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AOĂT-SEPT·2016 HABITER / INTĂRIEUR
TATIANA BILBAO, ATELIER BOW-WOW, LAURENT DEROO, MARTINEZ BARAT LAFORE, PEZO VON ELLRICHSHAUSEN
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Classement Les 150 premiĂšres agences dâarchitecture dâintĂ©rieur
19/07/2016 09:29
NÂș377 AOĂT-SEPT·2016
ARCHITECTURES
NÂș377
Didier FiĂșza Faustino
ĂDI TO
ARCHITECTURES
Dans ce numĂ©ro Habiter, nous avons souhaitĂ© mettre lâaccent sur une nouvelle gĂ©nĂ©ration de maisons remarquables qui dĂ©notent toutes dâune tendance commune. AprĂšs lâostentatoire et le recours au luxe et au prĂ©cieux, on assiste aujourdâhui Ă une certaine forme de rigorisme, si ce nâest dâĂ©pure, de pair avec lâutilisation de matĂ©riaux bruts ou presque. Le bois, le bĂ©ton, la tĂŽle sont sculptĂ©s, façonnĂ©s ou dĂ©ployĂ©s pour mettre en Ćuvre des abris. Les maisons-reprĂ©sentation dâil y a quelques annĂ©es font place Ă des maisons-cocon, voire, des maisons-bunker. Elles sont le lieu dâun repli sur soi, bien que connectĂ©es sur le monde. Lâoccasion Ă©galement dâun retour aux Ă©lĂ©ments, plus quâĂ la nature Ă proprement parler. De quoi tĂ©moignent ces architectures ? Peut-ĂȘtre de lâenvie, si ce nâest le besoin, du simple plaisir d'habiter.. Le souhait de sâisoler et de sâĂ©loigner du regard des autres. Ne plus faire la dĂ©monstration de ses capacitĂ©s, mais profiter dâun lieu pour manger, dormir et contempler. ApprĂ©cier le temps, certainement, dans cette Ă©poque de vie accĂ©lĂ©rĂ©e.
ARCHITECTURES
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ĂVĂNEMENTS
Superstudio La grille comme stratĂ©gie dâAlien
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SOMMAIRE
LIVRES
Livres : IntĂ©rieur, intĂ©rieur⊠Une petite bibliothĂšque sur la notion dâespace domestique
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16
EXPOS Design Parade Toulon Lâarchitecture dâintĂ©rieur en question
18
EXPOS Laboratoire espace cerveau Gianni Colombo, Paul Sharits et les autres
20
EXPOS
22
INTERVIEW
Vitra Schaudepot Herzog & de Meuron voient rouge
26
EXPOS Felice Varini Sâamuser avec la rigueur corbusĂ©enne
CREE
32
EXPOS
EXPOS
Duan Hanson Le besoin de domesticité
31
EXPOS
Constellation.S Des maniĂšres dâhabiter le monde
8
Ora Ăto Designer et bien plus
30
Accrochage Entre le plein et le vide⊠le spectateur
EXPOS
EXPOS MET ROOF - Cornelia Parker Quand Norman B. s'invite sur le toit du MET
EXPRESSIONS
41
TRIBUNE
Vers lâentrâespace
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GRAND ENTRETIEN Bow-Wow ou la science du comportement
56
INTERVIEW Quelques figures de lâintĂ©rieur Martinez Barat Lafore Architectes
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FLASH-BACK Le tout-confort télématique Archives
Couverture : Studio Quetzal, Immersed Office. Photographie : Lothaire Hucki, Villa Noailles, 2016 Prochain numéro : Anticipation
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130
PERSPECTIVES
MĂ©tissage pĂątissier Architectes : DGT
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ESSAI « Les intérieurs et la fantasmagorie des choses »
78
GRAND ANGLE MatiĂšres Grises Architectes : Pezo von Ellrichshausen
86
Sans limites Architectes : Tato Architecte : Patrick Dillon
FOCUS
SOMMAIRE
96
102
GRAND ANGLE Le bon sauvage Ă Monterrey Architecte : Tatiana Bilbao
110
Leçon d'équilibre Architecte : PAX.ARQ
FOCUS
MATIĂRES RĂFLĂCHIES
118
INTERVIEW 6 aménagements pour APC Architecte d'intérieur : Laurent Deroo
128
CREE
De l'alu pour de l'or Architectes : OMA
134
RĂHABILITATION Une cabane chez Haussmann Architecte : AAVP
140
PROJET
142
LUMINANCE
144
INSTALLATION
146
BAIN
160
ĂLĂMENTS
162
ARCHILISTE
De la céramique partout Architectes : JMA
Constellation Architecte : Studio Joseph
VERSUS MĂ©lange de genres Architectes : Z4Z4 Rafael Beneytez Duran Architecte : Robert mac Bride and Debbie Ryan
PROJET
PROJET
Le liĂšge en Ă©tat de grĂące Artiste : Leonor Antunes
Milan dans le bain Salon Eurobagno
Solutions techniques
Archiliste PalmarÚs 2016 des Architectes d'intérieur
223
Un dédale dans la ville DiplÎme
Cette revue peut ĂȘtre utilisĂ©e dans le cadre de la formation permanente. Toute reprĂ©sentation ou reproduction intĂ©grale ou partielle, faite sans le consentement de lâĂ©diteur et de lâauteur ou de leurs ayant droits ou cause, est illicite (article L. 122-4 du Code de la propriĂ©tĂ© intellectuelle). Toute copie doit avoir lâaccord du Centre Français dâexploitation du droit de copie (CFC) 20 rue des Grands Augustins 75006 Paris. Tel. 01.44.07.47.70. © by MFTL SARL 2016 â Membre inscrit au CFC et Presse Pro.
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Ă©vĂšnements
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Superstudio La grille comme stratĂ©gie dâAlien
CREE
ĂVĂNEMENTS : EXPOSITIONS
Auteur : Christophe Le Gac
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Happy birthday to you ! 50 ans ! Le groupe radical dâarchitectes florentins fĂȘtera ses 50 ans en dĂ©cembre prochain. Lâhistoire nous raconte que Superstudio a Ă©tĂ© fondĂ© en 1966 par Adolfo Natalini (1941) et Cristiano Toraldo di Francia (1941) Ă lâoccasion de lâexposition Superarchitettura (Jolly 2 art gallery - Pistoia). Ils furent rejoints entre 1970 et 1972 par Gian Piero Frassinelli (1939), Robert Magris (1935-2003), Alessandro Magris (1941-2010) et Alessandro Poli (1941). Avec les collectifs Archizoom, UFO, Gruppo 9999 et quelques individualitĂ©s comme Gianni Pettena et Michele De Lucchi, ils ont incarnĂ© un vent de rĂ©bellion contre le modernisme finissant et les mĂ©gastructuralistes dont les idĂ©es Ă©taient en pointe dans les annĂ©es 60. Dans cette fameuse exposition fondatrice oĂč ils Ă©taient en compagnie de leurs collĂšgues Archizoom, lâaffiche Ă©tait structurĂ©e par la phraseâ: « La superarchitecture est lâarchitecture de la superproduction, de la super consommation, de la super induction Ă la super consommation, du supermarchĂ©, de superman et du Super. » Tout un programme ! Non sans un humour acerbe et un dĂ©calage assumĂ©, cette nouvelle gĂ©nĂ©ration toscane voulait rĂ©gler son compte Ă lâindustrialisation de la construction, au zoning en urbanisme, Ă lâuniformitĂ© gĂ©nĂ©ralisĂ©e, etc mais aussi au Pop Art, au nomadisme et aux rĂȘveurs dâun monde libĂ©rĂ© des contraintes matĂ©rielles grĂące aux avancĂ©es technologiques. Le fait dâĂȘtre italien explique en partie cette volontĂ© critique. Comment ne pas vouloir tout renverser lorsquâil vous est impossible, Ă la sortie de lâĂ©cole, de construire ce que vous imaginez car autour de vous, le bĂąti historique conservĂ© dans du formol est un rempart Ă toute prospective. Et pourtant des infrastructures routiĂšres par exemple sont rĂ©alisĂ©es et dĂ©truisent les abords des secteurs protĂ©gĂ©s. Alors, il reste la remise en cause des discours dominants par la mise en place dâun appareil critique Ă base de collages, posters, performances dans la rue, revues, expositions, et accessoirement des projets spĂ©culatifs dans diffĂ©rentes Ă©chelles (design, architecture, urbanisme). La scĂ©nographie fĂ»t aussi un moyen dâexpression trĂšs usitĂ©. TrĂšs actif pendant une dizaine dâannĂ©es, Superstudio participa Ă de nombreuses expositions dont la fameuse Italy: the new domestic landscape au MoMA de New York en 1972.
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1 Superstudio, vue dâexposition, MAXXI, jusquâau 4 septembre 2016. Photo courtesy CLG ââ2 Superstudio, Atti Fondamentali. Vita - Supersuperficie. Pulizie di primavera, 1971, litografia Courtesy Fondazione MAXXI ââ3 Superstudio, Bazaar, Giovannetti, 1969, divano componibile. Photo : C. Toraldo di Francia ââ4 Superstudio, Autoritratto, 1973, collage. Photo : C. Toraldo di Francia
CREE
ĂVĂNEMENTS : EXPOSITIONS
5 Superstudio, Prototipi per mobili, Serie Misura, 1970. Panzano nel Chianti. Photo : C. Toraldo di Francia
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Investir le MAXXI Maintenant identifiĂ©s dans lâhistoire officielle sous le nom « dâArchitecture radicale », Superstudio et leurs compĂšres trouvent place dans les institutions musĂ©ales. Le chemin fĂ»t long mais la reconnaissance dâune critique virulente du fonctionnalisme par une dĂ©clinaison exagĂ©rĂ©e de son dĂ©nominateur commun, la grille, a fini par payer. En cette pĂ©riode estivale, le MAXXI accueille la bande de Florentins. Sous la forme dâune rĂ©trospective au titre explicite SUPERSTUDIO 50, le curateur - Gabriele Mastrigli - explique sa comprĂ©hension du groupe et le fil conducteur de lâexposition romaine : « Refusant une approche interdisciplinaire gĂ©nĂ©rique, le groupe propose l'adaptation d'une vision plus large et une refonte radicale de lâarchitecture et du design, en remplaçant lâimagerie traditionnelle et domestique par un univers dâobjets Ă©tranges et des visions dystopiques. » Accueilli par le divan Bazaar, Giovannetti (1969), par sa forme ronde ce dernier sert dâarticulation et dirige vers la grande cimaise, colonne vertĂ©brale de lâexposition et Ă©cho volontaire Ă la grille tridimensionnelle blanche franchissant paysages naturels et urbains : Le Monument Continu (1969-1970). Sur ce mur rouge, de nombreux dessins, collages de projets des dĂ©buts font face, au sol, Ă une autre piĂšce maĂźtresse dans le parcours de Superstudio. Les Histogrammes, ou les Tombes des architectes (1969), composĂ©s de 30 diagrammes
Création : Matthias Werlen Architektur ag - Aménagement Intérieur : Zeiter + Berchtold ag - klausler acrylstein - Photo : Thomas Andenmatten
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tridimensionnels, recouverts dâun laminĂ© plastique sĂ©rigraphiĂ©. Modulaires, tels des legos basiques, ils peuvent sâassocier Ă nâimporte quelle Ă©chelle. « Cette grille sans fin dans laquelle chacun peut vivre (et mourir) sans se consumer physiquement ou spirituellement » est une charge sĂ©duisante contre le fonctionnalisme. Pas fous, les architectes de Superstudio ont dĂ©clinĂ© cette trame en mobilier Misura (1970) et Quarterna (1970). AprĂšs quelques marches, sur le dernier plateau de lâexposition, les films rĂ©alisĂ©s par lâĂ©quipe sont projetĂ©s sur un mur inclinĂ©. Un rĂ©gal !
ĂVĂNEMENTS : EXPOSITIONS
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Lâavenir en question Une fois sortie du musĂ©e, une question vient Ă lâesprit : « Mais oĂč sont les Superstudio dâaujourdâhui ? » Qui, dans les nouvelles gĂ©nĂ©rations sorties des "super " Ă©coles dâarchitecture, prend Ă bras le corps le rĂ©el et toutes ses dĂ©rives. Les sujets ne manquent pas. Le corporate recouvre le monde tel Le Monument Continu, le mobilier gĂ©nĂ©rique envahit nos intĂ©rieurs, la crise du logement nâen finit pas et le pĂ©trole coule toujours Ă flot. La modernitĂ© a eu lieu, pas la meilleure. Dans le documentaire de Julien Donada, Les visionnaires - une autre histoire de lâarchitecture (Petit Ă petit production, 2013), tous les empĂȘcheurs de tourner en rond de lâarchitecture - HĂ€usermann, Antti Lovag, Rottier, Cook, Greene, Hollein, Branzi, Pettena, Natalini⊠- reviennent sur leurs actes de bravoure contre la pensĂ©e dominante de lâacte de bĂątir. InterrogĂ© sur la notion dâarchitecte visionnaire, Michel Ragon sâadresse aux nouvelles gĂ©nĂ©rations dâarchitectes par la question suivante : « Nây a-t-il pas maintenant des gens qui travaillent aussi sur une architecture de lâavenir ? » Nous essayerons de rĂ©pondre dans le prochain numĂ©ro de CREE placĂ© sous le signe de lâanticipation et de la problĂ©matiqueâ: « Ătre architecte demain ».
Superstudio 50 Exposition jusquâau 4 septembre 2016 MAXXI - MusĂ©e National des Arts du XXIe siĂšcle Via Guido Reni, 4 A - 00196 Roma www.fondazionemaxxi.it Superstudio est au FRAC Languedoc-Roussillon : La ville au loin Exposition jusquâau 3 septembre 2016 Dans le cadre de lâĂ©vĂ©nement « La Ville au loin » organisĂ© par le FRAC Centre-Val de Loire
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Duan Hanson Le besoin de domesticité
ĂVĂNEMENTS : EXPOSITIONS
Auteur : Christophe Le Gac
Si le groupe Superstudio accentuait les mĂ©faits de la construction sur la vie quotidienne par son exagĂ©ration et surtout par le manque dâarchitecture spĂ©cifique (cf p. 8), Duan Hanson (1935 - 1996) met en exergue le besoin vital en architecture pour les laissĂ©s-pour-compte et la classe moyenne dĂ©primĂ©e. Son Ćuvre dâun hyperrĂ©alisme figuratif nous laisse sous le choc devant tant de dĂ©sespoir. Chercher une Ă©tincelle de vie et de bonheur dans les yeux des femmes, des enfants et des hommes qui nous font face relĂšve du dĂ©fi. Dans le catalogue publiĂ© par The Serpentine Galleries (2015), l'artiste amĂ©ricain Ă©crit : « Mon but est de permettre Ă ceux qui regardent mes Ćuvres de dĂ©couvrir le monde tel quâil est, et ainsi de chercher les moyens de lâamĂ©liorer, peut-ĂȘtre. » Ă la vue de la sculpture en rĂ©sine synthĂ©tique, fibre de verre et peinture Ă huile Housewife (1970), il semble facile dâimaginer meilleure vie pour cette femme toute dĂ©fraichie. Dans un double mouvement lâexposition monĂ©gasque accentue ce phĂ©nomĂšne de morositĂ© associĂ© Ă un manque cruel dâarchitecture domestique. En effet le white cube, propre aux espaces dâart contemporain, et trĂšs bien fait ici dans la Villa Paloma, permet dâisoler les sculptures et offre Ă tout architecte en herbe, un espace de projection. Chacun peut se figurer un intĂ©rieur spĂ©cialement dessinĂ© pour ses hĂŽtes. Dâailleurs lâespoir pointe son bout de nez. Au fond de la piĂšce oĂč la femme au foyer lit, un peintre sâastreint Ă recouvrir les murs dâun magenta au ton guilleret. Dans une autre salle, un homme et une femme, habillĂ©s en touriste middle class Ă lâamĂ©ricaine, assis sur un banc, donnent lâimpression de dĂ©primer. Le spectateur arrive derriĂšre eux, les voit de dos et peut imaginer avec eux en suivant leur regard portĂ© vers lâhorizon, tout un nouveau monde Ă construire. Mesdames et messieurs les architectes, ils sont pour vous !
Duan Hanson Exposition jusquâau 28 aoĂ»t 2016
CREE
NMNM Nouveau Musée National de Monaco Villa Paloma - 56 boulevard du Jardin Exotique 98000 Monaco www.nmnm.mc
1 Duane Hanson - NMNM - Villa Paloma Housewife, 1970 RĂ©sine synthĂ©tique, fibre de verre, peinture Ă lâhuile, technique mixte, accessoires. Astrup Fearnley Collection, Oslo Photo NMNM/François Fernandez ââ2 Duane Hanson - NMNM - Villa Paloma Self-Portrait with Model,1979 Vinyle, peinture Ă lâhuile, techniques mixtes, accessoires. The Estate of Duane Hanson Vues dâexposition. Photos NMNM/François Fernandez
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Design Parade Toulon Lâarchitecture dâintĂ©rieur en question Auteur : Christophe Le Gac
1e Festival international dâarchitecture intĂ©rieur Du 30 juin au 2 juillet 2016 Expositions jusquâau 11 septembre Plusieurs lieux dans la ville de Toulon
ĂVĂNEMENTS : EXPOSITIONS
http://www.villanoailles-hyeres.com
CREE
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Depuis plus de dix ans, sur les hauteurs de HyĂšres, la Villa Noailles, menĂ©e avec maestria par son directeur Jean-Pierre Blanc et toute son Ă©quipe, offre un terrain de jeu des plus stimulants pour lâavant-garde de la mode (Festival Mode Photo fin avril) et celle du design dâobjets (Design Parade fin juin). Chaque annĂ©e, une judicieuse exposition dâarchitecture vient se glisser dans la programmation quand les tempĂ©ratures baissent. Et maintenant est proposĂ© un nouveau festival dâarchitecture dâintĂ©rieur. Sur les mĂȘmes principes que son aĂźnĂ©, Design Parade Toulon organise un concours ouvert aux jeunes Ă©quipes dont les dix finalistes rĂ©alisent leurs amĂ©nagements dans un ancien hĂŽtel particulier proche de lâArsenal. AprĂšs la dĂ©couverte de plusieurs propositions, rien de formidable ne se distinguait. Mais derriĂšre une porte ouverte, un sol de tomettes peintes dans un bleu foncĂ© sous-marin attirait lâattention. Une fois dans la piĂšce, une bibliothĂšque en bois clair guide les pas du visiteur et structure le volume. AttirĂ© par un grand miroir biseautĂ© et une peinture en dĂ©gradĂ©, du bleu au blanc, du sol au plafond, vous vous retrouvez dans un autre espace plus intime. Y siĂšgent en son centre un bureau et une assise. Recouvert en partie de contreplaquĂ© souple, complĂštement lisse, lâoriginalitĂ© rĂ©side dans le dessin du bureau. Prolongement dâun lĂ© de contreplaquĂ© fixĂ© Ă un pied, le plateau procure un sentiment de flottaison. Cela tombe bien, le thĂšme du concours Ă©tait la MĂ©diterranĂ©e et ce projet a remportĂ© le premier prix. Il a Ă©tĂ© conçu par le studio de design global Quetzal (Paris). VĂ©ritable microarchitecture, Immersed Office sort du lot, haut la main, grĂące Ă la volontĂ© de ses crĂ©ateurs dâarchitecturer la piĂšce et non, simplement de poser ou accrocher des objets. De lâarchitecture dâintĂ©rieur, en somme, pas de la simple dĂ©co. Il est Ă noter, cĂŽtĂ© design dâobjet, lâexcellent diplĂŽme de Gregory Granados (ESAD Toulon). « Flex » son projet de recherche, mĂ©lange de bois dĂ©fibrĂ© Ă des Ă©lastomĂšres qui accouche dâun bois flexible. Une paire de lunettes aux branches souples et une chaise adaptable au corps de son usager sont exposĂ©es Ă la galerie de lâĂ©cole.
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PURELITE. LES RĂVES DES ARCHITECTES FINISSENT PAR SE RĂALISER. Lors de la planification, la gamme Purelite dĂ©veloppĂ©e avec lâarchitecte bĂąlois Peter Steinmann offre une grande marge de manĆuvre sans compromis en matiĂšre dâefficacitĂ©, de qualitĂ© de la lumiĂšre et de rendu de couleurs. Une planification flexible est possible grĂące Ă une hauteur de 35âmm avec ballast dans le modĂšle apparent. Il nâest pas nĂ©cessaire de prendre des dispositions particuliĂšres Ă un stade prĂ©cĂ©dent.
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Laboratoire espace cerveau Gianni Colombo, Paul Sharits, et les autres Auteur : Christophe Le Gac
ĂVĂNEMENTS : EXPOSITIONS
1 Gianni Colombo, Topoestesia - Trezone contigue (itinerario programmato), 1965-1970. Institut dâart contemporain, Villeurbanne/RhĂŽne-Alpes. Courtesy Blaise Adilon
1
Depuis le processus de Bologne en 1999 (dĂ©claration finale en 2010) et la mise en place de lâEspace europĂ©en de lâenseignement supĂ©rieur, les Ă©coles dâart et par extension les centres dâart, se sont vus dans lâobligation de faire de la "recherche". MalmenĂ© depuis des annĂ©es, le monde acadĂ©mique nâattendait pas aprĂšs une injonction ministĂ©rielle pour faire de la recherche avec les Ă©coles dâart, les centres dâart ou les musĂ©es. La notion de « recherche » est tellement ouverte. Les artistes expĂ©rimentent depuis toujours. Lâart conceptuel, surnommĂ© lâart des philosophes, dĂ©montre Ă qui ne lâaurait pas encore intĂ©grĂ©, combien la recherche est dans lâADN de toute pratique artistique. Il faut reconnaĂźtre que ces nouvelles rĂšgles auront permis aux Ă©coles et aux lieux de diffusion de stimuler leurs tutelles, tout au moins, dâincorporer cette dimension comme Ă©lĂ©ment de valorisation. En 2009, Ă lâInstitut dâart contemporain de Villeurbanne, Ann Veronica Janssens et Nathalie Ergino lancent le « Laboratoire espace cerveau ». Lâartiste belge est connue pour ses espaces immersifs, cotonneux, dans lesquels les corps humains deviennent des matiĂšres diffuses et Ă©vanescentes. Il Ă©tait logique de dĂ©marrer le programme « espace cerveau » autour des relations entre la perception, le corps, lâespace, la phĂ©nomĂ©nologie et les sciences cognitives. De son cĂŽtĂ©, la directrice du I-AC, avait conçu les expositions MaisonsCerveaux (1995) et SubrĂ©el (2002), un signe. 9 stations se sont dĂ©roulĂ©es depuis le lancement sous la forme dâune journĂ©e dâĂ©tude, dâune confĂ©rence, dâune Ćuvre Ă lâĂ©tude et dâune documentation spĂ©cifique. Ă lâarrivĂ©e, une exposition de restitution/valorisation des recherches permet aux spectateurs de se confronter aux expĂ©rimentations physiques (les Ćuvres) et spĂ©culatives (la documentation autour de la thĂ©matique abordĂ©e). Sous forme de bilan et avant dâattaquer un nouveau cycle de stations, lâexposition, Retour sur Gianni Colombo⊠plonge le visiteur dans un dĂ©dale dâespaces physiques dĂ©matĂ©rialisĂ©s par la lumiĂšre et des fils extensibles tendus continuellement en mouvement car motorisĂ©s. Ă noter : Dans le prochain numĂ©ro, nous reviendrons plus en dĂ©tail sur le travail de Gianni Colombo. Cet architecte-artiste milanais (1937 - 1993) a su anticiper notre avenir binaire avec trois bouts de ficelle et une ampoule. Remarquable !
Laboratoire espace cerveau Retour sur Gianni Colombo & Paul Sharits En amorce de la station (1)0
CREE
Jusquâau 14 aoĂ»t 2016 Institut dâArt Contemporain 11 rue Docteur Dolard 69100 Villeurbanne www.i-ac.eu/laboratoireespacecerveau
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Vitra Schaudepot Herzog & de Meuron voient rouge
ĂVĂNEMENTS : EXPOSITIONS
Auteur : Christophe Le Gac
1 Vue extérieur du Vitra Schaudepot conçu par les architectes bùlois Herzog & de Meuron, chaque pierre a été taillée à la main, et non posée en plaquette. Courtesy SCD
de la porte dâentrĂ©e, la finition de lâappareillage Ă©tonne. Il nâest pas question ici de plaquettes mais de briques dĂ©coupĂ©es Ă la main. Si Ă distance, tout semble lisse, de prĂšs, lâaspĂ©ritĂ© de chaque brique multiplie les variations visuelles. Une fois le pas de la porte franchi, un autre monde se donne Ă voir. Tout est blanc ou presque, les tubes fluorescents courent Ă nu le long de la double pente intĂ©rieure faisant office de plafond. Cette neutralitĂ© trĂšs "galerie dâart" a pour vertu de mettre en avant les diffĂ©rents meubles installĂ©s les uns Ă cĂŽtĂ© des autres sur des structures mĂ©talliques. De belles surprises attendent le visiteur, notamment la premiĂšre chaise de Philippe Starck. Elle est structurĂ©e par un tube en inox qui se retourne en partie basse pour former le siĂšge et en partie haute pour le dossier. Un dĂ©tail : le siĂšge et le dossier sont composĂ©s chacun de cinq disques en fonte pour haltĂšres. IKEA ferait bien de sâinspirer de Vitra pour amĂ©nager ses hangars, Ă mille lieux du Schaudepot. Ahâ! Si seulement la norme grand public Ă©tait celle de Vitraâ! Vitra Schaudepot Vitra Campus Charles-Eames-Strasse 2 79576 Weil am Rhein www.vitra.com
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CREE
VĂ©ritable « Weissenhof-siedlung » implantĂ© Ă Weil am Rhein, en Allemagne, prĂšs de BĂąle, depuis les annĂ©es 1980, le Vitra Campus sâenrichit rĂ©guliĂšrement de petits chefs-dâĆuvre de lâarchitecture mondiale. Le dernier nĂ©, qui accueille une partie de la collection de meubles du Vitra Design Museum, a Ă©tĂ© conçu par les voisins suisses Herzog & de Meuron. Le bĂątiment est implantĂ© entre la caserne des pompiers (1993), de feu Zaha Hadid et les bureaux de lâusine. Pas facile de sâimplanter dans un tel contexte. Le choix de la brique rouge comme Ă©lĂ©ment unificateur, des emmarchements aux murs, en passant par le parvis, donne au Schaudepot le statut de projet urbain. Dâun cĂŽtĂ©, il devient un trait dâunion avec la Factory Building dâAlvaro Siza (1994), Ă deux pas, et de lâautre, il rĂ©ussit Ă tenir tĂȘte Ă lâexpressionnisme tout en bĂ©ton brut de la caserne. Sa forme stylisĂ©e Ă©voque une grande demeure Ă deux pentes et inspire le respect malgrĂ© sa taille modeste. Lâunique ouverture placĂ©e au centre de la façade sud et lâuniformitĂ© du matĂ©riau choisi renforcent ce sentiment. Ă lâapproche
Silvia Spitaleri, Polytechnic School - University of Palermo (Industrial Design Laboratory III, Degree in Industrial Design)
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Ora Ăto Designer et bien plusâŠ
CREE
ĂVĂNEMENTS : INTERVIEW
Entretien avec : Ora ĂŻto Auteur : Christophe Le Gac Texte retranscrit par : Emma Nubel
Comme entrĂ© par effraction dans le monde du design, le designer Ora ĂŻto, de son vrai nom Ito Morabito, a rĂ©cemment provoquĂ© commentaires acerbes et polĂ©miques. Beaucoup le considĂšrent comme un imposteur, il est « lâenfant terrible du design. » Cependant Ă lâorĂ©e de ses 40 ans, il accumule les projets et les rĂ©ussites. Il reçoit, par exemple, lâoscar du meilleur design pour sa bouteille dâHeineken en 2002 ; est couronnĂ© en 2004 dâun Red Dot Design Award pour sa lampe ONE LINE quâil dessine dâun seul trait et devient chevalier des Arts et des Lettres en 2011. Et pour enfoncer le clou, une bouteille de biĂšre, un flacon de parfum, une chaise, un fauteuil, une lampe et un candĂ©labre rentrent dans les collections du Centre Pompidou. AprĂšs avoir quittĂ© prĂ©maturĂ©ment ses Ă©tudes de design, il lance sa carriĂšre Ă 19 ans, en proposant des objets imaginaires de grandes marques comme un sac Ă dos Vuitton ou une mallette Apple. SacrĂ© coup de pub, les gens cherchent partout ces faux objets. De plus, passionnĂ© par le Corbusier depuis tout petit, il acquiert en 2012 le toit de la CitĂ© Radieuse comme on achĂšterait une sculpture. Câest le MaMo qui voit le jour et se transforme rapidement en centre dâart en 2013. Nous avons voulu nous entretenir avec ce designer touche-Ă -tout, auteur de la notion de « simplexitĂ© », autour de questions volontairement Ă©loignĂ©es des polĂ©miques passĂ©es. CREEâPouvez-vous nous rappeler votre concept de « simplexitĂ© » ? Ora ĂŻtoâCâest tout dâabord une maniĂšre trĂšs courte de rĂ©pondre Ă la question: « Câest quoi ton style ? » La « simplexitĂ© » marie la simplicitĂ© et la complexitĂ©. Câest une philosophie. Cela consiste Ă amener de la matiĂšre lĂ oĂč il yâen a besoin, et pas plus. Il faut diminuer au maximum lâapprovisionnement des matiĂšres. Je trouve que câest beaucoup plus dur de faire quelque chose de simple que de compliquĂ©. Lorsque câest compliquĂ©, câest quâil nây a
pas dâidĂ©e assez forte et on doit les empiler les unes sur les autres. La simplicitĂ©, câest dans le geste. Jâaime quand les choses sont fluides et quâon ne sent pas lâeffort. Par exemple, la danseuse : on ne voit pas les annĂ©es dâefforts quâil y a derriĂšre chaque mouvement, cela paraĂźt trĂšs simple mais en fait câest trĂšs complexe. CREEâDe quel hĂ©ritage vous sentez-vous redevable, si tel est le cas ? OĂŻâFaisant partie de cette gĂ©nĂ©ration nĂ©e dans la modernitĂ©, je dirai quâon ne peut pas Ă©voluer sans avoir eu des influences trĂšs fortes, que ce soit des artistes, des architectes ou des designers. Ainsi, le premier contact que jâai eu avec lâarchitecture câĂ©tait enfant, lorsque jâai dĂ©couvert la maison sur la cascade de Franck Lloyd Wright. JâĂ©tais impressionnĂ© par son Ă©quilibre et son intĂ©gration parfaite dans la nature, son terrain, ses courbes et ses matĂ©riaux approvisionnĂ©s localement. Cette maison, avec ce tel porte-Ă -faux, mâobsĂšde encore aujourdâhui et fait partie de ma philosophie. Etant nĂ© Ă Marseille avec la citĂ© Radieuse, il y a aussi Le Corbusier. Câest un nom qui revient dâoffice sur la table. Sa collection de meubles LC est sĂ»rement la plus vendue dans le monde et la plus intemporelle. Il y aussi lâarchitecte et designer Niemeyer, que je regrette grandement de nâavoir jamais rencontrĂ©. Chez Niemeyer il a quelque chose de trĂšs fort par ses courbes, sa sensualitĂ©, son rapport Ă lâenvironnement ; il est presque dans lâordre du symbole. Chacune de ses architectures est une sculpture, un objet. AprĂšs, il y a Mies van der Rohe qui complĂšte ce quatuor. Je suis aussi passionnĂ© par toute la vague dâart minimal. Au dĂ©part câest Tony Smith qui rassemble mes idĂ©es plastiques de minimalisme et dâinfini avec un cĂŽtĂ© trĂšs modulaire dans son Ćuvre. Sol Lewitt mâa aussi Ă©normĂ©ment marquĂ©, son travail sur le volume mâimpressionne. ForcĂ©ment il y a aussi Donald Judd. Henri Moore et Calder
sont un peu plus libres. Il y a de la poĂ©sie tout en restant formel. Comme Niemeyer, il y a un rapport sublime avec la matiĂšre et les formes. Henri Moore a inventĂ© le design organique et a tout dit de façon extraordinaire par rapport aux formes. En cinĂ©ma, Scorsese et Kubrick sont de mon Ă©poque, et ça mâa mĂȘme traversĂ© lâesprit de devenir rĂ©alisateur. CREEâEst-ce que le design câest de la crĂ©ation ? OĂŻâSi ce nâest pas de la crĂ©ation, câest quoi ? La dimension fonctionnelle ne lâemporte pas sur la dimension crĂ©ative. Cela avance ensemble tout en prenant des formes diffĂ©rentes dâexpression. Il y a lâergonomie du produit, lâinfluence de la matiĂšre et la fonction de lâobjet. Ainsi, si on rĂ©flĂ©chit Ă une chaise, ce sera diffĂ©rent par rapport au mode de production. Et puis les chaises ont diffĂ©rentes fonctions ; on peut, par exemple, les empiler les unes sur les autres, rĂ©flĂ©chir Ă lâassise avec des accoudoirs ou non. Mais il y a tout de mĂȘme une vraie crĂ©ation, sinon on ferait tous la mĂȘme chaise. CREEâEt alors justement, quel est votre rapport au dessin ? OĂŻâJâadore dessiner. Câest la base de tout. Avec un simple croquis on explique beaucoup de choses. Je dessine avec tout. Parfois tu rĂ©pĂštes le mĂȘme dessin et tu te demandes pourquoi tu ne vas pas le faire. Certains de mes dessins mâinspirent pour dâautres projets mĂȘme sâils nâont rien Ă voir. Je passe beaucoup dâune chose Ă une autre. En conception je gagne un temps fou avec le dessin numĂ©rique et lâimprimante 3D. Les petites maquettes, on peut les regarder dans tous les sens, les mettre en situation et prendre des photos tout en ayant lâimpression quâelles sont Ă Ă©chelle 1. En revanche je ne redessine jamais Ă partir de ces petites maquettes car câest dĂ©jĂ trĂšs dĂ©fini.
Courtesy Ora Ito Ă© Ellen Von Unwerth
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ĂVĂNEMENTS : INTERVIEW
1 House of Legend, 2001 Pour lâalbum « 10 000 Hz Legend », AIR Editeur : AIR, Virgin Records Courtesy : Ora Ito Studio
CREEâComment dĂ©finissez-vous la recherche et quelle est sa dimension dans votre pratique ? OĂŻâCâest une recherche assez pragmatique, dâactions successives. Sâensuit une rĂ©flexion sur la gestuelle reliĂ©e directement Ă lâobjet mais Ă©galement Ă son dĂ©placement autour. Lâobjet influence le comportement : comment on va lâutiliser, lâapprĂ©hender, tourner autour sâil est carrĂ© ou rond. La recherche vient de diffĂ©rentes maniĂšres. Quand jâavais travaillĂ© sur une bouteille dâeau ronde, jâavais passĂ© beaucoup de temps sur le terrain Ă rĂ©flĂ©chir Ă la consommation et la forme. Mais pour Cassina, je travaille sur une chaise et mes recherches sâappuient sur le savoirfaire de la marque. Jâessaye de pousser au maximum leurs capacitĂ©s, les outils et leurs technologies. On est presque entre lâindustriel et lâartisanat. CREEâQuelle place accordez-vous Ă lâesthĂ©tique dans vos projets ? Est-ce un rĂ©sultat ou une prioritĂ© ? OĂŻâJâaccorde beaucoup dâimportance Ă lâesthĂ©tique mais surtout au dĂ©tail. Ce nâest pas quâun dĂ©tail, câest le design. Cela montre que ce nâest pas du travail bĂąclĂ© mais quelque chose dâĂ©lĂ©gant qui
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est fait avec beaucoup de mĂ©thodologie et de prĂ©cision. Et la matiĂšre a presque autant dâimportance que la forme. Câest toujours plus beau un objet en marbre quâen plastique. CREEâOĂč commence et sâarrĂȘte le design ? OĂŻâQuelque part, on est tributaire de son inspiration, donc ce nâest jamais vraiment fini. Je trouve que câest le moment le plus difficile. Jâaime les longs processus et jâai beaucoup de mal Ă travailler dans la vitesse. Avoir du temps pour oublier un projet et revenir dessus, voilĂ ce quâil me faut. CREEâQuel est le contexte et quels sont les enjeux et perspectives du MaMo ? OĂŻâMon but premier nâĂ©tait pas de crĂ©er un centre dâart mais dâacheter cette architecture comme on achĂšte une sculpture, un tableau ou un meuble. Câest lâamour du lieu, ce quâon pouvait y faire et les projections que jây ai faites qui ont fait que jâai construit ce projet Ă partir de rien. Cela a Ă©tĂ© une aventure de fou, jâai rencontrĂ© Buren, Dan Graham et des gens qui mâont fait gagner dix ans dans ma vie. Cette dimension de lâĂ©change avec lâartiste a changĂ© ma vie.
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Felice Varini Sâamuser avec la rigueur corbusĂ©enne Auteur : Christophe Le Gac
ĂVĂNEMENTS : EXPOSITIONS
1 Felice Varini, Triangles percĂ©s, Marseille, 2016. Exposition « A ciel ouvert », MAMO - Centre dâArt de la CitĂ© Radieuse, Marseille. Photo : AndrĂ© Morin
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AprĂšs Xavier Veilhan, dans le but de prendre la mesure du lieu, Daniel Buren afin de le maĂźtriser, Dan Graham dans lâoptique de le dĂ©multiplier, le designer propriĂ©taire du MaMo (pour Marseille Modulor) Ora ĂŻto a invitĂ© Felice Varini Ă sâemparer du toit corbusĂ©en. Connu pour son travail sur lâutilisation de la perspective italienne, son Ćuvre interroge le gĂ©nie du lieu dans lequel il intervient. Le toit de lâunitĂ© dâhabitation de Marseille relĂšve du dĂ©fi pour lâartiste tessinois. MĂȘme si câĂ©tait une premiĂšre pour lui de monter sur le toit de La maison du fada, le Parisien dâadoption, a mis en place son protocole habituel. Dâabord il dĂ©ambule dans les diffĂ©rentes espaces du lieu, repĂšre tel ou tel matĂ©riau, se documente sur son histoire. Ensuite il utilise son corps et la hauteur de ses yeux comme Ă©talon pour dĂ©terminer le (ou les) points de vue. Ă Marseille, trois points de vue ont Ă©tĂ© choisis. Tels des meubles, plusieurs volumes architectoniques peuplent le toit. PensĂ©es Ă lâĂ©chelle de la vue panoramique sur la mĂ©tropole, les microarchitectures ne rendent pas la tĂąche facile. Avec discernement Felice Varini a optĂ© pour trois « points de lecture ». Celui aux bandes jaunes se place sur la terrasse devant la façade principale du gymnase. Lâautre aux aplats rouges est Ă lâopposĂ©, cĂŽtĂ© Ă©cole et bassin. Le troisiĂšme se situe Ă lâintĂ©rieur du gymnase et entremĂȘle le jaune et le rouge. Juste aprĂšs avoir fermĂ© la porte qui donne sur le toit-terrasse et avoir effectuĂ© un 360° degrĂ©, aspirĂ© par la lumiĂšre qui lâentoure, le visiteur essaie immĂ©diatement de trouver lâemplacement idĂ©al pour comprendre et lire la peinture murale « parfaite ». Cette quĂȘte de comprĂ©hension et de puretĂ© absolue du point de vue est certainement Ă mettre sur le compte de notre aliĂ©nation volontaire Ă la perspective albertienne. Tout le travail de Varini aspire Ă dĂ©truire cette convention. Il souhaite nous emmener ailleurs, dans la multitude, la fragmentation, pas dans lâunique ni la puretĂ©.
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Felice Varini, A ciel ouvert MaMo, Centre dâart de la CitĂ© Radieuse 280 Boulevard Michelet 13008 Marseille https://mamo.fr
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Accrochage Entre le plein et le vide⊠le spectateur Auteur : Christophe Le Gac
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ĂVĂNEMENTS : EXPOSITIONS
1 Absalon, Proposition dâobjets quotidiens, 1990. Pinault Collection.© Florian Kleinefenn, Courtesy the artist and Galerie Chantal Crousel, Paris â2 Goshka Macuga, Of what is, that it is; of what is not, that it is not 1, 2012. Pinault Collection. Installation view at Punta della Dogana, 2016 © Palazzo Grassi, ph: Fulvio Orsenigo. © Goshka Macuga by SIAE 2016
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Lors de pĂ©rĂ©grinations vĂ©nitiennes, un sentiment de lassitude advient toujours Ă un moment donnĂ©. AprĂšs plusieurs heures Ă dĂ©ambuler dans les ruelles de Venise, oĂč tant de choses flattent les yeux, immanquablement un besoin de souffler se fait sentir. Si vous vous trouvez Ă cĂŽtĂ© de la basilique Santa Maria della Salute, le mieux est de passer la porte vitrĂ©e de la Punta della Dogana. Une fois Ă lâintĂ©rieur, un sentiment de quiĂ©tude et une fraicheur vous envahissent. Cet immense lieu dâexposition, magnifiquement rĂ©habilitĂ© en 2009 par lâarchitecte japonais Tadao Ando, hĂ©berge de grandes expositions thĂ©matiques constituĂ©es Ă partir du fonds exhaustif de la collection Pinault. Avec le Palazzo Grassi, siĂšge de la fondation et lieu dâexposition, François Pinault dispose de deux spots dâart contemporain en plein cĆur de Venise (bientĂŽt un troisiĂšme Ă Paris, Bourse du commerce). Chaque saison est rythmĂ©e, les annĂ©es impaires, par la Biennale dâart contemporain, et par la Biennale dâarchitecture, les annĂ©es paires. En cette annĂ©e 2016, lâexposition qui retient lâattention sâappelle Accrochage, tout simplement.
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LâĆuvre, le visiteur, lâespace A priori un peu facile, ce titre dâune lapalissade confondante sâaffiche sur le mur dâentrĂ©e. Lâambiance grise, du sol au plafond du premier espace du musĂ©e, apaise. Tout de suite, le regard se porte sur une forme qui ressemble vaguement Ă une femme recouverte dâun tissu sur la tĂȘte. Est-ce un Ă©cho politico-religieux ? Pas sĂ»r. Lâartiste Guillaume Leblon explique dans la notice avoir Ă©tĂ© guidĂ© par deux sources. La premiĂšre est une femme sous la pluie, recouverte dâun manteau, traversant une rue Ă Vancouver. La seconde, plus historique et liĂ©e Ă lâart, montre Giacometti dans la mĂȘme situation, sous lâobjectif de CartierBesson Ă Paris, en 1961. LâĆuvre sâappelle Le Manteau dâAlberto (2015). Elle est faite de marbre vert Anasol et se rĂ©fĂšre Ă©videmment aux multiples sculptures de vierges disposĂ©es dans les Ă©glises vĂ©nitiennes. Cette piĂšce inaugurale introduit finement le propos de Caroline Bourgeois, commissaire de lâexposition : « (âŠ) ces crĂ©ations ont en commun une simplicitĂ© et une ouverture qui ont pour effet dâĂ©largir la place de lâautre, câest-Ă -dire celle du spectateur ou de la spectatrice. » Elle poursuit « (âŠ) avec Accrochage, dont le titre - gĂ©nĂ©rique, neutre, comme en retrait - laisse place aux Ćuvres et semble nâindiquer rien dâautre que : âRegardezâ ». Dans un contexte culturel comme celui de Venise oĂč la majoritĂ© des touristes ne sont pas des amateurs dâart, la volontĂ© affichĂ©e de la curatrice de faire simple mais pas stupide, trouve tout son sens. Dans sa gestion des relations entre lâĆuvre, le visiteur et lâespace, Caroline
Bourgeois utilise lâapport non nĂ©gligeable du Minimal Art. Sâil y a bien une chose Ă retenir de ce mouvement de la seconde avant-garde artistique du XXe siĂšcle, câest la rĂ©flexion sur les relations entre le corps du spectateur, lâĆuvre Ă disposition, posĂ©e-lĂ et soi-disant autonome, et le lieu dâexposition en lui-mĂȘme. Sans lâun ou lâautre, il nây a pas dâart ! Ici toutes les conditions sont rĂ©unies. Un peu plus loin, dans une grande salle, Ă la charpente prĂ©sente et au sol bĂ©ton puissant et lisse, deux tapisseries monumentales se font face. Lâartiste Goshka Macuga a repris deux images que tout oppose. Dâun cĂŽtĂ©, Ă Kaboul, avec au premier plan Afghans et Occidentaux, des ruines sous la neige figurent le dĂ©sastre dans le Moyen-Orient. De lâautre, le gratin de lâart contemporain Ă la Documenta (13) de Kassel vernit son Ă©dition 2012. IndĂ©niablement lorsque lâon vient de visiter Reporting from the Front dâAravena, cette confrontation nous interpelle. Au premier Ă©tage, Absalon, avec son vocabulaire, poursuit cette relation extrinsĂšque avec le thĂšme de la Biennale dâarchitecture 2016. (cf CREE 376, p. 16)
poilue pour son Ăąge. Lâespace dâun instant la tromperie joue Ă plein. A regarder cet ĂȘtre vivant dĂ©ambuler dans un environnement chaotique, abandonnĂ©, post-apocalytique, les paroles de Jacques Derrida rĂ©sonnent. « La âquestion-de-lâanimalitĂ©â (âŠ) reprĂ©sente aussi la limite sur laquelle sâenlĂšvent et se dĂ©terminent toutes les autres grandes questions, et tous les concepts destinĂ©s Ă cerner le âpropre de lâhommeâ, lâessence et lâavenir de lâhumanitĂ©, lâĂ©thique, la politique, le droit, les âdroits de lâhommeâ, le âcrime contre lâhumanitĂ©â, le âgĂ©nocideâ, etc. » (1) Une fois sorti de la salle de projection, cette problĂ©matique vous habite encore longtemps. Le film se nomme (Untitled) Human Mask (2014). Il est dĂ» Ă lâartiste Pierre Huyghe. Depuis longtemps il travaille cette relation homme / animal, ĂȘtre vivant / matiĂšre inerte. Pour la petite histoire, le singe acteur du film travaille comme serveur dans un restaurant tokyoĂŻte et la YouTube sphĂšre lâa rendu cĂ©lĂšbre. Dâautres Ćuvres ponctuent cet immense vaisseau amiral. Le mieux est de sây rendre !
Les yeux, le corps, lâespace Redescendu au rez-de-chaussĂ©e par lâescalier le long de la mezzanine, un bruit court le long des parois. Tout doucement guidĂ© par ce son indescriptible, entre bruits de casseroles qui tombent, grognements mi-homme, mi-animal, une salle obscure se profile. Dans tes tons froids verdĂątres, ce qui ressemble Ă une jeune fille dĂ©tonne car elle se gratte le nez avec une main bien
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De quoi demain⊠Dialogue avec Elisabeth Roudinesco (Fayard / Galilée, 2001 ; Flammarion, « Champs » n°542, 2003), p 105 à p. 127.
Accrochage Jusquâau 20 novembre 2016 Punta della Dogana Fondation Pinault, Venezia www.palazzograssi.it
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Constellation.S Des maniĂšres dâhabiter le monde Auteur : Sophie Trelcat
1 Halley VI Antarctic Research Station, Hugh Broughton Architects. Courtesy James Morris ; Andy Alsop. Habitat de lâextrĂȘme
ĂVĂNEMENTS : EXPOSITIONS
2 Vertical Gym, Caracas. Urban Think Tank. Courtesy Iwan Baan ; Daniel Schwartz pour UTT.Gymnases en kit au milieu du bidonville
Constellation.S Exposition jusquâau 25 septembre Publication Ă paraĂźtre fin 2016 arc en rĂȘve centre dâarchitecture EntrepĂŽt 7 rue FerrĂšre - Bordeaux www.arcenrĂȘve.com
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Lâexposition constellation.s du centre dâarchitecture arc en rĂȘve explore les nouvelles maniĂšres dâhabiter. LâĂ©vĂ©nement multiforme prĂ©sente des situations de postures de rĂ©silience dans notre sociĂ©tĂ© actuelle. Face aux entrepĂŽts dâarc en rĂȘve et du CAPC, le visiteur est accueilli par une Ă©paisse muraille de cannes de Provence en pots qui prĂ©figure le projet Beyond Entropy Angola, prĂ©sentĂ© en dĂ©tail Ă l'intĂ©rieur. MenĂ©e par Paula Nascimento et Stefano Rabolli Pansera, cette recherche appliquĂ©e aux bidonvilles de Luanda, envisage de nouveaux modĂšles dâurbanisme en Afrique. ImplantĂ©e dans les interstices de bidonvilles ou dans les Ă©gouts Ă ciel ouvert, la canne de Provence possĂšde les propriĂ©tĂ©s de purifier lâeau, dâabsorber fortement le CO2 ou encore dâĂȘtre utilisĂ©e comme biomasse. Lâespace commun devient une ressource partagĂ©e, susceptible de rĂ©soudre des problĂšmes sanitaires et de crĂ©er de nouvelles Ă©conomies informelles et⊠controversĂ©es. A Luanda, les lobbys chinois dâassainissement auront eu raison de cette solution bon marchĂ© et Ă©cologique. Beyond entropy Angola est lâune des 42 contributions installĂ©es sous la grande nef. TrĂšs diffĂ©rentes dans leur approche, toutes sont nĂ©anmoins en prise directe avec les grandes migrations et lâurgence Ă©cologique. Faisant partie des grands Ă©vĂ©nements organisĂ©s tous les 5 ans par arc en rĂȘve, constellation.s sâĂ©toffe dâun riche programme de confĂ©rences et de rencontres avec par exemple, le philosophe Peter Sloderdijk. Les Ă©crits sont Ă©galement de mise avec un lexique rĂ©digĂ© par le gĂ©ographe Michel Lussault (co-commissaire avec Francine Fort et Michel Jacques) qui apporte des clefs de lecture, en prĂ©cisant le sens de mots essentiels, pour comprendre les nouvelles maniĂšre dâhabiter le monde car « Habiter, ce nâest pas seulement rĂ©sider quelque part ; câest aussi se mouvoir et se connecter ». Du point de vue de lâarchitecture, il sâagit de montrer que celle-ci ne peut plus se penser en dehors des notions de climat, dâĂ©conomie, dâĂ©cologie, dâincertitude, etc., dĂ©veloppĂ©es Ă travers des recherches inĂ©dites. Notons celle de lâagence hongkongaise Rufwork qui rĂ©invente la ruralitĂ© en Chine, par des bĂątiments Ă©difiĂ©s au moyen de matĂ©riaux recyclĂ©s comme des briques provenant de maisons anciennes dĂ©molies comme pour lâĂ©cole de Tongjiang. Sous nos latitudes, on retrouve les Ă©quipes connues de Lacaton & Vassal, Patrick Bouchain ou Bourbouze et Graindorge, prĂ©sentant de remarquables projets de logements dans lesquels lâarchitecture offre une bouffĂ©e dâoptimisme. Alors que cette thĂ©matique dâhabiter le monde domine lâactualitĂ©, lâĂ©vĂ©nement bordelais sâimpose dĂ©jĂ par son esprit prospectif et le sĂ©rieux travail de commissariat qui Ă©vite lâĂ©cueil du trop-plein dâimages et de discours dĂ©jĂ largement rĂ©pandu.
Photo : JEFPROD
ERDF devient Enedis. Notre nom change, pas notre engagement. Notre mission de service public : vous apporter lĂą€™ÄĆ lectricitÄĆ oÄĆĄ que vous soyez, quel que soit votre fournisseur.
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Livres : IntĂ©rieur, intĂ©rieur⊠Une petite bibliothĂšque sur la notion dâespace domestique
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ĂVĂNEMENTS : LIVRES
Auteur : Christophe Le Gac
Toute personne ayant fait des Ă©tudes dâarchitecture ou dâurbanisme se doit dâavoir lu Lâurbanisme, utopies et rĂ©alitĂ©s, une anthologie de Françoise Choay (Seuil, 1965). Cet ouvrage rassemble des textes des plus grands penseurs sur lâurbanisme et dans lâintroduction, lâauteure - professeure dâuniversitĂ© - y dĂ©veloppe sa thĂšse sur lâhumain dont les choix doivent ĂȘtre guidĂ©s par le dĂ©sir et non par un modĂšle fondĂ© sur les infrastructures techniques et la gestion du foncier ; modĂšle devenu trop souvent la rĂšgle en urbanisme depuis la rĂ©volution industrielle. Si le livre de Choay est devenu un classique, LâidĂ©e de confort, une anthologie - Du zazen au tourisme spatial devrait en constituer le pendant pour le design. Lâavenir nous le dira. Pourquoi ? Les deux auteurs / « curateurs » - Tony CĂŽme et Juliette Pollet - introduisent leur ouvrage en relatant une performance dâAllan Kaprow. En juin 1975, dans la Galeria VandrĂšs, Ă Madrid, sept couples, Ă tour de rĂŽles, essaient de vivre dans un espace nommĂ© Comfort Zones. Tout se joue dans un espace minimum, entre deux corps et des objets intermĂ©diaires. « Ici, une chaise,
une porte, une lampe, un tĂ©lĂ©phone, etc., sâimposent comme autant dâesquives, de filtres ou de frontiĂšres Ă dĂ©fendre. Ces objets du quotidien mettent en perspective diverses stratĂ©gies dâĂ©vitement ou, au contraire, permettent Ă de dĂ©licats rapprochements dâopĂ©rer sans friction ». LâidĂ©e de confort ou dâinconfort dĂ©pend de lâutilisation dâobjets dessinĂ©s pour lâaisance du corps humain. Ici, se rejoignent les deux anthologies : le corps au centre de tout. Une des originalitĂ©s de cette anthologie dĂ©coule des fonctions des deux directeurs de lâouvrage. Tony CĂŽme promulgue des cours dans une Ă©cole dâart et de design (Rennes) et Juliette Pollet sâoccupe de la collection design au CNAP et organise des expositions Ă partir de ce fonds, partout en France et dans le monde. Partir dâune performance artistique pour raconter une histoire thĂ©orique du design sous lâangle du confort en est un signe. Ensuite, il faut signaler que cet opus se veut un prolongement Ă©crit de lâexposition Zones de confort (Galerie Poirel, Nancy, du 21/11/2015 au 17/04/2016) dont le commissariat fut assurĂ© par Juliette Pollet. Lâautre intĂ©rĂȘt de cette compilation, et non des moindres, tient dans la sĂ©lection des textes. Le sommaire
aide Ă comprendre la logique sous-jacente de toute cette entreprise. DivisĂ© en quatre parties - dĂ©finitions, gĂ©nĂ©alogie, territoires, fabrique -, la normalisation, la critique, la prospective, les grands rĂ©cits modernes, lâhumour post-moderne et notre devenir spatial trouvent leur place dans une maquette au graphisme clair et lisible, le tout agrĂ©mentĂ© par quelques illustrations judicieusement choisies. A noter, lâillustration ci-dessus de Ugo La Pietra (lire page 54 dans ce numĂ©ro, le texte originellement publiĂ© dans Architecture intĂ©rieure - CREE, n°94, 1983) simule par le dessin nos intĂ©rieurs envahis par les Ă©crans et le numĂ©rique. A lire absolument, la petite nouvelle de Dunne & Raby - La tyrannie du confort -, qui est digne de devenir le scĂ©nario dâun futur Ă©pisode de la sĂ©rie Black Mirror, dĂ©diĂ©e Ă cette thĂ©matique. LâidĂ©e de confort, une anthologie Du zazen au tourisme spatial Sous la direction de Tony CĂŽme et Juliette Pollet Editions B42 (avec la participation du CNAP) ISBN : 978-2-917855-73-7 156 x 240 mm Ă la française, 272 p., 25 euros http://editions-b42.com
I N T E R N AT I O N A L F I N E C R A F T & C R E AT I O N B I E N N I A L
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P H O T O ïżœ D A P H N Ă ïżœ C O R R E G A N ïżœ © ïżœ G I L L E S ïżœ L E I M D O R F E R ïżœ âą ïżœ D E S I G N ïżœ B Y ïżœ W W Wïżœ L A M A N U FA C T U R E ïżœ N E T
BIENNALE INTERNATIONALE MĂTIERS DâART & CRĂATION
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ĂVĂNEMENTS : LIVRES CREE
Dâabord, un peu dâhistoire. Dans Rob Mallet-Stevens. ItinĂ©raires : Paris - Bruxelles - HyĂšres (2016), pour la premiĂšre fois toute la correspondance entre Charles de Noailles et lâarchitecte est publiĂ©e et analysĂ©e, une maniĂšre dâĂ©clairer la naissance de la Villa Noailles. Depuis plus de dix ans sây tient Design Parade (2016). Le catalogue de cette annĂ©e comporte deux volumes car JeanPierre Blanc, son directeur, a lancĂ© le 1er festival dâarchitecture dâintĂ©rieur dans la ville voisine, Toulon. LâĂ©lastique qui noue les deux volumes est bien vu, et trĂšs efficace (cf couverture ci-dessus). Sur cette notion dâespace domestique, plusieurs ouvrages permettent de sâen faire sa propre idĂ©e. Dans Histoire de lâhabitat idĂ©al. De lâOrient vers lâOccident (Ă©ditions le fĂ©lin poche, 2016), le gĂ©ographe Augustin Berque
dresse un bilan des relations entre la sociĂ©tĂ© urbaine et le rĂȘve de nature de celle-ci et ne manque pas dâironiser sur le statut du 4X4 comme meilleur solution dâhabitacle pour pratiquer la « nature ». Georges Teyssot sâintĂ©resse aux relations entre le monde extĂ©rieur et nos intĂ©rieurs. Son ouvrage Une topologie du quotidien (PPUR, 2016) est une vĂ©ritable histoire de lâarchitecture Ă partir de la question du seuil. Lâarchitecte Thomas Batzenschlager dĂ©crit et dessine les diffĂ©rents espaces intĂ©rieurs dans lesquels il vĂ©cut lors de ses nombreux voyages. Dans son ouvrage, Lâhabitant temporaire. Petit atlas des mondes intĂ©rieurs (Lemieux, 2015), une vue en plan, une perspective champ et une autre, contrechamp, ponctuent chaque rĂ©cit. Penser, dessiner, construire. Wittgenstein & lâarchitecture (LâĂ©clat, 2007) se focalise sur
lâaphorisme : penser ce que lâon va construire et construire ce que lâon pense. La maison viennoise de la sĆur du philosophe en constitue le terrain de jeu. En Ă©cho aux expositions respectives de Gianni Colombo Ă Villeurbanne (Voir p. 18) et celle de Superstudio Ă Rome (p. 8), les ouvrages monographiques de ces architectes-artistes sont indispensables. Leur lecture offre des souvenirs visuels des expositions et ouvrent de nombreuses perspectives dâanalyses. Dream Machine Brion Gysin (2010) vient complĂ©ter cette vision psychĂ©dĂ©lique du quotidien sur-rĂ©el. Pour finir, un roman de Jonas Karlsson (Actes Sud, 2016) - La piĂšce - raconte la vie quotidienne, au bureau, dâun personnage des plus ordinaires mais qui se rĂ©vĂšle au fur et Ă mesure totalement dĂ©calĂ©.
PARIS / 2-6 SEPTEMBRE 2016 PARIS NORD VILLEPINTE / HALL 8
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MET ROOF - Cornelia Parker Quand Norman B. s'invite sur le toit du MET
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ĂVĂNEMENTS : EXPOSITIONS
Entretien avec : Béatrice Galilee Commissaire du « Met Roof » Auteur : Christophe Le Gac Traduction : Emma Nubel
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Christophe Le GacâPouvez-vous nous parler du contexte, des dĂ©fis et opportunitĂ©s de lâexposition du projet «MET ROOF» ? BĂ©atrice GalileeâLâexposition « Transitional Object : PsychoBarn » est une installation in situ dans le jardin Iris et Gerald B. Cantor qui se trouve sur le toit du Metropolitan Museum of Art de New York. Câest en soi un contexte incroyable. Il nây a pas que le musĂ©e en dessous et son immense collection qui contient tellement dĆuvres des 5000 derniĂšres annĂ©es, il y a aussi lâemplacement du musĂ©e dans Central Park et les vues au loin, vers lâhorizon de Manhattan. Les dĂ©fis Ă©taient les suivants : il ne fallait pas ĂȘtre intimidĂ© par tout cela et il fallait crĂ©er quelque chose qui pourrait embellir les vues tout en les accompagnant. On devait Ă©galement ĂȘtre conscient du cĂŽtĂ© dramatique du site et jouer avec.
CLG : Pourquoi choisir lâartiste Cornelia Parker ? Quelle Ă©tait sa proposition ? BGâCornelia Parker est une des artistes contemporaines les plus fascinantes. JâĂ©tais intĂ©ressĂ©e par sa relation aux objets trouvĂ©s, Ă sa fascination pour les stĂ©rĂ©otypes et la culture populaire et son engagement pour que lâarchitecture soit une image. Elle a proposĂ© dâĂ©tudier les stĂ©rĂ©otypes architecturaux amĂ©ricains. Ella a voulu transformer la « grange rouge » - image idyllique du monde rural et production saine - pour en faire quelque chose de complĂštement diffĂ©rent. Lâartiste a choisi la façade du manoir des Bates extraite du film Psychose dâAlfred Hitchcock en 1960 car ce type dâarchitecture est devenu lâincarnation de la maison hantĂ©e que lâon retrouve de maniĂšre rĂ©currente dans la culture populaire amĂ©ricaine. Le dĂ©cor du film en lui-mĂȘme est tirĂ© dâune peinture
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ĂVĂNEMENTS : EXPOSITIONS CREE
1 et 2 Installation view of The Roof Garden Commission: Cornelia Parker, Transitional Object (PsychoBarn) at The Metropolitan Museum of Art, 2016. © Hyla Skopitz, The Photograph Studio, The Metropolitan Museum of Art. Copyright 2016.
dâEdward Hopper, House by the Railroad (1925), qui est en fait inspirĂ©e dâun manoir dans le nord de New York. Le nom du projet de Cornelia Parker est « Transitional Object: PsychoBarn » qui fait rĂ©fĂ©rence en mĂȘme temps Ă la fusion des deux idĂ©es et Ă leur interchangeabilitĂ© en tant quâimages : une innocente, une sinistre. CLGâComment le travail de lâartiste britannique Cornelia Parker rĂ©vĂšle t-il la dimension cachĂ©e de lâinsĂ©curitĂ© dans lâarchitecture domestique de tout foyer ? BGâEn fabriquant une version de la maison familiale des Bates, tirĂ©e du film Psychose, Ă partir de matĂ©riaux provenant dâune ancienne grange qui fonctionnait, Parker prĂ©sente dĂ©libĂ©rĂ©ment une image complexe. Un des aspects fascinants de ce projet est le fait quâil montre le pouvoir quâa lâarchitecture de gĂ©nĂ©rer des Ă©motions contradictoires. Une maison devrait ĂȘtre
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une manifestation matĂ©rielle de lâidĂ©e dâun chez-soi, câest Ă dire synonyme de dorlotement de protection de la vie et de grande sĂ©curitĂ©.. Pourtant, mĂȘme quand ce concept immatĂ©riel est violĂ© ou perdu, les murs, le toit et les fenĂȘtres restent inchangĂ©s. Lâinvestigation de ce phĂ©nomĂšne, par lâhistorien en architecture Anthony Vidler, dissĂšque les histoires sociales et culturelles autour des effets psychologiques dĂ©routants : un effroi ou une peur dĂ©concertante face Ă lâesthĂ©tique de lâarchitecture domestique de ce genre de maison du XIXe siĂšcle. Il note avec intĂ©rĂȘt que la description de Das Unheimliche de Freud est traduite comme «(lâinquiĂ©tante) Ă©trangeté». Lâattente naturelle que lâarchitecture domestique sera un espace protĂ©gĂ© et sĂ©curisĂ© perpĂ©tue le sentiment dâinconfort lorsque la maison est tout sauf cela. En prenant une forme de maison, ou ce qui apparaĂźt comme telle, le travail de Parker Ă©voque ce sentiment particulier.
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Designer, chercheur, enseignante Ă lâESBA dâAngers et Ă lâĂ©cole Camondo - Paris
Auteur : Carola Moujan
Vers lâentrâespace ââ1
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1 Pulse Room (2009), installation interactive de Rafael Lozano-Hemmer. Le dispositif enregistre puis restitue les battements du cĆur des participants Ă travers les pulsations lumineuses des 300 ampoules qui remplissent la salle. Photo : Rafael Lozano-Hemmer/ Creative Commons ââ2 DĂźner entre amis avec OculusRift. Photo : Janus Sandsgaard/Creative Commons
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EXPRESSIONS : TRIBUNE
3 21 balançoires (2011), installation musicale collaborative du studio montréalais Daily Tous les Jours. Photo : Olivier Blouin
Autrefois enfermĂ©s Ă lâintĂ©rieur des Ă©crans, les dispositifs numĂ©riques pĂ©nĂštrent aujourdâhui le cĆur mĂȘme de notre quotidien. Informatique ubiquitaire, objets connectĂ©s, rĂ©alitĂ© « virtuelle », « mixte », « augmentĂ©e » ou « alternĂ©e »⊠transforment en profondeur lâexpĂ©rience spatiale. Pourtant, la portĂ©e de cette rupture est encore mal comprise, soit parce que lâon confond enjeu esthĂ©tique et exploit technique, soit parce que lâon peine Ă dĂ©passer les catĂ©gories classiques de la fonction, du contenu et de lâinterface. On accepte sans questionnement quâaugmenter numĂ©riquement un espace revient Ă lui associer un contenu, une fonctionnalitĂ©, un comportement Ă travers une interface. Or, quel que soit l'intĂ©rĂȘt pratique, ludique ou documentaire de ces contenus, un angle mort demeureâ; car avec leurs alertes, renseignements et rĂ©cits, avec leur prĂ©sence matĂ©rielle aussi, ces dispositifs mĂ©canisent bien souvent nos corps et monopolisent notre attention, nous Ă©loignant de lâhic et nunc de lâexpĂ©rience du lieu. Face Ă ce constat, les positions des designers se polarisent entre fascination et technophobie, alors que les enjeux sont colossaux et quâil est urgent de produire des alternatives. Comment en sommes-nous arrivĂ©s lĂ ? Une partie du problĂšme est due au vocabulaire en usage, dualiste et technocentrĂ©, qui nous entraĂźne Ă penser en termes de composantes plutĂŽt que de spatialitĂ©. Inapte Ă penser lâexpĂ©rience sensible dans sa globalitĂ©, cette
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approche produit une somme colossale de termes et de nĂ©ologismes sans jamais toucher le cĆur du problĂšme, car elle met lâaccent sur les propriĂ©tĂ©s statiques des parties, considĂ©rĂ©es indĂ©pendamment de tout contexte, suggĂ©rant que ce « plus » recherchĂ© est pour ainsi dire « contenu » dans la technique, le rĂ©cit, le jeu ou la fonction. Or, la possibilitĂ© dâaugmenter lâexpĂ©rience spatiale repose sur des stratĂ©gies, dynamiques par nature, dâintensification, de surgissement, de mĂ©tamorphose, de dĂ©tournement, qui prennent appui sur des qualitĂ©s dĂ©jĂ prĂ©sentes Ă lâĂ©tat latent dans un espace ou une situation donnĂ©e. Lorsquâelles sont mises en Ćuvre, ces stratĂ©gies produisent, non plus de « l'espace augmentĂ© » - expression qui suggĂšre une forme de superposition, de juxtaposition aprĂšs-coup - mais de lâentrâespace, expĂ©rience dâune multiplicitĂ© de dimensions spatio-temporelles coexistant dans une perception intĂ©grĂ©e de rĂ©alitĂ©. « Ce nâest pas lâobjet qui est perçu, mais le monde », disait Simondon de lâexpĂ©rience esthĂ©tique, « polarisĂ© de telle façon que la situation fasse sens ». Câest pourquoi le vocabulaire technocentrĂ© ne permet de poser correctement les enjeux, puisquâil ne suffit pas de placer un dispositif technique, ou des images, sons et vidĂ©os dans lâespace, pour quâil y ait entrâespace. Le terme ne fait pas rĂ©fĂ©rence Ă un objet dĂ©fini Ă partir de ses propriĂ©tĂ©s matĂ©rielles ou techniques, mais Ă une qualitĂ© spatiale singuliĂšre, perceptible Ă la fois dans le tout et dans les parties, qui est de lâordre de lâĂ©vĂ©nement, Ă©mergeant spontanĂ©ment au sein des champs de tension qui constituent le fond de la situation. Lorsquâelle est bien prĂ©sente, les diffĂ©rentes composantes - environnement, Ă©crans, images, applications, objets, interfaces et interactions - sont perçues de façon intĂ©grĂ©e, sous la forme dâun ensemble spatial cohĂ©rent que lâon peut habiter (physiquement ou affectivement). Lâexemple de lâĂ©lectricitĂ© pourrait ici servir de repĂšre : qui parlerait dâ« interface » pour signifier une prise, une lampe ou un
interrupteur ? Car penser « interface » revient Ă se forger lâimage mentale dâune entitĂ© aux bords nets permettant de naviguer entre couches hĂ©tĂ©rogĂšnes juxtaposĂ©es et Ă concevoir des dispositifs en acceptant implicitement quâil existe effectivement deux mondes, lâun tangible et lâautre numĂ©rique, physiquement distincts, alors quâil suffit de regarder autour de soi pour rĂ©aliser quâune telle sĂ©paration est illusoire. Ă la place de la juxtaposition (ou mĂȘme de lâhybridation), on devrait rĂ©flĂ©chir en termes dâintrication - notion de mĂ©canique quantique qui dĂ©crit des mĂ©langes dans lesquels les qualitĂ©s des parties, bien que prĂ©servĂ©es, deviennent indiscernables, car en fusionnant, une entitĂ© nouvelle est crĂ©Ă©e. Contrairement Ă lâinterface, lâentrâespace nâest ni numĂ©rique, ni tangible, ni hybride ni mixte : sa condition est cyborg. Ă la maniĂšre dâun champ de forces, le concept dĂ©crit une expĂ©rience singuliĂšre qui ne provient pas des composantes, mais des relations complexes entre elles. Comme lâa formulĂ© avec justesse Moholy-Nagy, « ces relations produisent une qualitĂ© nouvelle, dont le nom est âdesignâ ».
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EXPRESSIONS : LE GRAND ENTRETIEN CREE
Entretien avec : Atelier Bow How Auteur : Marie-HélÚne Fabre et Christophe Le Gac Retranscription : Bérénice Serra
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Bow-Wow ou la science du comportement Yoshiharu Tsukamoto et Momoyo Kajima nous font dĂ©couvrir leur univers de pensĂ©e, Ă la croisĂ©e de lâethnographie, de la typo-morphologie et dâune conception plus technique de lâarchitecture. Nourris de maĂźtres japonais dont ils se sont Ă©mancipĂ©s, et occidentaux dont ils ont assimilĂ© le savoir, ils ont construit peu Ă peu leur «âscience du comportementâ» (behaviorology) pour une architecture sensible Ă lâautre et son environnement, en rupture avec la logique purement industrielle et machiniste du XXe siĂšcle.
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EXPRESSIONS : LE GRAND ENTRETIEN CREE
CREEâPour commencer cet interview, pouvez-vous nous rappeler dâoĂč vient le nom de votre agence « Atelier Bow-Wow » ? Yoshiharu TsukamotoâCâest trĂšs simple, parce que nous aimons les chiens ! Lorsque nous avons commencĂ© Ă travailler ensemble, Momoyo trouva un chien sous un prunier quâelle appela « Ume » ce qui signifie « prune » en japonais. Ses parents lui ont demandĂ© la permission de la garder et, Ă partir de ce moment, la vie de la famille de Momoyo sâest transformĂ©e autour de ce chien. Son pĂšre, qui est un homme trĂšs crĂ©atif et sensible au langage expressif des enfants, commença Ă appeler son chien « Umesan » comme on le fait pour une personneâ; « san » est un suffixe honorifique utilisĂ© en japonais pour une formulation polie, comme lorsquâon utilise Monsieur ou Madame en Français. Cependant, il rĂ©alisa que le suffixe « san » pour un chien nâĂ©tait pas appropriĂ©. Il dĂ©cida donc de changer « san » en « wan » parce quâen japonais, « wan-wan » est lâonomatopĂ©e pour lâaboiement dâun chien. Donc « Ume » fut appelĂ© « Ume-wan ». Puis, le pĂšre de Momomyo commença Ă appeler tout le monde avec le suffixe « wan » : sa femme, sa fille et mĂȘme moi, « Tsuka-wan ». Nous Ă©tions devenus une famille de chien en quelque sorte ! Donc, lorsque nous avons commencĂ© notre pratique ensemble, Momoyo et moi, nous avons dĂ©cidĂ© que notre nom aussi aurait ce suffixe « wan ». Puis lorsque lâoccasion sâest prĂ©sentĂ©e de publier notre travail dans un magazine bilingue japonais/anglais, nous avons dĂ©cidĂ© de nous appeler Atelier Bow-Wow. Atelier parce quâĂ cette Ă©poque, les petites agences dâarchitecture utilisaient ce mot - sans doute un reste des Beaux-Arts et de Le Corbusier - et « Bow-wow » parce que câest lâĂ©quivalent anglais de « wan-wan ». CREEâCette anecdote renvoie dâune certaine façon Ă la notion de comportement, importante dans votre travail. YTâCe mot comportement (behavior) est arrivĂ© trĂšs tard dans notre pratique. Nous ne lâutilisions pas du tout avant de publier ce livre Behaviorology en 20101. A cette Ă©poque, il nous a semblĂ© que ce mot « comportement » pouvait expliquer des intĂ©rĂȘts significatifs dans notre livre concernant la conception architecturale, la recherche et lâorganisation dâexpositions. Bien que ces choses soient trĂšs diffĂ©rentes, nous avons trouvĂ© que la notion de comportement Ă©tait une entrĂ©e commune. Nous avons donc Ă©tĂ© plus conscients de cette notion. Momoyo KajimaâBien que nous nâayons pas toujours utilisĂ© ce mot, nous avons constamment essayĂ© de comprendre le sens dâune forme ou dâune composition architecturale. Non pas un sens figĂ©, mais des relations entre plusieurs significations. Si lâon prend une fenĂȘtre par exemple, quel effet a-t-elle sur les gens ou, plus exactement, quelles sont les interactions quâelle provoque entre lâarchitecture et les gens, lâair, la lumiĂšre, etc. ? Je pense que, dans notre pratique de lâarchitecture, nous accordons beaucoup dâimportance Ă ces relations entre plusieurs sens.
YTâOui, nous sommes trĂšs intĂ©ressĂ©s depuis le dĂ©but de notre pratique par la narration. Comment lâarchitecture peut ĂȘtre narrative ? Dans les narrations constructives, les relations entre les acteurs qui adoptent diffĂ©rents comportements sont toujours importantes. Nous nâavons pas utilisĂ© le mot comportement en tant que tel mais nous avons travaillĂ© avec cette question du comportement depuis le dĂ©but. CREEâMa deuxiĂšme question porte sur votre inscription dans lâarchitecture japonaise et votre rapport de filiation Ă la gĂ©nĂ©ration prĂ©cĂ©dente dâarchitectes japonais. YTâNous avons Ă©tĂ© trĂšs influencĂ©s par le professeur Sakamoto qui a Ă©tĂ© notre enseignant Ă Tokyo Tech. Il a dessinĂ© des maisons trĂšs intĂ©ressantes dans les annĂ©es 1960 et exerce toujours. Par Sakamoto, nous avons Ă©tudiĂ© Shinohara qui nous a influencĂ© Ă©galement. Jâai Ă©tĂ© son Ă©tudiant Ă Tokyo Tech lors de sa derniĂšre annĂ©e dâenseignement. Sakamoto a lui aussi Ă©tĂ© lâĂ©lĂšve de Shinohara qui a eu une aura sur la plupart des Ă©tudiants de lâĂ©cole. Par consĂ©quent, le discours sur lâarchitecture sâorganisait autour de son travail. On peut ainsi prendre la mesure de notre travail, de celui dâarchitectes comme Kikutake, Maki, Isozaki, Tange selon les axes Ă©tablis par Shinohara, dans une perspective historique. Toutefois, notre contexte de travail est assez diffĂ©rent de celui des gĂ©nĂ©rations prĂ©cĂ©dentes, ce qui a eu un impact sur notre mĂ©thode de conception en ce qui concerne la sensibilitĂ© et lâesthĂ©tique. Nous avons beaucoup appris des gĂ©nĂ©rations prĂ©cĂ©dentes mais, dans le mĂȘme temps, nous avons essayĂ© de nous libĂ©rer de ce cercle dâinfluence. Nous avons pris conscience de ce qui nous distinguait en termes de conditions Ă©conomiques et sociales. MKâEntre 1991 et 1993, le Japon a Ă©tĂ© atteint par lâĂ©clatement dâune grande bulle Ă©conomique. En 1991, lorsque jâai Ă©tĂ© diplĂŽmĂ©e en architecture, lâĂ©conomie japonaise Ă©tait au plus haut. Il Ă©tait trĂšs facile de trouver du travail. MKâSejima et Kuma, par exemple, se sont installĂ©s Ă cette Ă©poque, bien quâils Ă©taient jeunes car le contexte Ă©conomique le permettait. Quand nous avons commencĂ© notre carriĂšre, les choses avaient changĂ©, la bulle avait Ă©clatĂ©. JâĂ©tais inquiĂšte, je nâavais pas beaucoup de travail mais jâai compris que câĂ©tait liĂ© Ă la fin dâune pĂ©riode. Pendant 10 ans, le Japon a eu beaucoup de temps pour repenser Ă ce que nous avions et ce que nous aurions dĂ» faireâ; nous-mĂȘme en avons profitĂ© pour penser Ă ce que nous essayions de faire. Pendant nos Ă©tudes et avec les autres Ă©tudiants, nous avons regardĂ© le passĂ© Ă travers des recherches historiques par exemple. Il y avait beaucoup de recherches sur la ville, mais les villes autour de Tokyo nâĂ©taient pas respectĂ©es par les architectes. Les chercheurs en architecture nâavaient aucune considĂ©ration pour les constructions japonaises ordinaires quâils trouvaient sans intĂ©rĂȘt comparĂ© aux magnifiques bĂątiments europĂ©ens.
Toutes photos courtesy Atelier Bow-Wow
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EXPRESSIONS : LE GRAND ENTRETIEN
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YTâIl y avait beaucoup de discussion sur la ville mais qui se rĂ©sumaient toujours Ă une vision de Tokyo comme ville du chaos. CâĂ©tait une sorte de seconde nature Ă laquelle on ne pouvait toucher. MĂȘme Shinohara a tenu ce genre de propos. Itsuko Hasegawa a Ă©crit Ă©galement que Tokyo Ă©tait la seconde nature des hommes dâaujourdâhui au Japon. Mais tout cela Ă©tait de la rhĂ©torique. Il nây avait pas dâexplication sur le pourquoi de cette situation. Je nâai rien contre la rhĂ©torique mais cela crĂ©e une sorte dâimpasse qui empĂȘche de comprendre ce qui se cache derriĂšre le paysage urbain hĂ©tĂ©rogĂšne de Tokyo. MKâ Câest pour cela que la clarification, lâexplication permettant de comprendre pourquoi un bĂątiment est comme cela a Ă©tĂ© au centre de notre travail et de notre recherche. YTâJâaimerais revenir quelques instants sur la relation avec les gĂ©nĂ©rations prĂ©cĂ©dentes. Bien sĂ»r nous avons eu des liens avec les architectes japonais dâavant, mais nous avons Ă©tĂ© aussi beaucoup influencĂ©s par des architectes europĂ©ens comme Rem Koolhaas. Jâai Ă©tudiĂ© un an en France en 1987, dans lâatelier de Ciriani Ă lâĂ©cole dâarchitecture de Belleville. Cela a eu beaucoup dâinfluence sur moi. Nous avons Ă©tudiĂ© la thĂ©orie dâAldo Rossi, de Venturi, dâAlexander⊠Leurs thĂ©ories et Ă©crits sur la ville et lâarchitecture ont Ă©tĂ© des bases trĂšs
importantes pour notre pensĂ©e. Donc il ne sâagit pas seulement de lâinfluence de lâarchitecture japonaise. Sans Delirious New York, par exemple, nous nâaurions jamais commencĂ© notre Ă©tude sur Tokyo. Architecture without architects de Bernard Rudofsky2 a Ă©tĂ© une sorte de bible pendant ma deuxiĂšme ou troisiĂšme annĂ©e dâĂ©tudes. Je me rĂ©fĂšre toujours Ă ces architectures vernaculaires. Made in Tokyo est une sorte dâĂ©tude sur lâarchitecture moderne vernaculaire de la mĂ©galopole Tokyo3. Son lien Ă Delirious New York est trĂšs fort, mais aussi Ă la façon de penser de Shinohara. Ce dernier, pour qui la ville Ă©tait une chose dĂ©jĂ finie, dĂ©passĂ©e, a essayĂ© dâappliquer la thĂ©orie mathĂ©matique du chaos pour comprendre Tokyo. Seulement, il nâa pas poussĂ© cette idĂ©e, il a simplement montrĂ© une entrĂ©e possible. Pour lui, lâarchitecture rĂ©sidentielle Ă©tait une sorte de nĂ©gation de cette situation urbaine. Il y avait un lien trĂšs intĂ©ressant dans sa pensĂ©e entre la ville et la maison. Tout cela a eu le plus dâinfluence pour Atelier Bow-Wow. MKâDans les annĂ©es 1980, la gĂ©nĂ©ration postmoderne a produit Ă©galement beaucoup de livres de thĂ©orie de lâarchitecture. Terunobu Fujimori par exemple est un professeur Ă lâUniversitĂ© de Tokyo, architecte et historien, qui a Ă©crit un trĂšs bon livre sur lâarchitecture moderne ou prĂ©-moderne de lâĂ©poque Meiji. Il a aussi Ă©crit sur la typologie intĂ©ressante des « billboard buildings » (kanban kenchiku)4, ces maisons dont lâapparence avaient Ă©tĂ© europĂ©anisĂ©es5. Jâai lu cet ouvrage pendant mes Ă©tudes et jâai compris son importance. Dans les annĂ©es 1980, ces maisons allaient ĂȘtre dĂ©truites Ă cause des nouveaux dĂ©veloppements urbains liĂ©s Ă la bulle Ă©conomique. Il y a eu Ă©galement le professeur Hidenobu Jinnai. Il sâagit dâun autre historien qui a Ă©tudiĂ© Ă Venise. Sa principale recherche a portĂ© sur la relation au front de mer de Venise et Tokyo. YTâCâest lui qui a introduit le concept de typologie en architecture au Japon. Toutefois, mĂȘme si les architectes japonais comprenaient ce concept, ils nâarrivaient pas Ă faire le lien entre la typologie architecturale et lâespace urbain au Japon, Ă lâappliquer Ă leur pratique. Seul Sakamoto a pu le faire. Son travail Ă©tait basĂ© sur une comprĂ©hension typologique de lâarchitecture et sur lâoriginalitĂ© des architectes et des "crĂ©ateurs" uniques. Il Ă©tait trĂšs talentueux, mais trĂšs discret Ă la fois. Nous avons Ă©normĂ©ment appris de lui. CREEâToutes ces recherches sur la ville et lâarchitecture ont donc comptĂ© pour vous. Quelle est votre relation Ă la recherche ? Pensez-vous que vous faites vous-mĂȘme de la recherche ? YTâEn fait, un autre travail trĂšs important de Fujimori est celui menĂ© avec son ami et artiste Genpei Akasegawa pour lâenquĂȘte Rojo6. Ils ont trouvĂ© et pris des objets Ă©tranges dans la ville qui nâavaient plus de fonction. Des sortes de fragments de vieux bĂątiments existants ou disparus. Ils en ont fait des photos et les ont dĂ©crits. CâĂ©tait presque une façon comique et humoristique de reprĂ©senter la ville.
1 Atelier Bow-Wow, Split Machiya, 2010 ââ2 Atelier Bow-Wow, House Garden, 2015 ââ3 Atelier Bow-Wow, Four Boxes Gallery, Skive, Denmark, 2009 ââ4 Atelier Bow-Wow, House Tower, 2006 ââ5 Atelier Bow-Wow, Urban Forest, 2015 ââ6 Atelier Bow-Wow, Sway House, 2008
Nous avons adorĂ© cette recherche, mais nous avons Ă©galement pensĂ© que ce nâĂ©tait pas quelque chose que lâon pouvait intĂ©grer Ă la pratique de conception de par la trop forte dimension nostalgique. Cela nous a toutefois appris Ă regarder les choses sans importance de la ville. Et avant le travail dâinvestigation Rojo, il y a eu celui menĂ© par lâethnographe et architecte WajirĆ Kon qui a fait de nombreuses Ă©tudes sur Tokyo des annĂ©es 1920 aux annĂ©es 1960, ainsi que dans des zones rurales en faisant des croquis ravissants. Kon est une figure de lâenquĂȘte de terrainâ; il est Ă lâorigine de lâintĂ©rĂȘt des architectes pour lâethnographie. Nous, Atelier Bow-Wow faisons partie dâune nouvelle gĂ©nĂ©ration dâarchitectes inscrite dans cette gĂ©nĂ©alogie. Mais nous venons aussi de Tokyo Tech qui est dans une approche plus formelle, comme celle de Shinohara, Taniguchi, Seike. Ils ont essayĂ© de travailler au point de frottement entre la sociĂ©tĂ© moderne, la dimension ethnographique de lâarchitecture et lâaspect logique de la vie moderneâ; dâintĂ©grer Ă la fois les nouvelles conditions dâindustrialisation de la sociĂ©tĂ©. Notre Ă©cole sâest concentrĂ©e sur la façon dont la comprĂ©hension ethnographique peut transformer la pratique de conception. Pour lâAtelier Bow-Wow, il sâagit dâaller vers des intĂ©rĂȘts ethnographiques. Nous avons commencĂ© Ă appeler notre travail behaviorology parce que câest plus proche des gens, de la nature, de lâobjet lui-mĂȘme. Une autre forme dâarchitecture et dâespace produit par la relation entre les diffĂ©rents comportements, quâil sâagisse dâune maison ou dâun espace public. MKâJe pense que la maison est une typologie trĂšs importante au Japon. AprĂšs la DeuxiĂšme Guerre Mondiale, beaucoup de maisons ont Ă©tĂ© dĂ©truitesâ; alors, le gouvernement qui nâavait pas les moyens de construire des logements sociaux a mis en place un systĂšme de prĂȘt pour encourager les gens Ă construire leur maison. Cela a eu un fort impact Ă©galement sur la profession dâarchitecte car, au Japon, le permis de construire dâune maison doit ĂȘtre signĂ© par un architecte. Et dans ce systĂšme de prĂȘt le recours Ă un architecte Ă©tait obligatoire. CREEâCompte tenu de tout ce dont vous venez de parler, lâinfluence de lâethnographie, le rapport Ă la forme Ă©galement, lâespace sensible en quelque sorte, pouvez-vous dĂ©velopper votre propos sur lâimportance du dessin et de la crĂ©ation dans votre travail ? MKâDans les annĂ©es 1980, nous Ă©tions trĂšs intĂ©ressĂ©s par toutes ces recherches sur le sens. Il sâagissait de recherches Ă©crites, Ă©videmment, mais qui comportaient Ă©galement de beaux dessins et diagrammes. Je crois que cela fait partie du rĂŽle de lâarchitecte de reprĂ©senter et rendre visible des situations spĂ©cifiques. Je suis trĂšs curieuse en ce qui concerne la production et le dĂ©veloppement de nouveaux dessins. Les livres sont aussi trĂšs importants, notamment dans la construction dâune narration, de mĂȘme que les images. Dans Made in Tokyo, nous avons associĂ© photographies et dessins
axonomĂ©triques. Les photographies ne pouvaient pas tout montrer. Les dessins permettaient de donner des informations complĂ©mentaires, ainsi que les surnoms que nous avions choisi pour dĂ©signer chaque maison. Ces surnoms Ă©taient une façon de retranscrire la dimension vernaculaire de ces architectures mais aussi de qualifier la dimension typologique. Le budget du livre Ă©tait limitĂ©, câest pourquoi les dessins sont en noir et blanc. Cependant, nous lâavons Ă©ditĂ© avec lâidĂ©e de donner Ă voir une anatomie graphique de Tokyo. Ă cette Ă©poque, il y avait beaucoup dâarchitectes, comme Sejima par exemple, qui faisait des dessins trĂšs simples, Ă©purĂ©s, servant ensuite de modĂšle pour la construction. Cette tendance de lâarchitecture nous rendait soucieux. Lâarchitecture est composĂ©e de diffĂ©rentes phases et niveaux de dĂ©tails, et de nombreuses relations. Nous souhaitions rendre compte dans nos dessins de cette richesse. Nous pensons que câest trĂšs important de raisonner ainsi pour lâĂ©ducation des Ă©tudiants et pour les architectes aussi. Produire des images qui sont source de connaissance sur lâarchitecture. Et puis nous avons eu cette exposition Ă la Biennale de Venise dans le pavillon italien, lâArsenale. Nous avons montrĂ© uniquement des maquettes de coupes au 1/20e ou au 1/30e. Cependant, tous les dĂ©tails Ă©taient disponibles dans le catalogue. LâĂ©tape suivante a Ă©tĂ© le dessin Ă la main et ce que nous avons appelĂ© le Dessin public. Il sâagissait dâune sorte de workshop oĂč un dessin Ă©tait rĂ©alisĂ© par plusieurs personnes. YTâCâĂ©tait un dessin collectif avec 10 Ă 20 personnes. Ce dessin sâappelle public parce quâil sâagit presque toujours dâespace public. Chaque personne a son propre rĂŽle. Certaines personnes dessinent des arbres, dâautres des voitures, dâautres encore des bĂątiments, des gens, etc. Câest une façon de reproduire le processus dâappropriation de lâespace public dans la rĂ©alitĂ© par le dessin. Lâespace public nâest dessinĂ© par personne. Câest le rĂ©sultat dâune collaboration ou de la combinaison de diffĂ©rents acteurs sur un mĂȘme lieu qui veulent sâen approprier une partie et sont obligĂ©s de nĂ©gocier entre eux. Sâils trouvent un bon compromis, Ă©quilibrĂ©, alors ils produisent un espace oĂč les gens aiment rester. Nous avons essayĂ© de reproduire ce processus avec ce dessin au crayon, dâune dimension dâenviron 1,2 mĂštres par 3,6 mĂštres. Le rĂ©sultat est un dessin trĂšs dĂ©taillĂ©, assez impressionnant en fait. Je me rĂ©fĂšre toujours pour en parler aux gravures de Piranese car nous avons complĂštement empruntĂ© sa façon de faire pour lĂ©gender le dessin, Ă sa base, ainsi quâĂ lâintĂ©rieur du dessin. CREEâPour finir, jâaimerais aborder deux points. Tout dâabord, votre relation avec lâEurope et la France. YTâJâai Ă©tudiĂ© en France ainsi quâen Suisse, un an, en tant quâĂ©lĂšve-chercheur. Cela sâest fait dans le cadre dâun programme dâĂ©change avec mon Ă©cole et des Ă©coles europĂ©ennes. De ces expĂ©riences, jâai appris comment penser lâarchitecture avec la ville.
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Cette vision est totalement absente de la pensĂ©e des architectes japonais des gĂ©nĂ©rations prĂ©cĂ©dentes. Un bĂątiment est un objet autonome qui a son propre mondeâ; il nây a pas vraiment de respect de la relation entre lâarchitecture et la ville, notamment du fait de la transformation rapide qu'a connu le Japon aprĂšs la Seconde Guerre Mondiale. Bien sĂ»r, les MĂ©tabolistes, dans les annĂ©es 1960, ont essayĂ© avec leur manifeste de faire la ville autrement, par lâarchitecture, avec une imagination monomaniaque gigantesque. Mais cela nâa pas rĂ©ellement rĂ©ussi. Au Japon, les maisons individuelles7 parsĂšment le paysage et ne constituent pas de façade urbaine. Les architectes ont abandonnĂ© cette relation entre la typologie et la morphologie. Nous, Ă lâAtelier Bow-Wow, essayons de rĂ©introduire ces idĂ©es au Japon. Câest peut-ĂȘtre cela lâimpact de notre expĂ©rience europĂ©enne. Parce que nous pensons que ce type de paysage urbain est stable et ne transmet aucune valeur contemporaine. Peut-ĂȘtre que les gens qui vivent en France sont stressĂ©s ou frustrĂ©s de ce paysage urbain fixeâ! Mais câest une des grandes force de lâĂȘtre humainâ; lâanimal ne peut pas faire cela. Le paysage urbain est le rĂ©sultat de la contribution dâindividus diffĂ©rents. Câest un grand accomplissement des hommes. Au Japon, les machiya, câest-Ă -dire les maisons de villes, sont des maisons dâune trĂšs belle typologie et morphologie. Il y en a beaucoup Ă Kyoto ou Kurasawa, dans les quartiers anciens. Elles produisent un trĂšs beau paysage urbain et ont Ă©tĂ© conçues de façon trĂšs intelligente, tenant compte de diffĂ©rents aspectsâ: la nature de lâoccupation, la vie sociale, etc. Nous voulons faire revivre et revitaliser cette typologie. AprĂšs 8 Ă 9 annĂ©es dâefforts, Ă concevoir des nouvelles machiya, je crois que maintenant beaucoup dâarchitectes de la jeune gĂ©nĂ©ration sâintĂ©ressent vraiment Ă cette typologie. CREEâEnfin, nous aimerions que vous nous parliez de la Biennale de Venise inaugurĂ©e en juin. Quâen avez-vous pensĂ© ? YTâNous sommes trĂšs contents de cette Biennale Ă©videmment parce que le Pavillon japonais a eu une mention spĂ©ciale du jury et aussi parce que nous sommes trĂšs proches de beaucoup de jeunes architectes qui y sont exposĂ©s. CREEâDes Ă©tudiants ? YTâOui, certains sont de mes anciens Ă©tudiants. Ces jeunes architectes essaient de montrer une nouvelle architecture japonaise. Ce nâest pas facile, mais ils prennent des voies intĂ©ressantes, pas seulement pour le Japon, mais aussi pour les autres pays. Cela me fait trĂšs plaisir. Quant Ă lâexposition montĂ©e par Alejandro Aravena, elle est trĂšs informative et je lâaime beaucoup. Lâexposition du Pavillon japonais porte sur les enjeux pour rĂ©duire ou casser les barriĂšres entre les ressources locales et la population, qui rĂ©sultent de lâindustrialisation de la sociĂ©tĂ© au 20e siĂšcle. Je crois que câest trĂšs intĂ©ressant pour les architectes de travailler sur cela
et dâĂȘtre conscients de cette situation. Beaucoup de projets tentent de rĂ©soudre ces problĂšmes et jâapprĂ©cie le lien fait entre ces projets qui sont critiques envers le 20e siĂšcle. Je crois que beaucoup de projets partagent le mĂȘme point de vue critique vis-Ă -vis de lâindustrialisation. Câest difficile car les architectes sont du cĂŽtĂ© de lâindustrie et nous sommes des professionnels qui travaillons avec le processus dâindustrialisation de la sociĂ©tĂ©. Mais maintenant, nous rĂ©alisons que ce nâest plus quelque chose qui rend les gens heureux. Un architecte est quelquâun qui comprend lâĂ©tat complexe de lâindustrialisation Ă travers lâingĂ©nierie, la science, lâĂ©conomie, le droit et la politique. Il a lui-mĂȘme affaire Ă ces domaines. Il ne peut pas ĂȘtre lâinterprĂšte de ce qui ce passe Ă lâendroit oĂč nous nous trouvons, comme un ethnographe. Mais il peut - et nous pouvons - ĂȘtre des activistes qui se battent contre ces situations. Dans ce sens, la biennale de Venise montre une direction importante que les architectes aujourdâhui devraient prendre. CREEâQuâen est-il de lâesthĂ©tique ? YTâLâesthĂ©tique de la biennaleâ? OĂč se trouve-t-elle ? Du cĂŽtĂ© des gens. Les architectes veulent croire que lâesthĂ©tique est de leur cĂŽtĂ©, professionnel, mais lâesthĂ©tique est aussi du cĂŽtĂ© de la population. Il sâagit en fait dâun grand revirement. Alors quâest-ce que lâesthĂ©tique lorsquâelle est du cĂŽtĂ© de la population ? Nous devons songer Ă cette question. CREEâDans le comportement ? YTâLe comportement, oui. Si une petite construction est construite par les mains des gens avec de la bonne volontĂ© et quâelle est vraiment utilisĂ©e et aimĂ©e par les gens, quâelle permet Ă plusieurs gĂ©nĂ©rations du voisinage de se rencontrer, alors cette relation est magnifique. Cela devient de lâesthĂ©tique. Câest une esthĂ©tique relationnelle plus quâune esthĂ©tique visuelle. CREEâDonc nous nâavons plus besoin dâarchitecte. YTâSi, nous en avons besoin car il y a des barriĂšres Ă dĂ©truire, celles qui ont Ă©tĂ© Ă©rigĂ©es tout au long du 20e siĂšcle avec lâindustrialisation. Nous avons besoin de la sociĂ©tĂ©, le monde a besoin de quelquâun qui peut remĂ©dier Ă cela. La conception et le dessin8, sont des outils puissants pour questionner le monde et le transformer.
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Tsukamoto Y., Kaijima M., Fujimori T., Nango Y., Washida M., Walker E. The Architectures of Atelier Bow-Wow: Behaviorology. New York : Rizzoli, 2010. Catalogue de lâexposition Ă©ponyme qui eu lieu au Museum of Modern Art (MoMA) de New York, de novembre 1964 Ă mai 1965. Kaijima M., Momoyo J.,Tsukamoto Y., Made in Tokyo. Tokyo: Kajima Institute, 2001. Fujimori T., Masuda A. Kanban kenchiku. Tokyo : SanseidĆ, 1988. Il sâagissait de masquer lâavant toit notamment et de crĂ©er des frontons en reprenant des codes de lâarchitecture occidentale europĂ©enne. Akasegawa G., Fujimori T., Minami S, eds. RojĆ kansatsugaku nyĆ«mon. Tokyo: Chikuma ShĆbĆ. 1986. Qui ne sont jamais mitoyennes, ndlr Dans le sens anglais du mot design, ndlr
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Entretien avec : SĂ©bastien Barat Martinez et Benjamin Lafore Auteur : Christophe Le Gac
Dâabord sous lâenseigne La Ville RayĂ©e (avec David Apheceix) et maintenant sous le nom Martinez Barat Lafore Architectes, ces deux jeunes architectes franciliens se sont fait remarquer lors de la XIVe Biennale dâarchitecture de Venise de 2014 - celle de Rem Koolhaas ! Le catalogue contenait une longue analyse sur la notion dâintĂ©rieur en fonction du type dâhabitat (abbaye, cabane, ferme, squat⊠appartement) et du statut dâoccupation (colocataire, propriĂ©taire, rĂ©sident). Une campagne photographique trĂšs frontale de Maxime Delvaux accompagnait cette Ă©tude typologique. A partir de cette matiĂšre, Martinez Barat Lafore scĂ©nographiĂšrent un pavillon belge tout en finesse et en dĂ©tails. Un autre trait marquant de leur dĂ©marche tient dans la crĂ©ation, de l'ex revue face b. SĂ©bastien Martinez Barat et Benjamin Lafore sâancrent Ă merveille dans lâhybride XXIe siĂšcle.
Courtesy Natacha Nikouline
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EXPRESSIONS : INTERVIEW
Quelques figures de lâintĂ©rieur
Tous visuels courtesy La Ville Rayée (Apheceix, Martinez Barat, Lafore) / Stéphane Ruchaud
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EXPRESSIONS : INTERVIEW
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CREEâQuel(s) lien(s) lâarchitecture entretient-elle avec la crĂ©ation ? Martinez Barat LaforeâPlus quâun acte de crĂ©ation, lâarchitecture nous semble ĂȘtre lâacte dâinterprĂ©tation dâune situation toujours singuliĂšre. Penser une architecture ne consiste pas Ă tordre une rĂ©alitĂ© Ă des dĂ©sirs prĂ©Ă©tablis mais Ă comprendre, sĂ©lectionner et formuler une situation. En amont de toute mise en forme, lâobservation inaugure le projet. Il y a toujours un existant, il y a toujours des circonstances quâil sâagit avant tout de comprendre et de hiĂ©rarchiser pour Ă©tablir un projet. Il faut prendre position face Ă une rĂ©alitĂ© observĂ©e. Nous nous retrouvons dans la dĂ©finition que donne Andrea Branzi dans les Animaux domestiques : « Le projet nâest plus un instrument pour changer le monde, pour le transformer en quelque chose de diffĂšrent (âŠ), le projet sâajoute au monde, augmente les choix possibles et crĂ©e de nouvelles alternatives ». CREEâQuelle dimension occupe la recherche dans votre pratique ? MBLâLa recherche fait intĂ©gralement partie de notre pratique, elle conduit les projets. La recherche sâĂ©prouve et se dĂ©veloppe dans chacun de nos projets. De maniĂšre plus Ă©vidente, certains projets de recherches prennent la forme de publications (telle que la revue face b que nous avons dirigĂ©s avec AurĂ©lien Gillier de 2007 Ă 2011), plus rĂ©cemment, dâenseignements et de commissariats dâexpositions, Ă la Biennale de Venise ou Ă la Villa Noailles. Pour le projet IntĂ©rieurs. Notes et Figures que nous avons prĂ©sentĂ© au Pavillon Belge Ă Venise en 2014, nous avons Ă©tudiĂ© les paysages domestiques issus des processus de transformation des logements par les habitants. Nous avons visitĂ© et photographiĂ© plus de 300 habitations rĂ©parties sur lâensemble du territoire belge. De cette observation, nous avons Ă©tabli et nommĂ© des figures architecturales. Par la suite nous avons transformĂ© le pavillon lui-mĂȘme en appliquant ces leçons. Ces analyses ont alimentĂ©s en retour nos propres projets, parfois mĂȘme de maniĂšre rĂ©trospective. Cette Ă©tude nous a permis notamment de saisir, de comprendre certaines attitudes dans nos projets de rĂ©novations. Au-delĂ de prospections thĂ©oriques, ces recherches sont indissociables de nos productions architecturales. Elles sont in fine utilisĂ©es comme ressources pour produire, comprendre et justifier des formes architecturales. Lâintuition ne suffit pas, ce sont ces recherches, ces observations et leurs formulations qui nous guident en dĂ©finitive lorsque nous dĂ©cidons de dĂ©molir des cloisons, de construire des murs.
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1, 2 et 3 Francs-Tireurs, logement et atelier dâartiste, La Courneuve (93), 2014. ââ4 Grandi Bianchi, galerie Balice-Hertling, Paris (75), 2011.
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CREEâQuelle place accordez-vous Ă lâesthĂ©tique dans vos projets ? MBLâNotre pratique se place en deçà dâenjeux esthĂ©tiques. Elle vise Ă qualifier des situations et Ă Ă©tablir des rapports entre des groupes dâobjets et dâindividus. Pour nous, lâarchitecture consiste en lâorganisation plus ou moins spontanĂ©e dâĂ©lĂ©ments sur un support plus ou moins dĂ©terminĂ©. LâesthĂ©tique nâapparaĂźt que dans le rĂ©sultat du processus de conception. Pour chaque projet, nous essayons dâĂ©tablir une logique propre, qui dĂ©coule de lâobservation de situations. Nous militons pour une architecture explicite. Une architecture qui par sa forme forte expose les choix qui ont conduit Ă son Ă©laboration. Une architecture qui sâajoute au monde en manifestant ce quâelle autorise et ce quâelle nâoffre pas. Câest le sens de lâĂ©tude De lâarchitecture brĂšve et explicite que nous mĂšnerons Ă la Villa Kujoyama au Japon de juin Ă octobre 2016. Nous y dĂ©velopperons une gamme de fabriques de jardin, une maniĂšre dâeffectuer une recherche sur des formes fortes et des situations singuliĂšres Ă travers un langage rĂ©duit. CREEâQuel territoire dâexercice constitue lâEurope au sein de votre agence ? MBLâNous sommes basĂ©s dans le Grand Paris Ă Ivry-sur-Seine, nos projets architecturaux se situent principalement en France, tandis que nos projets de recherches sâĂ©tendent au territoire europĂ©en. Nous collaborons rĂ©guliĂšrement avec des artistes et des architectes basĂ©s Ă Bruxelles, ainsi qu'avec des institutions culturelles et des galeries dâart basĂ©es Ă Londres, Berlin, Moscou ou Venise. Ă lâinstar de la rĂ©sidence que nous allons faire au Japon, nous essayons de ne pas nous limiter Ă un territoire, nous allons oĂč nous mĂšnent les projets.
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Auteur : Ugo La Pietra
Le tout-confort télématique
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EXPRESSIONS : FLASH BACK
PubliĂ© dans Architecture IntĂ©rieure - CREE n° 194, avril-mai 1983. ĂditĂ© dans L'idĂ©e de confort, une anthologie, Ă©ditions B42, Paris, 2016
Lâintroduction dans la maison dâun computer, dâun circuit vidĂ©o, dâun tĂ©lĂ©-tĂ©lĂ©phone, se passe aujourdâhui par collage et superposition, sans conflit apparent dâutilisation spatiale. AprĂšs Mac Luhan et en trois dimensions, Ugo La Pietra dĂ©montre comment les instruments tĂ©lĂ©matiques perturbent insidieusement et irrĂ©versiblement lâordre ancien. Voici une version humoristique de lâappartement du futur conçu par Ugo la Pietra, Ă lâoccasion de la derniĂšre foire de Milan, et dans lequel est mis en scĂšne lâessentiel de la panoplie tĂ©lĂ©matique aujourdâhui sur le marchĂ©.
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EXPRESSIONS : FLASH BACK CREE
Fauteuil, canapĂ© deux places, ou trois places, luminaire dâangle, petite table au centre, tout est lĂ , figĂ©, pour exprimer le rituel dâune conversation, comme si on allait prendre le thĂ©. « Faire salon », est une pratique en voie de disparition, Ă©branlĂ©e depuis vingt ans par lâintroduction de la tĂ©lĂ©vision. La famille se retrouve encore assise dans les fauteuils, mais câest pour regarder la « tĂ©lĂ© ». Câest pratiquement toujours le chef de famille qui se trouve privilĂ©giĂ© et a droit au fauteuil le mieux placĂ©, devant le moniteur. Les autres, un peu tordus, penchĂ©s, Ă©tirĂ©s, sont chaque jour Ă la recherche dâun compromis entre lâancienne place du canapĂ© installĂ© dans une logique « radiophonique ou radiocentrique », et lâexigence dâune nouvelle orthogonalitĂ© divan-tĂ©lĂ©. Avec un ou plusieurs terminaux, lâusage de lâespace est diffĂ©rent : une nouvelle typologie environnementale fait son apparition. Lâespace, dĂšs lors, se caractĂ©rise par les fonctions qui y prennent place : information (terminal reliĂ© Ă plusieurs banques de donnĂ©es), loisirs (jeux Ă©lectroniques), mĂ©moire familiale (enregistrement dâimages et dâĂ©vĂ©nements se rapportant Ă lâhistoire de la famille), travail (connection avec les centres de traitement), activitĂ© culturelle (thĂ©Ăątre, film...), etc... Et le vieux salon ? Il restera probablement comme il est, Ă lâimage dâun lieu qui nâest plus « habitĂ© », mais conservĂ© en souvenir du rituel.
Un autre espace, le « sĂ©jour-terminal », prendra place, Ă cĂŽtĂ© du vieux. La coiffeuse de grand-mĂšre demeurera-t-elle, telle quelle, ou sera-t-elle transformĂ©e en systĂšme de camĂ©ra-tĂ©lĂ© en circuit fermĂ©, renvoyant notre image sur plusieurs moniteurs ? En tout Ă©tat de cause, ces choses existent et doivent modifier notre comportement domestique. Lâappartement tĂ©lĂ©matique qui a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© pour la Foire de Milan Ă©tait une façon de commencer Ă explorer ces nouvelles pratiques et de revoir des instruments « compromis » ou « contaminĂ©s ». Naturellement, ce nâest pas facile de montrer de nouveaux comportements avec des instruments ou des objets dĂ©coratifs « revus et corrigĂ©s ». Lâattitude projectuelle a donc consistĂ© avant tout Ă mettre lâemphase sur certains Ă©lĂ©ments et Ă leur apporter, avec une bonne dose dâironie, des modifications probables. Le lit conjugal se compose de deux parties, sĂ©parĂ©es ou rĂ©unies, selon le type dâusage : câest le lieu oĂč lâon peut rester trĂšs intimement pour regarder lâimage tĂ©lĂ©visuelle, ensemble, ou individuellement. Manger signifie peut-ĂȘtre encore ĂȘtre ensemble, en mangeant... VoilĂ pourquoi la forme de la table du dĂźner a changĂ©, ce qui souligne la dĂ©formation du rituel ancien ; changĂ©e encore la table de jeu, avec son tapis vert, puisque les parties dâĂ©chec se jouent Ă la tĂ©lĂ©vision !
Tous les objets prĂ©sentĂ©s dans cette maison tĂ©lĂ©matique nâexprimaient pas les solutions formelles ou fonctionnelles dâun nouveau rituel, mais mettaient lâaccent sur les nouvelles possibilitĂ©s de conditionnement crĂ©Ă©es par la tĂ©lĂ©matique, lâinformatique et la technologie avancĂ©e. Lâexposition avait donc Ă©tĂ© conçue pour rĂ©-amĂ©nager des typologies dâenvironnement traditionnel (le salon, la salle Ă manger, les chambres, la salle de bains, la salle de jeux et la cuisine). Le visiteur faisait immĂ©diatement la liaison avec la rĂ©alitĂ© de lâappartement dans lequel il vit quotidiennement, mais il pouvait aussi remarquer des objets « rĂ©visĂ©s », et des signes indiquant des modifications plus ou moins profondes. Il nây avait pratiquement pas de couleurs afin dâexalter la mise en scĂšne des terminaux. Les meubles Ă©taient contaminĂ©s par la technologie et les dĂ©corations aux murs imitaient les patterns des jeux vidĂ©o. Autant dâimages exaspĂ©rantes, inquiĂ©tantes, divertissantes, avec lesquelles il faudra tĂŽt ou tard compter, autant de situations qui modifieront les vieilles hiĂ©rarchies, lâusage de la mĂ©moire, et les rituels que nous avons conservĂ©s jusquâĂ maintenant...
perspectives
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Auteur : Georges Teyssot
« Les intérieurs et la fantasmagorie des choses »
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PERSPECTIVES : ESSAI
Extrait de : Georges Teyssot, Fantasmagories du mobilier, in Id., Walter Benjamin. Les maisons oniriques, sĂ©rieâ: Philosophie (Parisâ: Hermann, 2013), Chapitre II, pp. 53-111.
1 et 2 Dessins de la sĂ©rie âOtakuism, the era of database animalsâ par Samuel Esses
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« Des divans profonds comme des tombeaux. »
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PERSPECTIVES : ESSAI
Charles Baudelaire, « La Mort des Amants. »
Walter Benjamin sâest inspirĂ© de la cĂ©lĂšbre remarque de RĂ©my de Gourmont : « Ce fut la premiĂšre originalitĂ© des Goncourt de crĂ©er de lâhistoire avec les dĂ©tritus mĂȘmes de lâhistoire. » LâĆuvre des FrĂšres Goncourt Ă©tait sans doute une source dâinspiration, lorsquâils Ă©nonçaient que « [l]âanecdote est lâindiscrĂ©tion de lâhistoire. Câest Clio Ă son petit lever. » En 1852, dans une note de leur Journal, ils annonçaient un programme dâĂ©tudeâ: « Le lit oĂč lâhomme naĂźt, se reproduit et meurtâ: quelque chose Ă faire lĂ -dessus, un jour. » Et Benjamin de renchĂ©rirâ: « Les constructions de lâhistoire sont comparables Ă des ordres militaires qui tourmentent et casernent la vraie vie. Ă lâinverse, lâanecdote est comme une rĂ©volte dans la rue. » Pareil Ă un Ă©vĂ©nement, comme une irruption intempestive, celle-ci « rend les choses spatialement plus proches. » Ă la recherche de ce qui constitue le mobilier baudelairien, il faut accumuler des choses Ă©phĂ©mĂšres. Loin de dessiner une large fresque, ces menus dĂ©tails devront conserver leur nature fragmentaire. Dâailleurs, tout sâamenuise dans la ville du XIXe siĂšcle, car, comme lâĂ©crit HonorĂ© de Balzac dans les Illusions perdues (1836 - 1843), lâespace vient Ă manquer: « Lâemplacement nĂ©cessaire aux bibliothĂšques sera une question de plus en plus difficile Ă rĂ©soudre Ă une Ă©poque oĂč le rapetissement gĂ©nĂ©ral des choses et des hommes atteint tout jusquâĂ leurs habitations. » Et Benjamin de commenter : « Il existe peut-ĂȘtre une corrĂ©lation entre le rĂ©trĂ©cissement de lâespace habitable et lâĂ©laboration croissante de lâintĂ©rieur. » Sâil existe bien des meubles baudelairiens, il en existe aussi qui sont de nature balzacienne, capable de rĂ©vĂ©ler leur aspect comique : « Aussi de tous les dĂ©mĂ©nagements, les plus grotesques de Paris sont-ils ceux des Administrations â remarque Balzac dans "Les EmployĂ©s" (1838-1845) â. Jamais le gĂ©nie dâHoffmann, ce chantre de lâimpossible, nâa rien inventĂ© de plus fantastique. On ne se rend pas compte de ce qui passe dans les charrettes. Les cartons baillent en laissant une traĂźnĂ©e de poussiĂšre dans les rues. Les tables montrant leurs quatre fers en lâair, les fauteuils rongĂ©s, les incroyables ustensiles avec lesquels on administre la France, ont des physionomies effrayantes. Câest Ă la fois quelque chose qui tient aux affaires de thĂ©Ăątre et aux machines des saltimbanques. » Une telle approche de lâhistoire informe lâensemble du projet de Paris, capitale du XIXe siĂšcle, Le livre des passages (Das Passagen-Werk), de Benjamin. En assimilant lâhistoire aux techniques du collage dans lâart, il se propose de recycler la notion de montage, empruntĂ© aux SurrĂ©alistesâ: « La mĂ©thode de ce travailâ: le montage littĂ©raire. Je nâai rien Ă dire. Seulement Ă montrer. Je ne vais
rien dĂ©rober de prĂ©cieux ni mâapproprier des formules spirituelles. Mais les guenilles [die Lumpen], le rebut [den Abfall] [...]. » Collectionneur de haillons et amateur de dĂ©chets, il recueille les fragments dâune histoire singuliĂšre, en commençant par en faire un inventaire mĂ©thodiqueâ: « La premiĂšre Ă©tape [...] consistera Ă reprendre dans lâhistoire le principe du montage. Câest Ă dire Ă Ă©difier les grandes constructions Ă partir de trĂšs petits Ă©lĂ©ments confectionnĂ©s avec prĂ©cision et nettetĂ©. Elle consistera mĂȘme Ă dĂ©couvrir dans lâanalyse du petit moment singulier le cristal de lâĂ©vĂ©nement total. » Le montage et lâassemblage des dĂ©bris conduisent Ă une esthĂ©tisation du fragment, un procĂ©dĂ© qui, depuis lâĂ©poque romantique, a Ă©tabli le fondement du projet moderne. Lâassemblage sert Ă rĂ©vĂ©ler les modes de lâhistoricitĂ© de chaque fragment recueilli. « Lâhorreur du Domicile » Le rĂ©servoir apparemment chaotique de faits historiques est reconstituĂ©, non pas dans le tableau immobile dâune pĂ©riode passĂ©e, apprĂ©hendĂ©e au travers de monographies dâartistes et dâarchitectes, ni par une approche "typologique" des Ă©difices (notion que Siegfried Giedion dĂ©signait sous le terme de Bautyp), mais comme une rĂ©gion spatio-temporelle, comme une vaste zone intermĂ©diaire oĂč les beaux-arts, la sociologie et la politique nâont pas encore acquis de formes distinctes. Pour Benjamin, le travail historique doit tendre vers une phase de « condensation croissante de la rĂ©alitĂ© » qui se dĂ©clenche comme un prĂ©cipitĂ© chimique et se rĂ©vĂšle comme dans un instantanĂ©. DĂšs lors, « tout Ă©vĂ©nement passĂ© (en son temps) peut acquĂ©rir un plus haut degrĂ© dâactualitĂ© (AktualitĂ€t) que celui quâil avait au moment oĂč il a eu lieu. Ce passĂ© acquiert les caractĂšres dâune actualitĂ© plus haute grĂące Ă lâimage par laquelle et sous laquelle il est compris. » Dans les annĂ©es 1923-25, Benjamin dĂ©veloppera un procĂ©dĂ© littĂ©raire, celui des « images de pensĂ©es » (les Denkbilder), un petit tableau en prose, associant un titre Ă©vocateur, une image visuelle qui est dĂ©crite, avec une idĂ©e qui y est liĂ©e. LâidĂ©e de Denkbild lui serait venue des Ă©tudes menĂ©es sur lâemblĂšme baroque, lequel peut prĂ©senter une structure en trois parties, comportant dâabord une image ou icĂŽne (res picta)â; puis, le lemme (inscriptio) ou sentence qui coiffe ou habite lâimage, une inscription parfois allĂ©gorique; enfin, lâĂ©pigramme (suscriptio) placĂ©e en-dessous, qui est une suite de vers, ou un bref commentaire. Benjamin retrouve la technique de lâallĂ©gorie baroque dans la poĂ©sie de Baudelaire : « lâallĂ©gorie baroque ne voit le cadavre que de lâextĂ©rieurâ; Baudelaire se
le reprĂ©sente de lâintĂ©rieur. » Pour Benjamin, seul le poĂšte de la mĂ©lancolie et de lâallĂ©gorie voit en toute luciditĂ© le vertige du monde moderne et devine son destin probable : une sociĂ©tĂ© rigidifiĂ©e dans les derniers spasmes de son agonie, suivi dâun amoncellement de cadavres. Ce que Benjamin dĂ©couvre Ă©galement dans lâĆuvre du poĂšte, câest sa passion pour les images. Dans son journal intime (Mon cĆur mis Ă nu), Baudelaire Ă©crivait : « Glorifier le culte des images (ma grande, mon unique, ma primitive passion). » Ces rĂ©flexions sont parallĂšles Ă celles des "nouveaux" historiens et illustrent une dĂ©marche qui renonce Ă la rĂ©vĂ©rence attachĂ©e aux grands noms, pour se fixer sur les faits et leur rĂ©pĂ©tition. Fouillant dans les "poubelles", lâhistorien abandonne les vieilles idoles, « les idoles politique, chronologique et individuelle », et se propose dâapprocher de nouveaux objets, tels que lâhorizon de la civilisation matĂ©rielle et technologique, la foule des inconnus, les effets de rĂ©pĂ©tition Ă lâintĂ©rieur de longues sĂ©ries, les rythmes du quotidien. Les sources dâune histoire des habitations, ces architectures du quotidien, sont vastes et de nature hybrides. Les matĂ©riaux en sont hĂ©tĂ©rogĂšnes, car, Ă lâhistoire de lâart et de lâarchitecture, il est nĂ©cessaire dâintĂ©grer de nombreux aspects liĂ©s au goĂ»t, Ă la culture, Ă lâesthĂ©tique, aux techniques. Lâhistoire de la maison â pour employer un terme traditionnel â, comme dâailleurs celle de la ville, sâinstalle aisĂ©ment dans la longue durĂ©e. Aujourdâhui, tout est maison, dans la mesure oĂč il est possible dâhabiter un divan, un lit, une chambre, un hangar, un vĂ©hicule, ou mĂȘme un Ă©cran. Parce que tout ce qui fait maison (logis, demeure, logement, habitation), doit aussi faire Ă©cran. Ce nâest quâun paradoxe apparent quâau sein dâune telle dĂ©marche la prise en compte de la longue durĂ©e coĂŻncide avec lâimmersion dans une forĂȘt de dĂ©tails. En 1983, lors dâun colloque dĂ©diĂ© Ă lâHistoire de lâespace privĂ©, Norbert Elias faisait remarquer que nous sommes confrontĂ©s Ă une abondance de sujets de recherche. DĂšs lors, un risque apparait qui peut aboutir Ă la dissĂ©mination des objets dâĂ©tudes. Elias avertissait : « Lorsque nous abandonnons les voies de lâhistoire traditionnelle â politique, Ă©conomique, sociale â, nous nâapercevons plus lâunitĂ©. [...] il faut peut-ĂȘtre se demander : oĂč est lâunitĂ© ? ». ConfrontĂ© Ă la multitude de dĂ©tails, lâhistorien proposait que ceux-ci soient comme concentrĂ©s dans un rĂ©cipient exigu, ou bien distillĂ©s dans une « coquille de noix » (in a nutshell). Par exemple, cette coquille mĂ©taphorique pouvait se concrĂ©tiser dans la « chambre privĂ©e. » Aujourdâhui, on peut mentionner de nouveaux champs, comme lâhistoire de lâappartement du XVIIe jusquâau XXe siĂšcle; ou bien celle des chambres Ă coucher, des cabinets dâĂ©tude, des alcĂŽves, des boudoirs, ou des cabinets de toilette, intimes et privĂ©s. En remontant jusquâau pamphlet de Virginia Woolf, Une chambre Ă soi (1929). Pour ce qui est du boudoir, Benjamin donnera la transcription de lâun de ses rĂȘves Ă©rotiques, inspirĂ© en partie de souvenirs de jeunesse, mais aussi par sa lecture des ouvrages de Mercier de CompiĂšgne, auteur et Ă©diteur de contes et poĂšmes Ă©rotiques, dont il cite Manuel des boudoirs ou Essais Ă©rotiques sur les Demoiselles dâAthĂšnes (1789), et dont il extrait cette devise : « Forcer les filles de profession de tenir leurs portes ouvertesâ; la sentinelle
se promĂšnerait dans les corridors. » Ce qui confirme lâintĂ©rĂȘt que Benjamin rĂ©vĂ©lait pour le "type" humain de la travailleuse du sexe, au bas de lâĂ©chelle dans le systĂšme dâexploitation, mais exposait aussi une passion pour les portes ouvertes, les fenĂȘtres vitrĂ©es, les enfilades transparentesâ: tous les dispositifs assurant la surveillance de chaque instant de la vie, mĂȘme les plus intimes. Il sâensuit que lâhistoire de lâhabitation et des modes culturels de lâhabiter se dĂ©velopperait sur deux registres opĂ©ratoires, contradictoires seulement en apparenceâ: dâune part, lâaccumulation de dĂ©tails dissĂ©minĂ©s, sortes de monades prises dans la longue durĂ©e; dâautre part, une opĂ©ration de filtrage et de resserrement de cette pluralitĂ© au passage de la dimension restreinte, celle prĂ©cisĂ©ment des espaces domestiques, micro-espaces Ă dĂ©veloppement lent. Tout se passerait comme si la multitude des micro-Ă©vĂšnements, la sĂ©rie des habitudes individuelles et sociales, rĂ©pĂ©tĂ©e au cours du temps, martelait lâespace par chocs rĂ©pĂ©tĂ©s, crĂ©ant ainsi les environs de la vie quotidienne, littĂ©ralement un environnement. Il se dessinerait la possibilitĂ© de dĂ©finir les espaces de lâhabitat par lâaction rĂ©pĂ©tĂ© des habitudes dans le temps, ce qui dâailleurs invoque les sens ancien et moderne du terme latin Habitus (Gr., hexis), que ce soit en mĂ©decine, en philosophie et en sociologie. Le terme a Ă©tĂ© utilisĂ© par Norbert Elias pour dĂ©finir une empreinte de type social laissĂ©e sur les individus par les institutions; et lâon connaĂźt lâusage quâen feront Marcel Mauss et Pierre Bourdieu. On sait aussi que Benjamin fut aussi le premier traducteur de Marcel Proust en allemand, et combien cette source fut importante pour la dĂ©finition du concept de la demeure. Alain notait quâune maison traditionnelle se dĂ©veloppait en un certain sens « par le dedans ». Les XIXe et XXe siĂšcles - remarquait Benjamin - ont cherchĂ© plus que tout autre lâhabitation (das Wohnen). La difficultĂ© qui se prĂ©sente est la suivante : « [D]âune part, il faut voir lâĂ©lĂ©ment trĂšs ancien, Ă©ternel peut-ĂȘtre : le reflet du sĂ©jour de lâĂȘtre humain dans le sein maternel; dâautre part, abstraction faite de ce thĂšme prĂ©historique, il faut considĂ©rer lâhabitation sous sa forme la plus extrĂȘme comme un mode dâexistence du XIXe siĂšcle. » DĂ©jĂ le XVIIIe siĂšcle avait innovĂ© avec lâalcĂŽve, le boudoir, les rideaux, la table de toilette et le bidet. Le XIXe siĂšcle invente les Ă©tuis, les enveloppes, les tapis, les couvertures et les housses. Comme lâont remarquĂ© Dolf Sternberger, Sigfried Giedion et Mario Praz, Ă la suite de Benjamin, câest le siĂšcle des coussins, des poufs et de la passementerie : « Les Ă©tuis, les housses, les gaines qui recouvraient le mobilier bourgeois du [XIXe siĂšcle] Ă©taient autant de dispositifs pour recueillir et conserver des traces. » Dans la Philosophie de lâargent (1900), Georg Simmel notait que lâĂ©poque Biedermeier Ă©tait marquĂ©e par cette ambiance particuliĂšre de la Stimmung (All., accord, harmonie), lĂ oĂč rĂ©gnaient la calme quiĂ©tude des atmosphĂšres et la simple Ă©lĂ©gance des objets, comme cela transparait dans les Ćuvres de Georg Friedrich Kersting, de Johann Erdmann Hummel, ou dâOctave Tassaert. Mais dĂ©jĂ , dans les Confessions dâun enfant du siĂšcle (1836), Alfred de Musset se trouvait confrontĂ© Ă des intĂ©rieurs « oĂč se trouvent rassemblĂ©s et confondus
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Quelle est la signification des projets dâarchitecture dessinĂ©s Ă partir dâĂ©lĂ©ments archĂ©typaux et rĂ©interprĂ©tĂ©s de façon contemporaine ? Telle est une des questions soulevĂ©e par la Casa Tobogan et la Cloud House, deux lieux de rĂ©sidence pour des familles, dont les formes audacieuses et les techniques constructives qui les sous-tendent se prĂȘtent Ă des interprĂ©tations multiples. ImplantĂ©e dans une zone rĂ©sidentielle de la banlieue madrilĂšne, la Casa Tobogan, tire son nom dâun terrain dâimplantation en pente et elle rĂ©pond aux multiples souhaits dâune famille composĂ©e dâun couple et ses trois enfants. Non conventionnelle et ayant connu lâexpĂ©rience des grands voyages, la famille dĂ©sirait une habitation Ă mĂȘme dâincarner les divers scĂ©narios de leur vie domestique, de reprĂ©senter leurs dĂ©placements dans le monde entier et de traduire leur dĂ©sir de vivre dans un jardin. Toutes ces demandes ont Ă©tĂ© rĂ©ifiĂ©es par les architectes de lâagence Z4Z4AAA Ă travers deux maisons juxtaposĂ©es et sĂ©parĂ©es par un vide de la hauteur dâun niveau. Mettant en scĂšne de maniĂšre visible les dĂ©placements entre les deux parties dâhabitation, cet espace central quasi vide mais pourtant majeur, assure le lien de lâensemble, il sert dâentrĂ©e et de parking et il remplit Ă©galement le rĂŽle de rĂ©gulateur thermique.
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des meubles de tous les temps et de tous les pays » et dĂ©plorait cette nouvelle tendanceâ: « Notre siĂšcle nâa point de formes. Nous nâavons donnĂ© le cachet de notre temps ni Ă nos maisons, ni Ă nos jardins, ni Ă quoi que ce soit. [...] Aussi les appartements des riches sont des cabinets de curiositĂ©sâ: lâantique, le gothique, le goĂ»t de la Renaissance, celui de Louis XIII, tout est pĂȘle-mĂȘle. Enfin nous avons de tous les siĂšcles, hors du nĂŽtre, chose qui nâa jamais Ă©tĂ© vue Ă une autre Ă©poque; lâĂ©clectisme est notre goĂ»t; nous prenons tout ce que nous trouvons, ceci pour sa beautĂ©, cela pour sa commoditĂ©, telle autre chose pour son antiquitĂ©, telle autre pour sa laideur mĂȘme; en sorte que nous ne vivons que de dĂ©bris, comme si la fin du monde Ă©tait proche. » Toujours dans la Philosophie de lâargent, Simmel poursuivait en remarquant que lâessor de lâart industriel et du gout Ă©clectique aura eu des effets dĂ©lĂ©tĂšresâ: « La pluralitĂ© des objets trĂšs spĂ©cifiquement façonnĂ©s Ă elle seule rend dĂ©jĂ difficile le rapport Ă©troit [...] aux objets singuliers [...]. Ce fait sâexprime dans les plaintes des mĂ©nagĂšres, dĂ©plorant que lâentretien de leur intĂ©rieur exige dâelles un service fĂ©tichiste. » En outre, « le changement de mode interrompt entre le sujet et lâobjet [tout] processus dâenracinement [...]. En troisiĂšme lieu [vient] [...] la pluralitĂ© des styles que nous offrent les objets quotidiennement visibles. » Par exemple, ces appartements sont des antres sombres, saturĂ©s dâobjets, qui se rĂ©vĂšlent dans lâIntĂ©rieur parisien (1877), une huile de MihĂĄly MunkĂĄcsy. Dans un texte publiĂ© Ă propos de lâExposition de Paris en 1855, Ernest Renan compare les expositions universelles aux grandes fĂȘtes grecques et aux jeux Olympiques, et il croit que câest la poĂ©sie qui fait dĂ©faut aux premiĂšres : « Notre siĂšcle ne va ni vers le bien ni vers le malâ; il va vers la mĂ©diocritĂ©. » Le philosophe continue : « les progrĂšs de lâart [sont loin dâĂȘtre] parallĂšles Ă ceux que fait une nation dans le goĂ»t du confortable. » Il ajoute : « il est permis de dire sans paradoxe que les temps et les pays oĂč le confortable est devenu le principal attrait du public ont Ă©tĂ© les moins douĂ©s sous le rapport de lâart [...]. La commoditĂ© exclut le style. » Et de noter la supĂ©rioritĂ© inĂ©galĂ©e de lâindustrie anglaise en terme dâustensiles de mĂ©nage. Pour lui, il est incontestable que « le progrĂšs de lâindustrie nâest nullement, dans lâhistoire, parallĂšle Ă celui de lâart. » CitĂ©es par Benjamin, les opinions de Renan et de Simmel expriment bien un Ă©tat de malaise ressenti face Ă lâobjet industriel, devenu un bien durable et Ă©changeable, une marchandise universelle. Le XXe siĂšcle advenu, les contemporains de Benjamin ne frĂ©quentent plus un monde traditionnel, oĂč les habitants laissent des traces, mais un milieu oĂč, par souci dâĂ©thique autant que politique, il faut effacer ses traces. Dâailleurs, câest Rainer Maria Rilke, dans Les Cahiers de Malte Laurids Brigge (1910), qui faisait noter combien les traces laissĂ©es par les anciens habitants Ă©taient fĂ©tides et rĂ©pugnantes : « Maisons ? Mais pour ĂȘtre prĂ©cis, câĂ©taient des maisons qui nâĂ©taient plus lĂ . Des maisons quâon avait dĂ©molies du haut en bas. [...] On voyait, aux diffĂ©rents Ă©tages, des murs de chambres oĂč les tentures collaient encore; et, ça et lĂ , lâattache du plancher ou du plafond. AuprĂšs des murs des chambres, tout au long de la paroi, subsistait encore un espace gris blanc par oĂč sâinsinuait, en des
spirales vermiculaires et qui semblaient servir Ă quelque rĂ©pugnante digestion, le conduit dĂ©couvert et rouillĂ© de la descente des cabinets. Les tuyaux de gaz avaient laissĂ© sur les bords des plafonds des sillons gris et poussiĂ©reux qui se repliaient ça et lĂ , brusquement, et sâenfonçaient dans des trous noirs. Mais le plus inoubliable, câĂ©tait encore les murs eux mĂȘmes. Avec quelque brutalitĂ© quâon lâeĂ»t piĂ©tinĂ©e, on nâavait pu dĂ©loger la vie opiniĂątre de ces chambres. Elle y Ă©tait encore; elle se retenait aux clous quâon avait nĂ©gligĂ© dâenlever; elle prenait appui sur un Ă©troit morceau de plancher; elle sâĂ©tait blottie sous ces encoignures oĂč se formait encore un petit peu dâintimitĂ©. On la distinguait dans les couleurs que dâannĂ©e en annĂ©e elle avait changĂ©es, le bleu en vert chanci, le vert en gris, et le jaune en un blanc fatiguĂ© et rance. Mais on la retrouvait aussi aux places restĂ©es plus fraĂźches, derriĂšre les glaces, les tableaux et les armoires; [...] Et, de ces murs, jadis bleus, verts ou jaunes, quâencadraient les reliefs des cloisons transversales abattues, Ă©manait lâhaleine de cette vie, une haleine opiniĂątre, paresseuse et Ă©paisse, quâaucun vent nâavait encore dissipĂ©e. » Pour Benjamin, le XXe siĂšcle avait surgi « avec son goĂ»t pour la porositĂ©, la transparence, la pleine lumiĂšre et lâair libre, [lequel] a mis fin Ă la façon ancienne dâhabiter. » Quâils sâagissent de Blocks of flats victoriens, dâappartements haussmanniens, de Mietskasernen berlinoises, dâhĂŽtels meublĂ©s parisiens, de CitĂ©s françaises, dâHBM (habitations Ă bon marchĂ©) en France, de Siedlungen allemandes, de Tenement blocks newyorkais, jusquâaux actuelles HLM (habitations Ă loyers modĂ©rĂ©s), en sâarticulant comme de grands "organismes", ces constructions alvĂ©olaires deviennent des sortes dâimmenses boĂźtiers oĂč chaque habitant trouve sa place, sa case, ses meubles, selon sa classe, son origine, son sexe, son Ăąge. Pour citer de nouveau la Philosophie de lâargent (1900), Simmel distingue entre lâargent, dâune part, et, de lâautre, tous les autres biens de consommation: seul lâargent est Ă lâabri de la dĂ©ception qui menace toute possession. Cet effet dâĂ©loignement des objets sâexplique par le fort potentiel de dĂ©ception en ce qui concerne les biens durables. Comme lâexplique lâĂ©conomiste Albert Hirschman, notre vie quotidienne est rĂ©glĂ©e par un Ă©quilibre instable entre des nĂ©cessitĂ©s liĂ©es au confort et des stimulations provoquant des plaisirs. Face aux choses, notre dĂ©ception naĂźt du fait que les biens durables, meublant nos habitations, apportent un Ă©quilibre entre plaisir et confort, inclinant vers le confort, au dĂ©triment du plaisir. Topologie de lâhabiter Selon Benjamin, la tĂąche de lâhistorien consiste Ă faire Ă©merger les faits historiques engloutis, alors que ceux-ci ont perdu leur usage dâorigine. Dans Le Livre des Passages (Das Passagen-Werk), ces Ă©paves " historiques" sont considĂ©rĂ©es dans le moment oĂč elles tombent en dĂ©suĂ©tude, lorsquâelles aspirent mĂȘme Ă disparaĂźtre par anĂ©antissement, dĂ©vastation ou simple nĂ©gligence. En dâautres termes, il se concentre sur les moments de transition, quand les phĂ©nomĂšnes semblent se dissoudre comme des images Ă©phĂ©mĂšres sombrant dans lâoubli. Prenant son inspiration dans la notion proustienne de mĂ©moire involontaire, Benjamin compare lâactivitĂ© de lâhistorien Ă ce quâil advient Ă la conscience au moment dâĂ©merger du sommeil, alors quâelle est placĂ©e dans une condition de seuil :
« La nouvelle mĂ©thode dialectique de la science historique se prĂ©sente comme lâart de voir le prĂ©sent comme un monde Ă©veillĂ© auquel ce rĂȘve que nous appelons lâautrefois se rapporte en vĂ©ritĂ©. Refaire lâautrefois dans le ressouvenir [die Erinnerung] du rĂȘve ! Ainsi, ressouvenir et rĂ©veil sont trĂšs Ă©troitement liĂ©s. Le rĂ©veil, en effet, est la rĂ©volution copernicienne, dialectique de la remĂ©moration [das Eingedenken]. » Lâhistoire peut ainsi devenir un travail de ressouvenir (die Erinnerung), mais seulement dans la mesure oĂč son mĂ©canisme demeure similaire Ă celui du rĂ©veilâ: « Ce que Proust veut dire avec le dĂ©placement expĂ©rimental des meubles dans le demi-sommeil du matin [âŠ], ce nâest rien dâautre que ce que nous devons Ă©tablir ici, au plan de lâhistoire, et collectivement. » En fait, Benjamin se rĂ©fĂšre explicitement Ă lâopposition, dĂ©veloppĂ©e par le psychanalyste autrichien Theodor Reik en 1935, entre mĂ©moire (das GedĂ€chtnis) et ressouvenir (die Erinnerung). Reik avait remarquĂ©: « La mĂ©moire a pour fonction de protĂ©ger les impressions, le ressouvenir vise Ă les dĂ©sintĂ©grer. La mĂ©moire est essentiellement conservatrice, le ressouvenir est destructeur. » Sâagissant dâun passage, le fait de se rĂ©veiller dâun rĂȘve instaure Ă la fois une rupture et une continuitĂ©. Cette transition entre les Ă©tats de rĂȘve et de veille est au centre de la pensĂ©e de Benjamin : « Il y a un savoir-non-encore-conscient de lâAutrefois (das Gewesene), un savoir dont lâavancement a, en fait, la structure du rĂ©veil. » Dans de nombreux textes de Benjamin, les appartements du XIXe et du XXe siĂšcle se prĂ©sentent apparemment comme des Ă©tuis formant des sortes de carapaces protectrices. Au cours de cette pĂ©riode, sâest donc imposĂ© le "logement " avec toutes les variĂ©tĂ©s de sens incluses dans la notion dâhabitation (das Wohnen) : « La forme originaire de toute habitation, câest la vie non dans une maison mais dans un boĂźtier (das GehĂ€use). Celui-ci porte lâempreinte de celui qui lâoccupe. Dans le cas tout Ă fait extrĂȘme, lâappartement devient un boĂźtier. Le XIXe siĂšcle a cherchĂ© plus que tout autre lâhabitation. Il a considĂ©rĂ© lâappartement comme un Ă©tui pour lâhomme; il a si profondĂ©ment encastrĂ© celui-ci dans lâappartement, avec tous accessoires, que lâon croirait voir lâintĂ©rieur dâune boĂźte Ă compas dans laquelle lâinstrument est logĂ© avec toutes ses piĂšces enfoncĂ©es dans profondes cavitĂ©s de velours le plus souvent violet. » Or faudrait-il conserver ces traces, entretenir pieusement ces empreintes ? SĂ»rement pas, car Benjamin, lecteur attentif du Manuel pour habitant des villes de son ami Bertolt Brecht, se souvient du refrain qui en scande les strophes: « Efface tes traces ! ». Devant cette accumulation de marques, il faudra inaugurer un instrument salutaire, qui est celui du « caractĂšre destructeur » : « Le caractĂšre destructeur est lâennemi de lâhomme en Ă©tui. Ce dernier cherche le confort, dont la coquille est la trace tapissĂ©e de velours quâil a imprimĂ©e sur le monde. » Par consĂ©quent, de tels Ă©crins protĂ©geant lâhabitant doivent ĂȘtre considĂ©rĂ©s dans la possibilitĂ© dâune transformation topologique de lâintĂ©rieur en un extĂ©rieur, lorsque la surface des gaines se mue en enveloppes. De prime abord, ce pur intĂ©rieur (das Interieur, dans le texte de Benjamin) apparait comme une capsule dĂ©fensive; toutefois, ce mĂȘme espace tend Ă ĂȘtre exposĂ©, et donc projetĂ© vers lâextĂ©rieur, comme le sont des marchandises
dans une vitrine ou des objets de collection dans un musĂ©e. Ce qui Ă©tait intĂ©rioritĂ© bourgeoise, un domaine oĂč rĂ©gnaient le calme, la sĂ©curitĂ© et lâintimitĂ©, un lieu endormi ou somnolent, dont lâassoupissement et lâatmosphĂšre font rĂ©fĂ©rence aux diverses significations de la notion de confort (die GemĂŒtlichkeit), cet intĂ©rieur se rĂ©veille soudainement pour se renverser en un dehors: « LâintĂ©rieur se porte vers lâextĂ©rieur, comme si le bourgeois Ă©tait Ă ce point assurĂ© de son indĂ©fectible aisance quâil dĂ©daignait la façade, pour dĂ©clarer: ma demeure, en quelque endroit que vous la coupiez, est façade. » Cette remarque permet dâinterprĂ©ter lâintĂ©rieur dans une situation de miroir, comme si lâintĂ©rieur et lâextĂ©rieur se reflĂ©taient rĂ©ciproquement. Une telle dualitĂ© spĂ©culaire peut ĂȘtre reprĂ©sentĂ©e par le regard, celui du Peintre de la vie moderne, pour reprendre le titre de lâouvrage que Charles Baudelaire consacre Ă Constantin Guys, ce « kalĂ©idoscope douĂ© de conscience », dont lâart est capable de faire percevoir le chatoiement de la foule bigarrĂ©e, « comme dans un immense rĂ©servoir dâĂ©lectricitĂ©. » Pour un tel peintre, sensible aux vibrations de la grande ville et capable de capter « lâĂ©tonnante harmonie de la vie dans les capitales [âŠ] », il faut « ĂȘtre hors de chez soi, et pourtant se sentir partout chez soi [âŠ]. » Le soir venu, « câest lâheure bizarre et douteuse oĂč les rideaux du ciel se ferment, oĂč les citĂ©s sâallument. Le gaz fait tache sur la pourpre du couchant. » Pour Baudelaire, la citĂ© est un immense intĂ©rieur, dont on peut clore les rideaux et allumer les luminaires pour la soirĂ©e. DĂšs lors, passĂ© le crĂ©puscule, il y a bien une incursion de lâextĂ©rioritĂ© mĂ©tropolitaine, qui envahit les espaces internes, ce qui entraĂźne deux effets concomitants : lâintĂ©rieur se mĂ©tamorphose en une façade, tandis que le passant se mue en un voyeur. « Celui qui regarde du dehors Ă travers une fenĂȘtre ouverte, ne voit jamais autant de choses que celui qui regarde une fenĂȘtre fermĂ©e. Il nâest pas dâobjet plus profond, plus mystĂ©rieux, plus fĂ©cond, plus tĂ©nĂ©breux, plus Ă©blouissant quâune fenĂȘtre Ă©clairĂ©e d'une chandelle. Ce quâon peut voir au soleil est toujours moins intĂ©ressant que ce qui se passe derriĂšre une vitre. Dans ce trou noir ou lumineux vit la vie, rĂȘve la vie, souffre la vie. » Pour le poĂšte de la "modernitĂ©" Ă lâaffut de la « beautĂ© particuliĂšre du mal », la fenĂȘtre entraperçue doit ĂȘtre apprĂ©hendĂ©e Ă la nuit tombĂ©e et de lâextĂ©rieur. Ă ce propos, Benjamin remarquait: « Pourquoi le regard quâon jette Ă travers des fenĂȘtres inconnues tombe-t-il toujours sur une famille en train de dĂ©jeuner ou sur un homme seul, assis Ă table sous la suspension, et occupĂ© Ă des choses mystĂ©rieusement futiles ? Un tel regard est la cellule germinale de lâĆuvre de Kafka. » Dans sa troublante extĂ©rioritĂ©, la fenĂȘtre encadre lâexistence anonyme et solitaire du citadin et offre une image poĂ©tique de ses souffrances muettes, une « allĂ©gorie » de sa solitude mĂ©lancolique. Fin de la partie 1, la suite dans CREE 378.
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Auteur : Sophie Trelcat
MatiĂšres grises CrĂ©e en 2002, lâagence Pezo von Ellrichshausen travaille aux confins de lâart et de lâarchitecture. Ćuvrant Ă part Ă©gale dans les deux disciplines et sans distinction, ou presque, elle a produit une collection de maisons comptant parmi les plus originales et remarquables de notre Ă©poque. Leur signature unique Ă©chappe Ă tout enfermement dans un style ainsi quâaux dictats de la technologie.
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Tous visuels courtesy Pezo von Ellrichshausen
CREE
PERSPECTIVES : GRAND ANGLE
Pezo von Ellrichshausen architectes
CREE
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PERSPECTIVES : GRAND ANGLE 80 / 81
ĂdifiĂ©e en 2005 sur la pĂ©ninsule de Coliumo au Chili, la casa Poli est en apparence un simple bloc de bĂ©ton brut, percĂ© de maniĂšre alĂ©atoire. Mis en scĂšne par une accroche spectaculaire Ă la falaise, ses cadrages rĂ©vĂšlent la profondeur de la mer et nâont rien Ă envier Ă ceux de la villa Malaparte, que filmait divinement Jean-Luc Godard dans Le mĂ©pris. Maison dâĂ©tĂ© et occasionnellement centre culturel, la particularitĂ© de la Casa Poli est de contenir tous les Ă©lĂ©ments de service tels que la cuisine, les salles de bains, les rangements et les escaliers dans un espace pĂ©riphĂ©rique Ă©pais dâun mĂštre ceinturant la construction. Cette idĂ©e originale permet de laisser libre le reste de lâhabitation comme le volume en triple hauteur et les autres piĂšces connectĂ©es les unes aux autres sans qu'il leur soit attribuĂ©e une fonction prĂ©cise. Ce paysage tellurique, façonnĂ© par les forces naturelles semble avoir lui-mĂȘme transformĂ© des phĂ©nomĂšnes locaux en expĂ©rience construite. Il nâen est rien. De la mĂȘme maniĂšre, il ne faut lire ici aucun retour Ă un rĂ©gionalisme critique, ni Ă la quelconque apparition dâune Ă©cole chilienne, alors quâavait disparu lâarchitecture dâauteur sous la dictature de Pinochet de 1973 Ă 1989. Depuis presque quinze annĂ©es, Mauricio Pezo et Sofia von Ellrichshausen - diplĂŽmĂ©s respectivement de lâuniversitĂ© de Santiago au Chili en 1998 et de celle de Buenos Aires en Argentine en 2002 - ont une production Ă lâesthĂ©tique personnelle trĂšs affirmĂ©e, loin de toute tendance.
1, 2, 3 et 4 Nida house, Navidad, Chile, 2016
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PERSPECTIVES : GRAND ANGLE
Guna house, San Pedro, Chile, 2014
Une construction mentale BasĂ©s sur des gĂ©omĂ©tries simples, leurs projets dĂ©gagent spontanĂ©ment des valeurs de durabilitĂ©. « Nous sommes intĂ©ressĂ©s par ce point de croisement, unique et dĂ©licat, entre lâintensitĂ© et lâinvention, entre le fait dâĂȘtre porteur de sens et aussi de sens commun » explique Mauricio Pezo. Ayant toujours ĆuvrĂ© conjointement dans les domaines de lâart et de lâarchitecture, la recherche spatiale est pour le duo dâabord une construction intellectuelle. Ils assument toutefois une diffĂ©renciation entre ces deux pratiques : « dans le cas dâun travail dâarchitecture, nous devons affronter une problĂ©matique donnĂ©e, dans le cas dâun travail artistique, cette derniĂšre est une invention autonome. Ce qui nous fascine, câest dâexplorer les possibilitĂ©s de transfert de cette dĂ©finition dâune discipline Ă lâautre » prĂ©cise Sofia von Ellrichshausen et « câest dans cette contradiction que rĂ©sident le pouvoir de lâarchitecture considĂ©rĂ©e du point de vue artistique et le potentiel de lâart, envisagĂ© comme architectonique » ajoute Mauricio Pezo.
CREE
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PERSPECTIVES : GRAND ANGLE CREE
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Dans un contexte urbain rĂ©sidentiel, Ă San Pedro au Chili (2002), la casa Gago destinĂ©e Ă un couple avec deux enfants prend Ă©galement la forme dâun simple parallĂ©lĂ©pipĂšde au plan carrĂ©, percĂ© irrĂ©guliĂšrement. Car, pour les architectes, la façade doit sâadapter Ă lâorganisation intĂ©rieure ; de plus, ils se sont affranchis de toute dĂ©pendance Ă un systĂšme constructif, davantage perçu comme une libĂ©ration et totalement au service de lâexpression spatiale. Ici, les piĂšces de la maison sont distribuĂ©es de maniĂšre directe depuis un de leur angle, coupĂ© par le passage dâun escalier hĂ©licoĂŻdal central. Fait de grossier bĂ©ton peint en blanc, laissant apparaĂźtre les agrĂ©gats, cet Ă©lĂ©ment porteur traverse la maison de haut en bas, sans palier. Les piĂšces se succĂšdent au fil de la montĂ©e, affichant des hauteurs sous plafond variables, et se situent par consĂ©quent Ă des niveaux diffĂ©rents. Il en rĂ©sulte un systĂšme sophistiquĂ© de mise en relation des espaces entre eux, tandis que lâemprise libĂ©rĂ©e sur la parcelle est en soi une critique des massives maisons bourgeoises alentours, dĂ©voreuses dâespace. Cette idĂ©e de la connexion inclue dans un tout est rĂ©currente chez Pezo von Ellrichshausen. De mĂȘme, ils explorent de multiples maniĂšres des systĂšmes de trames orthogonales. Ainsi de la casa Meri (2014) Ă
La Florida, proche de Santiago, dans laquelle se juxtaposent deux rangĂ©es de cinq piĂšces sans couloir de distribution. Seuls des blocs de mobilier intĂ©grĂ©s pour les salles de bains et la cuisine indiquent les possibilitĂ©s dâinvestissement des lieux. Cette question de la distribution dĂ©note un versant particuliĂšrement Ă©laborĂ© dans la casa Cien (2011) Ă Concepcion, oĂč vit et travaille le couple chilo-argentin. Prenant la forme dâun T inversĂ©, rĂ©alisĂ©e en bĂ©ton rugueux Ă©voquant la roche marine, elle accueille deux escaliers qui desservent indĂ©pendamment les fonctions atelier/bureau, en partie basse et haute de la construction et celles domestiques, au milieu. La toiture terrasse accessible sâenvisage, Ă lâinstar de tous les projets, comme une piĂšce supplĂ©mentaire Ă ciel ouvert. Ă Cretas, en Espagne, la casa Solo (2013) est une enfilade selon un anneau carrĂ© de piĂšces totalement ouvertes qui sâouvrent comme des balcons sur un vide central accueillant une piscine. Lâensemble surplombe un champs dâoliviers. La casa Guna (2014) Ă©difiĂ©e, Pointe LlacolĂ©n au Chili, sur un terrain en pente en bordure dâun lagon, compense le manque dâespace horizontal par un plateau central
Ă lâair libre, formĂ© par le dessus du socle de lâhabitation. Cette fois, un couloir placĂ© en premiĂšre couronne autour de cette salle extĂ©rieure distribue lâensemble des piĂšces, en porte-Ă -faux sur sa base de bĂ©ton sombre. Pour ces deux maisons, le principe structurel est le mĂȘme : les murs du patio carrĂ©, sâĂ©tendent sur leurs 4 cĂŽtĂ©s. Ils constituent alors des poutres Vierendeel depuis lesquelles le pĂ©rimĂštre habitable est suspendu. Dans leur toute derniĂšre livraison, la casa Nida (2016) Ă Navidad, la suspension est poussĂ©e Ă son paroxysme avec une gĂ©omĂ©trie exactement contraire Ă la gravitĂ© : les deux plateaux des niveaux supĂ©rieurs sâĂ©largissent par rapport Ă celui posĂ© au sol. Ainsi son dernier niveau, sans appui au sol visible depuis lâintĂ©rieur, se perçoit comme en totale lĂ©vitation avec la canopĂ©e pour vis-Ă -vis. Au fil des rĂ©alisations, la force de rĂ©flexion des architectes semble intarissable tant chaque projet donne lieu Ă une invention typologique, Ă mĂȘme dâintroduire de nouvelles maniĂšres de vivre. « Nous ne venons pas voir une Ćuvre dâart, mais le monde selon lâĆuvre dâart » Ă©crivait Merleau Ponty Ă propos de CĂ©zanne. Cette citation du philosophe trouve sa transposition parfaite dans les constructions de Pezo von Ellrichshausen.
7 et 8 Poli house, Coliumo, Chile, 2005
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PERSPECTIVES : FOCUS CREE Toutes photos courtesy Tato architects / KenĂą€™ichi Suzuki
Auteur : Sophie Trelcat
Maison Rokko Kobe Tato architectes
Sans limites ImplantĂ©e sur les hauteurs du mont Rokko Ă Kobe au Japon et surplombant lâimmensitĂ© du port, la maison dessinĂ©e par Yo Shimada, directeur de lâagence Tato, explore les relations de lâarchitecture Ă son environnement. Dâaspect fragile, elle prend la forme dâune boite transparente sur laquelle est posĂ©e une grange en tĂŽle ondulĂ©e. Le terrain dâaccueil du projet a nĂ©cessitĂ© une construction entiĂšrement manuelleâŠ
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PERSPECTIVES : FOCUS CREE
Comment lâarchitecture peut-elle intervenir dans des paysages dâexception ? Telle semble ĂȘtre la question partagĂ©e par les auteurs des maisons Rokko et SaLo, ancrĂ©es dans des sites â urbain et sauvage - aux qualitĂ©s totalement opposĂ©es. ImplantĂ©e sur un terrain particuliĂšrement pentu surplombant le port de Kobe, la maison Rokko, dessinĂ©e par Yo Shimada, directeur et fondateur de lâagence Tato en 1997, rĂ©pond Ă la commande dâun cĂ©libataire de quarante ans. Celui-ci souhaitait pour son habitation une partie publique oĂč il puisse bricoler sur ses vĂ©los, accueillir ses amis et jouer de la musique - et une autre, privĂ©e et sĂ©parĂ©e. La demande Ă©tait simple mais il souhaitait un lieu qui ne soit pas "trop dessinĂ©".
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PERSPECTIVES : FOCUS CREE
Brainstorming Ayant sĂ©journĂ© longuement et de nombreuses fois sur le site, Ă toutes les heures de la journĂ©e, une question prĂ©occupait Yo Shimada : « comment une architecture peut-elle ne pas impacter trop fortement un paysage tout en exploitant des vues magnifiquesâ? ». Par ailleurs se posaient des questions logistiques et techniques majeuresâ: le terrain pentu, long et Ă©troit, rendait impossible lâaccĂšs aux engins. Tout devait ĂȘtre rĂ©alisĂ© manuellement, y compris le terrassement. La maison est un simple assemblage simple de piĂšces dĂ©tachĂ©es ne dĂ©passant pas 100 kg chacune, apportĂ©es puis montĂ©es sur place par les ouvriers eux-mĂȘmes. Sâinspirant des granges Ă grain dâUkraine, des queenslanders australiennes, ces maisons sur pilotis ceinturĂ©es par une vĂ©randa extĂ©rieure, mais aussi des rĂ©servoirs surĂ©levĂ©s photographiĂ©s par Bernd et Hilla Becher, la maison se rĂ©sume Ă une construction mĂ©tallique avec un toit Ă deux pentes â une silhouette rĂ©pandue dans le quartier -, posĂ©e sur une boite entiĂšrement vitrĂ©e. Ces trois rĂ©fĂ©rences sont revendiquĂ©es par Yo Shimada, en particulier celle de la queenslander quâil a dĂ©jĂ utilisĂ©e dans dâautres projets mais en la rĂ©adaptant et la rĂ©interprĂ©tant Ă chaque fois.
Gracile beautĂ© La lĂ©gĂšretĂ© de la maison, structurĂ©e par un squelette mĂ©tallique fait de profilĂ©s en H de 100 x 100 mm, lui confĂšre une beautĂ© fragile notamment par la prĂ©sence de vides qui sont autant de mises en dangerâ: il en va ainsi des fines plaques mĂ©talliques de lâescalier Ă clairevoie et du garde-corps ceinturant lâĂ©tage, simple barre en acier galvanisĂ©. Ă travers ce projet, Yo Shimada a le sentiment dâĂȘtre parvenu Ă faire face Ă la particularitĂ© de cet environnement scĂ©nique oĂč lâarchitecture et les diffĂ©rentes maniĂšres dâhabiter dĂ©celables sur le territoire sâentremĂȘlentâŠ
MaĂźtre d'Ćuvre : Tato architects/ Yo Shimada MaĂźtrise d'ouvrage PrivĂ©e Surface du terrain : 295.31m2 RDC : 56.00m2 Total surface habitable : 94.50m2 Livraison : 2011
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PERSPECTIVES : FOCUS CREE
⊠ĂdifiĂ©e sur la Pointe San Lorenzo au Panama, la SaLo house met Ă profit le panorama sans jamais encombrer son territoire dâinsertion. Bien au contraire, la construction, ouverte et naturellement enchĂąssĂ©e dans la forĂȘt tropicale, permet de recrĂ©er un Ă©cosystĂšme dĂ©truit par lâagriculture. Lâarchitecte Patrick Dillon, auteur et propriĂ©taire de la maison souhaite en faire un cas dâĂ©cole environnemental.
Maison SaLo Panama Ensitu Patrick Dillon architecte
Toutes photos courtesy Fernando Alda
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PERSPECTIVES : FOCUS CREE
Lâesprit du lieu La maison SaLo Ă©difiĂ©e sur le plus vieux rocher du Panama, datant de 71 millions dâannĂ©es, sur la pointe San Lorenzo est une histoire au long cours. AprĂšs avoir aimĂ© habiter dans une mansarde parisienne, lâarchitecte et propriĂ©taire des lieux, Patrick Dillon sâĂ©tait mis Ă rĂȘver Ă un lieu sans limites. Architecte dans la ville de Panama, au sein de lâagence Ensitu, Patrick Dillon travaillait en 1997 Ă la construction dâun pont sur une riviĂšre. Il passait ses week-ends Ă surfer Ă cĂŽtĂ© de Santa Catalina, une commune proche. Face Ă la beautĂ© du paysage naturel, il imagina quâil pourrait y trouver un terrain pour bĂątir sa maison. Cinq annĂ©es furent nĂ©cessaires pour lâacquisition dâune parcelle dont la beautĂ© sauvage avait pour corollaire un accĂšs difficile. Conçue en osmose totale avec lâenvironnement et les conditions du site, la maison destinĂ©e Ă une famille, est rĂ©alisĂ©e avec des matĂ©riaux disponibles sur placeâ; agrĂ©gats de pierre et de sable pour fabriquer les sols en bĂ©ton et surtout, chutes de matĂ©riaux issus de la construction du pont menĂ©e par Patrick Dillon. Tout a Ă©tĂ© transportĂ© par bateau et apportĂ© Ă dos dâhomme ou Ă lâaide de chevaux. Dâune superficie de
250 m2, la maison prend la forme dâune large piĂšce commune rectangulaire. Ouvert sur ses 4 cĂŽtĂ©s, cet espace peut ĂȘtre transformĂ© et protĂ©gĂ© par des cloisons coulissantes en plaques de fibres de verre ondulĂ©e, glissant sur des rails mĂ©talliques qui en dĂ©limitent le pourtour. Une gigantesque toiture en tĂŽle ondulĂ©e, semblable Ă des ailes dâoiseaux dĂ©ployĂ©es dans le paysage protĂšge lâespace domestique. Ce dernier est prolongĂ© sur ses cĂŽtĂ©s par de larges decks en promontoires vertigineux sur le terrain, rendant perceptible lâĂ©preuve du vide. Ces terrasses sont rĂ©alisĂ©es en bois provenant de la dĂ©molition de maisons alentours. Renaissance dâun Ă©cosystĂšme De forme courbe, la toiture rĂ©cupĂšre lâeau de pluie dans une citerne⊠faisant par ailleurs office de piscine. Et câest ici lâaspect clef de la construction : celui de contribuer Ă reconstituer un Ă©cosystĂšme qui a Ă©tĂ© mis Ă mal par une agriculture destructrice. StimulĂ©es par la prĂ©sence de lâeau, de nouvelles plantations et arbres ont pris racine et plusieurs espĂšces animales en voie dâextinction sây sont installĂ©es. Des panneaux solaires chargent des batteries pour lâĂ©clairage et le fonctionnement
des Ă©quipements Ă©lectroniques comme les ordinateurs. « La nature a poussĂ© de maniĂšre gracieuse, tout comme le devrait lâarchitecture » en concluait Patrick Dillon. LâexpĂ©rience lui a donnĂ© lâenvie dâexploiter le site pour promouvoir des mĂ©thodes de construction durables. Il souhaite y convier des Ă©tudiants, architectes et scientifiques, de mĂȘme que la population locale pour des Ă©changes rĂ©ciproques. Fitzcarraldo de lâarchitecture MalgrĂ© toutes leurs diffĂ©rences, ces deux projets menĂ©s Ă bien et brillamment, grĂące Ă lâopiniĂątretĂ© de leurs auteurs, sortes de Fitzcarraldo modernes de lâarchitecture, convergent vers un idĂ©al commun : celui de sâimplanter de maniĂšre juste dans un territoire tout en traitant un programme domestique et en assurant une continuitĂ© de lâhistoire de lâarchitecture. Poussant Ă lâextrĂȘme le projet moderne de dĂ©matĂ©rialisation, toutes deux Ă©prouvent le vide et nous rappellent en cela la fragilitĂ© de la vie.
MaĂźtre d'Ćuvre et maĂźtre d'ouvrage : Ensitu Patrick Dillon Superficie : 250 m2 Livraison : 2015
96 / 97 Auteur : Sophie Trelcat
Casa Tobogan Madrid Z4Z4 AAA Rafael Beneytez Duran architecte
CREE
PERSPECTIVES : VERSUS
MĂ©lange de genres Cloud House Fitzroy North Robert mac Bride and Debbie Ryan architectes RĂ©alisĂ©es dans des zones gĂ©ographiques aux antipodes, la Casa Tobogan dans la banlieue de Madrid (Espagne) et la Cloud House, Ă cĂŽtĂ© de Melbourne (Australie), sont deux maisons familiales dĂ©clinant la forme hautement symbolique du cercle. Toutes deux sont des exemples dâhabitations hybrides proposant plusieurs univers au sein dâune mĂȘme entitĂ©.
Visuels courtesy John Gollings photograph
Visuels courtesy Z4Z4 AAA / ImagenSubliminal (Miguel de GuzmĂĄn - RocĂo Romero)
CREE
PERSPECTIVES : VERSUS 98 / 99
Casa Tobogan MaĂźtre dâĆuvre : Z4Z4 AAA, Rafael Beneytez Duran Eclairage : Ilumisa, Rafael Beneytez, VĂctor Cano (z4z4) Paysagiste : MartĂn Toimil (Land30) Superficie : 512 m2 Livraison : 2015
Quelle est la signification des projets dâarchitecture dessinĂ©s Ă partir dâĂ©lĂ©ments archĂ©typaux et rĂ©interprĂ©tĂ©s de façon contemporaine ? Telle est une des questions soulevĂ©e par la Casa Tobogan et la Cloud House, deux lieux de rĂ©sidence pour des familles, dont les formes audacieuses et les techniques constructives qui les sous-tendent se prĂȘtent Ă des interprĂ©tations multiples. ImplantĂ©e dans une zone rĂ©sidentielle de la banlieue madrilĂšne, la Casa Tobogan tire son nom de son terrain dâimplantation en pente et rĂ©pond aux multiples souhaits dâune famille composĂ©e dâun couple avec trois enfants. Non conventionnelle et ayant connu lâexpĂ©rience des grands voyages, la famille dĂ©sirait une habitation Ă mĂȘme dâincarner les divers scĂ©narios de leur vie domestique, de reprĂ©senter leurs dĂ©placements dans le monde entier et de traduire leur dĂ©sir de vivre dans un jardin. Toutes ces demandes ont Ă©tĂ© prises en compte par les architectes de lâagence Z4Z4AAA Ă travers deux maisons juxtaposĂ©es et sĂ©parĂ©es par un vide de la hauteur dâun niveau. Mettant en scĂšne de maniĂšre visible les dĂ©placements entre les deux parties dâhabitation, cet espace central quasi vide mais pourtant majeur, assure le lien de lâensembleâ; il sert dâentrĂ©e et de parking tout en jouant le rĂŽle de rĂ©gulateur thermique.
Underground La partie basse de la rĂ©sidence est encaissĂ©e dans le sol et elle est constituĂ©e de deux boĂźtes de bĂ©ton parallĂšles dont les grands cĂŽtĂ©s sont des parois de verre. SĂ©parĂ©s par un patio, ces volumes sont cadrĂ©s par deux jardins aux atmosphĂšres opposĂ©es : au sud, une grande pelouse face Ă la piscine symbolise le bien-ĂȘtre. Au nord, les roches et la vĂ©gĂ©tation sauvage, Ă©voquent les jardins en friche et renvoient Ă©ventuellement aux parts plus sombres de chaque ĂȘtre humain. Contenant les espaces de sĂ©jours collectifs et la cuisine, ce niveau accueille les activitĂ©s les plus quotidiennes. Au-dessus, en lĂ©vitation sur ses pattes dâacier, la partie privĂ©e toute en lĂ©gĂšretĂ©, adopte une forme et une matĂ©rialitĂ© totalement diffĂ©rentes. Son plan est fait de trois larges cercles dont lâenchainement des uns avec les autres rappelle un mĂ©canisme dâhorloge.
Un profil de nuage Com me son nom lâindique, la Clou d House Ă Fitzroy North, une commune Ă 4 km de Melbourne, utilise lâassociation de plusieurs cercles pour former un nuage, perceptible en volume. De taille nettement plus modeste, la construction de plan rectangulaire est lâextension dâune maison classique edwardienne du dĂ©but du siĂšcle dernier. Depuis la rue, rien ne laisse prĂ©sager la surprise provoquĂ©e par le nouvel Ă©difice plantĂ© Ă lâarriĂšre dans le jardin. Le propriĂ©taire ne souhaitait pas perturber le caractĂšre historique du quartier ni celui de la maison dâorigine. Remis Ă neuf, lâintĂ©rieur de cette derniĂšre est simplement repeint en blanc. Seul, le sol du couloir, recouvert dâune moquette pop aux motifs
fleuris vivement colorĂ©s, perceptible dĂšs l'ouverture de la porte, annonce une habitation peu commune. AtmosphĂšre pop Un premier volume carrĂ©, contenant la cuisine, prolonge la maison historique. TraitĂ© comme un gigantesque mobilier, cet Ă©lĂ©ment en bois peint en rouge vif est le pivot de lâensemble. En effet, il assure la jonction avec le nuage qui accueille la grande piĂšce principale de la maison. Cette derniĂšre est donc constituĂ©e de trois sĂ©quences successives dĂ©bouchant sur un deck semi couvert face Ă la piscine. Ce volume dont la structure allie lâacier et le bois est habillĂ© intĂ©rieurement de longues lattes en gommier, un bois australien de construction particuliĂšrement dur. Le matĂ©riau recouvre de maniĂšre continue le sol, les murs et les plafonds arrondis du nuage ce qui lui apporte son aspect unitaire. Du point de vue structurel, le volume reprend le systĂšme constructif classique dâune voĂ»te en berceau. Ă lâextĂ©rieur, il est habillĂ© de tĂŽle ondulĂ©e. Depuis la rue jusquâĂ la piscine, lâhabitation propose donc des univers diffĂ©renciĂ©s et chaleureux. Des dĂ©ambulations dans la longueur sont possibles depuis les espaces intĂ©rieurs ou en empruntant les chemins extĂ©rieurs de chaque cĂŽtĂ© de la maison. Pour la famille commanditaire du projet, le nuage est un symbole protecteur et de convivialitĂ© et la place centrale accordĂ©e Ă la cuisine est autant dâinvitation Ă recevoir et partager. Proposant des univers typĂ©s et des modes de vie adaptĂ©s Ă chaque famille, les deux rĂ©alisations montrent combien lâunivers privĂ© de la maison rend possible lâexpĂ©rimentation formelle et que cette derniĂšre fait sens. Lâune verse dans le postmoderne, lâautre effleure le postmodernisme, mais toutes deux sont pĂ©tries dâhumour, un trait faisant parfois cruellement dĂ©faut dans le domaine de lâarchitecture.
Photos courtesy Z4Z4 AAA / John Gollings
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PERSPECTIVES : VERSUS CREE
Des interprĂ©tations Les interprĂ©tations sont multiples : les cercles en engrenage semblent s'animer d'un mouvement perpĂ©tuel. Ils peuvent aussi bien ĂȘtre associĂ©s Ă lâesprit de nomadisme, Ă©voquant la yourte ou le chapiteau. Ils sâaffichent alors en opposition vis-Ă -vis des volumes rectangulaires du rez-de-chaussĂ©e, lesquels imposent par leur forme des directions cardinales et des repĂšres. De mĂȘme, cette figure ronde Ă©voque encore lâidĂ©e de rassemblement ou de la convivialitĂ©. TraitĂ© de maniĂšre Ă©vanescente voire cĂ©leste, avec ses habillages de verre, de mĂ©tal ondulant perforĂ© et dâacier inox miroir, ce niveau flottant dĂ©voile clairement sa structure dâacier portĂ©e par les dalles et poteaux de bĂ©ton de lâĂ©tage enfoui. Pour les architectes, il sâagissait Ă travers cette rĂ©alisation de questionner la logique porteuse en architecture, de maniĂšre justement Ă Ă©viter dâenvisager la gravitĂ© comme une forme dâarchitecture. Dans la Casa Tobogan, la structure et la recherche de la lĂ©gĂšretĂ© deviennent une matiĂšre Ă penser sans jamais perdre de vue une organisation domestique singuliĂšre Ă organiser en parallĂšle.
Cloud house MaĂźtre dâĆuvre : Robert McBride and Debbie Ryan Superficie de lâextension : 70 m2 Superficie totale : 220 m2 Livraison : 2012
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Le bon sauvage Ă Monterrey
CREE
PERSPECTIVES : GRAND ANGLE
Auteur : Sophie Trelcat
Casa del Bosque San Pedro Garza GarcĂa Tatiana Bilbao architecte
Tous visuels courtesy Tatania Bilbao © Rory Gardiner
ImplantĂ©e dans une zone de forĂȘt tropicale, dense et pentue, en pĂ©riphĂ©rie de la grande ville de Monterrey au Mexique, la Casa del Bosque envisage le programme domestique dâune façon pour le moins singuliĂšre : Ă©clatĂ©e en trois volumes indĂ©pendants dispersĂ©s sur le terrain, lâhabitation est une confrontation permanente entre lâĂ©tat sauvage et celui civilisĂ©.
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PERSPECTIVES : GRAND ANGLE
Storytelling, le livre de Christian Salmon publiĂ© en 2008, montrait combien lâĂ©poque aime les histoires. Lâarchitecture, rompue Ă la communication, nâa pas Ă©chappĂ© au syndrome : faire acte dâarchitecture câest « raconter une histoire ». Cela fait sens Ă condition de viser au delĂ de la seule dĂ©marche marketing. La Casa del Bosque, dessinĂ©e par lâarchitecte Tatiana Bilbao, est un exemple probant des possibilitĂ©s narratives de lâarchitecture. Le site du projet se trouve en pleine forĂȘt tropicaleâ; câest cependant une zone rĂ©sidentielle, toute proche de la ville de Monterrey, dans le centre ouest du Mexique. Corps Ă corps avec le site De caractĂšre sauvage, la vĂ©gĂ©tation forme une Ă©paisse couche dâarbres et de bosquets. La cliente souhaitait faire bĂątir sur ce vaste terrain montagneux, une maison de week-end pour sa famille. Sa demande Ă©tait conciseâ: faire coexister le projet avec le site. Tatiana Bilbao, qui sâest fait remarquer en France en obtenant le Global Award for Sustainable Architecture en 2014, mĂšne une recherche permanente sur une architecture Ă mĂȘme dâouvrir de nouveaux dĂ©veloppements Ă©conomiques et culturels et de questionner le capitalisme global. MissionnĂ©e sur le projet, elle a proposĂ© une fragmentation des fonctions domestiques au sein de trois diffĂ©rents volumes, occupant chacun une partie du site. MalgrĂ© la dispersion, une rigueur et une unitĂ© dâensemble sont perceptibles dans lâimplantation. Un pĂ©rimĂštre carrĂ© virtuel en constitue le cadre et les Ă©lĂ©ments bĂątis en occupent trois angles. Ces dispositions accueillent respectivement les parties collectives avec sĂ©jour et cuisine, puis deux autres privĂ©es, avec la chambre des parents et celle des enfants ou des amis.
CREE
Le bon sauvage Proposant une pratique de lâespace domestique hors du commun et surtout proche de la nature, le passage de lâune Ă lâautre des parties de la maison se fait en passant dans la forĂȘt. Ainsi les habitants passent en permanence de lâĂ©tat sauvage Ă celui civilisĂ©, hyper connectĂ©, bĂ©nĂ©ficiant de toutes les commoditĂ©s dans les zones de domesticitĂ© protĂ©gĂ©es. La prise en compte du site est totaleâ: les choix dâimplantation dans les parties les moins plantĂ©es ont Ă©tĂ© dĂ©terminĂ©s de maniĂšre Ă Ă©pargner la vĂ©gĂ©tation. De mĂȘme, les matĂ©riaux employĂ©s se fondent totalement avec la nature sans jamais sombrer dans un quelconque mimĂ©tisme.
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PERSPECTIVES : GRAND ANGLE CREE
Une maison camĂ©lĂ©on La zone consacrĂ©e Ă lâespace social est placĂ©e au niveau le plus plat du terrain. Câest un simple volume avec une toiture Ă deux pentes. StructurĂ©e de mĂ©tal, cette premiĂšre maison a la particularitĂ© dâĂȘtre habillĂ©e dâune paroi de verre double dont la partie extĂ©rieure est en miroir. Dans le site, ce matĂ©riau simple produit un effet dĂ©multipliĂ© : de jour les reflets des arbres dans les miroirs la font disparaĂźtre, tel un camĂ©lĂ©on prenant la couleur de son support, et seule apparaĂźt la plate-forme de la terrasse dâaccĂšs en terre rouge. La nuit, la maison Ă©clairĂ©e, irradie comme un feu dans la forĂȘt. De grandes portes ouvrent largement le sĂ©jour sur le terre-plein, comme une invitation Ă la contemplation depuis le canapĂ©â; lâhabitation devient un pavillon dâobservation de la forĂȘt tropicale. Habitat troglodyte En contrebas, les deux chambres et salles de bains, sont contenues dans un parallĂ©lĂ©pipĂšde qui est, par contraste, enfoui dans la pente. RĂ©alisĂ©e en terre rouge, un matĂ©riau traditionnel des pays tropicaux, elle prend, par sa texture et son implantation, lâallure
dâun habitat troglodyte. Les espaces dans la pente sont mis Ă profit pour des rangements. Quant au troisiĂšme volume, qui sera la prochaine Ă©tape du projet, il sera surĂ©levĂ© sur pilotis. Concernant les deux rĂ©alisations achevĂ©es, le travail sur la matiĂšre est trĂšs prĂ©sentâ: la tuile en terre cuite dite Canal, traditionnelle au Mexique, est utilisĂ©e mais son profil en accent circonflexe a Ă©tĂ© spĂ©cialement dessinĂ© pour la maison. De plus, dĂ©clinĂ©e de maniĂšres diffĂ©rentes, elle en explore les diverses possibilitĂ©s structurelles. Dans lâhabitation des enfants, les tuiles, protĂ©gĂ©es par un vernis mat contre lâhumiditĂ©, habillent les murs des salles de bains. TraversĂ©es par des tiges mĂ©talliques structurelles, puis assemblĂ©es avec du bĂ©ton, elles deviennent murs porteurs. Dans lâespace collectif, elles adoptent un statut ornemental et sont montĂ©es en claustras, plus ou moins ouverts, pour sĂ©parer sans occulter la lumiĂšre et pour laisser lâair circuler. Ă lâextĂ©rieur, elles stabilisent les terrasses. Dans chacune des configurations, leurs creux sont remplis dâune couche de terre, prĂ©levĂ©e sur le site, plus ou moins profonde qui en constitue la finition extĂ©rieure visible.
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PERSPECTIVES : GRAND ANGLE
MaĂźtrise dâouvrage : PrivĂ©e MaĂźtre dâĆuvre : Tatiana Bilbao, Mexico Superficie totale : 480 m2 Livraison : 2016, en cours
Un ascĂ©tisme volontaire Dans les chambres, des contreplaquĂ©s bruts recouvrent les plafonds. La rĂ©union de ces matiĂšres et le traitement des dĂ©tails traduisent un ascĂ©tisme volontaire bien que le dessin et la mise en Ćuvre particuliĂšre de chaque Ă©lĂ©ment relĂšvent dâun luxe raffinĂ©. Architecte remarquĂ©e Ă la derniĂšre biennale de Chicago par un projet dâhabitat abordable Ă 7500 euros, Tatiana Bilbao tĂ©moignait de ce mĂȘme souci du dĂ©tail soignĂ© et du plan Ă©laborĂ©. Ă Monterrey, la Casa del Bosque rĂ©sout Ă merveille lâĂ©quation nature et culture. Cette rĂ©alisation montre par ailleurs que des idĂ©es fortes sur lâarchitecture peuvent se formaliser Ă lâaide de gĂ©omĂ©tries trĂšs simples. En lâoccurrence, le travail dâanalyse topographique poussĂ©e favorise la simplicitĂ© des volumes et lâarchitecture est servie par l'extraordinaire exploitation des matĂ©riaux. Un choix dâĂ©vidence.
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Leçon dâĂ©quilibre
Collage architectural et fonctionnel adoptant une Ă©criture brutaliste coordonnĂ©e Ă lâatmosphĂšre urbaine Paulista, le projet de lâagence PAX.ARQ oppose Ă de multiples contraintes un Ă©nigmatique voile de bĂ©ton inclinĂ©â; un Ă©lĂ©ment qui transforme le bĂątiment en sculpture contemporaine industrielle.
Tous visuels courtesy Pax.ARQ ©Bruno Candiotto
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PERSPECTIVES : FOCUS
Auteur : Amélie Luquain
LA CASA OFICINA SĂÂŁo Paulo PAX.ARQ architecte
PERSPECTIVES : FOCUS
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Campant hardiment sur un coin de rue du quartier de Pinheiros Ă SĂŁo Paulo (BrĂ©sil), ce bĂątiment aux allures minimalistes dĂ©ployant une composition gĂ©omĂ©trique tendue a Ă©tĂ© conçu pour la sociĂ©tĂ© Tecnomec, une entreprise qui enseigne et pratique la mĂ©canique automobile. Occupant un terrain de 260 m2, lâĂ©difice rĂ©partit diffĂ©rentes fonctions sur trois niveauxâ: un garage automobile au rezde-chaussĂ©e, comportant une partie lavage et une salle de dynamomĂštre pour lâessai des vĂ©hicules. Sây superpose une Ă©cole privĂ©e au premier Ă©tage, qui comprend salle de classe, service, et bureau dâaccueil. Enfin, on retrouve au dernier niveau lâappartement du propriĂ©taire du garage et de lâĂ©cole, dans un programme mixte qui rĂ©invente, de fait, la notion de travail Ă domicileâ; Ă moins quâil ne rĂ©actualise la typologie classique du logement au-dessus du garage. Chaque niveau se singularise par sa matĂ©rialitĂ© et sa volumĂ©trie, habillĂ© du bas vers le haut par des persiennes en aluminium, du bĂ©ton banchĂ© ou des caillebotis. AssociĂ©s aux balustrades en plaques dâaluminium, les matĂ©riaux dessinent une peau monochrome grise et neutre. Lâapproche minimaliste se prolonge Ă lâintĂ©rieur, oĂč les carreaux de sol gris lumineux se juxtaposent habilement au bois chaud de lâescalier droit, parfois dĂ©couvert, parfois enserrĂ© entre deux murs de bĂ©ton.
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MaĂźtre d'ouvrage : Tecnomec MaĂźtre d'Ćuvre : PAX.ARQ Structure : Telecki Arquitetura de Projetos Paysagiste : Marcel Steiner Installations (ElectricitĂ©, Climatisation, Fluides) : Grau Engenharia Maçonnerie : SBN Engenharia ConstruçÔes e Acabamentos
Consultant pour les sols : Apoio Assessoria e Projetos de FundaçÔes Menuiseries métalliques : Montart Esquadrias Metålicas Acoustique : SPR Divisórias Articuladas LumiÚre : Reka Surface du terrain : 260m2 Livraison : 2015
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PERSPECTIVES : FOCUS CREE
ĂlĂ©ment capable Le bĂ©ton est un Ă©lĂ©ment essentiel du projet, non seulement parce quâil est utilisĂ© en structure mais surtout parce quâil forme un voile inclinĂ© en façade ouest. ConfĂ©rant une identitĂ© forte au projet, cet "Ă©lĂ©ment capable" est façonnĂ© par ce que Lina Bo Bardi appelle les substances, câest-Ă -dire les matĂ©riaux que sont notamment lâair et la lumiĂšre, et remplit diffĂ©rentes fonctions. Dâune part, son pan inclinĂ© crĂ©e une limite visuelle entre les domaines publics et privĂ©s, tout en protĂ©geant la salle de classe de la lumiĂšre directe forte. Dâautre part, il favorise la ventilation naturelle, gĂ©nĂ©rant une circulation dâair entre lâarriĂšre de la parcelle et la rue. Enfin, il protĂšge aussi de la pollution sonore, attĂ©nuant les bruits de la circulation. PlutĂŽt que de se fondre dans le contexte - un quartier en devenir Ă lâemplacement dâune forĂȘt de pins dense -, lâensemble compose un point focal sculptural. Redents, renfoncements et creux modĂšlent la volumĂ©trie de la construction. Par endroit, la façade se place en retrait, libĂ©rant des terrasses extĂ©rieures, Ă dâautres, elle est en porte-Ă -faux, abritant un espace urbain qui favorise les rencontres. Manifestation primitive de ce quâune construction peut dire, la Casa Oficina, sous ses dehors brutalistes, accueille « lâimprĂ©visibilitĂ© de lâoccupation humaine, permettant la subversion des conceptions initiales du projet »â; un sujet cher aux architectes.
Photos courtesy Repossi / Cyrille Weiner
matiÚres réfléchies
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6 aménagements pour APC Laurent Deroo architecte
Entretien avec : Laurent Deroo Auteur : Olivier Namias
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SchĂŒco DR
FIGURE DISCRĂTE DE LA SCĂNE ARCHITECTURALE, LAURENT DEROO A RĂALISĂ EN 15 ANS DE NOMBREUSES BOUTIQUES POUR LA MARQUE APC. CETTE COLLABORATION AU LONG COURS LUI A PERMIS DE DEVELOPPER UNE APPROCHE PROJECTUELLE ORIGINALE, QUâIL A APPLIQUĂE Ă DâAUTRES PROGRAMMES. LâARCHITECTE, QUI FUT DANS UNE PREMIĂRE VIE DĂCORATEUR DE CINĂMA, REVIENT SUR SON TRAVAIL DANS LâARCHITECTURE COMMERCIALE ET LES RESSORTS PARTICULIER QUI LE SOUS-TENDENT.
© Taiyo Watanabe
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MATIĂRES RĂFLĂCHIES : INTERVIEW
ĂLĂGANCE FRUGALE
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1, 2, 3, 4 et 5 APC Melrose Place, Los Angeles
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Tous visuels ©Taiyo Watanabe
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MATIĂRES RĂFLĂCHIES : INTERVIEW
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CREEâVous avez travaillĂ© dix ans dans la conception de dĂ©cors pour le cinĂ©ma et depuis 2000 vous ĂȘtes revenu Ă lâarchitecture et Ă la conception dâappartements, de maisons, mais surtout de boutiques. Voyez-vous des liens entre ces deux univers, ou sont-ils totalement sĂ©parĂ©sâ? Laurent DerooâJe conçois mes projets de boutiques comme un architecte, non comme un dĂ©corateur de cinĂ©ma ou un designer, mĂȘme si mon expĂ©rience du cinĂ©ma transparaĂźt toujours. Dans le fond, quelle est la finalitĂ© dâun dĂ©corâde film ? Câest de raconter quelque chose des personnages, traduire des caractĂšres et des ambiances en mettant des Ă©lĂ©ments en perspective, avec pour outils, le choix des textures, des couleurs, des transparences ou des embrasures qui masquent ou dĂ©couvrent des parties de lâespace montrĂ©... Autant de notions que je mets au service du projet dâarchitecture, au travers de sĂ©quences de mouvement, de travellings, de plongĂ©es et contre-plongĂ©es, et ce, dĂšs le premier croquis. Jâessaye de mâimaginer Ă la place du client, de comprendre comment il parcourrait un lieu, comment il en sortirait. Je suis trĂšs soucieux dâĂ©liminer les configurations en cul-de-sac, trop souvent prĂ©sentes dans lâarchitecture commerciale, car jâestime quâelles vont Ă lâencontre de la fluiditĂ© de l'espace et des corps. Je veux faire en sorte que lâon ne dĂ©couvre pas tous les aspects d'un lieu au premier coup dâĆil. Jâai tendance Ă fractionner les boutiques en sĂ©quences, ce qui mâa conduit Ă recourir aux contrastes : contrastes de matĂ©riaux, de volumes, de luminositĂ©, une stratĂ©gie toujours efficace lorsque cherche Ă basculer dâune sĂ©quence Ă une autre, somme toute une forme assez proche du montage cinĂ©matographique.
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Pour ma part, lâimperfection mâattire beaucoup. Pour revenir au cinĂ©ma, jâai toujours trouvĂ© un grand intĂ©rĂȘt aux envers du dĂ©cor, aux structures bois des chĂąssis, qui lorsquâelles sont bien rĂ©alisĂ©es, deviennent beaucoup plus parlantes que le dĂ©cor lui-mĂȘme. Jâai transposĂ© ça trĂšs tĂŽt dans mon travail dâarchitece dans plusieurs projets de boutiques APC, Ă Harajuku, au Japon, SĂ©oul, etc. Montrer le dos, lâossature, donne lâopportunitĂ© dâune matĂ©rialitĂ©.
6 APC Harajuku, Tokyo â7 APC Paris Royale ââ8 APC Sydney
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CREE
MATIĂRES RĂFLĂCHIES : INTERVIEW
CREEâLes dĂ©cors de cinĂ©ma comportent une dimension factice, de simulacre, qui a pu ĂȘtre critiquĂ©e par Koolhaas. Comment passe-t-on du faux, du temporaire, Ă lâunivers plus pĂ©renne de lâarchitecture, oĂč aucun accessoiriste ne viendra rĂ©parer la patĂšre qui se dĂ©croche, la porte malmenĂ©e par un usagerâ? L.D.âJâai surtout collaborĂ© avec des rĂ©alisateurs qui avaient des dĂ©marches dâauteurs, recherchant des univers esthĂ©tiques singuliers. La question nâĂ©tait pas de savoir si telle tasse ou dĂ©cors seraient jolis Ă lâimage mais plutĂŽt si la sensation exprimĂ©e par lâespace ou lâobjet correspondait Ă lâatmosphĂšre de la sĂ©quence. JâĂ©voluais avec une approche un peu abstraite et peu exploitĂ©e du dĂ©cor comme personnage, tenant plus de lâart contemporain que du parc dâattractions, de la reconstitution historique et ses faux boulons ou lâimitation de rouille trĂšs valorisĂ©s dans le cinĂ©ma français, qui sâintĂ©resse trĂšs peu Ă la reprĂ©sentation de lâespace dĂšs quâelle ne touche pas Ă la reconstitution historique.
© Courtesy LDA
© Terence Chin
© Olivier Placet
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CREEâPourriez-vous dĂ©velopper cette notionâ? L.D.âCette problĂ©matique de la matĂ©rialitĂ© ne concerne pas que lâamĂ©nagement de mes projets de boutiques. Elle me paraĂźt centrale dans la question des projets et des façades contemporaines, dont la peau peut parfois ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme des dĂ©cors. Pour redonner de la substance Ă ces parois qui tendent vers lâĂ©vanescence et lâimmatĂ©rialitĂ©, on rapporte des Ă©lĂ©ments , des double ou triple peaux, censĂ©s rĂ©introduire une certaine forme de matĂ©rialitĂ©, alors que celle-ci rĂ©side intrinsĂ©quement dans ce qui est en arriĂšre-plan, dans ce qui porte, ce qui soutient, dans la texture de ce qui nâest pas considĂ©rĂ© comme noble. Câest une idĂ©e difficile Ă transmettre, que dâenvisager que la matĂ©rialitĂ© puisse rĂ©sider dans les choses non nobles, dans la prĂ©sence physique des Ă©lĂ©ments. Plus on interpose de filtres entre nous et les choses, plus on sâen Ă©loigne. Dans mes projets, je cherche Ă Ă©viter les artifices en restant ambitieux sur la prĂ©sence des choses, des espaces, des matiĂšres. Câest une façon dâexprimer des valeurs et des qualitĂ©s morales Ă travers le projet, une maniĂšre de sâinscrire dans un mouvement de remise en question de lâimmatĂ©rialitĂ© quâon perçoit aussi Ă travers mon intĂ©rĂȘt pour les matĂ©riaux massifs et donc, durables.
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CREEâLe soin apportĂ© Ă vos projets semble Ă mille lieues de cette âscĂ©nographie de lâimperfectionâ que vous revendiquez. L.D.âJe ne me situe pas dans lâesthĂ©tique du bricolage et cela ne mâempĂȘche pas de voir partout des imperfections dans mes projets livrĂ©sâ! Mon abĂ©cĂ©daire projectuel est trĂšs rĂ©duit. Je conçois les objets et les espaces en les pliant, en les assemblant, en les rapprochant les uns des autres Ă travers des registres dâopposition : le minĂ©ral et le bois, le lourd et le lĂ©ger, le rugueux et le lisse, etc. Ces dichotomies peuvent paraĂźtre trĂšs basiques, elles sont opĂ©rantes dans un contexte oĂč la qualitĂ© de rĂ©alisation et les savoir-faire sont de plus en plus faibles. Faire un assemblage de bois aujourdâhui est un vĂ©ritable enjeu : il faut trouver le menuisier qui saura lâexĂ©cuter sans basculer dans le maniĂ©risme de lâartisanat dâart. Les artisans dâart conservent un savoir-faire mais gardent des a priori esthĂ©tiques liĂ©s Ă une culture de la reproduction, du faux, et sâintĂ©ressent rarement Ă nos demandes dâassemblages contemporains mais trĂšs bien exĂ©cutĂ©s. Trouver lâinterlocuteur correspondant Ă votre niveau dâexigence sans verser dans la piĂšce unique ou lâĆuvre dâart Ă©tant trĂšs compliquĂ©, jâai choisi de me concentrer sur des Ă©lĂ©ments basiques que lâon met vraiment en scĂšne. Puisquâon met de
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MATIĂRES RĂFLĂCHIES : INTERVIEW
lâĂ©nergie dans une fabrication - un plafond, une paroi, un prĂ©sentoir - autant la montrer : câest en cela que je qualifie mon approche de low cost. Jâessaye de mesurer lâĂ©nergie que lâon va dĂ©ployer, de choisir les endroits oĂč lâon met la matiĂšre grise, oĂč lâon met du travail dâartisan ou de constructeur... Câest cette matĂ©rialitĂ© lĂ que jâexpose - sans verser dans le constructivisme annĂ©e 80 - ni le culte du high tech du boulon. Lorsque lâon dĂ©veloppe une mĂ©canique particuliĂšre pour un portant, ce nâest pas seulement pour magnifier un assemblage mais avant tout pour transformer de espace. CREEâPeut-on vraiment, au sujet de votre travail avec APC, parler dâune dĂ©marche low costâ? L.DâQue ce soit au cinĂ©ma ou avec APC, jâai toujours commencĂ© avec de tous petits budgets, ce qui mâa conduit Ă dĂ©velopper un grand intĂ©rĂȘt pour lâĂ©conomie du projet. Pour APC, les budgets et les ambitions ont grandi avec le client. Les budgets sont devenus plus confortables tout en restant trĂšs en dessous de ce qui se fait ailleurs dans la mode, oĂč lâon assiste Ă une surenchĂšre des coĂ»ts. Des entitĂ©s comme LVMH ou Kering, pour ne citer qu'elles, mobilisent des budgets auxquels je nâaccĂ©derai jamais. Il faut que je propose une autre philosophie de lâarchitecture commerciale et jâai eu la chance de pouvoir la dĂ©velopper avec un interlocuteur comme Jean Touitou dâAPC, pour lequel jâai aussi rĂ©alisĂ© plusieurs projets Ă vocation rĂ©sidentielle et tertiaire. Avec APC, jâai eu la chance quâon me demande progressivement de participer Ă lâĂ©volution de lâidentitĂ© de la marque, de remplir un rĂŽle de directeur artistique dĂ©passant largement les problĂ©matiques esthĂ©tiques ou fonctionnelles sur la disposition dâĂ©tagĂšres ou de portants.
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9 Ă 13 APC Downtown Los Angeles
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Photos © Taiyo Watanabe
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CREEâQuâest-ce quâa permis de dĂ©velopper cette relation privilĂ©giĂ©e avec ce client, pour lequel vous avez rĂ©alisĂ© prĂšs de 80 projetsâ? L.D.âDâabord la confiance rĂ©ciproque sur la durĂ©e. Ensuite mon travail pour APC va Ă rebours des usages en vigueur dans lâarchitecture commerciale. Dâabord, je suis impliquĂ© dans le projet dĂšs le choix d'une boutique, d'un emplacement et je peux mĂȘme donner un avis nĂ©gatif sur lâachat dâun local dans lequel je sens que lâon nâarrivera pas Ă exprimer lâidentitĂ© de la marque par lâarchitecture. Ensuite, nous nâavons dĂ©cidĂ© trĂšs tĂŽt quâil nây aurait pas de concept, ce qui revenait Ă se tirer une balle dans le pied Ă chaque nouveau projet mais Ă permis de faire Ă©voluer progressivement lâidentitĂ© architectecturale de la marque, sans heurt. Au niveau de la temporalitĂ©, vous Ă©voquiez des temps de chantier de deux mois, je demande pour ma part Ă ce quâon me laisse trois mois dâĂ©tudes, ce qui est beaucoup pour une simple boutique, certains projets plus ambitieux demandant plus de temps. Nous tenons Ă ne pas Ă©tirer le temps de conception, par souci pour notre commanditaire qui doit aussi diffuser des collections et doit donc faire face Ă des enjeux financiers. Nous savons aussi quâun projet qui sâĂ©ternise finit souvent par sâenliser : nous en avons fait lâexpĂ©rience avec plusieurs projets de maisons individuelles. Si nous avons pu dĂ©velopper des relations avec dâautres clients sur ces bases temporalitĂ© minimale, recherche conjointe dâidentitĂ© etc. -, il faut bien reconnaĂźtre que dans ce secteur, cette collaboration est contre-modĂšle.
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Un ouvrage en préparation retrace la collaboration de Laurent Deroo avec APC APC & LAURENT DEROO ARCHITECTE, 2000-2015. Auteur et édition : Laurent Deroo Architecte. Distribution: libraires d'architecture et boutiques APC, disponible partir d'octobre 2016
CREE comment adaptez-vous cette dĂ©marche trĂšs particuliĂšre au service de clients privĂ©s, et de projets de maisons, dâappartementâ? Quelles sont les similitudes et les divergencesâ? L.D.âJâessaye dâabord de travailler avec des gens qui ont les mĂȘmes attentes : je les interroge, sur leur goĂ»t, jâessaye de cerner leur personnalitĂ©, leur sensibilitĂ©... Dans les projets commerciaux comme dans les projets privĂ©s, je dĂ©veloppe une stratĂ©gie que je dĂ©finirai comme une stratĂ©gie de la fricheâ: je pense quâil faut laisser des terrains neutres et poser des choses trĂšs fortes pour laisser des parties en friche - pas sans travaux mais en friche dâappropriation -, laissant une certaine libertĂ© au maĂźtre dâouvrage. PlutĂŽt que de rĂ©aliser une architecture totale, sâoccupant de dessiner lâespace Ă 360° dans ses moindres dĂ©tails - une attitude que je trouve aussi oppressante quâingĂ©rable dâun point de vue de lâĂ©conomie du projet - je prĂ©fĂšre concentrer mes efforts sur quelques points prĂ©cis qui me semblent cruciaux. Cette dĂ©marche fonctionne aussi bien pour les boutiques que pour les projets privĂ©s. Elle produit, entre des pĂŽles trĂšs dĂ©finis et le reste de lâespace, des mises en tension que je trouve trĂšs fertiles. Cela permet de passer dâun monologue esthĂ©tique de lâamĂ©nagement Ă un dialogue du projet et des usages. Je nâaime pas lâarchitecture du monologueâ!
Photos © Courtesy APC&ALAND
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Boutique Repossi Place VendĂŽme, Paris OMA architectes
DE LâALU POUR LâOR
Photos courtesy Repossi / Cyrille Weiner
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MATIĂRES RĂFLĂCHIES : PROJET
Auteur : Olivier Namias
Petit joaillier parmi les gĂ©ants de la place VendĂŽme, Repossi, maison fondĂ©e en 1920 Ă Turin et monĂ©gasque depuis 1979, a choisi de se distinguer par une boutique horsnorme, compensant par le dĂ©cor ce quâelle ne peut offrir en taille. Le lieu de dimensions rĂ©duites a Ă©tĂ© repensĂ© par lâOMA, qui livre ici son deuxiĂšme commerce parisien aprĂšs le restaurant le dauphin dans le XIe art. Point commun entre ces deux Ă©tablissements aux vocations bien distinctes, lâimportance des moyens dĂ©ployĂ©s - marbre sur panneaux nid dâabeille pour le cĂ©tacĂ© gourmand, aluminium et verre miroir pour les structures diamantĂ©s. La joaillerie sâarticule sur trois niveaux totalisant 90 m2 : un rez-de-chaussĂ©e vitrine, un sous-sol, et un Ă©tage, un peu plus Ă©tendu, reprenant la surface dâanciens bureaux. A chaque Ă©tage correspond un rythme dâachat : rapide en RDC, plus posĂ© en Ă©tage, et lent au soussol, ou le client doit pouvoir faire son choix en toute tranquillitĂ©. Colonne vertĂ©brale du lieu, lâescalier occupe les deux tiers du rez-de-chaussĂ©e dont la surface ne doit pas excĂ©der les 30 m2. LâĂ©lĂ©ment est si imposant quâOMA en a fait le pivot dâune sorte de spectacle : les murs de cages sont recouverts dâun lambris aluminium, qui sâavĂšrent en fait nâĂȘtre que la face visible dâun systĂšme mobile similaire Ă celui des panneaux dâaffichage publicitaire « trivision ». La paroi peut prĂ©senter trois aspect, lâun comprenant des petits prĂ©sentoirs, lâautre un verre miroir, le dernier devant pouvoir servir dâĂ©cran. Il est possible de ne pivoter les lames que de 90° pour obtenir un effet de parois en relief, au reflets dĂ©multipliĂ©s. Lâaluminium et le verre miroir rĂšgnent sur lâespace, effaçant presque des prĂ©sentoirs volontairement discrets. Au sol, Koolhaas a rĂ©employĂ© la mousse dâaluminium utilisĂ©e Ă la fondation Prada, en en bouchant les anfractuositĂ©s avec une sorte dâinjection plastique. A lâĂ©tage, le sol et plafonds sont en aluminium brossĂ©s. Quant aux miroirs, ils sont plus un instrument de texture quâun dispositif dâĂ©largissement spatial : nous ne sommes pas Ă lâAmerican Bar dâAdolf Loos, ou ils sont utilisĂ©s pour donner une impression de grandeur dans un espace minuscule. TeintĂ©s dans des couleurs unis ou dĂ©gradĂ©es, ils laissent planer un doute quant Ă la matĂ©rialitĂ© de lâensemble, dĂ©jĂ chargĂ© de reflets en pagailles.
Repossi, 6 place VendĂŽme, Paris MaĂźtrise dâouvrage : repossi MaĂźtrise dâĆuvre : OMA - Ippolito Pestellini Laparelli/chef de projet Francesco Moncada. Architecte associĂ©s : DATA architectes
BET Structure : Batiserf BET Fluides : Louis Choulet Panneaux Trivision : Goppion. Présentoirs fixes : Sice-Previt. Conception des miroirs : Sabine Marcelis Studio.
Les prĂ©sentoirs ont Ă©tĂ© dessinĂ©s par OMA, le mobilier courant est signĂ© Donald Judd, une passion de Gaia Repossi, directrice de la marque, dont les Ă©tudes aux Beaux-Arts ont Ă©veillĂ© cette sensibilitĂ© qui lâa conduite Ă engager Koolhaas. Le Pritzker aurait empruntĂ© un peu de ce minimalisme Ă lâartiste amĂ©ricain, lâamĂ©nagement parfois extrĂȘme de la boutique nâen aurait pas souffert, tant reste lâimpression quâil Ă©tait possible dâen dire autant avec moins de moyens.
Toraya Paris DGT architectes
MĂTISSAGE PĂTISSIER
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MATIĂRES RĂFLĂCHIES : PROJET
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Auteur : Olivier Namias
TORAYA EST DEPUIS QUATRE SIĂCLES UN MAĂTRE INCONTESTĂ DU WAGASHI, PĂTISSERIE TRADITIONNELLE JAPONAISE. LE NOUVEL AMĂNAGEMENT DE SA BOUTIQUE PARISIENNE VEUT TRANSCRIRE EN ESPACE LE RAFFINEMENT SUBTIL DE CET ART CULINAIRE. LE PROJET SUIT LA PHILOSOPHIE DE SON MAĂTRE DâOUVRAGE, ET RĂALISE LUI AUSSI « UNE ARCHITECTURE JAPONAISE AVEC DES INGRĂDIENTS FRANĂAIS ».
Tous visuels courtesy Takuji Shimmura
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MATIĂRES RĂFLĂCHIES : PROJET
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Ă cette dĂ©licatesse, reflĂ©ter le raffinement des wagashi. Il devait aussi, Ă lâimage de son maĂźtre dâouvrage, utiliser des matĂ©riaux locaux pour rĂ©aliser un espace japonais. Cette contrainte se traduit par lâemploi de chĂȘne sciĂ© dans lâarriĂšre-salle, dâenduit et de mobilier, tous rĂ©alisĂ©s par des entreprises françaises.
Fournisseur officiel de la cour impĂ©riale depuis le 16e siĂšcle, Toraya a ouvert sa premiĂšre pĂątisserie Ă Kyoto avant dâessaimer dans tout lâarchipel, oĂč il possĂšde aujourdâhui 80 points de vente. Hors du Japon, il nây a quâĂ Paris que lâon trouve une boutique Ă son enseigne, rue Saint-Florentin, entre La Concorde et la place VendĂŽme. La pĂątisserie-salon de thĂ© a ouvert en 1980. Une architecte japonaise avait rĂ©alisĂ© le premier amĂ©nagement du lieu, complĂštement transformĂ© par Sylvain Dubuisson en 1997. L'actuel propriĂ©taire voulait rĂ©nover son commerce pour fĂȘter ses 35 ans de prĂ©sence parisienne. Plusieurs architectes furent consultĂ©s, dont lâagence DGT, qui compte parmi ses trois associĂ©s un architecte japonais, Tsuyoshi Tane.
DGT fut retenue par le maĂźtre dâouvrage, dĂ©sireux de travailler avec un interlocuteur Ă mĂȘme de comprendre les subtilitĂ©s de la culture nippone. SubtilitĂ©s qui sâexpriment aussi dans sa pĂątisserie. DĂ©concertante pour un Français, la pĂątisserie japonaise ou wagashi joue sur les formes, les textures, les couleurs, autant - sinon plus - que sur le goĂ»t. Ă chaque saison correspond un type de pĂątisserie, nommĂ©e d'aprĂšs une image poĂ©tique, comme « cĂ©lĂ©bration Ă la lumiĂšre de la lune », une maniĂšre de flatter lâouĂŻe dans un art culinaire qui entend sâadresser aux cinq sens. Toraya propose Ă ses clients diffĂ©rents types de wagashi, des crĂ©ations rĂ©centes ou puisĂ©es dans une bibliothĂšque de plus dâun millier de recettes. Le projet de DGT voulait faire Ă©cho
Design global Si le qualificatif de pĂątisserie appliquĂ© Ă lâarchitecture renvoie gĂ©nĂ©ralement aux objets chargĂ©s et prend une connotation pĂ©jorative, ici, la pĂątisserie architecturale rime avec minimalisme. Les parois ont Ă©tĂ© passĂ©es Ă l'enduit blanc et le sol en travertin clair est calepinĂ© Ă la façon dâun parquet. Toutes les intersections entre parties verticales et horizontales sont raccordĂ©es par des angles arrondis, une façon dâadoucir les confrontations et fondre les surfaces en un tout. Lâenduit prĂ©sente de trĂšs lĂ©gĂšres variations de texture, laissant percevoir une matiĂšre plus riche que ne lâaurait apportĂ© un revĂȘtement complĂštement lisse et net. LâamĂ©nagement maintient un difficile Ă©quilibre entre continuitĂ© et lĂ©gĂšre hĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©itĂ© des surfacesâ: lâentreprise chargĂ©e dâappliquer lâenduit a cherchĂ© Ă masquer les joints apparaissant inĂ©vitablement sur les parois et nĂ©cessitant plusieurs jours de travail pour ĂȘtre recouverts. Lâenduit a ensuite Ă©tĂ© protĂ©gĂ© par un vernis mat indĂ©celable. LâĂ©clairage est intĂ©grĂ© dans un plafond suspendu terminĂ© latĂ©ralement par deux gorges lumineuses. Celles-ci dissimulent des ouvertures pour lâĂ©vacuation de la chaleur produite par les spot LED, Ă©vitant ainsi lâinsertion dâune climatisation qui aurait contraint Ă diminuer une hauteur sous-plafond dĂ©jĂ rĂ©duite pour ce type de programme. La façade ouvre directement sur la salle, reliant le salon de thĂ© Ă la rue sans le filtre dâune vitrine dâexposition. DĂ©clinaison des thĂšmes de la fusion et de lâarrondi, un verre courbe crĂ©e un renfoncement pour la porte dâentrĂ©e. Les architectes ont Ă©galement dessinĂ© le mobilierâ: le plateau des tables imite une des grandes spĂ©cialitĂ©s de Toraya, le yokan au chocolat. Il est composĂ© dâune base en bois teintĂ© au haricot rouge, un des ingrĂ©dients de base des wagashi, puis recouvert dâune rĂ©sine qui lui donne sa brillance. Les chaises ont aussi Ă©tĂ© dessinĂ©es spĂ©cialement pour le magasin. Une des tables occupe la moitiĂ© de la salle, proposant aux clients venus dĂ©jeuner de sâassoir en compagnie dâautres convives, et Ă©ventuellement, de lier connaissance. Un design global, alliant amĂ©nagement, savoirfaire artisanal, rencontre des cultures et changement des usages.
MaĂźtre dâouvrage : Toraya MaĂźtrise dâoeuvre : Dgt, Dorell.ghotmeh. tane/ Architects, Paris Surface : 125 mÂČ Livraison : 2015 Construction : A.R.T.I.S
2 appartements Paris AAVP architecte
UNE CABANE CHEZ HAUSSMANN
LA RESTRUCTURATION DE DEUX APPARTEMENTS AU CENTRE DU PARIS HISTORIQUE DONNE Ă LâAGENCE DâARCHITECTURE VINCENT PARREIRA LâOCCASION DE TRAVAILLER Ă LA PETITE ĂCHELLE DANS UN CONTEXTE EXCEPTIONNEL.
Toutes photos courtesy Vincent Parreira / Luc Boegly
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MATIĂRES RĂFLĂCHIES : RĂHABILITATION
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Auteur : Olivier Namias
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MATIĂRES RĂFLĂCHIES : RĂHABILITATION CREE
MalgrĂ© ses dĂ©terminismes formels et constructifs, le bĂąti haussmannien se montre dâune plasticitĂ© remarquable, supportant des changements dâusages Ă rĂ©pĂ©tition, parfois, il est vrai, au prix de lourdes interventions. Dispositif central du Paris dâHaussmann, le quartier OpĂ©ra-Madeleine sâest transformĂ© sans changer de visage : ainsi, le 17 du boulevard des Capucines est occupĂ© par un vaste programme de bureau dernier cri. Quelque numĂ©ros plus loin, lâatelier dâarchitecture Vincent Parreira vient de convertir un atelier de photographie du XIXe siĂšcle en logements. Si les locaux ont une surface bien plus modeste que le gĂ©ant tertiaire voisin, les travaux restent consĂ©quents. Deux membres dâune fratrie sont les maĂźtres dâouvrage de ces deux appartements contigus partageant une mĂȘme Ă©criture architecturale pour une occupation temporaire. On accĂšde Ă ces logements prestigieux par lâescalier de service et le couloir menant aux chambres autrefois rĂ©servĂ©s aux domestiques, autre signe de bouleversement des usages et des hiĂ©rarchies des circuits de distribution si chers Ă la bourgeoisie du Second Empire. Chaque appartement est en duplex, les chambres et salles de bains occupent le niveau bas, lâespace de rĂ©ception comprenant salon et cuisine Ă©tant placĂ© au niveau supĂ©rieur, sous la verriĂšre de lâancien atelier de photographe. Le niveau supĂ©rieur est traversant dans les deux appartements. Deux visages du panorama parisien sây rĂ©vĂšlent : cĂŽtĂ© salon, le prestige et les ors de lâOpĂ©ra, lâordonnancement des façades du Grand HĂŽtel. CĂŽtĂ© cuisine, lâenvers du dĂ©cor avec le paysage chaotique des toitures encombrĂ©es de tous les Ă©lĂ©ments de service nĂ©cessaire au fonctionnement de cette scĂ©nographie urbaine, blocs de climatisations, escalier de secours, trappes de dĂ©senfumage...
VerriĂšre structurelle Une partie importante du projet a Ă©tĂ© consacrĂ©e Ă la reconstruction de cet ouvrage, reprĂ©sentant des efforts de conception, de suivi et un budget comparable Ă celui dâune maison individuelle, explique Vincent Parreira. La nouvelle verriĂšre reprend le gabarit exact de celle construite en 1899, respectant lâemplacement des parties vitrĂ©es en façade et en toiture. En dĂ©pit de cette continuitĂ© de gabarit, il a fallu convaincre lâarchitecte des bĂątiments de France du bien-fondĂ© du projet qui entendait dĂ©velopper une Ă©criture trĂšs contemporaine, et non reproduire une structure plus traditionnelle. Des doubles vitrages anti-effraction faiblement Ă©missifs et faiblement rĂ©flĂ©chissants ont Ă©tĂ© insĂ©rĂ©s dans des profilĂ©s mĂ©talliques. Avec lâavancĂ©e des travaux sont apparus les alĂ©as propres Ă tout chantier de rĂ©habilitation. Lâatelier avait subi un incendie et des fuites dâeau qui avaient dĂ©gradĂ© la structure du plancher, reprise avec la verriĂšre dont la
structure fait aussi office de charpente et façade. Dans ce contexte, le coĂ»t des travaux sâĂ©value en fonction de diffĂ©rents paramĂštres qui vont bien au-delĂ de la fourniture dâĂ©lĂ©ments de construction et leur assemblageâ: entrent en compte lâaccessibilitĂ© du chantier, la pose dâĂ©chafaudages et la protection des ouvrages existants, le dĂ©lai nĂ©cessaire Ă lâobtention des permis de travaux dans un contexte de secteur sauvegardĂ© et lâintervention en milieu occupĂ© comportant bureaux et boutiques. Et tout cela dans un budget travaux supĂ©rieur Ă la moyenne certes, mais pas pour autant illimitĂ©, souligne Parreira. Le chantier a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© par deux entreprises principales, une entreprise gĂ©nĂ©rale qui a pu sĂ©lectionner ses sous-traitants, et un serrurier en charge de la partie verriĂšre. Cette configuration a permis de sâassurer de la qualitĂ© du gros Ćuvre et du second Ćuvre aux dĂ©tails trĂšs soignĂ©s, un point du projet ou sâexpriment des positions sur lâhabiter.
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MATIĂRES RĂFLĂCHIES : RĂHABILITATION CREE
Transparences Câest surtout dans lâun des appartements, destinĂ©s Ă un occupant unique ou un couple, que ces propositions sont le plus abouties. DĂ©gagĂ© des questions dâintimitĂ©s ou dâaccĂšs aux services posĂ©es par la prĂ©sence de plusieurs occupants autonomes et indĂ©pendants, Parreira a pu prendre une certaine libertĂ© dans le partitionnement, rĂ©alisĂ© en verre transparent ou en miroir sans tain. Lâutilisation de vitrages Ă©vite de recloisonner une petite surface, ou agrandit lâespace en cachant le dĂ©sordre dâune salle de bain. « La chambre est placĂ©e derriĂšre une cloison de verre transparent. LâintimitĂ© nâest pas crĂ©Ă©e par un mur, elle est restituĂ©e par un voilage qui laisse deviner des ombres. Quant au bloc miroir, un clin dâĆil lointain Ă la Galerie des Glaces, il gĂ©nĂšre une ambiguĂŻtĂ© : on ne sait plus si câest un
mur de verre, un placard⊠et on nâimagine pas un instant quâil dissimule⊠une douche. Il y a un jeu un peu thĂ©Ăątral dâapparition/ disparition et la volontĂ© de toujours pouvoir saisir lâensemble de lâespace ». Lâescalier existant a Ă©tĂ© conservĂ© et traitĂ© comme un objet particulier, dĂ©calĂ© par sa matĂ©rialitĂ© constructive dâune autre Ă©poque. Il relie un Ă©tage aussi ouvert que le rez-dechaussĂ©e est intime. Dans son salon, lâhabitant est placĂ© en vitrine, projetĂ©e dans lâespace urbain, et pourrait avoir le sentiment dâĂȘtre aussi lâobjet dâun spectacle, ou de faire partie dâun de ces films policiers qui se terminent plus souvent quâĂ leur tour sur lâocĂ©an de zinc et dâardoise des toits parisiens, Frantic, Fantomas et autre Peur sur la ville... Le choix de ne pas mettre de rideau ou de store est dĂ©libĂ©rĂ© et se justifie par une particularitĂ© du vis-Ă -visâ;
en face se trouve un grand hĂŽtel de luxe dont la clientĂšle nâest que de passage et reste peu dans sa chambre. LâintĂ©gration des Ă©lĂ©ments de mobilier - placard, banquette fixe courant le long de la façade vitrĂ©e pouvant servir dâassise ou dâĂ©tagĂšre libĂšre la piĂšce de tout Ă©lĂ©ment superflu, ce qui met en valeur des Ă©lĂ©ments exceptionnels : rideau de cuir sĂ©parant la cuisine du salon, ou inserts, Ă©galement en cuir, formant assises devant les parties ouvrantes de la verriĂšre et, au final, le contexte. « Assis sur le banc, tu es complĂštement emportĂ© par le ciel » rĂ©sume Parreira, pour dĂ©crire son projet, lointain descendant de lâappartement Bisteigui, dotĂ© par Le Corbusier dâune piĂšce qui avait le ciel en guise de toiture.
MaĂźtre dâouvrage : PrivĂ©e MaĂźtre dâĆuvre : AAVP - Atelier dâarchitecture Vincent Parreira Surfaces : Appart 1 : stp 89 m2 Appart 2 : stp 79 m2 Entreprise coordonatrice et pilotage : Barthelemy rĂ©novation (75) VerriĂšre/chĂąssis/banc : Ets Dessenne (02) Miroiterie/serrurerie : Montmartre miroiterie concept (75)
Electricité : Touhelec (93) Plomberie : Philippe Brun, Paris Menuiserie bois : Philippe Buns Menuiserie (78) Couverture zinc : Ets. IFTC (93) Assise et rideau cuir : Silva Créations (61) Store : Roussel Stores (75) Climatisation/Chauffage Aquastyl (75)
La Villa Montebar Medeglia, Suisse JMA architectes
DE LA CĂRAMIQUE PARTOUT PERCHĂE SUR LES HAUTEURS DE MEDEGLIA, AU CĆUR DES ALPES SUISSES, DANS LE CANTON DU TESSIN, LA VILLA MONTEBAR DONNE TOUTE SA MESURE GRĂCE Ă LâUNIQUE MATĂRIAU QUI LA RECOUVRE, UN CARREAU DE GRĂS CĂRAME GRIS ANTHRACITE.
Tous visuels courtesy JMA Architects / Jacopo Mascheroni
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MATIĂRES RĂFLĂCHIES : PROJET CREE
Auteur : Christophe Le Gac
MaĂźtre d'Ćuvre : JMA, Milan, Italie IngĂ©nieur structure: Messi & Associati, Suisse Structure prĂ©fabriquĂ©e : Rihter, Ljubno ob Savinji - Slovenie Façades : Geos Italy, Italie Murs rideaux & fenĂȘtres : Casma Involucri Edilizi, Italie
Le PLU oblige toute personne dĂ©sirant construire de faire corps avec lâenvironnement, impose la toiture Ă deux pentes et la couleur gris foncĂ©. Ces contraintes, lâarchitecte milanais Jacopo Mascheroni les transforme en donnĂ©es crĂ©atives. Dans un paysage boisĂ© et avec toutes ces exigences, il fallait rĂ©pondre par une forme monolithique, ramassĂ©e sur elle-mĂȘme et ouverte en mĂȘme temps sur un panoramique plein sud, la meilleure vue possible sur la montagne dâen face. Ă lâimportance donnĂ©e Ă lâĂ©criture trĂšs sobre du volume - une espĂšce de parallĂ©lĂ©pipĂšde biseautĂ© sur certains angles - rĂ©pond une lĂ©gĂšretĂ© des contours de liaison entre façade et sol. Vue de lâentrĂ©e, entre chien et loup, lorsque les LED sont allumĂ©es et les
Carrelage : GrĂšs cĂ©rame de Casalgrande Ăclairage : Oty Light, Italie Surface : 200 m2 Livraison : 2015
fenĂȘtres fermĂ©es, la villa ressemble Ă un vaisseau militaire furtif, prĂȘt au dĂ©collage. Ă lâinverse, en contre-plongĂ©e du vallon, la sixiĂšme façade est complĂštement vitrĂ©e. LâintĂ©rieur de la maison sâoffre en ombres chinoises et invite Ă venir se reposer sur la LC4 de Charlotte Perriand and co., ou de dĂ©guster un verre de Colle dâAvra (merlot tessinois) sur la terrasse, assis dans lâune des Eames Plastic Armchair DAR. La belle vie ! De lâextĂ©rieur, la meilleure façon de dĂ©crire la villa serait de parler dâune coque composĂ©e de carreaux de grĂšs cĂ©rame gris foncĂ©. Dâhabitude, le carrelage est cantonnĂ© Ă l'intĂ©rieur, cuisine voire salon et les piĂšces dâeau. Ici, lâinverse a Ă©tĂ© privilĂ©giĂ©. Les carreaux de sol en grĂšs cĂ©rame
jouent le rĂŽle de toitures et de murs. Et les planches de bois traditionnellement utilisĂ©es pour lâessentage des chalets, recouvrent les planchers. VĂ©ritable manifeste sur la recherche autour de la cĂ©ramique, la Villa Montebar excelle en trouvailles de toutes sortes. La taille des carreaux sur mesure permet un ajustement parfait des volets pliants sur les façades renforçant lâaspect monolithique de la maison lorsquâils sont fermĂ©s. LâunitĂ© globale demeure lâatout majeur de maison oĂč il doit faire bon vivre.
Le 27 mai dernier, pendant la Biennale de Venise, cette demeure a reçu le 1e Prix - section bùtiments résidentiels, dans le cadre de la dixiÚme édition du Grand Prix Casalgrande Padana 2012-2015.
Courtesy Eduard Hueber
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MATIĂRES RĂFLĂCHIES : LUMINANCE 142 / 143
CONSTELLATION Auteur : Olivier Namias
La rĂ©novation du musĂ©e de la Ville de New York sâĂ©tait achevĂ©e en laissant un vide dans le hall du bĂątiment historique, que la directrice jugeait triste. Pour animer cet espace nĂ©o-classique, le studio Joseph a proposĂ© lâinstallation dâun luminaire aux allures de sculpture cinĂ©tique baptisĂ© Starlight. Une multitude de points lumineux disposĂ©s sur une grille tridimensionnelle reconstitue un cercle. La forme se dĂ©compose lorsque lâon sâen approche, formant des figures moirĂ©es, des rĂ©seaux diagonales, pour se recomposer lorsque lâon sâen Ă©loigne Ă nouveau. Ce luminaire contemporain Ă©voque lâengagement de la ville de New York dans la vie moderne. Il fait un usage original de la LED, disposĂ©e en nuage de 10486 points montĂ©s sur 219 cĂąbles lestĂ©s par un poids Ă 2,60 mĂštres du sol. 4,8 km de cĂąbles ont Ă©tĂ© utilisĂ©s pour recrĂ©er un volume virtuel parallĂ©lĂ©pipĂ©dique de 7 x 4,5 x 1 m. Ils servent Ă©galement dâalimentation Ă©lectrique. Chaque point lumineux est constituĂ© de deux LED montĂ©es directement sur
un circuit imprimĂ© individuel, lâune Ă©clairant vers le haut, lâautre vers le bas. Elles ne sont Ă©quipĂ©es dâaucune optique, la canalisation du flux lumineux Ă©tant jugĂ©e trop complexe eu Ă©gard Ă la quantitĂ© de sources, elle-mĂȘme dĂ©terminĂ©e par le budget du projet, qui atteignait tout de mĂȘme la coquette somme de 100 000 US$. Refusant de cĂ©der Ă la mode des LED colorĂ©es, les concepteurs ont tenu Ă utiliser des sources blanches statiques. En outre, aucun programme ne vient animer le cercle virtuel, lâĂ©teindre ou lâanimer par partie. Câest le visiteur, lors de sa montĂ©e des marches, qui met en mouvement cette constellation intĂ©rieure : une rigueur qui donne sa force Ă lâinstallation.
Starlight MaĂźtrise dâouvrage : Museum of the City of New York Maitrise dâoeuvre : Studio Joseph, architecte Conception lumiĂšre : Chris Cooper Consommation : 1131 W pour 71304 lumen
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Auteur : Françoise Marchenoir
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MATIĂRES RĂFLĂCHIES : INSTALLATION
LE LIĂGE EN ĂTAT DE GRĂCE
MaĂźtre dâouvrage : CAPC de Bordeaux, avec le soutien du ChĂąteau Haut-Bailly. Directrice du musĂ©e et commissaire de lâexposition : MarĂa InĂ©s RodrĂguez LiĂšge du sol : SĂ©rie CorkComfort de Wicanders (groupe Amorim rivestimentos)
La nef central du CAPC (Bordeaux) accueillait cet hiver la premiĂšre exposition monographique, Le plan flexible, de Leonor Antunes, artiste portugaise qui a investi lâespace de maniĂšre magistrale. Sâemparant du lieu Ă bras le corps, Leonor Antunes a voulu « âŠmĂ©tamorphoser lâespace du CAPC, dâune Ă©chelle imposante vers une autre, Ă dimension plus humaine, dans laquelle les visiteurs pourraient sâincarner, grĂące Ă la proximitĂ© avec les Ćuvres». Avec une grĂące arachnĂ©enne, elle a tissĂ© un lien entre lâhistoire, le modernisme et la crĂ©ation artisanale de son pays natal, le Portugal, mettant en scĂšne liĂšge, laiton et corde dans une chorĂ©graphie captivante. Plan flexible Empruntant le titre de son installation Ă Anni Albers, The Pliable Plane, Leonor Antunes a dĂ©ployĂ© sur toute la largeur de la nef un rideau de maille de laiton, telle une sculpture souple dont lâĂ©clat dorĂ© trouve un Ă©cho dans le sol en liĂšge incrustĂ© de laiton, disposĂ© selon les motifs textiles dâAnni Albers. En sâappropriant lâessence du lieu, l'EntrepĂŽt LainĂ©, bĂąti en 1822 et symbole de la prospĂ©ritĂ© coloniale de Bordeaux, lâartiste a repris des pans vĂ©cus dâhistoire, utilisant lâarchitecture de cette "cathĂ©drale" paĂŻenne pour tendre son filet dorĂ©, lĂ oĂč, autrefois, une toile de jute courait dâune travĂ©e Ă lâautre pour tamiser la lumiĂšre trop crue. Leonor Antunes Ă mĂȘme repris le systĂšme de support, une seule corde qui zigzague pour soutenir son filet de laiton au maillage souple et dont la longueur est Ă©gale Ă la largeur de la nef. «âJe suis fascinĂ©e par les notions de proportion, dâĂ©largissement, de gravitĂ©, de poids et de changement. Mon travail est trĂšs classique dâune certaine façon. Je pense souvent Ă la sculpture, en particulier Ă la sculpture classique et Ă la matiĂšre, ainsi quâau fait de retirer et dâajouter de la matiĂšre. » Ăchelle et proportion maĂźtrisĂ©es au sol Ă©galement, par les motifs exprimĂ©s Ă partir de bandes de laiton, incrustĂ©es Ă fleur dans le parquet flottant en liĂšge qui couvre le sol de lâespace central. La magie opĂšre par la reproduction Ă grande Ă©chelle, sur 1500âm2, du motif qui vibre sous la lumiĂšre, selon le niveau dâoĂč on lâaperçoit, au ras du sol ou depuis les coursives. Le liĂšge, spĂ©cialitĂ© portugaise mondialement rĂ©pandue et reconnue, fait partie du registre culturel et familial de Leonor Antunes, nĂ©e en 1972. ApprĂ©ciĂ© pour ses qualitĂ©s dâisolation acoustiques et thermiques, son esthĂ©tique chaleureuse, il est remis ici Ă lâhonneur par une de ses plus talentueuses ambassadrices.
Leonor Antunes expose ses Ćuvres au Tensta Konsthall de Stockholm jusquâau 25 septembre 2016, au San Francisco Museum of Modern Art jusquâen octobre 2016, et au Museo Tamayo, Mexico en 2017.
Photos D.R.
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Auteur : Françoise Marchenoir
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MATIĂRES RĂFLĂCHIES : BAIN
TUBES Origami Design Alberto Meda
MILAN DANS SON BAIN DĂSORMAIS INSĂPARABLE DU SALON DU MEUBLE, EUROBAGNO, LE SALON DĂDIĂ AU BAIN CONFIRME LES TENDANCES AMORCĂES EN 2014. PAS DE RĂVOLUTION TECHNOLOGIQUE MAIS PLUTĂT DES AMĂLIORATIONS ET EXTENSIONS DE GAMMES, AVEC LA QUALITĂ POUR OBJECTIF. Quelques touches de couleurs ici et lĂ semblent confirmer que le marchĂ© en reprend (des couleurs) - lentement - au rythme de la relance de la construction. En revanche, celui de la prescription et notamment en rĂ©novation, tous horizons confondus, du logement Ă©tudiant Ă lâEhpad en passant par lâhĂŽtellerie
moyen et haut de gamme pousse les fabricants Ă orienter leur recherche vers une accessibilitĂ© design et confort, non stigmatisante. Les matĂ©riaux continuent sur leur lancĂ©eâ; la cĂ©ramique joue la finesse, l'acier se colore et les composites s'envolent, nous rĂ©servant encore quelques belles surprises.
Ă la fois paravent et radiateur et sĂšcheserviettes, il dĂ©ploie ses 3 parties articulĂ©es pour chauffer lâespace. Plug and play, haute efficacitĂ©, en aluminium extrudĂ© recyclable, il existe posĂ© en free standing ou mural. H 100âxâ lâ33âcm (par vantail), 200 W et H 160 x lâ36âcm (800 W).
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VITRA Time and Moment Sertan Ăzbudun
Le bain : un monde toujours en Ă©volution dans lequel des industriels audacieux encouragent la rĂ©flexion et la prospection faisant voler en Ă©clat lâimage figĂ©e du bain dâantan. Avec le temps comme mesure Ă©talon, VitrA (groupe Eczacibasi) a menĂ© une sorte de think tank sur le thĂšme Bath Time Good Time, explorant le champ temporel de lâespace bain. Les rĂ©sultats Ă©taient exposĂ©s dans une galerie dâart de Brera Ă Milan. Sous la direction dâErdem Akan, le directeur artistique de VitrA, 8 projets ont Ă©tĂ© imaginĂ©s et rĂ©alisĂ©s par lâĂ©quipe design de VitrA et des designers internationauxâ: Sezgin Aksu, Jozeph Forakis, Diego Grandi, Setsu & Shinobu Ito, Sertan Ăzbudun, Terri Pecora and Mario Trimarchi. 8 thĂ©matiques consultables sur www.bathtimegoodtime.com
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INBANI Origin Design by Seung-Yong Song
CrĂ©Ă©e par un designer et sculpteur corĂ©en, cette ligne «originelle» rĂ©interprĂšte le geste du potier guidant ses piĂšces. Celle-ci en ceramilux (rĂ©sine de synthĂšse) au toucher poli, Ă©voque par ses proportions Ă©quilibrĂ©es la forme et lâusage des piĂšces artisanales. Vasque sur pied ou Ă poser sur un meuble en bois massif avec baignoires assorties.
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LAUFEN Val Design Konstantin Grcic
Adepte des lignes simples, le designer enrichit sa collection de modĂšles muraux associĂ© Ă un meuble suspendu Ă tiroir. Mettant en avant le SaphirKeramic Âź (cĂ©ramique enrichie de Corindon permettant des bords fins et un rayon de courbure de 2 mm. La tablette arriĂšre ajoute Ă sa fonctionnalitĂ©. De L 45/55/60/65 x 42 x H 11,5 cm; Ă partir de 350 ⏠ht. Meuble en placage chĂȘne avec profil bizeautĂ© en L 90 et 120 x P 43 x H 50 cm. Env. 2300 ⏠en 120 cm. Chez David B.
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EVER Link Design Diego Cisi
MATIĂRES RĂFLĂCHIES : BAIN
SystĂšme linĂ©aire Ă composer associant, plan, vasque en CristalplantÂź et module coiffeuse avec abattant de mĂȘme format (L 60 x l 45 x H 16 cm). Une barre de soutien (charge maxi 120 âkg) fait office de sĂšche-serviettes et se retourne sur le cĂŽtĂ©. Existe en chĂȘne ou Ă©bĂšne de Macassar.
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NOVELLO Oblon Design Stefano Cavazzana CEA Coll. Giotto
La ligne des boĂźtes Ă bento japonaises empilables a inspirĂ© le profil oblong des meubles, vasques, nombreux accessoires polyvalents, miroirs, etc. Vasque en Teknorit (65 x 38 cm) composĂ©e de 3 parties amoviblesâ; un bassin, un anneau et un plateau interchangeable et personnalisable en jouant sur les couleurs. Receveur et panneaux muraux en Teknorit.
La technologie sâallie Ă lâacier inox (AISI 316L) et signe un style dĂ©pouillĂ©. Sur 3 collections (Giotto, Ziqq et Bar), les robinets se parent des manettes en bois. ChĂȘne, teck, noyer US, wengĂ©. Robinetterie murale ou sur gorge.
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CREE
ALAPE Folio Design Gerhard Busalt
Telle une feuille pliée autour du meuble, la structure en acier vitrifié de 3 mm, incorporant le plan vasque enserre le meuble. Vasque centrée ou décalée sur le grand modÚle, sans trop-plein avec bonde émaillée assortie. 5 couleurs de façades satinées et denses (aubergine, pierre de lune, terre ombragée, gris fossile et blanc). L 80, 100 et 125 x P 45 ou 50 cm selon la robinetterie murale ou sur gorge.
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AGAPE Ell Design Benedini Associati avec André Jost
Une Ă©pure de plan de toilette en marbre (blanc ou noir) ou CorianÂź dont la surface striĂ©e matĂ©rialise la zone dâĂ©coulement de lâeau. Un cm dâĂ©paisseur Ă lâavant pour 4 cm au droit du mur, il peut atteindre 3 m de long. Version suspendue ou Ă poser il se conjugue aux meubles FaltXL et XXL.
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EX.T Plateau Design Sebastian Herkner
Toute la collection de vasques Ă poser ou sur pied et baignoires se caractĂ©rise par un plateau latĂ©ral ; fonctionnel et dĂ©calĂ©, il Ă©voque lâombre portĂ©e qui sâĂ©tire avec la lumiĂšre. FabriquĂ©es en Italie, les lignes sont Ă©laborĂ©es en collaboration avec le studio danois Norm Architects et reposent sur le savoir-faire matĂ©riaux (ici un solid surface) dâateliers artisanaux exigeants. Miroirs et lampes vienent complĂ©ter cette ligne.
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MATIĂRES RĂFLĂCHIES : BAIN
ROCA L90-C Mitigeur compact, sans tirette associĂ© au vidage clic-clac. Ăcologique, il sâouvre sur lâeau froide «cold start». Soft turn et traitement «evershine» pour une brillance durable de la finition chromĂ©e. H 17,2 cm. 357 âŹ.
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Un profil carrĂ© surmontĂ© dâun joystick Ă©ffilĂ© souligne son caractĂšre. 3 tailles pour le mitigeur et une gamme complĂšte. Cartouche Joystick la plus aboutie de la marque et fixation brevetĂ©e assurant jusquâĂ 200 000 cycles. Ă partir de 380 âŹ.
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CREE
GROHE Eurocube
Design Matteo Thun & Antonio Rodriguez Ce mĂ©langeur arbore des manettes colorĂ©es dont la couleur produit un effet dâoptique dans le corps en mĂ©thacrylate. Bicolore ou unie, sa couleur vive Ă©voque la fluiditĂ© de lâeau.
RITMONIO Haptic Ligne complĂšte en acier ou nickel brossĂ© rapproche le poli de lâacier et la rudesse du bĂ©ton brut. TraitĂ© il ne se tĂąche pas mais va se patiner Ă lâusage. RĂ©alisĂ©e Ă la main, cette piĂšce avec ses petits dĂ©fauts atteste par lĂ son authenticitĂ©.
13 CISAL Vita Design Karim Rachid Une finition peu courante pour ce modÚle qui arbore des couleurs métallisées intenses comme un noir titane, un bleu marine, un nickel poli ou un rouge ruby ou plus sages en noir et blanc mat. Une ligne organique évoquant un arbre stylisé.
16 TRES Cuadro Mitigeur spectaculaire Ă bec cascade ouvert (ou fermĂ©) Ă©quipĂ© dâun systĂšme brevetĂ© de limitation de dĂ©bit intĂ©grĂ© dans sa cartouche pour un plus grand confort dâusage.
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CIELO Le pietre
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Ce lavabo trĂšs pures en solid surface sâadjoint une tablette en bois (livrĂ© avec 2 tablettes chĂȘne et wengĂ©) Ă droite ou Ă gauche, encastrĂ©e dans la masse du cube. Il se dĂ©cline en double de part et dâautre du plan qui fait pont. L 76 x P 45 x H 30 cm (tablette incluse). Ă partir de 750 âŹ.
Une collection cĂ©ramique unique par son rendu imitant Ă sây mĂ©prendre les pierres naturelles. RĂ©alisĂ©e par une marque virtuose qui explore de nouvelles frontiĂšres. Lâaspect saisissant du marbre de Carrare ou Marquina, de la pierre grise, de la BrĂšche noire ou brune exalte le savoir-faire manuel et artistique encouragĂ© par Cielo. Ces textures sont disponibles sur les ligne Shui Comfort et Le Giare.
ARTELINEA Dama
KRAMER Calabria
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Ce meuble met en avant le procédé Dualite de ce spécialiste du verre en assemblant deux plaques de verre dont l'épaisseur totale fait 8 mm. Ce procédé de stratification à chaud sous vide scelle les deux plaques de verre par une membrane EVA. Le cristal securit en est renforcé au-delà de l'association de couleurs et finitions (brillante ou satinée). Le mobilier en bois et les pieds confÚrent une allure sixties. Accessoires, étagÚres, miroirs assortis. Existe en plusieurs couleurs.
MATIĂRES RĂFLĂCHIES : BAIN
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BETTE Haute couture Design Tesseraux + Partner.
InĂ©dite cette baignoire en acier vitrifiĂ© sâhabille de vert ou rose et sâenveloppe de tissu outdoor technique Ă©tanche et facile dâentretien (de JAB) en vert pistache ou rose assorti. Par un spĂ©cialiste de lâacier vitrifiĂ© garanti 30 ans, ses bords n'excĂšdent pas 8 mm. Vidage central Bette Sensory conseillĂ© (avec capteur intĂ©grĂ© qui stoppe le remplissage Ă un niveau donnĂ©). Option : antidĂ©rapant PRO. Disponible fin 2016.
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THG Saint Germain Un hĂ©ritage industriel pour cette ligne complĂšte de bain. MĂ©langeur Ă manettes Ă croisillon ou droite. Nombreuses finitions par ce fabricant 100% français aurĂ©olĂ©e du Label EPV. Finition nickel vieilli. 906 âŹ
23 STOCCO Iks Full Ligne rigoureuse pour ce meuble suspendu qui offre plusieurs choix de façade et planâ; la vasque est intĂ©grĂ©e dans le plan en HPL et Fenix (matĂ©riau rĂ©sistant frittĂ©). La façade est en bois naturel chĂȘne rouvre, noyer, finition vintage et thermotraitĂ©. L 90/105/120/140/180 x P 51,5 x, H34/50 cm.
DURAVIT New Darling L cube
SpĂ©cialiste de la cĂ©ramique, Duravit a dĂ©veloppĂ© un procĂ©dĂ© unique au monde liant la cĂ©ramique du plan de toilette au meuble placĂ© en dessous. C-bonded, nom de cette technologie confĂšre au meuble vasque une fluiditĂ© visuelle unique rĂ©duisant le plan de toilette Ă une arĂȘte prĂ©cise. BrevetĂ©e DuraCeramÂź, La cĂ©ramique affiche une rĂ©sistance renforcĂ©e aux chocs et une longĂ©vitĂ© accrue. Son entretien en est facilitĂ© (elle est utilisĂ©e pour les Ă©viers de cuisine). C-bonded existe sur les lignes Darling new combinĂ©es aux meubles L-Cube.
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REXA Hammam Design Monica Graffeo
Sâinspirant des rituels du hammam, cette collection mise sur la sensualitĂ© mais aussi la modularitĂ© de lâespace. Les Ă©lĂ©ments, receveur, baignoire, meuble coffre sructurent la piĂšce en fonction de cloisons habillĂ©es dâargile aux tons doux dans lesquelles sâencastre la robinetterie, voire des Ă©tagĂšres⊠Le CorianÂź de la vasque et la baignoire, repose sur un socle en marbre.
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NEOLITH The Size
Cette surface compacte frittĂ©e (cf.p 160) en panneaux dĂ©cline des finitions mate, brillante, structurĂ©e dans des effets bluffants. Plusieurs formats panneaux de 3,20 x 1,50 m et en dalles carrĂ©es et rectangulaires. Au mur et sol "marbre" Esturario. Ce matĂ©riau est aurĂ©olĂ© de prix : Red Dot, Product Design 2015. Prix Bronze Aâ Design Award 2016 et prix Architizer A+ Popular Choice Award 2016.
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HANSGROHE Talis Phoenix Design
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La technologie Select, mise au point par la marque pour la douche sâĂ©tend aux mitigeurx de lavabo. Le bouton presseur remplace le levier et sâutilise facilement du coude, du bras libĂ©rant la main savonneuse. MĂ©canique, ce bouton dĂ©veloppĂ© Ă partir une cartouche spĂ©ciale dĂ©livre 5L/min (Ecosmart) dâeau aĂ©rĂ©e par un mousseur. La tempĂ©rature se prĂ©sĂ©lectionne sur le bouton. 3 hauteurs. Talis Select S, 189âŹ. .
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KALDEWEI Scona
EfficacitĂ© et Ă©lĂ©gance dâune bonde en acier Ă©maillĂ© assortie au matĂ©riau des receveurs, baignoires et vasques de cette marque spĂ©cialiste de lâacier Ă©maillĂ©, garanti 30 ans. Pour la douche le modĂšle KA 90 sâintĂšgre Ă fleur du receveur extraplat Scona et se dĂ©cline dans toute la gamme de couleurs mate. Les vasques assorties aux baignoires de la marque intĂšgrent elles aussi une bonde Ă©maillĂ©e avec push lash pour les modĂšles sans trop-plein.
AXOR Waterdreams 2016
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FidĂšle Ă son image dâindustriels innovant et visionnaire, la marque Axor (Hansgrohe) a proposĂ© Ă 5 designers de rĂ©aliser leur propre modĂšle Ă partir de la U-base, "socle" du modĂšle Vortex (Philippe Starck) lancĂ© en 2014. Sous lâĂ©gide de Philippe Grohe, directeur gĂ©nĂ©ral de la branche Design de la marque dâAxor, ces crĂ©ations ont Ă©tĂ© dĂ©voilĂ©es Ă Milan en avril. Utilisant des matĂ©riaux naturels tels le bois, le marbre, le laiton, lâargile, chaque designers a explorĂ© les limites de sa crĂ©ativitĂ© avec une totale libertĂ© quant au matĂ©riaux et Ă la forme obtenus. Ces morceaux de poĂ©sie aquatique non dĂ©pourvus de technologies embarquĂ©es nous permettent de rĂȘver Ă un monde meilleur. https://www.axor-design.com/en-int/
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MATIĂRES RĂFLĂCHIES : ĂLĂMENTS
SOLUTIONS TECHNIQUES
La boĂźte dans la boĂźte SpĂ©cialisĂ©e dans la fabrication de boĂźtes aux lettres depuis 1872, la sociĂ©tĂ© Decayeux a fait appel Ă Jean Nouvel pour repenser cet Ă©lĂ©ment aussi fondamental quâencombrant, ne trouvant sa place quâavec plus ou moins de bonheur. Le systĂšmeTranscript imaginĂ© par Nouvel a pour module de base une boĂźte fermĂ©e par une façade aluminium striĂ©e en relief. Ces horizontales
Ăvacuation invisible PiĂšce de grĂšs cĂ©rame pour piscine Ă dĂ©bordement offrant une Ă©vacuation dâeau quasi invisible. InstallĂ©e sur le complexe caniveau-margelle S9 du fabricant, la piĂšce sâinstalle sans colle. DĂ©pourvue de perforation, elle se confond avec les carreaux scellĂ©s. LâĂ©vacuation des eaux sâeffectue par des orifices latĂ©raux trĂšs discrets analogues Ă des joints creux. Ils disposent dâune capacitĂ© de dĂ©bit suffisante pour Ă©couler correctement le trop-plein des bassins. La face vue des carreaux est lĂ©gĂšrement convexe,
Pierre 2.0
CREE
dĂ©finissent une suite dâinterstices dans lesquelles viennent sâinsĂ©rer les noms, Ă©crits dans une police en relief Ă©galement dĂ©finie par Nouvel. Les groupes de boĂźtes sont placĂ©s dans un doublage reprenant le mĂȘme motif, lâensemble venant reconstituer un "mur de noms", selon les mots de son concepteur. Des accessoires autorisent lâapplication du revĂȘtement Ă lâensemble du hall : profil dâangle rentrant et
MatĂ©riau de surface compact, cette "nouvelle pierre" est issue dâun procĂ©dĂ© de frittage brevetĂ©, assimilable aux mĂ©canismes de formation des roches mĂ©tamorphiques. Un mix composĂ© principalement de matiĂšres premiĂšres minĂ©rales (argiles, feldspaths, silice et oxydes minĂ©raux naturels) est exposĂ© Ă des conditions de pression et de tempĂ©rature Ă©levĂ©es (1200 °C) le plaçant juste en dessous de son point de fusion. DĂ©veloppĂ© par la sociĂ©tĂ© The Size en 2010, ce process confĂšre des propriĂ©tĂ©s physiques et mĂ©caniques remarquables en terme de compacitĂ©, de rĂ©sistance aux rayures, Ă lâabrasion, ainsi quâen terme de durabilitĂ©. Non poreux, ses caractĂ©ristiques
chromatiques sont inaltĂ©rables et il est recyclable. Il peut sâappliquer partout, au sol ou au mur, en intĂ©rieur comme en extĂ©rieur. Lâemploi dâun procĂ©dĂ© de design numĂ©rique (NDD - Neolith numĂ©rique design) permet dâenrichir constamment les gammes qui offrent dĂ©sormais, outre les finitions polies brillantes, des finitions adoucies (soft), bouchardĂ©es, ou imitant une large gamme de matĂ©riaux avec un rĂ©alisme trompeurâ: bĂ©ton, acier corten, bois, pierre bleue du Hainaut⊠Les Ă©paisseurs se dĂ©clinent en 3, 6 et 12 mm selon les sĂ©ries. Dimension dalles/panneaux (cm) : 150x70, 75x75, 30x30/320x150, 150x150. Neoltih/The size
sortant, porte dâascenseur, mais aussi boĂźte Ă colis, poubelle, niche Ă extincteur, prise, interrupteur, miroir. Lâouverture des boĂźtes peut sâeffectuer par badge. La composition des barrettes nominatives sâeffectue directement sur le site internet du fabricant, qui sâoccupe Ă©galement de leur livraison. Disponible dans huit anodisations- clair ou foncĂ©, ocre, noir, rouge, bleu, etc. Transcript/Decayeux
de façon Ă retenir lâeau cĂŽtĂ© bassin et faciliter son Ă©coulement cĂŽtĂ© plage. Une cĂ©ramique de la mĂȘme gamme permet la rĂ©alisation de margelle courbeâ: prĂ©sentant une surface striĂ©e, elle est beaucoup plus visible, gagnant en flexibilitĂ© ce quâelle abandonne en discrĂ©tion. Dimensionsâ: 24,5 x 49, 8 x 2,2 mm. Compatible avec les nombreuses rĂ©fĂ©rences carrelages du fabricant. Convient aux projets privĂ©s comme aux projets publics. Flex et Compact/Rosa Gres
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FOCUS SUR LâARCHITECTURE DâINTĂRIEUR
ARCHILISTE : PALMARĂS 2016
Entretien avec : Linda Ijalva ChargĂ©e des relations publiques et intersyndicales Ă lâUNAID (Union nationale des architectes dâintĂ©rieurs, designers). Auteur : Olivier Namias
RĂALISĂE AVEC ARCHILISTE, CETTE ĂTUDE PRĂSENTE LES 150 PREMIĂRES STRUCTURES DU SECTEUR, CLASSĂES PAR CHIFFRE DâAFFAIRE 2015. UN CRITĂRE QUI NE PRĂSAGE PAS DE LA QUALITĂ DE LEUR TRAVAIL, MAIS FOURNIT UNE INDICATION SUR LE VOLUME DâACTIVITĂ, LâORGANISATION DE LA PROFESSION ET SES CHAMPS DâACTION. EN INTRODUCTION, LINDA IJALVA REVIENT SUR LES SPĂCIFICITĂS DE CETTE PROFESSION TROP MĂCONNUE.
CREE
CREEâVous reprĂ©sentez lâUNAID, aujourdâhui principal syndicat professionnel des architectes dâintĂ©rieur. Peut-on tracer les contours de cette professionâ? Linda IjalvaâContrairement aux architectes, aux avocats ou aux mĂ©decins, la profession dâarchitecte dâintĂ©rieur nâest pas rĂ©glementĂ©e. Nâimporte qui peut se dĂ©clarer architecte dâintĂ©rieur et ouvrir son agence et intervenir dans le secteur - que lâon soit dĂ©corateur, marchand de meubles ou autres -, ce qui serait impossible dans les mĂ©tiers citĂ©s prĂ©cĂ©demment. Une profession non rĂ©glementĂ©e, certes, mais reconnue par la force des choses : tout le monde parle dâarchitecture intĂ©rieure, mĂȘme dans les mĂ©dias, et des Ă©coles sĂ©rieuses enseignent le mĂ©tier. CREEâQuelle diffĂ©rence faites-vous entre un architecte dâintĂ©rieur et un dĂ©corateur, profession Ă laquelle on vous assimile souventâ? L.I.âLe dĂ©corateur travaille sur un lieu donnĂ©, il va habiller un espace sans en modifier les partitions,
les cloisonnements et les ouvertures. Lâarchitecte dâintĂ©rieur va plus loin et transforme lâespace. Personnellement, il mâest arrivĂ© dâintervenir dans des hĂŽtels particuliers de rĂ©aliser un projet impliquant dâabattre des cloisons, de percer des murs porteurs et dâeffondrer des planchers, en mâentourant bien sĂ»r de BET. On voit quâentre la personne qui va faire de lâhabillage, choisir des rideaux, des lampes et des canapĂ©s, et celle qui va restructurer radicalement lâespace, lâambition - et la portĂ©e de lâintervention - nâest pas la mĂȘme. Dans ce dernier cas, il sâagit bien dâarchitecture. Il nâest, bien sĂ»r, pas exclu quâĂ la demande de son client, un architecte dâintĂ©rieur prenne en charge le projet jusque dans ses aspects dĂ©coratifs, mais son mĂ©tier porte sur le changement des espaces, et il peut mĂȘme construire une maison tant quâil reste en deçà du seuil lĂ©gal des 150 m2. CREEâQuels sont les principaux problĂšmes posĂ©s par la non-rĂ©glementation de la professionâ? L.I.âLe principal problĂšme vient des personnes
sâintitulant architectes dâintĂ©rieur sans mĂȘme possĂ©der les assurances obligatoires, Ă savoir lâassurance personnelle civile et la garantie dĂ©cennale, avec tous les risques que cela implique pour le maĂźtre dâouvrage. De ce point de vue, je reproche beaucoup au lĂ©gislateur de laisser le maĂźtre dâouvrage sans aucune protection. La rĂ©glementation protĂ©gerait dâabord le client : si le mĂ©tier Ă©tait rĂ©glementĂ©, il nâaurait affaire quâĂ des personnes assurĂ©es travaillant selon une mĂ©thodologie prĂ©cise, au lieu de ça il se retrouve face Ă une myriade dâindividus nâoffrant aucune garantie quant Ă leur professionnalisme. La formation dâarchitecte dâintĂ©rieur rĂ©clame quatre Ă cinq annĂ©es dâĂ©tudes : ce nâest quand mĂȘme pas rienâ! Il y a tout un suive et une technicitĂ© quâil faut maĂźtriserâ! CREEâQue propose votre lâUNAID face Ă ce contexte chaotiqueâ? L.I.âSyndicat patronal reprĂ©sentĂ© sur toute la France et Ă lâĂ©tranger, lâUNAID Ă mis au point un rĂ©fĂ©rentiel mĂ©tier(1), expliquant comment doit travailler lâarchitecte dâintĂ©rieur, quelles sont les phases de projets quâil doit suivre et son rĂŽle dans ce trio que forme le commanditaire, le concepteur et lâentreprise qui rĂ©alise le chantier. Ce document comporte une phrase trĂšs importante que je vous cite in extenso : « lâarchitecte dâintĂ©rieur construit Ă partir de lâintĂ©rieur, un cadre de vie, de travail, dâaccueil ; il Ă©coute, conçoit et organise tout ce qui concourt au bien-ĂȘtre et au plaisir quotidien, dans des lieux fonctionnels aux ambiances harmonieuses; artiste, technicien, gestionnaire, il est lâinterlocuteur unique des projets depuis les plus simples aux plus ambitieux. » Le rĂ©fĂ©rentiel spĂ©cifie explicitement quâil est assurĂ© en consĂ©quence pour couvrir sa responsabilitĂ© civile et dĂ©cennale. CREEâCela ne dit pas qui a la compĂ©tence rĂ©elle dâarchitecte dâintĂ©rieur. Ă lâinstar du CFAI (Conseil français des architectes dâintĂ©rieur), vous avez mis en place une certification. Ă qui sâadresse-t-elle, et comment sâobtient-elleâ? L.I.âLa population qui cherche Ă obtenir notre certification est diverse : elle provient pour partie des Ă©coles qui ont depuis quelques annĂ©es mis en place des cycles dâarchitecture intĂ©rieure, ou de personnes qui arrivent dâautres horizons, comme des Ă©coles dâarchitecture, et des professionnels qui se sont formĂ©s sur le tas. Lorsque vous devenez membre du syndicat, vous devez prĂ©senter deux dossiers complets de projet Ă une commission qui va sâassurer que votre façon de travailler correspond bien Ă la mĂ©thodologie suivie par les architectes dâintĂ©rieur. Pour les jeunes qui sortent des Ă©coles, et nâont pas encore de rĂ©alisations Ă leur actif, nous avons mis en place un club de capacitaires. Un parrain les aidera pendant deux ou trois ans, jusquâau moment oĂč ils auront les compĂ©tences suffisantes pour passer devant la commission, oĂč nous certifierons leur compĂ©tence comme architecte dâintĂ©rieur. CREEâCombien comptez-vous de certifiĂ©s aujourdâhuiâ? Quel est le panorama de la profession dâarchitecte dâintĂ©rieur,
la composition des agences, leur domaine dâintervention, leur place dans les marchĂ©s privĂ©s et publicsâ? L.I.âNous avons certifiĂ© prĂšs de 500 architectes, tous ne sont plus nĂ©cessairement membre de lâUNAID. Nous avons fait de la prĂ©sentation annuelle des assurances civiles et dĂ©cennales un impĂ©ratif pour adhĂ©rer Ă notre syndicat, et souvent par laxisme, faute de retourner les documents demandĂ©s, certains sâen retrouvent exclus. Dâautres peuvent partir Ă lâĂ©tranger, devenir salariĂ©s, changer de mĂ©tier : nous les perdons de vue. Selon Archiliste, qui fait un peu rĂ©fĂ©rence en la matiĂšre, il y aurait environ 2800 architectes dâintĂ©rieur en France. En ont-ils tous les compĂ©tencesâ? Câest difficile Ă dire. Au niveau des agences, nous nâavons pas une vue trĂšs prĂ©cise : on va trouver des structures comportant 40 personnes, dont tous les membres ne seront pas architectes ; vous aurez aussi des mĂ©tiers supports, assistants, comptables, etc. Dâautres agences ne tournent quâavec 4/5 personnes, un certain nombre dâarchitectes dâintĂ©rieur travaillent seuls Ă domicile. Le panorama est variĂ©, il se diversifie encore plus dĂšs lors que lâon prend en compte les architectes dâintĂ©rieur travaillant dans les agences dâarchitectures, chez les agenceurs... Pour ce qui est des projets, ils interviennent dans de nombreux domaines : hĂŽtellerie, restauration, boutiques, privĂ©s, bureaux, mĂȘme ci ce secteur tant Ă ĂȘtre repris par les space planners... En ce qui concerne la commande publique, nous avions proposĂ© que les Ă©quipes de maĂźtrise dâĆuvre rĂ©pondant Ă des marchĂ©s publics intĂšgrent des architectes dâintĂ©rieur, mais cette suggestion nâa pas Ă©tĂ© retenue dans la version finale de la loi LCAP. Quant Ă la commande, elle est forte en rĂ©gion parisienne, RhĂŽne-Alpes et Aquitaine. CREEâArchitecture, urbanisme, paysage, design, architecture dâintĂ©rieur... La tendance de ces domaines Ă dĂ©border de leur champ dâaction original est grande aujourdâhui : on voit les paysagistes et les architectes se mettre Ă lâurbanisme, les designers faire des boutiques. Dans ce contexte mouvant, oĂč situez-vous la place des architectes dâintĂ©rieur aujourdâhuiâ? L.I.âA la leurâ! Nous avons de trĂšs bonnes Ă©coles, nous avons une autre vision, une autre conception de lâespace, partant de lâintĂ©rieur, nous pouvons trouver une vraie complĂ©mentaritĂ© avec lâarchitecte, qui voit dâabord les choses de lâextĂ©rieur, ce qui est normal puisquâil doit inscrire son bĂątiment dans un paysage. Ne serait-ce quâĂ en juger par la demande, toujours forte, de personnes dĂ©sirant modifier un intĂ©rieur rĂ©alisĂ© par un architecte, lâarchitecte dâintĂ©rieur Ă toujours sa raison dâĂȘtre. Mais peut-ĂȘtre que ce qui dĂ©plaĂźt, câest finalement que nous portions nous aussi le mot « architecte » dans notre raison professionnelleâ! 1.
TĂ©lĂ©chargeable sur le site de lâUNAID http://www.unaid.fr/uploads/4/1/9/3/41935973/referentiel_2015.pdf
164 / 165
ARCHILISTE : PALMARĂS 2016 CREE
AGENCE
ADRESSE
CP
VILLE
CA2015*
1
Decoration Jacques Garcia
212 Rue De Rivoli
75 001
Paris
10 475
2
Rdai Renee Dumas
13 Rue Du Mail
75 002
Paris
9 137
3
Ubik (Starck)
1 Avenue Paul Doumer
75 016
Paris
9 123
4
Sacma
15 Rue Vercors Zi La Chauvetiere
42 000
St Etienne
8 729
5
Galerie Joseph Karam
61 Avenue Raymond Poincare
75 116
Paris
7 760
6
Pierre-Yves Rochon S.a.s.
9 Avenue Matignon
75 008
Paris
5 691
7
Deniot
39 Rue De Verneuil
75 007
Paris
3 594
8
Opus Certum (Ste)
39 Rue Faidherbe
75 011
Paris
3 486
9
Gilles Et Boissier
10 Rue Portalis
75 008
Paris
3 442
10
4 Bi Et Associes
41 Avenue Montaigne
75 008
Paris
3 268
11
Axel Schoenert Architectes
20 Avenue De LâopĂ©ra
75 001
Paris
3 215
12
IMH
5 Rue Las Cases
75 007
Paris
3 213
13
Global Office Conseil En Aménage
47 Rue Voltaire
92 300
Levallois Perret
3 166
14
Western Design
34 Rue Pasquier
75 008
Paris
3 154
15
Sercq
313 Avenue Marcel Merieux
69 530
Brignais
2 943
16
Synthese
Rue De L Artisanat
73 190
Challes Les Eaux
2 918
17
Cartron
216 Rue Des Moulins
94 120
Fontenay Sous Bois
2 870
18
Studio Marc Hertrich Et Nicolas Adnet
5 Passage Pivert
75 011
Paris
2 710
19
Sybille De Margerie Design
9 Rue Emile Allez
75 017
Paris
2 630
20
Bonnefille Roulier
5 Rue Breguet
75 011
Paris
2 533
21
Patrick Jouin Et Jouin Manku
8 Passage De La Bonne Graine
75 011
Paris
2 524
22
An Archi Design
114 Rue Amelot
75 011
Paris
2 226
23
Sarah Lavoine
9 Rue Saint Roch
75 001
Paris
2 169
24
Arcane Concept
99 Quai De La Marne
94 345
Joinville Le Pont
2 135
25
Dumas
18 Rue Du Pre Aux Clercs
75 007
Paris
1 870
26
Ste 3 D Design
25 Avenue Leon Jouhaux
92 160
Antony
1 806
27
Iseppi
21, Rue Du Fbg Saint-Antoine
75 011
Paris
1 771
28
Studio E Motions
1 Rue Vignoble
68 440
Habsheim
1 707
29
A.r.t. Realisations
97 Rue Pierre Poli
92 130
Issy Les Moulineaux
1 650
30
Versions
15 Rue Colbert
78 000
Versailles
1 621
31
J.c.t.
40 Rue Francois 1 Er
75 008
Paris
1 599
32
Studio Kompa
15 Rue Jean Marie Poulmarch
94 200
Ivry Sur Seine
1 590
33
Degw France
43 Rue Bobillot
75 013
Paris
1 500
34
Francois Le Grix Decor
15 Rue Lamennais
75 008
Paris
1 493
35
Zaoui
6 Rue Mathurines
91 080
Courcouronnes
1 438
36
Trace Et Associes
3 Rue Keravel
29 200
Brest
1 426
37
Nombre Dâor
39 Avenue Reille
75 014
Paris
1 418
38
Lignes A.s.m.
20 Rue Octavie
69 100
Villeurbanne
1 409
39
Archinetdesign
34 Rue Scheffer
75 016
Paris
1 365
40
Inter Art Etudes
8 Rue Halevy
75 009
Paris
1 340
41
Inex
11 Avenue Du Dauphiné
13 600
La Ciotat
1 297
42
Mansio
10 Rue De Saint Senoch
75 017
Paris
1 289
43
H.dais
3 Rue Florian
6 400
Cannes
1 285
44
Cazagnes
Chemin Du Journans
1 170
Cessy
1 259
45
Simon
47 B Rue Du Bouvreuil
76 000
Rouen
1 250
46
Filloux
Residence Beaupre
97 233
Schoelcher
1 203
47
Sarl C Imaginering Agence Costa
15 Rue Du Louvre
75 001
Paris
1 166
48
Archivolte
247 Rue Eglise
46 090
Mercues
1 159
49
Octopus
27 Rue Des Combes
69 250
Curis Au Mont D'Or
1 144 * (en milliers d'euros)
50
Studio Naco
66 Boulevard Diderot
75 012
Paris
1 094
51
Avant Seine
4 Place De L Odeon
75 006
Paris
1 091
52
Archibald
11 Villa Gaudelet
75 011
Paris
1 080
53
Stil Sarl
2 Avenue De Brogny
74 000
Annecy
1 079
54
Jeff Van Dick
10 Rue D Uzes
75 002
Paris
1 073
55
Billaud
Rue Benjamin Franklin
85 000
La Roche Sur Yon
1 005
56
7 Lieues
10 Rue Dâhauteville
75 010
Paris
995
57
Arte Charpentier & Associes
8 Rue Du Sentier
75 002
Paris
968
58
Sarl Aya
Lot A 4
69 330
Meyzieu
959
59
Kerylos Interieurs
9 Rue Beautreillis
75 004
Paris
934
60
M.c.h
15 Rue Danielle Casanova
75 001
Paris
925
61
Carrere
55 Rue Espagne
64 200
Biarritz
859
62
Sotraco
14 Cours Raymond Poincare
54 200
Toul
848
63
Structure Realisateur Dâespaces
124 Rue Fournet
14 100
Lisieux
847
64
Bvconcepts
8 Rue Gassendi
75 014
Paris
835
65
Le Manoir
63 Rue De La Republique
89 100
Sens
832
66
Tanit Architecture Dâinterieur
3 Passage Perreur
75 020
Paris
814
67
2B3d
170 Avenue De Saint Amand
18 000
Bourges
813
68
Kiblind Corporation
27 Rue Bouteille
69 001
Lyon
786
69
Cabinet Millet Chabeur
11 Rue Des Arquebusiers
75 003
Paris
768
70
Bouchaud Architectes
24 Rue Richard Lenoir
75 011
Paris
720
71
T Studio Design Et Developpement
Pres Viviers
74 410
Duingt
709
72
Larvor
12 Rue Mace
6 400
Cannes
687
73
Cadypso
251 Espace Trois Fontaines
38 140
Rives
669
74
Houal
4 Lieu Dit La Garde
35 230
Noyal Chatillon Sur Seiche
669
75
Foeillet Oeil Et Volume
14 Rue Royale
74 000
Annecy
663
76
Etat Des Lieux
5 Rue De L Hotel De Ville
13 200
Arles
661
77
Areb Arcadie Espace Bbliotheque
2 Rue Charles Lamoureux
33 000
Bordeaux
651
78
Espace Design
Res Lot Des Accates
13 011
Marseille
645
79
Catugier
1 B Rue Des Potiers
31 000
Toulouse
623
80
Marchand
Le Parc Des Rastines No 7
6 600
Antibes Juan Les Pins
614
81
Mercier
15 Avenue Jean Jaures
78 230
Le Pecq
605
82
Lienhardt
15 Place Chamaillard
77 930
Chailly En Biere
599
83
J.m.d. Decoration
5 Rue Voltaire
34 000
Montpellier
586
84
Fourreau
7, Rue Du Lycée
64 200
Biarritz
585
85
Etincelle
26 Cite Trevise
75 009
Paris
584
86
Boiffils
44, Rue Dâassas
75 006
Paris
582
87
Shirine Design
111 Avenue Victor Hugo
75 116
Paris
570
88
De Ambroggio Lafanechere
8 Cour Du Chene Vert
75 012
Paris
568
89
Lieu Dit
15 Passage Saint Sebastien
75 011
Paris
564
90
Ls Projets
8 Route De Chateaurenard
45 230
St Maurice Sur Aveyron
558
91
Id-Wad
64 Rue Taitbout
75 009
Paris
542
92
Murail Architectures
8 Quai Magellan
44 000
Nantes
542
93
Inside-Massimo Sappatura
9 Boulevard Carnot
6 000
Nice
532
94
Double G
83 Rue Saint Honore
75 001
Paris
528
95
Xi Design
79 Rue De Seine
75 006
Paris
517
96
Bulles
22 Quai Saint Antoine
69 002
Lyon
515
97
Zen + Dco
176 Rue Du Temple
75 003
Paris
509
98
AER
38 Rue Madeleine Michelis
92 200
Neuilly Sur Seine
502
99
Richard
5 Rue De Charonne
75 011
Paris
501
166 / 167
ARCHILISTE : PALMARĂS 2016 CREE
100 Agencements Michel Colombel
5, Rue De Lâavenir
14 123
Ifs
501
101 Feasson
42, Rue De La Republique
42 400
Saint-Chamond
492
102 Paoli Anakis
114 Rue Amelot
75 011
Paris
490
103 Interieur D Architectes Fabrice
21 Rue Johannes Carret
69 009
Lyon
490
104 Ca And Co
8 Rue Du Jour
75 001
Paris
487
105 Atelier Gil Architecture
5 Rue Hotel De Ville
65 100
Lourdes
480
106 Tdr
7 Place De La Gare De La Varenne
94 210
La Varenne St Hilaire
479
107 I D Architecture Interieure
11 Rue Scaliero
6 300
Nice
471
108 Hd Amenagement
77 Allee De La Robertsau
67 000
Strasbourg
467
109 Architecte Ergonome/Ethologue
2 Bis Rue De Marmande
33 800
Bordeaux
452
110 Gbrh
5 Rue De Saintonge
75 003
Paris
441
111 Sarl Smile
859 Rte De La Cote Des Chavants
74 310
Les Houches
435
112 Sahuc Et Katchoura
25 Rue Michel Le Comte
75 003
Paris
434
113 Eurl Krempp
32 Rue Le Peletier
75 009
Paris
431
114 European Design Office Edo
88 Rue De Courcelles
75 008
Paris
423
115 L Atelier
5 Rue De La Lime
49 600
Beaupreau
421
116 Sar Rousseaumotte
2 Rue Benjamin Franklin
85 000
La Roche Sur Yon
418
117 Buttazzoni Et Associes
214 Rue Rivoli
75 001
Paris
412
118 Pruilh Maison Et DĂ©coration
4 Place Gambetta
33 000
Bordeaux
407
119 Conceptu El
Parc De Broceliande
35 763
St Gregoire Cedex
406
120 Atelier D Architecture & Design
3 Rue Merciere
39 200
Saint Claude
399
121 C-Interieur
1 Rue Charles Cavasseur
2 760
Holnon
398
122 A I Design
420 Chemin Des Mattes
13 600
La Ciotat
394
123 Ligne DâintĂ©rieur
32 Rue Gustave Eiffel
74 600
Seynod
391
124 Archy Concept
Port Marina Baie Des Anges
6 270
Villeneuve Loubet
391
125 J L C
11 Boulevard Jean Jaures
45 000
Orleans
389
126 Alkmdesign
5 Boulevard Douville
35 400
Saint Malo
385
127 Adam & Partners
12 Rue Du Pre Paillard
74 940
Annecy Le Vieux
373
128 I D E O
28 Rue Beaurepaire
75 010
Paris
371
129 Pravda Arkitect
22 Rue Capucines
75 002
Paris
371
130 Dai One
78 Avenue Du Chalet
93 360
Neuilly Plaisance
365
131 Architectural Deco
46 Rue De Naples
75 008
Paris
365
132 Interiors Of Life
12 Avenue De Madrid
92 200
Neuilly Sur Seine
364
133 Dorique
36 Rue Gambetta
92 100
Boulogne Billancourt
358
134 Sarl Cossée De Maulde
30 Rue Caumartin
59 000
Lille
349
135 Arc
31 Rue Jean Mace
29 200
Brest
343
136 Art Project
791 Route Nationale
74 120
Megeve
340
137 Atmosphere Architecture
15 Rue Pernety
75 014
Paris
325
138 Design D Azur
156 Route Du Villard
74 410
St Jorioz
319
139 Alidade Architecture Interieure
1 Boulevard Du Midi
61 800
Tinchebray
319
140 Villa M
20 Boulevard Du Montparnasse
75 015
Paris
318
141 A.i.a. Olivier Ros
44-46 Avenue De Flandre
59 700
Marcq En Baroeul
317
142 Saulnier Jean-Marc
5 Rue De La Faulque
7 300
Glun
317
143 99 Interieurs
99 Rue Jouffroy D Abbans
75 017
Paris
316
144 Agence Mc
1 Grande Rue Des Feuillants
69 001
Lyon
313
145 Rbba Associes
3 Rue Claire
69 009
Lyon
311
146 Agena (Sarl)
1 Rue Four St Jacques
66 000
Perpignan
310
147 Beuneiche
2 B Chemin Des Coteaux
14 123
Fleury Sur Orne
309
148 Agence Blanchet DâIstria
41 Rue Violet
75 015
Paris
308
ARCHISTYLE INTERIEURS DâARCHITECTURES FABRICE BOLENOR Groupe SUD Architectes 27 rue Joannes Carret 69009 LYON T. 04.78.64.07.07 www.fabrice-bolenor.com Lyon-Paris-Varsovie Date de crĂ©ation : 1997 CrĂ©Ă©e en 1997 par Fabrice Bolenor, lâagence IntĂ©rieurs dâArchitectures a su, au fil des annĂ©es sâimposer comme un acteur qui compte dans le paysage du design dâintĂ©rieur en rĂ©gion RhĂŽne-Alpes puis en France. Avec des rĂ©fĂ©rences emblĂ©matiques, Fabrice Bolenor et Sandrine MouliĂšre rejoignent le groupe SUD Architectes en 2011 pour crĂ©er le pĂŽle SUD Design et diversifier ainsi leurs domaines dâexpertises, notamment Ă lâinternational.
Quelques références : Fabrice Bolenor
Sandrine MouliĂšre
SiĂšge social Groupe SEB, siĂšge social ATS Packaging, siĂšge social 6Ăšme Sens Immobilier, C Gastronomie, Caverne du Pont dâArc, Centre commercial Espace Saint-Georges, Restaurant PĂŽl DĂ©veloppement (Groupe Bocuse), Restaurant Christian TĂȘtedoie...
SiĂšge ATS
E. Saillet
SiĂšge Groupe SEB
B com Brasserie
G. Aymard
Caverne du Pont dâArc
G. Perret
Si lâarchitecture tente dâexprimer lâidentitĂ© dâun lieu dans la citĂ©, le design intĂ©rieur vise quant Ă lui Ă crĂ©er une Ă©motion et une expĂ©rience. Bureaux, restaurants, concepts-stores, logements, boutiques, espaces dâaccueil du public⊠Quâil sâagisse de bĂątiments neufs ou anciens, les projets soumis Ă notre Ă©quipe sont multiples et leurs enjeux complexes : identification des usages, rĂ©flexion sur les flux, gestion des espaces, space-planning, scĂ©narisation, scĂ©nographie de la lumiĂšre, choix des matĂ©riaux, des teintes et signalĂ©tique identitaire. Ă chaque Ă©tape, Sandrine MouliĂšre & Fabrice Bolenor prennent le temps du dĂ©cryptage et de lâinvestigation afin de proposer un concept rĂ©pondant Ă lâactivitĂ© premiĂšre du lieu et respectant son histoire et de sa destinĂ©e.
E. Saillet
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En haut : Intelcia, Technopark - Casablanca, (Maroc) - RĂ©alisation : Art Tech Innovation En bas : Salon EquipâHĂŽtel, espace tendance (France) Conception & photos : Cabinet Elizabeth Leriche RĂ©alisation : Clipso
Photo ci-dessous : Musee de demain Rio de Janeiro (BrĂ©sil) Architecte : Santiago Calatrava Valls (Zurich â Suisse) Installateur : Diarco Produtos Arquitetonicos (BrĂ©sil)
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RevĂȘtements de sol LIQUID ELEMENTS (DIVISION STONHARD) Immeuble le Newton C 7 Mail B.Thimonnier 77185 Lognes le Mandinet TĂ©l. + 33 (0)1 60 06 44 19 www.liquidelements.fr www.stonhard.fr
Liquid Elements est la division «Haut de gamme» de Stonhard Elle a Ă©tĂ© lancĂ©e afin dâoffrir de nouvelles perspectives dans le domaine des revĂȘtements de sol pour les thĂ©Ăątres, les bureaux, les restaurants, les magasins, les espaces dâexposition, les maisons privĂ©es, les Ă©coles, ... Liquid Elements propose une gamme de sols en rĂ©sine synthĂ©tique qui se distingue par les qualitĂ©s suivantes: absence de joint, ergonomique, acoustique, durable, rĂ©sistant aux rayures et aux UV. Nous avons dĂ©veloppĂ© un produit unique, baptisĂ© Xtreme, qui peut ĂȘtre utilisĂ©e dans tous nos systĂšmes. LâXtreme est un revĂȘtement
polyurĂ©thane coulĂ© brillant ou mat, dâune qualitĂ© sans Ă©gal. Les rĂ©sines utilisĂ©es sont aussi transparentes que lâeau et donnent une impression de grande profondeur. Des pigments trĂšs spĂ©ciaux, des additifs inattendus et des techniques dâinstallation inĂ©dites produisent un rĂ©sultat spectaculaire. Vous pouvez Ă©galement dĂ©cider dâinclure de petits objets, des photos, etc. Tous les designs, assortiments de couleurs et motifs sont possibles. Inspirez-vous !
TECSOM 2Bis, Avenue François Sommer BP 60065 08206 Sedan Cedex Tél. +33 (0)811 140 004 (Numéro vert) Tél. +33 (0)324 298 309 (Numéro vert) service.clients@tecsom.com customer.service@tecsom.com
RevĂȘtement de sols textiles Tecsom Evo lution
Tecsom est aujourdâhui lâunique fabricant 100% français de revĂȘtements de sol textiles en rouleaux et en dalles. ComposĂ©es de fils 100% Polyamide teintĂ©s dans la masse et dâun envers PVC recyclĂ©, les dalles Tecsom reprĂ©sentent un gage de qualitĂ© et vous garantissent une stabilitĂ© et tenue de vie incomparable. LâintĂ©gralitĂ© des collections sont au format standard 50x50cm mais peuvent Ă©galement ĂȘtre proposĂ©es, sur demandes spĂ©ciales, en formats spĂ©cifiques. Lâenvers PVC, unique en Europe garantit la meilleure stabilitĂ© dimensionnelle du marchĂ©. Cette stabilitĂ© permet une tenue de produit irrĂ©prochable, lâinvisibilitĂ© des joints et une facilitĂ© de pose et dâentretien incomparable. Les collections sont classĂ©es UPEC et bĂ©nĂ©ficient toutes dâun classement feu BflS1. Tecsom, fabricant français de revĂȘtements de sol textiles, dispose aujourdâhui du plus grand stock dâEurope de produits en dalles et en rouleaux. Aujourdâhui reconnu pour sa rĂ©activitĂ©, Tecsom assure une livraison en 24/48h sur lâIle de France et 72h sur les rĂ©gions. Tecsom Evolution m Tecso
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Escalier suspendu TREPPENMEISTER www.treppenmeister.fr
Escaliers Design et suspendus Depuis 40 ans, Treppenmeister propose un systĂšme unique de crĂ©ation et de fabrication dâescaliers qui englobe un Centre de Recherche et DĂ©veloppement basĂ© en Allemagne, et un rĂ©seau de fabricants rĂ©partis aux quatre coins de lâEurope, dont prĂšs de 40 en France et 90 en Europe. Pour le client, câest une double garantie : les derniĂšres technologies de pointe, associĂ©es Ă une fabrication artisanale et locale. Sur-mesure, sĂ©curitĂ©, design, confort : ce sont les maĂźtre-mots de la sociĂ©tĂ© Treppenmeister. Treppenmeister inventeur, leader et rĂ©fĂ©rent en matiĂšre dâescalier suspendu Ce systĂšme a rĂ©volutionnĂ© lâamĂ©nagement intĂ©rieur au milieu des annĂ©es 60, rompant avec la tradition de lâescalier imposant et massif. Aujourdâhui, câest une vĂ©ritable tendance dĂ©co : lâescalier suspendu a la cote ! Une fiabilitĂ© certifiĂ©e Treppenmeister a Ă©tĂ© le premier fabricant dâescaliers Ă obtenir, en 2005, lâAgrĂ©ment Technique EuropĂ©en (norme CE).
RevĂȘtements pour murs et plafonds
VITRULAN Textile Glass Bernecker Str.8 95509 Marktschorgast, Allemagne www.systexx.fr Eric Olivier - Directeur des Ventes TĂ©l. 06 71 76 94 52 e.olivier@vitrulan.com
Fabricant allemand et leader europĂ©en des revĂȘtements muraux textile de type « toile verre », Vitrulan sâaffranchit des motifs classiques historiques pour proposer une gamme au design innovant et aux fonctionnalitĂ©s nouvelles. Leurs performances mĂ©caniques en font le choix N°1 des ERP, pour leur comportement au feu (B,s1-d0), leurs trĂšs faibles Ă©missions dans lâair (A+), leur rĂ©sistance Ă lâabrasion et aux chocs et leur capacitĂ© dâarmature des cloisons (anti-fissuration). Respirant et sans allergĂšne (label Confiance Textile le plus strict), ils respectent la santĂ© des occupants et sâintĂšgrent Ă la dĂ©marche HQE. Leur pose rapide sans encollage du mur assure une finition sans bullage et des joints quasi-invisibles, dĂ©clinĂ©e aux couleurs de chaque projet. SYSTEXX by Vitrulan, la marque de lâinnovation dans les revĂȘtements muraux Issue de la volontĂ© de Vitrulan dâoffrir des revĂȘtements innovants de qualitĂ©, SYSTEXX by Vitrulan incarne lâalliance de la technique, de lâesthĂ©tique et de fonctionnalitĂ©s nouvelles : design contemporain (plus de 30 motifs), affichage magnĂ©tique, mur tableau blanc, tissage de logo sur mesure, revĂȘtement acoustique, rĂ©novation sans prĂ©paration et derniĂšre innovation, revĂȘtement assainissant capteur de formaldĂ©hydes. Plus de 20 millions de mÂČ sont posĂ©s chaque annĂ©e dans les secteurs de la santĂ©, lâhĂŽtellerie, le tertiaire et les bĂątiments publics, en neuf et en rĂ©novation. Disponible dans le rĂ©seau de distribution de peintures professionnelles, SYSTEXX by Vitrulan est soutenue par une Ă©quipe de prescripteurs, de lâaccompagnement au choix du revĂȘtement au dĂ©marrage du chantier.
Plus dâinformations, fiches techniques, brochures, Ă©chantillons et CCTP sur www.systexx.fr
Aller de lâavant dans la continuitĂ©
WILKHAHN 58 rue de Paradis 75010 Paris TĂ©l. +33 (0)1 44 23 76 70 www.wilkhahn.fr info@wilkhahn.fr
En matiĂšre de mobilier, Wilkhahn personnifie dans le monde entier le âDesign made in Germanyâ, avec des solutions dâamĂ©nagement des environnements tertiaires et des espaces confĂ©rence qui sont autant de rĂ©fĂ©rences pour toute la profession. Depuis 60 ans, Wilkhahn est fidĂšle Ă trois principes : valeur dâusage optimisĂ©e, esthĂ©tique pĂ©renne et qualitĂ© durable. Wilkhahn se distingue en outre par son implication dans le domaine social et le dĂ©veloppement durable. Interagir. Veiller. Rester curieux. Nous nâavons jamais cru Ă la forme pure : crĂ©er des meubles ou agencer des espaces, câest agencer lâenvironnement et les relations mĂȘmes entre les individus. Aussi lâesthĂ©tique a-t-elle toujours eu pour nous une dimension Ă©thique.
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Ce numéro comprend un encart jeté de 4 pages
DépÎt légal : 3e trimestre 2016
UN DĂDALE DE CAMPS : LA VILLE DIVISĂE Auteur : Bozar Ben Zeev UnitĂ© de DiplĂŽme 8, AA school Traduction : Emma Nubel
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DIPLĂME CREE
Ce projet de diplĂŽme explore les champs de la biopolitique et de lâarchitecture qui eux-mĂȘmes se chevauchent dans la notion de campement. Les camps se prĂ©sentent sous diverses formes et sont multi-facettes. Cependant ils sont tous fondĂ©s sur le mĂȘme principe : un espace dâexclusion dĂ©limitĂ© et contrĂŽlĂ©. Ce projet a pour but dâexpĂ©rimenter et de rĂ©articuler ces zones dâexclusion qui sont en train dâĂ©merger dans les villes contemporaines. Il souligne et dĂ©voile le campement comme Ă©tant la forme principale de production spatiale dans la ville moderne. La vision dâune ville nouvelle est proposĂ©e grĂące Ă des
expĂ©rimentations sur des modĂšles de classifications types de ce phĂ©nomĂšne : parc dâattraction, centre commercial ou encore le quartier rĂ©sidentiel sĂ©curisĂ©. La ville va devenir un paysage divisĂ© par des frontiĂšres urbaines entre quartiers prisĂ©s enclavĂ©s et aux alentours des quartiers qui vont se marginaliser progressivement. Ce sera un endroit oĂč les rĂ©sidants ne seront plus dans le continuum de lâespace urbain mais vivront quotidiennement dans des systĂšmes socioĂ©conomiques et spatiaux complĂštement sĂ©parĂ©s. La ville comme un dĂ©dale de camps est une anticipation de la citĂ© du 21e siĂšcle : un endroit dâinĂ©galitĂ©s et dâexclusion.