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avril 2020

Confidences de

Confinement


GO GO GADGET

AU TÉLÉTRAVAIL

Ah le confinement ! La sonorité du terme est tellement douce qu’on aurait presque envie de se rouler dedans...

professionnelle, contraintes économiques et inégalités de situations. Voilà ce qui se dessinait dans un avenir incertain. Voilà que nous le vivons, soudainement.

Le mot détient désormais des records de recherches Google et contient à lui seul toutes les contradictions de notre époque, exacerbant ses failles. Cette privation de liberté, cette obligation de ralentir peut s’avérer comme une période propice à un retour sur soi, à ce “slow” que l’on cherche tant, dans notre consommation, dans nos déplacements, et même dans nos relations humaines... Au milieu de cette pause, de réelles difficultés économiques et psychologiques, poussant à nous réinventer. Rapidement. La très attendue mais jusqu’alors peu palpable “mutation du travail”, analysée, scrutée, annoncée et prévue, depuis presque dix ans : nous sommes en train de la vivre de manière fulgurante. Télétravail, indépendance, solidarité, confiance en ses salariés, mais aussi équation vie de famille et vie

Concrètement, seulement une partie de la population est concernée (classes urbaines, créatives, cadres travaillant derrière un ordinateur...) mais cette situation permet de mettre ex exergue ceux que l’on appelle les freelances qui incarnent l’ambivalence de cette “crise”. A la fois privilégiés dans leur manière de travailler (habitués au travail à distance et pro de l’adaptabilité) ils pâtissent pourtant d’un manque d’encadrement économique et font partie des statuts les plus précaires. Nous avons voulu faire un focus sur ce corps de métier si disparate. Nous avons interrogé aussi, nos clients, nos partenaires mais également les proches de notre réseau, salariés, entrepreneurs, journalistes, psychologues... Et puis, voici l’occasion de saluer ceux qui sont dans le “rush” pour que nous profitions de notre “slow”. Stay Safe è cumu si dice : una mana lava l’altra !

Marie-Ange Filippi


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Freelances, slasheurs, travailleurs indépendants... Ce sont des travailleurs solitaires, habitués à travailler à la maison ou en espace de coworking, des pros de l’adaptabilité ! Le confinement ne change donc, pas grand chose à leurs habitudes. Mais la précarité de leurs statuts se ressent aujourd’hui, de manière brutale.

AURELIE RAVIER

Freelance - Communication digitale

Pour le moment, mon activité est relativement épargnée, les entreprises souhaitent continuer à communiquer. Je fais plus face à des difficultés de paiement et au stress de mes clients. Mon travail consiste essentiellement à donner le cap , ils sont perdus et ont besoin d’être guidés et rassurés. En revanche, je mets gratuitement mon expertise à disposition des entreprises en difficulté sous forme de conseils. Je développe également le groupe Facebook à destination des acteurs du tourisme corse pour les inciter à développer des offres résidents qui leurs permettraient de surmonter la crise. J’ai l’habitude de travailler de chez moi, ça ne change rien à mon quotidien si ce n’est que je me lève encore plus tôt puisque l’après midi est consacré à l’école à la maison de mes filles.

Je suis en train de mettre en place une visio conférence sur la thématique de la communication en temps de crise, et je réfléchi à developper des formations courtes en ligne. Les prochains mois se dessinent avec un gros point d’interrogation. J’essaye d’avoir suffisament de trésorerie pour tenir en cas de gros coup dur, mais hônnetement je n’ai pas de visibilité à moyen et long terme. Etant dans le digital, je sais que c’est un atout, j’essaye de rester positive et créative. Je suis en contact quasi quotidien avec mes clients, tous très inquiets et ont besoin d’être rassurés. Le simple fait de me confier leurs angoisses et de chercher ensemble des idées pour “sauver les meubles” les aide . Je reçois beaucoup d’emails de remerciements, cette période est paradoxalement très gratifiante pour moi.

Aurélie a lancé fin avril l’initiative : “Cet été je redécouvre mon île voyageons local et consommons local” destinée à promouvoir les offres pour les résidents corses sur les réseaux sociaux


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Consultant en managment

EMILIE SEUGÉ

PIERRE-BAPTISTE LANFRANCHI Quel est l’impact du confinement sur ton activité ? Il est beaucoup plus important que prévu. Je pourrais effectuer mon travail à distance, mais je fais du conseil stratégique et mes clients ont tous stoppé leurs activités (ou presque). J’anticipe les demandes futures mais pour l’instant je n’ai aucun revenu.

Freelance, animatrice, formatrice, rédactrice web fondatrice du site by-women.org Mon activité est maintenue à 10 % seulement. Je suis chargée de mission indépendante aucune de mes activités n’est maintenue, s’agissant pour la plupart de montage de projets, et d’anilmation. Seule la partie “rédacrtion web demeure”.

J’ai donc subi un baisse de facturation considerable. On touche vraiment du foigt la fragilité du statut de freelance. La multiplication des actvités entraine la multiplication des risques financiers. Je me concentre sur le site Bywomen, en général je n’ai pas le temps de me pencher dessus, c’est l’occasion. Coté familial et personnel, mon temps se concentre sur mes enfants et l’organisationde l’école, je n’ai pas encore eu de temps pour moi mais je ne désespère pas !

As-tu mis toi même des solutions en place ? Bénéficies-tu d’aides ? Le problème des aides c’est surtout le temps. Mais on verra. De mon côté je donne des “webinar” à distance pour garder un réseau et rester à jour. C’est important.

“La reprise sera plus anxiogène que le confinement”

Comment se passe ton quotidien ? Je suis beaucoup sur ma guitare Du point de vue du travail je fais de la veille tous les matins pendant 1h au moins. J’ai la chance d’etre celibataire sans enfants j’ai donc assez d’air pour respirer ! Des conseils pour les freelances ? Dans le travail : ne pas totalement lacher, meme ceux qui sont au chomage technique. Essayer de se garder un minimum à jour et d’anticiper la vague qui va arriver. Le reste chacun fais comme il sent ! Et comme il peut ! La reprise sera plus anxiogène que le confinement. Alors profiter du temps chez soi, avec la deuxième phase de psychose et de reprise économique.


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CAROLINE TA R S I TA N O corsican business woman

Je cumule pour ma part deux activités : l’une salariée, comme chargée de développement à l’ADMR de Corse du Sud. L’autre, comme cheffe d’entreprise, je suis consultante en tourisme et communication depuis dix ans A l’ADMR, nous avons été mis en télétravail depuis le 9 mars, mon confinement a donc démarré une semaine avant tout le monde, et nous avons privilégié les visio conférences et réunions téléphoniques. Pour mon activité de consultante, j’ai l’habitude de faire mes rendez-vous dans toute la Corse mais

aussi de faire beaucoup en télétravail. Je travaille presque exclusivement avec des collectivités et on va dire que le temps « administratif » et le temps des « entreprises » n’est pas le même. Les dossiers marchent au ralenti mais on communique quand même. Les collectivités sont censées payer les entreprises au bout d’un mois et j’avais un retard de paiement chez l’une d’elles de plus de six mois. Je leur ai mis la pression pour que ce soir réglé juste avant le confinement car je sentais bien les problèmes à venir.

D’un point de vue familial et pour notre « santé mentale », nous avons convenu avec mon mari de nous diviser la journée en deux : je bosse le matin et je m’occupe de nos enfants l’après-midi (et vice versa), lui même est professeur de boxe thaï et sa salle a fermé depuis le 16 mars. Enfin de journée je retravaille également, cela m’arrive aussi le soir plus tard.

Pour les dossiers « de fond », j’ai pris l’habitude depuis la naissance de mes enfants de me lever vers 5h et de travailler vraiment de manière productive jusqu’à 7h/7h30 lorsqu’ils se lèvent. Nous avons la chance d’avoir une maison avec un jardin, ils peuvent faire du vélo, cela n’a pas de prix. Mais parfois quand je pense à tout ce que j’ai à faire et que je ne peux pas le faire, je bous intérieurement. J’essaie pourtant de faire abstraction en me disant que je ne peux pas raisonner cette période en termes de productivité, mais de bien être pour tout le monde.

Enfin pendant cette période irréelle, je gère également l’association des CBW, car nous sommes toutes touchées par cette crise et j’essaie d’apporter aux membres l’information la plus fiable et la plus actualisée possible dans ce dédale de mesures prises au jour le jour. J’avoue que m’occuper des autres est également un bon exutoire au confinement et je me sens un peu moins inutile. Pour finir, et comme toujours dans ma vie, la lecture m’aide à vivre, je suis à la moitié de la biographie de Michelle Obama, ce qui me permet de m’évader des pressions professionnelles (que je sais parfaitement me mettre moi même) et familiales…


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Ophélie Boileau Elie Castellin

Monica Calor Commentis Communication - Marketing - Coaching

Ethi’Corse / www.ethicorse.fr

Quelles solutions avez

Etes vous encore présente sur votre lieu de travail ? Etes vous encore présents

quotidienne ?

sur votre lieu de travail ?

Oui, le matin levé pas trop

Non Home-Office

tard, routine habituelle avec

Quel est l’impact concret

quelques exercices en plus

sur votre activité ?

(sport) puis travail jusqu’au

L’impact est énorme car tous

soir. On s’accorde quand

les projets, les commandes,

même une pause déjeuné et

etc, sont arrêtées. J’ai mis le

on regarde les informations.

site en maintenance car je ne suis pas en mesure d’honorer les commandes qui pourraient arrivées.

Des

conseils

pour

les

personnes en télétravail ? Pour le télétravail, il faut se trouver un coin tranquille,

Quelles solutions avez vous

sans télévision

mises en place ?

Mettre le téléphone en si-

On se concentre sur le site,

lencieux, arrêter les notifs

on en profite pour rattraper le retard, penser stratégie etc… Avez

vous

une

routine

ou

frigo.

réseaux sociaux et se concentrer sur ce que l’on fait. Sinon on y arrive pas.

Oui, mais une grande partie de mon activité se déroule déjà en TV. J’ai pris cette décision il y a deux ans. Quel est l’impact concret sur votre activité ? Il est impacté sur 20% uniquement ce qui correspond aux rencontres physiques. Avec les partenaires italiens toutes les réunions de travail se font sur skype. Pour le marketing et la communication, une fois les premiers RV pris avec les clients (les mois derniers) une bonne partie se fait également au bureau. Pour les supports de communication j’ai toujours travaillé avec les imprimeries par wetransfert. Actuellement avec les Corsican Business Women c’est par skype. Je dirais que peu fonctionnalités changent pour mon activité déjà organisée en TV.

vous mises en place ? Utilisation de toutes les applications possibles : whatsApp, skype, FaceTime avec la famille et WeChat avec nos partenaires et amis chinois Avez vous une routine quotidienne ? Oui, je m’octroie une pause écriture après le petit déjeuner pour tout ce qui me passe par la tête et concernant le jour et nuit précédente. Cela permet d’évacuer les pensées et de converser avec soi-même en ces temps de confinement. Le thème de ce matin était : Ce qui ne vous tue pas vous rend plus fort (Nietzche) Des conseils pour les pe rsonnes en télétravail ? S’organiser

avec

une

matrice

d’Eisenhower c’est plutôt pas mal.


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Anne-Marie Crevieux Cabinet Amic

En tant que bureau d’étude et basée à Vizzavona, mon confinement est loin d’être désagréable. Je peux continuer mes travaux avec mes jeunes collègues confinés ailleurs et me promener de temps à autre dans la forêt. Afin de me rendre utile je réponds également aux demandes des étudiants universitaires qui ont besoins d’accompagnements en écologie, chimie et biologie cellulaire. Certaines personnes à Bastia ont besoin de cotons et de tissus polaires pour fabriquer des masques en suivant les tutos du CHU de Grenoble. L’hôtel Monte d’Oro dans lequel je réside fournit les tissus nécessaires à leurs demandes et mon mari qui travaille deux fois par semaine à Lucciana prend le relais pour les acheminer jusqu’à Bastia. J’en profite également pour faire des semis dont les plants me permettront de réaliser des mini-potagers individuels d’appartement.Vu comme c’est parti, à 1 200 mètres d’altitude il vaut mieux apprendre à devenir autonome en légumes !

Christine Boury

Courtière en crédit et assurances Je travaillais déjà à domicile et en déplacement en clientèle mais mon activité a connu un fort ralentissement car je n’ai plus d’apport de dossiers de la part des agents immos et les banques travaillent au minimum. Il n’y a plus non plus, de signatures de notaire possibles. Je suis en teletravail total et aide à remplir les dossiers par téléphone. En ce qui concerne ma routine, je m’efforce de garder les plages horaires habituels et mettre à jour des papiers en retard. C’est peut-être plus facile pour moi qui ai du faire ma scolarité par correspondance car mes parents étaient bateliers. Il a fallu très vite que je m’auto discipline.

Elisabeth Tarenghi

Conférences - Coaching – Infoprenariat Déjà, je suis en pleine santé et remplie d’énergie ! Après quelques jours de colère début mars (à cause de toutes les incohérences scientifiques exprimées, la psychose, la terreur que l’on a installées), j’ai retrouvé ma paix intérieure, mon discernement. Lieu de travail inchangé : je travaille toujours en ligne aussi bien pour mes coachings que pour vendre mes produits (livres et formations), aussi la situation actuelle n’a pas beaucoup changé mes habitudes professionnelles. Mon chiffre d’affaire est tout de même en baisse. Solutions : j’ai rajouté des offres d’ateliers en groupe pour les particuliers et des ateliers en groupe pour les entrepreneurs (d’habitude je travaille en one to one). La routine est la même que d’habitude : lever à 5h, travail sur mes chakras et mes objectifs professionnels (visualisations, affirmations, libération des émotions), ancrage, exercice physique, sortie dans mon jardin, petit-déjeuner. Comme d’habitude je cuisine mes repas et je fais des pauses

régulières en sortant dans mon jardin pour m’émerveiller des animaux, des fleurs, des arbres, de la mer, de la montagne. Le soir j’adopte une routine qui me permet de me coucher sereine vers 23h et de m’endormir aussitôt couchée. Je vis en conscience, sorte de méditation permanente (je vis pleinement le moment présent).

“La seule chose qui diffère : diète médiatique totale !” Conseils : travailler chez soi demande de la rigueur, de l’organisation, de bien séparer vie pro et privée (par exemple, en travaillant dans une pièce dédiée). Eviter le grignotage (qui rassure, qui permet de refouler ses émotions). Se faire aider pour trouver sa routine pour avoir confiance, motivation, énergie. Faire bien attention à sa digestion émotionnelle : beaucoup de personnes ressentent peur, colère, frustration, culpabilité, bref des émotions qu’il faut vivre et pas refouler !


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Sebastien Celeri, architecte Quels sont les impacts sur tes activités ? Le contexte sanitaire a engendré un arrêt forcé des chantiers pendant l’essentiel de cette période de confinement, et par conséquent la suspension de la totalité de mes missions de direction de l’exécution des travaux. Voyons cependant l’aspect positif avec le temps qui nous est laissé pour la créativité, permettant de travailler de manière plus posée sur les projets. Paradoxalement, du fait de l’arrêt de l’activité des chantiers, l’ordre des architectes, que je préside, fonctionne à plein régime dans sa mission de représentation de la profession vis-à-vis des pouvoirs publics et des acteurs économiques avec lesquels nous sommes en lien quasi quotidien pour pouvoir affronter au mieux le contexte actuel. Es-tu encore présent sur ton lieu de travail ?

Comment envisages-tu la reprise et comment se dessinent les prochains mois ? Une enquête datant de seulement quelques jours quantifie en Corse une baisse de 68 % du nombre d’avis de marchés publics publiés en Corse par rapport aux semaines précédant le confinement. Ce chiffre est énorme et correspond au double de la baisse subie par les régions françaises les plus touchées. D’autre part, l’arrêt de l’activité économique portera un coup fatal à la commande privée. En l’état actuel, les prochains mois se dessinent dans l’incertitude la plus totale, et beaucoup de petites structures comme les notres ne s’en relèveront pas. C’est cependant l’occasion d’aller plus loin dans nos réflexions sur la nécessaire transformation de nos manières de consommer, de nous déplacer, d’habiter, de nos modes de vies.

Tes solutions ? Le travail de l’architecte c’est d’une part la conception, qui s’exerce au bureau, et une mobilité permanente pour les réunions de chantiers, relevés, visites de sites et rendez-vous avec nos maîtres d’ouvrage.N’assurant plus ce travail de terrain, je suis toujours présent devant mon ordinateur.

Etant seul avec mon fils de 8 ans pendant la moitié de cette période de confinement, soit 4 semaines, la solution a été en quelque sorte un transfert de l’agence à la maison. Ainsi, c’est la table du salon qui concentre maintenant l’essentiel de la vie quotidienne. C’est là où j’ai installé mon ordinateur et aussi où nous mangeons, jouons, faisons les devoirs pour l’école…

Envisages-tu de pérenniser (totalement ou partiellement) le télétravail ? Oui, totalement et de manière radicale, en regroupant dès la sortie du confinement mon habitation et mon bureau sur un même lieu.


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CO WORK ING Les espaces de coworking sont des lieux de partage et de travail collaboratif. Le confinement vient donc briser cette dynamique enclanchée depuis 2015 en France. Depuis fin mars la plupart des coworking ont du totalement fermer leur porte Pourtant ces espaces sont un des points stratégiques concernant la mutation du travail Ce sont les premiers espaces a permettre un travail plus flexible (un intermédiraire entre le bureau et la maison sans contraintes horaires) Ces tiers lieux aux installations optimisées (bureaux, bonne connexion internet, services annexes, matériel performant, innovation dans le domaine des makers etc) ont aussi permis la croissance du travail à distance, notamment dans le rural et les petites villes. Cette situation inédite sera décisive pour ces espaces. Les entreprises peuvent après le confinement y voir une opportunité de désengorger leurs espaces et de maintenir teletravail et activité. Une logique qui se déploie aussi dans une stratégie territoriale d’un maillage économique local et d’une réduction des moyens de transports.

A Speloncato, l’activité se maintient au minimum Le 15 mars, en concertation avec le Maire de Speloncato, nous avons mis en place de nouvelles règles au sein du coworking pour la bonne continuité du travail. En effet, notre espace étant régulé par un système de “pass” n’étant jamais ouvert réellement au public, et aux vues de notre situation dans le rural, avec les besoins en réseaux, télétravail bureautique, on ne pouvait pas fermer complétement pour la population. Les nouvelles règles sont que je désinfecte tous les jours les parties communes du coworking (interrupteurs, imprimantes, poignées de portes, machine à café, robinet, chasse d’eau), ainsi, les coworkers sont dans le devoir systèmatique de me signaler leur venue au sein de l’espace, et ainsi pour gérer le flux venant de l’extérieur au village et prévenir chacun d’entre eux si l’endroit est “safe” ou non. Ils ont interdiction de prendre des affaires dans les bureaux des autres, et s’ils prennent quelque chose dans le stock de bureautique, ils doivent le garder. La location du mois de mars a été encaissée, mais celles d’avril et mai sont offertes à tout le monde. De plus, les besoins en impression et bureautique des personnes de la commune sont offertes aussi. Ainsi, les contacts avec les coworkers sont plus rares, car pour certains leur activité s’est arrêtée. D’autres viennent obligatoirement car c’est vraiment leur bureau et le seul endroit où ils ont internet ou une imprimante.Mai s la plupart des a ctivités sont à l’arrêt.

Pierre, responsable de l’espace Imaginà Coworking


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Vannina Bernard Leoni Fab Lab di Corti

“On s’est transformés en usine en fait ! Et on a fait ça en lien avec d’autres fablabs et makers. On ne peut plus accueillir de public, mais on développe des liens autrement...”

Le Palazzu Naziunale qui est notre tiers-lieu de Corté est fermé au public depuis le 9 mars (Comme est rattaché à l’Université de Corse, on a fermé une semaine avant tout le monde). Au début, on était juste en réorganisation interne et en télétravail sur des projets en cours. Mais très vite, on a commencé à produire pour lutter contre la pénurie de matériel de protection sanitaire. Avec les machines du Fab Lab, on a d’abord fait des masques en tissu, puis depuis le 25 mars des visières de protection imprimées en 3D et découpées à la laser. On s’est transformés en usine en fait ! Et on a fait ça en lien avec d’autres fablabs et makers. On ne peut plus accueillir de public, mais on d éveloppe des liens autrement... On a créé le réseau Makers Uniti, qui rassemble près de 50 petites unités de production de visières à travers l’île. On s’est organisés en grands secteurs géographiques pour être dans une logique de circuits courts. Ensemble, on distribué plus de

10000 visières aux professionnels en première ligne. Et ça continue... Beaucoup d’incertitudes car on ne sait pas quand on pourra rouvrir au public et comment. Que ce soit pour le coworking ou le fab lab. C’est particulièrement stressant pour le fab lab car certains entrepreneurs nous utilisent comme leur atelier de production. En attendant, on sait qu’on va continuer à fabriquer des visières encore un petit moment... Nous avons dans notre équipe des alternants et des stagiaires. Eux aussi sont en télétravail bien sûr. ça se passe plutôt bien, on se fait des point réguliers. On a aussi des liens forts avec une partie des coworkers réguliers. Ce qui stresse tout le monde c’est l’impossibilité de se projeter sur des calendriers stabilisés....


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La Formation... Continue ! Entre Ajaccio, Bastia et Porto Vecchio structure privées ou publiques les organismes de formations se demènent pour maintenir leur activité, motiver les stagiaires et appréhender des solutions pour le futur. La formation à distance peut-elle se banaliser ? Dans certains secteurs surement, pour les formations techniques ou a destination des notamment pour les publics les plus fragiles la pédagogie humaine reste indispensable

Aflokkat En tant qu’organisme de formation, nous avons souhaité maintenir la continuité pédagogique des formations initiales et continues. Aussi, très vite, différents outils ont été mis en place comme des chats de discussions instantanées et des classes virtuelles. Nous proposons maintenant toutes nos formations à distance, 100% prises en charge pour les salariés en activité partielle, et utiles pour optimiser son temps libre en cette période de confinement ! La Casa di a lingua Aiò est devenue une casa di a lingua numerica. En accès libre et pour tous, nos formateurs en langue corse proposent leurs ateliers à distance. Nous attendons de savoir quand nous pourrons reprendre une activité de formation en présentiel. L’équipe ainsi que les formateurs sont prêts à appliquer toutes les mesures et gestes barrières qui permettront aux stagiaires d’apprendre et de se former en toute sécurité.Chez Aflokkat, nous sommes persuadés que la reprise économique sur le territoire passera aussi par la formation des salariés et des dirigeants d’entreprise. Même à distance, nous sommes en contact avec nos formateurs, nos stagiaires, nos partenaires et nos clients. Communications sur les réseaux sociaux, newsletters, emails et visioconférences, les échanges restent des moments privilégiés en cette période de fort isolement. Pour chacun, nous sommes à l’écoute et disponibles, la période est difficile mais nous croyons en l’avenir et avons hâte de tous nous retrouver. Le 1er mai, Aflokkat fête ses 10 ans ! Si le jour J, la fête sera virtuelle, le déconfinement sera l’occasion d’entamer cette 10ème année avec un oeil nouveau, de nombreux projets et des esprits tournés vers l’avenir !

PLATEFOME AFLOKKAT - casa di a lingua numerica


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GRETA

FURMAZIONE

LYDIA GIAMARCHI Conseillère en formation continue A Bastia, les formations ont été stoppées, seules les formations FLE concernant les nouveaux arrivants (formations obligatoires, puis sur la base du volontariat) ont été maintenues. Sur la Haute cela concerne 130 personnes. Nous avons donc mis en place des formations à distance. Ca a été un énorme boulot pour les formateurs qui ont aussi fait du suivi individuel par téléphone et a demandé de l’adaptabilité en raison des contraintes réseau notamment dans la plaine orientale. Mais les stagiaires ont été assidus et même en demande. Il n’y a pas eu de décrochage. Les stagiares ont souvent été aidés par leur famille.

Au final cette manière de fonctionner, même si elle a présenté beaucoup de contraintes a permis de maintenir un lien pédagogique mais aussi un lien social. C’était aussi l’occasion de faire de l’information sur l’épidémie, la crise que nous traversons et d’en parler avec nos stagiaires.

www.ac-corse.fr/greta

Suite à l’arrêté du 14 mars les organismes de formation ne pouvant plus recevoir du public. Il a fallu surtout pendant les 15 premiers jours gérer la déprogrammation des sessions en présentielles. Autant dire que l’activité s’est arrêtée complètement Certains de nos partenaires qui sont essentiellement des organismes de formation ont mis en place vers mi-avril des sessions de formation en visio-conférence. Il a fallu revoir la pédagogie des formations et privilégier des durées sur des demi-journées afin qu’elles soient plus agréable pour les participants. Mais cette solution reste provisoire et représente que 10% de l’activité A ce jour nous sommes encore en attente des dispositions du plan de reprise d’activité pour les organismes de formations. Mais je reste inquiet après une vague de réforme ces dernières années dont la dernière de 2018 qui a fortement impacté les organismes de formation. A titre d’exemple les entreprises privées de plus de 50 salariés ne disposent plus de budget formation au titre du plan de développement des compétences pour former leurs salariés. Mais comme l’a précisé notre Président la vision d’hier ne sera plus celle de demain. Alors peut être que nous irons rapidement sur une nouvelle réforme de la formation professionnelle ? La plupart des formateurs sont en activité partielle et les stagiaires il est très difficile de les mobiliser en cette période de confinement mais cette approche ne concerne pas les centres de formation d’apprentis car comme les écoles ils ont du mettre en place un suivi pédagogique.

Jean-antoine Brian Mattei www.furmazione.com


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Marina MARTELLI Présidente et directrice de Supdesign. Nous avions au quotidien des étudiants pour l’école plus des formations professionnelles et des ateliers pour enfants. Nous avons pris la décision de fermer les locaux dès l’annonce de fermeture des écoles a Ajaccio, soit une semaine avant le confinement généralisé. Nous sommes en télétravail pour nos salariés, cours à distance pour nos étudiants. Seules les formations professionnelles et les ateliers pour enfants, qui nécessitaient une présence dans les locaux ont étés annulées. Nous nous sommes adaptés tout de même pour ces publics en proposant deux fois par semaine depuis le début du confinement, des cours gratuits en visio conférence et des ateliers pour enfants proposés à la maison. Nous avons décidé de mettre à disposition nos locaux pour accueillir l’association “les petites mains de Corse” qui fabriquent des masques grand public.

Pas moins de 15 machines a coudre ont étés installées et tout autant de couturières y travaillent 7j/7. Nous allons nous concentrer sur la préparation de la rentrée de septembre, continuer à faire les entretiens d’inscription à distance et repenser l’aménagement des locaux de l’école pour garantir la sécurité de nos futurs étudiants. Nous avons gardé le contact avec nos étudiants bien sûr puisque pour eux les cours ont continués à distance, avec des formateurs investis et disponibles. Nos stagiaires ont étés tenus au courant en temps réel de nos activités et on a pu leur annoncer la ré-ouverture des formations à partir du 18 mai à l’école. Ils ont appréhendé cette période avec beaucoup de volonté et de créativité. Nous avons recu de nombreux travaux spontanés de stagiaires qui ont continué malgré le confinement.

www.supdesign.corsica


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Aline Donadio - Psychologue clinicienne

L’objet technologique peut-il se substituer au corps ? Je suis psychologue clinicienne dans une structure qui accueille à temps partiel des enfants et adolescents présentant des difficultés d’apprentissage. Lors du confinement j’ai été contrainte de télétravailler. La question du corps dans la relation à l’autre en ce qu’il permet de faire médiation s’est donc posée Avant que je puisse « penser » quelque chose du corps dans ma pratique, il me fallut un temps pour penser mon propre corps dans un contexte ou chaque corps est potentiellement porteur ou vecteur d’un Autre méchant viral. L’autre et moimême sommes « un danger » et « en danger » à la fois. Le lien social est fractionné, on nous demande de choisir avec qui nous voulons être confiné. Quel est celui ou celle qui sera « sans danger », le lien à l’autre devient alors le lien à un autre. La contingence de la rencontre est prohibée, le « contact » se fait maintenant sous réserve d’un bout de papier qui se substitut à notre parole, bout de papier qui atteste d’une « bonne » raison pour prendre ce risque que l’autre représente. Sachant que mon métier est avant tout de produire une rencontre avec un autre sujet de l’inconscient… me voilà bien dans l’embarras !

Je vous passe donc les détails des deux premières semaines de sidération, ma pensée immobilisée et focalisée dans des défenses dépressives type « je ne sers à rien ». Me voilà donc, à passer mes appels, chaque appel remet en question le prochain.Comment faire du thérapeutique avec des enfants qui passent par le jeu pour mettre au travail les problématiques qui les traversent ? Comment reproduire un cadre sécurisant et protégé par le secret professionnel lorsque l’enfant se fait écho de la parole de l’adulte à côté de lui ?

Un adolescent m’a demandé de le rappeler à l’heure convenue, alors que je l’avais appelé 20 minutes plus tôt et qu’il était occupé (la raison ne m’a pas été communiquée et je me suis bien gardée de la lui demander, après tout il était dans son droit !). Les appels sonnent et arrêtent un temps bien précis, on s’y prépare, c’est un temps pour être le sujet de son histoire, un temps pour la parole. L’autre reprend sa place dans le lien social, un désir de rencontre peut naître et être pris dans une demande adressée à l’Autre. Toutefois… vivement que ça se termine !

Ces questions sont toujours en suspend, toutefois je suis sortie de ma torpeur et j’ai repris mes classiques dont le plus important « se laisser enseigner par ses patients ». Ce que m’ont enseigné mes jeunes patients cette fois, c’est l’importance de continuer à mettre à leur disposition un espace que chacun d’entre eux viendrait investir à leur guise. Le temps de l’appel se doit d’être repéré et répété : tel jour à telle heure la psychologue appelle ! Et gare à elle si elle appelle plus tôt ou plus tard !

“Le lien social est fractionné La question du corps dans la relation à l’autre en ce qu’il permet de faire médiation s’est donc posée”


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Cette réunion qui est devenue (enfin) un mail Le télétravail s’est vite imposé comme une solution réflexe, pour le tertiaire. La plupart des télétravailleurs ont été séduits et souhaitent régulariser l’expérience (+de 60% selon un sondage Deskeo). Une organisation qui implique un effort matériel (ordinateurs, configuration de logiciels) mais aussi intellectuel : c’est toute une culture du travail qui est repensée par les managers, patrons, directeurs, chef de service etc. Confiance en ses employés, horaires parfois flexibles, indépendance, numérisation etc. D’après une étude menée par la chaire de recherche du Canada sur les enjeux socio-organisationnels de l’économie du savoir cette flexibilité réduirait l’absentéisme et les retards, et augmenterai la productivité La collaboration se ferait même plus rapidement et les décisions seraient prises plus vite. Le télétravail c’est aussi une meilleure intégration des salariés handicapés et des salariés ayant des contraintes familiales importantes. C’est aussi l’occasion de se rendre compte que les réunions tant appréciées par les managers en recherche d’adhésion, auraient pu être un mail... Mais si le télétravail doit devenir une habitude c’est en réalisant un tournant à 90 °C. Autrement dit il doit n’être qu’une partie d’un tout, d’une culture du travail modifiée et basée sur la confiance et la flexibilité. Tomber dans une surveillance généralisée en surveillant les contenus et les horaires des teletravailleurs serait à l’inverse de l’esprit d’un travail à distance productif. Contrôle ne doit pas être synonyme de surveillance abusive. Le teletravail n’est qu’un élément d’un projet global, d’un changement organisationnel, d’une culture du travail, revue et corrigée !


PETRU TARDI COMMANDANT DE LA CAPITAINERIE

ARNAUD CASTELLI CHARGÉ DE PRODUCTION AFDC - ATACC INTERNATIONAL

MUNICIPALE DE PORTO-VECCHIO

La crise sanitaire n’a pas changé grand-chose sur notre Capitainerie, elle est toujours ouverte, elle doit rester ouverte. Pas facile dans le monde de la mer le télétravail ! Il a fallu reconcentrer sur notre cœur de métier : la surveillance portuaire et maritime (préservation de l’environnement, respect des consignes de navigation, veille sanitaire et sécuritaire). Mon premier patron disait « Un port c’est un point de pénétration de la mer vers la terre, et un point de pénétration de la terre vers la mer », plus que jamais nous mesurons ce point de contact et l’importance de notre 2ème ligne dans la crise que notre monde subit. Il a donc fallu organiser l’équipage, créer des bordées de service comme on dit dans le monde dans la mer, définir

un tour de quart (roulement / planning des équipes) et pour moi, être présent auprès de ceux qui m’ont été confiés et à qui je demande aujourd’hui de faire face. Mais si le commandant n’est pas ne passerelle pendant la tempête qui y est ? Je ne sais pas combien de temps durera la crise ni ce que sera le monde d’après. Ce que je sais, c’est qu’humblement notre petit niveau : On aura tenu notre service, on sera restés debout. Le reste … On s’en fout au fond, nous, on aura fait pour les autres ce qu’on devait faire : nous sommes libres … “Il y a trois sortes d’hommes: les vivants, les morts, et ceux qui vont sur la mer” Aristote

En production de contenus audiovisuels (émissions tv, documentaires, etc), l’impact sur cette crise se fait uniquement sentir sur le décalage des dates de tournage. Nous décalerons certainement pour septembre, avec des temps de post-production plus courts. Nous avons mis a profit cette période particulière pour finaliser les dossiers de certains projets. Nous ne sommes pas présents sur le lieu de travail, mais l’écriture de dossiers étant avant tout des échanges de mails constants entre auteurs, producteurs et réalisateurs, nous pouvons bien évidemment effectuer du télétravail. Bien que rien ne remplace le traditionnel brainstorming entre les différentes parties intégrantes des projets, nous nous sommes plutôt bien accommodés de ce temps de quarantaine.

En revanche, concernant le volet prestations, évidemment la donne n’est pas la même. Nous sommes et serons fortement impactés par cette crise. La culture et ses acteurs sont à l’arrêt, avec pour l’instant aucune visibilité sur une sortie de crise. Beaucoup de petites salles, petits festivals verront surement leur avenir d’une façon très sombre.Personne ne peut dire ce qu’il va se passer, ce dont je suis sur, c’est que la culture et l’économie qui l’entoure, ne peuvent pas disparaitre, il y aura forcement un rebond (d’abord mécanique) et une demande, et nous en ferons partie. En préservant les emplois et les statuts des différents techniciens-musiciens ainsi que la visibilité de certaines manifestations qui, plus que jamais, auront besoin d’être soutenues.


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Piera-Maria Luciani et

TELETRAVAIL PLATEFORME COVID 19

Coordinatrice territoriale de la médiation numérique Direction de la Transformation et de l’Aménagement Numérique

Rapidement, la collectivité a su tirer profit du tout online en proposant une plateforme dédiée : covid-19.corsica, où l’on retrouve les dernières informations importantes, les initiatives locales, les numéros utiles et les aides disponibles

Quel est l’impact concret du confinement sur votre activité ? La Collectivité de Corse a su mettre en place rapidement, dès le 16 Mars 2020, le télétravail aua sein de ses services ce qui a réduit considérablement l’impact du confinement sur les activités.

Quelles solutions avez vous mises en place ? J’ai pu récupéré mon ordinateur portable professionnel et me suis aménagé un bureau à la maison en utilisant également mon matériel personnel. Concernant ma direction de la Transformation et de l’Aménagement Numérique, l’ensemble de l’équipe échange via une interface de messagerie instantanée Microsoft Teams qui nous permets de créer des fils de discussion par projets et de s’appeler en visio quotidiennement.

Comment fonctionne le service en télétravail ? Nous avons réorganisé nos tâches en les recentrant sur les priorités liées à la crise sanitaire. Notre direction a entre autre développé la plateforme www.covid-19.corsica. Nous nous réunissions (virtuellement) tous les matins afin de faire le point. De mon côté je garde le lien avec les structures de médiations numériques qui sont essentielles et d’autant plus sollicitées durant cette période. Je suis également en charge de la veille sur les actualités et les initiatives locales, je rédige des articles sur la plateforme covid tout en gardant un œil sur les affaires courantes qui ne sont pas en stand-by. Des conseils pour les personnes en téléravail ? Je pense qu’il est important de garder une organisation classique, c’est à dire se lever à la même heure que d’habitude, se préparer, se mettre à son poste de travail sans oublier de faire des pauses. En fin de journée, je pratique entre 30 à 45mins d’activité physique pour compenser le fait que je ne me rends plus au bureau à pied, quand la journée de travail est finie je ferme les ordinateurs C’est l’occasion également de prendre du temps pour soi, de réorganiser son intérieur, cuisiner, écouter de la musique en travaillant (chose impensable dans un bureau de notre administration, pareil pour le port des chaussons en réunion ! ).


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Le journalisme de proximité à l’épreuve de la distance Flux d’information incessant, travail à distance et revenus publicitaires incertains Les medias sont à l’épreuve des fake news et éprouvent, une fois de plus, leur fragilité économique. Comment rester un media de proximité... à distance ? Réponses avec Jean-Philippe Scapula, journaliste à Corse Matin

Je ne pense pas que l’impact économique ait déjà fait l’objet d’une évaluation. Je crois savoir qu’on limite la casse au niveau des ventes, qu’on gagne des abonnés numériques mais pas assez pour combler les pertes du papier. En revanche, le volume de pubs a diminué de façon significative. La rédaction a été placée en chômage partiel, bien que la majorité des journalistes (je parle de la locale d’Ajaccio que je connais), d’un commun accord, bosse sur un rythme classique. Pour maintenir le flux d’infos, la mise en place du télétravail a été indispensable. Tous les journalistes bossent de chez eux.

Seuls les photographes arpentent régulièrement le terrain. Les choix éditoriaux ont évidemment été dictés par l’ampleur de la pandémie. Les sujets tournent quasiment exclusivement autour du Coronavirus. Après une périodes dédiées aux infos factuelles (bilan sanitaire quotidien, évolution du virus dans les territoires, opération Tonnerre,...) et aux témoignantes (malades, soignants, confinés...), nous anglons désormais de manière plus précise nos papiers et nous multiplions les dossiers (conséquences économiques, drames sociaux, méthodes de deconfinement) et les analyses.

Corse-Matin reste un média de proximité parce que nous régionalisons les problématiques sanitaires, économiques, sociétale.s Noyés dans un flux incessant d’infos contradictoires, les lecteurs ont besoin, je pense, de digérer une info qui prend sa source en bas de chez eux. Le lien avec nos lecteurs et nos interlocuteurs est maintenu, ce sont souvent des gens avec qui nous échangeons assez régulièrement en temps normal Je pense que la méthode du télétravail va se généraliser , grâce à un logiciel mis en place un mois avant l’épidémie et qui nous permet d’écrire directement dans les pages du journal depuis notre domicile.

Nous allons cependant revenir sur le terrain, pour des reportages, avec toutes les précautions de rigueur. L’incertitude règne, en revanche, sur les intentions de nos actionnaires en matière de restructuration

“Nous anglons désormais de manière plus précise nos papiers et nous multiplions les dossiers et les analyses.”


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