Conan doyle contes terreur -- Clan9

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impossible d’estimer la distance à laquelle elle se trouvait, de deviner ce qu’elle faisait, de supputer l’heure de sa rentrée. Mais m’étant juré que mes nerfs ne flancheraient pas une deuxième fois, j’ai calé mon fusil chargé sur les rochers. J’ai néanmoins failli laisser passer l’occasion. Je n’avais absolument pas entendu la Bête qui traversait le pré. Tout à coup j’ai distingué sa masse gigantesque qui se dirigeait vers l’entrée de la caverne. Une nouvelle défaillance de ma volonté m’a empêché d’appuyer sur la gâchette. J’ai dû faire un effort de tout mon être pour bouger mon index. Pendant que les buissons se froissaient sous le passage de la Bête (elle se confondait déjà avec l’obscurité du trou), j’ai tiré. À la lueur du coup de fusil, j’ai aperçu une masse à longs poils hirsutes ; leur couleur grise virait au blanc dans la partie inférieure du corps qui se terminait par des pattes torses et épaisses. Je ne l’ai vue que le temps d’un éclair. Ensuite j’ai entendu rouler des pierres : la Bête battait en retraite dans son terrier. Aussitôt, par un revirement triomphal de mes sentiments, j’avais rejeté toutes mes frayeurs : j’ai démasqué ma lanterne, j’ai sauté de mon rocher et, le fusil en main, j’ai foncé dans le couloir des Romains à la poursuite de la Bête. Ma lampe à acétylène projetait devant moi une lumière puissante qui n’avait rien de comparable avec le scintillement jaune de la bougie qui m’avait guidé douze jours plus tôt sous cette même voûte. Tandis que je courais, je voyais le monstre qui fuyait en titubant ; sa masse remplissait tout l’espace libre entre les parois ; son poil ressemblait à de l’étoupe grossière et pendait en grosses touffes serrées qui se balançaient à chaque pas ; on aurait dit la toison d’un gigantesque mouton non tondu ; mais il était nettement plus gros que le plus gros des éléphants, et il paraissait aussi large que grand. Je suis encore stupéfait quand je pense que j’ai osé pourchasser un monstre pareil jusque dans les entrailles de la terre ; mais quand le sang est échauffé et quand la proie cherche à s’échapper, le vieil instinct

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