Rapport d'Activité 2011

Page 95

Déclaration de Robert BADINTER écrite pour la cérémonie du 6 mai 2010 à Lyon

Monsieur le Président, Chers amis, Mesdames, Messieurs, J’aurais souhaité me trouver parmi vous pour rappeler de vive voix comme il convient les humiliations et les souffrances que le gouvernement de Vichy et aussi hélas ceux de la 3è et 4è République ont infligées aux tsiganes vivant en France de 1940 à 1946. Parce qu’ils aimaient la liberté et les horizons toujours renouvelés qui jalonnent leur parcours, on assigna les tsiganes à résidence, puis on les parqua dans des camps de concentration dans des conditions de vie indignes et parfois inhumaines. Parce qu’ils voulaient conserver vivante leur culture et vivre selon leurs traditions, on les réduisit à l’état d’êtres emprisonnés derrière des barbelés que l’on venait contempler comme des animaux encagés. Parce qu’ils étaient musiciens, danseurs, artistes, on les jugea indésirables et dangereux et on les traita en suspects sinon en coupables. Et si les autorités françaises leur épargnaient la déportation, c’est-à-dire la mort, nombreux furent les tsiganes qui en Allemagne et dans des Etats de l’Europe centrale et orientale, ont été voués à la solution finale. Ces persécutions et ces souffrances subies par un peuple dont le seul crime aux yeux de ses bourreaux étaient de vouloir demeurer lui-même, c’est-à-dire libre et fier, pèsent sur la conscience européenne. Il est bien, il est juste que le martyre des tsiganes pendant la période tragique de la seconde guerre soit rappelé et que le souvenir en perdure. Ce serait manquer au devoir de mémoire que de le rendre sélectif. Tous ceux qui luttent pour le respect universel des Droits de l’homme ne sauraient s’accommoder du silence sur les persécutions et les souffrances infligées aux tsiganes pendant les années noires. Robert BADINTER 6 mai 2010

95


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.