L’image que j'ai de la ville, c’est une série de césures, une série de fossés, qui partent depuis le bourg et qui scandent la ville jusqu’à Pérolles. Et les Grand-Places, c’est une de ces césures, très importantes parce qu'elles ouvrent le regard sur le grand paysage. Pour vous, où commencent les Grand-Places ? - Je les ferais commencer très loin en arrière. Pour moi, les Grand-Places, c’est d’abord le fossé qui existait là, et qui faisait césure justement, jusqu'au bâtiment de la nouvelle poste. D’autant qu’il y a toujours eu une certaine conscience que les Grand-Places commençaient là lorsqu’on a construit la Poste. On l’a construite à la place d’une maison qui avait un petit jardin, un de ses premiers petits parcs urbains, à la fois jardin et parc... Et on avait demandé aux architectes de le conserver, et encore maintenant, il y a ce petit bricolage paysager… C'est un assez joli aménagement, typique des années soixante/ septante, mais qui ne méritait vraiment pas cette couleur. Pour moi quelque part les Grand-Places c’est le XXème [le bar]. Ça commence là à cause de la vue matinale qu’on peut avoir de ce côté-ci, avec cet espèce de jeu de petits belvédères qui s’est fait ici.
Et dans l'image que je me fais des Grand-Places, c'est toujours un grand espace libre. Dans l’histoire de la ville, ça a toujours été l’espace des jeux, l’espace de la fête puisque les Grand-Places étaient d’abord un lieu de tir et un espace de jeux, pour les boules, etc. Au Moyen-âge, c’était aussi un espace où il y avait un certain nombre de cortèges officiels qui se faisaient de l’hôtel de ville jusqu’aux Grand-Places, qui se trouvaient alors juste en dehors de la ville, derrière le rempart. Le temple a été construit sur les fossés. Pour la construction du temple, ils ont dit : « Vous pouvez construire le temple ici, mais vous démolissez en même temps le rempart et vous faites disparaître les fortifications ». Alors, c’est vrai que c’est aujourd’hui une esplanade, elle a d’ailleurs toujours existé, mais autrefois elle était entourée de fossés. En fait, il y a une espèce de grand plan horizontal aujourd’hui. Et je trouve qu’ici, le long du temple, subsiste une perspective qu'il faudrait absolument préserver. D’autant plus que dans tous les débats, à chaque fois qu’il y a eu des constructions sur les Grand-Places, les Fribourgeois ont dit : « On veut garder la perspective, on veut garder l’horizon, la vue sur les Alpes et les Pré-Alpes » qui, il faut le dire, disparaissent de plus en plus.