Jean-Marie Boisdefeu - La Controverse Sur L' Extermination Des Juifs Par Les Allemands -- Clan9 e&r

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99 une installation de chauffage à distance (mise en chantier et même sortie de terre mais jamais terminée). Sous la pression des évènements (retard dans les travaux, arrêt de l' épidémie, reprise de l' épidémie, etc.), les Allemands changèrent plusieurs fois leurs plans et il est difficile pour le moment de les suivre au travers des interprétations doctrinales des exterminationnistes. 4. Le 22/7/1942, Auschwitz reçoit un télégramme du SS-WVHA l' autorisant à envoyer à Dessau « un camion de cinq tonnes afin d'aller prendre livraison du gaz destiné au gazage du camp pour combattre l'épidémie, qui s'est déclarée » [9] Naguère, pour les historiens, ce message était codé : l' épidémie n' était qu' un prétexte à la livraison de gaz à des fins criminelles. Mais depuis, Pressac est arrivé et, sans être contredit par les historiens, a tout bouleversé, ainsi que nous l' avons vu : il affirme que ce gaz était bien destiné, au moins à concurrence de 97%, à combattre les épidémies. Il a calculé que 5 tonnes de gaz auraient pu servir à gazer 1.250.000 personnes, soit plus qu' il n' en est jamais passé par Auschwitz et dès lors, il conteste qu' on ait pu envoyer un ou plusieurs camions de 5 tonnes chercher de quoi procéder à l' extermination des juifs. Tous ces camions servaient effectivement, ajoute Pressac, à des fins sanitaires. [10] Les autres traces de livraisons semblables de Zyklon-B depuis Dessau (à 100 km au sud-ouest de Berlin), traces jugées naguère encore criminelles, sont les suivantes : • Une semaine plus tard, le 29/7/1942, autorisation est donnée à l' envoi d' un nouveau camion pour charger « du gaz dont on a un urgent besoin pour la désinfection » (« Gas, das zur Desinfizierung des Lagers dringendst erfordlich ist »). • Le 26/8/1942, télex à propos d' « une autorisation de transport pour un camion allant chercher à Dessau des produits pour trait.[ement] spécial » (« Material für Sonderbeh.[andlung] »). • Le 2/10/1942, nouveau télex au sujet de « produits nécessaires à la réimplantation des juifs » (« Materialien für die Judenumsiedlung »). • Le 7/1/1943, un autre camion est autorisé à aller à Dessau charger du « matériel de désinfection ». • Le 30/7/1943, nouveau camion pour aller chercher du « Zyklon » à Dessau. [11] Si l' on étend le raisonnement de Pressac, en l' occurrence, les termes « désinfection », « traitement spécial », « réimplantation des juifs », « Zyklon » et « gazage du camp » sont équivalents et n' ont aucun sens génocidaire. On pourrait même y trouver des preuves de la réalité de la réimplantation des juifs en URSS. Mais Pressac, prévoyant les conséquences désastreuses qu' aurait sa révision pour le dogme essaye aussitôt de chasser les mauvaises pensées que pourrait avoir son lecteur : « Vers le 20 Août [1942], les stocks de Zyklon-B étaient presque épuisés et l'épidémie toujours vivace. Une nouvelle demande de produit aurait conduit les SS d'Auschwitz à avouer qu'ils ne contrôlaient toujours pas la situation. Une astuce fut trouvée. Mettre sur le dos des juifs les effarantes quantités de gaz employées. L'autorisation de transport accordée le 26 août le fut pour 'traitement spécial'. Bien que les responsables du SS-WVHA de Berlin sussent la finalité du 'traitement', ils en ignoraient les modalités, c'est-à-dire les quantités de toxique utilisées. Ce qui permit de leur faire croire que la majorité du Zyklon-B livré servait aux gazages homicides dans les Bunker 1 et 2, alors que 2 à 3 % suffisait. Ainsi, 97 à 98 % du gaz pouvait être consacré à l'épouillage ». Pressac a, bien entendu, tiré tout cela de son pouce et si la matière de ce livre n' était aussi tragique, on en rirait de bon cœur. C' est le moment de dénoncer à nouveau une des techniques chères aux historiens et dans lesquelles ils excellent : charger leurs ennemis de ce qui, en fait, les décharge. Si les Allemands avaient voulu exterminer les juifs, ils les auraient laissés en compagnie de leurs poux ; comme ils n' étaient pas dépourvus d' humanité (bien qu' ayant de grands torts vis-à-vis de tous ces malheureux déportés, c' est entendu.), ils tentaient de réduire ces épidémies grâce à l' épouillage, à la désinfection, etc. par le Zyklon-B ; c' était d' ailleurs leur intérêt. Cela n' absout évidemment pas les SS, mais cela les décharge quelque peu et il est inique que les historiens en aient fait un élément à charge. C' est un peu comme si, portant secours à un accidenté de la route (à la suite d' un accident que vous auriez provoqué), vous étiez accusé de vouloir le dépouiller. Ceci dit, il est incontestable aussi qu' une partie de ce Zyklon-B servait à épouiller les effets confisqués aux juifs dans l' Opération Reinhardt ; les Allemands justifiaient ces confiscations en expliquant qu' ils voulaient indemniser les civils allemands qui avaient tout perdu dans les bombardements alliés, lesquels étaient la

[9] « Gas zur Vergasung des Lagers, zur Bekämpfung der aufgetretenen Seuche zu holen » [10] On notera qu' après la révision à laquelle se livre ici Pressac, une relecture de l' histoire de Gerstein s' impose : elle renforce la thèse de la mythomanie de ce spécialiste de l' épouillage qui jonglait avec des tonnes d' acide cyanhydrique liquide qu' il prétendait destinées à l' extermination et qu' il aurait, dès lors, essayé de détruire ou de détourner. [11] Auschwitz commanda aussi à Francfort (Degesch et Testa) 7,5 T en 42, 12,2 T en 43 et 2 T en 44. En tout, la Degesch aurait livré en 43/44, 160 T à la Wehrmacht (laquelle n' a jamais été accusée de gazer qui que ce soit) et 125 T aux services sanitaires de la SS.


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