1 (2008) is the first part of a series of accounts of clandestine journeys. A young man draws his journey from the African continent to Europe on a map. He is in transit at Marseilles, and says that if he is unable to join the Foreign Legion, he’ll go to Sweden, and “that’s it”. When the trips are too small to be located on the map, a hand etches them in mid-air with short, quick gestures. The mixture of French and Arabic words is the substitution of an entire invisible body. It is symptomatic and signatory of an individual as much as it is of collective history. The body is omnipresent throughout the account. It remains absent from the image right up until the end and is suggested only through the bias of arrows destined to cross many other lines of invisible routes, that imperceptibly trace new maps for clandestine migrants to follow. Francis Alÿs left his native country, Belgium, and his studies in architecture to migrate to Mexico where he has lived since the eighties. He is essentially known for his works on urban wandering, he also paints, draws, makes videos, does photography and installations. Walking figures play an essential role in his work. He is a collector and walker and he reconstitutes the memory of urban fabric. He is a moving force and a creator of new tales, he also produces accounts. Alys’ wanderings, beyond their allegorical meaning, are about the mechanics of mediating meaning in quest of himself. Far away from the usual town scenery,


vidéo, en photographie et en texte. L’effort du labeur physique est manifestement considérable. Ventanilla, au nord de Lima, est un gigantesque bidonville abritant les quartiers les plus pauvres de la capitale. À l’origine, il n’y avait qu’un désert. Le gouvernement offrait des terrains pour freiner l’exode rural. Dans les années quarante, une première vague de population s’y est installée, attirée par l’implantation des usines. D’autres exodes suivirent la première. L’œuvre d’Alÿs poursuit la logique migratoire faite de crises et de déambulations (nombreux sont les habitants qui exercent par ailleurs le métier de vendeur ambulant). Touché par la réalité du lieu, Alÿs détourne légèrement son habituelle stratégie artistique jusqu’alors moins explicitement en prise avec le regard et le discours politique. Bien que toujours directement informé par l’histoire et le contexte social des villes où il intervient, Alÿs conçoit When Faith Moves Mountains comme articulation d’un discours à la fois politisé et marqué par la démarche fabulatrice qui caractérise l’ensemble de son œuvre. L’artiste se déplace à la périphérie urbaine, il investit les marges de la ville et ce faisant, problématise la notion de frontière. Tenter de déplacer de quelques centimètres la frontière entre intérieur de la ville et extérieur du désert, entre le dedans de la polis et le dehors de la physis est certainement une action absurde et pratiquement impossible. Or, l’absence de finalité palpable d’un projet, aussi bien que la vacuité significative de sa démesure, qui prétend produire par ailleurs un « déplacement géologique», est un geste militant. La perturbation d’une ligne de frontière déjà fragile et variable, excède le cadre d’une seule ville et s’étend à l’échelle géopolitique globale. Elle produit, plus qu’une fable populaire, la fable du monde tel qu’on le vit.

When Faith Moves Mountains (Peru, 2002) is a perturbation of a spatial kind. This project was made in partnership with Cuauhtémoc Medina, Rafael Ortega and five-hundred volunteers who were mostly students at Lima University. It a contemporary fable about a geo-economic and social situation that surpasses its local dimension. Five-hundred volunteers equipped with shovels are asked to make a long, straight line, and their aim is to move a five-hundred meter sand dune ten centimetres. As absurd in its conception as it is amusing in its creation, the project was meticulously documented on video, photo and in writing. The effort of physical labor is manifestly considerable. Ventanilla, to the north of Lima is a huge shanty town containing some of the poorest parts of the city. Initially, it was just a desert. The government offered land to decrease rural exodus. In the forties, the first wave of people settled there, attracted by the factories that had been built. More exoduses were to follow. Alys’ work pursues the migratory logic composed of crises and meanderings (many inhabitants are hawkers by trade). Touched by the reality of this place, Alys slightly distorted his usual artistic strategy that up until then was less explicitly aimed at political views and speeches. Although he is usually directly informed about the history and social context of the town where he intervenes, Alys conceived When Faith Moves Mountains as the articulation of a speech that is both politicized and marked by a confabulated approach that characterizes the whole of his work. The artist displaces himself to the urban periphery where he investigates the margins of the city, and by doing this, queries the notion of boundaries. Indeed, trying to move the boundary between inside the city and outside the desert by a few centimeters, between the inside of the polis and the outside of the physis, is undoubtedly an absurd and practically impossible task. Yet, the absence of a tangible finality of a project as well as the significant vacuity of its excessive size, which furthermore claims to produce a “geological displacement”, is a militating gesture. By disrupting an already fragile and varying borderline, it exceeds the framework of one city and stretches to a global geopolitical scale. It produces more than a popular fable; it produces the fable of the world as it is lived in.

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Focus Caroline Delaporte présenté par Frédéric Valabrègue Pologne [Poland] 2007 | 00:21:00 | Super 8 numérisé interprète [player] : Agnieszka Rajca, Anna Kozlowska | Musique électronique [electronic music] : J.P. Maccario | Son [Sound] : Caroline Delaporte | Interprétation [Cast] : Agnieszka Rajca, Edward Rajca, Zuzanna Rajca, Patrycja Kwapik, Caroline Delaporte Format de Tournage [ Shooting format] : super8, magnétic sound | Langue originale [Original Language] : Polonais [Poland without translation] Scénario [Screenplay] : Caroline Delaporte / Agnieszka Rajca Montage [Editing] : Théo Ercolano / Caroline Delaporte Compositeurs [Composers] :Vittorio Monti, Pergolesi, Henryk Botor Producteur [Producer] : Caroline Delaporte (avec une allocation de recherche du ministère de la Culture, DAP) | Co-producteurs [Co-Producer] : S.A.C.R.E

Pologne est un film qui place la musique comme moteur de la narration. Non seulement comme fait accomplit, mais aussi comme but, ressort, désir et lien entre les personnages. Comme dans les courts métrages précédents, il s’agit de trouver des jeux entre l’espace frontal, « spectaculaire » de la musique, et l’espace profond, insaisissable des sons naturels. Temps et mouvement : le paysage est dans l’histoire, et l’histoire dans le paysage   J’ai engagé avec une musicienne, Agnieszka Rajca, un travail de co-écriture. Elle joue son propre rôle et insuffle au film une tristesse gaie, une humeur vive comme les éclaircies des ciels nordiques. Le violon, son instrument, est caressant dans la rapidité, brisé dans les graves. Il ressemble à ces mouvements acrobatiques qui ne réussissent qu’avec l’élan maximum. Pendant le tournage, elle préparait aussi les concerts qu’elle donnait à Cracovie, avec une manière particulière de se concentrer, de s’ancrer dans un rythme intérieur. Les trajets offraient des retours sur son histoire personnelle. Nous avons construit le parcours de son personnage, de la campagne à la ville, et les rencontres avec ses proches. Agnieszka répercute ce qu’elle ressent, comme une antenne qui décoderait des influences invisibles. La rupture du départ est là et maintient en elle une sensation de vide, un espace ouvert, insatisfait, une sorte de faim. Les morceaux interprétés par Agnieszka, sont classiques et populaires. Ils apparaissent en fragments, éclairent brusquement le jeu contradictoire entre le passé et le futur. En allant en Pologne, je m’approche aussi de son Histoire, qui est au fond de moi comme une peur des plus profondes, inscrite par les récits de guerre. La pellicule super8 est choisi pour sa rudesse : le dialogue avec la lumière prend le dessus sur le réalisme. Les espaces filmés en super8, puis agrandis par le transfert video, deviennent des tableaux, des interprétations. «Poland» is a film which places the music as the driving force of the story, not only as accomplished fact, but also as purpose, desire and link between the characters. As in previous short films, the goal here is to find links between the frontal, « spectacular «

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Caroline Delaporte invente un personnage de clown à sa sortie de l’école nationale supérieure des arts du cirque en 1990, et explore grace à lui des formes scéniques très diverses : théâtre traditionnel, piste de cirque, salles de concert, galeries, scènes de danse. En 2001 elle rejoint l’équipe du Polygone étoilé- Film flamme, collectif d’artistes/ techniciens du cinéma. Elle participe à la pensée critique des nombreux cinéastes qui y sont reçus, se forme au contact des ateliers de réalisations en 16 mm avec les habitants de Marseille, réalise 5 courts métrages. Caroline Delaporte invented a clown character when she finished her studies at the ‘Ecole Nationale Supérieure des Arts du Cirque’ in 1990, and thanks to him she explored diverse performing arts places such as traditional theatre, circus space, concert halls, galleries and dance centres. In 2001 she joined the team of the artists and cinema technicians group ‘Polygone étoile – Film flamme’. She participates in the critical debate about the numerous guest film directors, learns from the contact with the residents of Marseille during16mm film-making workshops, and has made 5 short films.


space of the music, and the deep, unperceivable space of the natural sounds. The story is in the landscape I suggested a joint project to a musician, Agnieszka Rajca, who plays her own role in the film. Her presence is a breath of cheerful sadness, as a ray of light in the dark Scandinavian skies. She plays her violin with quick caresses and heart-breaking depth. As we were filming, she was also preparing concerts she was to play in Cracow. She worked with intense concentration, as if to imprint the internal rythm of the piece to her whole being. The places we visited provided insight into her personal journey. We elaborated her exact path, from her rural upbringing to her decision to move to the city, through interviews with close friends and relatives. Agnieszka projects what she feels, as an instrument through which invisible influences are channeled. Throughout the film, we sense that the her exile has left a void, an unsatisfied open space, a hunger. The works interpreted by Agnieszka are from the Classical and Popular repertoire, and they appear in fragments, abruptly highlighting different scenes of her life. The Super8 film was chosen for its roughness: dialogue with light gets the upper hand over realism. Scenes filmed in Super8, then enlarged by video transfer, become paintings and performances.

L’heure de la sièste [Nap time] 2006 | 00:09:00 | Super 8 numérisé [digitized super8] Financement : Aide à la création en Arts Visuels de la Region PACA avec la collaboration de Séverine Préhembaut et la Cie l’Art de Vivre

Le rendez-vous d’une harmonie, par un beau jour de juin, dans une colline de Marseille. Pour une raison mystérieuse la répétition ne démarre pas. Le soleil jette ses flèches, la vision et le son se troublent, c’est le chaos, l’heure chaude: l’heure de la sièste. Jeu de chassé-croisé, musiques, silence, bruit, gestes. A brass and reed band meets on a nice day in June on a Marseille hill. By a mysterious reason, the session can’t start. The sun draws flames on the ground, vision and sound get blurred, the warm hour approaches, nap time. A game of chassé-croisé, music, silence, noise, gestures.

Frédéric Valabrègue a publié plusieurs romans: Les Mauvestis, La ville sans nom, Agricole et Béchamel (aux éditions Pol) engagent des personnages burlesques ou tragi-comiques. Leurs déboires dessinent aussi une vaste fresque de Marseille, dans son espace et sa lumière comme dans sa langue. Il est attentif à l’art contemporain à travers ses articles critiques et de recherches, à la danse, et mène actuellement un projet de film avec C. Delaporte Frédéric Valabrègue has written several novels : Les Mauvestis, La ville sans nom, Agricole et Béchamel (published by P.O.L.) feature burlesque and tragicomic characters. Their trials also describe the vast panorama that is Marseille, with its space and its light, as well as its language. He follows contemporary art through his review articles and research. He is also familiar with dance and is currently working on a film project with C. Delaporte.

Rivière [River] 2006 | 00:12:00 | Super 8 numérisé [digitized super8] Financement : Aide à la création en Arts Visuels de la Region PACA

Une collaboration avec le guitariste et éléctro-acousticien Roland Semadeni et le monteur Julien Girardot. L’aube d’un jour ordinaire à Marseille, les rues penchent vers la mer. Le film vit sa vie, images et sons dansent et trébuchent ensemble. A collaboration with the guitarist and electro-acoustician Roland Semadeni and the editor Julien Girardot. The beginning of an ordinary day in Marseille : the dawn becomes morning, the streets lean towards the sea. The film lives its own life, images and sounds dance and stumble together.

95 Expérience(s) Cinéma


Karl Valentin

sur une proposition de Caroline Delaporte Auf der oktoberwiese 1923 | 00:11:00

Filmé au cœur d’une fête foraine Bavaroise. Le personnage de K.V. ne peut décidement pas se fondre dans la foule. Filmed in the heart of a Bavarian fair. K.V.’s character is certainly not able to melt into the crowd.

Karl Valentin als Musikal-clown 1929 | 00:06:00 de et avec Karl Valentin et Liesl Karlstadt

K.V., né en 1882 à Munich, se produit avec succès jusque dans les années 30 dans les cabarets munichois. Fantaisiste, bricoleur et musicien, « ses pièces sont plutôt des “sketches” au cours desquels s’accumulent les si­tua­tions absur-

Cécile Bicler & Hervé Coqueret Patrick Patrick Club Suicide

2009 |00:17:00 Avec Marie-Bénédicte Cazeneuve (Catherine), François-Xavier Rouyer (Patrick), Manon Klein (Gaëlle) et Cantor Bourdeaux (John) | Musique de Chevreuil | Produit par Mezzanine Films, avec le soutien du CNC, et de la région Poitou-Charentes et du département Charente

Patrick Patrick Club Suicide est comme le souvenir d’une adolescente de la fin des années 80, une empreinte dans la tête d’une fille : Catherine. Catherine est un fantôme aujourd’hui et elle traîne son flegme devenu éternel dans un concert de « Chevreuil », un groupe de rock au son hypnotique qui la replonge dans son passé. Et des images passent devant ses yeux, elle se rappelle ses anciens amis, qui se retrouvent, alors eux aussi, placés, sur la scène du concert. Elle revit quelques scènes : une route où ils font les morts, une foret où ils courent en riant, une voiture où ils s’ennuient, une chambre où ils regardent des films d’horreur. Cela lui rappelle qu’alors, même leurs rêves étaient parsemés d’extraits de ces films. Catherine, Patrick, Gaëlle et John ont espéré, en leur temps, déjouer leur avenir, en créant une

96 Expérience(s) Cinéma

des et agaçantes, les malentendus et les in­ compréhensions, les échecs artistiques et les tentatives de déstabilisation de l’ordre social ou esthétique, musical en particulier. Pas de véritable progression, pas de crise à dénouer, mais des numéros qui, tenant du cirque et du spectacle de cabaret, situent ces pièces entre les Marx Brothers et le théâtre dit “de l’absurde” ». Jean-Pierre Longre K.V., born in Munich in 1882, was a successful performer in Munich cabarets up until the 30s. He was imaginative, inventive, and a musician, “his plays are more like sketches in which absurd and frustrating situations, artistic failures, and attempts at social, aesthetical, or especially musical destabilisation accumulate. There is no real progression, no unravelling of a plot, but a series of routines inspired by circus and cabaret, which put his plays somewhere between the Marx Brothers and what is known as “Theatre of the Absurd””. Jean-Pierre Longre

sorte de club du souvenir qui mélangeait leur vie et leur univers de cinéma bis. A un moment, un peu las ou ennuyés d’exister, ils ont choisi de disparaître comme dans un film. Ce film, c’est l’histoire d’un éclair, un peu flou et physique dans la tête de Cathy. À l’image de la voiture aux miroirs qui emmène les personnages vers une route qui les fera disparaître, le film renvoie à une idée de la fin des années 80, une époque qui se voulait idyllique, avant de devenir une aube des morts-vivants, porteuse des deuils à venir. Patrick Patrick Club Suicide is like the recollection of an adolescent from the end of the 80s, an imprint in a girl, Catherine’s head. Catherine is a ghost today and she drags her phlegm which has become eternal to a “Chevreuil” concert, a rock group with a hypnotic sound which plunges her back into the past. And images go before her eyes, she remembers her old friends, who also find themselves, installed, on the stage of the concert. She relives a few scenes: a road where they play dummies, a forest where they run laughing, a car where they get bored, a bedroom where they watch horror films. This reminds her that then, even their dreams were scattered with excerpts from these films. Catherine, Patrick, Gaëlle and John


had hoped, in their time, to play out their future, by creating a sort of memory club which blended their life and their greyish-brown cinema universe. At one point, a little weary or bored with existing, they have chosen to disappear like in a film. This film is the story of a flashback, a bit blurred

and physical in Cathy’s head. It is the very image of the car with mirrors which takes characters towards the road which makes them disappear; the film reflects an idea from the 80s, a time which claimed to be idyllic, before becoming a dawn of the living dead, bearer of mourning to come.

Fiona Lindron Dispositif#01 [Device#01] lecture Julia Kremer

19.12 6h à la recheche l’équipe des veilleurs d’horizon à son poste réparation sèche linge autonomie totale tout doit être réparé loin de tout perdu au milieu du cercle pas de  possible le moral chute crash à table on parle de la terre la terre avant et maintenant et après les femmes, les hommes, les enfants des magazines pour tuer l’ennui des magazines datés du passé des boucles d’oreilles pour elle les maisons détruites les jardins envolés suspendus et devastés l’œil du requin vide

19.12 6 a.m. looking for the team of horizon watchers at their post repairing tumble-dryer total autonomy everything must be repaired far from everything lost in the middle of the circle no possible spirits drop crash at table we talk about the earth the earth of before and now and afterwards women, men, children magazines to kill the enemy magazines dated form the past some earrings for her destroyed houses vanished gardens suspended and ruined the shark’s eye empty

97 Expérience(s) Cinéma


Nicolas BOONE http://www.nicolasboone.net/

BUP – la série 2007-2008 9 épisodes Scénario / réalisation : Nicolas Boone | Production : TOURNAGE 3000

BUP est l’hyper marque qui gouverne le monde et épuise tout ce qui peut nuire à son pouvoir. BUP agit par invasion de slogans et d’actions publicitaires. Dans le sport, les westerns, les campagnes électorales, l’architecture, les jeux virtuels, le corps, les shows, le jardinage, la drogue, BUP promet à ceux qui cherchent des solutions de vie, et BUP finit toujours par en donner… BUP is a super brand that governs the world and destroys everything that threatens its power. BUP proceeds by the invasive means of slogans and advertising actions. In sport, westerns, election campaigns, architecture, virtual games, bodies, shows, gardening, drugs, BUP supports those who are in need of solutions in life and BUP always ends up providing them…

BUP BALL

META BUP

BUP JARDIN

00:13:00

00:05:00

00:13:00

Pour vous divertir davantage, BUP change les règles.

Votre monde, votre imagination.

Récoltez pour BUP, récoltez pour vous.

To entertain you even more, BUP changes its rules.

Your world, your imagination.

Reap for BUP, reap for yourself.

CHATEAU BUP 00:13:00

Encore un effort si vous voulez être BUP.

BUP INSTITUT

To be up be BUP.

Make another effort if you want to be a BUP.

BUP c’est la pensée en réseau.

BUP CAMPAGNE

BUP SHOW

00:09:00

00:13:00

BUP votre sponsor à vie. BUP your sponsor for life.

BUP a une dette envers vous, BUP la réalisera.

MEGA BUP

BUP is indebted to you, BUP will grant you it.

BUP PARK 00:13:00

To be up be BUP.

00:10:00

BUP is networking thoughts.

00:13:00

La ville à la campagne, c’est MEGABUP. The town in the countryside, it’s MEGABUP.

98 Expérience(s) Cinéma



Coul = 100% 80% 0% 0%

134 mm

152 mm

182 mm

107 mm

1,9 mm

20 mm 7,7 mm

144 mm

22 mm


m

expérience(s)

vidéo Koen Theys

présenté par Argos Centre Art and Media (Bruxelles) http://www.argosarts.org

The Many Things Show B | 2007 | 00:55:03 | installation vidéo HD, en boucle

Cette installation vidéo se construit à partir de deux sources : d’une part, un texte théorique écrit par Joseph Kosuth à la fin des années soixante, de l’autre un flux d’images issues d’Internet, avec comme seul dénominateur commun une situation archétypique montrant l’homme en rapport avec un objet fétiche. Le montage en fondu enchaîné est rapide, si bien que le sujet pictural se confond à l’objet qu’il présente. En revanche, le texte de Kosuth sur l’art conceptuel est lu par une voix dont le ton superficiel s’apparente de ces images médiatiques, en contradiction avec la valeur sémantique du texte : pris dans un discours prononcé par Kosuth dans un cadre universitaire, intitulé « Art after philosophy », celui-ci est un texte manifeste, définissant l’art conceptuel comme étant libéré de tout décor, esthétique et matérialité. Lu par une voix publicitaire, le document manifeste son conflit avec son entourage visuel. L’œuvre s’intéresse à l’analyse de la création des ready-mades évoqués par Kosuth. Placée dans un contexte publicitaire, elle affiche clairement son côté ironique, déjà présent dans le titre : Many things [beaucoup de choses], parmi lesquels on trouve, au même titre, l’art conceptuel, le ready made, et l’objet de consommation… This video is based on two sources: a late 60s theoretical text, written by conceptual artist Joseph Kosuth – and a seemingly endless stream of found internet images, invariably picturing one or more persons in the proximity of some

loved object: holding it; standing close to it; locking at it. The frozen images, pictures Theys has been collecting during the past three years, are alternating quite rapidly, one image merging into the other. Theys used a similar – though in nature quite different – technique in Media studies after Heinrich Hoffmann, where movement is created through morphing – having the effect of a creepy “choreographed”, almost dancing Hitler. Art After Philosophy, Kosuth’s text, on the contrary – a historically seminal discourse on (conceptual) art – is read by a voice that seems to both confirm the pictures’ superficiality and to contradict the text. The latter searches to delineate a theory for a contemporary (read: late 60s) conceptual art, freed from aesthetics, decoration, and even its very materiality. But the voice-off reading the text rather sides with the depictured: we hear a woman’s voice that seems to come straight out of a publicity slogan, including tonal stresses and shallow ‘positive’ up-beat. Theys’ work thus creates a tension between the text’s “message” and its “bearer”. The Many Things Show was in the first place created to analyse how ready-mades (playing an important part in Kosuth’s discourse) function in this age of internet: both persons and the things they are photographed with are ready-mades, in the sense that Theys found them, collected them and ‘set them in motion’, linking them to Art After Philosophy. The video is not about what the images show, but about how they become ready-mades – and thus art.

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Expérience(s) vidéo


Koen Theys est un artiste belge de réputation internationale, vivant à Bruxelles. Dès le début des années 80, il suit un parcours artistique protéiforme où se côtoient différentes techniques telle la photographie, la vidéo, la performance; à partir de ces éléments, il réalise le plus souvent des installations multimédia qui répondent à la logique d’un lieu, d’une condition particulière ou d’un dispositif esthétique en rapport avec notre culture visuelle contemporaine. Ce sont en effet les images qui nous entourent – images médiatiques

et médiatisées – que l’on retrouve au sein de sa réflexion artistique. Profondément visuelle, l’œuvre de Koen Theys privilégie la grande échelle et une certaine théâtralité qui correspond à une mise en scène dans le sens premier du mot : traduire en images un contenu, donner à voir. L’artiste utilise des images de synthèse créées à l’aide de logiciels d’animation 3D, ce qui lui permet d’obtenir des images à la pointe de la technique et aux limites du « possible ». Koen Theys (1963) studied at the Koninklijke Academie voor Schone Kunsten in Ghent and Film and Video at the Hoger St.-Lucas

Instituut in Brussels. His work is mainly characterised by a fascination with objects depersonalisation. In his videos and pictures he often explores issues surrounding “identity”, in relation to the image in general and the digital image specifically. Many of his characters (e.g. Hitler in Media studies, after Heinrich Hoffmann or Picasso in Painting with Picasso) have in common that they are identified with an image, that they are cut loose from their underlying personality and reduced to an icon. His work is bought and shown all over the world, among others at the SMAK in Ghent; Le Casino in Luxemburg, the MOMA and the American Museum of the Moving Image in New York, and MARTA in Herford (Germany).

Samuel Bester http://web.mac.com/samuelbester

Dent du Chat / Mont Blanc / Môle 2006 | 00:04:00 / 00:05:00 / 00:06:00

Trilogie vidéo inspirée du Yoïk. Le yoïk est un chant transmis par le vent. Lors de la transhumance des rennes en Norvège, l’éleveur se retrouve seul face à lui-même et à la nature sauvage qui l’entoure. Arpentant son chemin, le chant est le rapport vital au réel qu’il entretient en harmonie avec ce monde. Le suivre, c’est apprendre les préceptes de l’audio-visuel à l’état brut. À la manière de ces éleveurs, j’ai essayé de transmettre par la vidéo ces sensations ressenties face à trois paysages familiers. La lumière fait que l’on voit, distingue, reconnaît un paysage, son intensité détermine le chemin qu’empruntera notre souvenir et/ou nos sentiments pour créer une image mentale.

Samuel Bester est initié à l’art par l’artiste Falk Veyran en Suisse où il passe ses premières années. Il suit ensuite des études d’arts appliqués à Nîmes, puis à l’école des Arts Décoratifs de Strasbourg où il prend

102 Expérience(s) vidéo

A video trilogy inspired from the Yoïk tradition. The yoïk is a song “transmitted by the wind”. At the time of the reindeers transhumance in Norway, the stockbreeder finds himself alone and surrounded by a wild nature. On his way to the north, the song is his vital connection with the reality which maintains him in harmony with this world he’s walking through. Each yoik is meant to reflect a person or place. This does not mean that it is a song about the person or place, but that the yoiker is attempting to transfer “the essence” of that person or place into song. To listen to it is to learn the audio-visual precepts in a rough state. In the way of these stockbreeders, I tried to transmit through video these feelings felt towards three familiar landscapes. The light makes that we sees, distinguishes, recognizes a landscape, its intensity will determine the way our feelings will create a mental image.

conscience, avec son professeur Jean-François Guiton, de l’importance que la vidéo va prendre dans sa vie et dans sa recherche artistique. Des rencontres avec Sarkis, Robert Cahen, Jochen Gerz et Harun Farocki nourris-

sent sa démarche. Aujourd’hui monteur et réalisateur, il partage sa vie et son travail entre Marseille, Strasbourg et l’Allemagne. Aux frontières des genres, ses films sont souvent d’inspiration documentaire et expérimentale.


Samuel Bester was initiated to art by the artist Falk Veyran in Switzerland, where he spent his early years. He studied applied art in Nîmes and then at the Strasbourg School of Decorative Arts. His teacher, Jean-

François Guiton, sensitized him to the importance video-films would play in his life and in his artistic research. Sarkis, Robert Cahen, Jochen Gerz and Harun Farocki inspired him. Today he is an editor and film-maker.

He divides his life and work between Marseilles, Strasbourg and Germany. His work is often inspired by documentaries or experimental films and is thus at the crossroads of several genres.

David Coste

http://www.davidcoste.com

Que font les images de la réalité? Les travaux vidéos de David Coste interrogent des espaces temps intermédiaires, des lieux de recomposition utopique du regard où la frontière entre réalité et fiction oscille au grès d’images inscrites dans un imaginaire sensible, faisant appel à une mémoire collective. Ces images manipulatrices se révèlent comme tel afin que le spectateur fasse un geste, celui de prendre du recul face à elles, afin de se forger un nouveau point de vue. Son travail s’articule actuellement autour de la pratique de différents médiums : la vidéo, la photo, le dessin, le volume auquel il combine des dispositifs sonores. Il prépare actuellement différents projets d’installations qui interrogent les grands ensembles architecturaux et leur relation aux utopies. Les vidéos 1 et 2 de La Réalité des Fantômes sont représentés et distribués par ANNEXIA. http://www.annexia-net.com

What do images produce of reality ? David Coste’s video work questions intermediary space-time corresponding to recomposed visual utopian places in which the boundary between reality and fiction oscillates, whilst the images that are part of a sensitive chimera unfurl and appeal to our collective memory. These manipulating images are thus revealed to urge the spectator to make a gesture; that of detaching oneself so as to acquire a fresh standpoint. His work has been used in several installations and collaborations pertaining to the field of contemporary art and performing art. On April 24, 2006 he obtained a grant from the Regional Arts Council of the Midi-Pyrenees for his project The Reality of Ghosts part 1. He was also amongst the three winners of the Cultural Patronage prize in 2007 for a drawing extracted from the project entitled The Reality of Ghosts part 2. His work is currently based on the usage of different mediums: video, photo, drawing, and volume, which he uses to combine sound devices. He is currently preparing installation projects that question great architectural ensembles and their relationship to utopias.

La Réalité des Fantômes (partie 1) [The reality of ghosts] 00:07:00 | vidéo image et son : David Coste

La Réalité des Fantômes (partie 1) comporte deux vidéos. Délibérément manipulatrices, elles distillent des images de lieux « utopiques » partageant notre vision entre deux territoires où l’apparente réalité cède progressivement le pas à une sensation de malaise et de menace. La première vidéo, présentée ici, nous plonge dans un environnement hybride où les références au décor de studio se mêlent à la représentation muséale dans un va et vient entre détails et vue d’ensemble évoquant un territoire utopique entre picturalité et réalité désincarnée. The reality of ghosts (part 1) is compo­ sed of two videos. These videos are deliberately manipulative and distill images of “utopian” places. Our vision is torn between two territories where apparent reality progressively evolves into a disturbing and threatening sensation. The first video plunges us into a hybrid environment in which references to the set are intertwined with the museum-like representation where comings-and-goings of details and rough outlines evoke a utopian territory situated between pictorial and disembodied reality.

103 Expérience(s) vidéo


Pascal Leroux Pascal Leroux poursuit actuellement un ensemble de recherches et d’expérimentations « mix-médias »(scénographie, dispositif, installation, vidéo, son). Musicien autodidacte (trompette), il a joué dans de nombreuses formation de jazz (trio,quartet, big band). Co/fondateur et membre actif du Collectif La Valise : Ce collectif est actuellement composé de trois membres (architecte et artistes) Boris Cochy, Samia Oussadit et Pascal Leroux. Structure invitante ou invitée, elle multiplie les collaborations et produit depuis 1998 des événements artistiques multidisciplinaires. Leurs actions interrogent les pratiques artistiques contemporaines au contact des publics et de l’espace public. Les contextes investis donnent sens au déploiement du projet artistique, de l’intention à sa matérialisation. Pascal Leroux is presently carrying out a wide variety of research and experiments

Reverse 2008 | 00:03:23

Tournage réalisé sans trucage, le son et l’image sont simplement inversés. La voix, les actions et déplacements semblent alors devenir étranges et surnaturels. Filmed without special effects, the sound and image are simply reversed. The voice, actions and movements seem to becomee strange and supernatural.

Souffleur de gravité [Gravity Blower] 2006 | 00:01:00

Explication et démonstration d’une méthode de souffle gravitationnel destinée à maintenir une balle de ping-pong en « lévitation horizontale ».

104 Expérience(s) vidéo

on different media (scenography, installation, video and sound). A self-taught trumpetter, he haved to play in a number of jazz formations (trio, quartet, big band). Co-founder of the artists’organisation « la Valise » : This collective is nowadays composed of three members (architect and artists) Boris Cochy, Samia Oussadit and Pascal Leroux which promotes the dissipation and production of contempory visual and multidisciplinary art in contact of the publics and of public space. Invested contexts give sense in the deployment of artistic plan, of intention in his realization. www.pascal-leroux.org et www.collectiflavalise.net

Explanation and demonstration of a method of gravitational blowing aimed at maintaining a ping-pong ball in “horizontal levitation”.

Energizer 2006 | 00:01:57

Action « télékinésique » sur 4 piles LR6 de 1,5 Volt “Telekinesic” action on a set of 4 LR6, 1.5 volt batteries.

Dépliage [Unfolding] 2006 | 00:00:57

Action « télékinésique » sur l’idée de dépliage à distance ou comment décompresser une forme. “Telekinesic” action about the idea of unfolding an item from a distance or how to decompress a shape.

Éclats [Bursts] 2005 | 00:01:02

Variations rythmiques de signaux solaires et sonores Rhythmical variations of sun and sound signals.

Planche Contact [Contact Sheet] 2003 | 00:01:00

Variations rythmiques sur la chute d’une planche et l’envol d’un sac plastique. Rhythmical variations of a sheet falling and a plastic bag taking to the air.

The Gate 2002 | 00:00:52

Lors d’une promenade en nature, j’ouvre une barrière métallique et en expérimente le son… During a walk through nature, I open a metal gate and experiment with the noise of it…


Paul Louvreau La Cabane 2004 | 00:12:00

La Cabane est une vidéo réalisée dans le cadre d’une résidence à Pougues-les-Eaux. Elle est le condensé d’un tournage qui a duré environ six mois pendant lesquels une architecture en carton, construite dans le parc est altérée par les aléas du temps et des intempéries . Cette vidéo se présente comme un long temps de pose photographique et montre en un plan fixe et serré, les modifications que subit cette architecture jusqu’à son effondrement. En fait dans la vidéo la façade de l’architecture s’apparente à une grande plaque sensible sur laquelle se projette une succession de formes apparaissant et disparaissant comme des images. Ce que l’on mesure également au final c’est que la chute, cet ultime point de l’équilibre ou du déséquilibre n’est pas enregistré. En fait, de manière symptomatique, manquent l’instant et l’instantané. The Cabin is a video produced at a residence in Pougues-les eaux. It is the summary of filming which lasted about six months during which a cardboard structure built in a park is altered by the conditions of time and the elements. This video is presented as a long length photographic pose and shows a close-up of the modifications which this structure undergoes until its collapse. In fact in the video the façade of the structure is similar to a large, sensitive plate on which a succession of shapes are projected, appearing and disappearing like images. What is also assessed at the end is that the collapse, the ultimate point of balance or unbalance is not recorded. In effect, lacking symptomatically the instant and the instantaneous.

Laurent Le Forban Laurent Le Forban, vit et travaille à Marseille. Il s’intéresse à l’élasticité sous toutes ses formes (installations, vidéos, performances, siestes…) et par conséquent au repos, à la tension, au mouvement, aux rapports intensité et vitesse, au bond et au rebond. Il travaille actuellement sur les ressorts. Les vidéos présentées font parties du cycle de « l’observatoire des ruptures ». Des objets divers, ici une chaise, sont projetés par des élastiques géants. Comme dit René Char (résistant): « Aujourd’hui est un tigre, demain verra son bond.» Laurent Le Forban, lives and works in Marseilles. He is interested by elasticity in all its forms (installations, vidéos, performances, naps…) and by consequences to the rest, the tension, the movement, the ratio of intensity and speed, jump and rebound. He currently works on the springs. The vidéos presented belong to the cycle of “the breaking point observatory”. Various objects, here a chair, are projected by giant rubber bands. As says René Char (resistant): “Today is a tiger, tomorrow will see its bond.”

105 Expérience(s) vidéo


Pascal Lièvre http://lievre.fr

Aliénation 2008

« Il serait vain de considérer les corps comme des organismes imperméables et fixés. Il n’y a pas de matière, il n’y a que des stratifications provisoires d’états de vie.» Antonin Artaud cité par Serge Margel “It would be vain to consider bodies as watertight and fixed organisms. There is no matter, there are only provisional stratifications of states of life.” Antonin Artaud quoted by Serge Margel

Patriotic 2005

Patriotic est un clip de propagande Bushiste qui met en scène le Patriot Act américain chanté sur une musique de Céline Dion au travers de remake d’affiches politiques maoïstes et russes. Patriotic is a Bushist propaganda clip that presents the American Patriot Act sung to Céline Dion’s music through remakes of Maoist and Russian political posters.

People are people 2008

People are people montre une chorale amateur interprétant la célèbre chanson populiste de Depeche Mode tandis que Lièvre remake le cri de Edouard Munch. People are people shows a choir of amateurs interpreting the famous popular song by Depeche Mode whist Lievre remakes the Scream by Edvard Munch.

106 Expérience(s) vidéo

Marie 2007

Marie présente un christ d’El Greco chantant Marie de Gerald de Palmas avec la voix de Johnny Hallyday. Marie presents a Christ by El Greco singing Marie by Gerald de Palmas with the voice of Johnny Hallyday.

UMP un mouvement populaire [UMP a popular movement] 2005

Clip de campagne du candidat Sarkozy à la présidentielle où Lièvre remplace la France qui sourit par la France qui pleure, et nous fait vivre une expérience de la tristesse. UMP un mouvement populaire is a campaign clip about Sarkozy’s candidacy for the presidential elections. Lievre replaces France smiling by France crying and we experience a moment of sadness.

Savoir Aimer [Knowing How to Love] 2004

Un vidéo-clip musical dans lequel un homme face caméra chante Savoir Aimer de Pagny & Obispo pendant qu’il reçoit des gifles, l’humanisme pop mis à mal par les barbares. A musical video clip in which a man who is facing the camera sings Savoir Aimer by Pagny & Obispo while he gets slapped. Pop humanism is threatened by barbarians.

Where is Michael 2008

Where is Michael propose de regarder les images de Thriller de John Landis sans le corps ni la voix de

Michael Jackson, de vivre l’expérience de la disparition de la star. Where is Michael proposes images taken from Thriller by John Landis without the body or the voice of Michael Jackson, and to live the experience of the stars disappearance.

Antichambre [Antechamber] 2002

Antichambre exhibe le discours qui accompagne l’acte sexuel d’un film pornographique hétérosexuel. Antichambre exhibits the speech that accompanies the sexual act of a heterosexual pornographic film.

The Reflecting Pool 2005

The Reflecting Pool ou la rencontre terrible de Bill Viola et Benny Hill, deux maîtres de l’art vidéo des années 70/80 travaillant les échelles temporelles. Si Viola ralentit sa représentation du monde, Hill l’accélère. The Reflecting Pool or the terrible encounter of Bill Viola and Benny Hill, two masters of video art of the 70s/80s working across time scales. If Viola reduces the speed of his representation of the world, Hill accelerates his.

Batman is Jacques Derrida 2009

Une confession, celle d’un Batman qui s’identifie à Artaud avec les mots de Jacques Derrida. A confession, that of a Batman who identifies himself with Artaud through the words of Jacques Derrida.


Veronique Hubert Utopia fait son cinema

C’est un mélange de musiques éclectiques et électroniques, de B.O et de dialogues de films. Le tout mixé en direct durant un montage vidéo, rythmé par des comédies musicales, des chorégraphies contemporaines, des intrigues cinématographiques et des vidéos d’artistes contemporains. La fée « Utopia » y apparaît par intermittence, joyeuse ou découragée, une ritournelle en tête : « je suis petite mais pleine d’espoir !  ». Depuis l’épisode #4 (Présence/Mac Val/juin 07) l’image et le mouvement des femmes et des individus en marge, présents au cinéma, dans la danse et dans l’art, ont rythmé plus précisément cette série de performances : les jeux, les genres, la violence et l’absurdité des corps pensants, s’emmêlent sans se priver d’humour. Un certain autre monde. extraits sur le secteur « soirées » : http://veroniquehubert.free.fr/

“Véronique Hupert has a multi-disciplinary approach which results in the development of a wide range of different forms: video installations, pamphlets, drawings, organisation of internet sites and performance evenings… In her installations and videos that she has created since 1997, she gives equal importance to text, image and sound. This range of forms is representative of her aesthetic response to describe the growing daily feeling of fragmentation and abstraction in postmodern life. For her it is a way of finding the best-adapted form of expressing the present: how to react to the impermanence of things, to the vertiginous multitude of choices to make?” Pernille Grane, Synesthésie #12

Véronique hubert met en scène des personnages depuis 1996, dans des dessins, des photographies, des installations ou des vidéo : le personnage le plus récent, Utopia, improbable fée du pays « Spotniave », se déplace depuis quelques mois dans les villes et les lieux collectifs, portant une structure cubique blanche. Elle déambule, se cogne, et parfois disparaît, à la manière des fantômes… Cette chorégraphie-performance est donc filmée et « montée » ensuite à des fins d’installations (« acedia », galerie Vanessa Quang, Paris, mars 2008) et de programmations vidéos (festival Côté court, Pantin juin 2008). Elle propose également un nouvel épisode de la performance audio-visuelle « utopia fait son cinéma #6 » : mélange de musiques éclectiques et électroniques, de B.O et de dialogues de films. Le tout mixé en direct durant un montage vidéo, rythmé par des comédies musicales, des chorégraphies contemporaines, des intrigues cinématographiques et des vidéos d’artistes contemporains. Véronique Hubert has been showcasing characters since 1986 in drawings, photos, installations and videos; the most recent character is Utopia, an improbable fairy from the country of ‘Spotniave’, who has been moving around towns and public areas recently, wearing a white cubic structure. She wanders about, bangs into things, and sometimes disappears like a ghost… This choreography-performance is filmed and then ‘assembled’ to be used in installations (‘acedia’, Vanessa Quang Gallery; Paris, March 2008) and in video screenings (Côté Court Festival, Pantin, June 2008). She also offers a new episode of her audio-visual performance ‘utopia makes her film #6’: a mix of eclectic and electronic music, music and dialogue soundtracks. All of these are mixed together live during a video editing session, using musicals, contemporary choreography, film intrigues and videos by contemporary artists. http://veroniquehubert.free.fr/

107 Expérience(s) vidéo


Loïc Connanski connanski@bigfoot.com

It’s a kind of magic (passage d’un corps dans l’audio-visuel) [the passage of a body into the audio-visual] installation vidéo vidéos et cédérom de l’auteur, plus 2 modules de l’émission Mensomadaire de Canal+. Remerciements : Pascale Faure, programmes courts et création Canal+

D’abord dans mon lit, j’infuse. Puis dans l’écran je diffuse. Mon moi sans papier sort de sa clandestinité et se répand en morceaux choisis. Ainsi mon existence tend à la consistance avec mon intérieur qui se propage dans l’extérieur. Ensuite, je rencontre des Autres que j’ingère, puis digère. Et nous défèquons ensemble dans une image qui frétille. Alors j’ai un coup de pompe et je m’estompe. Firstly in my bed I infuse. Then, in the screen, I diffuse. My clandestine me comes out of hiding and scatters in chosen pieces. This way my existence strives for consistency with my inside which spreads outside. Afterwards, I meet some Others that I ingest, then digest. And we defecate together in a shimmering image. Then I feel drowsy, and I fade.

Nous sommes dans l’art 00:35:00 Remerciements : Pascale Faure, programmes courts et création Canal+

Numéro spécial sur l’art contemporain de l’émission Mensomadaire.

108 Expérience(s) vidéo

La bio Connanski Né sous le règne du général De Gaulle. Ex-caméraman news. Auteur d’une centaine de vidéos. Diffuse dans les festivals, les bars, les galeries, les appartements, les écoles et même à la télévision (Arte, Tv5, Ciné Cinéma,Canal+). Pour un vidéaste, le multimédia est un territoire à explorer qui se présente de manière évidente. Après une centaine de monobandes en auto-filmage, dont certaines sont devenues emblématiques (« Bande annonce ») et quelques compromissions télévisuelles remarquées (Canal+, ARTE), Connanski s’est intéressé à l’interactivité. En adaptant ses réflexes narratifs à l’écriture multimédia, il affiche le même humour impertinent que dans ses vidéos. Il nous a donc semblé important de présenter un travail peu diffusé, une parenthèse dans sa carrière d’« artiste télévisuel ». Born under the ruling of general De Gaulle. Former news cameraman. Author of about one hundred videos. Shows work at festivals, in bars, galleries, appartments, schools and even on TV (Arte, Tv5, Ciné Cinéma, Canal+). For a film maker, multimedia is new territory that presents itself in an evident manner. After a hundred self-filmed monotapes, some of which have since become emblematic (“Bande annonce”) and a few noticed televised compromises of principle (Canal+, ARTE), Connanski became interested in interactivity. By adapting his narrative reflexes to multimedia writing, he displays the same insolent humour as in his videos. It was thus important for us to present some of his less known work; an interlude in his career as a “television artist”.


Lydie Jean-Dit-Pannel Highway to L. 2009 | dispositif vidéo

Février 2009, forêts du Michoacan au Mexique. Les papillons monarques se réveillent par dizaines de milliers après leur migration panaméricaine. Il est temps de se reproduire. L’agitation est sexuelle. Le flux est incessant. Lydie Jean-Dit-Pannel a entamé depuis 5 ans sa propre migration. Le monarque (seul papillon migrateur au monde) est devenu le totem de son travail. Dans chacun des pays qu’elle visite, un artiste tatoueur encre sous sa peau un papillon monarque femelle à échelle 1. Dans un workin-progress singulier, elle conjugue image en mouvement et énergie vitale. En septembre 2009, elle est à Montréal, en résidence à l’insectarium afin d’assister à l’émergence des papillons avant le départ pour leur long voyage. En février, elle rejoint les nuées orangées dans les montagnes mexicaines. Elle reçoit les caresses aériennes de milliers de monarques lancés dans de frénétiques ébats amoureux. Sensualité brute. Le corps s’anime, bruisse, devient écran. February 2009, the Michoacan forests in Mexico. The monach butterflies awaken by tens of thousands, after their pan-american migration. It’s time to breed. The agitation is sexual. The flow is incessant. Lydie Jean-Dit-Pannel started, five years ago, her own migration. The monach (the only migratory butterfly in the world) has become her work’s totem. In each country she visits, a tattoo artist inks under her skin a female butterfly monarch in scale 1. In a singular work-in-progress, she combines moving images and vital energy. September 2008, she was in Montréal, in residence at the insectarium, to witness the emergence of butterflies before the start of their long journey. In February, she joined the orange clouds in the mexican forests. She received the tender airy touch of thousands of monachs into frenzied lovemaking. Raw sensuality. The body livens up, rustles, becomes a screen.

109

Expérience vidé


Coul = 0% 100% 0% 0%

134 mm

152 mm

182 mm

107 mm

1,9 mm

20 mm 7,7 mm

144 mm

22 mm


m

expérience(s)

SON radiotopies par Sandra Émonet

Dans la coquille radiophonique:  une plasticité « on air » « Ils sont ambigus ces arts techniques qui réclament des artistes doublés d’artisans, exigent des dons et des compétences qui relèvent de deux cultures, alors que nos traditions scolaires les opposent et nous persuadent dès l’âge tendre que les Arts et les Sciences sont incompatibles. Ils sont provisoires, ces modes d’expression qui cherchent encore leur domaine, se cherchent à travers tant d’essais et d’erreurs. Ambigus et provisoires, le seront-ils encore longtemps ?» Pierre Schaeffer, Propos sur la coquille, 19461

De l’audio et du visuel ? Je voudrais approcher la situation de l’auditeur ra­diophonique et, partant, quelques relations particulières que peut entretenir l’art con­tem­ porain avec la radio. Le positionnement choisi, à rebours du temps, pourrait être qualifié de futur antérieur, rencontrant par des chemins détournés l’idée d’anticipation développée dans le cadre du 11e festival Bandits-Mages, car, en nous référant à des textes historiques sur la radio, nous rejoindrons finalement l’auditeur contemporain. Il est certain que toute technologie (par­ti­cu­ lièrement parmi celles con­cernant la com­ mu­nication et la diffusion de masse) porte dans les prémices de son développement une part importante d’utopie et de rêves. Un média récent ou à naître suscite des prises de positions théoriques et des analyses réflexives telles que nous avons pu l’observer, dans un temps plus proche de nous, à l’apparition

“On air” plasticity within the radio shell “They are ambiguous these technical arts that clamor for artists doubled as artisans, demand talent and skills that belong to two cultures, whereas our scholarly traditions oppose them and persuade us from a very tender age that Arts and Sciences are incompatible. They are temporary these modes of expression that are trying to find their own category and identity through so much trial and error. Will they be ambiguous and provisional for much longer?” Pierre Schaeffer, Propos sur la coquille, 19461

Audio and visual ? I would like to discuss the situation of radio listeners and a number of particular relationships that contemporary art maintains with the radio. The chosen positioning, a countdown, could be qua­lified as an anterior future, which encounters through an alternative route, the idea of anticipation developed wi­thin the framework of Bandits-Ma­ ges 11th Festival. For, by referring to historical texts about the radio, we shall finally rejoin contemporary lis­ te­ners. Indeed, it is certain that all technologies (particularly amongst tho­se that concern communications and mass broadcasting) enclose in their early stages of development an important amount of utopia and dreams. A recent or emerging media provokes theoretical position taking and reflective analyses similar to the ones that we have witnessed in an age that we are closer to, that is to say, when 1. Phonurgia Nova publications, 1990, p. 75-76.

111 Expérience(s) son


d’Internet1. Lorsqu’un média entre en usage intensif, il se banalise et constitue alors un objet de réflexion plus diffus. L’émergence d’une nouvelle radio (archivable, consultable à la demande et partageable à petite et grande échelle via Internet) réactualise pa­ ra­doxalement des notions concernant l’es­ thé­tique du « radiophonique » énoncées au moment de sa première émergence. Pierre Schaeffer entrevoyait ainsi que « D’au­ tres perfectionnements ultérieurs ou cette cu­ rio­sité qu’est le son en relief n’apporteront que des compléments mineurs, des diversions négligeables par rapport à ces données fon­ da­mentales : séparation du son et de l’image, correspondance entre deux espaces acoustiques différents, facteurs psychologiques d’ubiquité, d’instantanéité »2. Nous reviendrons plus largement sur ces ca­ractéristiques mais entendons nous tout d’abord sur les notions de média et d’« espace mé­diatique ». Le mot media est le pluriel du mot latin medium signifiant milieu. Le milieu étant, en géographie, ce qui entoure, ce dans quoi un être ou une chose se trouve et les interrelations entre la nature, les rapports humains et l’univers technologique. Par ailleurs, on appelle média le support sur lequel sont physiquement stockées, contenues ou transférées des données audio, vidéo et informatiques. Et, dans le domaine des arts visuels, les matériaux ou techniques utilisés au sein d’une œuvre en sont le medium. Mais plus usuellement, les médias sont des moyens (télévision, radio, presse, Internet...) de diffusion d’informations, généralement vers un grand nombre d’individus (« mass-media »). Outre le fait que « le média c’est le message », pour citer une formule célèbre d’Herbert Marshall McLuhan (le média influant sur la réception de son contenu et l’inscrivant dans un certain type de communication), les médias de communication ont tendance à se mettre 1. « L’apparition de chaque nouveau média, on remarque ainsi une première phase d’installation, lente et sinueuse, où celui-ci doit trouver et occuper sa place dans l’ensemble des médias existants, à travers un réseau tissé de projections utilisant des catégories anciennes [...], de rétroactions, ou de connotations passagères [...]. à travers ce réseau se dessine en creux l’apport exact, parfois étrange et inquiétant, de ce qui est apparu [...], une telle évolution caractérise l’appréhension de tout nouvel outil technique, qui pourra fluctuer sensiblement entre ce que l’inventeur ou l’ingénieur a imaginé et la perception et l’utilisation éventuellement décalée ou restreinte qu’en feront les utilisateurs.», Martin Kaltenecker, « La retouche du réel. L’esthétique radiophonique du Rudolf Arnheim » (préface), Radio, Rudolf Arnheim, Van Dieren éditeur, collection « Musique », 2005. 2. Pierre Schaeffer, Propos sur la coquille, éditions Phonurgia Nova, 1990, p. 75.

112 Expérience(s) son

the Internet2 first appeared. When a media starts to become extensively used, it ends up becoming dull and turns into a more mainstream object of contemplation. The emergence of a new type of radio (archivable, available for consultation on demand, and shared on a small and large scale over the Internet) paradoxically refreshes the notions concerning the aesthetics of the “radio” that were announced when it first appeared. Pierre Schaeffer thus pointed out that “Other ulterior perfections or the curiosity that surrounds sound in relief will bring minor behaviour and negligible diversion in relation to this fundamental data: the separation of sound and image, the correspondence between two different acoustic spaces, physiological factors of ubiquity and instantaneousness”3. We shall look at these features in greater detail but let’s first agree on the notions of the term media and “media space”. The word media is the plural form of the Latin word medium, which means middle. In geography, the middle means the surroundings, the place in which a being or a thing finds itself and the interrelations between nature, human relationships and the technological universe. Furthermore, we use the term media to refer to the medium upon which audio, video and computer data is stored, contained or transformed. Indeed, in the field of visual arts, the equipment or techniques that are used within a work correspond to its medium. Ordinarily however, media is the means of broadcasting information (television, radio, press, 2. “Upon the emergence of each new media, we may notice the first phase of a slow and sinuous installation in which the latter is required to find its place within the set of existing media, through a woven network of projections using ancient categories […], retroactions, or passing connotations […]. Through this network, the exact contribution of what appeared, which can at times be strange and worrying, is hollowly etched […]. Such an evolution characterizes the apprehension of all new technical tools, which may noticeably fluctuate between what the inventor or engineer imagined, and the perception and potentially quirky or restrictive use that the users will make of it.” Martin Kaltenecker, “La retouche du réel. L’esthétique radiophonique du Rudolf Arnheim” (foreword), Radio, Rudolf Arnheim, Van Dieren Editeur, collection “Musique”, 2005.” 3. Pierre Schaeffer, Propos sur la coquille, Published by Phonurgia Nova, 1990, p. 75.


également en scène comme de véritables espaces publics. « La représentation médiatique pose la question de la médiation, du rapport à l’autre, du média et de l’immédiat. L’espace médiatique donne à voir des re-présentations du monde. Or, il se présente (alors qu’il ne devrait que re-présenter) comme la tribune où ont lieu les débats, les confrontations politiques. Il intègre et met en scène sa propre critique. Il se présente comme un espace public.»3 Envisageons en effet le média radiophonique comme un certain milieu, un certain type d’espace public, dans lequel nous pourrions entrer de plein-pied en considérant, à l’instar de Rudolf Arnheim, que la radio n’est pas « un simple appareil de retransmission mais [...] un monde sonore que ses propres lois formelles distinguent de la réalité »4. Il peut toutefois sembler anachronique de s’interroger sur les caractéristiques de l’espace radiophonique, et de l’utilisation possible de celui-ci par les artistes, quand les technologies de l’information et de la communication ne cessent de se développer pour nous plonger dans un « tout audiovisuel ». Le chantier français de la future Radio Numérique Terrestre se cale ainsi sous les auspices techniques d’une norme de diffusion (T-DMB) qui consacre d’emblée dans sa bande passante une place importante à la vidéo. Outre le fait que la bande passante pour les programmes radio s’en trouve de ce fait réduite, le parti-pris qui s’affirme est que les futurs auditeurs de la RNT pourront « regarder la radio ». La primauté accordée au visuel dans l’empire de nos sens revient donc en force au cœur du dernier mass-media qui semblait lui échapper. Rudolf Arnheim, intitulant de manière éloquente un des chapitres de Radio5: « L’éloge de la cécité: se libérer du corps », préconisait pourtant dès l’apparition du média radiophonique un isolement total de l’oreille en s’opposant à l’idée de la production d’images, même mentales, avec et par le médium ra­dio­ phonique : « Il faudrait faire quelques recherches pour savoir dans quelle mesure l’auditeur moyen élabore des représentations visuelles complémentaires. [...] Mais si l’on adopte le point 3. Sophie Gausselin, « Les médias et la pratique artistique : réflexion sur les formes de l’espace public » – devoir de DEA, déc. 2001. Accessible à cette adresse http://periclite.free.fr/DEAversion%20 finale3.html et sur le site d’Audiolab (ex-studio son de la Villa Arson, école d’art de Nice) http://audiolab.villa-arson.org/cours/ 4. Rudolf Arnheim, Radio, Van Dieren éditeur, collection « Musique », 2005. Arnheim, op. cité p. 148. 5. Arnheim, op. cité, p. 141.

Internet …) to a large number of individuals. Besides the fact that “the medium is the message,” to quote a famous expression by Herbert Marshall McLuhan (the medium in­ fluen­ces the reception of its content by registering it within a certain type of communication), communication me­diums equally have the tendency to display themselves as genuine pu­ blic spaces. “Media representations raise the question about mediation, of relationships with others, of mediums and the immediate. Media space provides re-presentations of the world. Indeed, it presents itself (whereas it should only re-present itself) as a gallery in which debates and political confrontations are held. It integrates and directs its own criticism. It presents itself as a public area.”4 Hence, let us consider the radio medium as a certain environment, a certain type of public space that we are able to walk straight into whilst quoting, in the manner of Rudolf Arnheim, that the radio is not “a simple broadcasting device but […] a world of sound with its own formal laws that distinguish it from reality”5. Nevertheless, it may seem outdated to question oneself about the chara­ cte­ristics of radio space and about how artists can make use of it at a time when information and communication technologies are continually develo­ ping and we are being plunged into an “audiovisual everything”. The emergence of the upcoming French Terrestrial Digital Radio is technically backed by a broadcasting standardization (T-DMB). From the outset the latter has dedicated an important part of its bandwidth to video films. Other than the fact that the bandwidth of radio programs has ended up being reduced, the parti pris advocates that future TDR listeners will have the means of “watching the radio”. In the realm 4. Sophie Gausselin, “Les médias et la pratique artistique: réflexion sur les formes de l’espace public” – postgraduate paper, Dec. 2001. Available at this address http://periclite.free.fr/DEAversion%20finale3. html and on the website of Audiolab (formerly the sound studio of Villa Arson, School of Fine Arts Nice) http://audiolab.villa-arson.org/cours/ 5. Rudolf Arnheim, Radio, Van Dieren Editor, collection “Musique”, 2005. Arnheim, op. quoted p. 148

113 Expérience(s) son


de vue radiophonique, il faut bien comprendre que l’activité imaginaire de l’œil intérieur de l’auditeur ne doit être ni saluée ni encouragée, et qu’elle handicape même fortement la compréhension de ce qu’est l’essence de la radio et des enrichissements qu’elle seule peut nous apporter.»6 L’auditeur séparé du monde ? Entre le proche et le lointain... Au sein du chapitre « Le monde comme fantôme et comme matrice – Considérations philosophiques sur la radio et la télévision », dans son texte Radio et solitude7 Brice Parain complète la pensée de Leibniz (« chacun de nous est une monade avec une petite fenêtre sur l’extérieur ») en ajoutant : « La fenêtre, maintenant, sera le micro.» La radio serait une expérience « concentrée » de solitude en ayant la faculté de superposer la « rumeur » qui nous parvient du monde et notre isolement physique. « Nous sommes donc à la fois seuls et occupés, distraits et intéressés à un monde présent autour de nous.»8 Avec la radio, nous accédons ainsi à une « distribution de réalité sensible à domicile », selon les mots de Paul Valéry qui dans son texte La conquête de l’ubiquité9 imagine une diffusion quotidienne d’œuvres d’art. « Les œuvres acquerront une sorte d’ubiquité. [...] Elles ne seront plus seulement dans elles-mêmes, mais toutes où quelqu’un sera, et quelque appareil. [...] Comme l’eau, comme le gaz, comme le courant électrique viennent de loin dans nos demeures répondre à nos besoins moyennant un effort quasi nul, ainsi serons-nous alimentés d’images visuelles ou auditives, naissant et s’évanouissant au moindre geste, presque à un signe.» « […] domicile, hors du monde, nous n’en serions que plus près des œuvres qui pourraient ainsi partager notre intimité en entrant dans notre espace personnel. Gaston Bachelard, dans son texte Rêverie et radio, pense ainsi la radio capable de “faire communier les inconscients” car l’absence d’un visage qui parle n’est pas une infériorité ; c’est une supériorité ; c’est précisément l’axe de l’intimité, la perspective de

6. Arhneim, op. cité, p. 144. 7. Brice Parain, L’obsolescence de l’homme, 1956, éditions Ivrea, 2002. 8. Brice Parain, op. cité, , pp.129-131. 9. in Œuvres, tome II, Pièces sur l’art, Nrf, Gallimard, Bibl. de la Pléiade, 1960, pp. 1283-1287. Texte paru dans De la musique avant toute chose, éditions du Tambourinaire, 1928.

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of our senses the primacy granted to visuals has thus made an outstanding come-back. Indeed, visuals are now placed at the very core of the latest mass-media, which had seemed to have forgotten about it. Rudolf Arnheim who eloquently entitled one of the chapters of Radio6: “The eulogy of blindness: to liberate ourselves of the body”, re­ commended upon the appearance of the radio medium, that we should totally isolate our ears. He was opposed to the idea of producing images, even mental ones with and through the medium of the radio: “It would be necessary to research in what way the average listener ela­borates complementary visual re­ pre­­sentations. […] Yet if we agree to the radio standpoint, it is necessary to understand that the imagined activities of the listeners’ inside eye should not be greeted or encouraged, and that it greatly impedes the understanding of what the essence of the radio is and the treasures that only it can bring us.”7 The listener is separated from the world? Between near and far… In the chapter entitled “The world as a ghost and matrix – Philosophical considerations about radio and te­le­vision”, of the text “Radio and solitude”8, written by Brian Parain, the latter completes Leibniz’s thoughts (“each one of us is a monade with a small window facing the exterior”) by adding: “The window, now, will be a microphone”. The radio would be a “concentrated” experience of solitude that possesses the faculty to superimpose the “rumors” that come to us from the world and our physical isolation. “We are therefore both alone and engaged, distracted and interested in a present world that surrounds us.9” According to the words of Paul Valéry, through the means of the radio, we are therefore able to access “a distributed sensitive reality from our homes”. He imagined the daily broadcasting of works of art in his text The Conquest of

6. Arnheim, op. quoted, p. 141. 7. Arhneim, op. quoted, p. 144. 8. Brice Parain, L’obsolescence de l’homme, 1956, éditions Ivrea, 2002. 9. Brice Parain, op. quoted, pp.129-131.


l’intimité qui va s’ouvrir.»10. La notion d’espace personnel, comme le résume G.N. Fischer11, « repose sur l’idée que la place du corps dans un environnement donné ne se limite pas à la surface de la peau ; il est entouré d’une zone qui dessine autour de lui des frontières invisibles. L’espace personnel est donc considéré comme zone émotionnelle, socio-affective qui se réfère au concept d’intimité et de privatisation. [...] Le concept d’espace personnel est différent du concept de territoire ; il se définit, comme nous venons de le dire, comme une frontière invisible autour de la personne, alors que le territoire est une aire visible et stable ». Cet espace a été décrit en psychologie de l’espace comme une bulle12, une zone tampon13, une sphère véhiculaire14 ou encore une coquille15. Cette dernière représentation amplifie l’ana­ lo­gie entre la coquille et l’oreille, entre la coquille et l’espace du radiophonique, que Pierre Schaeffer développe dans son essai Propos sur la coquille. « Comment se fait-il que depuis un long siècle de scientistes, l’idée ne leur soit pas venue de comparer ces deux objets faits l’un pour l’autre: l’Oreille et la Coquille ? Comment n’ont-ils pas remarqué qu’elles sont semblables dans leur différence, inverses dans leur symétrie. [...] La symétrie s’exerce par rapport à un plan que définit pour chacun de nous l’intersection de l’Humain et de l’Inhumain. De sorte que l’homme, dans cette histoire, ne fait pas son bruit tout seul. [...] force d’application, l’Homme a fini par fabriquer des coquilles de plus en plus révélatrices. [...] Moyennant une délimitation profondément consentie, qui est celle même de son être, il jouit doublement de la condition humaine, une solitude essentielle, 10. Gaston Bachelard, conférence organisée par le Centre d’Etudes Radiophoniques de la Radiodiffusion française, publiée sous le titre « Rêverie et radio » dans le numéro spécial de la revue La Nef, février/mars 1951, « La Radio, cette inconnue », pp. 14-20: « Les idéalistes ont parlé de la noosphère, qui est une sphère de pensée. On a parlé de la stratosphère ; de la ionosphère: la radio, heureusement, bénéficie d’une couche ionisée. Quel est le mot qui convient pour cette parole mondiale ? C’est la logosphère. Nous sommes des citoyens de la logosphère.» 11. L’Individu dans l’organisation : les dimensions oubliées, compilation de Jean-François Chanlat, Edition: 2, publié par Presses Université Laval, 1990, pp. 169-170. 12. Edward-T. Hall, La dimension cachée, Seuil, 1978, collection points essais (The Hidden Dimension, 1966). 13. M.J. Horowitz et al., « Personal Space and the Body Buffer Zone », in H. M. Proshansky et al. (eds.), Environmental Psychology: Man and His Physical Space, New York, Holt, Rinehart, & Winston, 1974, pp. 214-220. 14. E. Goffman, La mise en scène de la vie quotidienne (tome 1: La présentation de soi ; tome 2: Les relations en public), Minuit, 1973. 15. Abraham Moles et Elisabeth Rohmer, Psychologie de l’Espace, éd. Casterman, 2e édition, 1978.

Ubiquity10: “Works will acquire a sort of ubiquity. […] They will no longer be only within themselves, but they’ll go everywhere a person goes, regardless of the device. […] Just as water, gas, and electricity that comes from afar to our homes to see to our needs without requiring the least bit of effort, thus shall we be fed with visual or sound images, that will come and go at the slightest gesture, almost at an indication.” Inside our homes, away from the outside world, we will be all the more closer to the works that will share our intimacy by entering our personal spaces. In his text entitled Dreams and Radio, Gaston Bachelard says that the radio is capable of “making the subconscious communicate” given that “the absence of a face that speaks is not inferior; it is superior; it is precisely the axis of intimacy, the perspective of intimacy that is opening up”11. The notion of personal space, as sum­ marized by G. N. Fischer12, “resides in the idea that the position of a body in a set environment is not limited to the surface of its skin; it is surrounded by an area that draws invisible boundaries around itself. Personal space is thus considered as an emotional zone, a social-affectionate space that refers to the concept of intimacy and privacy. […] Personal space can therefore be distinguished as being an emotional, socially affectionate zone that is part of the concept of intimacy and privacy. […]The concept of personal space is different from the concept of territory; it is determined as we have just said, by an invisible boundary 10. in Œuvres, Volume II, Pièces sur l’art, Nrf, Gallimard, Bibl. de la Pléiade, 1960, pp. 1283-1287. Text published in De la musique avant toute chose, published by Tambourinaire, 1928. 11. Gaston Bachelard, conference organized by the French Radio Research and Broadcasting Centre, published under the title Rêverie et radio in the special edition of the magazine La Nef, February/ March, 1951, “La Radio, cette inconnue”, pp. 14-20: “The idealists have spoken about the noosphere, which is a sphere of thought. We have talked about the stratosphere; the ionosphere: fortunately, the radio benefits from an ionized layer. What is the appropriate term for this worldwide message? It is logosphere. We are citizens of the logosphere.” 12. “L’Individu dans l’organisation: les dimensions oubliées”, compiled by Jean-François Chanlat, Edition: 2, Published by Presses Université Laval, 1990, p. 169-170.

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une parfaite communication. Ainsi, le mythe de la Coquille s’applique à la Radio avec le charme d’une parabole, avec la précision d’une épure.»16 Ce rapprochement entre coquille et oreille est né de l’écoute du coquillage échoué sur la plage qui nous donne à entendre, dans sa caisse de résonance plaqué sur l’oreille, l’écho des pulsations de notre flux sanguin imitant le bruit de la mer. Autour de notre corps, la radio matérialise une autre coquille, transparente, qui nous enveloppe et nous accompagne, qui littéralement « nous envahit ». « Devenue notre pensée, elle en possède les vertus, celle d’ubiquité notamment. Il ne suffit pas de dire qu’elle nous apporte le monde à domicile ou, inversement, qu’elle nous rend présent en tel lieu de la terre que nous voudront ; il faut remarquer qu’elle conjugue à la fois le “ici” et le “ailleurs», le ceci et le cela, notre propre activité et celle d’autrui, dans un dédoublement de l’attention.»17 La multiplication actuelle des enregistreurs et des home studio (aux prix toujours plus ac­ cessibles) et la facilité croissante de diffuser ses propres productions sonores (sites web, podcast...), participent d’une nouvelle ap­pro­ che de l’ubiquité radiophonique et de l’iso­ lement de l’auditeur selon des per­spec­tives que Bertold Brecht imaginait dès les années trente. « Pour dépister ce qu’il y a de positif dans la radio, voici une proposition visant à transformer sa fonction: il faut la transformer d’appareil de distribution en appareil de com­ munication. La radio pourrait être le plus for­mi­ dable appareil de communication qu’on puisse imaginer pour la vie publique, un énorme système de canalisation, ou plutôt, elle pourrait l’être si elle savait non seulement émettre, mais recevoir, non seulement faire écouter l’auditeur mais le faire parler, ne pas l’isoler mais le mettre en relation avec les autres. Il faudrait alors que la radio, abandonnant son activité de fournisseur, organise cet approvisionnement par les audi­ teurs eux-mêmes.»18. Brice Parain prévoyait également que nous pourrions participer un jour, non plus seulement comme récepteur, mais également comme émetteur, à la « rumeur du monde » berçant les coquilles individuelles des auditeurs dispersés. Ainsi il « [...] imagine très bien les individus chez eux, bien au chaud, en 16. Pierre Schaeffer, op. cité, p. 40 à 42. 17. Pierre Schaeffer, op. cité, p. 45. 18. Bertolt Brecht, Théorie de la radio, 1927-1932, Travaux 7, éd. L’Arche, Paris 1970.

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that surrounds an individual, whereas territory is a visible and stable area.” This space has been described in space psychology as a bubble13, a buffer zone14, a vehicular sphere15 or even as a shell16. This last demonstration amplifies the analogy between a shell and an ear and between a shell and radio space that Pierre Schaeffer developed in his essay entitled Thoughts upon the Shell: “Why is it that after a long age of scientists, the idea didn’t occur to them to compare these two objects that are made for each other: An Ear and a Shell? How come they didn’t notice that they are similar in their differences, and inverted in their symmetry. […] Symmetry is exerted through a plan that defines the intersection of Humanness and Inhumanness for each one of us. As a result,mankind isn’t alone in making noise in history. […] By dint of applying himself, Mankind has ended up producing shells that are more and more enlightening. […] By reaching a profoundly consented demarcation, which is that of his being, he is doubly joyous about the human condition, essential solitude and perfect communication. Therefore, the myth about the Shell applies to the Radio with the charm of a parabola and refined precision17”. The connection between a shell and an ear originates from listening to washed up shells on beaches for when listening to a shell we can hear from within the sound box that is wedged against our ear, the echoing of the pulsations of our blood flow imitating the sound of the sea. The radio materializes another transparent shell around our bodies, which envelopes us and accompanies us and literally “invades us”. “By becoming our thoughts, it possesses its virtues, notably that of ubiquity. It would be insufficient to 13. Edward-T Hall, La dimension cachée, Seuil, 1978, Collection points essais (The Hidden Dimension, 1966). 14. J. Horowitz et al., “Personal Space and the Body Buffer Zone”, in H. M. Proshansky et al. (eds.), Environmental Psychology: Man and His Physical Space, New York, Holt, Rinehart, & Winston, 1974, p. 214-220. 15. E. Goffman, La mise en scène de la vie quotidienne (Volume 1: La présentation de soi; Volume 2: Les relations en public), Minuit, 1973. 16. Abraham Moles and Elisabeth Rohmer, “Psychologie de l’Espace”, Ed. Casterman, 2nd edition, 1978. 17. Pierre Schaeffer, op. quoted, p. 40 à 42.


plein dans leur rêverie, appelant tout près d’eux, dans leur intimité, d’autres individus au moment où ça leur “chante”, comme on dit, simplement par la parole en prévoyant qu’à côté de ces postes récepteurs nous ayons aussi des postes émetteurs mais alors, il régnera une sorte de bruit terrible dans le monde entier. La vie entière sera occupée par la radio. Il n’y aura pas assez d’heures par jour pour écouter tout ce qu’il y aura à écouter dans les postes de radio.»19 Il va même plus loin en supposant que probablement, dans le futur, ces individus « ne seront-ils pas obligés de manier des manettes, mais pourrontils simplement commencer à parler, comme s’ils avaient quelqu’un avec eux », rejoignant ainsi les projections du musicien plasticien Goran Vejvoda20 dans son essai Always back to silence21. « Notre appareil auditif naturel reste désespérément confiné entre 20hz à 20khz dans le meilleur des cas ! Mais ceci nous laisse malgré tout quelques champs d’exploration encore peu fréquentés [...] Le jour viendra, peut être, où nous pourrons entendre les flux des ondes qui nous traversent; nous ferions enfin corps avec la plus grande installation sonore jamais entendue [...]. Mais jusque-là nous aurons besoin de toutes les béquilles nécessaires pour s’élever en rêve au-dessus de notre rationalité. Avec l’ombre de l’implant “nano” qui rôde, nous pouvons seulement imaginer notre futur proche.» Expositions sur les ondes radiophoniques Philippe Parreno réalise en 1992 une œuvre prenant la forme d’une affiche unique intitulée Radio Revenants22 où nous pouvons lire : « Vous écoutez Radio Revenants, sur toute la bande FM, La radio de l’au-delà. Radio Revenants présente sa compliation 1991: Miles Davis, Serge Gainsbourg, Stan Getz, Freddy Mercury, Yves Montand, Mort Shuman.» Au-delà du pied de nez, deux aspects intrinsèques au médium radiophonique y sont touchées du doigt : l’aspect spectral des voix qui peuvent, par delà la mort, y résonner pleinement et l’étrangeté de la radio, qui, nous livrant des informations acousmatiques, résonne comme un média situé en deçà ou au-delà du monde physique. Aux origines de la radio, la possibilité d’une relation avec les esprits extra-terrestres et posthumes était envisagée avec le plus grand 19. Brice Parain, op. cité, page 129. 20. Voir http://www.goranvejvoda.com/ 21. Article publié dans le magazine Briseglace, 2002. 22. Marqueur sur impression offset, pièce unique, 60 x 90 cm.

say that it simply brings the world inside our homes, or inversely, that it takes us to whichever part of the earth we would like it to transport us to; one must notice that it conjugates both the “here” and the “elsewhere”, the this and the that, our activities and others’, within the splitting of attention.18 The current multiplication of recording devices and home studios (that get cheaper by the day) and the growing ease with which it is possible to broadcast one’s own sound productions (web sites, podcasts…), participate in a new form of radio ubiquity and the isolation of listeners according to the perspectives that Bertold Brecht had imagined as early as the thirties. “To track down what is positive about the radio, here is a proposal aimed at transforming its function: it is necessary to transform it from a broadcasting device into a communication device. The radio could be the most amazing communication device ever imagined for public life, a gigantic channeling system, or rather it could be if not only was it capable of broadcasting, but also of receiving information, not only of letting listeners listen but also letting them speak, not isolating them but connecting them with others. Therefore, the radio would have to abandon its role as a provider, and organize this contribution by the listeners themselves.”19 Brice Parain also planned that we would be able to participate one day, not only as receivers, but also as transmitters, of the “rumors of the world”, comforting the individual shells of scattered listeners. Therefore, he “successfully imagined people at home, nice and warm, dreaming away, beckoning others, from their intimacy, to join them when they felt the urge to do so, simply through words” by foreseeing that “next to the receiving device there would also be a transmitting device” but at that point “a terrible sort of noise would rule throughout the entire world. Life would be taken over by the radio. There wouldn’t be enough hours in the day to listen to everything that would be available to listen to on 18. Pierre Schaeffer, op. quoted, p. 45. 19. Bertolt Brecht, Théorie de la radio, 1927-1932, Travaux 7, Éd. L’ Arche, Paris 1970.

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sérieux et la popularisation rapide de ce média n’a pas manqué de susciter chez les premiers auditeurs un mélange « d’inquiétude et de bonheur », issu de la fascination pour les voix captées. « Les premières dramatiques et Hörspiel 23 reprennent d’ailleurs une thé­ ma­tique liée au danger, aux revenants, aux voix fantomatiques et à l’au-delà »24, comme le signale Martin Kaltenecker, tandis que « La métapsychie (l’étude des facultés de contact avec les voix de l’au-delà) se développe à la suite de l’hécatombe de la Grande Guerre, dans les années 1920, quand tout le monde a perdu un proche et cherche instinctivement à rentrer en contact avec ses fantômes »25. Le témoignage de Thomas Edison, interrogé par un journaliste du Scientific American à ce sujet, correspond à l’intérêt de l’époque pour les enregistrements de l’au-delà. Il répondit que personne ne savait si « notre personnalité passait à une autre existence ou migrait dans une autre sphère » après la mort, mais qu’il était possible de concevoir « un appareil si sensible qu’il pourrait permettre à des personnalités vivant une autre existence ou dans une autre sphère que la nôtre, et désireuses de communiquer avec nous de s’exprimer plus clairement que par l’intermédiaire de tables tournantes, de coups frappés, du ouija, de médiums, et de tous ces autres modes de communication primitifs qui semblent les seuls utilisables pour le moment »26. Ainsi, rejoignant cette prophétie, la « transcommunication instrumentale »27 (TCI) est apparue durant ces dernières décennies comme une nouvelle forme de communication 23. Littéralement « Jeu pour l’oreille », le Hörspiel est né en Allemagne au sein de radios nationales. Mauricio Kagel définit cette « poésie sonore » dans les termes suivants: « L’une des grandes différences entre la musique absolue et l’art radiophonique, c’est que dans le premier cas, il est rare de pouvoir parler “d’espace”. L’art radiophonique réside principalement dans l’insertion de plans acoustiques qui sont eux-mêmes nés de la transposition de situations et d’espaces familiers à l’auditeur.» En France, Luc Ferrari a beaucoup contribué à son développement. 24. Kaltenecker, op. cité p. 8. 25. Pascal Rousseau, « Trois questions à Pascal Rousseau », in « L’art magique, rencontres du troisième type », in Beaux-Arts magazine, n° 286, avril 2008 , p.87. 26. « Edison Working on How to Communicate with the Next World », in American Magazine, octobre 1920. 27. Ernst Senkowski, professeur de physique, a élaboré le concept de « transcommunication ». Friedrich Jürgenson (1903-1987), qui perçut en 1959 ses premières voix sur bande magnétique et publia en 1967 un ouvrage intitulé Radiotéléphonie avec les Morts, Raymond Bayless et Attila Szalay ayant tenté en 1956 d’enregistrer des voix et enfin le philosophe et écrivain letton Constantin Raudive (1909-1974), auteur de deux ouvrages : L’Inaudible Devient Audible (1968) et Survivonsnous à la Mort ? (1973), offrent quelques jalons historiques pour en savoir plus.

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the radio.”20 He takes this a step further even by assuming that probably in the future, these individuals “won’t de obliged to use levers, but that they will be able to simply speak up, as if they already had someone with them”, thus rejoining the projections written by musician-artist Goran Vejvoda21 in his essay Always back to silence22. “Our natural hearing aid remains hopelessly confined between 20hz and 20khz in the best case scenario! However, this leaves us with a few unvisited areas to discover […] Maybe the day will come when we will be able to hear the flow of waves that cross through us; we will thus form a part of the biggest sound installation ever […]. But up until then we will need as much support as possible to hoist our dreams beyond our rationality. With the “nano” implant that is hovering around, we can only imagine our near future.” Exhibitions about radio waves In 1992, Philippe Parreno produced a work in the form of a poster entitled Radio Revenants23 [Radio Ghosts] upon which you could read: “You are listening to Radio Revenants, on all of FM radio; it is The radio from the unknown. Radio Revenants presents its 1991 compilation: Miles Davis, Serge Gainsbourg, Stan Getz, Freddy Mercury, Yves Montand, Mort Shuman.” Beyond the funny aspect, two intrinsic aspects of the radio medium were touched upon : the spectral aspect of voices echoing beyond death and the weirdness of the radio which, through providing us with acousmatic information, resonates like a medium that is situated neither close to nor beyond the physical world. When the radio was first invented, the possibility of contacting extraterrestrial spirits posthumously was taken very seriously and the immediate popularity of this medium filled its foremost listeners with a mixture of “fear and delight” that resulted from the enthrallment of the voices that could be picked up. “Indeed, the first 20. Brice Parain, op. quoted page 129. 21. See www.goranvejvoda.com 22. Article published in the magazine Briseglace, 2002. 23. Marker on offset print. Unique piece. 60 x 90 cm.


avec l’Au-delà grâce à des médias techniques (radio, télévision, etc.) et non plus seulement un médium humain. En 2005, dans le cadre d’une exposition28 collective, Davide Balula et Loris Gréaud installent leur micro dans le Cimitero Mo­nu­ mentale de Milan pour tenter de capter les voix rémanentes des occupants du cimetière au sein des bruits de la ville qui résonnent sur les tombes. 264 600 Residents of the Cimitero di Milano Trying to Speak at the Same Time est une bande magnétique d’un « enregistrement brut et une amplification du silence de la ville de Milan à l’aube. Rumeur d’une foule, grondement d’un Milan filtré par l’enceinte de son cimetière. L’EVP (Electronic Voice Phenomena) pourrait y révéler des paroles d’individus dans le souffle des bandes magnétiques »29. La volatilité des signaux (ici le signal sonore), transportant des matérialisations potentielles, est un principe exploré dans nombre des œuvres de Davide Balula, également compositeur et musicien, dont la pratique a été résumée par Béatrice Gross citant Octavio Paz : il s’agit de « Concevoir l’univers comme un tout dont les parties sont unies par un courant de sympathie secrète ». Dans les méandres de l’éther, Loris Gréaud poursuit plus particulièrement une approche médiumnique de la voix différée dans l’espace avec son projet Haunted Quantum (des émis­ sions de radio comme exercice de télé transport). Cinq modules radiophoniques30 ont été réalisé à partir du projet Les Résidents (1). Un appartement situé dans un des plus anciens immeubles parisiens, sur l’île de la Cité, a été entièrement réaménagé et pensé avec une équipe de géobiologistes afin de créer des conditions maximales de mal être pour ses visiteurs, y séjournant une ou plusieurs nuits. Autour de ce projet de « maison hantée », une rumeur s’est auto-organisée car l’artiste avait interdit aux rares résidents (essentiellement des professionnels du monde de l’art) de ra­ con­ter leur séjour. Dans les deux premiers mo­dules radiophoniques, construits selon une progression en cinq étapes, sont abordées la ru­ meur amplifiée autour du projet Les Résidents 1. 28. Inhabituel, exposition à la Fabrica del Vapore, en partenariat avec la Dena Foundation, Milan, 2005. 29. Davide Balula, Stomach Rainbow, Monografik, juillet 2008 – Appendix, p. 02:12 0 – 019 (numérotation temporelle). 30. Production : Atelier de Création Radiophonique (France Culture), Frank Smith / Philippe Langlois / Sibilance Production / Sound designer : Gery Montet. Avec Pascal Rousseau, Atelier Athanor, Tom Grés puis Hans Ulrich Obrist et Anton Zeilinger.

dramatics and Hörspiel24 revive a thematic related to danger, ghosts, eerie voices and the after-life”25, as described by Martin Kaltenecker, whereas “Metapsychics (the study of the faculty of entering into contact with voices of the after-life) was developed after the bloodbath of the First World War, in the twenties, when everyone had lost a relative and was instinctively trying to get in touch with their ghost”26. The testimony of Thomas Edison, who was interviewed by a journalist of Scientific American about this subject, matches up with this interest in recordings of the after-life that belonged to that day and age. He answered that nobody knew whether “our personality passed on to another existence or whether it migrated to a different realm” after death, but that it was possible to envision a “device that was so receptive that it would enable personalities living in another existence or in a different realm to ours, and wishing to communicate with us, to express themselves more comprehensibly than through the means of spinning tables, knocking noises, ouija boards, mediums, and all of the other primitive methods of communication that seem to be the only ones currently available”27. Therefore, by concurring with this prophesy, “instrumental transcommunication”28 24. Literally “Game for the ear”, Hörspiel was invented on the German national radio. Mauricio Kagel describes this “poetry of sounds” in the following words: “One of the main differences between absolute music and radio art is that in the first case it is rare to talk be able to about “space”. Radio art principally involves the insertion of acoustic fields which originate from the transposition of situations and spaces that are familiar to the listener.” In France, Luc Ferrari widely contributed to its development. 25. Kaltenecker, op. quoted p. 8. 26. Pascal Rousseau, “Trois questions à Pascal Rousseau, in “L’art magique, rencontres du troisième type», in Beaux-Arts magazine, n°286, April 2008 , p.87. 27. Edison Working on How to Communicate with the Next World”, in American Magazine, October 1920. 28. Ernst Senkowski, a physics teacher developed the concept of “transcommunication”. Friedrich Jürgenson (1903-1987), who perceived his voice on magnetic tape in 1959, published a book entitled Radiotelephony with the Dead, Raymond Bayless and Attila Szalay tried to record voices in 1956 and finally the philosopher and writer Constantin Raudive (1909-1974), the author of two works L’Inaudible Devient Audible (1968) et Survivonsnous à la Mort ? (1973) provided several historical milestones for further understanding.

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Sous la forme de messages subliminaux, codes morses, fréquences pour animaux, messages téléphoniques des locataires, commentaires d’un spécialiste de la télé présence, ceux d’un historien spécialisé dans l’histoire de Paris et de commentaires de géobiologistes, les émissions tentent de décrire une géographie de l’appartement et de son énergie maligne. La seconde partie, en trois modules, est diffusée durant une exposition31 (dont l’ouverture sera réactivée par un hypnotiseur)32. Il s’agit d’une reprise des propos d’une discussion entre Hans Ulrich Obrist (commissaire d’exposition) et le chercheur en physique quantique Anton Zeilinger à propos de ses recherches sur la téléportation, tandis que leurs voix sont passées dans un modélisateur de réverbérations pa­ ramétré selon l’acoustique des différentes pièces de l’appartement. « Le média radio conforte l’idée du spectre et du fantôme de personnes qui sont présentes dans un lieu sans y être. La radio permet d’être chez soi en communication avec le monde, tel le monde qui pénètre chez soi. Nous sommes avec la radio dans cette relation d’une expulsion de l’intériorité liée à l’idée même de l’influence... La radio, comme vecteur d’exposition, d’exhi­ bition. [...] La radio est un média qui pénètre dans la domesticité, elle pénètre chez soi dans son intérieur. La radio exerce ici un pouvoir hypnotique. Outre cette “communication spec­ trale”, la radio permet également de toucher à d’autres notions. La pratique courante du “direct” permet également d’accélérer la no­ tion d’ubiquité multiple, la possibilité d’être ici et ailleurs dans un même temps et autant d’espace distincts qu’il existe de récepteurs. Il en résulte également une forme d’immédiateté de la présence émettrice, une télé transportation ou télécommunication de l’information jusqu’au peuple manquant des auditeurs, anonymes, épar­pillés quant à eux dans la tranquillité de leurs domiciles, la vitesse de leurs véhicules ou entre leurs propres oreilles embullées dans leurs baladeurs.»33 Le commentaire qui accompagne la description de ce projet radio (mené avec Pascal Rousseau) synthétise plusieurs aspects du médium radiophonique qui se prêtent particulièrement à l’exploration fictionnelle 31. Loris Gréaud, exposition personnelle, Silence Goes More Quickly When Played Backwards, 2005, Le Plateau, Paris. 32. Visible sur Internet, sous la forme d’une animation audiovisuelle (publique ?): http://end.extend.free.fr/p141/ 33. Loris Gréaud, Endextend, éditions Hyx, Orléans. 2005, p.p 162-163 (pagination inversée).

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(ITC), has appeared over the last twenty years as a new means of communicating with the After-life thanks to technical means (such as the radio, television, etc.) and not just through a human me­ dium. In 2005, within the framework of a collective exhibition29, Davide Balula and Loris Gréaud installed a microphone in Milan’s “Cimitero Monumentale” to try to capture the residual voices of the cemetery’s inhabitants from amongst the noises of the city that resounded upon the graves. 264 600 Residents of the Cimitero di Milano Trying to Speak at the Same Time is a magnetic tape of the “raw recording and amplification of the silence of the city of Milan at dawn. The murmuring of the crowd and the grumbling of the city of Milan is filtered through the walls of the city’s cemetery. EVP (Electronic Voice Phenomena) was able to detect the voices of individuals through the undertones of the magnetic tape”30. The volatility of signals (here sound signals) carrying potential ma­ nifestations, is a theory that has been explored in numerous works by Davide Balula, who is also a composer and musician, and whose practices were summarized by Béatrice Gross quoting Octavio Paz as follows: “Conceiving the universe as an entity the parts of which reunited by a secret, affable flow”. In the meanderings of ether, Loris Gréaud pursued more particularly a mediumnical approach related to the differing of voices in space in his pro­ject entitled Haunted Quantum (it is about radio shows providing exercises in teletransportation). Five radio mo­dules31 were produced from the project Les Residents (1). An apartment located in one of the oldest buildings in Paris, on the l’Île de la Cité, was completely rearranged and redesigned by a group of geobiologists with the aim of creating the maximal amount of 29. “Inhabituel”, exhibition at the “Fabrica del Vapore”, in partnership with the Dena Foundation, Milan, 2005. 30. Davide Balula, Stomach Rainbow, Monografik, July 2008 – Appendix, p. 02:12 0 – 019 (temporal numbering). 31. Production: Radio Creation Workshop (France Culture), Frank Smith / Philippe Langlois / Sibilance Production / Sound designer: Gery Montet. With Pascal Rousseau, Atelier Athanor, Tom Grés, Hans Ulrich Obrist and Anton Zeilinger.


du monde selon les paramètres de la rumeur (tout à la fois bruit confus d’un certain nombre de voix et information circulant de manière informelle et sans source déterminée) et du « fantastique » (surnaturel à la lisière du naturel, et de ce fait source d’angoisse). Stéphanie Moisdon, critique et commissaire d’exposition, remarque plus généralement dans la production artistique récente un mouvement de basculement « de l’histoire dans la fiction, de la fiction dans le réel » : « on voit se dessiner un autre langage, un projet commun qui s’étend sur un horizon infiniment humain, qui concerne celui de l’usage et des usagers, toute cette communauté branchée sur les machines, qui invente sa vie avec les outils du présent, les connections, les modes d’enregistrement et d’effacement, les unités de stockage, les écrans, les craintes et les rêves de technologie.»34 Les possibilités de la radio de brouiller les catégories de la fiction et de la réalité sont immenses, notamment par sa capacité à entrer dans la coquille aveugle de l’auditeur35. Cet entremêlement de registres se retrouve dans bon nombre d’œuvres d’artistes visuels où « Ce qui est en jeu ici, ce n’est pas tant le surnaturel que le “merveilleux scientifique”, cette zone de ré-enchantement du réel qui a fasciné le symbolisme fin de siècle ou le surréalisme, et que les artistes d’aujourd’hui ont beau jeu de réactiver, entre clairvoyance, magie et télépathie.»36 Radio Transmitted Time Capsule for 7006 de Ryan Gander et Francesco Manacorda, diffusé lors d’une exposition radiophonique, propose ainsi des jeux d’extrapolation temporelle, en l’occurrence une projection dans le futur et une distorsion entre le moment de la captation, de l’émission et de la réception. Dans cette même exposition, Investigating EVP, de Thibaut de Ruyter37 nous immerge dans le surnaturel, le médiumnique et le spiritisme tandis que The Dead, de Susan Philipsz, interroge la mémoire à travers le son et les voix enregistrées. Ces 34. Stéphanie Moisdon, « Libérez les fantômes ! », texte en ligne sur le site pointligneplan.com à propos de l’artiste Louidgi Beltrame. 35. Ce sujet, l’adaptation radiophonique de La Guerre des mondes de H.-G. Wells est restée mémorable. Un faux présentateur de CBS annonçait l’arrivée belliqueuse des Martiens sur Terre alors que les intervenants, parlant à la première personne, donnaient l’impression de vivre les événements en direct. Même si Orson Welles a débuté son émission en précisant qu’il s’agssait d’une adaptation d’une œuvre littéraire, la panique, cette fois bien réelle, s’est déclenchée. 36. Pascal Rousseau, « Trois questions à Pascal Rousseau », op. cité. 37. Ces œuvres ont été choisies sur le site http://radiogallery.org/ (qui offre la possibilité précieuse de les écouter en ligne).

uneasiness within its visitors who would be staying for a couple of nights. A self-founded rumor was borne from this “haunted house” project because the artist had forbidden the few residents (essentially art dealers) to disclose anything about their stay. In the first two radio modules, constructed according to a progression in five stages, the amplified rumors about Les Residents 1 project were broached. Through the means of subliminal messages, Morse code, animal frequencies, the tenant’s te­le­phone messages, commentaries of a tele-presence specialist, remarks ma­ de by a historian specialized in the his­ tory of Paris, and the commentaries of geobiologists, the programs en­de­avo­ red to describe the geography of this apartment and its malevolent ener­ gy. The second part is composed of three modules and it was broadcasted during an exhibition32 (the opening was reactivated by a hypnotist)33. It is about revisiting the remarks made during a discussion that was held between Hans Ulrich Obrist (an exhibition curator) and Anton Zeilinger a researcher specialized in quantum physics, about his studies on teleportation, while their voices are sent through a reverberation modularizer with its parameters set according to the acous­tics of the different rooms in the apartment. “The radio medium reinforces the idea of spirits or ghosts of people being present in a place without being there. The radio enables us to be at home and in communication with the world, with the world penetrating into your home. We are with the radio in this relationship of expulsing the inwardness related to the idea of influence… The radio is a vector of exposure,and exhibition […].It is a medium that penetrates domesticity; it penetrates within one’s interior. It exerts a hypnotic power over us. Other than this “spectral communication”, the radio also enables us to look into other notions. The common practice of “live” accelerates the notion of multifold ubiquity; the possibility of being 32. Loris Gréaud, personal exhibition, Silence Goes More Quickly When Played Backwards, 2005, Le Plateau, Paris 33. Available on the Internet, as an audiovisual (public?) animation: http://end.extend.free.fr/p141/

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œuvres se trouvaient rassemblées dans une exposition radiophonique, construite en douze épisodes. Et qu’est-ce qu’une « exposition radio­pho­ ni­que » ? C’est un dispositif de présentation d’œuvres auxquelles le visiteur a accès, dans un temps limité, en tout ou partie sur les ondes hertziennes. Nous savons que « Le dispositif de représentation de l’art détermine, dans une certaine mesure, la forme de l’œuvre », et qu’à la manière d’un certain type de langage, quel qu’il soit, il est déjà un média. « Le dispositif de représentation est l’appareil signifiant qui produit, institue et rend visible un certain découpage du visible. Une temporalité tout autant qu’une visibilité est produite par un dispositif de représentation, elle est induite par la forme de la représentation. La représentation produite par un dispositif de représentation peut aussi être appelé langage. Un langage est à la fois visible et audible, à la fois spatial et temporel. Un langage produit du visible à un certain rythme.»38 En effet, la pratique de l’exposition d’œuvres d’art dans un espace dédié a une histoire, un horizon idéologique et des objectifs com­ merciaux qui la sous-tendent. Elle s’assimile désormais, d’une façon ou une autre, à un événement, qui se déroule dans un lieu et un temps séparés du reste du cours des choses. « L’art du xxe siècle nous a appris comment déporter le regard du centre du tableau vers ses bords, puis à sa périphérie: sa mise en espace. [...] Le spectateur prend donc l’habitude de s’immerger dans un espace illusionniste construit à son échelle. Son inscription suppose qu’il prenne en compte les conditions historiques de sa réception de l’œuvre: dans l’exposition, tout est contingent » nous dit Pierre Leguillon39. Pour résumer : « La réalité d’une exposition c’est d’être déjà dans la réalité d’un espace, quel qu’il soit.»40 Dans les limites des recherches entreprises pour écrire ce texte, et selon le cadre strict de notre définition, nous avons identifié

38. Sophie Gausselin, op. cité. 39. Pierre Leguillon, « Oublier l’exposition avec un luxe de détails » (édito), in Artpress magazine, édition spéciale, n° 21, 2000, « Oublier l’exposition » p. 13. 40. Christian Bernard, cité par Alexis Vaillant (entretien au Mamco, Genève, le 18 avril 2000), dans « Customiser l’exposition - Remake sur mesure » , in Artpress édition spéciale « Oublier l’exposition », p. 134

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here and elsewhere at the same time across as many distinct spaces as there are receivers. A form of immediateness re­sults from this transmitting pre­sen­ ce; the teletransportation or the tele­ communicating of information to the people that the listeners miss, who are anonymous, scattered in the tranquility of their households, the speed of their vehicles or through their own ears that are wrapped in headphones”34. The commentary that accompanies the description of this radio project (carried out with Pascal Rousseau) summarizes several aspects about the radio medium which lends itself more particularly to the fictional exploration of the world according to parameters of rumors (all in one confused noise of a certain number of voices and information informally flowing without a defined source) and the “fantastic” (supernatural bordering on natural, therefore a source of anguish). Stéphanie Moisdon, a critique and exhibition curator, has more generally observed a swinging movement in recent artistic productions of “stories in fiction, fictions in reality”: “we can see that another language is being formed, a common project that stretches across an infinitely human horizon, involving use and users, an entire community that is plugged into machines, inventing their lives with tools of the present day, connections, recording and deleting methods, storage units, screens, the fears and dreams of technology.”35 The radio has an immense potential for blurring categories between fiction and reality, notably through its capacity of being able to penetrate the listeners blind shell36. This entanglement of registers can be found in a vast number of visual 34. Loris Gréaud, Endextend, Éditions Hyx, Orléans. 2005, p. 162-163 (inverted page numbering). 35. Stéphanie Moisdon, “Libérez les fantômes !”, online text available on pointligneplan.com about the artist Louidgi Beltrame. 36. On this note, the radio adaptation of H. G. Wells’ The War of the Worlds was memorable. A fake CBS presenter announced the bellicose landing of Martians on Earth while the participants, who were speaking in the first person, gave the impression they were experiencing the events live. Although Orson Welles had infact said at the beginning of the show that it was the adaptation of a literary work, it triggered real panic.


surtout deux « expositions radiophoniques »41 récentes pouvant correspondre à notre dé­fi­ nition, l’espace d’exposition n’en étant qu’à ses prémices, selon l’avis d’Anna Colin, or­ga­ nisatrice de Radio Gallery en 200642. « Trop souvent traitée comme l’espace offsite d’une exposition, où 30 minutes d’émission ac­ compagnent la rétrospective de tel ou tel artiste, la radio se réclame espace autonome. Un espace proposant des expositions hertziennes, douées d’ubiquité, et d’une facilité à s’intégrer dans l’espace privé ou professionnel de visiteurs inespérés [...] le futur réserve très certainement l’expansion et la généralisation d’une telle approche et, qui sait, la création d’un hybride entre station et institution. Une sorte de centre d’art radiophonique actif à plein temps et sur le long terme43 et, concentré sur la production et diffusion d’œuvres de plasticiens spécifiquement conçus pour la radio.»44 Elle relève par ailleurs, que la « prospérité récente » du média radio­ phonique avec ses nouvelles possibilités d’ar­ chivages et de radio à la demande permises par Internet s’est traduite, dans le domaine des arts visuels, par une augmentation du nombre de stations artistiques et de magazines sonores. La présence grandissante de ce média dans le monde de l’art s’étant incarnée le plus souvent à travers la collaboration entre des institutions (biennale ou foire) et des stations de radio, des transmissions temporaires ou intermittentes (sur Internet, sur des stations pirates, sur des fréquences « prêtées » ou attribuées spé­ cifiquement) à l’initiative d’artistes et de curators. En 2005, le projet Radio Days - Exposition sur les ondes des étudiants du Curator Training 41. Il existe de nombreux événements et expositions consacrés au son (pratiques expérimentales, productions d’artistes visuels...) pouvant également comporter des retransmissions radiophoniques partielles, ainsi que des stations de radio itinérantes qui couvrent des événements artistiques et ouvrent leur antenne aux artistes pour des créations spécifiques (telles que Radio Arte Mobile http://www. radioartemobile.it/ ou mobile-radio.net). De plus, nous n’avons pas étudié le projet Radio Radio (2003-2005, UK) d’Ubuwed (http://www. ubu.com/sound/radio_radio/index.html) présentant surtout des « radio artistes » et le projet Radio (2006, France), dont les archives sont introuvables. 42. Avec Resonance FM, Londres : une série de 12 programmes radiophoniques (d’une heure chacun) envisageant la radio comme un espace d’exposition. Curator : Anna Colin. (http://radiogallery.org/) 43. Notons que wps1.org, attaché au centre d’art PS1 à New-York se présentait lors de sa création, en 2004, comme The first all-art, all-the-time radio station. Les archives de ce projet, abandonné le 1er janvier 2009, sont en train d’être récupérées au sein de l’espace Art International Radio (AIR), dirigée par Alanna Heiss (directrice de P.S.1, de 1976 à 2008). http://www.artonair.org 44. Anna Colin, « Manifeste / La Radio: futur centre d’art ? », in Particules, n°15, juin-août 2006, p. 10

works of art where “What is at stake here is not the supernatural as much as it is “scientific wonders”; a realm of re-enchantment of the real which inspired symbolism at the end of the century or surrealism, and it is something that artists are striving to reactivate today through clairvoyance, magic and telepathy.”37 Radio Transmitted Time Capsule for 7006 by Ryan Gander and Francesco Manacorda, was broadcasted during a radio exhibition. It presented a play on temporal extrapolation, in this case a projection into the future and the distortion between the recording of the show and its reception. In this same exhibition, “Investigating EVP” by Thibault de Ruyter38 we are plunged into the supernatural, mediumnical and spiritualism, whereas “The Dead” by Susan Philipsz questions memory through sounds and recorded voices. These works were part of a radio exhibition composed of twelve episodes. But what is a “radio exhibition”? It is a device that presents works for visitors to access in a limited amount of time, entirely or partly via Hertzian waves. We know that “The mechanism that represents art determines, in a certain way, the shape of the work”, and that in the manner of a certain type of language, whatever it may be, it is already a media. “The representation mechanism is the significant piece of equipment that produces, bestows and renders visible a certain division of what is visible. Temporality, like visibility is produced by a representation mechanism induced by the shape of a representation. A representation produced by a re­ presentation mechanism can also be called language. Language can be visible and audible, spatial and temporal. A language becomes visible at a certain rhythm39.” Indeed, exposing works of art in a space that is devoted to a story, an ideological horizon and underlying commercial objectives can from now on 37. Pascal Rousseau, “Trois questions à Pascal Rousseau”, op. quoted. 38. These works were selected on: http://radiogallery.org/ (which provides you with the precious means of listening to them online). 39. Sophie Gausselin, op. quoted.

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Programme du centre d’art contemporain De Appel, se déroulait durant cinq semaines (du 2 au 30 avril, généralement entre 16h et 21h) en articulant une diffusion publique depuis le centre d’art, une diffusion hertzienne dans la région d’Amsterdam et une diffusion en Webstream sur le site www.radiodays.org45. Conçue comme une tribune pour l’art contemporain (œuvres sonores, récits, musique, entretiens ou intervention), elle se voulait « une expérience auditive, une exposition reliant des lieux loin­ tains, confrontant les opinions, et lançant un véritable défi quant à la question des relations entre les participants et le public. Que se passe-t-il lorsque, de spectateur l’on devient auditeur ?». Selon le communiqué de presse rédigé par les étudiants, « Il y a plusieurs raisons pour utiliser le médium radio à la place d’un espace d’exposition traditionnel. La radio offre une résistance créatrice au spectacle rétinien qui nous entoure. La radio est également un instrument fort pour tisser des liens et rapprocher les gens. Comparée aux médias visuels, l’espace de la radio est plus à même de défier la sphère capitaliste de l’attention, basée en grande partie sur le spectacle visuel. Fermer les yeux peut donc être vu comme un acte de désobéissance civile. [...] Comme certains artistes visuels sont invités à créer pour la première fois une œuvre sonore, le projet reflète la relation entre le visuel et le non-visuel et veut stimuler l’imagination de l’auditeur. [...] le projet vise à matérialiser un public dans différents lieux: un public en direct [...] , mais aussi l’auditeur chez lui, dans sa voiture, sur son téléphone portable, partout où la radio est à portée de la main.»46 En établissant un programme composé de différentes émissions hebdomadaires et de ru­briques identifiées, l’ensemble de cette ex­position semblait prendre en compte et jouer avec les codes journalistiques du genre radiophonique (interviews, enquêtes, re­ por­ta­ges, retransmission d’événements plus ou moins public). Les débats entre artistes, critiques et théoriciens qui s’y sont déroulés sur le thème de l’(in-)audible et du (l’in-)visible se rapprochaient de ceux organisés dans le cadre de l’exposition Radio Rethink: Art, Sound

45. Les archives de ce programme sont toujours consultables en ligne. 46. Texte en français sur le site: http://www.ambafrance-nl.org/ france_paysbas/spip.php?article5769

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be assimilated in one way or another by an event that happens in a place and time that is set apart from the course of things. “Art of the 20th century has taught us how to shift our vision from the centre of a picture to its edges, and then to its periphery; it’s spatial depth. […] The spectator thus gets used to immerging himself into an illusionist space built on his scale. His inscription implies that he takes into account the historical conditions of his reception of the work: in an exhibition, all is contingent”, according to Pierre Leguillon.40 To summarize, “The reality of an ex­ hibition is to be within the reality of a space, whatever it may be”41. Within the scope of the research that was performed to write this text, and according to the strict framework of our definition, exhibition space is only in its early days, according to Anna Colin, the organizer of Radio Gallery in 200642. “Although it is too often treated like the offsite area of an exhibition where a 30-minute program accompanies the retrospective of such or such an artist, the radio claims itself to be an autonomous space. It is a space that offers Hertzian exhibitions, gifted with ubiquity and the means of integrating the private or professional space of unexpected visitors […] the future most certainly reserves the expansion and the generalizing of such an approach and, who knows, the hybrid establishment of a station and an institution. A sort of full-time active radio art centre that for the long run43, focused on the production and broadcasting of 40. Pierre Leguillon, “Oublier l’exposition avec un luxe de détails” (editorial), in Artpress magazine special edition, n°21, 2000, “Oublier l’exposition” p. 13. 41. Christian Bernard, quoted by Alexis Vaillant (interviewed at Mamco, Geneva, 18 April 2000), in “Customiser l’exposition - Remake sur mesure”, in Artpress special edition “Oublier l’exposition”, p. 134 42. With Resonance FM, London: a series of 12 radio programs (each lasting one hour), reflecting upon the radio as an exhibition space. Curator: Anna Colin. (http://radiogallery.org/) 43. Note that “wps1.org”, which is connected to the art centre “PS1” in New-York introduced itself upon its creation, in 2004, as “ the first all-art, all-the-time radio station”. The archives of this project, which was abandoned on January 1, 2009, are currently being retrieved from the space “Art International Radio (AIR) ”, directed by Alanna Heiss (manager of P.S.1, from 1976 to 2008). http://www.artonair.org


and Transmission47 (diffusée pour partie sur les ondes hertziennes) qui souhaitaient « examiner les possibilités de l’art radiophonique en tant que champ spécialisé de la production et des échanges artistiques [et] bousculer la hiérarchie des sens pour proposer une plus grande prise de conscience de l’importance et du pouvoir de la communication verbale ». En 1999, dans le cadre d’un autre programme d’études curatoriales (au Magasin, centre na­ tional d’art contemporain de Grenoble), le projet Radio Temporaire était une proposition pour un espace d’exposition potentiel. Tou­ te­fois, si un studio radio a bien été utilisé durant une semaine pour des transmissions, des consultations d’archives sonores et des rencontres quotidiennes (avec des artistes, des théoriciens, des architectes et des musiciens)48, il n’y avait aucune émission radiophonique. Ce point est notamment traité dans l’avant-propos de la publication Radio Temporaire49 : « Dans The World With Itself, un texte issu d’un séminaire tenu à Londres, Stuart Hall parle du temps de retard de la radio ; allusion au moment où elle cède la place à l’hégémonie de la communication télévisuelle. Mais il note que ce retard lui aura néanmoins permis de donner leur place, par la suite, à d’autres formes de communication, en particulier celles de groupes et de populations jusqu’alors occultés par les médias dominants. On nous a souvent demandé la raison de notre renoncement à l’émission radiophonique. Peutêtre est-ce à cause de ce même retard. Ou encore parce que la responsabilité devant ce monde, devant son héritage au commencement d’un nouveau millénaire, nous a conduit à reposer la question de la transmission: si on reconnaît, aujourd’hui, que le partage du savoir comme le sens de l’action ne peuvent plus s’ordonner comme une mission, ce ne peut être nier pour 47. ォ Radio Rethink: Art, Sound and Transmission [Repenser la radio : l’art, les sons et la retransmission], exposition conçue par Dan Lander, 07/01-14/03/1992, Galerie Walter Phillips, Banff Centre for the Arts, Banff, Alberta, Québec – Canada. Catalogue éponyme. 48. Sur des sujets comme les nouveaux médias et leur représentation, la pédagogie et la transmission du savoir, l’approche féminine de l’espace, les formes de résistances actuelles, les nouvelles géographies et représentations globales, les études culturelles... 49. « Avant-propos », de Zeigam Azizov, Sylvie Desroches, Dean Inkster, Adrian Laubscher, Alejandra Riera et Caecilia Tripp. Radio Temporaire, édition du Magasin Centre national d’art contemporain, Grenoble, 2002. « Née de rencontres, d’échanges et de discussions, radio temporaire est une initiative interactive autour de l’activisme social. Ce livre, résultat d’une année de réflexion, aborde des problématiques contemporaines (télévision, urbanisme, féminisme) via des conférences, des débats d’idées et des entretiens », présentation issue du site ParisArt.com (http://www.paris-art.com/livres/-/d_ livre/i/presentation/Radiotemporaire-602.html).

artists’ work that is specifically conceived for the radio.”44 She also reveals that the recent “pros­perity” of the radio medium with its new archiving methods and radio onrequest enabled through the Internet has resulted in an increase in the number of artistic stations and sound magazines in the field of visual arts. The growing presence of this media in the world of art has arisen through the collaboration of institutions (biennial or fairs) and radio stations, and the temporary or intermittent transmission (on the Internet, on pirate stations, or “borrowed” or specifically attributed frequencies) upon the artist and curator’s initiative. In 2005, the Radio Days – On Air Exhibition project was organized by the students of the Curator Trai­ning Programme of the De Appel contemporary art centre. It was held for five weeks (from April 2- 30, usually between 4 p.m. and 9 p.m.) and consisted of a public broadcasting from the art centre, a Hertzian broadcasting in the region of Amsterdam, and a Web-stream broadcast on the website www.radiodays.org45. It was set up as a contemporary art tribune (sound installations, narratives, interviews or interventions) and was aimed at creating “an auditory experience, an exhibition to connect far away places, confronting opinions, and to challenge the question of relationships between participants and the public. What happens when you change from a spectator into a listener?” According to a press release that the students wrote, “There are several reasons for using a radio medium rather than a traditional exhibition space. The radio offers creative resistance to the retinal spectacle that surrounds us. The radio is equally a powerful instrument for people to bond with each other. Compared to visual mediums, radio space is more able to challenge the capitalistic sphere of attention, which is essentially based upon visual sights. Closing ones eyes can thus be perceived 44. Anna Colin, “Manifeste / La Radio: futur centre d’art ?», in Particules, n°15, June/ August 2006, p. 10 45 The archives of this program are still available online.

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autant le sens de l’action [...]. Il s’agit peut-être encore finalement d’une question profondément benjaminienne, à savoir: comment hériter de ce qui n’a pas été transmis. Nous aurons, dans ce cas, conçu la radio comme support d’“un savoir” qui interroge la façon de s’exposer et de se projeter dans le monde contemporain, en préservant la liberté du retrait, tout en restant lisible.» Le positionnement politique de l’individu dans l’espace public qui aurait la possibilité réelle de faire « entendre sa voix » est une donnée importante du média radiophonique, interpellant artistes et curators d’exposition. Citons par exemple le projet Radio Ld’A50 de Lincoln Tobier, artiste préoccupé par ce qu’il nomme « l’érosion de la sphère publique », et qui utilise la radio (toujours autonome, légale et éphémère) pour étendre la portée de la voix individuelle vers le domaine public. En passant, remarquons comme la langue devient cruciale lorsque le support des images ou d’une traduction simultanée par une ligne de texte sont impossibles. Dominique Petitgand, dont l’œuvre accorde aux voix et au langage (des mots aux silences, des intonations aux respirations) une place cruciale, a ainsi réalisé une œuvre qui déjoue le « problème » de la traduction du français vers l’anglais en jouant constamment de ces registres simultanés, des sons liés au sens, à la langue, aux vocables... ce travail de traductions / interprétations ap­ parait d’ailleurs dans le titre de cette œuvre radiophonique (Open Translations51, 2005). En se prêtant particulièrement à la dimension volatile et immatérielle de certaines œuvres et démarches artistiques contemporaines, la radio semble également placer au premier rang de ses enjeux la notion de relation. « La radio apparaît à nos contemporains sous toutes sortes d’aspects, en général anecdotiques et extérieurs, alors qu’elle est, pour l’essentiel, une relation. C’est peut-être la première fois, parmi tous les moyens d’expression, qu’une conjonction aussi intense s’établit entre deux termes aussi irréductibles: le cours torrentueux 50. L’invitation des Laboratoires d’ Aubervilliers dans le cadre de la réflexion qu’ils mènent sur la capacité de l’art à exister au-delà des espaces qui lui sont attribués, Lincoln Tobier a réalisé avec les Albertivillariens des programmes d’une demi-heure diffusés sur les ondes de Fréquence Paris Plurielle du 14 octobre 2002 au 5 janvier 2003. 51. Programme (00:45:14) pour la radio WKCR FM-NY, la radio de la Columbia University, à New York. Accessible à cette adresse: http:// www.columbia.edu/cu/wkcr/archives/newmusic/pop/petitgand.html

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as civil disobedience. […] Given that some artists have been asked to create sound installations for the first time, the project reflects the relationship between visual and non-visual and strives to stimulate the listener’s imagination. […]. The project aims at materializing an audience in different places, a live audience […] yet also listeners that are at home, in their cars, on their cell phones, everywhere the radio is at hand.”46 By setting up a show that was composed of various weekly programs, and identified sections, altogether this exhibition seemed to take in to account and toy with the codes of the radio journalistic genre (interviews, inquiries, reporting, and retransmission of more or less public events). The debates between artists, critics and theorists covered the subject of the (in-)audible and the (in-)visible were similar to the ones organized in the framework of the exhibition “Radio Rethink: Art, Sound and Transmission”47 (partly broadcast on Hertzian wave-length) which wanted to “examine the resources of radio art as a specialized space of production and artistic exchange [and] to thwart the hierarchy of our senses so as to offer a greater awareness of the importance and power of verbal communication”. In 1999, within the framework of another curatorial study program, (at the Magasin, the National Centre of Contemporary Art of Grenoble), the “Radio Temporaire” project propo­sed a potential exhibition area. Notwithstanding, even though a radio studio had been used during a week for transmissions, consulting sound archives and daily meetings (with artists, theorists, architects and musicians48, there were no radio programs. This point has also been dealt with in the foreword 46. Text in French on the website: http://www. ambafrance-nl.org/france_paysbas/spip. php?article5769 47. Radio Rethink: Art, Sound and Transmission, exhibition created by Dan Lander, 07/01-14/03/1992, Walter Phillips Gallery, Banff Centre for the Arts, Banff, Alberta, Quebec – Canada. Eponymous catalogue. 48. About subjects such as the new media and their representation, pedagogy and the transmission of knowledge, the feminine approach to space, current forms of resistance, new geographies and global representation, cultural studies…


du temps à travers tout l’espace, et la durée comme figée d’une conscience immobile.»52 Mais une relation peut-être, avant tout in­ time. Voici donc quelques « écoutes »53 de Dominique Petitgand à laisser résonner à ce sujet. « L’arbitraire du poumon: Pour connaître la durée d’un silence, il me faut l’éprouver. J’écoute le passage, je me laisse vivre, ne retiens pas ma respiration, au contraire, je m’en sers. le cycle des inspirations et des expirations, comme outil, comme mesure. Le temps qui défile, sous la dictée de mes poumons.» « L’obsession sonore: Garder un son en soi, le trimballer partout où l’on va, un écho qui ne s’atténue pas, tenu même ténu. S’en jouer, le mettre de côté, en réserve, le réactiver, s’y plonger.» L’espace radiophonique offre bien une certaine matérialité qui se déroule dans le temps de l’écoute au sein d’espaces partagés, en toute simultanéité et ubiquité. Pour Yann Paranthoën, la radio est « proche de l’art plastique: il y a des couleurs que l’on peut mélanger »54 tandis que Marcel Duchamp imagine le dessin et la sculpture de son dans l’espace: « à la façon des lampes électriques... lumineuses qui s’allu­ ment successivement / une ligne de sons iden­ ti­ques peuvent tourner autour de l’écouteur en arabesque (à droite / gauche / dessus / des­ sous) [...] on pourrait, avec l’entraînement de l’oreille de l’écouteur, arriver à dessiner un profil ressemblant et reconnaissable _ avec plus d’entraînement faire de grandes sculptures dont l’écouteur serait un centre [...] Cela probablement suppose un entraînement dès l’enfance de l’oreille et pour plusieurs générations.»55. Au sein de cette matérialité profondément volatile, nous n’avons plus qu’à prendre notre élan et suivre Yves Klein : « sans jamais perdre de vue cette limite consciemment atteinte aujourd’hui – l’immatérialisation de l’art.»56

52. Schaeffer, op. cité, p.45 53. Dominique Petitgand, Mes écoutes (extraits), op. cité p.21 et p.24 54. Entretien de Yann Paranthoën avec Wilfried Jaillard pour L’Œil électrique, # 6. 55. Marcel Duchamp, Notes, Flammarion, Paris, 1999, p. 111 (note n°183). 56. Yves Klein, ォLe Manifeste de l’hôtel Chelseaサ, 1961, Le dépassement de la problématique de l’art et autres écrits, ENSBA, Paris, 2003.

of Radio Temporaire49: “In “In the World With Itself”, a text from a seminar held in London, Stuart Hall described how the radio is behind its times; it is an allusion to the moment when it relinquished its place to the hegemony of television communications. Yet he noted that this lateness had nevertheless enabled it to later yield its place to other means of communication, in particular those belonging to groups and populations that had been occulted by the mainstream media. We have often been asked why we have renounced radio shows. Maybe it is because of this same lateness. Or it’s because the responsibility we have of this world, of its heritage at the advent of a new millennium has led us to ask this question about transmission again. For, if today we can recognize that by sharing knowledge as a meaningful action it can no longer be an ordained mission, it cannot ignore the meaning of the action as a result […]. It therefore may be earnest to ask: how is it possible to inherit what hasn’t been transmitted? We will in this case have conceived the radio as a means of “knowledge” that questions the methods used to exhibit and to project ourselves into the contemporary world, by preserving the freedom of retirement whilst remaining readable.” The political stance of individuals in public space who would have the real possibility of “being heard” is an important aspect of the radio medium, thus attracting artists and curators to the exhibition. For instance, let’s look at the project “Radio Ld’A”50 by Lincoln Tobier, 49. “Foreword” by Zeigam Azizov, Sylvie Desroches, Dean Inkster, Adrian Laubscher, Alejandra Riera and Caecilia Tripp. Radio Temporaire, Published by Magasin Centre national d’art contemporain, Grenoble, 2002. “Founded upon exchanges and discussions, radio temporaire is an interactive initiative about social activism. This book is the result of one years’ reflection and it deals with contemporary problematics (television, urbanism, feminism) via conferences, debates, ideas and interviews”, presentation from the website ParisArt. com (http://www.paris-art.com/livres/-/d_livre/i/ presentation/Radiotemporaire-602.html). 50. Upon the invitation of the Laboratoires d’ Aubervilliers, and within the framework of studies performed about the capacity of art existing beyond attributed spaces, Lincoln Tobier and the inhabitants of Aubervilliers produced several half-hour programs that were broadcasted on the wavelengths of Fréquence Paris Plurielle from 14 October 2002 to 5 January 2003.

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an artist who was preoccupied by what he referred to as “the erosion of the public sphere” and who uses the radio (autonomously, legally and ephemerally) to hear how individual voices can be carried to the public domain. One may note how language becomes crucial when the medium of images or a simultaneous translation through a line of writing becomes impossible. Dominique Petitgand grants a crucial role to voice and language in her work (silent words, breathed intonations). She created a work that evades the “problem” of translation from French into English by continually playing with the simultaneous registers of sounds with meanings, language and terms… this work of translations/ interpretation is available in the title of this radio work (Open Translations51, 2005). By lending itself to the volatile and immaterial dimension of certain works and contemporary artistic processes, the radio equally seems to place the notion of relationships at the centre of its issues. “The radio is perceived by our contemporaries under all sorts of aspects, usually they are anecdotal and exterior, whereas it is essentially a relationship. It is maybe the first time that amongst all of the means of expression available, such a powerful conjunction has been established between two terms that are so irreducible: the deluge of time through all of space and duration that is congealed with immobile conscience52. But a relationship can also be intimate. Here are some “extracts”53 of Dominique Petigand’s work about the subject. “The arbitration of my lungs: To find out the length of a silence, I have to feel it. I listen to the passage, I let myself exist, I don’t hold my breath in, on the contrary, I use it. The cycle of inspiration and expiration, like a tool, a measurement. The passing of time, dictated by my lungs.” “Sound obsession: retaining a sound inside oneself, carting it around wherever you go, an echo that doesn’t soften, finely withheld. Playing with it, putting it aside, and reactivating it, plunging into it.” Radio space indeed offers a certain amount of materiality that unravels during listening time with shared spaces, simultaneously and with ubiquity. For Yann Paranthoën, the radio is “close to fine art: there’s colors that you can mix”54 51. Program (00:45:14) for radio WKCR FM-NY, the radio of Columbia University, in New York. Available at this address: http://www.columbia.edu/cu/wkcr/archives/newmusic/pop/ petitgand.html 52. Schaeffer, op. quoted, p.45 53. Dominique Petitgand, Mes écoutes (extracts), op. quoted p.21 and p.24 54. Interview of Yann Paranthoën with Wilfried Jaillard for L’Œil électrique, # 6.

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whereas Marcel Duchamp imagines drawing and sound sculptures in space: “like luminous electrical lamps that successively light up/a line of identical sounds can spin around the listener like arabesques (right/left/under/above) […] by training the listener’s ear we could succeed in drawing a resembling, recognizable profile – with more practice we could make great sculptures that the listener would be the centre of […] This would probably require training from childhood and would last for several generations.”55 Within this profoundly volatile materiality, we simply need to build up our impetus and follow Yves Klein: “without ever losing sight of this limit consciously reached today – the immaterialization of art.”56

55. Marcel Duchamp, Notes, Flammarion, Paris, 1999, p. 111 (note n°183). 56. Yves Klein, Le Manifeste de l’hôtel Chelsea, 1961, Le dépassement de la problématique de l’art et autres écrits, ENSBA, Paris, 2003.


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Soirée Jérôme Fino & Flavie guerrand David Fenech

http://demosaurus.free.fr/ David Fenech apprend la guitare à l’âge de dix ans et se met très vite à composer. Entre 1990 et 1995, il participe activement au ré­seau d’échange mail art et contribue à de nombreuses compilations sur support cassette ou cd. En 1991, il fonde le collectif « Peu Im­porte » à Grenoble avec Nuvish, Nicolas Jacquin et Richard Bokhobza. Ce collectif joue de la musique improvisée dans un esprit rock proche de groupes comme The Ex ou Pere Ubu. En 1998, David Fenech crée le label Demosaurus et joue avec de nombreux musiciens dont Fe­ lix Kubin, Klimperei, James Plotkin, Shugo Tokumaru, Ramona Cordova, Mr Quark, Toog, Dragibus, X-ray Pop, Daniel Palomo Vinuesa, Ghédalia Tazartès, Ergo Phizmiz, Jad Fair. En concert David Fenech détourne tout ce qui lui passe sous la main, joue de la guitare à plat, dirige des petits robots, chante dans des entonnoirs. Qui sait ce qui lui passera par la tête ? David Fenech plays guitar since he had ten years and soon began to compose. Between 1990 and 1995, he participated actively in the network of mail art exchange and contributes to many compilations on cassette or CD media. In 1991, he founded the group Peu Importe in Grenoble with Nuvish, Nicolas and Richard Jacquin Bokhobza. This group plays improvised music in a spirit close to rock groups like The Ex or Pere Ubu. In 1998, David Fenech creates the demosaurus label and plays with many musicians, including Felix Kubin, Klimperei, James Plotkin, Shugo Tokumaru, Ramona Cordova, Mr Quark, Toog, Dragibus, X- ray Pop, Daniel Palomo Vinuesa, Ghédalia Tazartès, Ergo Phizmiz, Jad Fair. In concert David Fenech diverts everything passing by his hands, plays the guitar flat, leading small robots, singing in funnels. who knows what runs through your head?

Arnaud Rivière

http://http.http.http.http.free.fr/ Traficotage au rayon bricolant : tiges de ferraille dans la table de mixage, pas forcément filetées et pinces croco multicolores, ça rentre la sortie dedans.

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C’est pas du tout fait pour, mais ça n’empêche. Un électrophone, plutôt plastique, vive l’ex­ plosif, mais renforcé pour encaisser. Tant que ça tient. Pas forcément des disques et même certains en métal, et d’autres. Au contraire des capteurs aussi qui se collent là où ils tombent, ou pas, pas toujours. Sur et avec des ressorts, en revanche. Bref, sinon, feedbackophile non repenti mais avec les mains, Arnaud Rivière se débrouille avec l’accident et le virage. Se déplace aisément sur Paris (vélo) mais reçoit peu. Trafic in the DIY area : metal pieces, wires and stuff stuck into the mixing board. Put the out in. This is not at all made for this, but why not. A pick up, rather plastic one, explosion required, but re-enforced to resist. It has to take it. Not necessarly using records, sometimes even metal one or other. Also captors, they go where they fall, or not, not always. With and via springs though. Well, otherwise, feedbackophile, unshamedly, with both hands, Arnaud Rivière is making travel with pleasure in Paris but doesnt recieve much.

Yann Leguay Cutter-Off http://phonotopy.org

Dissection bruitiste du disque vinyle. En anatomie, la dissection consiste à l’ouverture d’un corps suivant un protocole. En géométrie, un problème de dissection consiste en un découpage d’une figure, de sorte à pouvoir recoller les morceaux en une autre figure donnée. Cutter-Off est un mix évolutif à l’aide d’un matériel chirurgical branché sur micro-


contact. Partant d’un disque vierge, le son se crée progressivement sur la surface. Cette performance sonore est une version live du projet Dead_Media. Vinyl’s bruitist dissection. In anatomy, a dissection consist to open a body following a defined protocol. In geometry, a dissection problem constit in a figure cutting , in sort of replace pieces in a new order. Cutter Off is an evolutive mix, the cutting is made in live, starting with a blank vinyl, using into micro-contact. Cutter Off is the live version of the project Dead_Media.

Yroyto

EILE www.yroyto.com Musicien, vidéaste et artiste hyper-actif, Yroyto joue avec la notion de son, d’image et de cette indivisible entité : l’audio/ vidéo. Il créé des instruments et des sets où la notion de live est prédominante : Hyperespace, Eile, Repercussion... Il joue à l’aide de son banc titre artisanal et de ses micros une partition à l’aide de cailloux, de billes, de bouts de papiers et de ficelles. Notions d’échelles et de tailles, bruits et impacts fabriquent un cinéma étrange et entêtant. Le dispositif est propice à l’improvisation car tous les sons et les images sont fabriqués, captés puis enregistrés pendant la performance à l’aide d’un logiciel sur PureData et de contrôleurs midi. L’ordinateur n’étant pas le centre d’intérêt du dispositif ce dernier est mis sur le côté pour garder l’entière frontalité avec les spectateurs.

microphones a partition using stones, logs, pieces of paper and string. Notions of scale and size, noise and impact make a strange and heady cinema. The device is suitable for improvisation, because all the sounds and images are made, captured and then recorded during the performance by using software on PureData and midi controllers. The computer is not the focus of the device, placed on the side to keep the whole front with the audience.

Super Jean François Plomb http://www.myspace.com/ superjeanfrancois

Super Jean François Plomb est un artiste sonore. Après des études aux Beaux-Arts de Lyon et à la Fac d’Arts Plastiques de Saint Etienne, il se tourne progressivement de la sculpture mobile vers de grandes installations sonores et mécaniques automatisées et programmées. Il s’oriente ensuite vers une monstration plus proprement musicale de ses instal­ lations en opérant un rétrécissement jus­ qu’à la formule portative actuelle : il s’agit de valises en carton ouvertes au public dans lesquelles de petits dispositifs méca­ niques simplissimes produisent les sons que leur concepteur compile, module, mixe, grâce à une console bricolée et une table de mixage, et joue de divers ins­ truments fabriqués. Super Jean François Plomb is a sound artist. After studying at the Fine-Arts school of Lyon and the Faculty of Arts de Saint Etienne, it gradually turns the mobile sculpture to large noise and mechanical automated and programed. Then he focus on a monstration more musical with a portable version of his installations: it’s a baggage open to the public in which smallsimple mechanical produce their sound, that he compiles, modules, mixes with a homemade console and a mixer, and plays various manufactured instruments.

Musician, artist and videographer hyper-active, Yroyto plays with the notion of sound, image and this indivisible entity: audio / video. He creates sets of instruments where the concept of live predominates: HYPEReSPACE, EILE, REPERCUSSION... He plays with his artisanal video editor and

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Soirée Jérôme Poret Jérôme Poret vit et travaille à Berlin, fondateur et ancien programmateur de l’espace d’exposition le transpalette à bourges en france, sur la friche culturelle l’antre-peaux avec l’association Emmetrop. Artiste plasticien en son. créateur du label de disque Labelle 69 - duo d’artistes plasticiens et musiciens.

Electronicat

Lieu de résidence actuel :Berlin Booker : No School Today Influences :drone music, electronic music and rock´n´roll Biographie : Electronicat is a project by French musician Fred Bigot.

Electronicat est le pseudonyme du musicien français Fred Bigot. En 1998, Fred prend sa guitare, la sample, se concentre sur les attributs mélodiques du beat et développe ce son particulier pour lequel il est maintenant reconnu. La guitare distordue mais mélodique, les rythmes dé-quantifiés,le heavy-delay sur les voix, le grondement et le buzz de la bass-drum 808 sont devenus la marque de fabrique du son d’Electronicat. Ses chansons englobent un éventail d’influences, à tous égards - notamment le glam rock, le psychédélique, le garage rockabilly des années 60 et la musique électronique expérimentale - et en profite pour faire de la musique électronique dont le son est plus rock’n’roll. Electronicat à joué dans de nombreux lieux dans le monde (Knitting factory, Belgrade’s Dis-patch festival et Borderline Media Arts festival à Pékin pour n’en nommer que certains). Il a réalisé sept albums sur différents labels (Onitor, Disko b, Kompakt, Ersatz Audio...), avec ses productions il est présent sur de nombreuses compilations (The Trip, The Other Side of New York...). Il a collaboré avec de nombreux artistes et musiciens, se construisant un curriculum vitae impressionnant qui inclut des projets avec Beans, Gerhard Potuznik, J.G Thirwell, Khan, Kasper T.Toeplitz, Anu Pennanen, Cécile

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Jerôme Poret lives and works in Berlin, founder and ancient curator of Le Transpalette in Bourges, France, in the art factory L’Antrepeaux with Emmetrop association. Plastician Artist in sound. Creator of labelle 69 – duet of plastic artists and musicians. http://www.labelle69.org/

Babiole, Nicolas Moulin, des remix pour Depeche Mode, Tigerbeat 6, Bretzel Göring et a également travaillé avec des chorégraphes comme Mark Tompkins and Christian Rizzo. Electronicat is the pseudonym of French musician Fred Bigot. Started in 1998, Fred picked up his guitar, sampling it and focusing on the melodic attributes of beat, developed the particular sound he is now renowned for. The distorted but melodic guitar, the unquantised rhythms, the delay-heavy vocals and the buzzing rumbling 808 bass drum have all became characteristic features of the Electronicat sound. His songs encompass an array of influences in all respects - particularly glam rock, psychedelia, 60s garage rockabilly and experimental electronic music - and takes it further making electronic music sound more rock n roll. Electronicat has performed in a variety of locations all over the world (Knitting factory, Belgrade’s Dis-patch festival and the Borderline Media Arts festival in Beijing to name a few). To date he has released seven albums on diverse labels (Onitor, Disko b, Kompakt, Ersatz


Audio...) with his productions being featured on numerous compilations (‘The Trip’, ‘The Other Side of New York’...). He has collaborated with numerous artists and musicians, building up an impressive resume that includes projects with Beans, Gerhard Potuznik, J.G Thirwell, Khan, Kasper T.Toeplitz, Anu Pennanen, Cecile Babiole, Nicolas Moulin, remixes for Depeche Mode, Tigerbeat 6, Bretzel Göring and also work with choreographers such as Mark Tompkins and Christian Rizzo.

http://www.myspace.com/electronicat http://soundcloud.com/electronicat http://www.youtube.com/electronicat0fan http://www.youtube.com/freding http://www.facebook.com/pages/ Electronicat/45256254004?ref=ts http://www.facebook.com/profile. php?id=665738635&ref=profile

Nicolas Metall Après avoir visité quelques contrées désertiques de la musique, et joué avec différents supports musicaux (GIS, groupe punk improvisé; phonochrome, structure aléatoire pour évènements qui ne l’étaient pas moins; Polycarpe : radio-émission à tendance doucereuse et décalée), Nicolas a franchi l’océan atlantique pour jouer sur Berlin une musique pleine de sueur et de tremblements. Accompagné par une guitare et des enregistrements rythmiques, sa musique sent les caves profondes peu éclairées, au bout de l’une d’elles on trouve une chambre rouge remplie de bougies et d’amour sans lendemain. Visiting different landscapes in experimental and post-punk music, Nicolas Mallet came to Berlin in 2005 and began his actual project, named Nicolas Metall. He works sounds on the edge of their beauty, and worships J.S. Bach’s composition, as well as industrial post-punk melodies. Lot of keyboards and a voice oftenly almost-hidden by an ocean of reverb. Reminding what we could find in Dostoievski’s cellar, White suits, red tissues and champagne. He plays too with Fred Bigot (Electronicat) as Melt Famas, and works or has worked with contemporary artists or dancers (Nicolas Moulin, Marie Reinhardt, Olivier Dohin, Grégoire & Elise Charbey).

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MISS LE BOMB Miss le bomb est le pseudonyme de l’artiste et musicienne Catriona Shaw née à Edinburgh, Ecosse. En 1999, elle co-founde Club le Bomb avec Emanuel Guenther et Benjamin Bergmann, un « illegal Sunday club » où happenings et concerts sont donnés et avec lesquels ils tournent en Europe de 2000 à 2004. Club le Bomb est devenu un vecteur d’activités souterraines à la fois énergiques et subversives et un rendez-vous réputé pour des gens créatifs qui participent à ces événements imprévisibles. Au même moment, elle commence un autre projet de performance musicale avec Isabel Reiss, Hektor and Rositha, une parodie de chanteurs de night club et des orchestres rétros. De 1999 à 2006, elle connaît un plus grand succès en tant que chanteuse lead du groupe de reprises pop Queen of Japan. Avec la disparition de Club le Bomb en 2004, elle commence à produire de la musique en tant que Miss le Bomb. Ses performances sont vivantes et déjantées, le public étant impliqué dans une participation involontaire, elle rayonne rapidement et depuis tourne en Europe dans un grand nombre de lieux (de l’institution d’art haut de gamme aux ex-toilettes publiques) et diffuse sa musique sur divers labels. Miss le bomb is the pseudonym of artist and musician Catriona Shaw born in Edinburgh, Scotland. In 1999, she co-founded Club le Bomb with Emanuel Guenther and Benjamin Bergmann, an “illegal” Sunday club where happenings and concerts were staged and with which they toured around Europe from 2000-2004. Club le Bomb was to become an outlet for outrageous and energetic “underground” activities and an infamous hang-out for the lively creative types who would be regular participants in the unpredictable occurances. At the same time she commenced with another musical performance project with Isabel Reiss called Hektor and Rositha, a parody of nightclub singers and nostalgia bands. From 19992006 she enjoyed more mainstream success as lead singer of the pop covers project Queen of Japan. With the demise of Club le Bomb in 2004 she started to produce music as Miss le Bomb. Word of her lively and rather unhinged performances, often involving unwitting audience participation (from high-end art institutions to ex-public toilets) and releasing her music on diverse labels.

Rakehand Dance Un EP eclectique qui raconte l’histoire interdite du « no-sex-we’rebritish », des travestis jaloux et des vols à pas cher vers des lieux obscurs. Utilisant son clavier midi yamaha chéri, Miss le Bomb nous présente avec The rakehand dance, un nouveau pas vers le beat. Miss le bomb à créé une séléction twistante de pop mutante, de disco bordélique et de groupe de filles garage avec des paroles sociales absurdes. An eclectic EP telling the untold story of no-sex-we’re-british, jealous transvestites and cheap flights to dark places. Using her much-adored non-general midi yamaha keyboard, Miss le Bomb presents us with the rakehand dance, a new step to the beat. Miss le bomb has created a bum-wiggling selection of danceable mutant pop, messy disco and girl garage with absurd yet socially-concious lyrics. This pop ain’t for everyone, only the sexy people so all you fly mothers come on out there and dance the rakehand dance. http://www.jennywoolworth.ch/ deardiary/?p=17 http://hildamagazine.net/catriona_shaw/ http://www.phinnweb.org/5HT/interviews/ misslebomb/ http://modyfier-modifying.blogspot. com/2008/02/blog-post_21.html http://www.dorfdisco.de/tag/miss-le-bomb

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soirée Labomedia http://www.labomedia.net

À la croisée des pratiques artistiques, l’as­ sociation Labomedia s’articule autour d’un pôle dédié à la création artistique, au déve­ lop­pement de projets culturels, à la diffusion, matérialisé par un Espace Culture Multimédia, d’un Espace Public Numérique tourné vers la découverte des TIC, la formation, l’innovation pédagogique, et d’un Centre de Ressources. Ces dispositifs sont animés d’une même vo­ lonté : une appropriation critique des te­ chno­logies contemporaines au profit d’une expression sensible, d’un développement in­ dividuel et collectif plus «Open Source». Since 1999, Labomedia develops cultural and educational actions by using digital technology for the benefit of populations in the agglomeration of Orleans and in the Centre area. These actions are organized around three themes: the encouragement of the artistic creation, the cultural and artistic mediation and the education. To implement its projects, Labomedia relies on its six employees, on its members and on its technical and teaching devices (Digital Public Space, Media Lab, Center of Documentary Resources), it is based in Orléans (Région Centre).

PATTERN FACTORY OPERATORS Pattern Factory Operators est une entreprise de nettoyage de parquets par balayage d’onde sonores faites main par deux spécialistes ([öb1] & Neurone) utilisant des produits stric­ tement respectueux de la phone et de la floor ; Appellation d’origine contrôlée Val-de-Loire, certifié norme ISO 909. Pattern Factory Operators is a floor cleaning company, which hand sweeps floors with sound waves, carried out by two specialists ([öb1] & Neurone) using pro­ ducts which respect the phona and the floora; the origin is guaranteed to be 100% Val-de-Loire, with quality standard certification ISO 909 http://www.myspace.com/patternfactoryoperators

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COMPUTER TRUCK Paris | France

Du Circuit Bending, pour une Chirurgie Elec­tronique Enfantine ! Computer Truck produit une musique élec­tronique rétro-futuriste particulièrement ludi­que et inventive. Ce musicien-bidouilleur n’hésite pas à détourner les jouets de notre enfance en leur faisant subir une chirurgie électronique et esthétique. Dans ces compositions, il associe ces objets musicaux à des rythmiques aux influences multiples, passant du breakbeat au hip-hop, le tout teinté de réminiscences funk et noisy. Active in the ParisHq micromusic since 2002, he uses laptop & circuit bended toys & synth. His influences range from retro electropop to breakcore & harsh noize, for a “riot toy party music” you can dance on & wich evolves from 80’s c64 sound to “ultime electrogrind music” (only to be heard during gigs cause his more violent trax are not released yet) with uncomprehensible voice on it thanks to his Halloween special fx voice transformer. A music made to unite retarded nerds and crustyPunx! http://www.myspace.com/computertruck http://computertruck.parishq.net/

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Charlemagne Palestine

fondcommun

Réverbération

Laboratoire de recherche partagée, pour la création et la diffusion d’une revue sonore

avec Charlemagne Palestine, un projet Méduse-R dans le cadre des Futurs de l’Ecrit à Noirlac Coordination : Bandits-Mages / Jean-Michel Ponty enseignant à l’ENSA-Bourges

Le son se propage et réfléchit. Les lieux sont des miroirs et nous renvoient des images qui se forment et se déforment au grè des surfaces, des distances et du temps. Que nous renvoient des lieux particuliers, chargés d’histoires et ins­crits dans une géographie qui se transforme. À quels types d’écritures sonores nous conduisent l’expérimentation et l’émission dans ces lieux particuliers. Artiste multimedia et voyageur nomade, Charlemagne Palestine utilise peinture, sculpture, musique, vidéo, performance. Il développe un style unique et personnel de musique « minimaliste » basé sur la durée, la répétition et la fonction harmonique du son. Il est sans cesse en quête d’une certaine vision du son, à la recherche de nouvelles expériences sonores, produit une musique spirituelle minimaliste radicale et avant-gardiste. La recherche d’objets sonores, la physique et l’histoire des lieux, les dialogues et échanges entre les participants seront les préalables à des productions performatives résonnantes.

coordination : Bandits-Mages / Jean-Paul Labro

Fondcommun est une association d’artistes qui développe des actions collectives de création dans le champ social et politique, à travers des formes mass-médiatiques dont l’un des enjeux est de problématiser nos conditions d’existence. Laboratory of collective research, for the creation and the broadcast of a sound magazine Offered by fondcommun fondcommun is a group of artists who have developed collective acts of creation in a social and political field, through forms of mass-media. One their aims is to question our conditions of existence. http://fondcommun.free.fr/ wordpress/?p=156

Sound carries and reflects. Places are mirrors and send back images which form and deform depending on the surfaces, distances and times. What do particular places, full of history and part of a changing geography, send back to us? What kind of sound writings do experimentation and broadcasting in these particular places bring us to ? Multimedia artist and and nomadic traveller, Charlemagne Palestine uses paint, sculpture, music, video, performance. He develops a unique and personal style of «minimalist» music based on the duration, the repetition and the harmonic function of sound. He is ceaselessly in search of a particular vision of sound looking for new sound experiences. He creates a radical, minimalist, spiritual and avant-garde music. The search for objects’ sound quality, physics and the history of places, dialogues and exchanges between the participants are the bases of resonant production performances. http://www.charlemagnepalestine.org/

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Coul = 30% 0% 100% 0%

134 mm

152 mm

182 mm

107 mm

1,9 mm

20 mm 7,7 mm

144 mm

22 mm


m

Sélections indépendants vidéos Soufiane Adel Kamel s’est suicidé six fois, son père est mort [Kamel Committed Suicide Six Times, His Father Died] France soufianeadel@yahoo.fr http://www.soufianeadel.fr

Un soir dans la semaine, mon grand-père Tahar décède en soins palliatifs. Zouina, sa belle-fille est là. Aziz, son fils est là. Fayçal est là. Je suis là. Dieu n’est pas là ? Kamel arrive trop tard. Emilien Adage Soubresaut France | 00:00:23 emilien.adage@hotmail.fr

One evening in the week, my grandfather Tahar dies in palliative care. Zouina, his daughter-in-law is here. Aziz, his son is here. Fayçal is here. I’m here. Is God here? Kamel arrives too late.

Cette vidéo montre la chute d’un néon allumé et ce qui se passe après. Avant de ne plus fonctionner définitivement, les extrémités du tube brisé se rallument une fraction de seconde pour la dernière fois, comme un réflexe, une convulsion. This video shows the fall of a switched on neon and what happens later. The extremities of the broken tube lights up for less than a second for the last time, as a reflex, a convulsion.

Compulsif [Compulsive] 2008 | 00:06:12 Compulsif: Comportement caractérisé par la répétition persistante d’une action, sans obtenir de récompense ou de plaisir. L’action est généralement petite et délimitée, presque rituelle. Compulsive: Behavior defined by the persistent loop of an action, without obtaining any reward or pleasure. The action is most of the time small and bounded, almost ritual.

marion balac Comptine France | 2007 | 00:06:35 marion_balac@yahoo.fr

La scène de jeu macabre qui ouvre le film M le maudit (1931) de Fritz Lang est mise en boucle et altérée par des refilmages successifs. La ritournelle provocante et éliminatoire de la petite fille est répétée et souillée jusqu’à la déformation, accentuant l’ambiguïté sous-jacente de la scène.

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I repossess the opening scene of M (Fritz Lang, 1931), tampering and tarnish it with the filmic sequence until it’s almost unrecognizable. The looped, child-like song becomes an endless refrain steadily growing more and more ambiguous.

Johan Devlin belfort Fernand et Myrha la douce [Fernand and Myrha the Sweet] France | 00:23:33 delvinjohan@yahoo.fr

Fernand, vieux Malien sans papiers, décide un jour de repartir au Mali. Grand, voûté, le regard chaleureux, la mine tantôt réjouie, tantôt méfiante, selon les atmosphères de la presqu’île de Château Rouge Goutte d’Or, il reste assis sur son trône, au Petit Myrha ou à l’Atlas. Il veut se faire expulser. Fernand, an old Malian, illegal, decides one day to go back to Mali. Tall, bent, with a good looking-eye, the face one day happy one day angry, depending on the atmospheres of the nearly island of Château-Rouge - Goutte d’Or, he stays quiet on his throne, at the Little Myrha, or at the Atlas, the two next saloons. He wants to be expelled.

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Dan Luis Boord Valdovino Not Enought Night [Pas assez de nuit] USA | 00:07:54 luis.valdovino@colorado.edu

La station d’essence de Longmont Colorado que Jack Kerouac à décrit dans Sur la route a été déplacée deux fois pour la protéger d’une destruction certaine. De nos jours on rase le passé pour faire place à des condominiums et maisons pittoresques qui prétendent faire partie d’une Amérique d’antan faite de maisonnettes et de places de ville. Pas assez de nuit est un chant du cygne pour hipsters d’antan, qui aspiraient à plus de « vie » avant l’arrivée de la tempête des banlieues, des centres commerciaux et de l’existence isolée du consommateur solitaire dans l’après Seconde Guerre mondiale. Ce film commémore le passage de la cinquantième année depuis la publi-


sprays and combustion are spatialized and approach the generated syntesis images or particles generators. The outside world calls upon the hypnosis and disturbing fascination of organic visual and sound power, great, with these “micro” reactions. An appeal to the imagination and the poetry of little things.

Gwenael Brees Dans 10 jours ou dans 10 ans... cation de Sur la route de Jack Kerouac et Les Américains de Robert Frank. The Longmont Colorado gas station that Jack Kerouac wrote about in On the Road was moved twice to protect it from certain destruction. Our present day bulldozes the past to make room for quaint condominiums and homes that pretend to be part of an American yesteryear of cottages and town squares. Not Enough Night is a swan song for bygone hipsters, who longed for more « life » amid the coming storm of the post-World War II suburbs, shopping malls and the lonely existence of the solitary consumer. This tape commemorates the passing of the fiftieth year since the publication of On the Road by Jack Kerouac and The Americans by Robert Frank.

fabien bourdier REACT / EFRVSCT France |00:03:00

REACT / SDRMYL France | 00:02:30 fabien.bourdier@gmail.com http://www.fabourdier.com

React est une série de films mettant en scène des réactions chimiques actives de produits quotidiens. Immersion onirique dans des phénomènes physiques de petite échelle, effervescence, mousse, gels, sprays et combustions sont spatialisés et se rapprochent des images de synthèse ou de générateurs de particules. Le hors monde imagé invite alors à l’hypnose et la fascination dérangeante de la puissance organique visuelle et sonore, énorme, de ces « micros » réactions. Un appel à l’imagination et à la poésie des petites choses. React is a series of films featuring active chemical reactions of everyday products. Dreamlike immersion into physical phenomena on a small-scale, effervescence, mousse, gels,

Belgique | 01:25:00 film@quartier-midi.be http://film.quartier-midi.be

Comme tous les quartiers jouxtant les grandes gares internationales de nos jours, le quartier Midi à Bruxelles est en proie à une profonde mutation. En termes officiels, c’est une « revitalisation urbaine » qui est à l’œuvre. D’aucuns y voient plutôt un nettoyage social. La particularité, ici, tient autant dans la brutalité de la mutation que dans son extrême lenteur, malgré « l’extrême urgence » et « l’utilité publique » invoquées par les pouvoirs publics pour exproprier les habitants et implanter un « petit Manhattan » constitué principalement d’hôtels et de bureaux (qui seront laissés aux promoteurs privés). Mais malgré avoir apparemment les atouts de leur côté, les artisans de ce partenariat-public-privé semblent incapables de mener l’opération à bien. Et le cauchemar des habitants, mis à l’épreuve d’une véritable guerre de lassitude, se transforme en éternité… As all neighbourhoods adjacent to today’s major international railway stations, Brussels Midi is undergoing significant change. In official parlance, it is going through “urban revitalisation”. Others see it rather as a case of social cleaning. What’s peculiar about it is the brutality of the change as well as its extreme slowness, despite the “high urgency” of the “public utility service” invoked by the town’s authorities to expropriate the flats and set up a “little Manhattan” made up essentially of hotels and office buildings (that will be entrusted to private investors). But despite apparently having all the trumps, the architects of this public/private partnership seem unable to bring the scheme to a successful conclusion. And the nightmare of the inhabitants, victims of a war of attrition, has been turning into an eternity.

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diana chaumontet S’entendre L’oreille [To Hear The Ear] Belgique | 00:33:41 dianano@gmail.com

d’abus d’alcool durant laquelle les rêves d’un romantique troublé et de ses compagnons sont brisés par l’ennui et l’isolement. Avec des chansons d’Aidan Smith.

Le spectateur s’immisce dans un café qui malgré sa fréquentation, est pratiquement silencieux. On avance à tâtons, alternant travelling et gros plans, entre des groupes où le langage des signes, sans traduction, reste chorégraphie.

A home-made Super-8 musical for those who wouldn’t normally go near one. Over an all-day drinking session, the dreams of a troubled romantic and his companions are worn away by ennui and isolation. With songs by Aidan Smith.

The viewer penetrates in a cafe that despite its attendance is virtually silent. We are in darkness, alternating close-ups and travelling, between the groups where the sign language, without translation, is choreography.

patrick dekeyser Le Lointain des Profondeurs France | 00:06:30 patrick.dekeyser@club-internet.fr

Ce film aborde la question du regard et de la représentation. La première partie présente un « peintre du dimanche » qui commente ses œuvres en expliquant sa méthode de travail. La deuxième partie donne à entendre un jeune homme trisomique qui décrit son cadre de vie. The question of perception and representation explored through the portrait of a Sunday painter explaining how he works. In the second part of the film we hear a young man with Down’s syndrome describing his surroundings.

Graeme Cole It’s Nick’s Birthday UK | 00:35:00 zoomcitta@yahoo.co.uk http://www.zoomcitta.co.uk

Un film musical Super 8 fait maison pour ceux qui n’ont jamais envie d’en regarder ! Il s’agit d’une journée entière

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FemLink Préoccupation 00:58:34 femlink@wanadoo.fr http://www.femlink.org

Préoccupation est le troisième video-collage du collectif international FemLink. 32


artistes de 32 pays ont créé chacune une vidéo de 2 mn sur le thème commun de Préoccupation : ce qui préoccupe l’artiste au moment où elle entreprend sa vidéo; que ce soit une préoccupation matérielle, politique ou métaphysique. Le collagevidéo est ainsi une sorte de photographie du début du xxie siècle.

fected bodies were digitally deleted and only the hand left reminaing. In this procedure approx. 6000 frames were worked on. Imaging Machine is an analysis of the human gesture and the nonverbal communication in cinema. It is a discussion about the representation of bodies, gender roles and predominant heterostandardized forms.

Preoccupation has been created by 32 artists from 32 countries. Since 2006, 79 video-artists from 54 countries participate to FemLink : each year, one artist / one country create a short video (2 min. maximum) around a common theme. Preoccupation is potentially a snapshot of the world at the beginning of the 21th Century.

Thorsten Fleisch Energie ! Germany | 00:05:19 snuff@fleischfilm.com http://www.fleischfilm.com

Karin Fisslthaler Imaging Machine [Machine d’imagerie] Austria | 00:05:22 reddish@gmx.at

La matière première pour les séquences de Imaging Machine provient de scènes de films de divertissement américains, dans lesquelles les êtres humains se touchent tendrement, par la force ou avec désinvolture. De ces scènes les arrières plans et les corps affectés ont été numériquement supprimés et il n’est resté que la main. Dans cette procédure, environ 6000 images ont été retravaillées. Imaging Machine est une analyse du geste de l’homme et de la communication non verbale dans le cinéma. Il s’agit d’un débat sur la représentation des corps, des rôles des sexes et des formes prédominantes heterostandardisées. The raw material to the found footage work Imaging Machine originates from scenes of USAmerican entertainment films, in which humans touch humans tenderly, by force or casually. From these scenes the backgrounds and the af-

L’écran vidéo, l’écran télé, s’anime sous l’impulsion contrôlée d’un flux d’électrons parcourant le tube cathodique. Pour Energie!, une décharge incontrôlée de 30000 volts expose du papier photographique, créant de nouveaux systèmes visuels complètement dépendants de l’organisation, de l’emplacement des électrons. From a mere technical point of view the tv/ video screen comes alive by a controlled beam of electrons in the cathode ray tube. For ‘Energie!’ an uncontrolled high voltage discharge of approx. 30.000 volts exposes photographic paper which is then arranged in time to create new visual systems of electron organization. Even though the result is abstract it tells a universal story older than the world itself.

Christophe GALLERON La Balade de No Buru [The Walk of No Buru] France | 00:03:35 mhutsicmuseum@yahoo.com

Un territoire où il n’y aurait plus personne... ou juste un dernier être humain. 20 ans après Tchernobyl, No Buru nous entraîne dans une promenade pendant laquelle cet homme va comprendre qu’il

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est l’unique survivant d’une humanité totalement détruite. A territory where there would be nobody ... or just a last human being. 20 years after Chernobyl, No Buru leads us in a walk during which this man will understand that he is the sole survivor of the completely destroyed humanity.

Bjorn Erik Haugen Regress [Regresse] Norway | 03:46:18 bjorhaug@gmail.com http://www.bjornerikhaugen.com

Regress est une vidéo où j’ai transformé une vidéo en un morceau audio, puis j’ai fait un programme qui traduit l’audio en vidéo. L’audio est le résultat d’une longue étude sur la transformation des images en son. Le but est de transformer et de trouver des images et des schémas qui ont un son caractéristique ou un son intéressant. En traduisant la bande son en vidéo, j’ai l’intention d’aller à l’essentiel ou à la base de ce que la vidéo est, la lumière d’un écran projetée sur le téléspectateur. Ce scintillement agressif synchronisé utilise à la fois le fondement et les limites du format vidéo, noir et blanc, 25 cadres par seconde ce qui est la limite d’un format TV / vidéo. Regress is a video where I have converted a video to a soundpiece, then I have made a program that interprets audio to video. The soundpiece is a result of a long study of conversion of images to sound. The intention is to make the conversion and to find

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images and patterns that have a characteristic sound or sound interesting. When interpreting the soundtrack to video, I intend to go to the core or basis of what video is, light from a screen projected onto the viewer. This aggressive syncronized flickering uses both the basis and the limits of the videoformat, black and white, flickering 25 frames a second that is the limit of a TV/video format.

marie hendriks Et si les rêves Flamands rapetissaient...? [And if Flemish dreams shrank…?] France | 00:10:00 marienethendriks@yahoo.fr

Une nuit, une jeune femme se glisse sous le lit parental. Elle en ressort rajeunie. La petite fille est transportée dans un espace qui se développe à l’infini. Elle déambule au pas, dans un palais de glaces, meublé de plans miniaturisés en relief. Leur accumulation forme un seul territoire composite. Des reflets instables et trompeurs suivent la doublure miniaturisée de l’héroïne. Fantôme du passé, la jeune femme finit par reprendre sa place devant le lit parental, la nuit. One night a young woman slips under the parental bed. She comes out rejuvenated. The girl is carried into a space that grows to infinity. She strolls about in an ice palace, furnished with miniature shots in relief. Their accumulation forms a single composite territory. Unstable and misleading reflections follow the miniaturized double of the heroin. Ghost of the past, the young woman eventually takes her place in the parental bed at night.


Louise Hervé et Chloé Maillet Un projet important [An Important Project] France | 00:38:00 co-production : Arcadi hervemaillet@yahoo.fr http://www.iiiiassociation.org

Un projet important évoque l’avenir des entreprises du tertiaire (sur la Terre), et des clubs sportifs (sur la Lune). Employés et sportifs discourent tactiques marketing, avancée de la chirurgie du cerveau, et stratégies de la mémoire. An important project evokes the future of tertiary companies (on the Earth), and sports clubs (on the Moon). Employees and sportsmen talk marketing tactics, advanced brain surgery, and strategies for memory.

Milly Iatrou Too Beautiful [Trop belle] USA | 00:03:13 miatrou@gmail.com http://www.iatrouandmorgan.com

Une méditation sur Hollywood comme un lieu et un idéal, cette vidéo juxtapose des images d’Hollywood de nos jours dans toute sa gloire indigne avec le récit archétypique hollywoodien d’une belle adolescente d’une petite ville qui devient une star à Hollywood et dévale un chemin autodestructeur jusqu’à une mort prématurée. A meditation on Hollywood as a place and an ideal, this video juxtaposes images of present day Hollywood in all it’s tawdry glory with the archetypal Hollywood narrative of a teenage beauty from a small town who becomes a star in Hollywood and races down a self destructive path to an early death.

andres JASCHEK 2 X 3 Frontières [2 X 3 Frontieres] France | 00:26:14 andres.jaschek@gmail.com

Ce travail a été réalisé dans deux régions éloignées ayant en commun le fait de se

situer toutes les deux à la frontière entre trois pays. L’une est arctique (frontière « nord » en Laponie : Finlande, Suède et Norvège), l’autre tropicale (frontière « sud » à Misiones : Argentine, Brésil et Paraguay). Dans ces lieux, la nature imposante, les rudes conditions climatiques, ainsi que les activités d’échanges réunissent les gens plus que les frontières ne les séparent. D’ailleurs,ce sont des régions où des peuples originaires (les lapons et les guaranis) ont vécu pendant des siècles, sans tenir compte de ces limites tracées par les nations. The work was carried out in two remote areas which have a common point: both are situated on the border between three countries. One is Arctic (“northern” border in Lapland: Finland, Sweden and Norway) and one tropical (“southern” border in Misiones: Argentina, Brazil and Paraguay). In those places, the imposing nature, harsh climatic conditions and the exchange activities reunite people more than the borders between them separate them. Moreover, these are the areas where native peoples (the Lapp and the Guaraní) have been living for centuries, regardless of the limits set by the nations.

nicolas lachambre Puppet’s France | 00:13:06 niclachambre@yahoo.fr

C’est une mise en scène numérique de l’opéra Don Carlo de Verdi à partir des images remaniées du manga Urotsukidiji. Don Carlo est distribué au monstre cornu à trois bites, la femme à la mâchoire extravagante est Ebolie et le samouraï balafré bleu ciel tient le rôle du meilleur ami de Carlo, Rodrigo. Ils sont tous les trois au centre d’un drame programmé où l’amour perd toujours. This is a digital staging of Verdi’s opera Don Carlo from reworked images of manga Urotsukidiji. Don Carlo is cast as a horned monster with three cocks, the woman with an exaggerated jawbone is Ebola and the samurai with a blue-sky scar takes the role of Carlo’s best friend, Rodrigo. All three of them are in the centre of a set drama in which love always loses.

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guillaume linard Black Pillows France | 00:06:50 g.linard@free.fr http://www.no-furniture.com

Damien Manivel Sois Sage Ô ma Douleur [Be shill Ô my sorrow] France | 00:10:00 damienmanivel@hotmail.com

Dans un champ ou seule la ligne d’horizon marque la séparation terre - ciel, une voiture gonfle d’énormes sacs en polyane avec son pot d’échappement puis les lâche dans la nature. De ce processus découle une composition paysagère apocalyptique à la fois douce et grave.

Portrait d’une jeune femme ou de la difficulté à habiter son corps.

In a field where only the horizon line marks the separation earth - air, a car inflates huge Polyane bags with its exhaust pipe and then releases them into the wild. This process results in an apocalyptic landscape composition, both soft and grave.

France | 00:09:19 m.montini@free.fr

Charles Lum F/F USA | 00:10:00 clublum@verizon.net http://www.clublum.com

F / F est un auto-documentaire bricolé et une vidéo musicale sur un écran partagé en deux de deux festivals d’automne uniquement Américains juxtaposés avec humour dans un contrepoint musical et culturel. F/F is a DIY auto-documentary and simultaneous split-screen music video of two uniquely American Autumn Festivals juxtaposed humorously in musical and cultural counterpoint.

Portrait of a young woman or the difficulty to live in one’s body.

muriel montini Les jeux d’enfants Des enfants jouent avec un jet d’eau. Etude de comportement. Children are playing with water. A study in behaviour.

bernard Mulliez L’entrée des investisseurs dans Bruxelles [The Entry of Investors in Brussels] Belgique | 00:17:00 bernard.mulliez@gmail.com

Au quartier de la gare du midi a Bruxelles, alors que les pouvoirs publics expulsent les plus pauvres, depuis 16 ans les investisseurs se font attendre. Les habitants du quartier organisent une procession pour hâter leur arrivée... In the district of the Gare du Midi in Brussels, while public authorities evict the poor, the investors have been keeping people waiting for 16 years. The residents organize a procession to hasten their arrival...

Pascal NAVARRO Les Enfantômes France | 00:07:05 pascalnavarro@mageos.com http://pascalnavarro.com

Damien Maheu IVY France | 00:10:50 lamimaheu@yahoo.fr

Dans un univers obscur, mystérieux et sans échappatoire, une jeune femme erre dans des sphères imaginaires…

Dans la vidéo Les enfantômes, un visage d’enfant apparaît sur un fond noir, comme en suspension. Très lentement, silencieusement, le visage se transforme. In the video Les enfantômes, a face appears on a dark background, as in mid air. Very slowly, silently, the face transforms itself.

In a dark, mysterious universe without escape, a young woman is wandering through imaginary spheres...

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rick niebe Private eye/I

céline ohannessian Un Corps Vivant

Italy | 00:02:00 rick_niebe@hotmail.com

France | 00:05:57 ohannessian.celine@gmail.com

Bogey impliqué dans une prise de contrôle à distance beckettienne (un étrange cas). Dans ce travail, je déconstruis et rassemble une séquence du cinéma classique hollywoodien (Le Grand Sommeil de Hawks) dans une répétition comique et obsessionnelle. Mon intérêt réside dans la lecture de ces images (comme l’action de Bogart), contre elles-mêmes afin de donner force à une critique de l’imaginaire collectif du cinéma. Utilisant le bien connu « effet Kuleshov », j’essaie de « redistribuer » ces images en défiant un des personnages du cinéma le plus conventionnel ; le re-mixe de la musique originale de Max Steiner transforme la répétition classique du thème dans une boucle qui accentue une situation absurde.

Une caméra-pinceau ausculte un corps et l’inscrit en négatif ; l’autoportrait filmé à bout de bras confond dedans et dehors. une sismographie de sensations ancre ainsi l’expérience du deuil.

Bogey involved in a Beckettian shadowing (a strange case) In this work I deconstruct and re-assemble a sequence of the classical Hollywood cinema (Hawks’s The Big Sleep) into an humorous and obsessive repetition. My interest lies in playing these images (just like Bogart’s action) against themselves in order to enact a critique of collective imaginary of cinema. Using the well known “Kuleshov Effect” I try to “recast” these images challenging one of the most conventional movie characters; the re-mix of Max Steiner’s original soundtrack transforms the classical repetition of the theme into a loop that underlines an absurd situation.

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A camera-brush sounds a body and register its negative image ; the self-portrait filmed at arm’s length mixed inside and outside. A seismography of sensations describes the experiment of mourning.

Margarida PAIVA Untitled Stories [Histoires sans titre] Norway | 00:11:15 margarida.paiva@gmail.com http://www.margaridapaiva.net

Untitled Stories est une vidéo basée sur des histoires de la vie quotidienne qui sont assemblées dans un monologue discontinu dit par une voix féminine. Ce monologue est associé à des images mentales, librement liées réciproquement, des intérieurs énigmatiques des bâtiments, des rues et des paysages. Untitled Stories is a video based on everyday stories that are put together in a broken monologue told by a female voice. This monologue is associated with freely interrelated mental images of enigmatic interiors of buildings, streets and landscapes.


antonella paradiso Shake Hands France | 00:02:28 cotonella@hotmail.fr

Vidéo réalisée avec des jeunes de Belleville pour la fête de la Lumière le 14 Juin 2008. La Préfecture a annulé cette événement pour cause d’insécurité car il fallait, pour que la fête ai lieu, éteindre l’éclairage public. Video made with young people from Belleville for the Light Holiday on 14 June 2008. The Prefecture cancelled the event due to a security problem because they would have needed to turn off all the public lighting for the Light Holiday to take place.

David Pascual i Galbis Richard’s Apartement France | 00:04:01 plusomnik@yahoo.es http://www.myspace.com/somnika

Le personnage s’appelle Richard, il vit seul dans un appartement, nous savons qu’il travaille dans une usine. Il s’agit d’une vidéo en noir et blanc avec un sombre sens de l’humour. Un concept néosurréaliste, avec un style expressionniste et séquences de style moderne gothique couvrent le concept. Quoi d’autre? The character is called Richard and he lives alone in an apartment, we know that he works in a factory. This is a black and white video with a dark sense of humour. A neo-surrealist concept with a style of expressionist and modern Gothic sequences are covering the concept. What else ?

Arnold Pasquier Pendant ce temps, dans une autre partie de la forêt [Meanwhile in another part of the forest] France | 2007 | 00:25:00 arnold.pasquier@free.fr http://www.arnoldpasquier.com

La veille du second tour électoral, on sonne à la porte. Pendant ce temps, dans une autre partie de la forêt, une embarcation traverse le Grand Canal, un menuisier ponce un pied de table, un groupe danse dans un marché, Nicolas Sarkosy promet d’en finir avec l’héritage de Mai 68. On the eve of the second round of the elections, there was a ring at the door. In the meantime, in another part of the forest, a boat

was crossing the Grand Canal, a carpenter was sanding down the base of a table, a bunch of people was dancing at the market, Nicolas Sarkozy was swearing to do away with the legacy of May 1968.

ulo pikkov Dialogos Estonie | 00:05:00 ylo@joonisfilm.ee http://www.animaster.ee

Dialogos est un film d’animation expérimental, où l’ensemble des visuels a été dessiné directement sur la pellicule. Il est basé sur l’humour absurde. Le sujet du film est une société de haute technologie, qui a un trop grand nombre de systèmes de signes. Dialogos is an experimental animation film, where all the visual material has been drawn directly on the film print. It is based on absurd humour. The subject of the film is a modern hitech society, which has too many sign systems.

Emmanuel Plasseraud Souvenirs de voyages France | 00:12:26 eplasseraud@yahoo.fr

En juillet 2007, je me suis rendu de Paris à Odessa. Ce film tente de reconstituer l’impression que ma mémoire a retenu de ce voyage, dans une Europe à l’avenir incertain... July 2007, I traveled from Paris to Odessa. This film is about reconstructing the impressions within my memory, and getting the feeling of an uncertain future...

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Jerome Porsperger Opera routa Belgique | 00:16:30 info@leconcertinvisible.com http://www.leconcertinvisible.com

Proposition de voyage, promenade et visions d’un personnage chantant au bord de l’autoroute. Autre point de vue de l’autoroute par rapport au confort habituel de la voiture. Visages cachés de l’autoroute. L’opéra mis en scène dans le monde actuel. Proposal for a trip, walk and visions of a character singing along the highway. Another view of the highway compared to the familiar comfort of the car. Faces hidden from the highway. The opera directed in the today world.

samir ramdani Entretien [Interview] France | 00:12:36 samir.ramdani@gmail.com

Diaporama sonore reconstituant un moment du quotidien de la famille Ramdani. Chaque image est prise selon le principe de la caméra subjective. Sound slide show reconstructing a moment of family Ramdani’s daily life. Each picture is taken according to the principle of subjective camera.

CELIA RIBOULET Los Plateados France | 00:20:00 celia_riboulet@hotmail.com

À travers l’expérimentation d’un corps masqué qui rompt avec la quotidienneté de ses attitudes, à la recherche d’une identité frontalière entre le traditionnel et le contemporain; du rituel quotidien du vieillard et de la procession, transit permanent accompagné de chants, de fleurs et de musique, se dessine un cadre complexe dans lequel le corps contemporain cherche son identité et sa justification.

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Through experimentation with a concealed body that breaks with the everyday nature of its attitudes in search of a borderline identity between the traditional and the contemporary; from the daily ritual of an old man and the procession, permanent transit accompanied by songs, flowers and music, takes shape a complex framework in which the body seeks its contemporary identity and its justification.

Philippe Rouy Au fur que tu perdras la vue France | 00:09:29 p.rouy@free.fr

Un palier d’immeuble vu depuis un œilleton et des lapins à la dérive. D’une image à l’autre un point aveugle. Splitscreen showing a landing seen from a spy hole and rabbits floating down a river. From tunnel vision to “river blindness”.

Roberto Santaguida Miraslava Canada | 00:07:25 rob.santaguida@gmail.com

Un homme, sa vie en lambeaux, tente de se racheter en fuyant sa ville. A young man, his life in tatters, seeks redemption by fleeing the city.

Moussa Sarr Le cri [The Cry] France | 2007 | 00:03:33 espace.sarr@yahoo.fr

L’artiste revisite Le cri de Munch et se l’approprie en tentant de lui donner une pertinence contemporaine. Dans sa vidéo/performance, il mange un piment et se fait cajoler par un personnage qui semble incarner son alter égo et qui tente d’adoucir le supplice en lui chantonnant La Marseillaise. The artist revisits Munch’s The cry and appropriates it by trying to give it a contemporary relevance. In his video performance, he eats


a hot pepper and is cuddled by a character who seems to represent his alter ego and who attempts to soften the pain by singing La Marseillaise to him.

Aurélie Sement Éoliennes [Wind turbines] France | 00:03:40 aureliesement@gmail.com Crédit photos : Aurélie Sement 2008

Des mécaniques industrielles, les éoliennes ont hérité le rythme régulier, monotone répétitif du mouvement hypnotique de leurs pales. La présence de l’homme à peine perceptible sur le chantier de montage montre l’impeccable géométrie d’une sculpture géante qui investit le paysage. The wind turbines’ blades have inherited both the constant repetitive rhythm and the monotonous hypnotic movement of industrial mechanics. The practically indistinguishable presence of man on this assembly site demonstrates the perfect geometry of a gigantic sculpture that occupies the landscape.

Marché de rungis 00:05:05

L’activité incessante du marché de Rungis qui semble suivre des itinéraires balisés à la géométrie implacable, acquiert peu à peu une liberté de mouvement dans l’enchaînement du passage des chariots élévateurs. Le décor s’efface peu à peu pour laisser place à cette chorégraphie. The harsh geometry of the ceaseless comings and goings at the “Marché de Rungis” gradually reveals the freedom of movement of the forklift trucks. The setting comes alive and

gives way to a choreography.

Momoko Seto Planet A France | 00:07:40 setomomoko@gmail.com http://www.setomomoko.org

Le monde est devenu une planète desséchée, où la culture du coton exercée à outrance pour des raisons économiques, est la cause principale de la désertification. Ce phénomène fait écho à une plus grande catastrophe écologique, la désertification de la mer Aral. Et l’homme est toujours responsable. The world has become a vast dried out planet, where the growing of cotton, over exploited for economical reasons is the main cause of desertification. A saline desert covers acres of dried out land where strange salt trees appear. This phenomenon echoes an even greater ecological disaster, the desertification of the Aral Sea. And man is always responsible...

Min-Kyoung Shim An old house [Une vieille maison] Korea | 00:29:01 sunrise82@naver.com massimaro.egloos.com

Je veux présenter une frontière entre la personne et l’objet. Et la fille explore un endroit sans la permisssion de l’autre personne. I want to present a border between person and object. And the girl explore a no permit place by the other person.

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Tim Shore Burlesque

camille verbunt Beautiful

UK | 00:10:45 tim.shore@mac.com http://www.timshore.co.uk

NL | 00:04:32 info@camilleverbunt.com

Dans Burlesque, cinq soldats préparent et jouent une performance qui évoque les jeux physiques plutôt agressifs de l’école publique exaltant le corps dépersonnalisé, subjugué, censuré. In Burlesque, five soldiers prepare and enact a performance that evokes the aggressively physical games of the British public school and suggests how the role and function of the ‘soldier’ are determined. The performance of ritual, control and containment exalts the depersonalised, subjugated, censored body.

Maarit Suomi-Vaananen Up and About Again Finland | 00:09:49 maarit@maaritsuomi.fi http://www.maaritsuomi.fi

Up and About Again est mené par le mouvement, présentés dans l’outback, les images oniriques illustrent une voiture, couverte d’une épaisse couche de neige et de glace, à travers un paysage d’été. Quelque chose d’inexplicable a mis une autre journée ordinaire sans dessus dessous. La douleur est cachée. Up and About Again is moved by motion, laid back in the outback, dreamlike images depict a saloon car driving, covered in a thick layer of snow and ice, through a summer landscape. Something inexplicable has turned an otherwise ordinary day upside down. Pain is hidden.

nadia vadori Marée noire France | 00:05:07 3pulse@gmail.com http://www.leprixdelessence.net

Retrouver l’essence de ce que nous sommes, l’innéité instinctive de l’être avant toute corruption, cheminer à rebours et de pli en pli, être, et ne désirer que cela, au milieu du tumulte et des gouffres consuméristes, être, et n’être que ça. Going back to our essence, to our innate instinctual nature before corruption, making our way backwards and from fold to fold, being, and desiring nothing more, in the midst of the turmoil and consumerist chasms, being, and being nothing more.

154 Rencontres internationales

Des gens chantant Beautiful de Christina Aguilera . People singing Christina Aguilera’s Beautiful.

Eric Wood Owen Made Up Canada | 00:04:20 info@videographe.qc.ca

Masculinité ? Être un homme ? Comment appliquer ces termes lorsqu’il s’agit d’homosexualité ? En réaction au comportement homophobe observé envers la gente masculine gay, Made Up dénonce le rejet souvent vécu chez les hommes gay ayant un comportement efféminé, trop flamboyant ou considéré pas assez « normal ». Un sujet hors champ décrit ce qui lui plaît physiquement chez les hommes. À l’image, un homme change graduellement d’apparence, allant à l’opposé des préférences du narrateur. Usant de la manipulation du son et de l’image, Made Up démontre comment il est possible de remettre en question et de déconstruire ce qui est socialement établi. What is masculinity ? What is it to be a man ? How do these terms apply to the homosexual identity ? In reaction to homophobic behaviour observed among gay men, Made Up criticizes how gays are often dismissed for being too “effeminate” too “flamboyant” or not “straight-acting” enough. While the subject of an interview speaks of his physical preferences in men, the images show a man’s physical appearance gradually changing to contradict the narrative being told. Through manipulations of both sound and image, Made Up demonstrates how social constructs are made and how they can be deconstructed.


Sélections indépendants installations anne laure boyer Permutation #2 France | 2007 | boucle annelaureboyer@gmail.com http://annelaureboyer.free.fr

Au commencement de la vidéo, on voit une image totalement abstraite : des points noirs semblent collés sur l’objectif. Puis ils se décollent, et un nuage apparaît; qui diminue progressivement, pour dévoiler un horizon urbain, dans un grondement qui monte, assourdissant et brutal : un immeuble surgit et se dresse instantanément, en l’espace de 3 secondes... puis plus rien. Le nuage s’est dissipé, totalement aspiré par le redressement de l’immeuble, qui gît à sa place. At the beginning of the video we see a completely abstract image : black dots seem to be stuck on the lens. They peel off and a cloud appears. It clears away gradually unveiling an urban landscape in a growing rumble, deafening and brutal. A building suddenly materialises and shoots up from the ground in the space of 3 seconds... Then nothing. The cloud has cleared away fully absorbed by the straightening up of the building which now lies in its place.

how they relate to, see, remember the presence of water in their immediate environment.

boris chouvellon Alchimie inversée [Reverse Alchemy] France | 2007 borischouvellon@hotmail.com http://www.borischouvellon.com

Un acte simple, iconoclaste : écraser avec un rouleau compresseur des œufs en chocolat sur des plaques de bois alignées et peintes en noir... A simple act, iconoclast: squash chocolate eggs on the aligned plates, painted in black.

Paul Destieu EC-101, Maribor/ Ljubljana, 15h 14, pauldestieu@hotmail.com www.pauldestieu.com SVN | 2007 | projection vidéo mono-bande, durée variable

Le projet vidéo EC-101, s’inscrit dans la continuité d’une série d’interventions plastiques dans le paysage. La vidéo a été réalisée en Slovénie, sur la voix ferrée qui relie la ville de Maribor à Ljubljana. L’intervention met en scène un attentat de couleurs par la disposition de centaines de serviettes en papier coloré. Federico Campanale Backdrops #1 NL | 2008 mail@federicocampanale.com http://www.federicocampanale.com

The EC-101 project finds its origin in a series of happenings in natural landscape. The video was shot in Slovenia by the rail-track joining Maribor to Ljubljana. A shade of coloured napkins.

La video montre une série de 10 portraits vidéos de Finlandais avec leurs commentaires sur comment ils relatent, voient, se souviennent de la présence de l’eau dans leur environnement immédiat.

marc geneix Unending Western

The video shows a series of 10 video portraits of Finnish people along with their comments on

A man plays with his revolver.

France | 2007 marc.geneix@gmail.com

Un homme joue avec son revolver.

155 Rencontres internationales


christophe gerbault Superted

lucie laflorentie Springkler

France | 2009 christophegerbault@hotmail.com

France | 2008 lululaflo2@yahoo.fr crédit : pour toutes les captures d’images vidéo, arc 1, arc 2, arc 3 et arc 4, et le dessin : Lucie Laflorentie, Toulouse, 2008.

Projection d’un sample video dans la vitrine d’un magasin désaffecté du centre ville. Le sample video est réalisé à partir d’images récupérées. Projection of a sample video in a shop window of the abandoned downtown shop. The sample video was made from retrieved images.

elina juopperi Linnaeus-redlist France | 2008 elinajuopperi3@hotmail.com

Un plan fixe, une séquence de paysages enneigés, rien ne semble bouger. Sur l’image, un texte -flora et fauna local- apparaît et disparaît au rythme de la respiration. Les spécimens en voie de disparition ou en danger : une respiration lente ou une toux, la différence est quasi illisible mais pourtant existante. A shot, a sequence of snowy landscapes, nothing seems to move. In the picture, a text – flora et fauna local – disappear and appear at the rhythm of respiration. Endangered species: slow breathing or coughing, the difference is almost illegible but still existing.

Stevan Kojic Virtual Mountain kojicstevan@gmail.com SRB | 2008

Cette vidéo est un plan séquence réalisé en été 2008, à Moissac. Il s’agit de l’utilisation d’une machine agricole habituellement destinée à l’arrosage automatique. C’est outil est ici détourné et placé en fonction du soleil, de manière à obtenir l’apparition rythmé d’un arc-en-ciel. Le son de la vidéo est le son du mécanisme. This video is a plan sequence accomplished in summer, 2008, in Moissac. It’s about using of an agrarian machine habitually intended for automatic sprinkling. This tool is diverted and put here according to the sun, so as to acquire appearance regulated by a rainbow. The sound of video is the sound of the mechanism.

eric mareau Shadow France | 2008 eric.mareau@free.fr

Shadow est une vidéo projection qui présente la silhouette d’un homme qui marche et de son ombre. L’aspect graphique de ces « deux » personnages est identique. Shadow is a video projection which presents the silhouette and the shadow of a man who walks. The graphic aspect of these “two” characters is identical.

La montagne est un paysage imaginaire, produit par ordinateur. Mais c’est aussi, d’une certaine façon, une représentation – une image d’un paysage possible et réel. De tels paysages réels pourraient exister dans l’avenir, simplement à travers une forme numérique stockée dans une base de données de paysages, et avoir ainsi la même valeur que les paysages réels d’aujourd’hui.

Selfportrait (Touch me)

The mountain is a computer generated, imaginary landscape. But, it is, in a way, an idea – image of a possible and real landscape. Some real landscapes in the future might exist merely via a digital form in a database of landscapes and thus have the same value as real landscapes today.

Self-portrait (Touch me) is a self-portrait consisted of a touch-sensitive screen among which the invoice and the aesthetics make references to “Master painting”. The portrait of the artist is “invisible” so much the mobility of the face is fast. The image becomes visible when the regardeur affixes a finger on the screen to produce a freeze frame.

156 Rencontres internationales

France | 2008

Self-portrait (Touch me) est un autoportrait composé d’un écran tactile dont la facture et l’esthétique font références à une toile de « maître ». Le portrait de l’artiste est « invisible » tant la mobilité du visage est rapide. L’image devient visible dès lors que le regardeur appose un doigt sur l’écran afin de produire un arrêt sur image.


Sélections indépendants performances

aurélie briday Rimshot France | 2007 aureliebriday@clubinternet.fr

Performance à la batterie, improvisation sur l’instrument avec 500 baguettes de plâtre. Performance on the drums, improvising on the instrument with 500 drum sticks of plaster.

Terence Meunier The Joystick Band : Joystick Battle [Bataille de bâtons de joie] France | 2008 terenss@gmail.com http://toyoto.tuxfamily.org http://www.noiser.org

Joutes sonores de synthétiseurs & échantillonneurs employant des bâtons de joie et des logiciels libres. Les joutes seront ouvertes sur inscription. Sound battles with samplers and synthesisers using joysticks and free software. Battles are open for enrolment.

mentés et des salves fragiles de bruits statiques rencontrent des grosses caisses sub-bass surchargées dans une impressionnante conjonction avec l’intensité de la méticuleuse construction visuelle et la présence physique du duo au sein de leur image projetée. Incite/ plays bone-dry electronics, fragmented idm grooves in broken rhythmic arrangements synced with abstract grayscale videos. Fragmented electric junk and fragile bursts of static noise meet with extra-charged sub-bass-kicks in impressive conjunction with the intensity of the meticulously constructed visuals and physical presence of the duo within their projected image.

Emile Zile Post-it™ Kino NL | 2008 cultureshocktherapist@gmail.com http://www.emilezile.com

Le Post-It™ Kino d’ Emile Zile est la réalité abjecte de ce que le cinéma est devenu ou plus précisément, comment il s’est réduit lui-même à un tel état en claironnant le pouvoir du « script ». Ses performances sont à la fois du synopsis, de la réalisation, de l’analyse, de l’exposition, de la reprise, de la critique. Emile Zile ‘s Post-It ™ Kino is the abject reality of what cinema has become – or more precisely, how it has reduced itself to such a state through trumpeting the power of “the script”. His performances are part-pitch, part-direction, part-analysis, part-expose, part-revival, part-review.

kera nagel et andré aspelmeier Incite/ D | 2006 incite@gmx.de http://www.incite.fragmentedmedia.org

Incite/ joue avec des sons électroniques absolument secs, des grooves idm (intelligent dance music) dans des arrangements rythmiques brisés et synchronisés avec des vidéos abstraites en niveaux de gris. Des parasites électriques frag-

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Sélections étudiants vidéos Jerome Allavena Niveaux [Levels] eesi Angoulème France | 00:03:52 jeromeallavena@gmail.com http://jeromeallavena.encoche.org/

C’est une vidéo réalisée à partir d’une image photographique traitée. Cette image est complètement décomposée par couches successives : ce sont les courbes de niveau de la prise de vue numérique. Les dessins ainsi obtenus à l’aide d’un logiciel n’en restent pas moins évocateur de l’idée que Mickael Newman souligne: « le dessin à chaque touche reproduit le désir et la perte, son mode d’existence particulier se situe entre la suppression de la trace dans la marque et la présence de l’idée qu’il préfigure.» This is a video made from a photographic image processing. This image is completely decomposed by successive layers: the level curves of digital shooting. The drawings obtained through software are nevertheless suggestive of the idea that Michael Newman underlines, “at each touch the drawing reproduces the desire and loss, its particular way of existence is between the removal of the trace in the mark and the presence of the idea that it foreshadows”.

Emergence 00:00:42

Je me souviens, jeune dessinateur, je recouvrais les tables du lycée de dessin au crayon. C’est une vidéo dans laquelle je trace au crayon sur une surface en mélaminé; j’efface au doigt, au fur et à mesure. La tâche est ainsi comme en expansion jusqu’à ce qu’elle ait complètement recouvert la surface filmée. J’explore, dans ce travail, le dessin dans son rapport au temps (d’où la vidéo) et d’une certaine manière, son rapport à la cartographie. Comme une île qui émerge, qui grandit, et dont les contours sont dessinés sous l’action du « doigt » et du regard de l’homme. I remember, as a young draughtsman, I cove-

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red the school desks by drawings in pencil. This is a video in which I trace in pencil on a melamine surface; I erase with the finger as long as I go. The smudge is thus expanding until it has completely covered the filmed surface. I explore in this work the drawing in its relation to time (hence the video) and somehow, its relationship to the mapping. As an island that is emerging, growing, and whose contours are drawn by the action of the “finger” and the man’s gaze.

pierre aubert Fossil suite flickers ensa Bourges France | 00:03:01 aubertpier@gmail.com http://fluxfossile.blogspot.com/ http://www.vimeo.com/2564240

Experimentation à partir d’un travail de séquençage du flux visuel. Collaboration autour de la sonorisation d’une certaine économie du regard . Experimentation from a work of sequencing the visual flow. Collaboration around adding sound of a certain economie of the gaze.

Guillaume Barborini Des Ventres... [Bellies...] esae Epinal France | 00:03:32 boahhh@gmail.com

Des ventres qui se remplissent, qui débordent, qui se rétractent, des ventres qui se soignent, se privent, se gavent, mon ventre, vos ventres, leurs ventres, … 6 milliards de ventres. Des constats alimentaires, d’échelle et de nature différentes, qui, par leur confrontation, existent peutêtre, avec plus de justesse. Bellies which are filled, which bulge out, which recant, and bellies which look after themselves, deprive and stuff themselves, my belly, your belly, their bellies, ... 6 billion bellies. Observations on food on different scale and of different nature, which through their confrontation may exist with more accuracy.


L’aéronaute 00:01:16

Un homme (sorte de parachutiste) suspendu par des cordelettes s’agite comme s’il exécutait un saut en chute libre. Cet homme semble échapper aux lois de la gravité, il vole...

roxane billamboz Repulsion : Faster

A man (a kind of skydiver) suspended by the cords moves about as if performing a jump in free fall. This man seems to evade the laws of gravity, he’s flying...

université Louis-Lumière Lyon 2 NL | 00:03:30 flyingmeuh@aol.com

Repulsion : Faster est un travail sur l’accélération des images et la perte graduelle de visibilité qui en découle. La scène d’ouverture du Repulsion de Roman Polanski est accélérée 5 fois (à vitesse X2, X4, X8, X16 et X32, comme le propose un lecteur de DVD classique), jusqu’à aboutir à une forme plastique abstraite modelée par la vitesse et la lumière. À travers ce dispositif, la vidéo investit d’une nouvelle manière, par l’image, les thèmes abordés par le film original : l’enfermement, la paranoïa, le corps en représentation, le processus autodestructif susceptible de mener toute chose à sa perte. Repulsion: Faster is a work on the acceleration of the images and gradual loss of vision as a result. The opening scene of Roman Polanski’s Repulsion is accelerated 5 times (speed X2, X4, X8, X16 and X32, as possible with a classical DVD player) until one reaches an abstract visual form moulded by the speed and light. Through this device, the video is investing in a new way, through the image, the subjects of the original film: confinement, paranoia, body representation, and self-destructive process likely to lead anything to its loss.

Salma Cheddadi Mangousteens on milk université Paris 8 France | 00:45:12 moi.salma@gmail.com

Le ventilateur continue à souffler dans ses cheveux, dans l’humidité et la chaleur épaisse. Jana est près de moi, elle dort. Bientôt elle se réveillera, je la suivrai. Un film de voyage, de Chiang Mai à Singapour. The fan is still blowing in her hair, in dampness and tropical heat. Jana is close to me, she’s sleeping. Soon, she will wake up, I will follow her. A road movie, from Chiang MaÏ to Singapore.

13 Steps to leave 00:29:53

jean Bonichon Speleolog [Speleologist] esac Clermont-Fd France | 00:01:00 jbonichon@esa.agglo-clermont.fr

Un personnage remonte un tunnel qui tourne sur lui même. A character climbs up a tunnel that turns on itself.

Décidée à quitter San Francisco, elle arpente les zones de la ville qui lui sont chères, alors que dans sa tête, tant d’histoires se racontent, comme un voyage parallèle. Docks, parvis de boutiques, boulevards, cafés, autant de lieux, jusqu’ici familiers, dont cette dernière marche révèle l’étrangeté.

159 Rencontres internationales


Having decided to leave San Francisco, she paces through the zones of the city that are dear to her, while in her head, many stories play out, like a parallel journey. The docks, shopping squares, boulevards, cafe´s... All of these places, familiar up until now, reveal their strangeness on this final walk.

Natalia Comandari La Fabrica HEAD de Genève CH | 00:10:09 ncomandari@gmail.com http://www.myspace.com/bisquerage

Une usine clandestine de fabrication des pétards situé dans la banlieue du Salvador. L’éphémère,la fête et la tradition se mélangent à la pauvreté, aux conditions de vie créant ainsi un effet explosif… It is an illegal fabric of fireworks in the middle of the suburbs in El Salvador. The ephemeral, the party and the traditions mixed with the poverty, the social human conditions create and explosive effect…

thomas couderc Simple opposition esba Marseille France | 00:09:17 thomascouderc@hotmail.fr

Ce cube contient la personne qui l’ « habite » mais aussi le premier jeu qu’il y fut pour l’enfant, et dans sa version blanche le fameux espace de l’art moderne. Il sert de protocole expérimental. Il délimite un espace confiné et constant. Entre bande dessinée et galerie de portraits, cette série de vidéos propose de plonger dans autant d’environnements autonomes. Matières, lumière, couleurs, textures donnent vie à des microcosmes où cohabitent objets familiers et figures étrangères. Conscience, mémoire et raison permettent à l’homme d’établir des liens de causalité, de comprendre les règles de l’univers qui l’accueille. En s’extrayant de cet univers, en recréant des états de nature dont les lois échappent à la logique commune, ces vidéos recréent l’essence du sensible. This cube contains the person who “lives” in it but also the first game it was for a child, and in its white version the famous modern art space. It serves as the experimental protocol. It delineates a confined and constant space. Between

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a cartoon and a portrait gallery, this video series invites one to submerge into as many autonomous environments. Materials, light, colours, textures give life to live microcosms where familiar objects and strange figures coexist. Conscience, memory and reason allow people to establish links of causality, to understand the rules of the universe which hosts them. By pulling out from this universe, by recreating the state of the nature whose laws are beyond common logic, these videos recreate the essence of the sensitive.

Pauline Criqui Délicieuse attente [Delicious Expectation] école de l’image Épinal France | 00:05:20 papatte17@hotmail.com

Cuisine des sens où la nourriture devient métaphore. Les matières, presque organiques, apparaissent les unes dans les autres avec des passages d’états différents. Etats qui rappellent l’eau, la terre, l’air et le feu. Eléments de vie. Ici, le ventre se vide mais les yeux se remplissent, dans l’attente. Cuisine of senses where food becomes a metaphor. Materials, almost organic, appear in each other with passages of different states. States that remind us water, land, air and fire. Elements of life. Here, the stomach is empty, but the eyes are filled with expectation.


They then go to hide behind a tree by the lake. From there, they can spy on a girl who’s camping on the other side of the lake...

lucie felix Les personnes accompagnants les voyageurs sont priées de descendre des voitures [Persons Accompanying Passengers Are Requested to Get out of Cars] esa Epinal France | 00:06:23 luciefelix@hotmail.com

julien daubigny Traces esa Epinal France | 00:05:31 dobysound@hotmail.fr

« Habiter, c’est vivre !» Vivre dans une maison laisse des traces, et ces marques nous renvoient à la vie de famille, à ses bons moments, ses tensions, ses joies, ses tracas. “To dwell is to live !” Living in a house leaves traces, and these marks send us back to family life, its good moments, its tension, its joys, and its worries.

Arnaud Dezoteux Au bord du lac [Lakeside] ensa Bourges France | 00:08:00 anedator@hotmail.fr

Une île flotte dans l’espace. À son bord, un homme en béquilles se fait aider par une jeune randonneuse pour s’asseoir quelques instants auprès d’un arbre. Alors que la jeune femme s’en va, l’homme sort de sa besace un tapis et trois bouteilles pour préparer un stand de boissons. Plus tard, deux jeunes hommes s’approchent du stand et se moquent du vieux vendeur. Ils partent ensuite se cacher derrière un arbre, au bord du lac. De là, ils peuvent espionner une fille qui campe de l’autre côté du plan d’eau…

Documentaire Mon grand-père est atteint de la maladie d’Alzheimer. Il a travaillé toute sa carrière à la Sncf. Il vit dans un autre espace, une autre temporalité. Il court après son train, je cours après lui... My grandfather is suffering from Alzheimer’s disease. During his entire career he worked at the French national railway company. He lives in another space, another time. He runs after the train, and I run after him...

Christophe Fournier L’esprit meut la masse [The Mind Moves the Mass] école de l’image Epinal France | 00:01:48 nitro69_7@hotmail.com

L’homme représenté par sa main, un outil créateur désoeuvré qui raisonne en vain. The man represented by his hand, an idle creator tool that thinks in vain.

An island is floating in the space. On board, a man with crutches is helped by a young female biker to sit for a moment near a tree. While the young woman is leaving, the man takes out of his bag a carpet and three bottles to prepare a beverage stand. Later, two young men come up to the stand and make fun of the old seller.

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sophie gaucher Plaques de gravures animées [plates of animated engravings] ensba Paris France | 00:02:17 sophie.gaucher@yahoo.fr http://monfournissoir.over-blog.com

Poursuivre la ligne à l’infini, la transformer et révéler des scènes aux limites du compréhensible, images subliminales, cachées... Dessin pervers qui s’accouple aux images familières : un goût pour le vice et la perversion du trait mais pas seulement. Scènes familières qui se transforment vite en pullulements érotiques. Parcours sans lecture, histoires sans écriture, suivez la ligne… The idea is to continue the line with infinite, to transform it and reveal scenes in extreme cases of comprehensible, subliminales and hidden images… Perverse drawing which is coupled with the familiar images: a taste for defect and perversion of the feature but not only. Familiar scenes are transformed into erotic proliferations. Course without reading, stories without writing. Follow the line…

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mihai grecu Unlith Le Fresnoy France | 00:07:50 m_f_grecu@yahoo.fr

Des hommes et des chiens noirs évoluent dans un univers onirique, froid et hostile. Des tensions se créent, circulent entre les lieux. C’est un dialogue abstrait, nourri d’agressivité et de gestes semi rituels qui se déclenchent et s’annulent réciproquement. Les correspondances qui se créent entre actions et espaces métamorphosent les corps, trompent les lois physiques et transfigurent la matière. Black men and dogs evolve in a dreamlike world, cold and hostile. Tensions are created and move about between the places. It is an abstract dialogue, nourished by aggression and semi-ritual gestures that trigger and cancel each other. Correspondences that are created between actions and spaces transform the bodies, mislead physical laws and transfigure the matter.


PAUL GUILBERT Apprendre à trapper esad Strasbourg France | 2008 | 00:08:18 gaulopilberto@gmail.com

The Waters explores the society and its imagination around the sacred world of Vodoun and narratives about the sea in the south of Benin.

Panoramique 360° verticale sur une Idylle Tentative de recréation visuelle d’un monde qui se donne comme des tableaux, une série d’images en mouvement. La composition se perd et se ré-orchestre. Don’t worry be happy est éclaté sur 8 temps révélant l’artifice. Un « tube octogonal »... avec des abeilles en guests. Comment se réapproprie-t-on une idée de la finitude ? Comment gère-t-on son alvéole? Sommes-nous des abeilles « décidantes » ? Le conditionnement est-il « pop » ?

caroline langlade De(s) Générations

Panoramique 360° vertical panoramic on a dreamt life. Attempt to visually re-create a world which is given as “tableau”, a serie of moving images. Fascination has an end. Composition is broken and re-built. “Don’t worry be happy” turns into a 8/4 beat and process fails, revelating artifice. Society as a Hit... Bees are guests. How do we reappropriate the idea of our own end? How are we using our own alveolus? Is conditioning “Pop” ?

Le Quai Mulhouse France | 00:04:15 jeremy.ledda@gmail.com

esa Epinal France | 00:07:12 carolinelanglade@hotmail.com

Des destins se croisent, mêlant les peurs, les doutes de plusieurs personnes face à leur vie. Destinies meet and pass, blending fears and doubts of several people in view of their lives.

jeremy ledda Tease Strip

Transformation d’une image à partir d’une erreur de lecture, apparition de nouvelles matières troublant la perception. Transformation of an image from misreading, appearance of new materials troubling the perception.

KAPWANI KIWANGA Les Eaux [The Waters] Le Fresnoy France | 00:15:00 kaykay@altern.org

Les Eaux explore la société et son imaginaire à travers le monde sacré du Vodoun et des récits oraux de la mer dans le sud du Bénin.

Lucie Mercadal Fais la belle ensa Dijon France | 00:05:27 lu_mercadal@hotmail.com www.myspace.com/lumercadal

Comme le chien essaie de faire le beau, je tente à mon tour, dans un exercice ironique d’auto-dressage, de faire la belle. As the dog tries to “be nice”, I try by myself, throughout an ironical training exercise of selfdressage, to be a nice dog.

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Lucie Mercadal Sourire ensa Dijon 00:21:42

Comment la belle image portrait réagit dans la durée? Je souris jusqu’à ne plus pouvoir le faire. Le son du micro dans ma bouche arrive comme un élément burlesque qui dédramatise le pathétique de la situation. How a beautiful portrait picture reacts being considered for a length of time. I smile until I’m unable to do more. The microphone sound in my mouth adds a burlesque element to the scene which thus becomes less pathetic.

nicolas muller In (la découverte) [In (discovery)] Villa Arson Nice France | 00:01:15 nicolashenri_muller@hotmail.com http://nicolasmuller.encoche.org

Construction d’un espace ambiguë par la lumière A space construction ambiguous with light

Benjamin NUEL L’Hôtel [The Hotel] Le Fresnoy France | 00:13:09 benjamin.nuel@yahoo.fr http://www.benjaminnuel.com

Terroriste et Anti-terroriste, figures archétypales du jeu vidéo de guerre actuel, sont isolés dans un hôtel magnifique, un cadre apaisant et bucolique. Ils sont en attente, plus ou moins oisifs. Ils occupent leur temps. Terrorist and Anti-terrorist, archetypal figures of today’s war videogames, are isolated in a beautiful hotel, a peaceful and bucolic setting. They are waiting, more or less idly. They occupy their time.

johan parent Di(s)gestion ea-agglo Annecy France | 2008 | 00:01:00 johanparent@hotmail.fr

Sur un plan fixe et frontal, deux aspirateurs industriels s’enclenche en pleine nuit. Les deux appareils sont reliés entre eux par leur tuyau pour s’auto-aspirer. Il ne se produit aucun mouvement. Seul le son de ces deux machines apporte une tension particulière.

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Rencontres internationales

On fixed and frontal shot, two industrials vacuum cleaner starting to work in the middle of the night. The two machines are connecting by their tube for aspirate themselves. There are no movement. The sound of the objects bring a special tenseness.

Self lavage 2008 | 00:01:26

Sur un plan fixe et frontal. Au travers une ambiance irréelle, deux carshers de lavages automobiles se mettent a fonctionner au beau milieu de la nuit. On assiste alors à un balai mécanique qui prend fin lorsque le processus de lavage est terminé. Trough an unreal atmosphere, two carwash starting to work in the middle of the night. We saw a mechanical ballet, who stops when the washing process is finished.

justine Pluvinage Catherine Ecole Nationale Supérieure de la Photographie d’Arles France | 00:09:41 justine.pluvinage@gmail.com

Portrait en image et en son, appartenant à une série qui s’attache à redonner du temps et la parole à l’autre. Plus on approche une personne, moins celle-ci semble commune. J’aime que l’image mentale qu’on se fait d’un individu, puisse se troubler au fur et à mesure que l’on tente de s’en saisir. Mes portraits ne sont ni des constatations scientifiques, ni des analyses philosophiques, mais s’efforcent d’aborder, de façon sensible, toute la complexité d’un être. Portrait, in picture and sound, belonging to a series that focuses on giving time and speaking time to another again. The more we approach a person, the less s/he seems common. I like when the mental picture we make of so-


meone is troubled, as you are gradually trying to grasp it. My portraits are neither scientific observations nor philosophical analyses, but they endeavour to address, in a sensitive way, the complexity of a human being.

Gabrielle Reiner La Princesse est indisposée, elle ne reçoit personne [The Princess is indisposed and cannot receive a visit] ensa Cergy France | 00:12:23 gabriellereiner@yahoo.fr

Film composé d’une série d’études qui forment un tout et traitent à chaque fois de moments quotidiens et solitaires d’une femme jouée par différentes actrices. Je cherche à filmer des gestes quotidiens qui révèlent une certaine inquiétante étrangeté et regardent ainsi du côté de la psychanalyse tout en oscillant entre l’autoérotisme et le film de genre. Chaque soin rituel pourrait déraper dans l’horreur mais reste toujours dans un état limite. Chaque geste quotidien devient ainsi celui d’un rituel singulier mais jamais dramatique qui préfère la suggestion à l’explicite. Le rituel de chaque étude se veut très esthétisant et bascule petit à petit vers l’informel, le douteux. The film is composed of a series of studies that form a whole and treat each and everyday moments of a lonely woman played by different actresses. I try to capture the gestures that reveal a strange and disturbing peculiarity and look towards the psychoanalysis while oscillating between autoerotism and genre film. Every ritual care could slip into horror but still remains in a limit state. Each daily gesture becomes that of a singular but never dramatic ritual which prefers the suggested to the explicit. The ritual of each study is very aestheticised and is shifting slowly to the informal and doubtful. It is also the idea that the more we structure our actions the more they suggest something close to infamous about us.

Gonzalo Rodriguez Rebeca Academy of Media Arts of Cologne (KHM) D | 00:24:00 aina7@yahoo.com

Rebeca, ma grand-mère, décédée dans un accident tragique survenu au début de l’année 1993 sur une autoroute à Lima.

J’ai essayé de mettre cette histoire sur un film, mais je me suis plongé dans les contradictions de l’œuvre autobiographique : comment une grande partie de l’histoire a été déformée par les médias du spectaculaire avec lesquels je travaillais ? Quel type de vérité émerge par le biais de la subjectivité? Cette question a élargi la réalisation de ce film vers les domaines de l’intimité et de la recherche de soi. Rebeca, my grandmother, died by a tragic accident at the beginning of 1993 on a highway in Lima. I tried to bring up this story on a movie, although I got immersed in the contradictions of autobiographical work: how much of the story was distorted by the spectacularity of the media I was working with? What kind of truth emerged by the means of subjectivity? These questions expanded the making of this movie to the fields of intimacy and self-research.

Irena Skoric ON/OFF Academy of dramatic art Zagreb Croatia | 00:20:00 irena.skoric@gmail.com http://www.irenaskoric.com

L’idée principale de ce film est de mettre l’accent sur l’activité et la passivité de la vie humaine qui est à un moment sous tension et dans un autre, en raison de la négligence et du mépris de l’homme, s’éteint. Ce film mélange l’histoire et le présent, la mémoire et l’avenir. Feux de circulation et leurs couleurs en tant que symbole de la vie humaine sont les principales thèses : le rouge – la couleur de la mort, qui s’éteint peu à peu comme la désactivation de la vie humaine ; le jaune – la couleur de la prudence, mais aussi la couleur de la négligence humaine ; le vert – la couleur de la liberté, du mouvement et de la vie humaine en plein essor. Au moment final de la vie humaine, autres vies entrent, dérangent, ou se connectent avec les vies de quelqu’un autre. La plupart des événements passent vite et sont oubliés, mais certains restent en mémoire. De cette façon, les photos capturées montrent des moments spécifiques « pour mémoire » de ces vies présentées. The main idea of this film is to emphasize activity and passivity of human life which is at one moment turned on and in another, due to

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human carelessness and disregard, turned off. This film combines history and present time, memories and future. Traffic lights and their colours as symbol of human life are the main thesis: red – the colour of death, which is slowly turning off like human life; yellow – the colour of cautiousness, but also the colour of human carelessness; green – the colour of human freedom, movement and human life in full blossom. In final human moment other lives enter, disturb, or connect with somebody else’s lives. Most of events pass by quickly and are forgotten, but some are remembered. In that way the captured photos show specific moments “for memories” of these presented lives.

steve tournadre 27 esac Clermont-Fd France | 00:04:10 stournadre@esa.agglo-clermont.fr

Sur le parvis d’un centre commercial, un homme s’exerce vingt sept fois au vocabulaire du passage. Suivez, le pas. In front of a shopping mall, a man practises twenty seven times the vocabulary of the passing. Follow, the step.

Pauline Toyer One day in NY city ensa Bourges France | 00:10:23 pauline.toyer@ensa-bourges.fr

L’œil du voyageur glisse sur la ville et enregistre ses mouvements. One day in New York city est un portrait vidéo d’une ville frénétique aux multiples facettes : New York.

qualité(5500 pièces), prises avec le téléphone portable (Nokia N95 8GB). Peter goes to South-Italy on holiday. He takes thousands of photos on his mobile (using the stop-motion technique), and sends a postcard home. A mobile postcard. Mobile movie / animation / stop motion. Contains only high-quality still pictures (5500 pieces) shot on mobile phone (Nokia N95 8GB).

Colorful EU University of Pecs Hungary | 00:01:21

Comme vous marchez dans les rues, les drapeaux des pays de l’UE sont partout en vue. L’Union européenne est dans les objets, les créatures, dans le peuple. L’UE est en couleur autour de nous. Un spot expérimental pour célébrer le 50e anniversaire de l’Union européenne. As you walk on the streets, the flags of EUcountries come into sight anywhere you look. The EU is in the objects, in the creatures, in the people. The colorful EU is around us. An experimental spot to celebrate the 50th anniversary of the European Union.

The eye of the traveler slides on the city and records its movements. One day in city New York is a video portrait of a hectic city with many facets : New York.

amandine zaïdi Poupée Gonflable [Inflatable doll]

Peter Vadocz Moblile Postcard [Carte postale mobile]

Vidéo documentaire d’une performance : le corps huilé, maquillé grossièrement et perruqué, un vagin en latex digne d’une poupée gonflable posé sur l’entre jambe; j’incarne naïvement cet objet dans un lieu de passage ou sont entreposées des choses désordonnées.

University of Pecs Hungary | 00:03:40 vadoczpeter@hotmail.com

Peter va au Sud de l’Italie en vacances. Il prend des milliers de photos sur son portable (en utilisant la technique de stop-motion), et envoie une carte postale à la maison. Une carte postale mobile. Mobile film / animation / stop motion. Contient seulement des images fixes de

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ea-agglo Annecy France | 00:02:17 zaidiamandine@hotmail.fr

Documentary video of a performance: oiled body, made up roughly and wearing a wig, a latex vagina worthy of an inflatable doll posed between the legs; I incarnate naively this item in a place of transit where disordered things are stored.


Sélections étudiants installations

its existence from one person to another via various digital media. The images have reached the pinnacle of the pervasiveness and the man reaches that of ubiquity. Avalanche starts from this evidence and offers the viewer to address this phenomenon by leaving it free to interpret what they experience, what is happening under their eyes.

PAUL GUILBERT Reach The Top / Teach The Rope esad Strasbourg France | 2008 gaulopilberto@gmail.com

labib abderemane Avalanche ensa Bourges France | 2008 patricfiasco@hotmail.fr http://j2jps.syntone.org

Nos sociétés produisent plus d’images qu’elles n’en ont produites jusque-là. Ces images se diffusent très facilement dématérialisées sur Internet et sont dotées d’une liberté de circulation sans égal. Celles-ci deviennent des gaz numériques qui s’échappent et se diffusent sans s’évaporer de réseaux en réseaux. On supprime une vidéo d’un serveur mais celle-ci existe toujours sur un autre et continue son existence en s’échangeant d’individu à individu via les supports numériques variés. Les images ont atteint le summum de l’omniprésence tandis que l’homme atteint celui de l’ubiquité. Avalanche part de ce constat et propose au spectateur d’être face à ce phénomène en le laissant libre d’interpréter ce qu’il expérimente, ce qui se déroule sous ses yeux. Our companies produce more images than they have ever produced. These pictures are spread very easily dematerialized on the internet and have a freedom of movement without equal. They become digital gas leaks and circulate without evaporating from networks to networks. One can remove a video from a server but it still exists on another one, and continues

Le regard est resitué à hauteur des pieds. Ascension physique vers le mythe. Utilisation d’une iconographie pluriculturelle orchestrée sur une élévation rythmique. Les images 3D comme des référents conceptuels, les photographies N&B comme des images mémorielles et la capture vidéo de l’expérience comme la métaphore principale. Comment créet-on, par l’expérience et la culture, son propre système ontologique ? Final part of a Pilgrimage from the city. A Physical ascent to the Myth. Using a pluricultural iconography, each step orchestrates a rhythmical elevation. 3Ds images as conceptuals referents, B&W photographies as referents coming from the memory, feet-shot videos as the real experience read as a the main metaphor. How do we create, through experiences and cultural referents, our proper ontologic system ?

Rémi Dal Negro Le braille des mots ea-agglo Annecy France | 2009 dalnegroremi@gmail.com Installation sonore

Lorsque les mots constituant les principaux caractères réglant le langage se trouvent mis bout à bout, puis lus en boucle par un synthétiseur vocal dont les règles de formation des mots ont été transgressées, une langue improbable et tendue émerge. « Le sens défiguré du style.» Un abus de langage, associé à un CD audio (M6SundayJourneyFever) où le discours a été annulé pour laisser les

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fonds sonores, tapissant les émissions d’une chaîne de télévision musicale pendant toute une journée, se déployer. Les flux refoulés de l’écoute quotidienne. Un produit de loisir ou l’information du dimanche n’est plus que musique d’ambiance. Le braille des mots (sound installation) The words constituting the principal set of rules for the french language are amalgamated, then read in loop by a vocal synthesizer. Its laws of word formation are transgressed and an improbable, tensioned language emerges. “Le sens défiguré du style”. An abusive use of language, associated with the audio CD M6SundayJourneyFever, where spoken word has been erased to give birth to the background sound of a whole day of a music television program. The excluded flows of everydays listening.

Benjamin Nuel L’hotel Multimedia 2008 benjamin.nuel@yahoo.fr www.benjaminnuel.com http://www.myspace.com/lhotel

Terroriste et policier, figures archétypales du jeu vidéo de guerre actuel, sont isolés dans un hôtel magnifique au milieu d’un parc, un cadre apaisant. Ils sont en attente, plus ou moins oisifs, ils occupent leur temps... Terrorist and anti-terrorist - those archetypal figures of the current video war game - are both segregated in the bucolic and relaxing backdrop of a magnificent hotel. They are standing by, more or less idle. They pass the time.

Mickael Valet La Dérive ensa Dijon France | 2008 mickael.valet@gmail.com Crédits : la_dérive_01 et 02 étant des photographies prises durant l’action s’étant déroulée en partant de Montbard (21) suivant la Brenne (rivière) en mai 2008 la_derive_installation : installation de La Dérive durant l’exposition Entre Poire Et Fromage World Tour #2 à la Galerie Appartement au mois de novembre 2008.

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Performance donnant suite à une installation vidéo. Montbard, la Brenne. Des méandres de la rêverie émerge une image. Puis vient la confrontation entre le lieu, l’élément et l’individu. Initié au voyage, le corps est porté par les eaux, balotté entre son propre rythme et le temps de la rivière ; partis pour le lent passage d’un protocole à un vécu aussi dur que surprenant. Enfin pour le spectateur un possible re-voyage, cette fois-ci contemplatif. From the meanders of reverie emerges an image. Then comes the confrontation between a place, an element and an individual. Introduced into the voyage, the body is carried by the flux, tossed by his own rhythm and the river’s own time ; gone for the slow passage from a protocol to a lived experience at the same time difficult and surprising. Finally, for the spectator, a possible re-voyage can take place, this time contemplative.

Paul Wiersbinski King Nothing HfbK Städelschule, Academy of Fine Arts Frankfurt France | 2009 pablo_w@web.de http://www.kunstaspekte.de/index. php?k=6631&action=webpages

Dans un avenir proche, l’art contemporain est soumis à l’offre et à la demande. Dans le cabaret d’un commissaire sadique, des collectionneurs avides et un public stupide déambulent à travers une exposition-superproduction de la dernière star de l’art. L’illusion du profit infini est devenue réalité et plus elle devient réelle, plus nous croyons en tout ce qui nous est dit. In the near future contemporary art has become a matter of supply and demand. The cabaret of a sadistic curator, greedy collectors and mindless audience is making its way through a blockbuster exhibition of the latest art star. The illusion of endless profit has become reality and the more real it becomes, the more we believe in everything we are told.


Sélections étudiants performances Scott Sinclair Botborg University of Art Linz Austria | 2009 mail@halftheory.com http://www.botborg.com

Botborg est un groupe de performance audio-visuelle qui mélange et remanie les signaux électroniques bruts pour créer des expériences viscérales intenses de la synesthésie couleur/son. Botborg is an international audio-visual performance group that fuses and rewires raw electronic signals to create intensely visceral experiences of sound-colour synaesthesia.

Anne-Cécile DESJARDIN Bourges CALLING ensa Bourges France | 2008 anne-cecile.desjardin@ensa-bourges.fr

Une incroyable comedie-neopost-musicale. Il était une fois la découverte de la communication entre deux personnages. L’un d’eux est une machine venue d’une époque nanoradioactive, et l’autre une sorte d’entité animale revue à la sauce mixeur polymorphe. Bienvenue dans un univers plus ou moins réel envahi par des monticules d’objets d’une utilité encore à définir pour nos deux protagonistes... Les ottistes raides dingues de vous. An incredible musical-comedy-neopost. Once upon a time the discovery of the communication between two caracters. One of them, a machine from a nanoradioactive period and other one a kind of animal entity revised in the sauce polymorphic mixer. Welcome in a more or less concrete world, overwhelmed by a mountain of undefined objects for our tow protagonistes.

hyeyoung yun African décalage (memory décalage) Le Quai Mulouse France | 2008 antisincrime@yahoo.com http://www.cultureinside.com

En automne 2005, j’étais toute seule à Abidjan en Côte d’Ivoire pour découvrir ma fantaisie. Mon séjour en Afrique de l’ouest a été un moment ininterrompu de confusion et de décalage entre ma fantaisie et la réalité. Ce que j’ai ressenti a été le stress de la survie et un changement fort en moi... In the autome of 2005, I was alone in Abidjan in Ivory coast. My journey in Ivory Coast was the “non-stopping sequence of confusions and gaps” between my fantasy and the reality there. What I really felt during my stay in Ivory coast was the stress to survive and a big change in me...

vanessa Brunet et Lois Roussillon Brainstorming ensa Bourges France | 2008 vavax007@yahoo.fr http://www.annale.org

Les jouets sont le symbole de l’enfance, la première interface active avec le monde ; mais ils sont aussi le meilleur outil de l’apprentissage de la consommation, de l’assimilation des codes sociaux et de la création de l’identité en référence à une norme. Toys are the symbol of childhood, the first active interface with the world, but they are also the best tool to learn to consume, to assimilate social codes and to establish one’s identity in reference to a standard.

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MEETING POT & MELTING POINT par Hervé Trioreau

Plate-forme de diffusion, d’échanges et de discussions, cette programmation envisage de pré­senter une diversité de productions vidéo­ gra­phiques de différentes écoles d’art dans le cadre du festival Bandits-Mages : Sint-Lucas Visual Arts Gent (Belgique), Instituto Politécnico de Tomar (Portugal), École Supérieure des Arts et de la Communication de Pau, École Européenne Supérieure de l’Image d’Angoulême, École Supérieure d’Art du Havre, École Nationale Supérieure d’Art de Cergy-Pontoise, Le Garage - École Supérieure d’Art et de Design de Saint-Étienne et l’École Nationale Supérieure d’Art de Bourges (France). Coordonnée par Hervé Trioreau et les artistes-enseignants des structures invitées, cette diffusion (« point de fusion ») se déroulera comme une mosaïque, un principe hétérogène d’emboîtements et de dialogues entre les projets des étudiants. Platform of diffusion, exchanges and discussions, this program intends to present a variety of video productions from different schools of art in the Festival Bandits-Mages : Sint-Lucas Visual Arts Gent (Belgium), Instituto Politécnico de Tomar (Portugal), École Supérieure des Arts et de la Communication de Pau, École Européenne Supérieure de l’Image d’Angoulême, École Supérieure d’Art du Havre, École Nationale Supérieure d’Art de Cergy-Pontoise, Le Garage - École Supérieure d’Art et de Design de Saint-Étienne et l’École Nationale Supérieure d’Art de Bourges (France). Coordinated by Hervé Trioreau and artist-teachers of these invited structures, this diffusion (“point de fusion”) is structured as a mosaic, a principle of heterogeneous dialogues between the projects of students.

Hervé Trioreau Né en 1974, vit et travaille en France. Hervé Trioreau est artiste-enseignant-chercheur à l’École Nationale Supérieure d’Art de Bourges (« Coordination » semestres 5 & 6, séminaires « Exquis Contemporains », « Spacificity » et « Concept:Display »). Depuis 1995, dans le cadre de ses projets et expositions, TTrioreau développe un travail de perturbation des certitudes architecturales, une réflexion sur les processus de déconstruction, interrogeant notre confiance en la solidité structurelle du bâtiment, en son immobilité et sa permanence, pour le décrire comme intervalle, passage, transition… Born in 1974, lives and works in France. Hervé Trioreau is an artist-teacher-researcher at École Nationale Supérieure d’Art of Bourges (« Coordination » semesters 5 & 6, seminars « Exquis Contemporains », « Spacificity » and « Concept:Display »). Since 1995, as part of his projects and exhibitions, TTrioreau develops a work of architectural disruption, a reflection on the process of deconstruction, questioning our confidence in the structural solidity of buildings, in their immobility and their permanence, to describe them as intervals, passages, transitions... http://tt.rioreau.free.fr

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Ecole européenne supérieure de l’image d’Angoulême

École nationale supérieure d’art Paris-Cergy

Une grande part des réalisations en vidéo à l’EESI Angoulême sont issues de session, d’atelier de recherche et création, de workshops avec enseignant spécifique ou pas, artiste, vidéaste, cinéaste, musicien, écrivain... Très souvent dans une dynamique collective. Ici, les films présentés, sont de différentes années: de la seconde à la cinquième année. Beaucoup sont de toutes premières vidéos.

L’atelier vidéo de Michèle Waquant présente diverses approches du médium au sein d’une programmation d’une heure. Ponctuée de présentations au public, cette rencontre interrogera les notions d’hybridation et l’élasticité des frontières qui séparent les genres : documentaire, fiction, found footage, dispositifs, installations, performances.

A great number of the videos directed by EESI Angoulême are created during sessions, research and creation workshops, workshops with specific teachers or not, artists, video directors, film directors, musicians, writers… They often emerge from a collective effort. The films presented here are from different years: from second to fifth year. Many are their first pieces of work.

Michèle Waquant’s video workshop presents various views on the medium within the framework of a one hour programming. Punctuated by presentations to the audience, this meeting questions the notions of hybridisation and the elasticity of boundaries that separate styles: documentaries, fiction, found footage, devices, installations, and performances.

Arts Visuels à Saint-Lucas, Gand (B) Les cours de Licence et de Maîtrise en arts et conception visuel à Saint-Lucas amènent un cheminement unique vers la pratique artistique, l’imprévisibilité des expériences et les derniers développements en média et technologie. Notre but est d’équiper nos étudiants avec la connaissance, les compétences et la vision nécessaires pour devenir les artistes et les dessinateurs de demain. Les étudiants ont pour enseignants des membres éminents qui sont activement impliqués dans le monde d’art et qui sont ainsi une place idéale pour stimuler l’évolution artistique et intellectuelle des futurs jeunes artistes et dessinateurs. Tous incarnent l’environnement humain de Saint-Lucas. Le processus d’étude des étudiants est facilité par l’infrastructure disponible qui

Sint-Lucas Visual Arts Gent Saint-Lucas’s bachelor and master cour­ses in visual arts and design bring together in a unique way the depth and slow pace intrinsic to artistic practice, the unpredictability of experiments and the latest developments in media and technology. We aim to equip our students with the knowledge, skills and vision necessary to become the artists and designers of tomorrow. Students are tutored by eminent staff members who are actively involved in the world of art and design and are thus ideally placed to stimulate the artistic and intellectual growth of future young artists and designers. The staff embodies Saint-Lucas’s humane

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tient compte des méthodes classiques de travail et les approches plus expérimentales dans la pratique de l’art. Le Studio Expérimental Dans le studio expérimental, les étu­diants développent leur propre pratique artistique en confrontant les médias classiques avec les technologies con­tem­poraines. Au cours des années,il y a un ap­pro­fondissement graduel des projets des étudiants, à la fois techniquement et ar­tistiquement. Durant la première année, les étudiants sont confrontés à un assortiment de méthodes médiatiques et de travail. Ils reçoivent des exercices qui les défient à prendre des points de vue idiosyncratiques, soit individuellement ou en groupe. Ces points de vue peuvent influencer leur choix pour un medium par­ ticulier, une méthode de travail ou un mode d’expression. Durant la deuxième année, les projets con­ tinuent et sont intensifiés. Le choix individuel de l’étudiant par rapport aux mé­dias et aux formes d’expression de­vient clair, son approche est plus personnelle et il apprendra à complètement maîtriser les te­chni­ques appropriées. Les projets de­viennent plus com­plexes, en rai­son de coopération in­ter­dis­ciplinaire, par exemple. Les étu­diants déterminent de plus en plus leurs propres chemins grâce aux pos­ sibilités du studio. Durant la troisième année, le pro­jet individuel des étudiants est l’activité fondamentale du studio. Le travail commence avec les idées et la planification des étudiants. Les étudiants explorent les limites de leurs intérêts thé­ matiques et techniques. Le travail de la dernière année démontre l’engagement de l’étudiant dans son propre travail et est le point de départ pour de plus amples explorationsartistiques.

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environment. The students’ learning process is furthermore facilitated by the available infrastructure which allows for both classical working methods and more experimental approaches to art practice. Experimental Studio In the experimental studio students develop their own artistic practice by confronting classical media with contemporary technologies. Over the years, there is a gradual deepening of the students’ projects, both technically and artistically. In the first year students are confronted with a variety of media and working methods. They are given assignments which challenge them to take idiosyncratic points of view, either individually or in groups. These points of view can influence their choice for a particular medium, working method or mode of expression. In the second year the project work continues and is intensified. The individual student’s choice as regards media and forms of expression is becoming clear, his approach is more personal and intense and he will learn how to fully master the appropriate techniques. The projects become more complex, due to for example interdisciplinary co-operation. Students increasingly determine their own pathways within the possibilities of the studio. In the third year, the students’ own project is the core activity of the studio. The work starts with the students’ own ideas and planning. Students explore the boundaries of their thematic and technical interests. The final year work demonstrates the student’s involvement with his own work and is the starting point for further artistic exploration in the master’s course.


Ecole supérieure d’art du Havre À regarder l’histoire de l’École Supérieure d’Art du Havre depuis sa fondation, le 15 frimaire de l’an IX, force est de constater qu’elle a su, à certaines périodes, former des créateurs (dont certains artistes de renom) et dispenser des cours qui permettaient une bonne intégration pro­ fessionnelle d’un grand nombre d’hommes et de femmes. Ainsi, durant la seconde moitié du dix-neuvième siècle, en pleine ère industrielle, l’école compte parmi ses élèves Raoul Dufy, Georges Braque, Othon Friez (puis en 1927, Jean Dubuffet) et œuvre à la formation en dessin industriel de plusieurs milliers d’ouvriers, de contremaîtres et d’ingénieurs. Aujourd’hui, à l’aube du vingt-et-unième siècle, notre société est totalement entrée dans une ère de l’image, de l’information et de la communication. Les frontières qui séparent art et Design graphique sont souvent poreuses tant chaque domaine emprunte à l’autre, ima­ ges, attitudes, actions ou concepts. Ces deux domaines sont aujourd’hui deux territoires de créateurs qui parfois se superposent et se dynamisent. Si les deux départements Art et Design gra­phique sont bien distincts au sein de l’École Supérieure d’Art du Havre, néan­ moins, une Unité d’Enseignement et cer­ tains cours leurs sont communs. Chaque département a son projet propre, même si les deux partagent certains objectifs dont le principal est la volonté de s’inscrire dans une dynamique d’échanges avec des partenaires extérieurs (culturels, in­ stitutionnels et industriels). L’ESAH a pour but de former des créateurs (et, parmi ces créateurs, des artistes) et des acteurs du monde de la création. L’intégration de ces jeunes créateurs et acteurs du monde de l’art au sein de la société est la question fonda­men­tale qui sous-tend tout le projet d’établissement. L’atelier Images / Mouvement est conçu pour préparer l’étudiant à poursuivre ses expérimentations vidéo tout au cours de son cursus. Considérant l’importance de la pratique et de la théorie, cette ate­lier accueille

des postures es­thétiques diverses avec le souci de fournir une réponse adaptée au travail de l’étudiant. Coordonné avec le laboratoire des Esthétiques Spéculatives, laboratoire de recher­che de l’ESAH, la pédagogie pré­pare autant à une pratique con­ventionnelle de la vidéo qu’à une pratique expérimentale ou­verte sur la procéduralité. Intégrant l’histoire de la vidéo et la rencontre avec ses pionniers, l’atelier Images / mouvement est un partenaire du réseau Mmarcel et du site Grand Canal. By looking at the history of the School of Fine Art of Le Havre since its founding on the 15th frimaire of the year IX, one can’t help but notice that at certain periods it knew how to train designers (some of whom were famous artists) and provided lessons that ensured successful professional outcomes of a great many men and women. Therefore, during the second half of the nineteenth-century, during the industrial era, the school counted Raoul Dufy, Georges Braque, Othon Friez (then in 1927 Jean Dubuffet) amongst its pupils and endeavored to train several thousand workers, foremen and engineers technical drawing skills. Today, at the dawn of the twenty-first century, our society has plunged itself into the era of images, information and communication. The boundaries that separate art from design are often porous given the extent to which each field borrows images, sometimes attitudes, actions or concepts off the other. Nowadays, these two fields form two territories of creators that at times respectively superimpose and energize each other. Although the two departments of Art and

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Graphic Design are clearly distinct at the School of Fine Art of Le Havre, one unit of teaching and some lessons nevertheless are available on both curriculums. Indeed, each department has its own project, yet they both have certain shared objectives, the main one being to show willingness to maintain dynamic exchanges with external (cultural, institutional, and industrial) partners. The aim of ESAH is to train designers (and amongst these designers, artists) and stakeholders of the design sector. Integrating young designers and protagonists of the art world into society is a fundamental concern that subtends the entire project of the establishment. The Images/Movement workshop was conceived to encourage students to pursue video experimentations throughout their curriculum.

By taking into account the importance of practice and theory, this workshop welcomes diverse aesthetic postures and strives to provide students with responses that are adapted to their work. In coordination with the ESAH’s research laboratory, Esthétiques Spéculatives, pedagogy is aimed at conventional practices of videoart just as much as it is oriented towards an open, experimental practice of proceduralities. By blending the history of video-art and the discovery of its pioneers, the Images/Movement workshop is a partner of both the Mmarcel network and Grand Canal’s website.

Ecole Supérieure des Arts et de la communication de Pau L’Ecole Supérieure des Arts et de la communication de Pau forme aux expressions contemporaines dans les champs actuels de la création artistique et graphique. Etablissement d’enseignement supérieur de la ville de Pau, l’ESAC est placée sous la tutelle du Ministère de la Culture. Elle prépare à deux diplômes nationaux : le DNAP, Diplôme national d’arts plastiques (bac+3), option art ou design graphique et multimédia et le DNSEP, Diplôme national supérieur d’expression graphique (bac+5) option design graphique multimédia. Dans les deux cas, il s’agit de formations clairement ancrées dans le domaine de l’expression artistique et de la création contemporaine. Les pratiques enseignées balayent tous les champs selon la joyeuse prolifération d’aujourd’hui, le dessin, la peinture, la performance, l’installation, la photographie, la sculpture, la gravure, la sérigraphie, le web-art, les déclinaisons du graphisme entre affiche d’auteur et signalétique, sans oublier la vidéo et le multimédia.

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The National Institute for Arts and Communications of Pau teaches contemporary expression in fields related to artistic and graphic design. ESAC comes under the guardianship of the French Ministry of Culture. It is possible to prepare two national degrees at this institute: the DNAP, a national degree in Fine Arts (+3 years’ study), with optional courses in art or graphic design and multimedia, and the DNSEP, a national degree in graphic expression (+5 years’ study) with an optional course in graphic design and multimedia. In both cases, these degrees are well established in the field of artistic expression and contemporary design. The subjects taught comprise a cheerful and up to date spectrum of fields: drawing, painting, performances, installation, photography, sculpture, and engraving, screen processing, web art, fields related to graphic design, customized posters and signs, without forgetting video and multimedia.


Ecole régionale des beaux-arts de Rouen par Jason Karaindros

« En cultivant l’ouverture vers les pratiques artistiques qui utilisent les medias dits nouveaux, et la distance critique envers la fascination du tout technologique, je privilegie des approches où le sens et le sensible priment sur les speculations formelles. Avec le cycle d’expositions « Fenêtre sur rue » qui se tient deux fois par an et que je coordonne depuis six ans, nous montrons des travaux video de nos étudiants dans l’espace public, dans la vitrine de la Galerie Martainville de l’ERBA de Rouen. Des professeurs vidéo d’autres écoles d’art ont egalement carte blanche pour montrer des travaux de leurs etudiants.» “By focussing on the use of the so-called new media in the art field, while underlining a critical distance towards the fascination with high tech, I try to give preference to artistic approaches where sense and sensibility prime over formal speculations. In the biannual exhibition cycle « Fenêtre sur rue » [Streewise window] that I have been coordinating for six years, we show videos of our students in public space, in the window of the Galerie Martainville of the ERBA Rouen. Video teachers of other art schools are as well invited to show works of their students.”

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Le Garage_Saint-Étienne L’Association « Le_Garage » à été créée par des étudiants de l’Ecole Supérieure d’Art et de Design de Saint-Etienne, toutes classes et spécialisations confondues. Cette association a pour objectif la promotion du monde du Libre. Cela se traduit plus spécifiquement par l’uti­ lisation de l’informatique, de la mise en avant de ses dérives, mais aussi des possibilités qu’elle offre avec les systèmes d’exploitations libre, les logiciels libre, etc. Cette notion effrayante de liberté, d’accès non policé à la connaissance s’élargit à de nom­ breux domaines. Art libre, musique li­bre, bière libre, téléphone portable, mais aussi Licences de Libre Diffusion, copyleft et copyright, open­ source, logiciels propriétaires, sont autant de termes qui viennent s’ajouter à un vocabulaire qu’il est important de connaître. L’Association Le_Garage était présente à la Biennale du Design 2008 de Saint-Etienne pour une exposition éponyme. Elle a permi aux vi­ siteurs de se familiariser avec le Libre dans un espace propice à discussions. Le_Garage propose d’ouvrir ainsi un espace dédié au Libre pendant la biennale BanditsMages afin d’engager la discussion avec les personnes présentes autour des productions artistiques du monde du Libre.

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The Association “Le_Garage” was created by students from the Fine Arts and Design School of Saint Etienne, without distinction of grades or specialization. The aim of this organization is to promote the use of Free Softwares in computer systems, but not only. “The_Garage” wants to inform people about the drifts of Copyright, and offers the alternative of free operating systems, freewares... But this frightening notion of liberty, with a non-checked access to knowledge is applicable not only to softwares, but also to art, music or even cell phones and beer. Free broadcasting, free licences, copy­ right and copyleft, opensource and pro­ prietary softwares therefore are important terms in order to understand the policy of “Le_Garage”. The Association “Le_Garage” was here during the 2008 Design Biennial of Saint Etienne, for an eponymous exhibition. It allowed visitors to get in touch with freewares, in an area that was favourable to discussions and exchange. “Le_Garage” therefore offers to open the same kind of area, that would be dedicated to copyleft and opensource during the Bandit-Mage Biennial, in order to let visitors know more about Free Culture.


Instituto politecnico de Tomar (Portugal) http://portal.estt.ipt.pt

L’école Polytechnique Tomar est une institution récente. Son histoire remonte au début de l’année 1973, lorsqu’elle fut créée par décret ministériel. Mais l’installation de l’Ecole de Technologie ne fut possible qu’en 1982. En 1986, les premiers diplômes furent créés, les cours avaient alors lieu dans un vieux bâtiment du centre ville et dans des laboratoires situés aux quatre coins de la ville. Finalement, elle fut transférée en 1992 sur un nouveau campus qui s’étend sur 10 hectares. Le 1er janvier 1997, l’école a obtenu le statut permanent d’établissement indépendant qui comprend trois écoles distinctes : l’Ecole de Technologie à Tomar, l’Ecole de Management à Tomar et l’Ecole de Technologie à Abrantes. Forte aujourd’hui de ses 4000 étudiants et de ses 21 diplômes d’enseignement supérieur, l’IPT offre une large gamme de choix incluant une grande variété de disciplines qui vont des sciences humaines, des beaux arts et de la communication aux sciences de l’ingéniérie et à l’information ; l’accent est mis sur une recherche permanente afin d’adapter le contenu des programmes aux besoins des entreprises. C’est pourquoi, depuis l’année 2007-2008, tous les diplômes sont compatibles avec les exigences de Bologne. Les écoles Polytechniques sont soutenues par des équipes très performantes et impliquées et par des équipements et des services efficaces. L’ensemble contribue à un enseignement de grande qualité et facilite l’accès au marché du travail. Les laboratoires très bien équipés représentent un atout de l’école Polytechnique car ils permettent le travail sur site extérieur et privilégient les échanges avec la communauté et le monde de l’entreprise en facilitant l’implication des étudiants dans des contextes de vie réelle. L’école Polytechnique comprend trois écoles, huit centres et plusieurs bureaux techniques disséminés sur deux campus.

TOMAR POLYTECHNIC (PORTUGAL) Fine Arts, Painting and Intermedia Department The Tomar Polytechnic is a young institution. Its history dates back to the beginning of 1973, when it was created by ministerial decree but it was only in 1982 that installation of the School of Technology was possible. In 1986, the first bachelor degrees were created and classes held in an old building in the downtown using laboratories located in several spots of the city. Finally, in 1992 it changed to a new campus with over 10 hectares. In the 1st of January 1997, it has obtained the permanent statute of independent establishment housing three schools: the School of Technology in Tomar, the School of Management in Tomar and the School of Technology in Abrantes. With about 4000 students today and 21 higher degrees, the IPT offers a wide range of choices including a great variety of subject domains from Human Sciences, Fine Art and Communication to Engineering and Information Technologies seeking to constantly adjust the contents of its study programmes to entrepreneurial needs. Therefore, all degrees are already adapted to the Bologna requirements as from the 2007/2008 school year. The Polytechnic schools are supported by skilled and engaged staff and by effective facilities and services contributing to a high-quality training and eventual access to the labour market. Fully furnished laboratories are an asset of the Polytechnic as they enable outside work and a close relationship with the community and the entrepreneurial world allowing the students’ involvement in real-life contexts. The Polytechnic comprises three schools, 8 centres and several technical offices dispersed through two campuses.

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invitations European Media Art Network (EMAN) Depuis 1995 le réseau de résidences EMARE a promu plus de 100 travaux d’artistes nouveaux médias venu de l’ Europe entière. Le réseau *E*uropean *M*edia *A*rt *N*et­ work (EMAN), nouvellement établi en 2007, hébèrge 16 *E*uropean *M*edia *A*rtists in *R*esidence *E*xchanges (EMARE) en 2008 et 2009 avec le soutien du programme Culture 2007-2013 de l’ Union Européene. Les partenaires de l’ EMAN sont: - IMPAKT, Utrecht, Hollande (www.impakt.nl) - Interspace, Sofia, Bulgarie (www.i-space.org) - VIVID, Birmingham, Angleterre (www.vivid.org.uk) - Werkleitz Center for Media Arts de Halle, Allemagne (www.werkleitz.de) Les travaux produits par chacune des 16 rési­ dences EMARE seront présentés au /*.move*/ *exhibition* du 9 au 25 Octobre 2009 à Halle, Allemagne. Coordinateur de l’ EMAN, Peter Zorn du Wer­ k­leitz Center for Media Art, présentera le programme et montrera des exemples de travaux d’ artistes comme le projet netart primé www.picidae.net de Christoph Wachter et Ma­ thias Jud, quelques courts-metrages promus par l’EMARE ainsi qu’une documentation de la toute nouvelle installation vidéo interactive VESTED de Don Ritters dont la première aura lieu en Octobre à l’expostition .move à Halle (Saale). Ce projet a reçu un soutien financier de la commission européenne. Ce site web reflète les points de vue de l’auteur et la Commission ne peut être tenue pour responsable des uti­ li­sations qui pourraient être faites des infor­ mations contenues dans ce site. Intervention par Peter Zorn, secrétaire général du bureau de Werkleitz Gesellschaft (Wer­kleitz Society)

European Media Artists in Residence Exchange (EMARE) Since 1995 the EMARE residency net­work has commissioned more than 100 works by media artists from all around Europe. The 2007 newly established *E*uropean *M*edia *A*rt *N*etwork (EMAN) hosts 16 *E*uropean *M*edia *A*rtists in *R*e­sidence *E*xchanges (EMARE) du­ ring 2008 and 2009 with support from the European Union - Culture 2007-2013 programme. The EMAN partners 2008-09 are: - IMPAKT, Utrecht, Netherlands (www. impakt.nl) - Interspace, Sofia, Bulgaria (www.ispace.org) - VIVID, Birmingham, England (www. vivid.org.uk) - Werkleitz Center for Media Arts in Halle, Germany (www.werkleitz.de) Work produced from each of the 16 EMARE residencies will be presented at the /*.move*/ *exhibition* from 9^th to 25^th of October 2009 in Halle, Germany. Coordinator of the European Media Art Network Peter Zorn from Werkleitz Center for Media Art in Halle, Germany will introduce in the program and show examples of artist’s work such as award winning netart project www.picidae. net by Christoph Wachter and Mathias Jud, some short films commissioned by EMARE as well as a documentation of Don Ritters brandnew interactive videoinstallation VESTED, which will premiere at the .move exhibition in Halle (Saale), Germany in octobre. This project has received financial support from the European Commission. This website reflects the views only of the author, and the Commission cannot be held responsible for any use which may be made of the information contained therein. Lecture by Peter Zorn, First Chairman of the Board of the Werkleitz Gesellschaft (Werkleitz Society)

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e.magiciens

présentation Marie-Anne Fontenier fondatrice et directrice de Supinfocom et des e.Magiciens

Les e-magiciens / Rencontres Européennes de la jeune création numérique, dirigés par MarieAnne Fontenier, organisés par la Chambre de Commerce et d’Industrie du Valenciennois est le festival européen dédié aux étudiants, enseignants et professionnels œuvrant dans l’univers du numérique. Trois journées placées sous le si­gne des rencontres, échanges, pro­ jections, témoignages, expérimentations. Des tables rondes, conférences, animées par des professionnels, des artistes, des techniciens du domaine numérique. Les courts-métrages et les œuvres interactives des étudiants sont présentés durant toute la manifestation. Certaines de ces œuvres sont primées ou encouragées. Les étudiants auteurs sont là pour soutenir leurs travaux. Ils peuvent ainsi rencontrer des artistes plus confirmés dont les œuvres sont également projetées ou exposées à leurs côtés.

180 Invitations

E-magiciens / European Meetings of the Young Digital Creation, directed by Marie-Anne Fontenier and organized by the Chamber of Commerce and Industry of the Valenciennes region is the European festival dedicated to the students, teachers and professionals of the digital creation area. Three days placed under the sign of meetings, exchanges, projections, testimonys, ex­ periments. Round tables, conferences, animated by professionals, artists, technicians of digital field. Short-films and interactive works of the students are presented during all the manisfestation. Some of these works will be awarded or encouraged. The students authors are there to support their work. In this way, they are able to meet experienced artists, whose works are also screened or exhibited at their sides.


Bertrand Dezoteux Le Corso 2008 | 00:14:00 | prix Scam e.Magiciens 2008

Au départ de ce projet, il y a l’envie de faire une vidéo rurale, sans anthro­pomorphisme, qui se placerait du point de vue d’un animal. Ce postulat est évidemment vain (les animaux ne font pas de vidéo, encore moins de 3D), et le film prend les allures d’un documentaire sur un troupeau d’animaux. At the root of this project was the wish to make a rural video, without anthropomorphism, which would look at the world through the eyes of an animal. This idea, obviously, could not work (animals don’t make video, especially not in 3D), and the film has taken on the feel of a documentary about a herd of animals.

Bertrand Dezoteux Né en 1982 à Bayonne (France), Bertrand Dezoteux est un jeune artiste basque qui n’a cessé dès lors de s’éloigner de sa terre natale. Il s’exile à Angoulême (France) pour étudier la narration graphique entre 2001 et 2003, puis migre en 2004 à Pusan, en Corée du Sud, où il apprend les exigences et la rigueur de la peinture Coréenne. Enfin, il achève sa scolarité à Strasbourg pour passer son DNSEP en juin 2006. En 2003, il participe à la création du collectif Caligrayk !, dont la vocation initiale était la conception et la production d’un magazine interactif, et dont les objectifs actuels restent opaques. En 2006, il collabore avec l’artiste Plamen Dejanoff, qui lui commande cinq collages et une vidéo pour son exposition au MuMok de Vienne. Anciennement étudiant au Fresnoy, Studio National des Arts Contemporains, il s’improvise anthropologue, et observe avec soin les mœurs de l’homo numericus. Born in 1982 in Bayonne (France), Bertrand Dezoteux is a young Basque artist who repeatedly leaves his native country. He first moved to Angoulême (2001 – 2003) to study the graphic novel. Then, in 2004, he learned the rigorous art of Korean Painting in Pusan. He finally got his diploma (DNSEP) in Strasbourg in 2006. There, he worked with the Bulgarian artist Plamen Dejanoff, who commissioned 5 collages. These pictures were exhibited in The MuMok of Vienna, then in the gallery La Chaufferie, in Strasbourg, where one of the collages mysteriously disappeared. Bertrand Dezoteux finished his studies in Le Fresnoy, Studio National des Arts Contemporains. He currently continues to observe, as an amateur anthropologist, the behaviors of the homo digitalus.

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68septante

Focus Antonin De Bemels

LA VIDÉOTHÈQUE NOMADE

http://www.antonindb.be

http://www.6870.be

Projet alternatif de diffusion, La Vidéothèque Nomade est un catalogue d’œuvres audiovisuelles proposées en consultation à la carte (l’intégralité du catalogue est alors mis à disposition du public) ou en séances de projection (programme vidéo thématique ou non). Projet de proximité, il est destiné à créer des temps de diffusion collectifs et conviviaux. La Vidéothèque Nomade invite ainsi les publics à des rendez-vous réguliers, en Belgique ou à l’étranger. Ce projet nomade favorise la circulation des créa­ tions, tous genres confondus (animation, art vidéo, do­cu­men­taire, expérimental, film d’artiste, etc) et ren­ force leur accessibilité auprès du public. À travers ses multiples rendez-vous, La Vidéothèque Nomade, souhaite offrir une visibilité accrue à des créations vi­ déos contemporaines parfois méconnues, soutenir la pluralité des formes et des pratiques artistiques mais aussi développer la participation active du public pour ouvrir des espaces de réflexions, de rencontres et de débats. The project promotes the creation and distribution of contemporary video work through the composition of a video library. It includes works from diverse genres and the artists come from Belgium and abroad. In order to increase the circulation of video works and make them more accessible to various audiences, we will organize site-specific screenings in spaces that are public (cafés, bookstores, art galleries, movie theaters, etc.) and private (apartments and gardens). At these events, visitors can watch thematic programs and/or select the works they would like to see themselves. The main objectives of the project are to create continued visibility for contemporary video works that are often unknown or underrepresented; increase circulation of these works and active audience participation; open up space for reflection and discussion; support the multiplicity of forms and of artistic practice; promote unique efforts that have a critical perspective vis-à-vis the world we live in; and offer collective and open screenings. The Nomadic Video Library is a non-profit project, both for the association (asbl) and the author who’s works are shown. Rather, it is conceived of as a means of exchange – a project that hopes to strengthen the ties between knowledge, feeling, experience…

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Suite à l’édition DVD début 2008 de Videochoregra­ phies & documents inédits 1999-2006 autour du travail de Antonin De Bemels nous lui avons proposé d’intégrer certaines de ses créations au sein du catalogue. Phalange 1997 | 00:11:00

Idiot’s brew 2002 | 00:09:00

Landslips 2004 | 00:07:43

Light body corpuscles 2005 | 00:06:18

Mouthface 2007 | 00:01:40

Techniques de survie en solitaire 2007/2008 | 00:10:00

Jérôme Giller La crise de lard http://www.jeromegiller.net/ 2007/2009 | 00:24:00 | installation vidéode

Le DVD, La crise de lard est la dernière sortie dans la collection Électrons libres (#7) des éditions 68Septante. La Crise de lard est une série vidéographique pensée comme un petit théâtre satirique et pamphlétaire, dans laquelle Jérôme Giller commente sur un ton absurde et volontairement polémique, des œuvres d’art historiques, le fonctionnement et le milieu artistique. La crise de lard is a video series produced as a small, satirical, pamphleteering play in which Jérôme Giller adopts an absurd, deliberately polemical tone to comment on historical works of art, the artistic world and the way it works.


Fonds de Multiples Stock Zéro

par Philippe Zunino & Hervé Foucher (Galerie Ocatve Cowbell, Metz) Stock Zéro s’inscrit dans la continuité du projet initial Bibliobus - Avis de Passage qui s’est développé de 2002 à 2004 avec la collaboration du Centre d’Art Contemporain d’Albi Cimaises et Portiques, du CNEAI, Chatou, ODDC Côtes d’Armor et du CAC Parc St Léger de Pougues les Eaux. Le commissariat général fut assuré par l’artiste Philippe Zunino. Le fonds Stock Zéro a été recueilli en de nombreux lieux tels que, les Ecoles d’Art de Bourges, Cergy, Dubdee University, Metz, Strasbourg, mais également dans des associations La Plate Forme, Théâtréprouvette, des écoles primaires ou des lycées. Ce fonds regroupe actuellement 300 oeuvres pour la plupart des multiples d’artistes, mais aussi des éditions limitées, films vidéos, CD audio, affiches, marques pages, dessins, etc. toutes ces œuvres sont destinées au prêt ou à la consultation sur place. Ce qui sous entend ce projet, ce sont les idées de liberté et de plaisir, une sortie des territoires et des pratiques culturelles cloisonnées, jouer avec l’inattendu, la surprise, éliminer la pesanteur des intermédiaires entre l’art et sa réception. Cela n’est pas sans conséquences sur la forme des œuvres retenues, elles sont petites, légères, se prêtent, se donnent où s’emmènent chez soi. C’est dans ce jeu du glissement et de l’instantanéité que naît le sens. Les incursions brèves, où l’engagement de la pensée se manifestent très souvent avec humour et ne manquent pas de se révéler subversives par rapport au statut de l’œuvre d’art, de son usage, et de la société qui l’inspire. Toutes les oeuvres présentées dans le fonds actuel ont été données généreusement par les artistes qui ont bien voulut soutenir ce projet, que la Galerie Octave Cowbell - Metz - réactive au sein de ses activités artistiques, partenariat avec Philippe Zunino.

Stock Zero is a continuation of the original project Bibliobus (Bookmobile) – Avis de passage (delivery notice) which developed from 2002 to 2004 in collaboration with the Center of Contemporary Art in Albi Cimaises and Walk of Cneai, Chatou, Côtes d’Armor ODDC and ACC Parc de St Léger les Eaux Pougues. The general commissionership was as­sured by the artist Philippe Zunino. The fund Stock Zero was housed in many places such as the Schools of Art of Bourges, Cergy, Dubdee University, Metz, Strasbourg, but also in associations La Plate Forme, Théâtréprouvette, primary schools or secondary schools. The fund currently includes 300 works of many artists, but also limited editions, videos, audio CDs, posters, bookmarks, drawings, etc ... all of these works are intended for the loan or reference use. What this project implies are the ideas of freedom and pleasure, leaving the compartmentalised territories and cultural practices, playing with the unexpected, surprise, eliminating the cumbersome intermediates between art and its reception. This is not without consequences on the shape of the selected works: they are small, lightweight, lend themselves, give themselves away or bring themselves home in this game of sliding and immediacy that makes the meaning spring up. The brief incursions, where the commitment of thought occurs very often with humour and never fails to be subversive in relation to the status of the work of art, its use, and the society that it’s inspired by. All the works presented in the fund have been given generously by the artists wanting to support this project that the Gallery Octave Cowbell - Metz - reactivates in their artistic activities, partnership with Philippe Zunino.

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La marchandisation de l’art ne pose pas tant la question du marché de l’art que celle de la relation qui s’opère aujourd’hui entre la création et les systèmes marchands internationaux in­ fluant sur les conditions de production et de diffusion. Et plus que la question de la marchandisation de l’art, c’est celle du « droit d’auteur » qui est prétexte à une marchandisation en cours de généralisation d’une part, et d’autre part, pré­ texte à un contrôle plus pervasif des réseaux, des droits pour des auteurs dont la qualité n’a pas cessé d’évoluer au vu des pratiques de la création contemporaine. Il est proposé dans cet atelier de mener une réflexion à travers des exemples de pro­ jets émergeant de pratiques souvent plu­ ridisciplinaires qui assument des moyens de diffusion et de production alternatifs, créatifs et autonomes. Cet atelier s’inscrit dans le cycle de conférences proposé par Nathalie Magnan à l’Ecole nationale supérieure d’art de Bourges : « Libre comme l’eau, l’air… L’art c’est le mix?» L’avènement du numérique et sa mise en réseau nous a permis de passer d’une culture de « lecture seulement » à celle de « lectureécriture ». Ce cycle de conférences s’attache à cartographier les enjeux de ces nouvelles pratiques. La facilité avec laquelle les objets culturels peuvent aujourd’hui s’échanger ébranle les opérateurs de la culture dominante. Le cadre légal dans lequel ces productions s’inscrivent cherche donc à contenir ces changements. A la suite de la loi DAVSI (2006), sur le droit d’auteur et les droits voisins, voici qu’est élaborée une nouvelle loi, encore plus dure, intitulée «Internet et Création», dont les propositions sont loin de résoudre l’équation entre les nouvelles formes de consommation/production et une économie pérenne.

Art(s) and Economy(ies) The commodification of Art raises not only the issue of the art market but rather that of the relationship which exists today between the act of creation and the system of international market forces which influence conditions of production and distribution. Another more pertinent issue than the commodification of art is that of copyright, which is an excuse for both more commodification and a more pervasive control of the net­ works, a power of copyright that has been continuously increasing as contemporary creative practices have evolved. This workshop invites participants to reflect on this, using examples of emerging projects that are often multidisciplinary and which use al­ ternative, creative, and independent means of production and distribution. This workshop is part of the cycle of conferences put forward by Nathalie Magnan from the Ecole Nationale Su­ périeur d’Art de Bourges: “Free as the water, the air…art is a mix.” The coming of digital technology and networking has enabled us to pass from a “reading only” culture to “reading and writing”. This cycle of conferences will try to map out the importance of these new practices. The ease with which cultural objects today can undermine the operators of contemporary culture. The legal framework that tries to surround these changes. After the new law DAVSI on copyright and associated rights in 2006, a new law called ‘Internet and Creation’ is now being drawn up which is far from addressing the issues raised by the balance between new means of production and consumption, and a lasting economy.

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L’ économie du désir (en ligne) Les utilisateurs d’Internet ont sans cesse la rétine embrouillée par le marketing visuel et les agents culturels en ligne. La cible (humaine) de choix est in­filtrée, à l’intérieur même de son espace intime via son écran par le biais de différentes stratégies, prin­cipalement par une stimulation profonde des instincts propre à l’usager. Abuser de ces instincts pour la vente de biens est essentiel dans une économie en ligne ultra rapide, et donc la «raison d’être» économique qu’incarne les marchands de l’Internet. Analysant le Spam comme un phénomène de com­munication, tels que la drôle de dictature de Google (dévoilé dans Google Will Eat Itself), les peep-show de la vente de livres sur Amazon (reverse - ingénierie dans Amazon Noir), montre que l’art numérique peut être utilisé simultanément pour démasquer, et jouer un rôle visionnaire à propos de ces stratégies de marketing en ligne envoûtantes et omniprésentes. The (online) economy of desire. Internet users’ retinae are endlessly tangled up by online marketing visual and cultural agents. The (human) target of choice is entered in its own intimate screen space through different strategies, mainly deeply stimulating users’ inner instincts. Abusing these instincts for selling goods is essential in the extremely fast online economy, hence embodying the economical ‘raison d’etre’ of internet corporations. Analyzing Spam as a communication phenomenon, such as the funny dictatorship of Google (unveiled in Google Will Eat Itself), the peep-show book selling of Amazon (reverse engineered in Amazon Noir), show that digital art can be used to simultaneously unmask, and be visionary about, mesmerizing and pervasive online marketing strategies.

Gabi Farages pour Bruit du Frigo

En matière d’aménagement de l’espace ha­bitable com­me dans d’autres champs de l’activité humaine, l’histoire de notre société s’accompagne de la prise de pouvoir de plus en plus importante d’une culture de « spécialistes » investis d’une autorité à agir, savoir, dire le savoir et exercer la prise de décision de façon complétive à un pouvoir, substitutive voire confiscatoire aux populations. Bruit du frigo est une association hybride entre bureau d’étude, collectif d’intervention artistique et structure d’éducation populaire. Bruit du frigo interroge les conditions d’évolution de l’habitabilité de nos espaces, et les méthodes intégrant les enjeux de l’appropriation par l’usager de son cadre de vie. Bruit du frigo s’attache essentiellement à agir dans le réel à partir de son état, de ses conflits, de ses potentiels poétiques, des nécessités créatives de l’ordinaire, dans une recherche de modes de coopération avec les usa­ gers concernés.

Gabi Farages

As far as the layout of living space is concerned, the history of our society shows that power is being increasingly transferred to ‘specialists’ who have been given the authority to act, to know, to say what they know, and to decide on behalf of the general population, even removing the people’s right to do these things for themselves. Bruit du Frigo is a mix between a design office, an artists’

Project director in the group “Bruit du Frigo” [Noise of the Fridge] since March 2000. “Although the development of democratic projects still has an important role in our societies, there are new forms of urbanism left to invent. A growing

186 Art(s) et Économie(s)

Directeur de projets dans le collectif Bruit du frigo depuis mars 2000. « Si le développement des projets démocra­tiques reste un enjeu de nos sociétés alors de nouvelles formes d’urbanités restent à inventer. Un nombre croissant d’individus devrait trouver les possibilités d’avoir prise sur la fabrique permanente du monde où l’on vit.» Architecte et plasticien, Gabi Farage, à choisi très tôt d’inscrire ses pratiques en alternative critique à l’exercice traditionnel du métier d’architecte.


collective, and a public education centre. Bruit du Frigo questions the conditions of evolution of our living space, and the methods for users to take back control of their living environment. Bruit du Frigo is particularly attached to acting within the realm of reality, with its conflicts, poetic potential, creative necessities of everyday life, looking for ways to cooperate with the users concerned.

ARt-Act (Gaspard & Sandra Bébié-Valerian) Free Game Boy À l’occasion du Festival, Art-Act présente son projet Free Game Boy, développé dans le cadre de sa résidence à Bandits-Mages, au mois de juillet 2009. La présentation s’ouvrira sur des aspects élargis de la question de l’économie du partage et plus particulièrement sur une politique du rebut, le Slackspace, pour reprendre les termes de Patrick Durkee. Il y a vingt ans, la distribution de la Ga­me Boy préfigurait les usages et com­por­te­ ments actuels vis-à-vis d’une te­chnologie portable et individuelle. La Game Boy, première console de jeu tenant dans la main et dans la poche, fonctionnant sur batterie et pouvant se mettre en réseau avec ses semblables, contenait dans une cartouche un jeu : image animée, son, texte, interactivité. Cette console portable est depuis longtemps l’objet d’expériences de hacking en tout genre, avec une préférence actuelle pour le son, si caractéristique de la Game Boy. For the Festival, Art-Act presents the Free Game Boy project, which will be developped in july 2009 during the Bandits-Mages residency. The presentation will open on the enlarged issues of the sharing economy and mostly in the politics of waste, to cite Patrick Durkee. Twenty years ago, the Game Boy distribution prefigured the uses and current habits beside a portable and individual technology. The Game Boy, first games console holding in a hand or a pocket, running on batteries and with the capacity to be in network with other devices of same kind, contained in a single cartridge : animated image, sound, text, interactivity. This portable games console is for a long time being the object of many different hacking experiences, with a current preference for the sound so typical to the Game Boy.

number of individuals should be able to have a stake in the permanent fabric of the world we live in.” An architect and visual artist, Gabi Farage decided very early to use her skills to offer a critical alternative to traditional architects’ work.

Le projet d’Art-Act s’inscrit donc dans une continuité de réappropriation et de dé­tour­ nement d’un objet technologique domestique qui a marqué toute une génération de joueurs et de hackers. En créant de nouvelles cartouches, Art-Act se réapproprie un média devenu obsolète et s’en sert pour convertir des espaces numériques en nouvelles don­ nées. Ces données sont orientées vers des contenus autonomisants, c’est-à-dire des savoirs et savoir-faire du quotidien inspirés du DIY, de l’auto-construction, manuels de code, dictionnaires, etc. Il s’agit d’inverser la logique de course à l’high-tech pour privilégier le low-tech, voir l’hyper-low-tech. La mise en place de workshops et de réseaux d’échange de cartouches constitue une autre forme de diffusion des ressources, se situant entre l’échange matériel et l’échange virtuel. Ici, la question est moins celle de l’efficacité d’un tel système d’échange face au monstre que représente Internet, que celle de l’invention de nouveaux espaces marginaux construits sur les déchets, les rebut de la société des média et de la consommation. The Art-Act project is a continuation of reappropriation and subversion of a technologic domestic device which influenced an entire generation of players and hackers. By creating new cartridges, Art-Act takes on a media now obsolete and uses it to convert digital spaces into new datas. These datas are about autonomizing contents, which are dailys knowledges and know-how inspired from the DIY philosophy, autobuilding, code manuels, dictionaries, etc. the purpose is to reverse the race logics of high-tech to favor the low-tech, even more the hyper-low-tech. Workshops and cartdriges exchange networks will constitute another forms of ressources diffusion, set between material exchange and virtual exchange. Here, the question is less about effectiveness of this kind of exchange system facing the Internet monster than the invention of new marginal spaces built upon the waste and scum of the media and consumption society.

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Lycée Edouard-Vaillant Vierzon Depuis quelques années déjà le lycée ÉdouardVaillant de Vierzon propose à ses élèves de choisir dans leurs cursus une option cinéma audiovisuelle, à titre de spécialité ou d’option facultative. Le partenaire professionnel histo­ri­que de l’option est l’association Bandits-Mages. En plus de proposer une approche théorique et culturelle, l’option cinéma audiovisuel met les élèves en situation concrète de production de courts métrages : scénario, découpage, tournage, montage. Chaque année, une de­mi-douzaine d’inter­venants encadre les productions des élèves. Ceux-ci au cours de leurs trois années au lycée découvrent et approfondissent ainsi les différentes étapes de la création de film. Si les compétences acquises sont évaluées lors d’épreuves du baccalauréat, c’est le goût des élèves pour le cinéma qui constitue d’abord le moteur de cette option. For several years now Edouard-Vaillant of Vierzon high school has provided its pupils with film and audiovisual studies as a speciality or optional course to choose from on its curriculum. The professional historical partner of this option is BanditsMages’ association. On top of offering theoretical and cultural lessons, the audiovisual and film option provides pupils with the opportunity to concretely produce their own short films and partake in activities such as screenwriting, cutting, shooting, montage and so forth. Every year, half a dozen contributors supervise the pupil’s work. During the three years at this high school, the pupils thus discover and broaden their knowledge about the different stages that are required in creating a film. Although the student’s acquired skills are assessed for the baccalaureate exams, their interest in films constitutes their initial motivation to take this option.

ZAAP (zone d’activité artistique et pédagogique) La ZAAP met en place des échanges entre les artistes et la population, les jeunes, les structures sociales et scolaires. Le Festival est l’occasion de faire découvrir le travail mené en atelier et d’ouvrir un champ de découverte à tous les publics. ZAEP (Zone of Artistic and Educational Activities) The ZAAP sets up exchanges between artists and communities, young people, and social and educational networks. The Festival provides the occasion to discover the activities carried out in workshops, and opens the possibility of all audiences.

189 Journée ZAAP


La Ronde (fiction)

Journaux filmés ? [Filmed diaries ?]

Film soutenu par « Aux arts lycéens » de la Région Centre

Trois groupes d’élèves de spécialité de pre­mière L, encadrés par Franck Wolff, se lancent dans l’expression libre du journal filmé

Un projet mené avec l’École de l’acteur de Rabat, dirigée par Jean-Marie Courtois, et dix jeunes comédiens marocains. Carlo Rizzo a encadré le groupe de spécialité CAV de terminale 20072008. Une porte magique permet à de jeunes Marocains de circuler entre Rabat et Vierzon pour résoudre leurs problèmes… This project was conducted with the actor’s school in Rabat. It was directed by Jean-Marie Courtois and ten young Moroccan actors. Carlo Rizzo was in charge of the CAV option for pupils in their last year from 20072008. A magical door enables young Moroccans to travel between Rabat and Vierzon to solve their problems…

Bandes annonces de la « Psychanalyse de Vierzon » [Trailer for “The Psychoanalyst of Vierzon”] Film soutenu par « Aux arts lycéens » de la Région Centre et le Centre culturel de Rencontres de Noirlac

David Legrand, le psychanalyste urbain Lau­ rent Petit et une bande de jeunes apprentis cinéastes questionnent les Vierzonnais sur leurs relations avec leur cité : micro-trottoir sur la mauvaise réputation de Vierzon, séance divan en plein vent sur l’amour ou le désamour des citadins pour leur ville. David Legrand, an urban psychoanalyst Laurent Petit, and a group of film students question the inhabitants of Vierzon about their relationship with the town’s council estates : vox pops about the bad reputation of Vierzon and a session on the couch about the town citizens’ sentiments of love or disenchantment for their town.

Lettre vidéo – Vierzon en Europe… [Video Letter – Vierzon in Europe…] Quatre élèves de spécialité de première L, encadrés par Cécilia Cardozo, s’interrogent sur la présence de l’Europe comme instance politique mais aussi culturelle dans le tissu urbain de Vierzon et son histoire récente. Four sixth-year pupils studying humanities under Cécilia Cardozo’s supervision question the political presence of Europe and also its cultural aspects within Vierzon’s urban fabric and its recent history.

190 Journée ZAAP

Three groups of students studying humanities under Franck Wolff’s supervision immerse themselves in the self-expression of filmed diaries.

Une naissance au palais de la deuxième avenue » (Portrait sonore) [A birth at the palace on second avenue (An audio portrait)] Dans le cadre d’un atelier du festival international des scénaristes de Bourges, trois élèves se sont livrés à la production d’un portrait sonore, prenant appui sur un ou plusieurs éléments du palais Jacques Cœur. Résultat ? le récit de la naissance du Prince héritier à l’Empire japonais de Heian au xie siècle… Within the framework of Bourges’ international screenwriters’ festival, three pupils worked on an audio portrait based on one or several elements about Jacques Cœur palace. It results in a narrative about the birth of the crown prince to the Japanese Heian Empire in the 11th century…

Une biographie de Jacques Cœur (docu fiction) [A biography about Jacques Cœur (docu-drama)] À la demande de Georges Buisson, administrateur du Palais Jacques Cœur, le groupe de spécialité CAV de première L 2006-2007, encadré par Hervé Bezet, mène l’enquête sur la vie et la carrière du célèbre argentier de Bourges. Upon the request of Georges Buisson, the manager of Jacques Cœur palace, a group of 2007-2008 CAV sixth-form Humanities students, investigated the life and career of the famous silver cleaner of Bourges. Supervised by Hervé Bezet.


Lycée Marguerite de Navarre Option Cinéma audiovisuel

Le lycée Marguerite de Navarre offre une option cinéma audiovisuel facultative aux élèves de toutes les séries, de la Seconde à la Terminale. En partenariat avec la Maison de la Culture de Bourges et Bandits-Mages, elle est encadrée par Anne Cros-Laforêt, Michel Serra, et Anne-Marie Tyrek. Elle leur permet d’acquérir les outils de l’ana­ lyse filmique et de s’initier aux différentes étapes de la réalisation d’un film, de l’écriture du scénario au tournage et au montage. Des rencontres avec des professionnels du cinéma sont régulièrement organisées et permettent aux élèves de parcourir les différents métiers du cinéma. La formation donnée aux élèves débouche en terminale sur la réalisation d’un film d’une dizaine de minutes présenté au Baccalauréat. Option Film and Audiovisual Studies Maguerite de Navarre High School provides 1st to 3rd year pupils of all disciplines with an optional course on film/audiovisual studies. It was created in partnership with the Maison de la Culture de Bourges and Bandits-Mages and is supervised by Anne CrosLaforêt, Michel Serra and Anne-Marie Tyrek. It enables pupils to acquire the tools needed to analyze films and to learn about the different stages of film-making : from writing a script to shooting and editing a film. Meetings are regularly organized with professional film-makers, thus enabling pupils to familiarize themselves with the different vocations related to film-making.

The pupil’s training results in a tenminute film created in their last year for the Baccalaureate exam.

Les films de terminale [Third year pupil’s films] Crépuscule du soir [Twilight] Film soutenu par « Aux arts lycéens » de la Région Centre

Un soir d’hiver, quatre vies mo­ notones se croisent sans se douter de leur destinée commune. D’après un poème de C. Baudelaire. One winter evening four monotonous lives cross paths without knowing that they each share the same destiny. From a poem by C. Baudelaire.

Suspicion Film soutenu par « Aux arts lycéens » de la Région Centre

Une jeune fille grandit auprès de son grand-père. Une lettre ano­ny­ me. Un passé douloureux. Le doute s’installe et la suspicion com­ mence. A young girl grows up beside her grand-father. An anonymous letter. A painful past. Doubt settles and suspicion arises.

191 Journée pédagogique


Lycée Alain-Fournier Vous et moi [You and me] Vous et moi est une pièce radiophonique réa­ lisée par une classe du lycée Alain-Fournier de Bourges et l’artiste Hélène Magne, réalisatrice d’œuvres sonores, installations et pièces ra­dio­ phoniques. C’est une réflexion sur la prise de parole à plusieurs. You and me is a radio piece realised by high school students from le lycée Alain-Fournier and the artist Hélène Magne, creator of sound works, installations and radio pieces. It’s a thought about speaking out in group.

Collège Bethune-Sully Annette Film soutenu par le Centre culturel de Rencontres de Noirlac

Sabrina, Eva, et Valérie sont les trois filles d’Anna Zaks, dont la famille juive, originaire de Pologne, s’était installée à Paris dans les années 20. Après l’arrestation de ses parents et de sa soeur, Anna est recueillie en 1942 par un couple d’agriculteurs d’Ivoy-le-Pré, Léontine et Isidore Boyau. Elle passe la guerre à l’abri dans ce village du Berry, au sein de la famille Boyau, avant de repartir à la Libération chez une tante de Paris. De retour à Ivoy, Sabrina et ses soeurs nous racontent l’histoire de leur mère et nous font partager cet héritage familial. Les élèves du collège Béthune-Sully d’Henri­ che­mont, ville voisine d’Ivoy-le-Pré, ont in­ ter­rogé les protagonistes de cette histoire. De ces rencontres ils ont fait un film, mûri en atelier avec le concours de Yann Guillemain, réalisateur de documentaires, et l’aide de leurs professeurs d’Histoire, de Français et du do­cumentaliste. Sabrina, Eva and Valérie are Anna Zaks’ three dau­ ghters. Her Jewish family of Polish origin settled in Paris in the twenties. When her parents and sister were arrested, Anna was taken in by a farming couple from Ivoy-le-Pré; Léontine and Isidore Boyau. She was sheltered in this village during the war by the Boyeau family before returning to live with her

192 Journée ZAAP

aunt when Paris was liberated. Upon returning to Ivoy, Sabrina and her sisters tell us the story about their mother and share this family tale with us. The pupils of Béthune-Sully d’Henri­ chemont secon­dary school, situated in the neighbouring town of Ivoy-lePré questioned the protagonists of this story. They made a film out of their findings which was then developed in a workshop with the help of Yann Guillemain, a documentary maker, the participation of their History and French teachers, and the school librarian.


Cent Soleils Cent Soleils est une structure associative d’Orléans qui défend depuis 2001 un cinéma documentaire d’auteur par la diffusion de films documentaires. Elle développe également des ateliers de réalisation, accompagne des projets de films et met en place une production associative. Cent Soleils is an associative structure from Orléans that has defended art-house documentaries by showing documentary films, since 2001. It also promotes film-making workshops, supports film projects and sets up associative productions.

Mohamed Ouzine Lieux communs 2007 | 00:09:00

Film de la série Un jour en France – coproduction Cent Soleils et Sans Canal Fixe Un après-midi filmé entre une fillette et sa grand-mère, prétexte pour évoquer leurs origines, et autres lieux communs. Film from the series Un jour en France – coproduction Cent Soleils and Sans Canal Fixe An afternoon spent filming a young girl and her grandmother; an excuse to evoke their origins and other things they have in common.

adolescents du Club de l’Image de Saran Le repas [The Meal] 2008 | 00:02:00

Atelier de réalisation Cent Soleils - films d’ani­ mation. Un repas bien animé. Cent Soleils film making workshop - animation films An animated meal.

Nadejda Tilhou Clélia Otxanda 2005 | 00:09:00

Atelier de réalisation Cent Soleils – super8 Lettre souvenir à ma fille. Cent Soleils film making workshop – super8 A souvenir letter to my daughter.

Aldo Roberto López Simón Chuy 2003 | 00:12:00

Atelier de réalisation Cent Soleils conduit à Mexico. Un film singulier, où un jeune homme de Mexico nous parle avec délicatesse de son jeune frère. Cent Soleils film making workshop organised in Mexico. A peculiar film in which a young man from Mexico delicately tells us about his young brother.

A la manière de Méliès 2008 | 00:12:00

Atelier de réalisation Cent Soleils - 3 courts-métrages. Les élèves de l’école primaire Maxime-Perrard revisitent l’univers de Georges Méliès. Cent Soleils film making workshop - 3 short films. Pupils form MaximePerrard primary school revisit the universe of Georges Méliès.

193 Journée ZAAP


Sans canal fixe

Un collectif de realisateurs www.sanscanalfixe.org

Depuis 1999, le collectif de réalisateurs Sans Canal Fixe, basé à Tours,  développe des al­ ternatives à la production et à la diffusion, pour accompagner des formes d’écriture et de pratiques cinématographiques singulières, affranchies des critères normatifs de la télé­ vision et du cloisonnement en genres (fiction, documentaire, expérimental). Les réalisateurs du collectif choisissent de renouer avec une tradition de cinéastes-ar­ tisans face à l’industrie cinématographique. Les moyens de production, l’environnement de travail, la réalisation des films sont envisagés comme un tout et ne sont pas dissociables d’une réflexion sur le cinéma documentaire comme langage inscrit dans les réalités d’une époque. L’association permet la réalisation d’un grand nombre de films de toutes formes, durées et genres, pour tremper le cinéma documentaire dans des bains révélateurs et paradoxaux. De ces pratiques éclectiques naissent : - des programmes : essais cinématographiques courts assemblés selon un ordre choisi par l’ensemble des réalisateurs, soit une centaine de films rassemblés en 16 programmes ;  - des longs-métrages documentaires,

194 Journée ZAAP

- des films réalisés lors d’ateliers documentaires dans le cadre des activités d’éducation à l’image. - des films commandés par des in­sti­tutions, des associations, col­ lectivités locales et territoriales A collective of film-makers Since 1999, Sans Canal Fixe, a collective of film makers based in Tours, has been developing alternative ways of producing and broadcasting films to accompany singular forms of writing and film making that are liberated from television standards and the pi­ geonholing of genres (drama, do­cu­ men­tary, experimental). The film-makers of the collective de­ cided to revive the tradition of ar­tisanfilm makers at the hands of the film industry. The means of a production, the work environment and film making are perceived as an entity and cannot be dissociated from the idea that documentary films form a language that is inscribed in the realities of an age. A great number of films of all shapes, lengths and genres were made by the association, thus exposing documentary films to revealing and paradoxical practices resulting in: - programs: short film tests assembled in a specific order chosen by the


film-makers; roughly one hundred films con­ centrated into 16 programs: -full-length documentaries - films made during documentary workshops based on educative activities about images - films ordered by institutions, associations, local and regional collectivities

Les gros mots du Baron 2003 | 00:02:00

Réalisation collective. Les mots du patron des patrons lors d’un meeting du MEDEF. Collective production. The words of the boss of all bosses during a MEDEF meeting

Yvan Petit Le cinéma en ruines 2003 | 00:08:00

Le cinéaste Joseph Morder revient dans une ville qu’il aurait voulu pour décor… Joseph Morder is a film maker who returns to a town that he would have liked as a setting…

Franck Wolff Un p’tit son 2003 | 00:05:00

Le premier ministre dira t-il son p’tit son ? Will the Prime Minister make his little noise ?

Mohamed Ouzine et Maud Martin L’indépendance 2006 | 00:06:00

Une rencontre dans la montagne algé­ rienne. A meeting in the Algerian mountains

Franck Wolff L’eurobus

Élèves de BTS du lycée Grammont de Tours Images des fêtes [Party pictures] 2006 | 00:12:00

Film issu d’un atelier documentaire pro­ posant d’interroger un nouveau mode d’images, celles fabriquées par les élèves avec leurs téléphones portables, autour d’une thématique: la fête et le collectif. Pupils of Grammont Secondary School, Tours. Film resulting from a documentary workshop which questioned a new method of working with images; images taken with mobile phones by students about a theme: parties and collectivities.

Pepiang Toufdy , Verdu Mampasi, Renaud Jeanne Lettre de l’étranger 2006 | 00:11:00

Lettre filmée entre France et Afrique, his­ toire d’un fils racontée à sa mère, pen­dant que la France légifère (film d’atelier au Foyer des Jeunes Travailleurs de Tours à partir du thème : « Quand je suis arrivé à Tours »). A letter filmed between France and Africa; the story of a son told to his mother, while France is creating legislation (a workshop film made by the Youth Centre for Young Workers of Tours. Based on the theme, “When I arrived in Tours”).

2004 | 00:05:00

Un bus de campagne électorale de l’UMP s’arrête en périphérie d’un village..Non sans mal. A UMP election campaign tour bus stops on the outskirts of a village and encounters a few difficulties.

195 Journée ZAAP


Coul = 0% 50% 100% 0%

134 mm

152 mm

182 mm

107 mm

1,9 mm

20 mm 7,7 mm

144 mm

22 mm


m

Jean-François BARTHELEMY Maël FRANCOIS Carlos Felipe LEON ORTIZ Al Dente France | 2007 | 00:06:07 Format : BETA | Couleur | Stereo | Musique : Mathieu Alvado Production : Supinfocom Valenciennes | supinfocom@valenciennes. cci.fr | Distribution : Premium Films | animation@premium-films.com

Dans un village italien, une fillette abandonnée cherche à manger dans la rue. La voix d’un chanteur d’opéra la guidera vers un monde fantastique et dangereux. In an italian town, a little peasant girl looks for food in the streets. The voice of an opera singer then leads her to a wonderful and dangerous world.

Philippe Desfretier Nicolas Dufresne Sylvain Kauffmann Martin Laugero Bave Circus [Slime Circus] France | 2008 | 00:04:50 Format : BETA | Couleur | Stereo Music : Thomas Miquel | Production : Supinfocom Valenciennes | supinfocom@valenciennes.cci.fr | International Sales | Premium Films | animation@premium-films.com

Par un après-midi pluvieux, un petit garçon joue avec ses escargots. Il bascule avec eux dans un cirque d’escargots onirique. On a rainy afternoon, a child plays with his snails. He falls along with them in a dreamy snail circus.

Aurélie Fréchinos Victor-Emmanuel Moulin Thomas Wagner Clik-clak 2005 | 00:05:38 | Couleur | Color | Format 4/3 | Stereo |Musique : Poum Tchack | Production : Supinfocom Arles | Distribution : Premium Films animation@premium-films.com

2 robots apprennent à parler sans paroles à un jeune garçon. 2 robots teach to speak without a word to a young boy.

197 Les p’tits Bandits


Céline Ternisien Maxence Verniers Sylvain Leclercq, Florian Charlet Comment se débarasser de son petit frère [How to get rid of a baby brother ?] France | 2008 | 00:05:03 Format : BETA | Couleur | Stereo | Musique : Pierre Caillet Production : Supinfocom Valenciennes | supinfocom@ valenciennes.cci.fr | Distribution : Premium Films | animation@premium-films.com

Camille, jalouse de son nouveau petit frère, décide de s’en débarrasser, Camille is jealous of her new baby brother, she decides to get rid of him.

Guillaume CASSUTO Thomas MOINE, Sylvain PERLOT Doggy Bag France | 2007 | 00:05:05 Format : BETA | Couleur | Stereo Production : Supinfocom Valenciennes | supinfocom@ valenciennes.cci.fr | Distribution : Premium Films | animation@premium-films.com

Dans un quartier dévasté, deux voisins de palier affamés décident au même moment de dévorer le chien de la grand-mère qui habite au dernier étage de l’immeuble... In a devastated world, two neighboors decide at the same time to eat the dog Of the grandma who lives in the top floor of their building...

198 Les p’tits Bandits


Simon Lallement Grégory Fatien David VandenBroecke GoodBye Canine

Antoine DEMONGEOT Julien FERRY Gregory WEISS Poetico mecano

France | 2006 |00:05:10 Musique : David Chochoi Production : Supinfocom Valenciennes | supinfocom@ valenciennes.cci.fr | Distribution : Premium Films | animation@premium-films.com

France | 2007 | 00:07:15 Format : BETA | Couleur | Stereo Musique : Gregory Calzadza Production : Supinfocom Valenciennes | supinfocom@ valenciennes.cci.fr | Distribution : Premium Films | animation@premium-films.com

Combien de fois avez-vous glissé une dent sous votre oreiller, et fait semblant de dormir pour surprendre la petite souris ? How the little mouse collect the teeth of the children ?

Rémi Durin Mlle Chloé 2007 | 00:08:00

Quand une vieille usine pleine de tuyaux se transforme en formidable instrument de musique.

Alors qu’un inventeur charlatan, dé­ sireux de montrer ses inventions au monde parcours les villes, il fait la rencontre d’une lavandière sur son chemin. Il ne peut s’empêcher de lui faire la cour au travers de ses nombreuses trouvailles. When an charlatan’s inventor, inclined to show his inventions in the world run different towns, he meets a girl on his way.

When an old factory full of pipes turns into a wonderful musical instrument.

199 Les p’tits Bandits


Coul = 50% 60% 0% 0%

Isabelle & Nathalie, les charmantes tricoteuses de chez Phildar, Bourges

l’association Bandits-Mages remercie chaleureusement : Catherine Delmas-Comolli, Madame le préfet du Cher François Bonneau, Président du Conseil Régional Centre Alain Rafesthain, Président du Conseil Général et de la Commission Permanente Serge Lepeltier, Maire de Bourges Jean-Claude Van Dam, directeur Régional des Affaires Culturelles du Centre Michel Talbot, développement culturel et action territoriale DRAC Centre Jean-Christophe Royoux, conseiller aux arts plastiques DRAC Centre Matthieu Langlois, conseiller cinéma et multimédia DRAC Centre Anne Lepage, conseiller à l’éducation artistique DRAC Centre Nadia Parnaud, responsable service financier DRAC Centre Cécile Denis, Laurence Ploncard et la commission DICREAM du Centre National de la Cinématographie. Jean-Christophe Theobalt, Ministère de la Culture et de la Communication, Délégation au développement et aux affaires internationales Marc Sadaoui, directeur général délégué à la Culture et aux Sports Région Centre Alice Karpov, conseiller service culture Conseil Régional du Centre et Guillaume Lasserre Karine Sauzet, chargée des actions culturelles Conseil Régional du Centre Pascal Meyer, directeur de la coopération internationale et Sidonie Delhomelle et Aurélie Milhavet, chargée de mission

à la direction de la coopération internationale, coopération décentralisée de la Région Centre Olivier Planchon, Directeur adjoint du CCCL de Vientiane, attaché culturel et audio-visuel, centre de langue française et Karine Amarine, Directrice du centre de langue française à Luang-Prabang. ville de Bourges : Phillippe Gitton, Maire adjoint chargé de la culture Monsieur Blanc, Maire adjoint déléguée aux Services Techniques Jean-François Foucault, directeur du service culture, du patrimoine et du tourisme Isabelle Moret, attachée à la direction de la culture et du patrimoine Nicolas Varin, directeur de la communication Philippe Moreux, Régie technique Michel Pobeau, directeur de l’agence Culturelle et les services culture, communication, enfance et jeunesse, technique et bâtiments de la ville de Bourges L’équipe du Théâtre JacquesCœur L’office du tourisme de Bourges Michel Bourumeau, directeur de la Culture, Jeunesse et Sport du Conseil général du Cher et toutes les équipes des services culture et communication du Conseil général du Cher et Corinne Dardé La DDJS (18), Eric Bergeault, Secteur Jeunesse-Vie Associative et Angel Tapia, directeur départemental de la jeunesse, des sports et de la vie associative. L’académie d’Orléans-Tours

les associations de la Friche Culturelle l’Antre-Peaux : Emmetrop | Le Nez dans les étoiles | Mille Univers | la F.O.L du Cher et l’ensemble des équipes des associations de la Friche l’Antre-Peaux

Jury des sélections : Laurent Makowec | Brent Klinkum | Isabelle Carlier, Jean-Paul Labro | Labib Abdereman | Jean-Pascal Vial |Nathalie Magnan | Jean-Pascal Vial | Arnaud Dezoteux

Fatima Ramos, consultante culturelle à l’Ambassade du Portugal et directrice de l’institut Camoes, Paris ainsi que Fernanda Jumah son assistante

Jury du concours : Indépendants : Sandra Patron | Sammy Engramer | Elisabeth Pawlowski | Hervé Trioreau (suppléant) Etudiants : Nicolas Schermkin | Annelise Ragno | Mo Gourmelon | Frederic lecomte (suppléant)

galeries : Graça Brandão | Lisboa 20 Arte Contemporanea | Caroline Pagès | Baginski Cristina Guerra | 3+1 Arte contemporena | Marz | Carlos Carvalho Arte Contemporânea Pedro Lapa Musée du Chiado Ivanio Gallo : FIL International Fair of Lisbon galerie Rabouan-Moussion (Paris) Morad & Agnès Djaoudi École Nationale Supérieur d’Art de Bourges (ensa) : Stéphane Doré, directeur Jean-Yves Gauthier Joëlle Delaloy Laurence Thonniet Stéphane Beaudonnet Nadia Lecocq Gilles Martinez Colombe Legalle galerie La Box (ensa) : Chloé Nicolas, coordinatrice Laurent Gautier, régisseur Véronique Frémiot Elfi Turpin & Solenn Morel, commissaires du cycle d’exposition Concept Aventure artistes-enseignants (ensa) : Nathalie Magnan Jean-Luc André Jean-Michel Ponty Hervé Trioreau et l’ensemble du personnel, des enseignants, et des étudiants

Les directeurs et enseignants des écoles invitées toutes les équipes bénévoles... Les traducteurs et interprètes : Rachael Brooke|Tim Stapelton|Olga Moine| Mandy Brice|Audrey McGlinchey Le CA de Bandits-Mages : Sylvie Chany | Karim Haddad | Hervé Bezet | Frédérique Marciniak | Jean-Paul Labro | Gilles Martinez | Nicolas Hérubel | Louise Dubigny | Marilou Hartinguais Les bénévoles : Elise | Pauline | Ilazki, Débora | Ursula | Matéo, Cécile | Clara | Jung | Aurélie | Déborah | Christelle | Malika | Claire... à tous ceux qui soutiennent Bandits-Mages depuis 18 ans et à tous les artistes et participants du Festival.




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