A/R Magazine voyageur

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z r e ine e u v az t t co ag le Dé m tab le u r s

www.ar-mag.fr

haut-atlas

maroc voyage dans la

vallée heureuse

aller retour N°17 — mai / juin 2013

riads d’exception à marrakech les délices de la cuisine marocaine

grand nord

Spitzberg

qui a peur de l’ours blanc ? asie centrale

ouzbékistan

les splendeurs de la route de la soie france

creuse

rendez-vous en terre méconnue

entretien

rover

nouvelle rolls pop-rock


carnet / A/R magazine voyageur — 3

Directeur de la publication Michel Fonovich mfonovich@ar-mag.fr Rédactrice en chef Sandrine Mercier smercier@ar-mag.fr

l’édito Michel Fonovich

Directeur artistique Albéric d’Hardivilliers alberic@ar-mag.fr grand Reporter Christophe Migeon cmigeon@ar-mag.fr Diffusion MLP gestion de la diffusion Vive la Presse - 09 61 47 78 49 Régie publicitaire Mediaobs 44, rue Notre-Dame-des-Victoires 75002 Paris Tél. : 01 44 88 97 70 Fax : 01 44 88 97 79 Tél. : 01 45 61 23 04 Tél. : 01 44 88 suivi de 4 chiffres pnom@mediaobs.com Directeur général : Corinne Rougé (93 70) Directeur de publicité : Sandrine Kirchthaler (89 22) Chef de publicité : Marie-Virginie Barlier (97 70) Studio/Maquette/Techniques : Cédric Aubry (89 05) Imprimeur Corelio Printing – Belgique

A/R magazine voyageur 1 rue du Plâtre — 75004 Paris 06 87 83 22 56 / www.ar-mag.fr Publication bimestrielle Prix de vente : 5,90 € Édité par les éditions du Plâtre SAS au capital de 10 000 € Siège social : 1 rue du plâtre — 75004 Paris R.C.S : 523 032 381 / ISSN : 2108-3347 CPPAP : 1015K90544 © A/R magazine voyageur La reproduction, même partielle, des articles et illustrations publiées dans ce magazine est interdite. Photo : Christophe Migeon Image de couverture : © Hugh Sitton/Corbis

j’aimerais tant voir longyearbyen Longyearbyen … Il y a des noms comme ça qui n’évoquent pas grand-chose ou carrément rien du tout. D’autres en revanche, aussitôt prononcés nous transportent au pays des légendes. Samarkand, trois syllabes comme une incantation magique et c’est tout de suite le grand départ pour les routes de l’Orient, celles des caravanes de la Route de la soie qui après un long périple abordaient fourbues les portes de la cité. Certes, l’eau a coulé sous les ponts comme on ne dit pas trop dans le désert et Samarkand n’est plus exactement cette ville mythique, mais comment ne pas être foudroyé aujourd’hui encore par la beauté de la place du Registan. Voilà pour Samarkand qu’on ne présente plus car tout le monde en a rêvé et revenons à Longyearbyen, petite ville minière perdue sur l’île de Spitzberg, propriété de la Couronne norvégienne. Fondée en 1905 par M. Longyear, Longyearbyen peut se targuer d’être la capitale territoriale située le plus au nord de la planète. Ils sont à peine plus de 2 000 à avoir choisi d’y vivre par 78° de latitude nord. Autant dire que les ours blancs sont plus nombreux et c’est justement pour essayer de les voir qu’on finit un jour par atterrir ou débarquer à Longyearbyen. Et Guéret me direz-vous ? Cette préfecture de la Creuse n’aurait-elle pas quelque chose de Longyearbyen ? Et le Haut Atlas ? Ce massif marocain n’aurait-il pas quelque chose de Samarkand ? Qu’importe finalement, car toutes ces destinations ont su attiser la curiosité d’A/R. En magasin, on a aussi Rover, non pas une destination, mais un outil de locomotion dont le nom fait se pâmer les fondus de voitures anglaises. Rover, c’est aussi le nom d’un chanteur. Allez ! En voiture ! C’est qu’il y a de la route à faire. Je vous embrasse, Michel

Pour fêter la sortie de ce numéro, retrouvez toute l'équipe du magazine chez Grand Nord Grand Large, 75 rue de Richelieu, 75002 paris, le jeudi 25 avril 2013 de 18h30 à 21h00. n°17 / mai — juin 2013


4 — A/R magazine voyageur / carnet

au sommaire de ce numéro

Abo en page 08

#17 — mai / juin 2013

Regards Didier Bizet

006

Durable

010

Actus Petites distances, grands plaisirs Trois petits tours qui sentent bon Portfolio Les couleurs de la Terre Passage à l’acte Par monts et par vaux / Kosovo

Carnet L’entretien Rover Actus Nos adresses Bric-à-brac Culture Livres / BD / Cinéma  Archi Marseille - Le Vieux port new-look Zoom Californie / Sur la route de Frisco

014 016 018 020

Creuse : Rendez-vous en terre méconnue mai — juin 2013/ n°17

074 082

Bazar

036

Miam-miam Maroc Sur les trace de … Henry Miller Le guide du queutard La prison pour une pipe Carnettiste Elvire Caillon Carte Postale Traquenard à Zanzibar

046

Contributeurs :

023 024

Partir Creuse  Rendez-vous en terre méconnue Haut Atlas / Maroc Voyage dans la vallée heureuse Ouzbékistan Sur la Route de la soie Spitzberg / Norvège La diagonale de l’ours

070 072

028

090 094 095 096 098

Julien Blanc-Gras / Thierry Barbier / Didier Bizet /Elvire Caillon / Sonia Deschamps / Laurent Delmas / Jean-Luc Eyguesier / Antonio Fischetti / Lucas Lahargoue / Jean-François Mallet / Bruno Morandi / Matthieu Raffard / Jérémy Suyker / Camille Rustici / Josette Sicsic / Albert Zadar /

054

Spitzberg :

La diagonale de l’ours

Portfolio: Les couleurs de la Terre


10 — A/R magazine voyageur / carnet

l’entretien

rover La nouvelle Rolls pop-rock Vu sa carrure, Timothée Régnier aurait pu faire une belle carrière de déménageur spécialisé en piano à queue. Eh bien non ! Monsieur a préféré se lancer dans la chanson sous un nom qui affole le visiteur du Mondial de l’automobile et laisse de marbre la groupie. C’était risqué, mais il semble à l’écoute de son élégant premier album intitulé Rover, qu’il ait eu raison. Entretien avec un rocker qui a roulé sa bosse depuis tout bébé.

Entretien — Michel Fonovich Photos — Matthieu Raffard

On va commencer par votre nom. Rover, c’est un vagabond, c’est aussi une bagnole anglaise, quel rapport avec vous ?

Rennes c’est une ville de musique non ?

Une ville de musique, de fête, et très jeune, très chouette à vivre. Mon passage à Rennes ne m’a pas réconcilié avec les études, mais avec la France en tout cas qui n’avait été qu’un lieu de vacances pour moi.

Et Rover du coup c’est votre nom ou le nom du groupe ? Ou les deux ?

Disons qu’on peut voir ça comme un nom de dossier dans lequel on range les Les deux ont un rapport. Vagabond, car chansons. Ça permet d’avoir une vision j’ai eu la chance de faire de nombreux artistique. Ensuite, ça permet de s’idenvoyages grâce à mes parents. Mon papa tifier, que ce soit sur un disque ou sur scène, même si je n’y pensais pas au travaillait chez Air France et il acceptait tous les déplacements qu’on lui proposait. Ok pour le vagabondage. Et la voiture ? moment où j’écrivais les titres en plein Il avait soif de voyages et il trouvait cer- C’est une de mes passions, j’adore les hiver dans une maison de Bretagne. Je tainement excitant d’emmener sa famille voitures, j’en parle assez peu, mais j’ai un voulais d’abord écrire des chansons qui dans des contrées parfois assez atypiques vrai attrait, presque artistique pour les me plaisent. Le mot Rover m’a hanté, et comme Les Philippines où j’ai vécu mes lignes des voitures, les anciennes surtout. ce n’était même pas pour son sens en toutes premières années. Quand j’ai 7 Mon père a conduit des vieilles Rover anglais, c’était un peu pour les voitures ans, on déménage à New York. Décou- presque toute sa vie. Le plus souvent, effectivement, mais c’était surtout phoverte émerveillée de la ville. C’est là, où elles étaient en panne, elles sentaient nétiquement et esthétiquement qu’il me je reçois ma première guitare, que je l’huile et le cuir chaud. J’ai beaucoup plaisait. Un mot un peu ingrat et cependécouvre le son américain. J’en repars à apprécié la musique à l’arrière de ces dant assez noble avec les deux R qui rap16 ans direction la France. Suivront pour Rover avec mes deux grands frères qui pellent mon nom de famille, Régnier ; il de brèves périodes, l’Allemagne, la Suisse, m’entouraient. On chantait sur des stan- y avait quelque chose de facile à écrire. la France encore pour reprendre des dards, des chansons que j’aime encore, On a un peu 8 ans quand on pense à ces études à Rennes et puis Beyrouth. les Beach Boys, les Beatles … trucs-là. mai — juin 2013/ n°17


carnet / A/R magazine voyageur — 11

rover en 5 dates 1981 : Entrée sur scène de Timothée Régnier 2006 : Entrée dans le groupe punk-rock The New Government à Beyrouth 2010 : Sortie manu militari du Liban 2012 : Sortie de l’album Rover 2013 : Sortie de route aux Victoires de la musique

n°17 / mai — juin 2013


CREUSE

RENDEZ-VOUS EN TERRE MÉCONNUE On me dit que certaines personnes ignorent encore où se trouve la Creuse. Ne leur jetons pas la pierre et plaignons-les plutôt, car ils ne savent pas ce qu’ils perdent. C’est pourtant facile, la Creuse, c’est exactement par là.

Textes

Albert Zadar Photos

Matthieu Raffard

mai — juin 2013/ n°17


partir / A/R magazine voyageur — 29

01 Le lac de Vassivière

— Entre nature et culture

Sur les contreforts du plateau de Millevaches, la lac de Vassière étend ses tentacules d’un bleu vif parmi un paysage verdoyant composé de prairies et de forêts. Il ne manque plus que d’apercevoir au détour d’un chemin un orignal en train de se goinfrer une poutine pour se croire vraiment au Canada. À la place, c’est un sous-marin russe qui pointe son museau à une encablure de l’île de Vassivière. Serais-je victime de troubles de la perception ? Faut-il consulter ? Niet ! On me rassure. Il s’agit d’une œuvre d’art exposée par le Centre International d’Art et du Paysage. Une autre consiste en une sorte de skate-park tout en creux et courbes conçu par la Coréenne Koo Jeong-A et qui aurait plutôt sa place à Venice Beach. Décidément, le lac de Vassivière brouille les repères et la Creuse est hallucinogène. C’est bon ! www.lelacdevassiviere.com www.ciapiledevassiviere.com

n°17 / mai — juin 2013


maroc

haut atlas Voyage dans la vallée heureuse

Dans le Haut Atlas, à quatre heures de route de Marrakech, il est une vallée heureuse, l’Aït Bougmez. Un camaïeu d’ocres et de bruns pour les villages nichés au pied des montagnes arides et une coulée de vert pour les cultures. Ici vit une petite population berbère qui sort lentement de l’isolement.Une rencontre pleine de charme.

Textes & photos

jérémy suyker

mai — juin 2013/ n°17


I

l est à peine six heures. Le petit village d’Agouti est endormi. La route qui le traverse est déserte. Au-dessus des maisons en pisé et du discret minaret, par-delà les crêtes fuselées des montagnes du Haut Atlas, la nuit se retire. Nous quittons Agouti sous le soleil naissant pour remonter la vallée des Aït Bougmez, littéralement la « vallée de ceux du milieu » située à quatre heures de route de Marrakech. Là vivent quelque 25 000 Berbères qui depuis des temps immémoriaux ont brodé sur une terre ocre irriguée par des ruisseaux descendus des montagnes une tapisserie d’un vert éclatant. Champs de pommiers, de noyers, de pommes de terre, de blé et d’orge s’imbriquent au pied des sommets éternels. « Jusqu’en 2001, la vallée était isolée par la neige quatre mois de l’année et quasi inaccessible, sauf à pied ou à dos d’âne, raconte Mohammed, notre guide. Il fallait en vouloir pour venir jusqu’ici ! Mais aujourd’hui la donne a changé ». En effet, c’est en roulant sur une chaussée goudronnée que nous rejoignons puis dépassons Tabrant, le centre administratif des Bougmez, où même les téléphones portables poussent désormais.

Là-haut dans la montagne

Le Mont M’Goun veille du haut de ses 4 070 mètres sur les environs, tel un berger sur son troupeau. Le Haut Atlas, parfois surnommé le « toit du Maroc », est le massif le plus élevé d’Afrique du Nord. Difficile d’imaginer que cette sublime région a longtemps rebuté les voyageurs. Et pourtant, depuis le début du XIXe siècle – époque des premières tentatives européennes de passage de cette grande barrière naturelle d’environ 750 kilomètres de longueur – et jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, le nombre d’étrangers qui ont n°17 / mai — juin 2013


mai — juin 2013/ n°17


Spitzberg La diagonale de l’ours

Dans l’archipel du Svalbard, l’autre nom du Spitzberg, la brume retentit d’oiseaux de mer. La croisière polaire, happée par ce doux rêve grisâtre, tournicote autour des îles et des morceaux de banquise à la recherche de l’ours blanc, grand maître des lieux.

Textes & photos

Christophe Migeon

n°17 / mai — juin 2013


76 — A/R magazine voyageur / durable

Portfolio

Le Geyser du Grand Prismatic à Yellowstone (USA)

mai — juin 2013/ n°17


durable / A/R magazine voyageur — 77

n°17 / mai — juin 2013


98 — A/R magazine voyageur / bazar

carte postale

traquenard à zanzibar Signée Julien Blanc-Gras Journaliste de profession et voyageur par vocation, il a publié Touriste au Diable Vauvert.

Cher A/R, der défiler la vie sur une route en Afrique. Je roule depuis une centaine de mètres, je suis déjà bien absorbé, et un policier me fait signe de m’arrêter. Tout va bien, j’ai prévu des petites coupures. Le flic me demande mon permis, avant de m’expliquer que je suis censé détenir une autorisation spéciale (c’est faux, je suis en règle). Puis il m’informe que je n’ai pas

« les hôtels semblent tenus de diffuser Bohemian Rhapsody du cher Freddy et son groupe Queen 19 fois par jour.. » naissance de Freddy Mercury. Voilà ce que tu pourras lire dans n’importe quel guide de voyage. Ce qu’on ne te dira pas, en revanche, c’est que les hôtels semblent tenus de diffuser Bohemian Rhapsody du cher Freddy et son groupe Queen 19 fois par jour. Hôtels où, la plupart du temps, la sécurité est assurée par d’authentiques guerriers Massaïs, costume traditionnel et machette au flanc, qui saluent le client d’un chaleureux « Jambo, tutto bene ? » Oui, les établissements du coin sont fréquentés essentiellement par des Italiens, ce qui produit un exotisme ambivalent, incongru dans ces contrées swahilies. Désagréments somme toute mineurs quand on évolue en territoire touristique balisé. Il suffit d’un pas de côté pour s’en affranchir. Enfourcher un scooter, sillonner l’île et traverser ses villages. Je vais te dire un secret : il n’y a rien de plus absorbant que de regarmai — juin 2013/ n°17

actionné mon clignotant avant de me garer. Ce qui constitue une double infraction. Bon. Le mec n’a pas l’air très sûr de lui, il tourne autour du pot. Crache le morceau, mon gars. Je te file ma monnaie et je me barre. J’ai une île à parcourir, moi !

jambon non plus. Le bakchich commun, c’est un dollar. Je veux bien payer le tarif touriste parce que je suis un touriste, je sais que ton salaire est bas et je me plie aux usages de la corruption locale, mais n’exagère pas (je tourne ça de manière un peu plus diplomatique, bien sûr). – Alors, va pour 10 dollars. – C’est encore un peu cher. Je négocie comme si j’achetais un paréo, c’est absurde. Air suppliant du pandore : – Allez, 5 dollars. Tu as fait deux infractions quand même. Je lui donne un billet qui équivaut à deux dollars. Il me rend mon permis et me remercie. Mais c’est moi qui te remercie, cher policier voleur, tu m’as donné de la matière pour ma carte postale dans Aller /Retour. Et puis moi je m’en fous, de ces deux dollars. Ce n’est pas le cas du serveur de l’hôtel, un garçon qui gagne 70 dollars par mois. Il les sent douloureusement passer,

« Je vais te dire un secret : il n’y a rien de plus absorbant que de regarder défiler la vie sur une route en Afrique. » – Vous devrez aller au tribunal demain (c’est ça, ouais). J’accélère le mouvement : – Et il n’y a pas un autre moyen de régler ça? – Oui, vous pouvez payer tout de suite. Ça fera 20 dollars. Dis donc camarade, c’est bien tenté, mais il ne faudrait pas me prendre pour un

lui, les petits rackets quotidiens de la police. Quand je lui raconte ma mésaventure, il soupire, fataliste et souriant : – What can we do, my friend ? This is Africa. Allez, je vous embrasse, Julien

Illustrations : Le Duo

Je t’écris de Zanzibar et il y a trois choses à savoir sur cette petite île baignant dans l’océan indien à quelques encablures de la côte tanzanienne : – Elle a longtemps été le premier producteur mondial de clou de girofle. – Elle fut pendant des siècles la plaque tournante de l’esclavagisme arabo-persan. – Stone Town, sa capitale, est le lieu de


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