Artcotedazur N°16

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danse /// perform ances /// design /// street art

SupplĂŠment culturel des Petites Affiches des Alpes Maritimes


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le choix.. de.

un artiste, un film

le e Nice d e l l i v de la adre

la couleur

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t n a v a n e

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s le c n a d t n e n s’inscriv la manifestatio de

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1951 ntation, e im r é p r l’ex oire pou E Un territ OVEMBR

21 JUIN -

27 N

- 2011

2011

UF SANG NE R IE T N A IRS / CH DE NICE ABATTO THÈQUE A M É IN C NISME D’URBA T E E R N ITECTU LA ARSO D’ARCH INE / VIL R A IN FORUM M A R A DE L NTEMPO GALERIE ’ART CO D AGE T E E DERN T DE L’IM O E M IE T H R P A ’A HOTOGR MUSÉE D DE LA P E R T Â É LIBRE TH ENTRÉE

n o i t a l l e t s n u k

+idieHr faQustinAo -Cstefan shankland d

ee r u t c e t i h c r l’ a ain contempor

r u z a ’ d e t ô c sur la raphe illy - photog serge dem

a

1963 , Blue I, d, Yellow Kelly : Re l, France Ellsworth ile - 231x 231cm Maeght, Saint-Pau to Huile sur Marguerite et Aimé ght ation Mae n io nd Fondat ives Fo th Kelly tesy Arch © Ellswor de Germain - Cour ail) Photo Clau 2008, (dét ns titre, Luquet, Sa ic ér éd Fr auto-école Tablette d' DR Vérany nt po Auto tions, et végéta s ce pa Es de la série gina, Nice, 2009 Ré Jardin du ltan Su © Galith ) 991 Pierre : Fauroux xe 1988-1 Antipolis, Valbonne airie anne phia Église-m e, Garbejaire, So e an ph éj ra M og ce ot ph (Pla demailly © Serge

n i o l t s e ’ c n i a dem és 2011 de des diplôm exposition

on la Villa Ars


ours Art Côte d’Azur Supplément culturel des Petites Affiches des Alpes Maritimes Numéro 3559 du 10 juin au 16 juin 2011 Bimestriel ISSN 1962- 3569 Place du Palais 17 rue Alexandre Mari 06300 NICE Ont collaboré à ce supplément culturel : Rédacteurs Frédéric Altmann Alain Amiel Rodolphe Cosimi Alina Gavril Olivier Marro Directeur de la publication & Direction Artistique François- Xavier Ciais

EDITO L’actualité culturelle est aujourd’hui bercée dans le domaine musical par un prêtre qui renonce au sacerdoce, dans l’art contemporain par l’artiste anonyme « Invader » un des rois du Street Art qui expose à Paris pour son 10ème anniversaire d’invasion de pixel en céramique par delà le monde , dans le cinéma par 17 projets de scenarios pour l’affaire DSK ; quelle transition facile que celle qui me vient à l’esprit, le « baiser », pendant la foire de Bale, et dans cette même ville, une extraordinaire confrontation à la fondation Beyeler que nous livre Brancusi et Serra, deux maitres de la sculpture contemporaine. Mais ce qu’il ne faudra pas laisser passer est là, tout prés, oui, chez nous, sur la Côte d’Azur, c’est ce magnifique projet devenue réalité « l’Art contemporain et la Côte d’Azur de 1950 à nos jours », plus de 200 artistes

déployés sur une cinquantaine de lieux, pour un événement aux résonances mondiales ; la principauté toute proche fera battre les cœurs d’un mariage princier avec un timbre édité tout spécialement pour l’occasion. Cet arrêt monégasque nous permettra de vous faire découvrir les nouvelles propositions artistiques de Philippe Pastor défenseur de la nature, et de Jean Christophe Maillot véritable architecte du rêve mêlant danse, et scénographie un bonheur pour le réveil de nos sens. Du street Art, en passant par les plus grands de Matisse à Cesar, une région où foisonne la performance artistique de toute sorte. Toute l’équipe vous invite à découvrir ce nouveau numéro d’été, vous souhaite d’agréables vacances, et vous promet une rentrée pleine de surprise. François-Xavier Ciais

Conception graphique Maïa Beyrouti Graphistes Maïa Beyrouti Caroline Germain

Abonnement Téléchargez le bulletin d'abonnement sur : www.ArtCotedAzur.fr ou par tél : 04 93 80 72 72

Art Côte d’Azur est imprimé par les Ets Ciais Imprimeurs/ Créateurs « ImprimeurVert », sur un papier répondant aux normes FSC, PEFC et 100% recyclé. La rédaction décline toute responsabilité quant aux opinions formulées dans les articles, cellesci n’engagent que leur auteur. Tous droits de reproduction et de traductions réservés pour tous supports et tous pays.

Au large

Responsable Publicité Anne Agulles Tél : 04 93 80 72 72 anne@petitesaffiches.fr

Plus rien n’est à la mode On cherche des capsules d’iodes De Tchernobyl À Fukushima Partout dans la ville La survie est un combat Les leçons du passé On le sait bien Ne servent à rien Quand elles arrivent dans nos pieds Comme des chiens enragés Au large du Tsunami s’atomisent les réacteurs Ici on irradie de bonne heure Quand enfin parle l’empereur Dans les maisons broyées, les décombres Les secours ne remplissent que les tombes Les rescapés restent muets Leurs souvenirs cloués À la bombe A la bombe Devant mon poste de télé Moi qui ai peur de m’enrhumer Je voudrais bien pouvoir les aider Mais je reste assis Bien en vie Vautré Dans mon ennui Jusqu’à la prochaine publicité

Photographes Isabelle Chanal Hugues Lagarde Photo de Couverture Philippe Ramette, Inversion de pesanteur, 2003 Photo Marc Somape © Philippe Ramette, Courtesy Galerie Xippas pour Art Côte d’Azur © Tous droits réservés

Au large du Tsunami s’atomisent les réacteurs Ici on prie toutes les heures Pas de place pour la peur Dans les vapeurs radioactives 50 kamikazes s’activent Pour que les autres survivent On arrose dans le matin brumeux Des milliers de chagrins silencieux À coup d’hélicoptères Et des tonnes d’eau de mer

Je zappe J’enrage Je serre les poings Je ne fais rien Jusqu’au lendemain Je vais me lever Peut-être Pour aller fermer La fenêtre Au large du Tsunami s’atomisent les réacteurs Ici on prie toutes les heures Pas de place pour la peur Dans les vapeurs radioactives 50 kamikazes s’activent Pour que les autres survivent On arrose dans le matin brumeux Des milliers de chagrins silencieux À coup d’hélicoptères Et des tonnes d’eau amère Je zappe J’enrage Je serre les poings Je ne fais rien Jusqu’au lendemain Je vais me lever Peut-être Pour aller fermer Les oubliettes. Arnaud Duterque


EN VILLE 6 NICE 8 NICE 10 PRÉSENTATION GENERALE 12 HORS LES MURS DESIGN - ESPACE CARDIN

LA PERFORMANCE – VILLA ARSON

MUSÉE MATISSE

COTE D’AzUR ET LA MODERNITÉ DE 1950 À NOS JOURS

16 MONACO 18 CANNES

LA MALMAISON, EXPOSITION MOYA LAND

OFFICE DES TIMBRES


La vie des arts 22 JEAN CHRISTOPHE DANSE

MAILLOT

24 NIKI DE ST PHALLE 26 SERGE III 30 STREET ART 34 PHILIPPE PASTOR 36 CÉSAR 40 RETOUR SUR LE GROUPE 70 FIGURE DE L’ART

FIGURE DE L’ART

DOSSIER TENDANCES

ARTISTE

FIGURE DE L’ART

GALERIE


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HORS LES MURS

pAriS

Pierre Cardin

couturier de l’espace Il est un des ténors de la mode, mais Pierre Cardin fut également un chantre du design. Un projet qui éclaire le parcours de cet esthète qui, en 60 années d’exercice s’est attaché à donner au monde, une forme.

I

l fait partie des cinq français les plus connus du monde. On a

où technologies et industries innovan-

récompensé le couturier, loué l’académicien, goûté diverse-

tes percutent la mode et l’art. Courrèges

ment le père du prêt-à-porter et le PDG d’une marque diffu-

invente la « couture Future », habille Bar-

sée dans toute la planète, mais Pierre Cardin qui, célébra en 1980

barella (Jane Fonda), Paco Rabanne s’auto-

ses 30 ans de carrière au Metropolitan Museum of Art est avant

proclame couturier métallurgiste, Cardin,

tout un créateur protéiformes. Alors qu’il comptait déjà parmi

lui, explore le design du cosmos. L’esprit

les acteurs majeurs de la mode, il développa une ligne de mobi-

géométrique amorcé avec sa robe bulle en 1954 s’émancipe dès

lier avant-gardiste. Celui qui dessina à 24 ans, les costumes de

1964 dans des collections graphiques telle la ligne Cosmos qui

« la Belle et la Bête » fut prompt à investir toutes les formes d’art

explore les formes comme le triangle et le rond en érotisant les

en tant qu’acteur, entrepreneur, ou mécène. Depuis 1993 les prix

matériaux de synthèse. Il est d’ailleurs le premier à utiliser le vi-

Pierre Cardin, soutiennent la jeune création. Ses galeries (à New

nyle dans ses créations. Puis, le plastique, le caoutchouc, viennent

York, Paris, Milan), le Show Off de l’espace Pierre Cardin défen-

également nourrir l’imaginaire de cet architecte de la mode et du

dent encore les avant-gardes comme elles rendent accessible l'art

designer qui se profile dans ces créations géométriques

contemporain. Son Château de Lacoste ou L’espace Cardin sont devenus des hauts lieux des arts vivants, le carrefour international des créateurs. A la scène comme à la ville, Pierre Cardin a croisé toutes les disciplines. Dans son travail, elles se chevauchent, s'inspirent pour accoucher d’une œuvre unique.

design haute couture Couture, design, architecture, tout n’est que ligne et espace. Cardin fut un des premiers à franchir le pas "La haute couture est un laboratoire pour étudier les volumes et les formes..." proclame celui qui ne tarde pas à transposer sa vision sculpturale de

Space Age

la mode dans le design domestique. En 1968 avec une licence

Né en 1922 dans la Province de Venise, Pierre Cardin gagne en

d’assiettes en porcelaine, il se lance dans l’aventure brisant l’aus-

1945 Paris où il intègre, la maison Dior. Il participe à la vague

térité du mobilier des années 50 tout en conservant des essences

"New Look" puis fonde sa boutique en 1950. Dès lors, le couturier

nobles qu’il mixe avec les matières liquides tel le polyuréthanne

ne cessera d'être pionnier et témoin de son temps. Après avoir

qui permet de façonner des figures organiques. Le meuble Cardin

dessiné les costumes à col mao des Beatles, habillé John Steed

porte ainsi le sceau d'une poésie futuriste et d'une ébénisterie hé-

(Chapeau Melon et bottes de cuir), ce formaliste Pop va entrer dans

ritée de la grande tradition. C’est une période intense de produc-

une autre ère. En 1961, Youri Gagarine est le premier cosmonaute

tion. Cardin dessine, multiplie les brevets pour lui, pour d’autres

puis Neil Armstrong le premier astronaute à fouler la lune. L’Odys-

(canapé Swany pour Steiner). Il crée son Design Studio et engage

sée de l’espace de Kubrick envahit les écrans. Les sixties sont sur

en 1969 un jeune talent : Philippe Stark. En 1970, il ouvre l’Espace

orbite, Cardin lui a posé le premier étage de sa fusée qui va le

Cardin et lance un groupe de designers (dont Maria Pergay et Joe

propulser dans le « Space age ». Une époque d’intense créativité

Colombo) sous sa ligne « Art de l’Environnement ».


pAriS

HORS LES MURS

Mobilier de gauche à droite : Meuble demi-lune, lampe demi-lune, commode «Monta», coiffeuse

Serge Manzon, Claude Prevost, François Pacos, Christian Adam, Maria Pergay, Francesco Bocola etc. Car le concept Evolution est une aventure collective dont Cardin est le mécène et catalyseur d'idées. Un atelier qui diffuse des modèles uniques en tirage limité. Les fameux luminaires édités par la firme Yamada Shomei pour le Japon en témoigne encore. Au fil des décennies la collection « Evolution » s’est enrichie, et depuis 2008 d’une centaine de pièces (des meubles luminaires aux Sculptures Utilitaires) créées par le jeune designer Rodrigo qui participa avec Pierre Cardin à la restauration du « Sotoportego de la Siora Betina » à Venise. En 1975, le couturier designer qui a déjà adapté au mobilier sa forme fétiche, la bulle, choisi d’en faire une œuvre monumentale en commandant à l’architecte Antti Lovag, le Palais Bulles (Théoule). Chacune des dix chambres « satellites » est confiée à un artiste contemporain tandis qu’au fil de ce labyrinthe organique, Cardin essaime ses meubles objets d’art comme la sculpture télé en forme d’œil ou les incroyables lits/souches « racines ». Egalement "Sculptures utilitaires"

concepteur d’enveloppes architecturales, Pierre Cardin, à 88 ans

En 1977, Cardin crée sa première collection de "Sculptures utili-

n'en a pas fini avec la planche à dessin. C'est à Venise ou sur l’île

taires" parce que l’on peut tourner autour de ces meubles conçus

Seguin (Boulogne) qu’il envisage d’édifier un palais Ovni, aussi

à 360 ° comme autour des ses robes cinétiques. Des créations

sculptural qu’innovant. Cette fois, au lieu d’un corps féminin c’est

qui, faute de se jouer de la gravité remettent en cause la linéarité

toute une microsociété qui devrait entrer dans cette immense

« J’aime dessiner dans l’absolu, sans contraintes d’angles, de cou-

robe de verre et de métal, sertie de six disques soutenus par trois

loirs, de pièces ou de murs. Faire des manches de robes ou des

tours en étoile. « Habitat, bureaux, Théâtre, espaces publics...

pieds à une table, c’est la même chose. » Se plait à dire celui

sont concentrés dans ce palais lumière du XXIe siècle culminant à

qui, en 1977 dédie un lieu à ce nouvel esprit design. La Galerie

250 m et conçu pour être autonome en énergie. » Un nouveau

Evolution, non loin du Centre Georges Pompidou devient un show

défi qui pourrait être à l’horizon 2015 la grande œuvre du grand

room où ses créations côtoient celles de designers inspirés comme

couturier de l’espace. Om

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nice

400 000 ans d’art et de humaine dans la région performances L’occupation niçoise est avérée depuis au moins un million d’années, mais c’est l’empreinte glissante d’un (faux) pas il y a 400 000 ans à Terra Amata qui en apporte un flagrant et émouvant témoignage.

P

lus près de nous, il y a 160 000 que à l’actualité politique. ans, dans la grotte du Lazaret, Fin du XIXe et début du XXe siècle, la région des foyers (les plus anciens au voit arriver nombre d’artistes majeurs. Ils monde ?) et des traces de pigments viennent pour le soleil, la lumière et souattestent de l’existence d’œuvres créées vent pour retrouver des amis : Signac à par l’homme, un « chasseur-cueilleurSaint-Tropez, sera rejoint par Matisse qui pêcheur » concepteur de beaux outils : peindra la toile « Luxe, calme et volupté » lames finement taillées, bifaces parfai(1904) inspiré par le climat de la région. tement symétriques, où la recherche En 1922, Picabia est à Saint Raphaël, Soud’esthétique sublime la fonction. Les tine à Cagnes, Dufy à Nice, Masson à Anpremières statuettes de Vénus callipyges Ci dessus, de gauche à droite et haut en bas: tibes, Bonnard à Cannes et en 36, Picasso en pierres taillées (-50 000) ainsi que de rend visite à Man Ray installé à Antibes. Il Jean MAS, PerforMas : La crèche de l’Ecole de Nice part en fumée nombreuses gravures pariétales retrou- Samedi 4 décembre 2010 - Musée Rétif de Vence © Amiel reviendra dans la région en 1937 avant de vées dans les Grottes des Balzi Rossi (à GROUPE SIGNE, Animation plastique, 1973, terrasses des pris’y fixer définitivement. 35 km de Nice) attestent d’une recherche sons, Monaco. Crédit photographique : Michel Cresp Pendant la seconde guerre mondiale, tout Courtesy Michel Cresp © Groupe Signe. artistique développée. A l’âge du bronze le cinéma français ainsi que nombre d’inJean Mas, Nuit des Galeries, parking du MAMAC, 2006 (1800 à 1400 av. J.-C. environ), au Mont © Amiel tellectuels se réfugient à Nice. La librairie Bego, les artistes de l’époque vont nous de Jacques Matarasso, ami des Surréalislaisser une incroyable exposition de gravures sur pierre (plus de 30 tes, est un lieu d’échanges où se rencontrent les principaux acteurs 000 dont 20 000 figuratives).Si la période grecque n’a laissé que du Nouveau Réalisme et ceux qui constitueront l’Ecole de Nice. En peu de traces (vases, tessons), la période romaine à Cemenelum est 1942, Jean Moulin ouvrira sa galerie d’art rue de France. Après la riche d’architectures, de sculptures, de peintures. libération, la région connaît une grande effervescence : l’UMAM, Au Moyen Age, une première « Ecole de Nice » va naître avec Ludo- née de la Municipalité de la Libération, a pour buts de contribuer vico Bréa (1450 – 1525), premier à sortir des codes traditionnels du à la création d’un Musée d’Art Moderne, de découvrir de nouveaux gothique, puis Mirailhet (1425), Canavésio (1450), Baleison (1463), talents et d’aider les jeunes artistes. Des musées naissent (Picasso etc. Le Carnaval de Nice, grande fête populaire de printemps qui à Antibes, Léger à Biot), ainsi que de nouvelles galeries (Hervieu à existe depuis 1294, va avec Alexis Mossa (1844-1926), devenir un Nice, Chave à Vence, Matarasso s’installe rue Longchamp). En 1946, spectacle avec chars, concours, cavalcades… et performances ? Son est inauguré le premier Festival de Cannes et en 1948 le premier fils G.A. Mossa (1883-1971), influencé par les symbolistes, crée une Festival de Jazz au monde (avec entre autres Louis Armstrong, Milnouvelle scénographie incluant des personnages issus des tradi- ton Mezzrow, le quintet du Hot Club de France, etc.) tions gréco-latines et populaires, mêlant le merveilleux, le grotes- Dans les années 50 à 60, plusieurs « cercles » créatifs sont à l’œu-


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De gauche à droite et haut en bas: MENDONÇA Bruno, Peau sous plomb, 2010, Galerie Depardieu, Nice. © Bruno Mendonça. Dome S Magnin, Villa Arson , été 2011

Jean MAS, Exorcisme. Dans le cadre du séminaire de Patrick Amoyel « L’enfant », Faculté des Lettres de Nice, 1993 © Amiel

BEN, Jean MAS, Partie d’échecs, 1994, Galerie Artcade, Nice. © Ben, Jean Mas. Jean MAS, Un peu de gros mots. Librairie Laure Matarasso © Amiel Concert Fluxus à la Galerie d’Art Contemporain de Nice dont des pièces exécutées par Ben, Jean Mas et Serge III, 1988, Nice. De haut en bas et de gauche à droite : Solo Violin de Name June Paik par Jean Mas ; Drip Music de G. Brecht par Serge III ; Piano Concerto de Serge III ; Pommes de Ben. © Ben, Jean Mas, Serge III, Frédéric Altmann.

vre. Hors des institutions, ils donneront naissance à cet esprit appelé plus tard « Ecole de Nice » ainsi qu’aux premières performances. Ces « laboratoires d’idées » sont le fait d’individus qui attirent autour d’eux de nombreux créateurs. Chez les Klein, à Cagnes sur Mer, on reçoit beaucoup d’artistes ou de galeristes : Colette Allendy, Iris Clert, Pierre Soulages, Raymond Hains, François Dufrêne, Villeglé, César, Ionesco, Tinguely, Hartung, Nina Kandinsky, les critiques Charles Estienne, Pierre Restany, etc. Dans les mêmes années, le « Club des Jeunes » créé par Jacques Lepage et Paul Mari regroupe des poètes, des écrivains, des plasticiens (Biga, Le Clézio, Arman, etc). Deux troupes de théâtre (Vaguants et TNP) sont aussi très actives pendant que Ben propose la création d’un « Théâtre total » (à partir de 1959). Les années 60 verront l’explosion de ce que l’on nommera « performance », un art (on en a des prémices dès 1905) qui ne cesse de se développer en des formes différentes : art d’attitude, events, happenings, flashmobs, etc., et s’assume comme un art total intégrant tous les autres (musique, théâtre, danse, vidéo, etc.). Cet art qui a connu un développement puissant dans notre région, sera cet été et l’été prochain mis en lumière par la Villa Arson.

Le temps de l’action / Acte 1 Une recherche sur l’histoire de la performance sur la Côte d’Azur de 1951 à nos jours (24 juin - 16 octobre 2011) Première étape d’une recherche sur l’histoire de la performance, ce projet aboutira lors de l’été 2012 par la mise en ligne d’une base de données la plus exhaustive possible sur le sujet, d’une publication, et d’une exposition réunissant films, photos, objets et documents divers. Pour rendre hommage aux nombreux performers qui se sont exprimés dans la région, Eric Mangion et son équipe installent dès cet été un dispositif original et dynamique dans la célèbre galerie carrée qui sera pour l’occasion plongée dans le noir. L’espace sera divisé en quatre secteurs carrés égaux correspondant aux quatre périodes historiques : 1951 – 1962, 1963 – 1972, 1973 – 1990, 1991 – 2011. Au centre de la galerie, une tente/habitat éphémère sera entourée de quatre écrans suspendus dans le vide, chacun consacré à une période. Cédric Morris-Kelly, au cœur du dispositif, mettra la base de données à jour en temps réel. AA


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Une piscine pour Matisse Suite à une donation exceptionnelle, le musée Matisse ouvre le 1er Juillet une exposition permettant de découvrir les métamorphoses de la forme et de la couleur dans l’œuvre du peintre.

U

ne piscine au Musée Matisse ? A l’approche de l’été, la célèbre maison ocre de Cimiez auraitelle prévu d’offrir une nouvelle prestation à ses visiteurs ? Pas vraiment car « la piscine » est une œuvre rare qui vient de faire l’objet d’une donation à la Ville par le petit-fils de Henri Matisse. Cette œuvre monumentale constituée de deux panneaux de céramique de 8,50 mètres chacun, sur 2 mètres de hauteur vient d’intégrer la collection et du même coup vient rafraîchir un fond qui, depuis 50 ans n’avait plus connu de donations aussi importantes. Exceptionnelle, cette pièce l’est à plus d’un titre au point qu’elle sera du 1er Juillet au 30 octobre au cœur de la grande exposition estivale organisée par la ville de Nice et Marie-Thérèse Pulvénis de Séligny, conservateur du musée Matisse.

Du Régina à la MOMA En 1952 Matisse a 80 ans. Sur les conseils de son médecin il est revenu à Nice dans son appartement du Régina. Un jour d’été alors que la canicule sévit, il décide d’allez au Palm Beach pour y contempler les baigneuses. Mais une fois arrivé sur place, pas la moindre naïade en vue ! Déçu, frustré, l’artiste regagne le Régina où, faisant contre mauvaise fortune bon cœur il donne vie à son fantasme à l’aide de papiers gouachés découpés. « Mais l’histoire de cette œuvre d’une extraordinaire fraîcheur d’esprit pour un homme de son âge ne s’arrête pas là » souligne M-T Pulvénis de Séligny : « La piscine épinglée dans l’appartement atelier fut achetée en 1972 par le Musée d’art moderne de New York. A cette même époque notre ministre de la culture décida qu’en guise de compensation, il serait réalisé une version grandeur nature en céramique de l’œuvre, destinée à être ensuite offerte au Musée de France. C’est le petit-fils de Matisse, Claude Duthuit, qui se chargea quelques années plus tard d’exhausser ce vœu. Pour cet accouchement tardif, il fit appel à Hans Pinner, céramiste de renom qui réalisa, entre


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Marie-Thérèse Pulvénis de Seligny, Conservateur du Musée Matisse et la maquette de « La Piscine » d’après celle originale conservée au MOMA de New York

autres des pièces pour Miró. « Hans Pinner utilisa la pierre de lave parce qu’elle est légère et ne se déforme pas à la cuisson. Les bleus ont été respectés comme le fond beige qui reprend la couleur des murs du Régina où séjourna l’œuvre papier ». A la fin de sa vie, Matisse réalise des compositions monumentales en papiers gouachés découpés, qu’il destine pour certaines à des réalisations en céramique. La Piscine est l’une d’elles. « Elle constitue une donation remarquable car elle sera la seule œuvre que le musée possédera dans la technique de réalisation finale souhaitée par l’artiste pour ses grandes compositions ». La dissolution du trait et de la couleur Une première pour le Musée niçois qui valait bien une exposition. D’autant que cette pièce réalisée deux ans avant la mort de Matisse à Nice, vient éclairer la quête artistique de toute une vie. « Nous avons réalisé à partir de l’original en papiers gouachés découpés, conservée au MOMA, une maquette à l’échelle, qui est présentée au premier étage pour que le public puisse se faire une idée précise de cette pièce monumentale avant son installation définitive au Musée ». L’espace constitué par les deux compositions placées en vis-à-vis permet au public de circuler au cœur de l’œuvre et d’apprécier combien pour son auteur, l’espace qui renvoi à la nature, aux éléments, occupe via cette œuvre hors norme, le terrain de sa réflexion. Aussi l’exposition s’ouvre t’elle par la représentation de l’eau dans le propos matissien. « Nous commençons par l’évocation

symbolique et poétique de l’eau qui revêt plusieurs formes : la rêverie des figures endormies, la chevelure mais aussi qui renvoi, non sans humour à la série de la jeune femme observant un bocal à poisson ». Au premier étage l’étude se poursuit avec la dissolution du corps dans l’espace. A travers la danse, le trait s’efface, devient œuvre monumentale. Une dimension que l’artiste intègre après son voyage à Tahïti en 1931. Lorsqu’il est immergé dans l’eau, Matisse éprouve la sensation de confusion entre le ciel et la mer comme en témoigne ses œuvres Océanie, la mer et Océanie, le ciel (1946-1947). Cette dissolution physique pour le créateur intuitif qu’il est, débouche sur un cheminement mental où il exprime bientôt l’idée que l’espace prévaut. « Pour lui les impressionnistes surchargent d’éléments, nuisant ainsi à la lisibilité de l’œuvre. Matisse lui, enlève les motifs et la ligne, opère une sorte d’épure jusqu’à dégager le point qui permet un contact direct, spirituel, cérébral, avec l’œuvre. » L’exposition se clôt sur les vitraux de la Chapelle du Rosaire de Vence, où la couleur elle aussi entre dans l’espace. « Les gouaches découpées étaient déjà une étape vers cette fluidité de l’espace pictural. L’artiste cherche l’intensité de la couleur pour trouver l’intensité de l’émotion, simplifie le dessin pour trouver l’intensité de l’expression » conclue M-T. Ainsi dans « la Piscine » La couleur bleue s’associe à la fluidité modulée des surfaces pour créer une forme. Avec ce chef-d’œuvre testamentaire le peintre aurait-il atteint l’espace plastique qu’il recherche ? Ce qui est sûr c’est que cette réflexion entamée par Matisse de son vivant semble ne pas avoir fini d’avoir des résonnances. L’artiste fut indéniablement un passeur entre l’art moderne et l’art contemporain. Le musée Matisse évoquera cet esprit visionnaire en confrontant le travail du maître avec une œuvre de Chubac et Gasiorowski, alors que dans le même temps le MAMAC accueillera l’œuvre de Matisse au sein de son exposition estivale dans le cadre de « l’art contemporain et la Côte d’Azur ». Enfin avec l’entrée de « la Piscine » dans sa collection le Musée Matisse engagera un réaménagement de ses espaces (Niveau -2) permettant de présenter la pièce comme Matisse l’aurait souhaité. OM

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côte d'azur

l ' art contemporain et la c ô te d ' a z ur de 1 9 5 0 à nos jours

“Si l’art est partout, alors on f

C'

est ce que clamait Ben à la naissance de Fluxus. 50 ans

L’exposition historique

plus tard voici qu’on ouvre en grand les portes et fenêtres

Plusieurs thématiques dégagées se sont partagées entre les cinq ac-

des Musées et Galeries entre Cannes et Menton. Plus de

teurs majeurs afin de définir l’exposition source. Les musées natio-

200 artistes déployés sur une cinquantaine de lieux. Impossible cet

naux du XXe siècle des Alpes-Maritimes (Marc Chagall à Nice, Fernand

été d’échapper à « l’art contemporain et la Côte d’Azur » !

Léger à Biot, Pablo Picasso, la Guerre et la Paix à Vallauris, et avec une

Maurice Fréchuret, commissaire et directeur des Musées nationaux

délocalisation à Coaraze et à l’Eco Parc de Mougins) explorent « la

du XX siècle des Alpes-Maritimes, revient pour nous sur la genèse de

Peinture et la sculpture autrement ».

l’événement. « Le projet de rendre compte de la production artistique

M. Fréchuret développe : « Si les trois musées nationaux des Alpes-

azuréenne depuis le début des années 50 jusqu’à aujourd’hui est né,

Maritimes ont choisi de traiter la peinture, c’est parce que cette tech-

il y a quatre ou cinq ans lorsqu’un certain nombre de conservateurs

nique reste un axe de recherche prépondérant et que nombre d’ar-

ou directeurs de centre d’art se sont retrouvés dans la région à la

tistes se pensent fondamentalement peintre même s’il leur arrive de

suite de leur récente nomination. Beaucoup gardaient en mémoire,

recourir à d’autres moyens.

e

pour avoir participé à son organisation ou pour l’avoir visitée, l’exposition de 1997, La Côte d’azur et la modernité. Le projet de réaliser le second volet d’un diptyque qui couvrirait le siècle entier est alors apparu comme une évidence. Les échanges qui eurent lieu nous confirmèrent la nécessité d’inscrire le projet dans une dimension clairement historique en évitant l’écueil d’écrire ou de réécrire une histoire des mouvements artistiques qui ont pu se succéder dans la région et dont on connaît le caractère souvent artificiel. Restait donc à imaginer les modalités d’organiser une exposition qui, sans viser une exhaustivité bien improbable, se devait d’être la plus complète possible. Le choix de l’axe technique nous a paru le plus convaincant. Les différents moyens utilisés par les artistes, de la peinture à l’assemblage, de la performance à la vidéo, du son plastique à la photographie…

Cette première observation faite, il convient de faire état de l’évolution même de cette pratique et des moyens que se donnent les artistes pour faire de la peinture. Beaucoup d’entre eux nous ont appris que la peinture ne se pratique pas seulement avec des pinceaux et des couleurs en tube mais qu’elle peut prendre bien d’autres aspects et naître de procédés inédits. Pablo Picasso et Georges Braque nous l’ont démontré au début du XXe siècle et leurs expérimentations ont trouvé chez de nombreux autres artistes – notamment de la Côte d’Azur – de remarquables applications. L’œuvre d’Alberto Burri, de Hans Hartung, d’Yves Klein est des exemples historiques particulièrement riches et significatifs en ce qu’ils recourent à des gestes que les artistes de générations plus récentes vont réitérer à leur façon.

permettent ainsi de rendre compte de la diversité des questionnements et de la pluralité des démarches des artistes. L’option choisie, nécessairement transversale, a, en outre, l’avantage de montrer les différentes facettes d’une même œuvre tout en évitant la multiplication des expositions simplement monographiques. » Ainsi du 19 juin à la mi novembre la plupart des acteurs culturels azuréens (musées, centres d’art, écoles d’art, fondations, galeries, associations) se fédèrent pour offrir un panorama convoquant plus de 200 créateurs, du Nouveau Réalisme aux différentes tendances exprimées par les générations successives. Un second chapitre qui entend bien faire la preuve que notre région demeure depuis ses 60 dernières années un formidable creuset qui n’a cessé de produire : « Un territoire pour l'expérimentation ».

 Cédric Teisseire, Proposition pour le confort, 2006 Exposition « L’égosystème », Poitiers © Courtesy Galerie Rx, Paris

 L’Art Contemporain et la Côte d’Azur, 60 ans d’avant-garde, Accumulations d’Arman

l'


côte d'Azur

EN VILLE

n ferme ! ” Que l’on songe aux procédés employés par

Ci-dessous :

eux et mis en avant dans l’exposition: brû-

 César Carrosseries de voitures compressées 1989, Collection Bernar Venet

ler, tamponner, nouer, teindre, empreindre, tresser, coudre… autant de gestes qui

© Adagp, Paris

relèvent des techniques artisanales que

À droite :

les artistes azuréens - de Claude Viallat à

 Natacha Lesueur MA, 2006 Impression jet d’encre sur digital canevas

Noël Dolla, de Gadha Amer à Aïcha Hamu, de Max Charvolen à Jean-Baptiste Ganne –

© Natacha Lesueur

ne manquent pas de réinterpréter et de requalifier. » Le MAMAC avec la « Couleur Avant » s’interroge lui sur la place de la couleur au cœur de l’œuvre et tire à cette fin des fils, des tenants de la modernité (Dufy, Matisse, Picasso, Chagall, Léger) vers les générations suivantes, du Monochrome de Klein aux glacis de scotch de Marc Chevalier. Le Château de Villeneuve (Vence), s’attache avec « Attention à la Figure » à démontrer comment l’évocation de la figure humaine, est devenu un terrain expérimental en confrontant les œuvres de deux artistes vençois d’adoption, Dubuffet et Malaval avec les

Les Musées Nationaux « Hors les murs » Les Musées nationaux du XXe siècle des

les ruelles, les passages, les places et autres

imaginer une exposition dans un grand es-

Alpes-Maritimes en plus de leurs espaces

escaliers de l’espace public. Abandonnant

pace, acquis récemment par elle. C’est sur

dédiés ont choisi de participer à deux délo-

ainsi les lieux généralement dévolus à l’ex-

plus de 3000 m2 que l’exposition La Sculp-

calisations sous l’impulsion de son commis-

position, les artistes opéraient de manière

ture autrement prend place aujourd’hui,

saire et directeur : « La première expérience

inédite et contribuaient à renouveler les

permettant aux visiteurs d’appréhender,

« hors les murs » que nous avons initié est

modes d’approche des œuvres d’art. Nous

dans de très bonnes conditions de visibilité,

une sorte d’hommage à un autre « hors les

avons choisi de réitérer l’opération en de-

les œuvres d’une quarantaine d’artistes de

murs » que le Ville de Coaraze a organisé il

mandant à quatre jeunes artistes – Pierre

la Côte d’Azur. »

y a plus de quarante ans. En effet, en 1969,

Descamps, Frédérique Nalbandian, Emilie

ce petit village de l’arrière pays niçois a per-

Perrotto et Xavier Theunis de créer des œu-

mis à quatre artistes – Patrick Saytour, Louis

vres en fonction des spécificités des espaces

Cane, Bernard Pagès et Claude Viallat – tous

choisis. La seconde proposition émane de la

de la région ou y travaillant, d’investir, avec

Ville de Mougins qui, désireuse de s’inscrire

des œuvres souvent faites pour l’occasion,

dans la manifestation nous a sollicités pour

l'art contemporain et la côte d'azur

13


14

EN VILLE

côte d'Azur

travaux deux plasticiens photographes actuels : Philippe Ramette

la Villa Arson en trois temps

et Natacha Lesueur. « Montrer sa nuit en plein jour » au Musée

Eric Mangion, Directeur du Centre d’art explique « Le temps de l’ac-

Cocteau en partenariat avec l’association « Document d’Artistes »,

tion, le temps de l’écoute et le temps du Territoire trois expositions

met en écho l’œuvre cinématographique du poète réalisateur avec

qui sont trois paradoxes dans la mesure où elles abordent des sujets

celle de plasticiens vidéastes : Brice Dellsperger, Eric Duyckaerts, Vir-

absolument intraitables parce qu’elles reposent sur des créations qui

ginie Le Touze et Ian Simms. Le centre national d’art contemporain de

ne peuvent exister que dans la temporalité ». « Le Temps de l’Action

la Villa Arson à Nice dissèquera lui en trois temps : La performance,

- Acte I » est la première étape d’une vaste enquête menée par la Villa

le son et l’architecture.

Arson depuis 2007 sur la performance en Côte d’Azur depuis 1951. Cette recherche n’aboutissant qu’en 2012, l’exposition est conçue comme un work in progress. « Nous avons choisi de présenter la base de données sur 4 écrans répartis aux 4 points cardinaux de La Galerie carrée. Au centre un dôme accueillera un espace de travail où ceux en charge de cette collecte continueront à travailler pendant l’exposition ». L’aventure de la performance débute en 1951 avec le scandale des Lettristes au Festival de Cannes, se prolonge avec les Nouveaux Réalistes, des anthropométries de Klein, aux « colères » d’Arman, sans oublier Ben et son Théâtre d’art total, Fluxus. 

Ci-dessous : Virginie Letouze, L’hyperchanson d’A., Performance, MAMAC Nice 2008 - Photos Yves di Folco © Virginie Letouze, Yves di Folco

Ci-dessus :  Philippe Ramette, Contemplation irrationnelle, 2003 150x120 - Photo Marc Domage © Philippe Ramette, Courtesy Galerie Xippas

Ci-contre :  « Le temps de l’action », Ben, «Regardez-moi cela suffit», 1966 © Ben Vautier, ADAGP  « Non ! Nice n’est pas Niort ! », Performance, 12 déc. 1977, Galerie Ruy Blas © Ruy Blas

l'art contemporain


côte d'Azur

Ci-dessous à gauche :  Les sculptures de Martin Caminiti à l’Eco Parc de Mougins Sans titre, 2007 © Photographies Michel Clirekermaille

EN VILLE

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Ci-dessous à droite :  Martin Caminiti, Hommage à M.D., 1987 Bois, matériaux divers - 160 x 36 x 63 cm, Collection Ben Vautier

Les espaces successifs invitent des personnalités singulières comme

positions. Plusieurs générations, courants, et pratiques (peintures,

Serge III, Pierre Pinoncelli jusqu’aux performers plus récemment im-

sculptures, installations, art sonore) autour de : Ben, Pages, Viallat,

pliqués en region (Éric Duyckaerts, Arnaud Labelle-Rojoux, ou Jean-

Dietman, Denis Castellas, Anne Pesce, BP, Aicha Hamu Pascal Pinaud

Luc Verna etc.). Avec « Le Temps de l’Écoute » place aux pratiques

etc. Le Théâtre de la Photographie et de l’Image présente un portrait

sonores et musicales autour d’installations de plasticiens (Pascal

de la région, réalisé par sept photographes sur un thème partagé

Broccolichi, Jean Dupuy, Vincent Epplay, Arnaud Maguet etc.) mais

avec le Musée André Villers à Mougins : « photographe marcheur ».

aussi de musiciens reconnus dont les Rolling Stones qui vécurent le

Le Musée Magnelli invite la filiation de ces grands céramistes qui jetè-

temps d’un album en 1971 à Villefranche-sur-Mer. Pour « Le Temps

rent les bases de la céramique contemporaine. Le CIAC Carros revient

du Territoire » l’artiste Emmanuel Régent réinterprètera l’architecture azuréenne via une installation murale à grande échelle, qui constitue une cartographie inédite du territoire.

sur le regard de l’artiste et collectionneur André Verdet (1913-2004) autour de sa donation et des photos de F. Altmann. Une plongée dans la grande et la petite histoire de la création azuréenne. L’Espace de l’Art Concret présente lui, la création à travers l’acte de collectionner en écho à la genèse de ce lieu né d’une collectionneuse, Sybil Albers et d’un artiste collectionneur, Gottfried Honegger. Le Musée International de la Parfumerie inaugure son parcours d’art contemporain avec les artistes Berdaguer & Péjus, Gérard Collin-Thiébaut, Peter Downsbrough, Brigitte Nahon, Jean-Michel Othoniel et Dominique Thévenin. des monographies. Espace à Vendre, la Galerie qui a récemment déménagé et partage ses murs avec Ben, dévoile sa relève en trois temps : Stéphane Steiner, Emmanuel Régent, Thierry Lagalla. Dans une villa du début de siècle, la vision d’un photographe plasticien fasciné par l’infini, les trous noirs et les poupées, c’est Frédéric Nakache à la Villa Caméline. des lieux uniques. Profitez-en pour visiter deux fondations rares : Celle, au Muy de l’artiste et collectionneur Bernar Venet, qui sera le prochain artiste invité à Versailles et celle de Hans Hartung à Antibes sur le domaine de ses anciens ateliers. Trois lieux atypiques à découvrir en même temps que leurs propositions : Le site des Abattoirs à Nice où l’association « La Station » rend hommage à une grande gale-

36 projets expérimentaux

rie de la capitale « Air de Paris » créée par des niçois. L’Hôtel Windsor

Un second volet, s’articulant autour de 36 projets, fédérera autant

réputé pour ses chambres d’artistes qui offre une carte Blanche à

de lieux comme autant de satellites gravitant autour d’un axe. Une

Ben et enfin le parcours land Art à L‘arboretum du Roure signé par le

nécessité pour Eric Mangion : « Une fois posés les grands axes histori-

collectif No-made.

ques, il nous parut vital d’ouvrir deux autres cercles. Un premier avec

des projets atypiques. Le Lavoir à Mougins où une centaine de pois-

le réseau BOTOX, puis un troisième avec des Centres d’Art comme La

sons rouges improvisent un ballet concert sur une installation de Cé-

Malmaison, le Château de Carros, le Musée de la Parfumerie et des

leste Boursier-Mougenot. La Galerie Ambulante, véhicule aménagé en

associations comme No-made (Roure, Cap d’ail). Ce qui est important

espace d’exposition qui va à la rencontre de tous les des publics. Une

c’est que l’évènement témoigne également que la création azuréenne

pluie de tracts créés par une cinquantaine d’artistes et diffusés sur

est toujours vivace, qu’elle se renouvelle, qu’il y a toujours une réelle

le parcours de l’événement, sur une initiative de la Galerie, Maison

diversité dans ce paysage ». Ainsi voici quelques pistes à suivre au

singulière. A voir : La Cinémathèque de Nice en juin et octobre, invite

cœur de cette manifestation d’envergure :

une vingtaine d’artistes à faire leur programmation.

des expositions collectives emblématiques. La galerie Catherine

Pour ne rien rater et plonger dans ce grand bain de l’art estival :

Issert sur le front de l’art depuis 35 ans déploie son fond en six ex-

www.artcontemporainetcotedazur.com

Om

in et la côte d'azur


E n V ille

Ci-contre page de droite :  Détails d’une saga colorée qui se décline en cinq salles et cinq épisodes  Moya devant l’une des chimères de la salle dite du commencement

Ma c OnNnAeCsO

La Malmaison

 Défenseur de l’œuvre de Moya depuis ses débuts, Frédéric Ballester a donné carte blanche à l’artiste niçois pour réaliser une fresque monumentale à la Malmaison

© Isabelle Chanal

Bienvenue au Moya land

© Isabelle Chanal

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Dans le cadre de « l’art contemporain et la Côte d’Azur », la Malmaison confie l’intégralité de ses espaces à Patrick Moya. 85 mètres de fresques qui retracent le parcours d’un artiste hors norme.

P

atrick Moya, né en 1955, a intégré la Villa Arson en 1974. Il y fut élève et modèle, celui qui observe et qui est observé. Cette position singulière, Moya semble n’avoir jamais cessé de l’occuper au sein de la création, se mettant en scène dans ses propres œuvres jusqu’à créer en 2007 son propre clone dans le monde virtuel de « second life » Frédéric Ballester, Directeur du Centre d'Art la Malmaison, qui voue une passion pour les artistes évoluant sur le fil de l’histoire de l’art comme Armand Avril ou Antonio Saint Sylvestre a été séduit par cette trajectoire « Dés la genèse de l’événe-

ment, j’avais prévu de consacrer une grande exposition à Moya, que j’avais déjà exposé et que j’apprécie depuis les années 70. Il occupe dans « l’après Ecole de Nice », une place unique. Alors que beaucoup d’artistes de sa génération sont restés figés dans la peinture, Moya lui a toujours été dans un processus de renouvellement. Et si l’on peut voir dans son œuvre des filiations avec la figuration libre, Combas, Di rosa ou Speedy graphito, Moya est quelqu’un qui ne s’est pas laissé enfermé dans un courant. Son engagement pictural l’a toujours mis à l’écart de tout référencement.»


MONACO

Carte blanche sur fond noir C’est ce que vous pourrez découvrir grâce à cette exposition où Moya trace son autoportrait via une fresque réalisée in situ (85m de murs linéaires sur 4 m de haut). Les grands travaux, ça le connaît, lui qui dès ses débuts, avait peint sur kraft une fresque de 40 m en hommage à la Télé, lui qui créa en 2003 une crèche occupant la vitrine de la Galerie Ferrero (qui le représente à Nice), lui qui restaura à sa manière la Chapelle de Clans en 2007, lui qui a peint de gigantesques toiles pour le Festival du Cirque de Monaco et recouvrit de son « bestiaire éclopée » la maison de la Croix-Rouge monégasque. Mais cette fois, le défi est encore différent. Moya a eu une carte blanche pour se raconter de M à A, quatre lettres qui s’insinuent dans ses toiles. Frédéric Ballester explique « j’ai dit à Patrick, la maison est à toi ! Au final nous découvrirons la Malmaison comme on ne l'a jamais vue ! » En moins de deux mois, voilà les quelques 350 m2 et 4 salles sur 5 du centre d’art transformées en grottes de Lascaux ou en salles obscures car c’est sur de gigantesques toiles noires préparées spécialement pour l’occasion que l’artiste à mis en scène sa civilisation « Cézanne peignait sur un fond brun antique, Moya a voulu ce fond noir qui révèle son talent de coloriste. Ce qui est intéressant c’est que même en s’ouvrant à d’autres médiums, Moya a gardé le cap avec la peinture, devenant ainsi une véritable encyclopédie vivante »

 «La traversée des médias». Moya / Narcisse joue la mise en abîme de son alter égo inspiré de Pinocchio © Toutes photos Isabelle Chanal

Moya fait son festival Depuis des années ce monde étrange nous nargue, par épisodes. A la Malmaison, Moya, dont le catalogue raisonné (4000 œuvres recensées) sortira en même temps que s’ouvrira l’exposition, offre le final cut d’un étrange biopic. Au fil des salles, l’artiste metteur en scène convoque ses premiers rôles, l’alter ego Moya/Pinocchio, le mouton-mascotte

E n V ille

des Dolly Party, le singe, l’ours fauve, la Drag queen (aux faux airs de Moya). Et la petite histoire s’invite dans la grande. Car cette épopée qui commence avec la création du monde et se clôt (ou pas) sur « Second Life » s’articule en 5 étapes. Au début était le verbe, et les dinosaures. Le commencement évoque le paradis et la chute, la créature chassée de l’image après avoir croqué la pomme. Puis viennent les « Totems et tabous » ou les arts premiers revisités par Moya. Dans la salle 2 c’est l’enfance de l’art : Pinocchio, le pantin se libère de ses ficelles. Une séquence qui renvoi à l’étonnante vision que l’artiste a de son travail. Dès ses débuts Moya prit fait et cause pour Bugs Bunny, Tintin, Batman et les autres, clamant «l'art du futur verra le remplacement du créateur par sa créature». Mais, nous voici déjà dans l’atelier de l‘artiste et sous les feux de la société du Spectacle dont Cannes et son festival pourrait bien être le mètre-étalon. C’est logiquement que le « Moya Land » envahit les murs de la salle 4 où l’œuvre récente, sa nouvelle Babylone renvoyant au surréalisme irrévérencieux d’un Clovis Trouille donne toute sa mesure. Enfin dans la dernière alcôve, la seule à avoir conservé sa blancheur immaculée, Moya nous invite à rentrer dans le virtuel « A visiter via un écran géant et trois claviers, son musée et son île située en face des îles Duchamp, Calder, Magritte, Klee ». Un retour à l’origine pour celui qui, dès les années 80 avait monté son propre studio de TV et ne voyait d’avenir que dans l’électronique. La civilisation Moya, revisite l’histoire, celle d’un monde rêvé par l’artiste. La scénographie impliquera également une occupation de l’espace intelligente avec des objets créés par Moya depuis les années 70, des pièces en regard avec la fresque. « C’est truffé de références dont l’artiste a le secret. De Magritte à Hitchcock via Moby Dick, de la bible à la divine comédie. C’est important parce que c’est la première fois que Moya livre un travail générique sur l’ensemble de sa création » Un monde onirique, fait de chimères, d’animaux aux regards humains sauvés du déluge ? Une arche de Noé devrait être installée sur le parvis de la Malmaison « Une coque de bateau renversée et peinte elle aussi en noir, d’où l’artiste fera débarquer grâce à son pinceau, son bestiaire face à la méditerranée. La civilisation Moya agit comme un miroir» souligne Frédéric Ballester qui a prévu un catalogue hors gabarit afin de rendre compte de cette immense parade « Freaks » et du travail tridimensionnel de l’artiste « Pour moi c’est la première grande installation où l’artiste prend véritablement possession des lieux. Combas c’était un accrochage. Et pour que cette exposition performance ne soit pas éphémère, et puisse s’exporter, les toiles seront découpées et montées sur châssis ». Heureux qui comme Moya a fait un long voyage et n’est pas encore arrivé à destination ! OM

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18

EN VILLE

mOnAcO

Magali Vercesi, Directrice de l’OETP devant le Musée des Timbres et des Monnaies

La principauté s’affranchie ! A Monaco, territoire réputé pour la culture de l’exception même les timbres postes n’échappent pas à la règle. Enquête sur un paradis philatélique…

C

’est sous le règne de Louis XI que naquirent les relais de poste et le premier service de missives distribuées à cheval. Mais il fallut attendre 1849 et la création d’une taxe d'affranchissement payée par l'expéditeur pour que le premier timbre français voit le jour : le 20 centimes noir. Le service postal de la Principauté monégasque fut assuré par la France, par une convention remontant à 1640 et plusieurs fois renouvelée. Si le premier tampon de « Monaco » date de 1704 son premier timbre ne fut émis qu’en 1885 à l’effigie du Prince Charles III. le 6 novembre 1937 la principauté obtient le droit d’émettre ses propres timbres et crée à cet effet l’Office des Emissions de Timbres-Poste (OETP) chargé de l’étude et de la diffusion des timbres-poste. Sa mission : « créer et fournir les timbres nécessaires à l’affranchissement des correspondances et promouvoir les timbres de Monaco dans un but de collection. » Aussi, depuis ses deux premiers Directeurs, Henry GAMERDINGER et Hyacinthe CHIAVASSA, (également conservateurs du Musée Des timbres et des Monnaies) la politique de la philatélie monégasque est axée sur la

qualité de ses émissions, son caractère novateur et une pluralité de thèmes abordant le patrimoine sur tous ses fronts. Résultat 50 timbres sont émis chaque année par L’OETP, toutes les phases préalables à leur impression étant soumises à l’approbation de SAS le Prince Souverain. la principauté en filigrane « En Principauté le service postal est assuré par l’Administration française mais la philatélie reste souveraine. Cette dissociation est un cas de figure exceptionnel » explique Magali VERCESI directrice de L’OETP. Une spécificité qui fait tout le charme et la valeur d’une philatélie très prisée des collectionneurs. Mis bout à bout, les timbres monégasques forment une véritable encyclopédie, le journal intime de la vie de la Principauté sur deux siècles. Car chaque année la programmation s’axe autour de thèmes récurrents : les grands événements nationaux ou internationaux, la vie de la famille princière, les dates anniversaires, les commémorations autour du patrimoine, de la science, de l’art, du sport, etc.. Ainsi en 2010/2011 parmi les timbres édités : les centenaires de l’insti-

tut de paléontologie humaine, du musée océanographique, de la constitution, de la Cathédrale, les 10 ans du Forum Grimaldi etc.. Certains timbres mettent en exergue les relations internationales qu’entretient la principauté avec le reste du monde (le Voyage du Prince Albert II en Irlande, Les

Folon, Pignon Ernest, Arman ou Sosno participèrent au renom d’une collection unique recherchée par les philatelistes


mOnAcO

Le Musée des Timbres et des Monnaies, un lieu d’exposition mais aussi de mémoire d’un artisanat séculaire perpétué par la principauté.

EN VILLE

Toutes photos © Isabelle Chanal

150 de Big Ben à Londres), d’autres de grandes figures historiques (le bicentenaire de la naissance de NAPOLEON II, les 150 ans du sculpteur Aristide Maillol). Et M. Vercesi de rajouter : « Nos grandes manifestations nous inspirent régulièrement : Le Monte-Carlo Master, le festival du cirque, l’exposition canine, les cents ans du Rallye de Monte Carlo, Le grand prix Automobile qui l’année prochaine fêtera ses 70 ans ». Mais le timbre le plus attendu en 2011 c’est celui qui sacrera le 1er juillet l’union de S.A.S. le Prince Albert II. « Ce timbre mémorial comme le fut celui du mariage du Prince Rainier avec Grace Kelly, sera réalisé en taille douce à partir de dessins créés par trois artistes. Un pour le portrait du Prince Albert II, un autre pour la future souveraine Mlle Charlene WITTSTOCK et enfin, un pour le fond. Plusieurs versions sont en cours de réalisation ainsi qu’un bloc, conçu par l’artiste CHICHKINE ». Un spécialiste de cet art singulier plusieurs fois pressenti par L’OETP notamment en 2009 pour dessiner le timbre du centenaire des Ballets russes. un art complètement timbré Car pour accoucher chaque année de 50

timbres, L’OETP fait appel à des artistes, ses propres graphistes n’intervenant que sur des maquettes créées à partir de photos ou de documents existants. « Seule l’impression nous échappe, c’est une étape que se réserve l’état français qui a conservé le monopole de l’édition du timbre via l’imprimerie de la Poste à Périgueux » explique Magalie Vercesi. Si les timbres monégasques sont si recherchés (13 000 collectionneurs abonnés), c’est qu’ils bénéficient d’une tradition longue et réputée notamment pour leurs qualités techniques. « Nous privilégions la gravure en taille-douce. La grande précision qu’offre cette technique l'a historiquement destinée à la fabrication des billets de banque et des timbres-poste ». Ce procédé de gravure en creux sur une plaque de métal nécessite en amont l’intervention d’expert en dessin. Aussi L’OETP opère-t-il un tri sélectif parmi les candidatures. Quelques-uns de ses auteurs voient leurs précieux travaux exposés au Musée Postal : Slania Albuisson, Guéorgui CHICHKINE, et Colette Turillet une niçoise spécialiste de l’art floral et animalier. Et si Monaco est parmi les premiers pays à émettre de grands timbres d’art c’est que

sa collection unique comprend également des œuvres d’artistes plasticiens majeurs, la plupart liés à la vie culturelle monégasque. C’est le cas de Folon (Galerie Guy Pieters) décédé en 2005 à Monaco, qui réalisa plusieurs timbres pour l’OETP (5 pour la Poste Française) et participa en 2000 comme ses congénères des ateliers du Quai Saint Antoine (Adami, Arman, Sosno, Cane, Fuchs, E. de Sigaldi, Verkade) à la série « Monaco et la Mer ». Ernest Pignon Ernest a créé lui en 2009 un timbre pour les Ballets de MonteCarlo, pour lesquels il conçoit les décors de certains spectacles. Le 1er décembre 2006, est émis un diptyque reproduisant deux Pensées peintes par Auguste Nall et installées en grandeur nature au Grimaldi Forum. Cette année c’est l’affiche signée Patrick Moya pour le 35 éme Festival International du Cirque de Monaco qui eut droit à ce traitement de faveur. Avis aux amateurs ! Tous ces timbres étant retirés au bout de deux ans de la circulation certains deviennent inestimables. Des perles rares que vous pourrez voir lors du prochain salon MONACOPHIL qui se déroulera en Principauté du 2 au 4 décembre 2011. Om

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ART P

Je photographie donc je marche ! Nicolas Frémiot

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• 21 juillet - 20h30

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Réservations : Renseignements :

www.jazzajuan.com

04 97 23 11 19 / 04 97 23 11 10

• 23 juillet - 20h30

Harold LOPEZ NUSSA TRIO Manu KATCHE PROJECT & special guests

• 24 juillet - 20h30

BRE ENTRÉE LI

Hommage à John WILLIAM Soirée GOSPEL : Craig ADAMS

P A R T E N A I R E

O F F I C I E L

côte d’azur


LA VIE DES ARTS

dAnSe

Jean-Christophe Maillot « Je suis un passeur »  Cendrillon © Marie-Laure Briane

Il compte parmi ces chorégraphes qui ont su renouveler l’univers de la danse. Jean Christophe Maillot est un architecte du rêve qui aime bâtir à plusieurs mains.

©H. Lagarde

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L’artiste / Plasticien Philippe Favier en arrière-plan et Jean-Christophe Maillot, un duo complice au «Opus 50»

J

ean-Christophe Maillot est Directeur artistique des Ballets de Monte-Carlo depuis 1993. Ses créations sont marquées par leurs scénographies souvent créées en complicité avec de grands artistes plasticiens dont Ernest Pignon Ernest son meilleur complice avec lequel il réadaptera en décembre « le lac des cygnes ». En avril, le triptyque « Greco-Inger-Maillot » présenté par les Ballets de Monte-Carlo s’ouvrit sur un rideau de scène signé Valerio Adami, tandis que Jean-Christophe Maillot accouchait de son nouveau bébé « Opus 50 » sur une scénographie du plasticien Philippe Favier. J-c maillot, les arts plastiques et la danse, ça commence comment ? Dès ma naissance je n’ai baigné que là dedans ! Je suis né à Tours où mon père était peintre, professeur aux beaux-arts, scénographe. Il a créé plus de 250 décors et costumes de ballets et d’opéra. Mon frère étant compositeur, j’ai vécu très tôt entouré de la musique, des arts plastiques et de la danse que j’ai commencé à pratiquer dès l’âge de 6 ans. la chorégraphie s’est donc imposée naturellement ? Oui, car c’est le propre de cet exercice que de croiser ces disciplines. Le travail du chorégraphe dépend toujours de celui des autres. La première courroie de transmission c’est le danseur qui donne corps à mes choix de mouvement. Ensuite si j’ai envie d’un univers particulier, à moi de trouver les artistes plasticiens qui peuvent correspondre. comment les intégrez vous à vos créations ? En général mes collaborations débutent par une commande de rideaux de scène. A partir de là, l’aventure se poursuit ou pas. Le talent ne suffit pas, il faut qu’il y ait connivence car la chorégraphie m’est dictée par toutes les personnes avec lesquelles je collabore. Je collecte leurs gènes et les fais vivre. C’est une création partagée. Aussi quand je travaille avec un peintre cela ne m’intéresse pas que l’on voie son univers sur scène. Il y a des musées pour ça. comment avez-vous rencontré ernest pignon ernest ? Il m’a été présenté par la Princesse Caroline qui avait vu son exposition à Nice. J’ai tout de suite était attiré par son univers qui transpire un érotisme très proche de celui de la danse. C’est Ernest qui m’a parlé de Favier. Notre rencontre a été surréaliste. Alors que Favier travaillait sur des petits formats, je lui ai demandé de faire un rideau de 18 m sur 13 m. Pour Opus 50, son univers à la fois ludique et douloureux m’a profondément inspiré au point que cet échange est allé bien au delà du travail de plateau. d’un plasticien à l’autre les rapports changent ? Avec Philippe on avait travaillé sur « l’île » en 2001 et sur « Miniatures ». Favier amène beaucoup de propositions, Ernest est plus minimaliste, Phi-


dANSE À gauche :  «Opus 40» © Marie-laure Briane  spectacle «Opus 50» avec la scénographie de Philippe Favier © Marie-laure Briane

À droite :  vues de l’atelier des ballets de Monte Carlo où J.-C. Maillot donne naissance à ses spectacles, des décors aux chorégraphies via la fabrication des costumes © Marie-laure Briane

ne

lippe me nourrit de matière, parfois il le regrette parce que je ne prends pas toujours ce qu’il attend. Ce qui est intéressant, c’est qu’on se propose des choses puis qu’on se les vole. Ça marche dans les deux sens. a un moment, j’étais coincé, je lui ai demandé de penser à une chorégraphie. C’est une pratique que j’ai validée avec les jeunes plasticiens du Pavillon Bosio. Quand je les mets en situation de réaliser une scénographie, ils vont toujours au delà. On assiste aujourd’hui à une véritable appropriation du corps dans les arts plastiques. Opus 50 fait parti de vos pièces la plus introspective voire abstraite Je viens d’avoir 50 ans, donc c’est la suite d’Opus 40, 10 ans plus tard. J’aime avoir des marqueurs, savoir où j’en suis de ma capacité à conserver cet influx créatif, à me renouveler. Pour « Opus 50 » Marc Monnet qui avait travaillé avec ses tripes au point d’être troublé par sa propre partition me l’a confiée pour qu’on explore ensemble de nouveaux territoires. A l’opposé, vous abordez souvent des pièces narratives via l’univers du Conte comme la Belle ou Cendrillon On est enfant trop tôt, on n’en profite pas assez. On apprend à se formater très vite, puis on passe une vie entière à essayer de retrouver cet état de l’enchantement. Pour ma part je continue à jouer aux petites bagnoles quand je travaille. et si les univers de Perrault ou de Grimm me passionnent, c’est parce que c’est un laboratoire plus complexe qu’il n’y paraît. Un théâtre de la cruauté, de l’onirique, avec ses figures archétypales. Je vais reprendre « le lac des cygnes’, j’ai demandé à l’écrivain Jean rouaud, prix Goncourt 1990, de faire la dramaturgie pour retrouver cette dimension, parce que je crois aux conte de fées. J’en vis un, moi-même. et puis la roturière qui épouse le prince, c’est toujours mieux que le communautarisme ambiant. Par ailleurs, c’est devenu une réalité au royaume-Unis et en Principauté le 1er juillet prochain. Travailler à Monaco est-ce que cela influe sur votre travail ? « Je ne peux pas proposer çà à mon public ! » voilà bien une formule que je n’ai jamais compris. si j’ai une ambition, c’est d’emmener le public plus loin possible, sans préjuger de ses goûts, sans sectarisme, sans me censurer. J’ai reçu des lettres d’insultes quand j’ai fait venir de londres le spectacle de Javier de Frutos. Pour le centenaire du ballet russe, on a fait 60 000 spectateurs dans une ville qui en compte 30 000. Mes créations procèdent du même éclectisme. J’ai autant besoin d’abstraction que de narration, de danse classique que contemporaine. Ce qui me gène c’est le discours radical, qui voudrait que l’on ne s’intéresse qu’à une feuille quand c’est tout l’arbre qui bruisse. Cela vous a valu une certaine incompréhension ? C’est bien là mon problème, l’identification ! Je ne revendique pas mon travail de manière théorique, je le fais avec passion, partage. aussi Je sais que je peux être un lien possible entre des choses très radicales et d’autres un peu trop populaires. Je suis un passeur et non pas un « Choré-auteur » pour reprendre ce barbarisme de serge lifar. soyons clair, le terme créateur m’emmerde terriblement, la création n’a rien de divin, elle est profondément humaine. elle découle de la mémoire, du regard, de l’attention que l’on porte au monde. OM

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ARTISTE

Niki de Saint Phalle Madame rêve ses Nanas ont fait le tour du monde. entre avant-gardes françaises et américaines, Niki de saint-Phalle, consacra sa vie à bâtir son étrange univers fait de monstres qui n’ont rien d’inhumain…

L

e 29 octobre 1930 naît Catherine Marie-agnès Fal de saint Phalle à Neuilly-sur-seine, un an après que le krach de Wall street ait ruiné son père banquier. alternant son enfance entre la France et les etats-Unis, Niki débute sa carrière comme mannequin et comédienne. elle commence à peindre en 1952 mais c’est en 1961 qu’elle se révèle en faisant saigner la peinture lors de ses « tirs ». Une performance durant laquelle l’artiste tirent à la carabine sur des poches de couleurs qui en éclatant éclaboussent les formes en plâtre dans lesquelles elles sont nichées. se rapprochant d’abord des Nouveaux réalistes, Niki trouvera sa voie en rencontrant Jean tinguely. C’est avec cet artiste suisse qui veut libérer les machines de leur utilité qu’elle accouchera, de sculptures à la gloire de la féminité dont certaines ont intégré le MaMaC. en 2001, totems, dragons et Nanas girondes, chamarrées envahiront Nice, du Musée d’art Moderne à la promenade des anglais suite à la donation que fit l’artiste à la ville, un an avant sa disparition. Un retour aux sources, car c’est à Nice que Niki de saint Phalle séjourna en 1953 suite à une grave crise nerveuse et qu’elle décida de se consacrer à l’art. Ronde de Nanas avec ses premières Nanas à base de laine et de tissus, Niki de saint Phalle plante en 1965 la première graine. l’année suivante, elle réalise une Nana monumentale (28 m de long, 9 m de large et 6 m de haut) inspirée de la déesse de la fécondité. Prémices d’une récolte future ? « Hon » créée avec tinguely, est installé au Moderna Museet de stockholm où le public se presse entre ses jambes pour pénétrer dans cette sculpture habitable qui abrite entre autre un cinéma, et un mini bar dans son sein droit. en 1967, le couple récidive et crée à la demande de l’état français « le paradis fantastique » pour son pavillon de l’expo’ 67 à Montréal. l’ensemble de 13 sculptures gagnera Central Park, avant d’être installé définitivement à stockholm. Parallèlement la famille des Nanas s’agrandît. la première en polyester prend le pouvoir à l’aube de Mai 68 alors que Nikki fait l’objet d’une première rétrospective à amsterdam. elle n’a que 37 ans.

 Niki de saint Phalle et Jean-Pierre raynaud en 1993 à vence © Frédéric altmann


ARTISTE

Bonnie & Clyde il aura fallut 5 ans à Niki et Jean qui se sont rencontrés à Paris en 1955, pour tomber amoureux et se décider à vivre et à créer ensemble. Malgré une liaison tumultueuse, ils finissent par s’unir officiellement en 1971 donnant naissance en 1972 à… un « Golem ». Une immense sculpture pour enfants, commandée par la ville de Jérusalem. Un mastodonte dont les trois langues/toboggans représentent les trois religions. durant quarante ans, au fil de leurs aventures, de leurs voyages, le couple n'a pas fait d'enfants, mais des sculptures, monumentales. des créatures polychromiques inspirées des arts premiers, des légendes de l’enfance, "pour rendre les gens heureux", disait Niki. d’infernales machines, aussi absurdes que fascinantes pour Jean, l’architecte de la liberté. les deux artistes se nourrissant de leurs pulsions créatives. les jeux de l’amour et de l’esprit se mêlant dans ce chassé-croisé esthétique. « les Bonnie & Clyde de l’art contemporain », c’est ainsi qu’on les surnomme, vivent à cent à l’heure. Niki est toujours dans un état d’exaltation, tinguely dans sa mécanique du rêve. de cette stimulation croisée naîtront bon nombre d’œuvres dont le «Cyclope» à Milly-la-Forêt, que financera Niki grâce à la vente de ses œuvres, la «Fontaine igor stravinsky» à Paris et la plus remarquable à la fin des années 70. le Jardin des Tarots le rêve de toute une vie, Niki de saint-Phalle en fera une réalité entre 1979 et 1998, moment de l’ouverture du jardin des tarots. l’artiste a longtemps hésité sur le choix de l’endroit pour élever sa grande œuvre. elle veut l’isoler en pleine nature et à l’abri du vandalisme. alors qu’elle est convalescence en 1975 en suisse, sa vieille amie Marella Caracciolo, lui propose d’en parler à ses frères qui ont une grande propriété en toscane. Quelques mois plus tard, Niki débarque à Capalbio ses maquettes sous le bras. les dés sont

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jetés. les cartes sont tirées. a la tête d’une équipe d’artisans, d’artistes et de jardiniers, Niki bâtira sur ce domaine d’un demi hectare, vingt-deux sculptures monumentales à l’image des arcanes du tarot divinatoire : la Papesse, le Magicien, la Fortune, l’amoureux, le Fou, la lune… Certaines culminent à 15 mètres, toutes resplendissent du verre coloré de Murano, de fragments de céramique, d’éclats de miroir… sa génitrice résidera même une dizaine d’années sur le site, s’installant dans le ventre de l’impératrice puis dans un atelier/chambre construit par Jean tinguely en 1988, sous le sphinx. revendiquant l’esprit de Gaudí, du facteur Cheval, Niki invente durant ces 20 années dans ce jardin laboratoire des solutions esthétiques innovantes, afin que nature et sculpture ne fassent qu’un. elle financera ce projet hors-norme en parfaite autonomie, acceptant de donner son nom à une ligne de parfum. Jean l’épaulera jusqu’à son dernier souffle avant qu’elle-même ne s’éteigne en 2002 à san diego, laissant le jardin inachevé. a l’inverse de l’écrivain HP lovecraft qui fit surgir de nos profondeurs des monstres exterminateurs, Niki a fait éclore de cette terre nourricière des monstres de douceur. le Jardin des tarots n'a rien d'un musée à ciel ouvert, c'est un espace conçu pour la déambulation, la découverte, l’enchantement. Niki a laissé la clé, mais pas de guide, ni de parcours imposé. il existe autant de lectures du lieu que de visiteurs. tel un tirage du tarot, c’est l’ordonnance des cartes qui définit l’interprétation du site. l’artiste l’a bâti ainsi laissant le promeneur libre de découvrir son arcane, de lire dans son jeu au travers de ses chimères. « J’ai rêvé de Nanas multicolores et géantes, qui pourraient prendre place à l’extérieur, au milieu d’un parc ou d’une place. Je voulais qu’elles prennent le pouvoir sur le monde. » en ce jardin, le temps a finit par lui rendre ses rêves. OM

 le monstre du lochness © Frédéric altmann

 la mariée sous l’arbre, Niki Charity art Foundation

 le Jardin des tarots de toscane, Niki Charity art Foundation

 le diable, 1985 donation de l’artiste, Collection MaMaC Niki Charity art Foundation


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ARTISTE

Serge III

ATTENTION ART Mé En 1958 de la nouvelle vague parisienne émerge « le Beau Serge ». A Nice d’une nouvelle scène artistique, un autre Serge, pour qui la vie ne fut pas un long fleuve tranquille mais une forme d’insoumission considérée comme un des beaux arts.

 Serge III, Z’ éditions dans le catalogue réalisé à l’occasion de l’exposition à la Galerie Christine Le Chanjour - 1er au 29 février 1991 © Z’ éditions  Auto-stop avec un piano - 13 juin 1969, Cros de Cagnes

Un poster géant montrant Serge III faisant du

« Ma première rupture avec l'art classique des

stop avec un piano signalera l’exposition es-

années 50-60 fut en février 1962. Bien avant

tivale à l’Eco’Parc de Mougins. Un demi siècle

que j'entende parler du Happening, j'ai pro-

plus tard personne n’a oublié Serge III mais

posé, pour 1 Franc, mon âme à Ben. Le but

le mystère plane encore sur une œuvre sin-

était de traiter avec dérision ce que d'autres

gulière, sulfureuse. En 2010 fut proposée à la

prennent tellement au sérieux. C'était la pre-

vente aux enchères de l’Ecole de Nice une sé-

mière, mais non la dernière fois ». Force est de

rie de photos représentant les corps meurtris

reconnaître que la vie de Serge Oldenbourg né

de la Bande à Bonnot à la morgue. Le travail

en 1927 fut un happening qui dura 73 ans. La

de la balle fut une des dernières exactions de

production subversive de l’artiste emprunta

Serge III. La première, qui mit le feu aux pou-

deux voies, la performance avec Fluxus et cel-

dres, fut l’happening qu’il réalisa en jouant

le de la création d’œuvres à forte teneur acide

à la roulette russe (avec une arme chargée)

pour la morale, la religion, l’ordre établi. « Ser-

lors d’un concert Fluxus. Entre-temps la car-

ge III ose des images très fortes où l’on ne sait

rière du frère de l’écrivaine Zoe Oldenbourg,

qui l’emporte de la dérision ou de la gravité du

troisième Serge d’une veille famille russe, fut

propos » c’est ainsi qu’ouvrait Claude Fournet

aussi controversée que productive.

(Conservateur et Directeurs des Musées de Nice) le catalogue consacré à la rétrospective  «GUEP’ART» réédition février 1978 - décembre 1982 © Z’ éditions


ARTISTE

La vie des arts

MéCHANT de l’artiste à Nice en 1988. « Avec Pinoncelli,

Mais la police l’intercepte. La même année, il

ils furent certainement les deux plus radicaux

peint avec les trois couleurs du drapeau fran-

dans leurs gestes » souligne aujourd’hui Eric

çais des ossements et des sabres pour célé-

Mangion, directeur du centre d’art de la Villa

brer le centenaire de la défaite de Sedan. Peu

Arson dont l’exposition « le temps de l’action »

après, à La Rochelle, invité à exposer dans la

fera une large place à cet héritier de DADA. Le

rue, il accroche à des câbles, une croix de 2 m

caractère ambivalent et radical de Serge III posa

50 de haut sur laquelle on peut lire : "le Christ

bien des problèmes à ses contemporains, aux

revient de suite". La liste de ses gestes artisti-

institutions comme parfois à ses amis. Et quand

ques contrôlés (ou moins) serait longue. Mais si

l’artiste performer fit la une des journaux ce

l’on redécouvre aujourd’hui Serge III c’est aussi

ne fut pas celle de la presse spécialisée. « Un

grâce à une œuvre de galerie qui fit une large

français échangé contre un espion Tchèque »

place à la réflexion sur l’engagement créatif, en

titrait France-Soir le 29 décembre 1967. Serge

témoigne ses agressions d’identités ou son tra-

III venait d’être libéré, suite à 14 mois de prison

vail sur le contenu/contenant. Pour matérialiser

pour avoir collaborer à la désertion d’un soldat,

ce concept, l’artiste réalisa au début des années

après un concert Fluxus à Prague. En 1970 in-

70 des moulages intérieurs d’armoires, bou-

vité à l'exposition « Environs Il » à Tours, Serge

teilles, bidon, paquets de cigarettes exposés

III achète un pistolet à amorces. Il prévient les

pour Sigma 5 à Bordeaux en 1969, au Musée

organisateurs et la presse, monte dans un bus,

d'Art Naïf à Flayosc en 1973, à Porto en 1974 et

braque le chauffeur et lui ordonne de rejoindre

au Centre Georges Pompidou en 1977 et plus

la bibliothèque où se déroulait l’événement.

tard à Nice.

 La une du journal «France-Soir» du 29 déc. 1967

 Détournement d’autobus, arrestation - Tours, 1970

Au travers de ses performances, objets et peintures, Serge III a fouillé en profondeur, au deçà des interdits, là où d’autres artistes se firent sociologues, nos modes de pensée. L’œuvre protéiforme de Serge III est un regard aigüe, posé sur les autres, sur l’art, un regard sur soi. Sans complaisance. « Un art méchant » ? Comme il titrait lui-même en 1974, avant de fabriquer des épées, fléaux, crocs, hache de bourreau puis de poser des barbelés sur d’innocentes victimes de l’art (Héros de BD, Pin up etc.). C’est peutêtre Ediglio Alvaro qui résume le mieux le trajet de cet artiste insoumis. « Serge III a su créer et assumer une telle variété de gestes et d’objets subversifs, il a tellement payé de sa vie, tellement souffert et tellement vécu qu’il reste sans conteste, un des grands prédateurs créateurs de l’art français et européen. »  La Paranoïa de l’artiste, Les 6 jours de la peinture Marseille, été 1975

 Couverture «Journal de prison» - Prague 1966-67 de Serge III - Oldenbourg édité par Frédéric Altmann

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la vie des arts

ARTISTE

… Que reste-t-il de nos amours ? Pour mieux cerner ce créateur complexe, entier, aussi vénéneux que généreux qui referma son parcours par une série baptisée « je t’aime » quelques proches et complices ont accepté d’ouvrir l’album de souvenirs. Ben Vautier

parce qu’on était venu tous les deux dans ma

Jean Mas

Artiste Fluxus

2CV. Ce retour, je m’en souviendrais. Je suis

Artiste performer

Quand j’ai rencontré Serge Oldenbourg, il faisait du Théâtre traditionnel. Je l’ai embauché dans le théâtre total à Nice, il a joué avec moi à la gare du Sud en 1964 puis en 1966 à Paris pour Fluxus. Pendant le concert il est monté sur scène avec un revolver et a joué à la roulette russe, il avait mis une balle dedans. On l’a su après. Il m’avait juste dit : tu vas voir, tu auras un choc ! En 1969 pour le festival Non Art, il a proposé de faire du stop avec un piano. Je l’ai laissé sur la route à Cros de cagnes. C’est moi qui ai fait la photo. Quand je suis revenu deux heures plus tard il était toujours là. Personne ne s’était arrêté sauf un type qui allait à Marseille. Je lui ai reproché de ne pas en avoir profité mais pour lui cela n’avait pas de sens, sur son écriteau indiquait : Paris. Peu après il avait le projet de mettre le piano sur des bouées

parti dans la nuit, j’ai roulé, arrivé à la frontière autrichienne je n’avais plus d’essence, le pot d’échappement était tombé, le plancher avait cédé, je voyais la route défiler sous mes pieds. Un vrai cauchemar, j’en ai chialé. A Nice, on entendait le retour de Serge par le train. Au bout d’une semaine, d’un mois, pas de nouvelles. C’était un mystère qui nous a tenu en haleine, jusqu’à ce qu’on apprenne qu’il avait été arrêté comme espion. On a découvert qu’il s’était fait avoir par une fille à qui il avait donné son passeport pour que son petit ami passe à l’Ouest. L’histoire ayant mal tourné elle avait balancé Serge à la police. Chaque artiste a sa légende. Satie a la sienne mais son œuvre reste extraordinaire c’est pareil pour John Cage ou Duchamp. Pour Serge III, pendant longtemps j’ai pensé que c’était juste un petit con prétentieux qu’il fallait remettre à

Serge se plaisait à dire qu’il était l’artiste qui avait le plus peint. Il faut dire que pour gagner sa vie il devait faire de la rénovation d’appartements. C’est aussi de là que lui est venu l’idée de tout peindre tout en blanc, y compris les toiles d’artistes, c’est ce qu’il a fait dans sa période « Vinyle blanc ». On a construit ensemble un igloo. L’idée nous est venue à l’Eden Bar. J’avais acheté un bouquin « l’art de faire un igloo » puis en levant nos verres on a chanté : Et glou et glou, il est des nôtres ! C’est comme ça qu’on a décidé d’aller en montagne pour réaliser cette installation. Le plus drôle c’est que Serge est venu avec un marin russe du nom de Pedro qu’il avait ramassé passablement éméché du côté du port. On l’a embarqué avec nous à Saint Martin de Vésubie, on s’est servi de sa valise pour mouler les

et de partir en Corse à la rame. J’ai trouvé

sa place. Je l’appelais « Moi je » parce qu’il ne

briques de neige. Mais il ne faisait pas assez

l’idée poétique mais elle ne s’est pas faite.

pouvait pas commencer une phrase sans dire

froid, ce fut une galère. L’autre expérience

L’épisode le plus marquant avec Serge fut ce-

« Moi je ». La vérité, c’est que je n’avais pas

avec Serge fut aussi biblique. Cette fois on

lui de la Tchécoslovaquie. En 1996 nous avons

vu qu’il avait inventé le côté subversif dans

est descendu sous terre, on voulait exposer

été invités à donner un concert Fluxus à Pra-

l’art, ce que moi je ne voulais pas assumer. Je

sous le MAMAC. On est entré sous le paillon

gue. Quand on est arrivé sur place il n’y avait

me méfiais de lui je me demandais même s’il

au niveau de la prison. Après avoir longé les

une cinquantaine de personnes dans une pe-

n’était pas espion ou flic, il était très à l’aise

souterrains sur plus d’un kilomètre nous som-

tite salle mais bon, il y avait des groupies qui

avec la contestation politique, moi, c’était pas

mes arrivés à la verticale du MAMAC. Là on

hurlaient. On a joué une trentaine de pièces

mon truc. Mais je reconnais que quand il a fait

a empastissé les murs de peinture. Ça doit y

et j’ai terminé en brisant un violon ! On devait

les images de la bande à Bonnot, Le Vinyle

être encore. Un photographe nous avait suivi.

rester deux jours de plus mais l’ambiance était

blanc, mais surtout le travail sur les contenus,

Le 7 novembre 1991 on faisait la une de Nice-

morose. En plus une fille me draguait mais po-

c’était très fort, très personnel. Son expo au

Matin « Jean Mas et Serge III exposent sous le

sait plein de questions, je me sentais mal à

MAMAC, a permis de voir l’épine dorsale de

MAMAC ». Cette prise de possession du lieu

l’aise. Quand j’ai dit à Serge mon intention de

son travail. Plus tard j’ai acheté ses pièces,

fut sous-titrée : « Nous sommes sous l’art »,

repartir le lendemain il m’a répondu : Tu peux

une vingtaine.

un clin d’œil à Serge qui buvait pas mal. Avec

partir, moi je reste ! Ce n’était pas très sympa

le recul je crois que Serge III incarna au cœur


ARTISTE

La vie des arts

 «Marilyn Monroe», poster collé sur bois et fil de fer barbelé - 1990 © François Fernandez

voisins, il venait souvent dîner à la maison. Un soir où on avait bien bu, il s’est mis à haranguer les flics qui surveillaient la préfecture et à leur jeter des choses par la fenêtre. En fait c’était des magazines pornos. Un des flics en faction quand il a vu ça, les a promptement ramassés et mis sous son manteau. On était mort de rire. Les gens avaient peur de Serge. On ne savait jamais vraiment ce qu’il allait faire. Les deux fous authentiques à l’école de Nice, c’était Pinoncelli et lui. Ils n’avaient peur de rien. Serge était un anarchiste, il ne voulait pas se laisser récupérer par le pouvoir en place. Il est mort debout !

Alain Amiel Editeur, écrivain Serge III aimait l’écriture, les contrepèteries. En 1984, il participa à l'exposition: "L'écriture dans la peinture". Il distribuait des tracts il avait même créé une revue « le Guep’art ». Dans les années 90, j’avais un local dans une galerie de la rue Bavastro où il venait souvent faire des photocopies pour éditer ses numéros. Une de ses performances m’avait mardes années 60 la culture de l’authenticité, ce

te » Un beau jour, c’était en 1973 il me sort un

quée. Son vernissage au MAMAC, fut suivi par

désir de s’imposer comme individu sans faire

tas de petit papiers griffonnés et dit voilà c’est

une soirée à la galerie de la Marine avec Ben et

de compromis, d’allégeance à quoique ce soit,

mon journal de prison. Je l’ai publié. Il avait

Jean Mas. Serge III y donna une création dans

au groupe, à l’état, à la morale, à la religion.

fait un tract qui s’appelait « La ridicule école

un concert de Fluxus en clouant une à une les

Il représentait plus que tout autre cette vision

de Nice ». Il était sévère, intransigeant mais il

touches d’un piano. Toute la galerie résonnait

de l’individu qui a une manière singulière de

avait souvent raison. Il avait l’habitude de dis-

de cette implacable et dissonante mélodie. Le

réaliser son humanité. Son travail de plasticien

tribuer ses lettres à tout le monde. C’est à la

rapport entre Ben et Serge III était particulier. Il

est un mélange d’art naïf et d’art brut avec ce

suite d’un de ces tracts qu’il s’est brouillé avec

ne supportait aucun compromis et reprochait

côté cru, authentique, farouchement opposé à

Ben. Moi même j’y ai eu droit « Frédéric est un

souvent au mentor de Fluxus d’être moins in-

la pollution des institutions.

salaud » il avait écrit puis il s’est excusé. Il faut

transigeant. Plus généralement, on peut dire

dire que son travail était difficile à vendre et

que Serge III fut le plus rebelle d’entre tous, le

qu’il entretenait des rapports tendus avec les

plus déterminé dans ses actions. OM

Frédéric Altmann Galeriste, critique d’art et photographe

galeristes. Je l’avais exposé dans ma galerie l’Art marginal en 1978. Et quand Il y a eu son

Je l’ai rencontré en 1964 au théâtre total de

expo au MAMAC, Fournet m’a dit : Vous en

Ben à l’artistique. Et puis il y a eu cette histoire

prenez la responsabilité, s’il y a une connerie

à Prague. On titrait dans la presse « Le fran-

je vous mets dehors. A part ça, il pouvait être

çais échangé contre un espion tchèque racon-

charmant et être drôle. Comme nous étions

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la vie des arts

M EONNdAACNOC E S T

Street Art

AFFICHAGE SAUVAGE ET PASSION LÉGALE ©a.G.

LE 21 JUILLET PROCHAIN, LE STREET ART MONDIAL

FÊTE SES 40 ANS DU PREMIER GRAFFITI RÉPERTORIÉ,

À L’ÉPOQUE PAR LE NEW YORK TIMES. DEPUIS 1971, LES

DÉMARCHES DES ARTISTES ONT ÉVOLUÉ, AINSI QUE LEUR CONSENTEMENT AVEC LA SOCIÉTÉ. POUR NOUS C’EST UN ART : NOUS VOUS FAISONS DÉCOUVRIR LE STREET ART

PAR LES YEUX DES ACTEURS CONTEMPORAINS À BANKSY.

E

ngagé et complexe à réaliser, l’art de la rue emprunte plusieurs médiums, souvent indéchiffrables à l’œil public. de la signature « tag » aux dessins muraux en 3d, le street art mérite bien son évolution artistique à travers les années. Ce qui est remarquable, c’est la passion de ces artistes qui donnent de leur créativité dans un jeu de cache-cache avec la société. avec le phénomène rue-stick, le street art connaît un nouveau stratagème, celui d’accueillir aussi indoor un mouvement placé jusqu’à présent hors les murs. rue-stick se définit comme une exposition collective qui s’invite, par surprise, sur les murs des villes ou dans les espaces d’art, comme au Museaav à Nice. externalisé à Puteaux ou à Paris, le rendez-vous rassemble d’édition en édition un nombre croissant d’adeptes du collage, de l’affichage, des pochoirs, tant de pratiques

fusionnées en un seul lieu. Ce projet veut faire en sorte que l’art urbain ait une visibilité inespérée, et ainsi montrer au public amateur certaines figures de street art, regroupant les artistes qui utilisent les bombes aérosol, l’affiche, le sticker, le pochoir ou la peinture. l’organisateur niçois Nicolas scauri ou skio se dédie à 100% à son concept encore timide, autour des passants sollicités par de nouveaux types de messages. N’ayez pas peur d’engager librement la discussion avec les artistes, ils seront prochainement devant les murs de votre quartier ! La rue, espace institutionnel dans la région, comme partout où le street art a la côte, les adeptes font partie des groupes, des crew*, reconnaissables par leur vision et leur pratique. ariane Pasco est un des quatre fondateurs de Nice-art : « C’est le nom que nous avons donné à notre groupe de pochoiristes. au départ, en 1986, nous étions quatre, venant de Nice, mais nous nous sommes rencontrés à Paris ». Graffiti, collages, performances, *bande ©a.G.


 «Culture Shock», 80x80 cm © Mr Oneteas anthony alberti

la vie des arts

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DIRE QUE LA RUE

CONSTITUE UN ESPACE

PUBLIC, CELA SUPPOSE DE DÉPASSER L’IMAGE

DU VANDALISME QU’ON

A SUR L’ACTE DE L’ART URBAIN. ©a.G.

tant de notions qui convergent vers l’art urbain. Quant au pochoir, il est avant tout une technique, qui permet de composer vite une œuvre de plus grandes tailles. « On joue avec les couleurs, les répétitions, le lieu, le mur, la lumière ou avec d’autres graffitis pour composer un tableau qui intègre tous ces éléments. la technique n’est pas nouvelle, comme le montrent les panneaux de mains négatives de Gargas. Ce n’est que récemment que le pochoir est devenu un mouvement artistique, avant il était réservé plutôt à des affiches sans papier, aux slogans politiques ou à des techniques décoratives, comme la peinture sur tissu ou sur céramique ». Qu’en est-il de l’utilisation de l’espace public par les street artistes d’aujourd’hui ? « il y a une créativité immense, à Paris comme en province, en europe et dans le monde, au Chili, au Brésil, en italie... les territoires urbains se répartissent selon des lois non écrites et s’organisent. les mus autorisés sont rarissimes, l’occupation est donc sauvage, mais nous, les pochoiristes, nous choisissons nos murs très sagement, en respectant les lieux et en évitant si possible les dégradations. les collagistes ont une démarche très similaire. On veut faire du beau et non dégrader ». dire que la rue constitue un espace public, cela suppose de dépasser l’image du vandalisme qu’on a sur l’acte de l’art urbain. souvent, le public d’aujourd’hui est admiratif et très fidèle. « les gens

©Mr Oneteas anthony alberti/membre des collectifs lOs GriNGOs, NMiZerO, 711, 065

font des kilomètres pour assister à des performances ! Par contre, le public occasionnel, les curieux, les badauds qui viennent regarder les artistes peindre ont parfois des réactions surprenantes. On a parfois l’impression d’être montrés comme des animaux de zoo : « tiens voilà les artistes… ». Quant à l’avenir de ce groupe de pochoiristes, ariane Pasco se fait la porte-parole d’une démarche particulière : « nous collons des vinyles peints dans les rues (photo du vinyle des Cure dans le 11°) partout où nous allons, dans l’optique de se les faire voler, pour susciter chez le passant une démarche artistique transgressive (voler une oeuvre c’est lui accorder une valeur proportionnelle à la transgression). Puis nous demandons de nous raconter l’histoire de cette oeuvre... » C’est ainsi qu’ils ont retrouvé la trace de vinyles qui ont voyagé de Paris aux etats Unis ou au Canada. De la passion pacifique aux œuvres caritatives Mr Oneteas alias anthony alberti est à 26 ans, un autodidacte attiré par l’art. il a débuté comme tout artiste urbain qui se respecte en mettant de la couleur dans les rues ou sur des sites abandon-


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la vie des arts

TENdANCES

de gauche à droite et haut en bas : Mosaïque de portraits 30x30 sur toile (les arts de la Bièvre, 2009) Marylin Monroe panneau (250 x 120) réalisé en performance indoor pour «des fleurs sauvages sur le béton», Maison des arts de Bagneux, mars 2011. vinyle peint, bassin de la villette, hiver 2009 rimbaud Charleville1 : Collage d’un pochoir de rimbaud dans les rues de Charleville Mézières en novembre 2010 Pochoir sur papier collé sur le mur du 5 bis rue de verneuil, la maison de Gainsbourg vinyle , portrait de robert smith peint et collé en 2009 dans le 11°, rue de lappe toutes photos © ariane Pasco

nés. il est arrivé en très peu de temps à se partager entre sa première passion et les expositions monégasques, autour des performances à l’aérosol. touche à tout, son art mêle aérosol, acrylique, pochoirs, photos, collages et résine sur des supports toujours plus variés : toile, corps, voiture, façade et murs. depuis son premier graffiti en 2005, il apprend constamment à se dépasser, dans un monde où tout n’est pas vandalisme. « Pour moi, c’est aller plus loin, avoir toujours une recherche dans l’urbain ». adepte du lettrage, autre forme de street art, anthony a cherché « une ouverture vers les autres », sentiment qui l’inspire et le motive.

« Une connexion extraordinaire » c’est comme ça qu’il définit la relation avec les membres de son crew mais aussi avec son public. il connaît son talent et il n’en doute pas. aucune hésitation pour ses crew de se dédier également aux actions caritatives, chose rare dans ce milieu de l’art. Comme dernièrement, il est parti à Nantes afin de créer sur place une œuvre vendue aux enchères, au profit des maladies orphelines. sur les toiles, anthony n’hésite pas à rendre hommage à ses icônes, comme Keith Harring, l’un des premiers street artistes new-yorkais ou sans complexe à Michel ange, dans une composition renversée à 90° afin de pointer une société trop individualiste. Parmi les techniques qu’il utilise aujourd’hui en dehors des murs abandonnés il y a notamment l’aérosol sur palette de bois perforée, afin de s’auto-définir comme « street artiste de nouvelle génération ». vous l’avez même remarqué lors de l’eco art Parade 2009 à Monaco avec son aigle « Hawkology » toujours au profit d’une association. aujourd’hui il est même appelé à peindre les palissades des chantiers en construction, rendons au street art ce qu’il mérite ! in fine, anthony alberti nous change les idées quant à la passion : il n’a pas de limites, « toute ma vie j’aurais envie de peindre ». Prochainement, il se dédiera à la promotion d’artistes d’art urbain, en hommage aux collègues de ses crew. le street art prend certes son inspiration dans la rue, ses adeptes sont quant à eux libres d’expression dans l’espace public choisi, qu’ils soient murs, galeries ou musées. « On a du sang neuf, des visions nouvelles, de nouveaux matériaux, de nouveaux moyens de communication et de nouvelles inspirations ». On vous l’accorde ! Ag


CANNES Centre d’art La Malmaison 27 JUIN >2 OCTOBRE 2011

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la vie des arts

ARTISTE

Philippe PASTOR artiste monégasque, Philippe Pastor a su en l’espace de quelques années s’imposer sur la scène internationale de l’art avec des œuvres chargées de sens. engagé dans la protection de la nature, le peintre agit pour et avec l’environnement. Pigments, terre, sable, métal. la matière est omniprésente pour traduire une observation subtile du monde et… y répondre. C'est un travail singulier que tu abordes en peinture en lien direct avec la nature. un thème important ? essentiel ! Cela fait des années que je travaille avec la nature. Je n’ai pas attendu que cela devienne «à la mode» comme on dit. l’environnement est pour moi une préoccupation essentielle et c’est ce que j’aime travailler à travers ma peinture. Cela a d’abord commencé par les sculptures d’arbres calcinés et après un travail pictural assez figuratif, j’ai glissé peu à peu vers l’abstraction.

 Philippe Pastor, révolution sans titre n11020lr, 320x307cm © Photo didier Gicquel

 Philippe Pastor dans son atelier © Photo didier Gicquel

Ces arbres calcinés ont donc été ton point de départ ? le point de départ de mon travail en lien avec la terre. en 2003, il y a avait toute cette série d’incendies dans le var et étant tout proche, je me sentais, bien sûr, concerné. J’utilisais alors des arbres qui avaient brûlé et je n’ai pas trouvé autre chose de plus fort pour dénoncer la négligence de l’homme face à la nature. ils avaient été réalisés pour choquer, plus que pour être esthétiques. Je ne considère pas une œuvre pour qu’elle soit installée dans un rond-point mais bien plus pour amener à une réflexion. C’est un travail « sans concession », comme l’a écrit alexandra Marini. Cet aspect de la folie humaine m’intéresse, tout comme les accidents, la destruction. Ce que je veux inclure dans mon œuvre c'est une prise de conscience. Comment s’effectue donc ce travail avec la nature ? les toiles actuelles sont des toiles qui sont restées longtemps en extérieur. Je mets de grandes toiles sur des bâches, à plat en pleine nature. elles ne sont pas à même le sol, bien sûr, et il a fallu du temps pour mettre au point tout ce processus de création. Une fois posées, ces toiles sont un support pour exprimer ce que je ressens mais aussi ce que la nature a à dire. A la vue des toiles gigantesques que tu utilises, où trouves-tu la place nécessaire pour leur réalisation ? J’ai la chance d’avoir une ferme dans le var, à la Garde Freinet. C’est une ferme bordée d’un grand terrain que j’ai acheté il y a une trentaine d’années. J’habitais alors à st-tropez et je suis tombé presque par hasard sur ce havre de paix. C’est devenu un peu mon refuge et c’est à cet endroit que je me

retrouve pour travailler, loin des vernissages ou des expositions bruyantes. C’est une belle châtaigneraie, un lieu vital où, en travaillant avec la nature, je me ressource en même temps.

glisser de la figuration à l’abstraction a-til été chose facile ? J’ai en effet glissé de la figuration à l’abstraction progressivement. au début, je produisais des toiles très colorées, très expressives sur lesquelles j’apposais même des mots, des phrases. il y avait déjà une part d’abstraction dans leur agencement mais j’ai voulu m’y plonger vraiment pour découvrir autre chose. avant de pouvoir réellement se lâcher dans l’abstraction, il faut du temps. C’est beaucoup plus difficile que ça en a l’air. la gestation de tes œuvres en pleine nature doit requérir beaucoup de temps ? Oui. Pendant six à huit mois, je laisse bâches et toiles au dehors. l’eau ravine et fait son œuvre avec ce que j’y ai déposé. J’utilise un nombre important de pigments naturels, mais aussi d’éléments que je prélève dans la nature, la terre, l’eau, le feu dans la spontanéité. Parfois, le vent peut aussi y poser ce qu’il veut comme des éléments organiques de l’environnement. les toiles s'imprègnent littéralement de la nature et j’aime composer avec elle. au bout d’un certain temps, je récupère mes toiles et les ramène à mon atelier. C’est là que j’effectue les découpes qui me semblent justes, les parties de toiles qui m’intéressent. Je cadre ce qui me semble tenir et je retends les châssis. Tu laisses donc la nature maîtriser une part de l’œuvre ? au départ, en effet, je ne maîtrisais pas les éléments. il y avait toujours des choses nouvelles que je découvrais, qui apparaissaient. a force de travailler comme cela, je connais maintenant un peu et par avance ce qui va se produire sur la toile en termes d’effets, de rendus, bref, ce qui va se faire sur le support. il y a une part de non maîtrisable qui me plaît. Ce qui me pousse à faire toujours autre chose est cette recherche d’aller vers l’inconnu. les possibilités sont-elles infinies ? Oui car il y a un dialogue avec la nature et nous avons tant de choses à dire. et puis la nature est tou-


ARTISTE

la vie des arts

À gauche :  Philippe Pastor, révolution sans titre n10027lr, 230x276cm © Photo didier Gicquel

 Philippe Pastor, révolution sans titre n11002lr, 275x230cm © Photo didier Gicquel

À droite :  Philippe Pastor, révolution sans titre n11020lr, 320x307cm © Photo didier Gicquel

jours en mouvement. J’y combine mes couleurs, mes matières, des minéraux, des végétaux, je fais ma cuisine et je laisse agir mon instinct. Chaque toile a sa propre vie et reste une trace.

façon de travailler que j’avance. Je pars un mois, un mois et demi et je bosse à fond sur quelque chose qui donne naissance à une nouvelle série, une thématique que je peux approcher différemment.

lorsque tu parles du travail instinctif, tu parles de sensations ressenties à un moment précis ? J’essaie d’être au plus près des choses en les ressentant le plus possible. Mais c’est aussi une somme de recherches qui me permet de travailler comme je le fais en pleine nature. il suffit de voir tout ce que j’ai pu accumuler comme dessins d’approches, comme travaux préparatoires dans l’atelier… Que ce soit sur papiers, sur des toiles collées, sur des morceaux de toiles, tous ces travaux sont des essais. de leurs résultats dépend ce que je décide de faire ou de développer ensuite. il y a aussi un grand nombre de dessins que je garde depuis très longtemps.

Quelles sont les orientations récentes de ton travail ? actuellement, je suis passé à un travail de drapé. C’est une chose rarement exploitée, si ce n’est le côté académique. les toiles sont vrillées sur elles-mêmes, pliées et présentent des zones contrastées. il y a généralement dans le tableau ce qu’on dit être le châssis et la toile ; je veux sortir de tout cela. Je préfère entrer dans une autre dimension, toujours en rapport avec la nature. Que ce soit des bâches, des tissus, des toiles de tente utilisées par l’armée, je veux faire évoluer ma vision sans cesse et en toute liberté. il y a dans certaines toiles une idée de «révolution». Ce n’est pas courant d’être confronté à des toiles présentées comme cela. il arrive un moment où l’on ne fait plus que ce que l’on a envie de faire. On se fout des préjugés et des bien-pensants. Mon orientation principale, c’est de faire ce que j’aime et de faire ce que j’ai envie de réaliser.

Ton action de peinture est profondément ancrée à l’humain et à son aveuglement sur une réalité qui le rattrape. l’homme est toujours lié à la nature et il en perd malheureusement les repères. Je suis vraiment sensible à cela car on se rend compte aujourd’hui de ce que l’homme détruit, tous ces malheurs, ces bouleversements climatiques et notamment le dérèglement dans l’alternance des saisons. Ce que l’homme détruit d’un côté, il ne le reconstruit pas de l’autre. l’homme ne veut pas voir la réalité en face mais ça, c’est dans tous les domaines. C’est le message que je souhaite faire passer pour l’environnement, c’est quelque part mon engagement. Pour cela, tu abordes des séries comme H2O ou dernièrement les Quatre Saisons ? H2O a été un projet sur l’eau avec des coulées, toujours en référence à la nature. Celui des Quatre saisons a pour thème central les instruments de la création. le travail en série me permet de partir sur une voie d’exploration et d’en trouver un développement intéressant. C’est avec cette

Te réfères-tu à des artistes connus du monde de l’art ou bien encore à un mouvement artistique ? l’inspiration, je la trouve avant tout dans la nature, sous mes châtaigniers. il est probable que certaines de mes toiles puissent faire penser au travail d’ansselm Kieffer par exemple mais c’est du pur hasard. Ma référence de base est notre environnement. les mouvements artistiques ne me font ni chaud ni froid. Ce n’est qu’en travaillant et en persévérant qu’on y arrive, pas en s’inspirant de ce que font les autres. On peut se rendre compte au premier coup d’œil que tes projets sont toujours des projets d’envergure. Ce sont des challenges que tu relèves seul ? Être entouré de gens avec qui on se sent bien est primordial. Qu’ils soient compé-

tents et qu’ils développent derrière moi, c’est un atout supplémentaire, c’est sûr. Un artiste ne peut pas tout faire comme être sur le terrain des expositions et à son atelier… J’ai la chance de travailler avec un petit groupe d’amis depuis plusieurs années. et puis, comme je fais du monumental, je ne peux pas manipuler seul des toiles d’aussi grandes dimensions. le monumental, pour moi, c’est la vie. la vie, c’est aussi l’amitié.

Biennale de Venise, Centre Culturel Français à Milan, Siège des Nations unies, etc… les expositions s’enchaînent à un rythme effréné ? Oui et ça ne s’arrête pas. entre la préparation des toiles et les expositions, il y a un turn-over de fou ! la crise n’a épargné personne mais ça repart. de plus, je ne travaille pas à la commande et je n’aime pas travailler dans l’urgence. a un certain âge, j’essaie de rester aussi très libre dans mes choix par rapport à beaucoup de choses. C’est important de ne pas être dépendant d’un système et je n’ai personne qui me dit d’exposer ou de ne pas le faire. Certains exposent pour l’argent, d’autres pour la démarche. les projets à venir ? il y en a un certain nombre et il faut du temps. Parmi la programmation des prochaines expositions, il y a celle qui se tiendra dans quelques semaines, du 17 mai au 14 juin, à Paris, à la Galerie Nicolas deman. Mais d’ici quelques jours déjà, je repars à la Garde Freinet, dans ma bergerie pour entamer la création d’autres toiles. après Pâques, c’est la bonne période. Je vis au rythme des saisons… RC

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César sur la Côte d’Azur

Depuis sa disparition le 6 décembre 1998 à Paris, notre ami César, restera dans l’histoire de l’art du vingtième siècle, un créateur exceptionnel.

C

ésar Baldaccini est né un 1er janvier 1921 à Marseille, dans le quartier populaire de la Belle de Mai. Son père d’origine italienne était tonnelier. En 1931, César quitte l’école communale, et travaille chez son père marchand de vin. En 1935, sur les conseils d’un voyageur de commerce, sa mère l’inscrit à l’Ecole des Beaux Arts de Marseille. Il fréquente tout d’abord le cours du soir (dessin), puis au fil des ans passe dans les ateliers de buste, de torse et de modèle vivant. Le premier professeur dont il se souvienne est Cornu qui avait été praticien chez Rodin. En 1942, il travaille aux chantiers de jeunesse au Cannet des Maures, obtient une petite bourse et part en fin d’année pour Paris avec deux amis. En 1943, admission, tout d’abord temporaire, à l’Ecole Nationale des Beaux Arts. En 1944, il rentre à Marseille faute de moyens, sur le plan pécunier.

Ci-dessus :  Jacques Boulan (éditeur d’Art), Jean-Pierre Soardi, César Ci-contre :  César, 1989 Genève


fi g u re d e l ’ art

Regagne Paris en 1946...En 1949, César est initié à la soudure à l’arc dans une menuiserie industrielle à Trans en Provence et utilise le plomb en feuilles repoussées et des fils de fer soudés.» Le marbre de Carrare était trop cher, la vieille ferraille traînait partout, je suis devenu sculpteur parce que j’étais pauvre.» «Je travaillais dans une banlieue à Paris où il y avait beaucoup de ferrailleurs. J’ai commencé à utiliser le déchet pour des questions purement de nécessité. J’y ai trouvé ma vie. Je me suis exalté dans ce matériau, dans cette technique. C’est une technique comme une autre.» Premières expositions et de multiples rencontres/ Picasso, Lucien Durand, Bernard Dorival, Raymond Cogniat...Il adhère en 1960 au mouvement des «Nouveaux Réalistes», initié par Pierre Restany en compagnie de Arman, Dufréne, Hains, Klein, Raysse, Rotella, Niki de Saint Phalle, Spoerri, Tinguely, Villeglé. J’ai eu la chance de découvrir son oeuvre du «Premier Festival du Nouveau Réalisme» à la galerie Muratore au 19 bis, boulevard Victor Hugo... c’était un 13 juillet 1961 à Nice. Un souvenir inoubliable pour un jeune homme non initié aux subtilités de «L’Avant Garde»....César par la suite fit une exposition personnelle «César à Nice» de mai à juin 1972 à la galerie des Ponchettes à l’invitation de Jacques Médecin, Maire de Nice. Nivèse, à cette époque étudiante aux «Arts Déco» à Nice, fut son assistante pendant deux ans. César avait une belle maison à

La vie des arts

Cette page, de gauche à droite et haut en bas : Jacques Boulan (éditeur d’Art), Jean-Pierre Soardi, César  César, place du Palais  Nivèse, César  César, Jean-Paul Ledeur devant la Galerie Le Chanjour  Nivèse, César à Genève

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fi g u re d e l ’ art

Roquefort-Notre-Dame, des soirées mémorables, avec Arman, James Baldwin, Jean-Pierre Mirouze, Jean Ferrero....Lors de l’exposition : «Les Nouveaux Réalistes» à la galerie des Ponchettes et à la galerie d’Art Contemporain des Musées de Nice de juillet à septembre 1982, César m’autorisa à le «prendre en photo», depuis cette époque j’ai engrangé des centaines de documents sur mon modeste Semflex. Des images pour aujourd’hui et demain, en compagnie de Roger Vergé, Arman, Restany, Chaigneau, Fournet, Jean Ferrero, Antonio Sapone, Bernar Venet, Nivèse, André Villers, Jean-Paul Ledeur, Raoul Mille, Tobiasse, Ben, Bayard, Lepage, Boulan, José Arthur, Verdet, Sam Hunter, Raph Gatti, Jean Pierre Soardi....l’ébauche ? d’un beau livre d’images: César sur la Côte d’Azur. Et pourquoi pas une rue César à Nice ? Il fut un ambassadeur culturel très important pour notre bonne ville de Nice. N’oublions pas qu’il a participé à toutes les expositions «Ecole de Nice» à la Galerie Alexandre de la Salle. César disait avec son angoisse qu’il avait du mal à dissimuler : «En ce moment, je suis très heureux parce que j’ai oublié...j’ai oublié la mort.» Le 6 décembre 1998... la mort a été impitoyable. Ave César ! Frédéric Altmann

À gauche :  César et son pouce, 1989 Genève  Michele Sapone, César, Aïka Sapone, Antonio Sapone, Sotto, Rafael

 Rétrospective César Marseille : Arman, Bernard Nicoletti, César, Pierre Restany, Jean-Michel Wilmotte

Ph.Hurst

A droite :  Bernard Taride, Sicard-Iperti, Pierre Pinoncelli, Ben, Nivèse, Max Cartier, Warneck, Gilli, France Cristini, Venet, Jean Mas, Guy Rottier, Albert Chubac, Toubon, César, Claude Fournet, Nicole Gilli

t a n g o /

c o u l e u r

la vie des arts

conception/design graphique :

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FESTIVAL D E B E A U L I E U - S U R - M E R 2 0 1 1 & S A I N T- J E A N - C A P - F E R R AT

conception/design graphique :

c o u l e u r

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la vie des arts

gAlERIE

Galerie Sapone  vivien isnard - sans titre, 1975, 210x175cm

 Groupe 70, 1972/2011 : vivien isnard, louis Chacallis, serge Maccaferri, Martin Miguel, Max Charvolen

I

ls étaient une fois cinq créateurs, tous

faire une exposition hommage autour des œu-

est très ancré sur Nice. tous sont de la même

différents mais réunis comme les cinq

vres emblématiques de ces artistes dont les

génération et se rencontrèrent entre 1964 et

doigts de la main quand au tournant

travaux n’ont pas fini de faire couler de l’en-

1967 à l’ecole des Beaux arts, rue tonduti de

des années 70, il a fallu explorer le proces-

cre. « Nous avons d’ailleurs sollicité Jacques

l’escarène et dans la proche boutique de Ben ».

sus pictural et redéfinir de nouveaux enjeux

Beauffet* et le critique d’art, raphaël Monticelli

en ces temps de remise en cause des valeurs,

au-delà du châssis. C’est d’ailleurs à ce titre

afin de prolonger l’exposition par la publication

la première soudure du groupe se fera suite à

que le groupe 70 sera également invité cet

d’un ouvrage relatant cet épisode fondateur ».

l’expulsion de l’un d’eux « les art déco avant

été au Musée Fernand léger pour l’exposition

le club des cinq

68, c’est le carcan ! les conflits avec la direc-

« la peinture autrement ». Ce pari, louis Cha-

la trajectoire du groupe 70, r. Monticelli eu

tion éclatent. Macafferi est viré pour avoir pu-

callis, Max Charvolen, Martin Miguel, vivien

tout loisir de l’étudier. il est étudiant en lettres

naisé aux murs une reproduction de Cézanne.

isnard et serge Maccaferri le relevèrent sans

en 1967 quand il se rapproche de ces artis-

Pour le soutenir ses copains se mettent en

connaître le succès médiatique de leurs aînés,

tes qui allaient fonder le groupe 70, en créant

grève. résultats, sont mis à la porte : Charvo-

Ben, arman ou César. antónio sapone, qui

un noyau de réflexion et une revue d’art avec

len, Maccaferri, Miguel, et un jeune professeur

défend depuis prés de 40 ans deux membres

Marcel alloco. le label « intervention » por-

qui a pris leur défense, Claude viallat ». dès

du groupe (louis Chacallis et vivien isnard), a

tera ainsi, autour d’expositions et de dossiers,

lors, rejoins par isnard et Chacallis, les cinq

souhaité redonner un coup de projecteur sur

cette seconde vague niçoise dont les préoccu-

artistes se croiseront et partageront les mê-

le quintet. Paola sapone, directrice de la gale-

pations s’écartent de celles des Nouveaux réa-

mes cimaises, en duo ou en trio chez Ben, à

rie explique « Quand Maurice Fréchuret, direc-

listes et de Fluxus. la genèse, se jouera dans

tours en 1969 et chez alexandre de la salle à

teur des Musées nationaux des alpes-Mariti-

une même unité de temps et de lieu comme

vence. le groupe 70 naîtra officiellement en

mes nous a convié à participer à la Côte d’azur

au théâtre. r. Monticelli se souvient : « a la

janvier 1971 lors d’une exposition dans l’ap-

et l’art contemporain, nous avons choisi de

différence de support surface, le groupe 70

partement de Chacallis, rue de la préfecture.


g a l erie

Retour

La vie des arts

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” 0 7 e p u o r G “ e l sur

Ils sont nés sur les mêmes fonds baptismaux, pourtant le groupe 70 est resté dans l’ombre de ‘Support-surface’. La galerie Sapone entend bien, cet été offrir un nouvel éclairage à ce quintet d’irréductibles. Artistes scientistes

en trois dimensions via l’anamorphose ou les

Mais qu’est-ce qui rapprochent ces créateurs

arcs tenseur ». Au tout à l’égo, le groupe 70

en peu en marge. « Contrairement à support

préfère envisager l’art plastique comme une

surface qui cultive le verbe politique, les cinq

recherche fondamentale. Chacallis, Miguel,

artistes ne parlent que de peinture. Dans

Charvolen Isnard, Macafferi, ne travaillent pas

l’après 68 où le maoïsme fait flores, eux n’hé-

sur un vocabulaire de formes agencé de façon

sitent pas à dire : Nos problèmes sont des

à produire des effets mais, face des problé-

problèmes de formes ! » Car les artistes du

matiques comme le vide et le plein, l’espace

groupe 70 qui ont vécu l’effervescence qui se-

de travail, le pigment, inventent de nouvelles

coue alors le landernau niçois, les premières

techniques. Entre l’atelier et le laboratoire les

monstrations de la Fondation Maeght, œu-

frontières deviennent poreuses. Charvolen qui

vrent à faire sortir la peinture de son cadre,

a suivi un cursus d’architecture notamment

pensent autrement le rapport aux formes,

chez Oscar Niemeyer, découpe la toile, la colle

aux accrochages. « Le groupe 70 déconstruit

sur des espaces et l’arrache. Pour mettre au

le tableau en analysant ses composantes :

point cette glue « clairvoyante », il collabore

peinture, surface et épaisseur. La toile est

avec l’université de Toulouse. Dès les années

déjà un volume, c’est le recto et le verso ! Ce

80, il réalisera un travail de mise à plat nu-

qui conduira Chacallis à pratiquer la vision

mérique via un programme élaboré avec un chercheur de L’INRIA. Vivien Isnard, qui a suivi un cursus scientifique au lycée Masséna explore la réaction chimique des pigments, les revendique son approche de l’astrologie comme scientifique. Miguel se met à faire de la peinture avec du béton, Macafferi à travailler avec des cendres, des brûlures, des remplissages de matières, des accumulations de toiles. Tous partagent cette quête plastique proche

 Martin Miguel, Peinture en tranches, 1972 Blocs de mousse et peinture

de l’ascétisme qui renvoi à l’abstraction mais qu’aucun ne revendique comme telle. « C’est un travail de fourmis, une œuvre de pugnacité, d’humilité dans le sens étymologique : prés de l’humus, du sol, celui qui creuse. Une intransigeance qui fait que leur univers est plus dur à pénétrer qu’un autre, même s’il peut être spectaculaire comme les toiles colorées d’Isnard ou les anamorphoses de Chacallis » souligne R. Monticelli. Et pourtant,

 Louis Chacallis, Boîtes à idées, 1970-1972 Matériaux divers

le groupe 70 survivra à « Support-surface ».

Il ne se séparera qu’en 1973, réalisant en 1979 une ultime exposition en trio : « Nice à Berlin» Après la dissolution définitive du groupe, à l’orée des années 80, trois rétrospectives auront lieu : à Nice, à Strasbourg et en 1992 à Marseille. Celle que lui consacre cet été la galerie Sapone devrait permettre de mieux apprécier le rôle joué par ces cinq têtes chercheuses au sein de l’école de Nice. « Le groupe 70 n’a pas été porté comme il aurait dû l’être. Il mérite d’avoir son propre chapitre ! » C’est pour Paola Sapone tout l’enjeu de cette exposition qui se déroulera en présence des artistes du 17 juin au 30 juillet. OM  Serge Maccaferri, 1976 - 42x48cm  Max Charvolen, Formalisation et envers-endroit, 1969 Tissu trempé dans peinture, découpe, 320x120cm

*Conservateur en chef du Musée d’Art Moderne de Saint-Étienne

techniques de teintures à froid et à chaud, et





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