Zones protégées N°4

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© Photos Adecal

texte Frédéric Huillet

En Calédonie, 16 palangriers débarquent quelque 2 800 t de poisson (thon, marlin…) par an, alors que 305 navires de pêche côtière collectent 1 000 t de ressources récifales. Les poissons perdent en moyenne la moitié de leur poids en rejets après filetage.

Des poissons recyclés La Calédonie produit environ 1 400 tonnes de déchets de poissons par an. Une unité pilote de traitement est en cours de conception à Lifou, en partenariat avec un industriel néo-zélandais. Elle permettra de valider les filières de valorisation avant la création d'une usine Pays à Nouville.

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aute de procédé de traitement fiable et économiquement rentable, la moitié du poisson transformé en atelier finit à la poubelle puis en enfouissement, soit environ 1 400 tonnes par an. Pourtant, les têtes, la peau, les viscères et les arêtes ont un formidable potentiel. Ce sont des déchets organiques qu’on peut convertir en engrais pour l'agriculture, biogaz ou complément alimentaire pour animaux. Ils auraient même des débouchés vers la diététique, la cosmétique et la biotechnologie. L'Adecal Technopole* se penche sur cette question depuis 2011 en partenariat avec la Province des Iles. Elle s'est tournée vers la Nouvelle-Zélande et un homme hors du commun, Kypros Kotzikas. D'origine chypriote, il a débuté comme simple pêcheur jusqu'à bâtir un empire industriel, « United Fisheries ». L'une de ses activités concerne directement le recyclage des déchets de poissons. Par une méthode dite « d'hydrolyse enzymatique à température dirigée », les déchets sont mélangés à un cocktail

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d'enzymes qui dévorent les protéines. En seulement une dizaine d'heures, une soupe bio est disponible. Elle est affinée puis utilisée comme engrais pulvérisable, fertilisant ou complément alimentaire pour les animaux d'élevage.

Procédé confidentiel

À l'issue d'un premier voyage d'études en Calédonie, Kypros Kotzikas a signé un partenariat avec l'Adecal, la Province des Iles et la Sodil. Il accepte de livrer sa technique de fabrication pour une usine pilote implantée à Lifou, sous couvert d’un accord de confidentialité concernant certains détails. Une de ses équipes se charge de la mise en route, ainsi que de la formation du personnel. Le travail concerté entre Néo-Zélandais et Calédoniens a été nécessaire pour adapter le procédé industriel à l’usine pilote et au milieu tropical. Non polluant et peu énergivore, il fera appel aux énergies renouvelables. 

* Adecal : Agence de développement économique de la Nouvelle-Calédonie

Kypros Kotzikas.

L’unité pilote de Lifou D'un coût de 30 millions de francs, l'unité de traitement de Lifou est financée par la Province des Iles avec la participation du consulat de Nouvelle-Zélande. L'Adecal Technopole assure la maîtrise d'œuvre du projet, pour une mise en activité envisagée à la fin du premier semestre 2016 et une capacité de traitement d'une tonne par jour alimentée par l'ensemble des îles. Les fertilisants bio obtenus seront revendus à bas prix aux populations des Loyauté, réduisant l'importation d'engrais chimiques. D'ici deux à trois ans, cette unité pilote devrait permettre de cerner les applications les plus intéressantes pour la Calédonie. Avant que le feu vert soit donné à une structure à l'échelle du Pays, proche des pêcheries de Nouville.


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