Avenue 88 magazine - Numéro 2

Page 1

AVENUE 88 N°2

Keros-N, l’homme au double visage En coulisses avec Cotis et Jody




S’affirmer Nelly Bordelais: la thérapie sans frontières P. 18

Valoriser Photographe Nicki Mariette P. 130

Dossiers Exclusifs Keros-N, l’homme au double visage P. 58 En coulisses avec Cotis et Jody P. 94

Entreprendre Business corner: focus sur Jemploi P. 86 Les «french caribbean» partent à l’assaut de Los Angeles P. 90


Créer Portfolio: Sisterhood P. 22 Empowering photographie par Clara Serva: New beggining P. 50 Porfolio: Nèg mawon P. 68 Le make-up d’Elisa P. 110

Découvrir Restaurant Secret Mood P. 118

Inspirer Dans la peau d’une directrice artisitique

P. 12

La Guadeloupe sous les feux des projecteurs au Royaume-Uni P. 36 Le combat d’une «endowarrior» accomplie

P. 46

Erasmus, en route vers la Grèce

P. 123


Édi

La dualité — Trouver l’h

Dans la vie, toutes les choses qui existent sont comp féminine et l’énergie masculine. La pluie et le beau tem un tout et coexistent ensemble. Apprendre à naviguer du jeu de la vie. Cette deuxième parution est placée sous le thème d Keros-N, l’homme au double visage. À travers notre coulisses avec le duo dynamique Cotis et Jody. Et, e atteintes d’endométriose; Vanessa Kancel nous raco comment garder espoir lorsque tout semble perdu d’a Plongez dans notre univers et trouvez l’harmonie dans


ito

harmonie dans le chaos

posées de contraires. La joie et la tristesse. L’énergie mps. La maladie et la santé... Ces deux extrêmes forment entre ces deux pôles et trouver un équilibre font partie

de la dualité. En couverture, nous mettons à l’honneur deuxième dossier exclusif, nous vous emmèneront en en ce mois de novembre, nous soutenons les femmes onte son combat contre la maladie et nous montre avance. s le chaos.

La rédaction






©DR


Dans la peau d’une directrice artistique Écrit par Nohémie M

Dola Onikoyi est une directrice artistique nigériane âgée de 41 ans. Aux prémices de sa carrière, elle travaille aux côtés de nombreux photographes africains et acquiert un savoir-faire pointu dans la réalisation de projet artistique. Forte de son expérience et certaine de ses compétences, elle crée Crystal Deroche en 2008. À l’aide de son agence créative, elle propose son expertise dans le domaine de la communciation visuelle. Elle crée et développe des concepts ayant pour but de promouvoir un produit. Grâce à son regard averti et son esprit inventif, elle s’impose sur le marché de l’art et de la mode africaine. Pouvez-vous raconter vos premiers pas dans le monde de la mode? DO: Mes premiers pas dans le monde de la mode ont été en tant que styliste de photographie. N’ayant pas d'expérience, j'ai dû faire beaucoup de recherches pour trouver d'autres

créatifs qui, comme moi, étaient nouveaux dans le milieu et brillants dans leur domaine respectif. [Je fais référence aux] photographes, maquilleuses, mannequins, créatrices de mode, etc. Ce qui est marrant c'est que cela m’a pris un mois de networking intense avant de pouvoir organiser mon premier photoshoot. Je me souviens encore du soulagement que j'ai éprouvé en voyant à quel point les images étaient belles. Quelle est la mission de votre agence Crystal Deroche? DO: Crystal Deroche est une agence de communication offrant des services sur mesure de direction artistique. Nous créons également des évènements dans le monde de l'art et de la mode principalement. Quel a été l’un des projets les plus marquants de votre carrière? DO: J'ai beaucoup aimé mettre en place la direction artistique du premier lookbook et de la première campagne AV/88●13


publicitaire de la créatrice de mode Anita Quansah. Le concept évoluait autour du thème de la féminité et de la sensualité de la femme [...] Un autre projet que j'ai beaucoup adoré est l'exposition AfroFusion.

©DR

Qu’aimez-vous le plus dans votre profession? DO: J'aime avoir l'opportunité de travailler sur différents supports comme la photographie et la vidéographie. J'ai aussi la chance de pouvoir travailler avec différentes équipes et sur une variété de projets; de cette façon je suis sûre de ne jamais m’ennuyer. Avez-vous des conseils à donner aux personnes qui souhaitent évoluer dans l’univers de la mode? DO: Mon conseil est de vraiment faire un maximum de recherche afin de bien comprendre l'industrie et également se renseigner sur le métier que l'on souhaite exercer. Il faut aussi impérativement faire du networking dans l’optique de se constituer une équipe avec laquelle se développer et se créer un book photo. Je conseille aussi de faire du volontariat et d'assister un [photographe ou styliste] sur une séance photo, par exemple. Quelle est votre devise? DO: Parfois on gagne et parfois on apprend. Mais on ne perd que lorsque l'on abandonne.

Dola Onikoyi Fondatrice de Crystal Deroche

«Parfois on gagne et parfois on apprend. Mais on ne perd que lorsque l’on abandonne.»


©DR

©DR

©DR


©DR


©DR


ŠManuel Alejandro Leon


La thérapie sans frontrières Écrit par Gaëlle Jean-Baptiste

Nelly Bordelais se décrit comme étant “une femme, une jeune maman, une fille, une sœur, une amie et encore plein d’autres aspects de la vie.” Psychothérapeute originaire de la Guadeloupe, elle vit au Mexique depuis maintenant huit ans. Passionnée par la tradition maya toltèque, elle apprend les rouages de ces pratiques ancestrales aux côtés de guides spirituels. En alliant thérapie contemporaine et coutumes antiques, elle aide les femmes à s’épanouir dans l’évolution de leur vie. “J’ai étudié la psychologie moderne avant de me rendre compte que tout ce que l’homme découvre aujourd’hui avait déjà été dit…” Quand s’est révélée cette vocation? NB: J’ai d’abord voulu en savoir plus sur les massages du corps. En 2011, lors d’un voyage au Mexique, je rencontre un homme très simple et humble qui me fascine par sa façon de percevoir la

vie. Je décide d’apprendre avec lui. Les techniques de massages deviennent un voyage expérimental de lecture du corps : s’initier aux énergies et blocages du corps. M’approprier ce que j’avais appris, le partager autour de moi, voir mes changements et ceux de l’autre ont été ma première révélation. Les grandes rencontres et les expériences vécues ont rendues ce désir de partage chaque fois plus fort. Comment prendre conscience de chaque moment de notre vie? NB: Quand un enfant marche en jouant ou en parlant à tel point qu’il ne regarde plus devant lui et se heurte à un poteau, on lui demande de se concentrer sur son chemin et d’arrêter d’être distrait. C’est la même chose pour nous. Dès lors que nous ne savons pas où et comment nous avançons dans notre processus de vie, nous ne profitons pas de l’instant présent, mais nous sommes accrochés au passé ou préoccupés par le futur. L’approche maya toltèque AV/88●19


est réellement accessible à tous; c’est une sagesse qui réside en chacun d’entre nous. Les critères de beauté, la morale, l’idée de consommation, la dépendance affective, les notions de plaisir et d’appartenance, de possession, de succès ou d’échec, la peur de s’exprimer, la dépression, le stress, les angoisses, etc., sont autant de concepts qui nous éloignent de la conscience de soi et de la valorisation de la vie ou de ce que l’on vit. Parlez-nous des Abuelas, chamans et guides spirituels que vous avez rencontrés. Quelles richesses apportent-ils au monde? NB: Ce sont les gardiens de la sagesse ancestrale, cette vérité qui traverse le temps et les frontières. Ces enseignements qui nous rappelle qui nous sommes et ce qui est essentiel. Cette connaissance qui redonne un sens à notre existence. À leur contact, je me souviens de la simplicité de la vie, la beauté du rire, l’autodérision, et la force inépuisable qui nous habite. Mais surtout, le sens profond de l’amour et la grandeur de notre vulnérabilité. Apprendre avec eux c’est accepter d’abandonner qui nous sommes au moins l’espace d’un moment. Désapprendre pour apprendre à être. Ce que je retiens à leur contact c’est cette confiance pleine en la vie et en l’autre [...] Mettre une certitude là où, pour moi, il n’y avait que des doutes…

J’ai appris à ne pas lutter pour prendre ma place car ma place a toujours été là. J’ai également appris l’abondance sous toutes ses formes grâce à eux. Cette approche riche de la tradition maya toltèque s’adaptet-elle au peuple de Guadeloupe et son histoire ? NB: Je crois profondément que les enseignements de la sagesse ancestrale maya toltèque traversent le temps et les frontières. Ils nous renvoient à notre vérité personnelle. Qui sommesnous? Que nous dicte la voix de notre cœur? Qu’ai-je décidé de vivre? En Guadeloupe, comme ailleurs, les paroles de la tradition font écho. L’atelier a reçu un très bel accueil en 2017. Revenir en Guadeloupe, à ma propre source, à mes racines profondes fut très important pour moi. Quel public aidez-vous? NB: Celui qui veut être accompagné mais il est vrai que je me spécialise sur la femme dans ses processus de vie. Nous sommes à une époque charnière et il est important que la femme se valorise et prenne conscience de son impact. C’est un grand thème, il nous faudra une autre interview pour en parler. Sur votre site, vous proposez notamment des cercles de femmes, et œufs de yonis. Pouvez-vous nous en dire plus?


NB: La femme a un rôle important à jouer dans ce monde. Elle donne vie et enseigne à ses enfants l’art d’aimer et d’être aimé. Le travail de groupe nous permet de percevoir le reflet des uns et des autres. Ce que je ne remarque pas chez moi, je peux l’observer chez l’autre et ainsi mieux comprendre mon propre cheminement. On apprend à dissoudre l’idée de bien et de mal, du jugement sur soi et de l’autre pour voir apparaître les leçons de vie. Créer

alors ce qu’on appelle la sororité, cette complicité, cette écoute, cette confiance et cette intimité entre femmes: un espace propice à la transformation de chacune. Travailler avec l’œuf de yoni ou œuf vaginal est une expérience similaire. Dans un processus long nous réapprenons à vivre et sentir notre corps, ce véhicule qui nous permet d’expérimenter la vie et communiquer avec le monde.

Nelly Bordelais Psychothérapeute ©DR

«Nous sommes à une époque charnière et il est important que la femme se valorise et prenne conscience de son impact.»


SISTERHOOD

Photographe: Clara Serva Make up: Elisabeth Botrand-Phaan Modèles: Connie Simon Juliana George Retouches photos: Clara Serva Conception & direction artistique: Clara Serva Coiffure: Elisabeth Botrand-Phaan


23















La Guadeloupe sous les feux des projecteurs au Royaume-Uni Écrit par Nohémie M Photographié par Clara Serva Sarah Aldoncar, guadeloupéenne âgée de 32 ans, réside en Angleterre depuis maintenant dixsept ans. Consciente que son île natale n’est pas l’une des plus populaires au Royaume-Uni, elle décide de bousculer son train-train quotidien le temps d’un concours de beauté. Gestionnaire de paie dans la vie, elle se lance un défi: participer à l’élection de Miss et Mister West Indies UK et faire connaître au plus grand nombre la culture guadeloupéenne.

Pourquoi avoir décidé de participer à une élection de miss à l’étranger? SA: Au Royaume-Uni, notre île n’est pas très connue. J’ai saisi cette opportunité pour promouvoir les Antilles Françaises; sa beauté, sa culture, son histoire... Je voulais aussi partager mon expérience. Cela n’a pas été facile d’arriver où j’en suis aujourd’hui, j’ai alors pensé que ce serait une plateforme impressionnante

[à utiliser] pour inspirer les autres jeunes femmes comme moi à ne jamais abandonner! Vous êtes devenue ambassadrice des Antilles en 2018. Que cela représente-t-il pour vous? SA: C’est comme un rêve devenu réalité! [...] J’ai pu constater que ce concours ne reposait pas uniquement sur la beauté des candidats. Notre objectif est de pouvoir aider et soutenir les îles de la Caraïbe en apportant notre soutien aux œuvres de bienfaisance, aux différentes communautés antillaises, etc. Nous essayons de construire un lien entre la Caraïbe et le Royaume-Uni et de le conserver sur le long terme. Faire partie de ce projet est tout simplement incroyable. Comment mettez-vous en avant la Guadeloupe à travers votre mandat de miss? SA: Je suis née et j’ai grandi en Guadeloupe. Grandir en Guadeloupe AV/88●37


m’a apporté un certain sens moral et une compréhension de la vie ellemême à un jeune âge. Ma force et mon expérience en tant qu’adulte viennent de là où je viens. La Guadeloupe a fait de moi ce que je suis. C’est ainsi que j’ai pu représenter la vraie femme guadeloupéenne et apporter cette authenticité au concours. Comment vous êtes-vous préparée pour ce concours de beauté? Qu’avez-vous appris sur vous-même grâce à cette expérience? SA: Lorsque j’ai postulé au concours, j’avais une vision claire et précise. Je voulais, non seulement, paraître glamour et représenter la beauté de la femme noire, mais je voulais aussi apporter un avant-goût des Antilles Françaises au public anglais. Chaque candidat venait de diverses régions des Antilles. J’ai réalisé que même si nous provenions d’îles différentes, nous partagions la même histoire, le même passé et la même culture. Quelle a été la plus grosse difficulté lors de cette aventure? SA: Mon plus grand défi était de rester organisée et concentrée, car je travaillais également sur d’autres projets. Je devais me consacrer pleinement au grand défi, mais cela c’est très bien passé finalement. Dieu a été bon et m’a donné de la force tout au long de ce voyage.

Quels sont vos futurs projets? SA: Je travaille actuellement sur ma propre entreprise de planification et d’organisation d’événements, que j’envisage de développer en Guadeloupe un jour. Je veux également trouver des astuces pour encourager les femmes à atteindre leurs objectifs [...] Je suis heureuse d’être devenue la femme que je suis aujourd’hui et, j’espère pouvoir inspirer d’autres femmes à devenir la meilleure version d’elles-mêmes.

«Je voulais, non seulement, paraître glamour et représenter la beauté de la femme noire, mais je voulais aussi apporter un avant-goût des Antilles Françaises au public anglais.»


©DR

©DR








©DR


Le combat d’une “endowarrior” accomplie Écrit par Ghislaine Ferec

Vanessa Kancel est une jeune serial entrepreneure inspirante, une combattante résolue contre l'endométriose, une authentique messagère de l'espoir. Devenue maman malgré sa maladie, elle dévoile tout sans ambages dans son blog "Caribbean Mompreneure". Pour Avenue 88 magazine, Vanessa Kancel livre sans fard son vécu, ses moteurs pour une vie positive et engageante. Un Bachelor of arts en Ressources humaines et Commerce international en poche à la London Metropolitan University, Vanessa Kancel s'ose avec audace et perspicacité à un nouveau registre en créant sa toute première société Creolicious Catering en 2007, pendant ses sept années passées à Londres. “J'ai créé ma première société toute seule, à l'âge de 25 ans, suite à un concours de création d'entreprise dans mon université, que j'ai gagné avec une dotation. J'ai eu le privilège d'être incubée dans une pépinière

d'entreprises en Angleterre où j'ai pu développer mon concept qui était un traiteur de cuisine créole française.” La jeune entrepreneure impose alors sa propre tonalité en matière culinaire, face à la prépondérance de la cuisine caribéenne anglophone! À la même époque, Vanessa est diagnostiquée comme atteinte d'endométriose, une maladie gynécologique méconnue et invalidante. “J'étais déjà malade à 16 ans mais on n'avait pas mis de nom sur ma maladie.” Une fois opérée, le verdict est un uppercut en plein cœur en apprenant le peu de chances qu'elle aura d'être maman. Une lourde épreuve dans sa vie de femme, qu'elle découvre côté sombre. Mais le désir de connaître les joies de la maternité est le plus fort. “Dès lors, cela a été ma force!” Née parisienne aux origines guadeloupéennes, la nostalgie de la Guadeloupe se fait de plus en plus ressentir. Vanessa met alors le cap sur AV/88●47


l'île papillon. “J'ai quitté l'Angleterre car j'avais besoin de me retrouver auprès de ma famille et j'ai vendu ma société.” Ce déménagement, la pousse à réévaluer sa vie professionnelle. “En arrivant en Guadeloupe, j’ai cherché du travail pour entrer dans le moule.” Loin de se cramponner à un emploi salarié, Vanessa Kancel réalise son impossibilité à “être enfermée dans ce schéma de 5H-17H. C'était trop difficile pour moi, j'avais besoin de m'exprimer.” Vanessa décide, le temps d'une halte à Londres, d'obtenir son diplôme de professeur d’Anglais du département ESOL (établissements de soutien opérationnel et logistique) de l’université de Cambridge. À son retour, cette jeune entrepreneure trempée dans l'acier lance sa nouvelle entreprise Global Linguistik. "Un institut de langues et de formation, que j'ai géré pendant 5 ans en créant une dizaine d'emplois fixes, une soixantaine d'emplois en freelance. J'ai ainsi formé des milliers d'élèves". Elle apprivoise sa maladie et gère sa vie de chef d'entreprise avec un mindset de réussite remarquable. “Je n'ai jamais laissé la maladie prendre le dessus sur ma vie! Aujourd'hui, l'endométriose fait partie de moi et j'ai appris à vivre avec!” Sa patience et sa détermination la portent jusqu'au miracle. En 2013, une première pépite, une petite fille s'invite

dans sa vie de femme, suivie en 2016 d'un petit garçon. La chef d'entreprise s'investit dès lors dans son mandat de maman. “Comme on m'avait dit que je ne pourrais pas porter la vie par rapport à l'endométriose, j'avais décidé de me définir en tant que femme, compagne, chef d'entreprise. Quand mes enfants sont nés, je me suis sentie vraiment femme parce que j'ai pu utiliser ce que Dieu m'avait donné pour porter un enfant, avoir cet instinct, qui m'a été instillé. Tout est alors devenu un.” En 2017, Vanessa Kancel se réinvente dans un nouveau répertoire en faisant le choix de fermer sa société Global Linguistik, face à ses responsabilités de mère et plusieurs opérations dues à son endométriose. “Je n'arrivais pas à trouver d'associés pour m'aider à gérer, [c’est] devenu très difficile de gérer seule [...] je l'ai [Global Linguistik] démantelé en plusieurs domaines d'activités stratégiques et j'ai aujourd'hui ouvert deux sociétés: Mobilitee, une agence de placements internationaux et Mondolangues, une plateforme de cours en ligne, qui me permettent d'avoir plus de temps libre. L'entreprenariat pour moi, reste une science, un puzzle et m'amuse énormément.” Naviguant dans le monde des affaires depuis plusieurs années, Vanessa Kancel réinvente sans cesse sa vie, jusqu'à reprendre des études en parallèle


avec ses deux entreprises Mobilitee et Mondolangues: “J'ai eu cette opportunité, qui m'est tombée du ciel, de pouvoir reprendre mes études et préparer un Master en Direction d'Entreprise et en Management stratégique sur 2 ans, pour avoir encore plus de légitimité comme chef d'entreprise et comme dirigeante.” Vanessa Kancel a l'art et la manière de traverser plusieurs univers à la fois. Elle est multipotentielle en utilisant son vécu pour créer son blog “The Caribbean Mompreneur” en 2018. Une manière de se confier, comme elle l'affirme. “J'ai toujours été dans la transmission avec un rôle actif dans l'entreprenariat des femmes. Je prône cette notion de sororité entrepreneuriale. Je veux aider d'autres femmes, qui sont dans cette démarche de projet, de création ou de développement de société. Il [le blog] s'est transformé et m'a permise de faire du mentoring d'entreprise". Tout en assumant son rôle d'entrepreneure, elle ne veut pas passer à côté de la vie de ses enfants, en accord avec ses valeurs. “C'est important quand on est une maman et chef d'entreprise, de connaître sa valeur, ses limites, savoir faire la balance. C'est, par exemple, ne pas travailler le mercredi, réservé à mes enfants. J'ai été travaillé avec ma fille en maxi-cosy, ne pouvant faire autrement. J'ai appris à adapter mon rôle de chef d'entreprise

à celui de mère". Co-fondatrice de la Vision Board Party, cette jeune “mompreneure” voyage avec un agenda toujours bien rempli au gré de sa kyrielle de passions et de convictions. Une femme d’action, déterminée, qui n’attend pas l’alignement des planètes pour agir! “Une fois que l'on prend conscience de sa valeur en tant que femme, on sait ce que l'on peut ou ce que l'on ne peut pas accepter, [on peut] manifester des objectifs de vie et de carrière.” ©Ghislaine Ferec

Vanessa Kancel “endowarrior”


Photographe: Clara Serva Make-up: Elisabeth Botrand-Phaan Modèle: Mendy Soundourayen Retouches photos: Clara Serva Conception & direction artistique: Clara Serva Coiffure: MahÊva Duro Styliste: Elisabeth Botrand-Phaan


51








KEROS-N, l’homme au double visage

Écrit par Nohémie M Photographe: Clara Serva Make-up: Elisabeth Botrand-Phaan Retouches photos: Clara Serva Conception & direction artistique: Clara Serva Boutique: Di Venti – Baie Mahault Opticien: Krey Optic – Bas du fort Studio: Pro Make up studio, Make up forever - Jarry Assistante: Betty Polter


59





Connu aux Antilles depuis plus de 15 ans, Keros-N est sans aucun doute un homme qui sait marquer les esprits. Un rebel pour certains, un poète pour d’autres, une chose est sûre, il ne laisse personne indifférent. Au cours de cette entrevue, il se confie sur ses débuts, ses inspirations, ses ambitions... Son attrait pour la musique se développe dès son plus jeune âge aux côtés de sa famille. Grâce à sa soeur, il découvre l’univers du soundsystem et s’y prête rapidement au jeu. C’est à l’âge de 6 ans qu’il commence ses premiers freestyles. À cette époque, la musique n’était qu’un passe-temps; une manière pour lui de se divertir, de s’amuser. Quelques années plus tard, une rencontre déterminante le propulsera au devant de la scène guadeloupéenne. En 2002, il fait la connaissance de Skyso qui le pousse à écrire ses premiers textes et à peaufiner son talent. Armé d’un micro et de ses rimes, il construit sa fan base un morceau après l’autre. Voyant sa popularité grandissante, Skyso lui propose d’enregistrer son premier album. “Si ça ne tenait qu’à moi, je n’aurais pas fait d’album. Ce que j’aime c’est chanter. Réfléchir sur [la cohérence] des morceaux, faire de la promo... ça me soûle, ce n’est pas moi.” Réticent à l’idée de se confronter à l’aspect marketing qui accompagne la sortie d’un album, il tarde à se consacrer à ce type de projet. “Tu peux faire de la musique sans faire d’album. Tu peux faire des tournées sans

faire d’album. J’ai fait trois tournées sans avoir fait d’albums.” C’est finalement en décembre 2013 que nous découvrons son premier opus Sky is the limit. Bad boy ou homme réfléchi et perspicace; deux images que Keros-N s’amuse à interchanger tel un caméléon. “J’ai au moins vingt personnalités”, avouet-il en riant. Nombreux sont ceux qui le connaissent comme étant chanteur de dancehall. Mais, Sébastien Lurel, de son vrai nom, partage sa vie entre la musique et son deuxième emploi. Keros-N est un homme aux deux casquettes; une façon de vivre qui lui permet de rester authentique et sincère. “J’ai toujours travaillé [...] Quand tu ne vis que de la musique, tu es obligé de faire certaines concessions. Tu es obligé de faire en sorte que la musique te donne tout le temps à manger. Je n’ai pas envie d’avoir ce genre de soucis. Si j’ai envie de dire des bêtises à n’importe qui dans un texte parce que je sais que c’est vrai, je le fais, c’est tout. Si [par la suite], je ne suis plus invité par-ci ou par-là, je m’en fiche.” Propos provocateurs, discours réprobateurs ou odes à la femme, son registre est vaste et varié. Keros-N écrit avec aisance sur des thèmes qui reflètent notre société et n’hésite pas à en exposer les problèmes. Reconnaissant pour la plateforme que lui confère la musique, il l’utilise pour aborder des sujets qui, parfois, dérangent. Il évoque particulièrement son single Père fouettard sorti en 2014,


dans lequel il dénonce les parents abusifs. Bien que cela ne relate pas son enfance, il souhaitait tirer la sonnette d’alarme et réveiller les consciences. Il mentionne également un autre de ses titres phares Un, dos, tres dans lequel il prend position contre le proxénétisme. Expériences vécues ou non, il espère que ses textes entameront des conversations et feront réfléchir plus d’un. “Hardcore, conscient et engagé” sont trois mots qui le décrivent à la perfection. Avec son nouvel opus, il espère toucher un plus large public tout en restant luimême: guadeloupéen et fièr! “Je transpire la Guadeloupe, du coup, je chante la Guadeloupe.” Keros-N est un antillais qui s’assume pleinement. Il espère pouvoir porter haut et fort les couleurs de son île sur les ondes métropolitaines, mais pour cela, un long chemin reste encore à parcourir. Lorsque nous l’interrogeons sur la représentation de nos artistes dans l’Hexagone, le rappeur guadeloupéen ne mâche pas ses mots. “[...] C’est scandaleux! Nous sommes censés être français mais comme nous ne chantons pas en français on ne peut pas être joué là-bas. C’est là que l’on voit que nous ne sommes pas considérés comme étant des français. Ils préfèrent écouter des sons espagnols plutôt que les nôtres. Ils préfèrent écouter des sons anglais plutôt que les nôtres.” Face à cette réalité, il constate amèrement que les titres chantés en créole passent inaperçus. Il poursuit en soulignant que le

public métropolitain ne reconnaît qu’une infime partie de nos talents antillais. Il cite notamment Kassav’, Francky Vincent et Kalash. La couverture médiatique de nos artistes locaux est piètre et cela doit changer! Selon lui, la première étape pour y remédier serait de créer notre propre réseaux et d’unir nos forces. “Quand on aura appris à être solidaire peut-être que ça ira un peu mieux. Peutêtre que l’on va forcer le public français à accepter ce que l’on veut qu’il accepte. Mais pour l’instant, si on se bat entre nous je ne vois pas pourquoi, eux, ils iraient se battre pour nous...” Malgré son affection pour son public antillais, il ne peut s’empêcher de remarquer que nous sommes nos propres ennemis. “Quand un antillais fait quelque chose, les premières personnes à lui mettre des bâtons dans les roues sont des antillais.” Il aspire, un jour, à voir la Guadeloupe, la Martinique, la Dominique, La Guyane, Haïti, etc., s’allier pour soutenir et faire avancer leurs artistes. Pour conclure cette interview, il tient à partager des mots d’encouragement avec son public. “Ressaisissons-nous!”, dit-il avec ardeur. Confronté au désarroi qu’il peut déchiffrer sur certains visages guadeloupéens, il tient à nous rappeler que nous devons marcher la tête haute et ne jamais baisser les bras. “On nous fait croire que tout est impossible pour nous, ce n’est pas vrai[...] Nous sommes des rois, comportons-nous comme tels.”





Nèg Mawon

Photographe: Clara Serva Make-up: Elisabeth Botrand-Phaan Modèles: Prescile Adolphe Glen Bramble Retouches photos: Clara Serva Conception & direction artistique: Clara Serva Styliste: KNL Créations par Véronique Louise Assistante: Nohémie M


69


















©Adeolu Eletu


Business corner: focus sur Jemploi Écrit par Karine Dumesnil

Résider sur une petite île méconnue du monde entier est un marché restreint et risqué pour les entrepreneurs antillais qui souhaitent lancer une start-up. Comment arrivent-ils à concilier leurs ambitions et l’étroitesse du territoire? Grâce à cette rubrique, Avenue 88 magazine s’efforcera de répondre à cette question. Pour ce premier article, nous avons choisi de vous présenter un profil de la Martinique, Monsieur JeanPascal Siounandam. Jean Pascal, est le fondateur de la plateforme Jemploi, qui a pour objectif de développer des techniques de recrutement en s’appuyant sur l’intelligence artificielle. L’algorithme du site internet, permet de mettre en relation les profils candidats avec les profils employeur. Ce matching permet de réduire au maximum les délais de recrutement. Parlez-nous de votre parcours? J-PS: Après avoir obtenu un BAC

STMG (sciences et technologies du management, en sciences de gestion) option SIG (système d’information de gestion), je me tourne vers un BTS service informatique des organisations option solutions logicielles et applications métiers [...] Je continue d’évoluer vers un Master chef de projet digital. Comment vous-êtes venu l’idée de lancer cette plateforme? J-PS: Il y a un grand manque de visibilité des personnes en recherche d'emploi, il y a un réel besoin que nous n'écoutons pas assez. Je me suis basé sur ma propre expérience. Après les études, j’ai entrepris les démarches pour trouver un premier emploi. Malgré mes compétences, je me suis vite rendu compte que ce serait difficile. Au lieu de m’apitoyer sur mon sort, j’ai réalisé qu’il serait plus simple, d’aider mes semblables à atteindre cet objectif de [décrocher] un premier emploi. Le procédé était simple; j’ai créé plusieurs groupes WhatsApp ainsi AV/88●87


que plusieurs groupes sur Facebook, ce qui m’a permis de construire une communauté de plus de 10 000 personnes, entre la Guadeloupe, la Martinique et la Guyane. Grâce à ses canaux de diffusion, je relayais les offres d’emploi des entreprises. Le résultat fut spectaculaire! En moins de trois jours, les employeurs trouvaient le bon candidat. La demande se faisant de plus en plus, j'ai donc créé la première plateforme de recrutement dans la Caraïbe avec un système de matching qui permet de faire correspondre l'offre et la demande. Et ce n'est pas tout! Cette solution renferme d'autres services afin d'accélérer et de faciliter le processus de recrutement, et ne cesse jusqu'à présent d'évoluer. Comment Jemploi a-t-il été accueilli en Martinique ? J-PS: Cela n'a pas été facile au départ, je me suis débrouillé seul avec les conseils des uns et des autres. Il faut fournir un travail constant, écouter les avis d’experts, les utiliser pour donner encore plus de satisfaction aux clients, et ainsi apporter sa pierre à l’édifice. Comment se porte l’écosystème des start-up martiniquaises? J-PS: La Martinique regorge de talents que nous souhaitons mettre en avant sur notre plateforme (les candidats). Tout est évidemment perfectible mais je pense que nous sommes sur la

bonne voie. Dans cet écosystème, Jemploi se porte bien, les procédures automatisées, me permet de suivre en temps réel les candidatures, les inscriptions, les suivis des candidatures, les visites, le nombre de vues des autres et plus encore. Jemploi évoluera avant janvier 2020 avec un nouveau processus, une nouvelle présentation et un tout nouveau service! Quelles sont les projets à venir pour Jemploi ? J-PS: Je compte externalisé la solution. J'ai déjà reçu une demande d'achat de la solution et de la société. Plusieurs milliers de membres ont déjà trouvé du travail grâce à ce système. Je continuerai de le perfectionner pour répondre aux mieux aux attentes des uns et des autres et de montrer aux employeurs que nos îles renferment des talents que nous pouvons facilement trouver en quelques clics! Comment voyez-vous l’univers des start-up évoluer dans l’année à venir? J-PS: Il continuera de progresser positivement, nous nous battons pour cela.


©DR

«La Martinique regorge de talents que nous souhaitons mettre en avant sur notre plateforme.» Jean-Paul Siounandam Fondateur de Jemploi ©Adeolu Eletu

©DR


©DR

©DR

©DR

©DR


Les “french caribbean” partent à l’assaut de Los Angeles Écrit par Gaëlle Jean-Baptiste Los Angeles, la ville qui fait rêver! C’est exactement dans cette ville que nos deux colibris Ludovic et Cindy ont décidé de vivre leur rêve, en créant Rosa Island, un concept “french food truck.” Grâce à eux, la cuisine créole s’invite dans les rues californiennes.

“L’aventure Rosa Island a débuté il y a bien longtemps dans mon imaginaire. C’est une idée qui a mûrie tout au long de notre parcours”, explique Cindy. Le succès étant bien souvent la partie émergente de l’iceberg, le rêve américain est le résultat de compétences acquises au fil des années, d’un état d’esprit de battant et d’une capacité d’adaptation à toute épreuve. La jeune femme entrepreneure nous relate son parcours et montre qu’elle a plusieurs cordes à son arc. “En 2002, j’ai été l’une des premières guadeloupéennes à avoir eu la chance de faire [un cursus]

sport-études là-bas pendant 5 ans. J’ai obtenu une bourse à l’université de Las Vegas. J’ai été diplômée avec mention de deux business bachelors en management et en marketing. Ensuite, je suis retournée en Guadeloupe, puis à Paris. J’ai travaillé dans la finance pour de grandes entreprises internationales telles que PricewaterhouseCoopers. En parallèle, j’ai obtenu mon master en audit et contrôle de gestion à l’institut Léonard de Vinci à la Défense.” À l’instar de sa compagne, Ludovic est, lui aussi, un homme aux multiples facettes. “Je suis un autodidacte doté du sens du service et d’un fort relationnel. Je possède 10 ans d’expérience dont 4 ans en tant que commercial, 3 ans en milieu bancaire et 3 ans dans la gestion patrimoniale. J’ai touché divers secteurs d’activités tels que l’automobile ou la grande distribution, ce qui m’a donné une forte capacité d’adaptation. J’ai volontairement choisi d’évoluer dans différents métiers pour élargir ma palette de compétences.” AV/88●91


Étouffés par leurs vies professionnelles en France, ils choisissent de poser leurs valises de l’autre côté de l’Atlantique et de repartir à zéro. “Nous avions tous les deux de belles carrières à Paris mais nous avons ressentis un manque de reconnaissance et de liberté au niveau professionnel. Nous voulions absolument devenir autonomes. Et c’est à ce moment que nous avons décidé de tenter l’aventure et d’ouvrir notre société aux États-Unis.” Pour mener à bien ce projet, les tourtereaux ont pu compter sur l’aide de leurs familles et d’inconnus. “Nous avons financé notre aventure à l’aide de nos petites économies. Moi [Cindy], étant ancienne contrôleur de gestion, je me devais d’établir le bon budget prévisionnel pour le grand départ. Nous avons également reçu des dons de nos proches et personnes anonymes.” Le déménagement, l’apprentissage d’une nouvelle langue, la découverte d’un autre pays et l’éloignement de la famille sont des éléments qui contribuent au stress de la construction d’une nouvelle vie. “Il faut savoir que nous avons deux enfants en bas âge, et que la transition n’a pas du tout été facile…” Rosa Island, un nom qui allie la culture américaine à celle de la Caraïbe. “Rosa fait référence à Rosa Parks, militante pour la justice sociale aux États-Unis, et Island est un clin d’œil à tous ceux qui viennent des îles. Notre

logo représente un colibri, emblème de la Guadeloupe qui butine une fleur Hibiscus.” Promouvoir la culture “French West Indies” au travers du concept Rosa Island représentait un vrai challenge pour eux. Étant en compétition directe avec des géants de l’industrie tels que Mc-Donald, Chipotle ou Panda Express, les débuts ont été rudes. Mais, ils ont su se démarquer avec leur accueil chaleureux. Leur best-seller est le Coconut Curry Chicken composé de riz, avocat et bananes frites. Uniforme madras, sauce chien, zouk, sans oublier le sourire et la joie de vivre, Ludovic et Cindy transmettent “la vibe des Antilles” une commande après l’autre. “Nous avons vraiment l’impression d’être les ambassadeurs de la Guadeloupe à notre petite échelle. Les French Caribbean ne sont pas très connus sur la côte Ouest. Nous en profitons pour éduquer nos clients sur notre culture et notre histoire. Cela est très valorisant de recevoir leurs félicitations.” Les jeunes chefs d’entreprise ont également le sens du partage. Une fois par mois, ils distribuent une centaine de plats aux sans-abris. Les outils de la réussite pour créer son entreprise, qui plus est à l’étranger, sont un esprit bien averti et un bon business plan. Il ne faut surtout pas négliger l’évolution constante qui fait partie du jeux. “Nous ne le savions pas, mais nous sommes entrés dans une des activités


avec un turn over inférieur à deux ans. Nous prévoyons donc dans les années à venir d’ouvrir nos perspectives sur d’autres thèmes tels que les voyages, la musique ou le sport.” Ambitieux et audacieux, Ludovic et Cindy ont un message pour tous ceux qui ont une idée, un rêve, un projet, un concept… “Nous voudrions vous dire de rester motivés, de toujours croire en vos rêves, de rester concentrés et surtout de n’abandonner sous aucun prétexte. La roue finie toujours par tourner !”

©DR

«Nous avions tous les deux de belles carrières à Paris mais nous avons ressentis un manque de reconnaissance et de liberté au niveau professionnel...»



95

En coulisses avec Cotis et Jody Écrit par Carine Porlon PhotographiÊ par Clara Serva



Cotis et Jody sont deux humoristes originaires de la Guadeloupe. Passionnés de théâtre, ils se rencontrent lors d’un atelier animé par le comédien Eddy Arnell. Très vite, une complicité naît entre les deux jeunes hommes.


À leurs débuts, manque de moyens et d’opportunités, il était difficile pour le duo de partager leurs sketchs et leur amour de la scène avec le public antillais. Ils décident de changer de stratégie et de mettre à profit les nouvelles technologies dans le secteur de la communication. Grâce aux réseaux sociaux, le tandem se fait connaître et est maintenant suivi par une communauté de plus de 100 000 followers.



Influencés par leurs quotidiens, leurs sketchs relatent des évènements de la vie de tous les jours auxquels ils y ajoutent une touche d’exagération. “On écrit nos idées dans un carnet, puis on les transcrit sur un tableau et les analysent. Après un temps de réflexion, on se lance et les blagues nous viennent naturellement.”



Nous les connaissons sous le nom Cotis et Jody mais nous avons également rencontré Tiffany et Roseline, deux personnages qu’ils ont imaginés. “[Dans un premier temps], nous nous sommes mis à la recherche de jeunes femmes qui pourraient être intéressées par la comédie. Mais, nous n’étions pas connus à l’époque donc personne ne voulait les interpréter. Par conséquent, nous avons décidé de les interpréter nous-mêmes.”









Photographe: Clara Serva Make-up: Elisabeth Botrand-Phaan Modèle: Enide Gastin


111





Elisabeth Botrand-Phaan nous propose un make-up sur le thème du Yin et du Yang. Le Yin et le Yang représente la complémentarité entre deux éléments qui s’opposent. Dans cette rubrique, nous nous focaliserons sur le look nude. Ce maquillage sophistiqué et naturel a pour but de sublimer le visage sans trop d’artifices. Réalisé en partenariat avec la marque Make Up For Ever, découvrez la liste des produits utilisés pour ce look.

1.

2.

3.

4.

5. 1. Pour commencer votre make-up, appliquez la base de teint Step 1. Cette première étape vous permettra d’obtenir une meilleure tenue du maquillage. 2. Le fond de teint Reboot illumine, lisse, raffermit, hydrate et unifie votre peau. 3. L’anti-cernes Ultra HD est longue durée et fait briller instantanément le regard en captant la lumière.

4. En utilisant la poudre matte velvet vous obtiendrez une finition mate. Elle vous offre une couvrance modulable moyenne à haute, un fini naturel et une extra longue tenue. Cette poudre est disponible en 30 teintes et existe aussi en version fluide. 5. Grâce à la palette Pro Culpting vous pouvez éclairer, ombrer et colorer votre visage pour un look parfaitement sculpté.


6.

7.

8.

9.

10. 6. Le mascara Aqua Smoky est waterproof. Sa brosse ergo-conique allonge et sépare les cils avec une précision millimétrée. 7. Avec sa pointe longue et souple, l’eyeliner Aqua XL permet de souligner le regard d’un trait précis intensément noir, mat et longue tenue. 8. La base yeux et lèvres Step 1garantie

un maquillage sans faille pour les yeux et pour les lèvres. 9. Les fards à paupières Artist Color Shadow existent en 5 finis. Très pigmentés, ils offrent une tenue de 12h. 10. Pour dessiner vos sourcils, optez pour l’aqua brow. Sa texture crémeuse vous permettra d’obtenir un résultat précis et waterproof.


11.

12.

13.

14. 10. L’illuminateur Prolight Fusion met en valeur et illumine les contours de votre visage. Son secret provient de sa texture gel-poudre incroyablement légère et imperceptible. Cet enlumineur ajoutera une finition satinée à votre maquillage. 12. Le fixateur de maquillage Mist & Fix hydrate votre peau sans l’agresser car il ne contient pas d’alcool. Vaporiser le

sur votre visage et fixez votre make-up pour une durée de 12h. 13. Le Mixing Gloss est un gel incolore pouvant être mélangé à tous types de textures (poudres, nacres, paillettes) afin de créer des combinaisons uniques et un résultat sur mesure. 14. Sublimez et réveillez votre teint avec le blush Aritist Face Color.


À déc

Écrit par Rebe Photographié p

Jeune maman entrepreneure, Lolla cô la restauration depuis son enfance. décide de devenir sa propre patron «Fast Good»: le concept de Secret mari, lui-même végétarien, l’a inspirée au long de cette aventure. Son res Marina du Gosier en Guadeloupe, p végétariens et végétaliens. Vous y re bar à smoothies avec des fruits et légu pourrez apprécier une belle tasse d motifs réalisé avec de la mousse de art.

Pouvez-vous décrire votre concept en L: Puissance végétale, bye bye plastique

Pourquoi uniquement du végétal et de L: [Nous avons été inspirés par] notre mo grande partie sur une alimentation vég pu en ressentir les bienfaits que ce soit peau, notre digestion et du bien-être concept est nécessaire pour la protectio


couvrir!

ecca Romanos par Clara Serva

ôtoie le monde de Il y a un an, elle nne et de créer un Mood est né! Son e et soutenue tout staurant, situé à la propose des plats etrouverez aussi un umes locaux et vous de café décoré de lait grâce au latte

n quelques mots? et collecte de fonds.

es produits locaux ? ode de vie basé en gétale. Nous avons au niveau de notre global procuré. Ce on de l’environnement

et la préservation de notre santé. Nous voulons sensibiliser la population guadeloupéenne. Nous participons au développement de l’économie locale en utilisant des produits de saison de chez nous. Nous travaillons ainsi en circuit court afin d’éviter l’importation. Comment vous démarquez vous des autres restaurants végétariens de Guadeloupe ? L: Notre “Fast good” nous permet d’offrir une alternative saine à nos clients. Nous proposons un large choix de plats revisités, parfois composés de protéines animales à l’origine. Nous servons nos boissons dans des récipients composés d’un bio-plastique, appelé acide polylactique ou PLA et nous souhaitons atteindre l’objectif zéro déchets grâce à l’utilisation de bocaux. Nous avons découvert le latte art lors d’un brunch à Brooklyn, nous avons pu observer le barista à l’oeuvre. L’idée de ramener cet art aux Antilles nous paraissait alors évident! Puis, notre espace co-working est aménagé dans un style “urban jungle” décoré par la talentueuse Annick Maurin. Par la suite, le paiement en ligne et la livraison seront mis en place afin de faciliter l’organisation de nos clients au quotidien.

AV/88●119





Erasmus, en route vers la Grèce Écrit par Anne-Laure Niavet Photographié par Clara Serva

Inspiré

par toutes ces photos qui submergent nos réseaux sociaux ou tout simplement enthousiaste à l’idée de changer sa routine, partir en fait rêver plus d’un. Voyager et s’immerger dans une nouvelle culture font partie de la bucket list de nombreux d’entre nous. Une expérience qu’à pu vivre Jaïdeem Bergame, jeune homme âgé de 24 ans, grâce au programme Eramus. Il décide de quitter son emploi dans une pâtisserie pour déposer ses valises au sud-est de l’Europe. Quelle était votre destination ? JB: Je suis parti en Grèce, dans un village s’appelant Leucad, qui est en quelque sorte le “Marie-Galante de la Grèce” pour que vous puissiez vous en faire une image. La population n’était pas habituée à voir des étrangers. De plus, nous étions trois guadeloupéens, donc plutôt bronzés. Il est vrai que nous nous sentions observés. Cependant, cela n’a pas perturbé notre séjour car

nous le ressentions comme étant de la curiosité et non de façon malveillante. Quelles étaient vos motivations pour cette aventure ? JB: Ma curiosité a été le facteur principal. Il est vrai que ce n’est pas une destination à laquelle j’aurais instinctivement pensé. La découverte d’une partie du monde encore inconnue pour moi m’a particulièrement plu. Comment vos journées étaient-elles organisées? JB: Nous pouvions composer notre emploi du temps nous-mêmes en début de semaine au cours de réunions avec nos responsables. Le matin, nous allions dans une maison de retraite pour aider les personnes âgées puis, l’après-midi nous nous rendions dans un centre pour jeunes personnes handicapées. Nous pouvions également créer nos propres ateliers en fonction de nos passions et loisirs. J’ai monté un atelier de premiers AV/88●123


secours. J’ai fait mon service civique à la Croix-Rouge et était initiateur dans les écoles primaires en Guadeloupe. Par conséquent, j’ai pu partager mon savoir avec les locaux. Je devais présenter cet atelier en anglais ce qui m’a poussé à étendre ma connaissance de la langue. Personnellement, j’ai eu une semaine de repos pendant laquelle nous avons pu aller visiter la capitale, Athènes. Ce fut une expérience formidable! Quelle a été l’un des points forts de cette aventure? JB: Une semaine avant mon départ, notre équipe Erasmus s’est fusionnée autour d’un campement avec un autre groupe Erasmus composé de personnes muettes et sourdes. Nous avons pu leur préparer à manger et partager de façon différente avec ces personnes. Grâce à cette expérience, j’ai pu mettre mes appréhensions de côté. La barrière dont beaucoup peuvent avoir peur, en réalité c’est nous-mêmes qui nous la mettons. Ces personnes ne demandent pas plus que nous; simplement un peu d’attention même si la communication n’est pas la même. Le simple fait de venir prendre des nouvelles leur apporte du bonheur. Souvenirs de ce voyage: le pire et le meilleur? JB: Mon meilleur souvenir est à la fois le pire. J’ai rencontré un homme à la maison de retraite qui me parlait d’Harry

Potter, du Seigneur des anneaux et qui écoutait même du Justin Bieber... C’était quelqu’un de très intelligent et parlait plus de 26 langues. Malheureusement, le lendemain de notre rencontre, on m’annonça qu’il était parti à l’hôpital car il était dans le coma. Recommanderiez-vous le programme Erasmus aux jeunes ? JB: Oui bien sûr! C’était une très jolie expérience et puis elle ne concerne pas uniquement les personnes qui font des études. Ce service volontaire est d’autant mieux car on obtient un crédit d’un an où l’on peut postuler pour pouvoir repartir à nouveau. Sans oublier le fait que tout est pensé par l’organisme pour passer un séjour de qualité.

«Grâce à cette expérience, j’ai pu mettre mes appréhensions de côté. La barrière dont beaucoup peuvent avoir peur, en réalité c’est nousmêmes qui nous la mettons.»







Uniforme

Photographe: Nicky Mariette Modèle: Elodie Velin “Doddie Velin“ Styliste: Altier By Sidonie & Dolores Maquilleuse: Corinne Eugène Assistants: Bruno Balmoukoun Dina Benouet Gaelle Gayou


131






Avenue 88 Team Clara Serva Photographe/Directrice de publication/ Directrice artistique Elisabeth Botrand-Phaan Maquilleuse/Coordinatrice de projet/ Chargée de booking modèles Nohémie M Rédactrice en chef/ Journaliste/ Conceptrice-Maquettiste Celya Callas Community Manager


Amandine Hoton Assistante community manager Contributeurs: Véronique Louise — Mahéva Duro — Anne-Laure Niavet — Rebecca Romanos — Ghislaine Ferec — Karine Dumesnil — Carine Porlon — Aurore Joseph — Gaëlle Jean-Baptiste — Betty Polter — Make Up Forever — Di Venti — Krey-Optic Contacts: avenue88.mag@gmail.com


Avenue 88

Instagram: @Avenue88Magazine Facebook: @Avenue88Magz Site Web: www.avenue88magazine.com


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.