Maison romaine extrait

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couvercle1. Le troisième inconvénient était la faculté, pour des voleurs, de pénétrer dans la domus en se hissant sur le toit puis, en usant d’une corde, d’accéder à l’atrium. Plusieurs maisons de Pompéi ont gardé les traces et parfois les vestiges d’une grille permanente clôturant le compluvium, telle celle, reconstituée, de l’atrium tétrastyle de la domus située en I, 2, 28. D’après le texte vitruvien, lorsque les dimensions de l’espace à couvrir sont importantes, la toiture est soutenue, aux angles du compluvium et du bassin, par quatre colonnes qui monumentalisent l’espace. Ainsi construit, l’atrium prend le nom d’atrium tétrastyle, et, lorsque le nombre de colonnes est supérieur, celui d’atrium corinthien. L’ordre de ces colonnes n’obéit à aucune règle. On trouve autant de colonnes doriques (maison des Ceii, I, 6, 15), que ioniques (maison en I, 2, 28) ou corinthiennes ; ces dernières, toutefois, étaient préférées pour les maisons à très grand atrium, telles la maison d’Obellius Firmus (IX, 14, 4) ou encore celle des Noces d’argent (V, 2, i), qui sont parmi les deux plus monumentales de la ville. Même lorsque le foyer n’y est plus entretenu, l’atrium conserve son évidente fonction de distribution du programme et bénéficie d’aménagements témoignant de son rôle initial. L’eau que l’on puise désormais dans la citerne était autrefois également recueillie dans cet espace, où elle était conservée dans un dolium rempli aux rares puits publics, ou plus simplement prélevée dans le fleuve Sarno qui coulait au pied de la ville. Dans sa conception initiale, l’atrium tenait également lieu de salle à manger, dans laquelle se trouvait donc autrefois une table entourée de sièges. L’introduction d’une pièce réservée aux repas rend caduque cette fonction, mais le souvenir en demeure sous la forme d’une petite table de pierre, le cartibulum, généralement en marbre et souvent richement ornée, telle celle de la maison de Caius Vibius (VII, 2, 18), ou celle de la maison d’Obellius Firmus (IX, 14, 4). Sur cette tablette, toujours installée au bord de l’impluvium, on disposait des objets de valeur, vases ou pièces d’argenterie. Un socle étroit, derrière le cartibulum, qui pouvait recevoir une statue au bord même du bassin, servait de fontaine déversant un mince jet dont l’eau partait à la citerne. Une autre sculpture pouvait prendre place dans l’atrium, sur un socle à côté du tablinum, supportant le buste du maître de maison ou d’un ancêtre de la famille. On a ainsi retrouvé la buste du banquier L. Cæcilius Iucundus (V, 1, 26) et celui de Cornelius Rufus (VIII, 4, 15). Si les Romains n’étaient pas farouchement enclins à la religiosité, du moins en ce qui concernait le culte rendu aux dieux du panthéon gréco-romain, ils furent néanmoins attirés par les courants nouveaux venus de l’Orient. Ces derniers comportaient une formation préparatoire et une intronisation, ce que l’on a appelé les « cultes à mystère », tels le culte de Mithra, celui de Dionysos, ou bien la religion égyptienne et son cycle d’Isis 1  C’est avec le sens dérivé de « couvercle » que le mot cortina est ici en usage ; il désigne également le velum ou l’auvent couvrant la scène des théâtres. Le sens de clôture est maintenu dans l’ancien français, puisque, outre la muraille, la courtine désignait le rideau de lit ou de fenêtre.

Hermès en bronze de la domus de Cæcilius Jucundus Naples, Musée archéologique national. Ce portrait est caractéristique de l’époque augustéenne. Il pourrait représenter le père du banquier propriétaire de la maison en 79.

Page de gauche La discussion (The discourse) Lawrence Alma-Tadema Huile sur toile, 1870 H. 42,5 cm ; l. 28 cm Coll. part. Fred et Sherry Ross.

Éléments décoratifs d’atrium : cartibulum, piédestal de statue, Faune dansant (original au Musée archéologique national de Naples).

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