Conan doyle au pays des brumes -- Clan9

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– Où vas-tu ? – Je descends à l’Amiral-Vernon. Il y a une chance que je sois embauché comme sparring-partner de Long Davis. Il commence son entraînement lundi prochain, et je sais qu’il cherche un type de mon poids. – Bon ! Quand tu reviendras, je le verrai bien. J’en ai soupé de ce bistrot. Je sais ce qu’on y trouve aussi ! – On y trouve la paix et le repos, répondit Silas. C’est le seul endroit au monde qui me les procure. – Ah ! j’en ai fait, une aubaine, le jour où je me suis mariée avec toi ! – Tu as raison. Ronchonne ! Ronchonne toujours ! Si ronchonner peut faire le bonheur d’un homme, tu es la championne de l’amour ! Il prit son chapeau et sortit. Dans la rue, son pas pesant résonna sur la trappe de bois qui ouvrait sur les caves de la brasserie. En haut, dans une mansarde minuscule, deux petites formes enfantines étaient assises entrelacées au bord d’une mauvaise paillasse ; leurs joues se touchaient ; leurs larmes se mêlaient. Il leur fallait pleurer en silence car le moindre bruit pouvait rappeler aux ogres d’en bas leur existence. Périodiquement, l’un des deux enfants éclatait en sanglots et l’autre murmurait : « Chut ! chut ! » Ils entendirent la porte claquer, le pas pesant résonner sur la trappe de bois. De joie, ils se serrèrent l’un contre l’autre. Quand il reviendrait, il les tuerait peut-être, mais pendant quelques heures au moins ils seraient en sécurité. La femme était méchante et vindicative, mais elle ne leur semblait pas aussi terrible que l’homme. Ils se doutaient qu’il avait poussé leur mère au tombeau, il serait bien capable d’en faire autant avec eux.

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