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AOÛT-SEPT·2016 HABITER / INTÉRIEUR

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19/07/2016 09:29

NÂș377 AOÛT-SEPT·2016

ARCHITECTURES

NÂș377



Didier FiĂșza Faustino

ÉDI TO

ARCHITECTURES

Dans ce numĂ©ro Habiter, nous avons souhaitĂ© mettre l’accent sur une nouvelle gĂ©nĂ©ration de maisons remarquables qui dĂ©notent toutes d’une tendance commune. AprĂšs l’ostentatoire et le recours au luxe et au prĂ©cieux, on assiste aujourd’hui Ă  une certaine forme de rigorisme, si ce n’est d’épure, de pair avec l’utilisation de matĂ©riaux bruts ou presque. Le bois, le bĂ©ton, la tĂŽle sont sculptĂ©s, façonnĂ©s ou dĂ©ployĂ©s pour mettre en Ɠuvre des abris. Les maisons-reprĂ©sentation d’il y a quelques annĂ©es font place Ă  des maisons-cocon, voire, des maisons-bunker. Elles sont le lieu d’un repli sur soi, bien que connectĂ©es sur le monde. L’occasion Ă©galement d’un retour aux Ă©lĂ©ments, plus qu’à la nature Ă  proprement parler. De quoi tĂ©moignent ces architectures ? Peut-ĂȘtre de l’envie, si ce n’est le besoin, du simple plaisir d'habiter.. Le souhait de s’isoler et de s’éloigner du regard des autres. Ne plus faire la dĂ©monstration de ses capacitĂ©s, mais profiter d’un lieu pour manger, dormir et contempler. ApprĂ©cier le temps, certainement, dans cette Ă©poque de vie accĂ©lĂ©rĂ©e.


ARCHITECTURES

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ÉVÈNEMENTS

Superstudio La grille comme stratĂ©gie d’Alien

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SOMMAIRE

LIVRES

Livres : IntĂ©rieur, intĂ©rieur
 Une petite bibliothĂšque sur la notion d’espace domestique

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EXPOS Design Parade Toulon L’architecture d’intĂ©rieur en question

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EXPOS Laboratoire espace cerveau Gianni Colombo, Paul Sharits et les autres

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EXPOS

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INTERVIEW

Vitra Schaudepot Herzog & de Meuron voient rouge

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EXPOS Felice Varini S’amuser avec la rigueur corbusĂ©enne

CREE

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EXPOS

EXPOS

Duan Hanson Le besoin de domesticité

31

EXPOS

Constellation.S Des maniùres d’habiter le monde

8

Ora Ïto Designer et bien plus

30

Accrochage Entre le plein et le vide
 le spectateur

EXPOS

EXPOS MET ROOF - Cornelia Parker Quand Norman B. s'invite sur le toit du MET

EXPRESSIONS

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TRIBUNE

Vers l’entr’espace

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GRAND ENTRETIEN Bow-Wow ou la science du comportement

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INTERVIEW Quelques figures de l’intĂ©rieur Martinez Barat Lafore Architectes

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FLASH-BACK Le tout-confort télématique Archives

Couverture : Studio Quetzal, Immersed Office. Photographie : Lothaire Hucki, Villa Noailles, 2016 Prochain numéro : Anticipation



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PERSPECTIVES

MĂ©tissage pĂątissier Architectes : DGT

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ESSAI « Les intérieurs et la fantasmagorie des choses »

78

GRAND ANGLE MatiĂšres Grises Architectes : Pezo von Ellrichshausen

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Sans limites Architectes : Tato Architecte : Patrick Dillon

FOCUS

SOMMAIRE

96

102

GRAND ANGLE Le bon sauvage Ă  Monterrey Architecte : Tatiana Bilbao

110

Leçon d'équilibre Architecte : PAX.ARQ

FOCUS

MATIÈRES RÉFLÉCHIES

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INTERVIEW 6 aménagements pour APC Architecte d'intérieur : Laurent Deroo

128

CREE

De l'alu pour de l'or Architectes : OMA

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RÉHABILITATION Une cabane chez Haussmann Architecte : AAVP

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PROJET

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LUMINANCE

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INSTALLATION

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BAIN

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ÉLÉMENTS

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ARCHILISTE

De la céramique partout Architectes : JMA

Constellation Architecte : Studio Joseph

VERSUS MĂ©lange de genres Architectes : Z4Z4 Rafael Beneytez Duran Architecte : Robert mac Bride and Debbie Ryan

PROJET

PROJET

Le liĂšge en Ă©tat de grĂące Artiste : Leonor Antunes

Milan dans le bain Salon Eurobagno

Solutions techniques

Archiliste PalmarÚs 2016 des Architectes d'intérieur

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Un dédale dans la ville DiplÎme

Cette revue peut ĂȘtre utilisĂ©e dans le cadre de la formation permanente. Toute reprĂ©sentation ou reproduction intĂ©grale ou partielle, faite sans le consentement de l’éditeur et de l’auteur ou de leurs ayant droits ou cause, est illicite (article L. 122-4 du Code de la propriĂ©tĂ© intellectuelle). Toute copie doit avoir l’accord du Centre Français d’exploitation du droit de copie (CFC) 20 rue des Grands Augustins 75006 Paris. Tel. 01.44.07.47.70. © by MFTL SARL 2016 – Membre inscrit au CFC et Presse Pro.


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Ă©vĂšnements


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Superstudio La grille comme stratĂ©gie d’Alien

CREE

ÉVÈNEMENTS : EXPOSITIONS

Auteur : Christophe Le Gac

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Happy birthday to you ! 50 ans ! Le groupe radical d’architectes florentins fĂȘtera ses 50 ans en dĂ©cembre prochain. L’histoire nous raconte que Superstudio a Ă©tĂ© fondĂ© en 1966 par Adolfo Natalini (1941) et Cristiano Toraldo di Francia (1941) Ă  l’occasion de l’exposition Superarchitettura (Jolly 2 art gallery - Pistoia). Ils furent rejoints entre 1970 et 1972 par Gian Piero Frassinelli (1939), Robert Magris (1935-2003), Alessandro Magris (1941-2010) et Alessandro Poli (1941). Avec les collectifs Archizoom, UFO, Gruppo 9999 et quelques individualitĂ©s comme Gianni Pettena et Michele De Lucchi, ils ont incarnĂ© un vent de rĂ©bellion contre le modernisme finissant et les mĂ©gastructuralistes dont les idĂ©es Ă©taient en pointe dans les annĂ©es 60. Dans cette fameuse exposition fondatrice oĂč ils Ă©taient en compagnie de leurs collĂšgues Archizoom, l’affiche Ă©tait structurĂ©e par la phrase : « La superarchitecture est l’architecture de la superproduction, de la super consommation, de la super induction Ă  la super consommation, du supermarchĂ©, de superman et du Super. » Tout un programme ! Non sans un humour acerbe et un dĂ©calage assumĂ©, cette nouvelle gĂ©nĂ©ration toscane voulait rĂ©gler son compte Ă  l’industrialisation de la construction, au zoning en urbanisme, Ă  l’uniformitĂ© gĂ©nĂ©ralisĂ©e, etc mais aussi au Pop Art, au nomadisme et aux rĂȘveurs d’un monde libĂ©rĂ© des contraintes matĂ©rielles grĂące aux avancĂ©es technologiques. Le fait d’ĂȘtre italien explique en partie cette volontĂ© critique. Comment ne pas vouloir tout renverser lorsqu’il vous est impossible, Ă  la sortie de l’école, de construire ce que vous imaginez car autour de vous, le bĂąti historique conservĂ© dans du formol est un rempart Ă  toute prospective. Et pourtant des infrastructures routiĂšres par exemple sont rĂ©alisĂ©es et dĂ©truisent les abords des secteurs protĂ©gĂ©s. Alors, il reste la remise en cause des discours dominants par la mise en place d’un appareil critique Ă  base de collages, posters, performances dans la rue, revues, expositions, et accessoirement des projets spĂ©culatifs dans diffĂ©rentes Ă©chelles (design, architecture, urbanisme). La scĂ©nographie fĂ»t aussi un moyen d’expression trĂšs usitĂ©. TrĂšs actif pendant une dizaine d’annĂ©es, Superstudio participa Ă  de nombreuses expositions dont la fameuse Italy: the new domestic landscape au MoMA de New York en 1972.



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1 Superstudio, vue d’exposition, MAXXI, jusqu’au 4 septembre 2016. Photo courtesy CLG   2 Superstudio, Atti Fondamentali. Vita - Supersuperficie. Pulizie di primavera, 1971, litografia Courtesy Fondazione MAXXI   3 Superstudio, Bazaar, Giovannetti, 1969, divano componibile. Photo : C. Toraldo di Francia   4 Superstudio, Autoritratto, 1973, collage. Photo : C. Toraldo di Francia

CREE

ÉVÈNEMENTS : EXPOSITIONS

5 Superstudio, Prototipi per mobili, Serie Misura, 1970. Panzano nel Chianti. Photo : C. Toraldo di Francia

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Investir le MAXXI Maintenant identifiĂ©s dans l’histoire officielle sous le nom « d’Architecture radicale », Superstudio et leurs compĂšres trouvent place dans les institutions musĂ©ales. Le chemin fĂ»t long mais la reconnaissance d’une critique virulente du fonctionnalisme par une dĂ©clinaison exagĂ©rĂ©e de son dĂ©nominateur commun, la grille, a fini par payer. En cette pĂ©riode estivale, le MAXXI accueille la bande de Florentins. Sous la forme d’une rĂ©trospective au titre explicite SUPERSTUDIO 50, le curateur - Gabriele Mastrigli - explique sa comprĂ©hension du groupe et le fil conducteur de l’exposition romaine : « Refusant une approche interdisciplinaire gĂ©nĂ©rique, le groupe propose l'adaptation d'une vision plus large et une refonte radicale de l’architecture et du design, en remplaçant l’imagerie traditionnelle et domestique par un univers d’objets Ă©tranges et des visions dystopiques. » Accueilli par le divan Bazaar, Giovannetti (1969), par sa forme ronde ce dernier sert d’articulation et dirige vers la grande cimaise, colonne vertĂ©brale de l’exposition et Ă©cho volontaire Ă  la grille tridimensionnelle blanche franchissant paysages naturels et urbains : Le Monument Continu (1969-1970). Sur ce mur rouge, de nombreux dessins, collages de projets des dĂ©buts font face, au sol, Ă  une autre piĂšce maĂźtresse dans le parcours de Superstudio. Les Histogrammes, ou les Tombes des architectes (1969), composĂ©s de 30 diagrammes


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tridimensionnels, recouverts d’un laminĂ© plastique sĂ©rigraphiĂ©. Modulaires, tels des legos basiques, ils peuvent s’associer Ă  n’importe quelle Ă©chelle. « Cette grille sans fin dans laquelle chacun peut vivre (et mourir) sans se consumer physiquement ou spirituellement » est une charge sĂ©duisante contre le fonctionnalisme. Pas fous, les architectes de Superstudio ont dĂ©clinĂ© cette trame en mobilier Misura (1970) et Quarterna (1970). AprĂšs quelques marches, sur le dernier plateau de l’exposition, les films rĂ©alisĂ©s par l’équipe sont projetĂ©s sur un mur inclinĂ©. Un rĂ©gal !

ÉVÈNEMENTS : EXPOSITIONS

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L’avenir en question Une fois sortie du musĂ©e, une question vient Ă  l’esprit : « Mais oĂč sont les Superstudio d’aujourd’hui ? » Qui, dans les nouvelles gĂ©nĂ©rations sorties des "super " Ă©coles d’architecture, prend Ă  bras le corps le rĂ©el et toutes ses dĂ©rives. Les sujets ne manquent pas. Le corporate recouvre le monde tel Le Monument Continu, le mobilier gĂ©nĂ©rique envahit nos intĂ©rieurs, la crise du logement n’en finit pas et le pĂ©trole coule toujours Ă  flot. La modernitĂ© a eu lieu, pas la meilleure. Dans le documentaire de Julien Donada, Les visionnaires - une autre histoire de l’architecture (Petit Ă  petit production, 2013), tous les empĂȘcheurs de tourner en rond de l’architecture - HĂ€usermann, Antti Lovag, Rottier, Cook, Greene, Hollein, Branzi, Pettena, Natalini
 - reviennent sur leurs actes de bravoure contre la pensĂ©e dominante de l’acte de bĂątir. InterrogĂ© sur la notion d’architecte visionnaire, Michel Ragon s’adresse aux nouvelles gĂ©nĂ©rations d’architectes par la question suivante : « N’y a-t-il pas maintenant des gens qui travaillent aussi sur une architecture de l’avenir ? » Nous essayerons de rĂ©pondre dans le prochain numĂ©ro de CREE placĂ© sous le signe de l’anticipation et de la problĂ©matique : « Être architecte demain ».

Superstudio 50 Exposition jusqu’au 4 septembre 2016 MAXXI - MusĂ©e National des Arts du XXIe siĂšcle Via Guido Reni, 4 A - 00196 Roma www.fondazionemaxxi.it Superstudio est au FRAC Languedoc-Roussillon : La ville au loin Exposition jusqu’au 3 septembre 2016 Dans le cadre de l’évĂ©nement « La Ville au loin » organisĂ© par le FRAC Centre-Val de Loire

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Duan Hanson Le besoin de domesticité

ÉVÈNEMENTS : EXPOSITIONS

Auteur : Christophe Le Gac

Si le groupe Superstudio accentuait les mĂ©faits de la construction sur la vie quotidienne par son exagĂ©ration et surtout par le manque d’architecture spĂ©cifique (cf p. 8), Duan Hanson (1935 - 1996) met en exergue le besoin vital en architecture pour les laissĂ©s-pour-compte et la classe moyenne dĂ©primĂ©e. Son Ɠuvre d’un hyperrĂ©alisme figuratif nous laisse sous le choc devant tant de dĂ©sespoir. Chercher une Ă©tincelle de vie et de bonheur dans les yeux des femmes, des enfants et des hommes qui nous font face relĂšve du dĂ©fi. Dans le catalogue publiĂ© par The Serpentine Galleries (2015), l'artiste amĂ©ricain Ă©crit : « Mon but est de permettre Ă  ceux qui regardent mes Ɠuvres de dĂ©couvrir le monde tel qu’il est, et ainsi de chercher les moyens de l’amĂ©liorer, peut-ĂȘtre. » À la vue de la sculpture en rĂ©sine synthĂ©tique, fibre de verre et peinture Ă  huile Housewife (1970), il semble facile d’imaginer meilleure vie pour cette femme toute dĂ©fraichie. Dans un double mouvement l’exposition monĂ©gasque accentue ce phĂ©nomĂšne de morositĂ© associĂ© Ă  un manque cruel d’architecture domestique. En effet le white cube, propre aux espaces d’art contemporain, et trĂšs bien fait ici dans la Villa Paloma, permet d’isoler les sculptures et offre Ă  tout architecte en herbe, un espace de projection. Chacun peut se figurer un intĂ©rieur spĂ©cialement dessinĂ© pour ses hĂŽtes. D’ailleurs l’espoir pointe son bout de nez. Au fond de la piĂšce oĂč la femme au foyer lit, un peintre s’astreint Ă  recouvrir les murs d’un magenta au ton guilleret. Dans une autre salle, un homme et une femme, habillĂ©s en touriste middle class Ă  l’amĂ©ricaine, assis sur un banc, donnent l’impression de dĂ©primer. Le spectateur arrive derriĂšre eux, les voit de dos et peut imaginer avec eux en suivant leur regard portĂ© vers l’horizon, tout un nouveau monde Ă  construire. Mesdames et messieurs les architectes, ils sont pour vous !

Duan Hanson Exposition jusqu’au 28 aoĂ»t 2016

CREE

NMNM Nouveau Musée National de Monaco Villa Paloma - 56 boulevard du Jardin Exotique 98000 Monaco www.nmnm.mc

1 Duane Hanson - NMNM - Villa Paloma Housewife, 1970 RĂ©sine synthĂ©tique, fibre de verre, peinture Ă  l’huile, technique mixte, accessoires. Astrup Fearnley Collection, Oslo Photo NMNM/François Fernandez   2 Duane Hanson - NMNM - Villa Paloma Self-Portrait with Model,1979 Vinyle, peinture Ă  l’huile, techniques mixtes, accessoires. The Estate of Duane Hanson Vues d’exposition. Photos NMNM/François Fernandez

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Design Parade Toulon L’architecture d’intĂ©rieur en question Auteur : Christophe Le Gac

1e Festival international d’architecture intĂ©rieur Du 30 juin au 2 juillet 2016 Expositions jusqu’au 11 septembre Plusieurs lieux dans la ville de Toulon

ÉVÈNEMENTS : EXPOSITIONS

http://www.villanoailles-hyeres.com

CREE

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Depuis plus de dix ans, sur les hauteurs de HyĂšres, la Villa Noailles, menĂ©e avec maestria par son directeur Jean-Pierre Blanc et toute son Ă©quipe, offre un terrain de jeu des plus stimulants pour l’avant-garde de la mode (Festival Mode Photo fin avril) et celle du design d’objets (Design Parade fin juin). Chaque annĂ©e, une judicieuse exposition d’architecture vient se glisser dans la programmation quand les tempĂ©ratures baissent. Et maintenant est proposĂ© un nouveau festival d’architecture d’intĂ©rieur. Sur les mĂȘmes principes que son aĂźnĂ©, Design Parade Toulon organise un concours ouvert aux jeunes Ă©quipes dont les dix finalistes rĂ©alisent leurs amĂ©nagements dans un ancien hĂŽtel particulier proche de l’Arsenal. AprĂšs la dĂ©couverte de plusieurs propositions, rien de formidable ne se distinguait. Mais derriĂšre une porte ouverte, un sol de tomettes peintes dans un bleu foncĂ© sous-marin attirait l’attention. Une fois dans la piĂšce, une bibliothĂšque en bois clair guide les pas du visiteur et structure le volume. AttirĂ© par un grand miroir biseautĂ© et une peinture en dĂ©gradĂ©, du bleu au blanc, du sol au plafond, vous vous retrouvez dans un autre espace plus intime. Y siĂšgent en son centre un bureau et une assise. Recouvert en partie de contreplaquĂ© souple, complĂštement lisse, l’originalitĂ© rĂ©side dans le dessin du bureau. Prolongement d’un lĂ© de contreplaquĂ© fixĂ© Ă  un pied, le plateau procure un sentiment de flottaison. Cela tombe bien, le thĂšme du concours Ă©tait la MĂ©diterranĂ©e et ce projet a remportĂ© le premier prix. Il a Ă©tĂ© conçu par le studio de design global Quetzal (Paris). VĂ©ritable microarchitecture, Immersed Office sort du lot, haut la main, grĂące Ă  la volontĂ© de ses crĂ©ateurs d’architecturer la piĂšce et non, simplement de poser ou accrocher des objets. De l’architecture d’intĂ©rieur, en somme, pas de la simple dĂ©co. Il est Ă  noter, cĂŽtĂ© design d’objet, l’excellent diplĂŽme de Gregory Granados (ESAD Toulon). « Flex » son projet de recherche, mĂ©lange de bois dĂ©fibrĂ© Ă  des Ă©lastomĂšres qui accouche d’un bois flexible. Une paire de lunettes aux branches souples et une chaise adaptable au corps de son usager sont exposĂ©es Ă  la galerie de l’école.


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PURELITE. LES RÊVES DES ARCHITECTES FINISSENT PAR SE RÉALISER. Lors de la planification, la gamme Purelite dĂ©veloppĂ©e avec l’architecte bĂąlois Peter Steinmann offre une grande marge de manƓuvre sans compromis en matiĂšre d’efficacitĂ©, de qualitĂ© de la lumiĂšre et de rendu de couleurs. Une planification flexible est possible grĂące Ă  une hauteur de 35 mm avec ballast dans le modĂšle apparent. Il n’est pas nĂ©cessaire de prendre des dispositions particuliĂšres Ă  un stade prĂ©cĂ©dent.

1 Studio Quetzal, Immersed Office. Photographie : Lothaire Hucki, Villa Noailles, 2016

La hauteur effectivement visible de la variante Ă  encastrer de seulement 22 mm mĂ©rite une attention particuliĂšre. Cinq caractĂ©ristiques de rayonnement coordonnĂ©es pour des applications diffĂ©rentes garantissent un Ă©clairage parfaitement adaptĂ© Ă  vos besoins. La gamme Purelite est conçue par des architectes pour des architectes. www.regent.ch/purelite

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Laboratoire espace cerveau Gianni Colombo, Paul Sharits, et les autres Auteur : Christophe Le Gac

ÉVÈNEMENTS : EXPOSITIONS

1 Gianni Colombo, Topoestesia - Trezone contigue (itinerario programmato), 1965-1970. Institut d’art contemporain, Villeurbanne/Rhîne-Alpes. Courtesy Blaise Adilon

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Depuis le processus de Bologne en 1999 (dĂ©claration finale en 2010) et la mise en place de l’Espace europĂ©en de l’enseignement supĂ©rieur, les Ă©coles d’art et par extension les centres d’art, se sont vus dans l’obligation de faire de la "recherche". MalmenĂ© depuis des annĂ©es, le monde acadĂ©mique n’attendait pas aprĂšs une injonction ministĂ©rielle pour faire de la recherche avec les Ă©coles d’art, les centres d’art ou les musĂ©es. La notion de « recherche » est tellement ouverte. Les artistes expĂ©rimentent depuis toujours. L’art conceptuel, surnommĂ© l’art des philosophes, dĂ©montre Ă  qui ne l’aurait pas encore intĂ©grĂ©, combien la recherche est dans l’ADN de toute pratique artistique. Il faut reconnaĂźtre que ces nouvelles rĂšgles auront permis aux Ă©coles et aux lieux de diffusion de stimuler leurs tutelles, tout au moins, d’incorporer cette dimension comme Ă©lĂ©ment de valorisation. En 2009, Ă  l’Institut d’art contemporain de Villeurbanne, Ann Veronica Janssens et Nathalie Ergino lancent le « Laboratoire espace cerveau ». L’artiste belge est connue pour ses espaces immersifs, cotonneux, dans lesquels les corps humains deviennent des matiĂšres diffuses et Ă©vanescentes. Il Ă©tait logique de dĂ©marrer le programme « espace cerveau » autour des relations entre la perception, le corps, l’espace, la phĂ©nomĂ©nologie et les sciences cognitives. De son cĂŽtĂ©, la directrice du I-AC, avait conçu les expositions MaisonsCerveaux (1995) et SubrĂ©el (2002), un signe. 9 stations se sont dĂ©roulĂ©es depuis le lancement sous la forme d’une journĂ©e d’étude, d’une confĂ©rence, d’une Ɠuvre Ă  l’étude et d’une documentation spĂ©cifique. À l’arrivĂ©e, une exposition de restitution/valorisation des recherches permet aux spectateurs de se confronter aux expĂ©rimentations physiques (les Ɠuvres) et spĂ©culatives (la documentation autour de la thĂ©matique abordĂ©e). Sous forme de bilan et avant d’attaquer un nouveau cycle de stations, l’exposition, Retour sur Gianni Colombo
 plonge le visiteur dans un dĂ©dale d’espaces physiques dĂ©matĂ©rialisĂ©s par la lumiĂšre et des fils extensibles tendus continuellement en mouvement car motorisĂ©s. À noter : Dans le prochain numĂ©ro, nous reviendrons plus en dĂ©tail sur le travail de Gianni Colombo. Cet architecte-artiste milanais (1937 - 1993) a su anticiper notre avenir binaire avec trois bouts de ficelle et une ampoule. Remarquable !

Laboratoire espace cerveau Retour sur Gianni Colombo & Paul Sharits En amorce de la station (1)0

CREE

Jusqu’au 14 aoĂ»t 2016 Institut d’Art Contemporain 11 rue Docteur Dolard 69100 Villeurbanne www.i-ac.eu/laboratoireespacecerveau



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Vitra Schaudepot Herzog & de Meuron voient rouge

ÉVÈNEMENTS : EXPOSITIONS

Auteur : Christophe Le Gac

1 Vue extérieur du Vitra Schaudepot conçu par les architectes bùlois Herzog & de Meuron, chaque pierre a été taillée à la main, et non posée en plaquette. Courtesy SCD

de la porte d’entrĂ©e, la finition de l’appareillage Ă©tonne. Il n’est pas question ici de plaquettes mais de briques dĂ©coupĂ©es Ă  la main. Si Ă  distance, tout semble lisse, de prĂšs, l’aspĂ©ritĂ© de chaque brique multiplie les variations visuelles. Une fois le pas de la porte franchi, un autre monde se donne Ă  voir. Tout est blanc ou presque, les tubes fluorescents courent Ă  nu le long de la double pente intĂ©rieure faisant office de plafond. Cette neutralitĂ© trĂšs "galerie d’art" a pour vertu de mettre en avant les diffĂ©rents meubles installĂ©s les uns Ă  cĂŽtĂ© des autres sur des structures mĂ©talliques. De belles surprises attendent le visiteur, notamment la premiĂšre chaise de Philippe Starck. Elle est structurĂ©e par un tube en inox qui se retourne en partie basse pour former le siĂšge et en partie haute pour le dossier. Un dĂ©tail : le siĂšge et le dossier sont composĂ©s chacun de cinq disques en fonte pour haltĂšres. IKEA ferait bien de s’inspirer de Vitra pour amĂ©nager ses hangars, Ă  mille lieux du Schaudepot. Ah ! Si seulement la norme grand public Ă©tait celle de Vitra ! Vitra Schaudepot Vitra Campus Charles-Eames-Strasse 2 79576 Weil am Rhein www.vitra.com

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CREE

VĂ©ritable « Weissenhof-siedlung » implantĂ© Ă  Weil am Rhein, en Allemagne, prĂšs de BĂąle, depuis les annĂ©es 1980, le Vitra Campus s’enrichit rĂ©guliĂšrement de petits chefs-d’Ɠuvre de l’architecture mondiale. Le dernier nĂ©, qui accueille une partie de la collection de meubles du Vitra Design Museum, a Ă©tĂ© conçu par les voisins suisses Herzog & de Meuron. Le bĂątiment est implantĂ© entre la caserne des pompiers (1993), de feu Zaha Hadid et les bureaux de l’usine. Pas facile de s’implanter dans un tel contexte. Le choix de la brique rouge comme Ă©lĂ©ment unificateur, des emmarchements aux murs, en passant par le parvis, donne au Schaudepot le statut de projet urbain. D’un cĂŽtĂ©, il devient un trait d’union avec la Factory Building d’Alvaro Siza (1994), Ă  deux pas, et de l’autre, il rĂ©ussit Ă  tenir tĂȘte Ă  l’expressionnisme tout en bĂ©ton brut de la caserne. Sa forme stylisĂ©e Ă©voque une grande demeure Ă  deux pentes et inspire le respect malgrĂ© sa taille modeste. L’unique ouverture placĂ©e au centre de la façade sud et l’uniformitĂ© du matĂ©riau choisi renforcent ce sentiment. À l’approche


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Ora Ïto Designer et bien plus


CREE

ÉVÈNEMENTS : INTERVIEW

Entretien avec : Ora ĂŻto Auteur : Christophe Le Gac Texte retranscrit par : Emma Nubel

Comme entrĂ© par effraction dans le monde du design, le designer Ora ĂŻto, de son vrai nom Ito Morabito, a rĂ©cemment provoquĂ© commentaires acerbes et polĂ©miques. Beaucoup le considĂšrent comme un imposteur, il est « l’enfant terrible du design. » Cependant Ă  l’orĂ©e de ses 40 ans, il accumule les projets et les rĂ©ussites. Il reçoit, par exemple, l’oscar du meilleur design pour sa bouteille d’Heineken en 2002 ; est couronnĂ© en 2004 d’un Red Dot Design Award pour sa lampe ONE LINE qu’il dessine d’un seul trait et devient chevalier des Arts et des Lettres en 2011. Et pour enfoncer le clou, une bouteille de biĂšre, un flacon de parfum, une chaise, un fauteuil, une lampe et un candĂ©labre rentrent dans les collections du Centre Pompidou. AprĂšs avoir quittĂ© prĂ©maturĂ©ment ses Ă©tudes de design, il lance sa carriĂšre Ă  19 ans, en proposant des objets imaginaires de grandes marques comme un sac Ă  dos Vuitton ou une mallette Apple. SacrĂ© coup de pub, les gens cherchent partout ces faux objets. De plus, passionnĂ© par le Corbusier depuis tout petit, il acquiert en 2012 le toit de la CitĂ© Radieuse comme on achĂšterait une sculpture. C’est le MaMo qui voit le jour et se transforme rapidement en centre d’art en 2013. Nous avons voulu nous entretenir avec ce designer touche-Ă -tout, auteur de la notion de « simplexitĂ© », autour de questions volontairement Ă©loignĂ©es des polĂ©miques passĂ©es. CREE Pouvez-vous nous rappeler votre concept de « simplexitĂ© » ? Ora ĂŻto C’est tout d’abord une maniĂšre trĂšs courte de rĂ©pondre Ă  la question: « C’est quoi ton style ? » La « simplexitĂ© » marie la simplicitĂ© et la complexitĂ©. C’est une philosophie. Cela consiste Ă  amener de la matiĂšre lĂ  oĂč il y’en a besoin, et pas plus. Il faut diminuer au maximum l’approvisionnement des matiĂšres. Je trouve que c’est beaucoup plus dur de faire quelque chose de simple que de compliquĂ©. Lorsque c’est compliquĂ©, c’est qu’il n’y a

pas d’idĂ©e assez forte et on doit les empiler les unes sur les autres. La simplicitĂ©, c’est dans le geste. J’aime quand les choses sont fluides et qu’on ne sent pas l’effort. Par exemple, la danseuse : on ne voit pas les annĂ©es d’efforts qu’il y a derriĂšre chaque mouvement, cela paraĂźt trĂšs simple mais en fait c’est trĂšs complexe. CREE De quel hĂ©ritage vous sentez-vous redevable, si tel est le cas ? Oï Faisant partie de cette gĂ©nĂ©ration nĂ©e dans la modernitĂ©, je dirai qu’on ne peut pas Ă©voluer sans avoir eu des influences trĂšs fortes, que ce soit des artistes, des architectes ou des designers. Ainsi, le premier contact que j’ai eu avec l’architecture c’était enfant, lorsque j’ai dĂ©couvert la maison sur la cascade de Franck Lloyd Wright. J’étais impressionnĂ© par son Ă©quilibre et son intĂ©gration parfaite dans la nature, son terrain, ses courbes et ses matĂ©riaux approvisionnĂ©s localement. Cette maison, avec ce tel porte-Ă -faux, m’obsĂšde encore aujourd’hui et fait partie de ma philosophie. Etant nĂ© Ă  Marseille avec la citĂ© Radieuse, il y a aussi Le Corbusier. C’est un nom qui revient d’office sur la table. Sa collection de meubles LC est sĂ»rement la plus vendue dans le monde et la plus intemporelle. Il y aussi l’architecte et designer Niemeyer, que je regrette grandement de n’avoir jamais rencontrĂ©. Chez Niemeyer il a quelque chose de trĂšs fort par ses courbes, sa sensualitĂ©, son rapport Ă  l’environnement ; il est presque dans l’ordre du symbole. Chacune de ses architectures est une sculpture, un objet. AprĂšs, il y a Mies van der Rohe qui complĂšte ce quatuor. Je suis aussi passionnĂ© par toute la vague d’art minimal. Au dĂ©part c’est Tony Smith qui rassemble mes idĂ©es plastiques de minimalisme et d’infini avec un cĂŽtĂ© trĂšs modulaire dans son Ɠuvre. Sol Lewitt m’a aussi Ă©normĂ©ment marquĂ©, son travail sur le volume m’impressionne. ForcĂ©ment il y a aussi Donald Judd. Henri Moore et Calder

sont un peu plus libres. Il y a de la poĂ©sie tout en restant formel. Comme Niemeyer, il y a un rapport sublime avec la matiĂšre et les formes. Henri Moore a inventĂ© le design organique et a tout dit de façon extraordinaire par rapport aux formes. En cinĂ©ma, Scorsese et Kubrick sont de mon Ă©poque, et ça m’a mĂȘme traversĂ© l’esprit de devenir rĂ©alisateur. CREE Est-ce que le design c’est de la crĂ©ation ? Oï Si ce n’est pas de la crĂ©ation, c’est quoi ? La dimension fonctionnelle ne l’emporte pas sur la dimension crĂ©ative. Cela avance ensemble tout en prenant des formes diffĂ©rentes d’expression. Il y a l’ergonomie du produit, l’influence de la matiĂšre et la fonction de l’objet. Ainsi, si on rĂ©flĂ©chit Ă  une chaise, ce sera diffĂ©rent par rapport au mode de production. Et puis les chaises ont diffĂ©rentes fonctions ; on peut, par exemple, les empiler les unes sur les autres, rĂ©flĂ©chir Ă  l’assise avec des accoudoirs ou non. Mais il y a tout de mĂȘme une vraie crĂ©ation, sinon on ferait tous la mĂȘme chaise. CREE Et alors justement, quel est votre rapport au dessin ? Oï J’adore dessiner. C’est la base de tout. Avec un simple croquis on explique beaucoup de choses. Je dessine avec tout. Parfois tu rĂ©pĂštes le mĂȘme dessin et tu te demandes pourquoi tu ne vas pas le faire. Certains de mes dessins m’inspirent pour d’autres projets mĂȘme s’ils n’ont rien Ă  voir. Je passe beaucoup d’une chose Ă  une autre. En conception je gagne un temps fou avec le dessin numĂ©rique et l’imprimante 3D. Les petites maquettes, on peut les regarder dans tous les sens, les mettre en situation et prendre des photos tout en ayant l’impression qu’elles sont Ă  Ă©chelle 1. En revanche je ne redessine jamais Ă  partir de ces petites maquettes car c’est dĂ©jĂ  trĂšs dĂ©fini.


Courtesy Ora Ito © Ellen Von Unwerth


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ÉVÈNEMENTS : INTERVIEW

1 House of Legend, 2001 Pour l’album « 10 000 Hz Legend », AIR Editeur : AIR, Virgin Records Courtesy : Ora Ito Studio

CREE Comment dĂ©finissez-vous la recherche et quelle est sa dimension dans votre pratique ? Oï C’est une recherche assez pragmatique, d’actions successives. S’ensuit une rĂ©flexion sur la gestuelle reliĂ©e directement Ă  l’objet mais Ă©galement Ă  son dĂ©placement autour. L’objet influence le comportement : comment on va l’utiliser, l’apprĂ©hender, tourner autour s’il est carrĂ© ou rond. La recherche vient de diffĂ©rentes maniĂšres. Quand j’avais travaillĂ© sur une bouteille d’eau ronde, j’avais passĂ© beaucoup de temps sur le terrain Ă  rĂ©flĂ©chir Ă  la consommation et la forme. Mais pour Cassina, je travaille sur une chaise et mes recherches s’appuient sur le savoirfaire de la marque. J’essaye de pousser au maximum leurs capacitĂ©s, les outils et leurs technologies. On est presque entre l’industriel et l’artisanat. CREE Quelle place accordez-vous Ă  l’esthĂ©tique dans vos projets ? Est-ce un rĂ©sultat ou une prioritĂ© ? Oï J’accorde beaucoup d’importance Ă  l’esthĂ©tique mais surtout au dĂ©tail. Ce n’est pas qu’un dĂ©tail, c’est le design. Cela montre que ce n’est pas du travail bĂąclĂ© mais quelque chose d’élĂ©gant qui

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est fait avec beaucoup de mĂ©thodologie et de prĂ©cision. Et la matiĂšre a presque autant d’importance que la forme. C’est toujours plus beau un objet en marbre qu’en plastique. CREE OĂč commence et s’arrĂȘte le design ? Oï Quelque part, on est tributaire de son inspiration, donc ce n’est jamais vraiment fini. Je trouve que c’est le moment le plus difficile. J’aime les longs processus et j’ai beaucoup de mal Ă  travailler dans la vitesse. Avoir du temps pour oublier un projet et revenir dessus, voilĂ  ce qu’il me faut. CREE Quel est le contexte et quels sont les enjeux et perspectives du MaMo ? Oï Mon but premier n’était pas de crĂ©er un centre d’art mais d’acheter cette architecture comme on achĂšte une sculpture, un tableau ou un meuble. C’est l’amour du lieu, ce qu’on pouvait y faire et les projections que j’y ai faites qui ont fait que j’ai construit ce projet Ă  partir de rien. Cela a Ă©tĂ© une aventure de fou, j’ai rencontrĂ© Buren, Dan Graham et des gens qui m’ont fait gagner dix ans dans ma vie. Cette dimension de l’échange avec l’artiste a changĂ© ma vie.



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Felice Varini S’amuser avec la rigueur corbusĂ©enne Auteur : Christophe Le Gac

ÉVÈNEMENTS : EXPOSITIONS

1 Felice Varini, Triangles percĂ©s, Marseille, 2016. Exposition « A ciel ouvert », MAMO - Centre d’Art de la CitĂ© Radieuse, Marseille. Photo : AndrĂ© Morin

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AprĂšs Xavier Veilhan, dans le but de prendre la mesure du lieu, Daniel Buren afin de le maĂźtriser, Dan Graham dans l’optique de le dĂ©multiplier, le designer propriĂ©taire du MaMo (pour Marseille Modulor) Ora ĂŻto a invitĂ© Felice Varini Ă  s’emparer du toit corbusĂ©en. Connu pour son travail sur l’utilisation de la perspective italienne, son Ɠuvre interroge le gĂ©nie du lieu dans lequel il intervient. Le toit de l’unitĂ© d’habitation de Marseille relĂšve du dĂ©fi pour l’artiste tessinois. MĂȘme si c’était une premiĂšre pour lui de monter sur le toit de La maison du fada, le Parisien d’adoption, a mis en place son protocole habituel. D’abord il dĂ©ambule dans les diffĂ©rentes espaces du lieu, repĂšre tel ou tel matĂ©riau, se documente sur son histoire. Ensuite il utilise son corps et la hauteur de ses yeux comme Ă©talon pour dĂ©terminer le (ou les) points de vue. À Marseille, trois points de vue ont Ă©tĂ© choisis. Tels des meubles, plusieurs volumes architectoniques peuplent le toit. PensĂ©es Ă  l’échelle de la vue panoramique sur la mĂ©tropole, les microarchitectures ne rendent pas la tĂąche facile. Avec discernement Felice Varini a optĂ© pour trois « points de lecture ». Celui aux bandes jaunes se place sur la terrasse devant la façade principale du gymnase. L’autre aux aplats rouges est Ă  l’opposĂ©, cĂŽtĂ© Ă©cole et bassin. Le troisiĂšme se situe Ă  l’intĂ©rieur du gymnase et entremĂȘle le jaune et le rouge. Juste aprĂšs avoir fermĂ© la porte qui donne sur le toit-terrasse et avoir effectuĂ© un 360° degrĂ©, aspirĂ© par la lumiĂšre qui l’entoure, le visiteur essaie immĂ©diatement de trouver l’emplacement idĂ©al pour comprendre et lire la peinture murale « parfaite ». Cette quĂȘte de comprĂ©hension et de puretĂ© absolue du point de vue est certainement Ă  mettre sur le compte de notre aliĂ©nation volontaire Ă  la perspective albertienne. Tout le travail de Varini aspire Ă  dĂ©truire cette convention. Il souhaite nous emmener ailleurs, dans la multitude, la fragmentation, pas dans l’unique ni la puretĂ©.

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Felice Varini, A ciel ouvert MaMo, Centre d’art de la CitĂ© Radieuse 280 Boulevard Michelet 13008 Marseille https://mamo.fr



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Accrochage Entre le plein et le vide
 le spectateur Auteur : Christophe Le Gac

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ÉVÈNEMENTS : EXPOSITIONS

1 Absalon, Proposition d’objets quotidiens, 1990. Pinault Collection.© Florian Kleinefenn, Courtesy the artist and Galerie Chantal Crousel, Paris  2 Goshka Macuga, Of what is, that it is; of what is not, that it is not 1, 2012. Pinault Collection. Installation view at Punta della Dogana, 2016 © Palazzo Grassi, ph: Fulvio Orsenigo. © Goshka Macuga by SIAE 2016

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Lors de pĂ©rĂ©grinations vĂ©nitiennes, un sentiment de lassitude advient toujours Ă  un moment donnĂ©. AprĂšs plusieurs heures Ă  dĂ©ambuler dans les ruelles de Venise, oĂč tant de choses flattent les yeux, immanquablement un besoin de souffler se fait sentir. Si vous vous trouvez Ă  cĂŽtĂ© de la basilique Santa Maria della Salute, le mieux est de passer la porte vitrĂ©e de la Punta della Dogana. Une fois Ă  l’intĂ©rieur, un sentiment de quiĂ©tude et une fraicheur vous envahissent. Cet immense lieu d’exposition, magnifiquement rĂ©habilitĂ© en 2009 par l’architecte japonais Tadao Ando, hĂ©berge de grandes expositions thĂ©matiques constituĂ©es Ă  partir du fonds exhaustif de la collection Pinault. Avec le Palazzo Grassi, siĂšge de la fondation et lieu d’exposition, François Pinault dispose de deux spots d’art contemporain en plein cƓur de Venise (bientĂŽt un troisiĂšme Ă  Paris, Bourse du commerce). Chaque saison est rythmĂ©e, les annĂ©es impaires, par la Biennale d’art contemporain, et par la Biennale d’architecture, les annĂ©es paires. En cette annĂ©e 2016, l’exposition qui retient l’attention s’appelle Accrochage, tout simplement.


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L’Ɠuvre, le visiteur, l’espace A priori un peu facile, ce titre d’une lapalissade confondante s’affiche sur le mur d’entrĂ©e. L’ambiance grise, du sol au plafond du premier espace du musĂ©e, apaise. Tout de suite, le regard se porte sur une forme qui ressemble vaguement Ă  une femme recouverte d’un tissu sur la tĂȘte. Est-ce un Ă©cho politico-religieux ? Pas sĂ»r. L’artiste Guillaume Leblon explique dans la notice avoir Ă©tĂ© guidĂ© par deux sources. La premiĂšre est une femme sous la pluie, recouverte d’un manteau, traversant une rue Ă  Vancouver. La seconde, plus historique et liĂ©e Ă  l’art, montre Giacometti dans la mĂȘme situation, sous l’objectif de CartierBesson Ă  Paris, en 1961. L’Ɠuvre s’appelle Le Manteau d’Alberto (2015). Elle est faite de marbre vert Anasol et se rĂ©fĂšre Ă©videmment aux multiples sculptures de vierges disposĂ©es dans les Ă©glises vĂ©nitiennes. Cette piĂšce inaugurale introduit finement le propos de Caroline Bourgeois, commissaire de l’exposition : « (
) ces crĂ©ations ont en commun une simplicitĂ© et une ouverture qui ont pour effet d’élargir la place de l’autre, c’est-Ă -dire celle du spectateur ou de la spectatrice. » Elle poursuit « (
) avec Accrochage, dont le titre - gĂ©nĂ©rique, neutre, comme en retrait - laisse place aux Ɠuvres et semble n’indiquer rien d’autre que : “Regardez” ». Dans un contexte culturel comme celui de Venise oĂč la majoritĂ© des touristes ne sont pas des amateurs d’art, la volontĂ© affichĂ©e de la curatrice de faire simple mais pas stupide, trouve tout son sens. Dans sa gestion des relations entre l’Ɠuvre, le visiteur et l’espace, Caroline

Bourgeois utilise l’apport non nĂ©gligeable du Minimal Art. S’il y a bien une chose Ă  retenir de ce mouvement de la seconde avant-garde artistique du XXe siĂšcle, c’est la rĂ©flexion sur les relations entre le corps du spectateur, l’Ɠuvre Ă  disposition, posĂ©e-lĂ  et soi-disant autonome, et le lieu d’exposition en lui-mĂȘme. Sans l’un ou l’autre, il n’y a pas d’art ! Ici toutes les conditions sont rĂ©unies. Un peu plus loin, dans une grande salle, Ă  la charpente prĂ©sente et au sol bĂ©ton puissant et lisse, deux tapisseries monumentales se font face. L’artiste Goshka Macuga a repris deux images que tout oppose. D’un cĂŽtĂ©, Ă  Kaboul, avec au premier plan Afghans et Occidentaux, des ruines sous la neige figurent le dĂ©sastre dans le Moyen-Orient. De l’autre, le gratin de l’art contemporain Ă  la Documenta (13) de Kassel vernit son Ă©dition 2012. IndĂ©niablement lorsque l’on vient de visiter Reporting from the Front d’Aravena, cette confrontation nous interpelle. Au premier Ă©tage, Absalon, avec son vocabulaire, poursuit cette relation extrinsĂšque avec le thĂšme de la Biennale d’architecture 2016. (cf CREE 376, p. 16)

poilue pour son Ăąge. L’espace d’un instant la tromperie joue Ă  plein. A regarder cet ĂȘtre vivant dĂ©ambuler dans un environnement chaotique, abandonnĂ©, post-apocalytique, les paroles de Jacques Derrida rĂ©sonnent. « La “question-de-l’animalitĂ©â€ (
) reprĂ©sente aussi la limite sur laquelle s’enlĂšvent et se dĂ©terminent toutes les autres grandes questions, et tous les concepts destinĂ©s Ă  cerner le “propre de l’homme”, l’essence et l’avenir de l’humanitĂ©, l’éthique, la politique, le droit, les “droits de l’homme”, le “crime contre l’humanitĂ©â€, le “gĂ©nocide”, etc. » (1) Une fois sorti de la salle de projection, cette problĂ©matique vous habite encore longtemps. Le film se nomme (Untitled) Human Mask (2014). Il est dĂ» Ă  l’artiste Pierre Huyghe. Depuis longtemps il travaille cette relation homme / animal, ĂȘtre vivant / matiĂšre inerte. Pour la petite histoire, le singe acteur du film travaille comme serveur dans un restaurant tokyoĂŻte et la YouTube sphĂšre l’a rendu cĂ©lĂšbre. D’autres Ɠuvres ponctuent cet immense vaisseau amiral. Le mieux est de s’y rendre !

Les yeux, le corps, l’espace Redescendu au rez-de-chaussĂ©e par l’escalier le long de la mezzanine, un bruit court le long des parois. Tout doucement guidĂ© par ce son indescriptible, entre bruits de casseroles qui tombent, grognements mi-homme, mi-animal, une salle obscure se profile. Dans tes tons froids verdĂątres, ce qui ressemble Ă  une jeune fille dĂ©tonne car elle se gratte le nez avec une main bien

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De quoi demain
 Dialogue avec Elisabeth Roudinesco (Fayard / GalilĂ©e, 2001 ; Flammarion, « Champs » n°542, 2003), p 105 Ă  p. 127.

Accrochage Jusqu’au 20 novembre 2016 Punta della Dogana Fondation Pinault, Venezia www.palazzograssi.it


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Constellation.S Des maniùres d’habiter le monde Auteur : Sophie Trelcat

1 Halley VI Antarctic Research Station, Hugh Broughton Architects. Courtesy James Morris ; Andy Alsop. Habitat de l’extrĂȘme

ÉVÈNEMENTS : EXPOSITIONS

2 Vertical Gym, Caracas. Urban Think Tank. Courtesy Iwan Baan ; Daniel Schwartz pour UTT.Gymnases en kit au milieu du bidonville

Constellation.S Exposition jusqu’au 25 septembre Publication Ă  paraĂźtre fin 2016 arc en rĂȘve centre d’architecture EntrepĂŽt 7 rue FerrĂšre - Bordeaux www.arcenrĂȘve.com

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CREE

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L’exposition constellation.s du centre d’architecture arc en rĂȘve explore les nouvelles maniĂšres d’habiter. L’évĂ©nement multiforme prĂ©sente des situations de postures de rĂ©silience dans notre sociĂ©tĂ© actuelle. Face aux entrepĂŽts d’arc en rĂȘve et du CAPC, le visiteur est accueilli par une Ă©paisse muraille de cannes de Provence en pots qui prĂ©figure le projet Beyond Entropy Angola, prĂ©sentĂ© en dĂ©tail Ă  l'intĂ©rieur. MenĂ©e par Paula Nascimento et Stefano Rabolli Pansera, cette recherche appliquĂ©e aux bidonvilles de Luanda, envisage de nouveaux modĂšles d’urbanisme en Afrique. ImplantĂ©e dans les interstices de bidonvilles ou dans les Ă©gouts Ă  ciel ouvert, la canne de Provence possĂšde les propriĂ©tĂ©s de purifier l’eau, d’absorber fortement le CO2 ou encore d’ĂȘtre utilisĂ©e comme biomasse. L’espace commun devient une ressource partagĂ©e, susceptible de rĂ©soudre des problĂšmes sanitaires et de crĂ©er de nouvelles Ă©conomies informelles et
 controversĂ©es. A Luanda, les lobbys chinois d’assainissement auront eu raison de cette solution bon marchĂ© et Ă©cologique. Beyond entropy Angola est l’une des 42 contributions installĂ©es sous la grande nef. TrĂšs diffĂ©rentes dans leur approche, toutes sont nĂ©anmoins en prise directe avec les grandes migrations et l’urgence Ă©cologique. Faisant partie des grands Ă©vĂ©nements organisĂ©s tous les 5 ans par arc en rĂȘve, constellation.s s’étoffe d’un riche programme de confĂ©rences et de rencontres avec par exemple, le philosophe Peter Sloderdijk. Les Ă©crits sont Ă©galement de mise avec un lexique rĂ©digĂ© par le gĂ©ographe Michel Lussault (co-commissaire avec Francine Fort et Michel Jacques) qui apporte des clefs de lecture, en prĂ©cisant le sens de mots essentiels, pour comprendre les nouvelles maniĂšre d’habiter le monde car « Habiter, ce n’est pas seulement rĂ©sider quelque part ; c’est aussi se mouvoir et se connecter ». Du point de vue de l’architecture, il s’agit de montrer que celle-ci ne peut plus se penser en dehors des notions de climat, d’économie, d’écologie, d’incertitude, etc., dĂ©veloppĂ©es Ă  travers des recherches inĂ©dites. Notons celle de l’agence hongkongaise Rufwork qui rĂ©invente la ruralitĂ© en Chine, par des bĂątiments Ă©difiĂ©s au moyen de matĂ©riaux recyclĂ©s comme des briques provenant de maisons anciennes dĂ©molies comme pour l’école de Tongjiang. Sous nos latitudes, on retrouve les Ă©quipes connues de Lacaton & Vassal, Patrick Bouchain ou Bourbouze et Graindorge, prĂ©sentant de remarquables projets de logements dans lesquels l’architecture offre une bouffĂ©e d’optimisme. Alors que cette thĂ©matique d’habiter le monde domine l’actualitĂ©, l’évĂ©nement bordelais s’impose dĂ©jĂ  par son esprit prospectif et le sĂ©rieux travail de commissariat qui Ă©vite l’écueil du trop-plein d’images et de discours dĂ©jĂ  largement rĂ©pandu.


Photo : JEFPROD

ERDF devient Enedis. Notre nom change, pas notre engagement. Notre mission de service public : vous apporter lñ€™ĂƠlectricitĂƠ oĂơ que vous soyez, quel que soit votre fournisseur.

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Lñ€™ É N E R G I E E S T N O T R E A V E N I R . É C O N O M I S O N S L A !


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Livres : IntĂ©rieur, intĂ©rieur
 Une petite bibliothĂšque sur la notion d’espace domestique

CREE

ÉVÈNEMENTS : LIVRES

Auteur : Christophe Le Gac

Toute personne ayant fait des Ă©tudes d’architecture ou d’urbanisme se doit d’avoir lu L’urbanisme, utopies et rĂ©alitĂ©s, une anthologie de Françoise Choay (Seuil, 1965). Cet ouvrage rassemble des textes des plus grands penseurs sur l’urbanisme et dans l’introduction, l’auteure - professeure d’universitĂ© - y dĂ©veloppe sa thĂšse sur l’humain dont les choix doivent ĂȘtre guidĂ©s par le dĂ©sir et non par un modĂšle fondĂ© sur les infrastructures techniques et la gestion du foncier ; modĂšle devenu trop souvent la rĂšgle en urbanisme depuis la rĂ©volution industrielle. Si le livre de Choay est devenu un classique, L’idĂ©e de confort, une anthologie - Du zazen au tourisme spatial devrait en constituer le pendant pour le design. L’avenir nous le dira. Pourquoi ? Les deux auteurs / « curateurs » - Tony CĂŽme et Juliette Pollet - introduisent leur ouvrage en relatant une performance d’Allan Kaprow. En juin 1975, dans la Galeria VandrĂšs, Ă  Madrid, sept couples, Ă  tour de rĂŽles, essaient de vivre dans un espace nommĂ© Comfort Zones. Tout se joue dans un espace minimum, entre deux corps et des objets intermĂ©diaires. « Ici, une chaise,

une porte, une lampe, un tĂ©lĂ©phone, etc., s’imposent comme autant d’esquives, de filtres ou de frontiĂšres Ă  dĂ©fendre. Ces objets du quotidien mettent en perspective diverses stratĂ©gies d’évitement ou, au contraire, permettent Ă  de dĂ©licats rapprochements d’opĂ©rer sans friction ». L’idĂ©e de confort ou d’inconfort dĂ©pend de l’utilisation d’objets dessinĂ©s pour l’aisance du corps humain. Ici, se rejoignent les deux anthologies : le corps au centre de tout. Une des originalitĂ©s de cette anthologie dĂ©coule des fonctions des deux directeurs de l’ouvrage. Tony CĂŽme promulgue des cours dans une Ă©cole d’art et de design (Rennes) et Juliette Pollet s’occupe de la collection design au CNAP et organise des expositions Ă  partir de ce fonds, partout en France et dans le monde. Partir d’une performance artistique pour raconter une histoire thĂ©orique du design sous l’angle du confort en est un signe. Ensuite, il faut signaler que cet opus se veut un prolongement Ă©crit de l’exposition Zones de confort (Galerie Poirel, Nancy, du 21/11/2015 au 17/04/2016) dont le commissariat fut assurĂ© par Juliette Pollet. L’autre intĂ©rĂȘt de cette compilation, et non des moindres, tient dans la sĂ©lection des textes. Le sommaire

aide Ă  comprendre la logique sous-jacente de toute cette entreprise. DivisĂ© en quatre parties - dĂ©finitions, gĂ©nĂ©alogie, territoires, fabrique -, la normalisation, la critique, la prospective, les grands rĂ©cits modernes, l’humour post-moderne et notre devenir spatial trouvent leur place dans une maquette au graphisme clair et lisible, le tout agrĂ©mentĂ© par quelques illustrations judicieusement choisies. A noter, l’illustration ci-dessus de Ugo La Pietra (lire page 54 dans ce numĂ©ro, le texte originellement publiĂ© dans Architecture intĂ©rieure - CREE, n°94, 1983) simule par le dessin nos intĂ©rieurs envahis par les Ă©crans et le numĂ©rique. A lire absolument, la petite nouvelle de Dunne & Raby - La tyrannie du confort -, qui est digne de devenir le scĂ©nario d’un futur Ă©pisode de la sĂ©rie Black Mirror, dĂ©diĂ©e Ă  cette thĂ©matique. L’idĂ©e de confort, une anthologie Du zazen au tourisme spatial Sous la direction de Tony CĂŽme et Juliette Pollet Editions B42 (avec la participation du CNAP) ISBN : 978-2-917855-73-7 156 x 240 mm Ă  la française, 272 p., 25 euros http://editions-b42.com


I N T E R N AT I O N A L F I N E C R A F T & C R E AT I O N B I E N N I A L

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BIENNALE INTERNATIONALE MÉTIERS D’ART & CRÉATION


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ÉVÈNEMENTS : LIVRES CREE

D’abord, un peu d’histoire. Dans Rob Mallet-Stevens. ItinĂ©raires : Paris - Bruxelles - HyĂšres (2016), pour la premiĂšre fois toute la correspondance entre Charles de Noailles et l’architecte est publiĂ©e et analysĂ©e, une maniĂšre d’éclairer la naissance de la Villa Noailles. Depuis plus de dix ans s’y tient Design Parade (2016). Le catalogue de cette annĂ©e comporte deux volumes car JeanPierre Blanc, son directeur, a lancĂ© le 1er festival d’architecture d’intĂ©rieur dans la ville voisine, Toulon. L’élastique qui noue les deux volumes est bien vu, et trĂšs efficace (cf couverture ci-dessus). Sur cette notion d’espace domestique, plusieurs ouvrages permettent de s’en faire sa propre idĂ©e. Dans Histoire de l’habitat idĂ©al. De l’Orient vers l’Occident (Ă©ditions le fĂ©lin poche, 2016), le gĂ©ographe Augustin Berque

dresse un bilan des relations entre la sociĂ©tĂ© urbaine et le rĂȘve de nature de celle-ci et ne manque pas d’ironiser sur le statut du 4X4 comme meilleur solution d’habitacle pour pratiquer la « nature ». Georges Teyssot s’intĂ©resse aux relations entre le monde extĂ©rieur et nos intĂ©rieurs. Son ouvrage Une topologie du quotidien (PPUR, 2016) est une vĂ©ritable histoire de l’architecture Ă  partir de la question du seuil. L’architecte Thomas Batzenschlager dĂ©crit et dessine les diffĂ©rents espaces intĂ©rieurs dans lesquels il vĂ©cut lors de ses nombreux voyages. Dans son ouvrage, L’habitant temporaire. Petit atlas des mondes intĂ©rieurs (Lemieux, 2015), une vue en plan, une perspective champ et une autre, contrechamp, ponctuent chaque rĂ©cit. Penser, dessiner, construire. Wittgenstein & l’architecture (L’éclat, 2007) se focalise sur

l’aphorisme : penser ce que l’on va construire et construire ce que l’on pense. La maison viennoise de la sƓur du philosophe en constitue le terrain de jeu. En Ă©cho aux expositions respectives de Gianni Colombo Ă  Villeurbanne (Voir p. 18) et celle de Superstudio Ă  Rome (p. 8), les ouvrages monographiques de ces architectes-artistes sont indispensables. Leur lecture offre des souvenirs visuels des expositions et ouvrent de nombreuses perspectives d’analyses. Dream Machine Brion Gysin (2010) vient complĂ©ter cette vision psychĂ©dĂ©lique du quotidien sur-rĂ©el. Pour finir, un roman de Jonas Karlsson (Actes Sud, 2016) - La piĂšce - raconte la vie quotidienne, au bureau, d’un personnage des plus ordinaires mais qui se rĂ©vĂšle au fur et Ă  mesure totalement dĂ©calĂ©.


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MET ROOF - Cornelia Parker Quand Norman B. s'invite sur le toit du MET

CREE

ÉVÈNEMENTS : EXPOSITIONS

Entretien avec : Béatrice Galilee Commissaire du « Met Roof » Auteur : Christophe Le Gac Traduction : Emma Nubel

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Christophe Le Gac Pouvez-vous nous parler du contexte, des dĂ©fis et opportunitĂ©s de l’exposition du projet «MET ROOF» ? BĂ©atrice Galilee L’exposition « Transitional Object : PsychoBarn » est une installation in situ dans le jardin Iris et Gerald B. Cantor qui se trouve sur le toit du Metropolitan Museum of Art de New York. C’est en soi un contexte incroyable. Il n’y a pas que le musĂ©e en dessous et son immense collection qui contient tellement dƓuvres des 5000 derniĂšres annĂ©es, il y a aussi l’emplacement du musĂ©e dans Central Park et les vues au loin, vers l’horizon de Manhattan. Les dĂ©fis Ă©taient les suivants : il ne fallait pas ĂȘtre intimidĂ© par tout cela et il fallait crĂ©er quelque chose qui pourrait embellir les vues tout en les accompagnant. On devait Ă©galement ĂȘtre conscient du cĂŽtĂ© dramatique du site et jouer avec.

CLG : Pourquoi choisir l’artiste Cornelia Parker ? Quelle Ă©tait sa proposition ? BG Cornelia Parker est une des artistes contemporaines les plus fascinantes. J’étais intĂ©ressĂ©e par sa relation aux objets trouvĂ©s, Ă  sa fascination pour les stĂ©rĂ©otypes et la culture populaire et son engagement pour que l’architecture soit une image. Elle a proposĂ© d’étudier les stĂ©rĂ©otypes architecturaux amĂ©ricains. Ella a voulu transformer la « grange rouge » - image idyllique du monde rural et production saine - pour en faire quelque chose de complĂštement diffĂ©rent. L’artiste a choisi la façade du manoir des Bates extraite du film Psychose d’Alfred Hitchcock en 1960 car ce type d’architecture est devenu l’incarnation de la maison hantĂ©e que l’on retrouve de maniĂšre rĂ©currente dans la culture populaire amĂ©ricaine. Le dĂ©cor du film en lui-mĂȘme est tirĂ© d’une peinture


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ÉVÈNEMENTS : EXPOSITIONS CREE

1 et 2 Installation view of The Roof Garden Commission: Cornelia Parker, Transitional Object (PsychoBarn) at The Metropolitan Museum of Art, 2016. © Hyla Skopitz, The Photograph Studio, The Metropolitan Museum of Art. Copyright 2016.

d’Edward Hopper, House by the Railroad (1925), qui est en fait inspirĂ©e d’un manoir dans le nord de New York. Le nom du projet de Cornelia Parker est « Transitional Object: PsychoBarn » qui fait rĂ©fĂ©rence en mĂȘme temps Ă  la fusion des deux idĂ©es et Ă  leur interchangeabilitĂ© en tant qu’images : une innocente, une sinistre. CLG Comment le travail de l’artiste britannique Cornelia Parker rĂ©vĂšle t-il la dimension cachĂ©e de l’insĂ©curitĂ© dans l’architecture domestique de tout foyer ? BG En fabriquant une version de la maison familiale des Bates, tirĂ©e du film Psychose, Ă  partir de matĂ©riaux provenant d’une ancienne grange qui fonctionnait, Parker prĂ©sente dĂ©libĂ©rĂ©ment une image complexe. Un des aspects fascinants de ce projet est le fait qu’il montre le pouvoir qu’a l’architecture de gĂ©nĂ©rer des Ă©motions contradictoires. Une maison devrait ĂȘtre

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une manifestation matĂ©rielle de l’idĂ©e d’un chez-soi, c’est Ă  dire synonyme de dorlotement de protection de la vie et de grande sĂ©curitĂ©.. Pourtant, mĂȘme quand ce concept immatĂ©riel est violĂ© ou perdu, les murs, le toit et les fenĂȘtres restent inchangĂ©s. L’investigation de ce phĂ©nomĂšne, par l’historien en architecture Anthony Vidler, dissĂšque les histoires sociales et culturelles autour des effets psychologiques dĂ©routants : un effroi ou une peur dĂ©concertante face Ă  l’esthĂ©tique de l’architecture domestique de ce genre de maison du XIXe siĂšcle. Il note avec intĂ©rĂȘt que la description de Das Unheimliche de Freud est traduite comme «(l’inquiĂ©tante) Ă©trangeté». L’attente naturelle que l’architecture domestique sera un espace protĂ©gĂ© et sĂ©curisĂ© perpĂ©tue le sentiment d’inconfort lorsque la maison est tout sauf cela. En prenant une forme de maison, ou ce qui apparaĂźt comme telle, le travail de Parker Ă©voque ce sentiment particulier.


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expressions


Designer, chercheur, enseignante Ă  l’ESBA d’Angers et Ă  l’école Camondo - Paris

Auteur : Carola Moujan

Vers l’entr’espace   1


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1 Pulse Room (2009), installation interactive de Rafael Lozano-Hemmer. Le dispositif enregistre puis restitue les battements du cƓur des participants à travers les pulsations lumineuses des 300 ampoules qui remplissent la salle. Photo : Rafael Lozano-Hemmer/ Creative Commons   2 Düner entre amis avec OculusRift. Photo : Janus Sandsgaard/Creative Commons

CREE

EXPRESSIONS : TRIBUNE

3 21 balançoires (2011), installation musicale collaborative du studio montréalais Daily Tous les Jours. Photo : Olivier Blouin

Autrefois enfermĂ©s Ă  l’intĂ©rieur des Ă©crans, les dispositifs numĂ©riques pĂ©nĂštrent aujourd’hui le cƓur mĂȘme de notre quotidien. Informatique ubiquitaire, objets connectĂ©s, rĂ©alitĂ© « virtuelle », « mixte », « augmentĂ©e » ou « alternĂ©e »  transforment en profondeur l’expĂ©rience spatiale. Pourtant, la portĂ©e de cette rupture est encore mal comprise, soit parce que l’on confond enjeu esthĂ©tique et exploit technique, soit parce que l’on peine Ă  dĂ©passer les catĂ©gories classiques de la fonction, du contenu et de l’interface. On accepte sans questionnement qu’augmenter numĂ©riquement un espace revient Ă  lui associer un contenu, une fonctionnalitĂ©, un comportement Ă  travers une interface. Or, quel que soit l'intĂ©rĂȘt pratique, ludique ou documentaire de ces contenus, un angle mort demeure ; car avec leurs alertes, renseignements et rĂ©cits, avec leur prĂ©sence matĂ©rielle aussi, ces dispositifs mĂ©canisent bien souvent nos corps et monopolisent notre attention, nous Ă©loignant de l’hic et nunc de l’expĂ©rience du lieu. Face Ă  ce constat, les positions des designers se polarisent entre fascination et technophobie, alors que les enjeux sont colossaux et qu’il est urgent de produire des alternatives. Comment en sommes-nous arrivĂ©s lĂ  ? Une partie du problĂšme est due au vocabulaire en usage, dualiste et technocentrĂ©, qui nous entraĂźne Ă  penser en termes de composantes plutĂŽt que de spatialitĂ©. Inapte Ă  penser l’expĂ©rience sensible dans sa globalitĂ©, cette

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approche produit une somme colossale de termes et de nĂ©ologismes sans jamais toucher le cƓur du problĂšme, car elle met l’accent sur les propriĂ©tĂ©s statiques des parties, considĂ©rĂ©es indĂ©pendamment de tout contexte, suggĂ©rant que ce « plus » recherchĂ© est pour ainsi dire « contenu » dans la technique, le rĂ©cit, le jeu ou la fonction. Or, la possibilitĂ© d’augmenter l’expĂ©rience spatiale repose sur des stratĂ©gies, dynamiques par nature, d’intensification, de surgissement, de mĂ©tamorphose, de dĂ©tournement, qui prennent appui sur des qualitĂ©s dĂ©jĂ  prĂ©sentes Ă  l’état latent dans un espace ou une situation donnĂ©e. Lorsqu’elles sont mises en Ɠuvre, ces stratĂ©gies produisent, non plus de « l'espace augmentĂ© » - expression qui suggĂšre une forme de superposition, de juxtaposition aprĂšs-coup - mais de l’entr’espace, expĂ©rience d’une multiplicitĂ© de dimensions spatio-temporelles coexistant dans une perception intĂ©grĂ©e de rĂ©alitĂ©. « Ce n’est pas l’objet qui est perçu, mais le monde », disait Simondon de l’expĂ©rience esthĂ©tique, « polarisĂ© de telle façon que la situation fasse sens ». C’est pourquoi le vocabulaire technocentrĂ© ne permet de poser correctement les enjeux, puisqu’il ne suffit pas de placer un dispositif technique, ou des images, sons et vidĂ©os dans l’espace, pour qu’il y ait entr’espace. Le terme ne fait pas rĂ©fĂ©rence Ă  un objet dĂ©fini Ă  partir de ses propriĂ©tĂ©s matĂ©rielles ou techniques, mais Ă  une qualitĂ© spatiale singuliĂšre, perceptible Ă  la fois dans le tout et dans les parties, qui est de l’ordre de l’évĂ©nement, Ă©mergeant spontanĂ©ment au sein des champs de tension qui constituent le fond de la situation. Lorsqu’elle est bien prĂ©sente, les diffĂ©rentes composantes - environnement, Ă©crans, images, applications, objets, interfaces et interactions - sont perçues de façon intĂ©grĂ©e, sous la forme d’un ensemble spatial cohĂ©rent que l’on peut habiter (physiquement ou affectivement). L’exemple de l’électricitĂ© pourrait ici servir de repĂšre : qui parlerait d’« interface » pour signifier une prise, une lampe ou un

interrupteur ? Car penser « interface » revient Ă  se forger l’image mentale d’une entitĂ© aux bords nets permettant de naviguer entre couches hĂ©tĂ©rogĂšnes juxtaposĂ©es et Ă  concevoir des dispositifs en acceptant implicitement qu’il existe effectivement deux mondes, l’un tangible et l’autre numĂ©rique, physiquement distincts, alors qu’il suffit de regarder autour de soi pour rĂ©aliser qu’une telle sĂ©paration est illusoire. À la place de la juxtaposition (ou mĂȘme de l’hybridation), on devrait rĂ©flĂ©chir en termes d’intrication - notion de mĂ©canique quantique qui dĂ©crit des mĂ©langes dans lesquels les qualitĂ©s des parties, bien que prĂ©servĂ©es, deviennent indiscernables, car en fusionnant, une entitĂ© nouvelle est crĂ©Ă©e. Contrairement Ă  l’interface, l’entr’espace n’est ni numĂ©rique, ni tangible, ni hybride ni mixte : sa condition est cyborg. À la maniĂšre d’un champ de forces, le concept dĂ©crit une expĂ©rience singuliĂšre qui ne provient pas des composantes, mais des relations complexes entre elles. Comme l’a formulĂ© avec justesse Moholy-Nagy, « ces relations produisent une qualitĂ© nouvelle, dont le nom est “design” ».


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EXPRESSIONS : LE GRAND ENTRETIEN CREE

Entretien avec : Atelier Bow How Auteur : Marie-HélÚne Fabre et Christophe Le Gac Retranscription : Bérénice Serra

Bow

Bow-Wow ou la science du comportement Yoshiharu Tsukamoto et Momoyo Kajima nous font dĂ©couvrir leur univers de pensĂ©e, Ă  la croisĂ©e de l’ethnographie, de la typo-morphologie et d’une conception plus technique de l’architecture. Nourris de maĂźtres japonais dont ils se sont Ă©mancipĂ©s, et occidentaux dont ils ont assimilĂ© le savoir, ils ont construit peu Ă  peu leur « science du comportement » (behaviorology) pour une architecture sensible Ă  l’autre et son environnement, en rupture avec la logique purement industrielle et machiniste du XXe siĂšcle.

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Wow


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EXPRESSIONS : LE GRAND ENTRETIEN CREE

CREE Pour commencer cet interview, pouvez-vous nous rappeler d’oĂč vient le nom de votre agence « Atelier Bow-Wow » ? Yoshiharu Tsukamoto C’est trĂšs simple, parce que nous aimons les chiens ! Lorsque nous avons commencĂ© Ă  travailler ensemble, Momoyo trouva un chien sous un prunier qu’elle appela « Ume » ce qui signifie « prune » en japonais. Ses parents lui ont demandĂ© la permission de la garder et, Ă  partir de ce moment, la vie de la famille de Momoyo s’est transformĂ©e autour de ce chien. Son pĂšre, qui est un homme trĂšs crĂ©atif et sensible au langage expressif des enfants, commença Ă  appeler son chien « Umesan » comme on le fait pour une personne ; « san » est un suffixe honorifique utilisĂ© en japonais pour une formulation polie, comme lorsqu’on utilise Monsieur ou Madame en Français. Cependant, il rĂ©alisa que le suffixe « san » pour un chien n’était pas appropriĂ©. Il dĂ©cida donc de changer « san » en « wan » parce qu’en japonais, « wan-wan » est l’onomatopĂ©e pour l’aboiement d’un chien. Donc « Ume » fut appelĂ© « Ume-wan ». Puis, le pĂšre de Momomyo commença Ă  appeler tout le monde avec le suffixe « wan » : sa femme, sa fille et mĂȘme moi, « Tsuka-wan ». Nous Ă©tions devenus une famille de chien en quelque sorte ! Donc, lorsque nous avons commencĂ© notre pratique ensemble, Momoyo et moi, nous avons dĂ©cidĂ© que notre nom aussi aurait ce suffixe « wan ». Puis lorsque l’occasion s’est prĂ©sentĂ©e de publier notre travail dans un magazine bilingue japonais/anglais, nous avons dĂ©cidĂ© de nous appeler Atelier Bow-Wow. Atelier parce qu’à cette Ă©poque, les petites agences d’architecture utilisaient ce mot - sans doute un reste des Beaux-Arts et de Le Corbusier - et « Bow-wow » parce que c’est l’équivalent anglais de « wan-wan ». CREE Cette anecdote renvoie d’une certaine façon Ă  la notion de comportement, importante dans votre travail. YT Ce mot comportement (behavior) est arrivĂ© trĂšs tard dans notre pratique. Nous ne l’utilisions pas du tout avant de publier ce livre Behaviorology en 20101. A cette Ă©poque, il nous a semblĂ© que ce mot « comportement » pouvait expliquer des intĂ©rĂȘts significatifs dans notre livre concernant la conception architecturale, la recherche et l’organisation d’expositions. Bien que ces choses soient trĂšs diffĂ©rentes, nous avons trouvĂ© que la notion de comportement Ă©tait une entrĂ©e commune. Nous avons donc Ă©tĂ© plus conscients de cette notion. Momoyo Kajima Bien que nous n’ayons pas toujours utilisĂ© ce mot, nous avons constamment essayĂ© de comprendre le sens d’une forme ou d’une composition architecturale. Non pas un sens figĂ©, mais des relations entre plusieurs significations. Si l’on prend une fenĂȘtre par exemple, quel effet a-t-elle sur les gens ou, plus exactement, quelles sont les interactions qu’elle provoque entre l’architecture et les gens, l’air, la lumiĂšre, etc. ? Je pense que, dans notre pratique de l’architecture, nous accordons beaucoup d’importance Ă  ces relations entre plusieurs sens.

YT Oui, nous sommes trĂšs intĂ©ressĂ©s depuis le dĂ©but de notre pratique par la narration. Comment l’architecture peut ĂȘtre narrative ? Dans les narrations constructives, les relations entre les acteurs qui adoptent diffĂ©rents comportements sont toujours importantes. Nous n’avons pas utilisĂ© le mot comportement en tant que tel mais nous avons travaillĂ© avec cette question du comportement depuis le dĂ©but. CREE Ma deuxiĂšme question porte sur votre inscription dans l’architecture japonaise et votre rapport de filiation Ă  la gĂ©nĂ©ration prĂ©cĂ©dente d’architectes japonais. YT Nous avons Ă©tĂ© trĂšs influencĂ©s par le professeur Sakamoto qui a Ă©tĂ© notre enseignant Ă  Tokyo Tech. Il a dessinĂ© des maisons trĂšs intĂ©ressantes dans les annĂ©es 1960 et exerce toujours. Par Sakamoto, nous avons Ă©tudiĂ© Shinohara qui nous a influencĂ© Ă©galement. J’ai Ă©tĂ© son Ă©tudiant Ă  Tokyo Tech lors de sa derniĂšre annĂ©e d’enseignement. Sakamoto a lui aussi Ă©tĂ© l’élĂšve de Shinohara qui a eu une aura sur la plupart des Ă©tudiants de l’école. Par consĂ©quent, le discours sur l’architecture s’organisait autour de son travail. On peut ainsi prendre la mesure de notre travail, de celui d’architectes comme Kikutake, Maki, Isozaki, Tange selon les axes Ă©tablis par Shinohara, dans une perspective historique. Toutefois, notre contexte de travail est assez diffĂ©rent de celui des gĂ©nĂ©rations prĂ©cĂ©dentes, ce qui a eu un impact sur notre mĂ©thode de conception en ce qui concerne la sensibilitĂ© et l’esthĂ©tique. Nous avons beaucoup appris des gĂ©nĂ©rations prĂ©cĂ©dentes mais, dans le mĂȘme temps, nous avons essayĂ© de nous libĂ©rer de ce cercle d’influence. Nous avons pris conscience de ce qui nous distinguait en termes de conditions Ă©conomiques et sociales. MK Entre 1991 et 1993, le Japon a Ă©tĂ© atteint par l’éclatement d’une grande bulle Ă©conomique. En 1991, lorsque j’ai Ă©tĂ© diplĂŽmĂ©e en architecture, l’économie japonaise Ă©tait au plus haut. Il Ă©tait trĂšs facile de trouver du travail. MK Sejima et Kuma, par exemple, se sont installĂ©s Ă  cette Ă©poque, bien qu’ils Ă©taient jeunes car le contexte Ă©conomique le permettait. Quand nous avons commencĂ© notre carriĂšre, les choses avaient changĂ©, la bulle avait Ă©clatĂ©. J’étais inquiĂšte, je n’avais pas beaucoup de travail mais j’ai compris que c’était liĂ© Ă  la fin d’une pĂ©riode. Pendant 10 ans, le Japon a eu beaucoup de temps pour repenser Ă  ce que nous avions et ce que nous aurions dĂ» faire ; nous-mĂȘme en avons profitĂ© pour penser Ă  ce que nous essayions de faire. Pendant nos Ă©tudes et avec les autres Ă©tudiants, nous avons regardĂ© le passĂ© Ă  travers des recherches historiques par exemple. Il y avait beaucoup de recherches sur la ville, mais les villes autour de Tokyo n’étaient pas respectĂ©es par les architectes. Les chercheurs en architecture n’avaient aucune considĂ©ration pour les constructions japonaises ordinaires qu’ils trouvaient sans intĂ©rĂȘt comparĂ© aux magnifiques bĂątiments europĂ©ens.


Toutes photos courtesy Atelier Bow-Wow

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EXPRESSIONS : LE GRAND ENTRETIEN

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YT Il y avait beaucoup de discussion sur la ville mais qui se rĂ©sumaient toujours Ă  une vision de Tokyo comme ville du chaos. C’était une sorte de seconde nature Ă  laquelle on ne pouvait toucher. MĂȘme Shinohara a tenu ce genre de propos. Itsuko Hasegawa a Ă©crit Ă©galement que Tokyo Ă©tait la seconde nature des hommes d’aujourd’hui au Japon. Mais tout cela Ă©tait de la rhĂ©torique. Il n’y avait pas d’explication sur le pourquoi de cette situation. Je n’ai rien contre la rhĂ©torique mais cela crĂ©e une sorte d’impasse qui empĂȘche de comprendre ce qui se cache derriĂšre le paysage urbain hĂ©tĂ©rogĂšne de Tokyo. MK  C’est pour cela que la clarification, l’explication permettant de comprendre pourquoi un bĂątiment est comme cela a Ă©tĂ© au centre de notre travail et de notre recherche. YT J’aimerais revenir quelques instants sur la relation avec les gĂ©nĂ©rations prĂ©cĂ©dentes. Bien sĂ»r nous avons eu des liens avec les architectes japonais d’avant, mais nous avons Ă©tĂ© aussi beaucoup influencĂ©s par des architectes europĂ©ens comme Rem Koolhaas. J’ai Ă©tudiĂ© un an en France en 1987, dans l’atelier de Ciriani Ă  l’école d’architecture de Belleville. Cela a eu beaucoup d’influence sur moi. Nous avons Ă©tudiĂ© la thĂ©orie d’Aldo Rossi, de Venturi, d’Alexander
 Leurs thĂ©ories et Ă©crits sur la ville et l’architecture ont Ă©tĂ© des bases trĂšs

importantes pour notre pensĂ©e. Donc il ne s’agit pas seulement de l’influence de l’architecture japonaise. Sans Delirious New York, par exemple, nous n’aurions jamais commencĂ© notre Ă©tude sur Tokyo. Architecture without architects de Bernard Rudofsky2 a Ă©tĂ© une sorte de bible pendant ma deuxiĂšme ou troisiĂšme annĂ©e d’études. Je me rĂ©fĂšre toujours Ă  ces architectures vernaculaires. Made in Tokyo est une sorte d’étude sur l’architecture moderne vernaculaire de la mĂ©galopole Tokyo3. Son lien Ă  Delirious New York est trĂšs fort, mais aussi Ă  la façon de penser de Shinohara. Ce dernier, pour qui la ville Ă©tait une chose dĂ©jĂ  finie, dĂ©passĂ©e, a essayĂ© d’appliquer la thĂ©orie mathĂ©matique du chaos pour comprendre Tokyo. Seulement, il n’a pas poussĂ© cette idĂ©e, il a simplement montrĂ© une entrĂ©e possible. Pour lui, l’architecture rĂ©sidentielle Ă©tait une sorte de nĂ©gation de cette situation urbaine. Il y avait un lien trĂšs intĂ©ressant dans sa pensĂ©e entre la ville et la maison. Tout cela a eu le plus d’influence pour Atelier Bow-Wow. MK Dans les annĂ©es 1980, la gĂ©nĂ©ration postmoderne a produit Ă©galement beaucoup de livres de thĂ©orie de l’architecture. Terunobu Fujimori par exemple est un professeur Ă  l’UniversitĂ© de Tokyo, architecte et historien, qui a Ă©crit un trĂšs bon livre sur l’architecture moderne ou prĂ©-moderne de l’époque Meiji. Il a aussi Ă©crit sur la typologie intĂ©ressante des « billboard buildings » (kanban kenchiku)4, ces maisons dont l’apparence avaient Ă©tĂ© europĂ©anisĂ©es5. J’ai lu cet ouvrage pendant mes Ă©tudes et j’ai compris son importance. Dans les annĂ©es 1980, ces maisons allaient ĂȘtre dĂ©truites Ă  cause des nouveaux dĂ©veloppements urbains liĂ©s Ă  la bulle Ă©conomique. Il y a eu Ă©galement le professeur Hidenobu Jinnai. Il s’agit d’un autre historien qui a Ă©tudiĂ© Ă  Venise. Sa principale recherche a portĂ© sur la relation au front de mer de Venise et Tokyo. YT C’est lui qui a introduit le concept de typologie en architecture au Japon. Toutefois, mĂȘme si les architectes japonais comprenaient ce concept, ils n’arrivaient pas Ă  faire le lien entre la typologie architecturale et l’espace urbain au Japon, Ă  l’appliquer Ă  leur pratique. Seul Sakamoto a pu le faire. Son travail Ă©tait basĂ© sur une comprĂ©hension typologique de l’architecture et sur l’originalitĂ© des architectes et des "crĂ©ateurs" uniques. Il Ă©tait trĂšs talentueux, mais trĂšs discret Ă  la fois. Nous avons Ă©normĂ©ment appris de lui. CREE Toutes ces recherches sur la ville et l’architecture ont donc comptĂ© pour vous. Quelle est votre relation Ă  la recherche ? Pensez-vous que vous faites vous-mĂȘme de la recherche ? YT En fait, un autre travail trĂšs important de Fujimori est celui menĂ© avec son ami et artiste Genpei Akasegawa pour l’enquĂȘte Rojo6. Ils ont trouvĂ© et pris des objets Ă©tranges dans la ville qui n’avaient plus de fonction. Des sortes de fragments de vieux bĂątiments existants ou disparus. Ils en ont fait des photos et les ont dĂ©crits. C’était presque une façon comique et humoristique de reprĂ©senter la ville.


1 Atelier Bow-Wow, Split Machiya, 2010   2 Atelier Bow-Wow, House Garden, 2015   3 Atelier Bow-Wow, Four Boxes Gallery, Skive, Denmark, 2009   4 Atelier Bow-Wow, House Tower, 2006   5 Atelier Bow-Wow, Urban Forest, 2015   6 Atelier Bow-Wow, Sway House, 2008

Nous avons adorĂ© cette recherche, mais nous avons Ă©galement pensĂ© que ce n’était pas quelque chose que l’on pouvait intĂ©grer Ă  la pratique de conception de par la trop forte dimension nostalgique. Cela nous a toutefois appris Ă  regarder les choses sans importance de la ville. Et avant le travail d’investigation Rojo, il y a eu celui menĂ© par l’ethnographe et architecte Wajirƍ Kon qui a fait de nombreuses Ă©tudes sur Tokyo des annĂ©es 1920 aux annĂ©es 1960, ainsi que dans des zones rurales en faisant des croquis ravissants. Kon est une figure de l’enquĂȘte de terrain ; il est Ă  l’origine de l’intĂ©rĂȘt des architectes pour l’ethnographie. Nous, Atelier Bow-Wow faisons partie d’une nouvelle gĂ©nĂ©ration d’architectes inscrite dans cette gĂ©nĂ©alogie. Mais nous venons aussi de Tokyo Tech qui est dans une approche plus formelle, comme celle de Shinohara, Taniguchi, Seike. Ils ont essayĂ© de travailler au point de frottement entre la sociĂ©tĂ© moderne, la dimension ethnographique de l’architecture et l’aspect logique de la vie moderne ; d’intĂ©grer Ă  la fois les nouvelles conditions d’industrialisation de la sociĂ©tĂ©. Notre Ă©cole s’est concentrĂ©e sur la façon dont la comprĂ©hension ethnographique peut transformer la pratique de conception. Pour l’Atelier Bow-Wow, il s’agit d’aller vers des intĂ©rĂȘts ethnographiques. Nous avons commencĂ© Ă  appeler notre travail behaviorology parce que c’est plus proche des gens, de la nature, de l’objet lui-mĂȘme. Une autre forme d’architecture et d’espace produit par la relation entre les diffĂ©rents comportements, qu’il s’agisse d’une maison ou d’un espace public. MK Je pense que la maison est une typologie trĂšs importante au Japon. AprĂšs la DeuxiĂšme Guerre Mondiale, beaucoup de maisons ont Ă©tĂ© dĂ©truites ; alors, le gouvernement qui n’avait pas les moyens de construire des logements sociaux a mis en place un systĂšme de prĂȘt pour encourager les gens Ă  construire leur maison. Cela a eu un fort impact Ă©galement sur la profession d’architecte car, au Japon, le permis de construire d’une maison doit ĂȘtre signĂ© par un architecte. Et dans ce systĂšme de prĂȘt le recours Ă  un architecte Ă©tait obligatoire. CREE Compte tenu de tout ce dont vous venez de parler, l’influence de l’ethnographie, le rapport Ă  la forme Ă©galement, l’espace sensible en quelque sorte, pouvez-vous dĂ©velopper votre propos sur l’importance du dessin et de la crĂ©ation dans votre travail ? MK Dans les annĂ©es 1980, nous Ă©tions trĂšs intĂ©ressĂ©s par toutes ces recherches sur le sens. Il s’agissait de recherches Ă©crites, Ă©videmment, mais qui comportaient Ă©galement de beaux dessins et diagrammes. Je crois que cela fait partie du rĂŽle de l’architecte de reprĂ©senter et rendre visible des situations spĂ©cifiques. Je suis trĂšs curieuse en ce qui concerne la production et le dĂ©veloppement de nouveaux dessins. Les livres sont aussi trĂšs importants, notamment dans la construction d’une narration, de mĂȘme que les images. Dans Made in Tokyo, nous avons associĂ© photographies et dessins

axonomĂ©triques. Les photographies ne pouvaient pas tout montrer. Les dessins permettaient de donner des informations complĂ©mentaires, ainsi que les surnoms que nous avions choisi pour dĂ©signer chaque maison. Ces surnoms Ă©taient une façon de retranscrire la dimension vernaculaire de ces architectures mais aussi de qualifier la dimension typologique. Le budget du livre Ă©tait limitĂ©, c’est pourquoi les dessins sont en noir et blanc. Cependant, nous l’avons Ă©ditĂ© avec l’idĂ©e de donner Ă  voir une anatomie graphique de Tokyo. À cette Ă©poque, il y avait beaucoup d’architectes, comme Sejima par exemple, qui faisait des dessins trĂšs simples, Ă©purĂ©s, servant ensuite de modĂšle pour la construction. Cette tendance de l’architecture nous rendait soucieux. L’architecture est composĂ©e de diffĂ©rentes phases et niveaux de dĂ©tails, et de nombreuses relations. Nous souhaitions rendre compte dans nos dessins de cette richesse. Nous pensons que c’est trĂšs important de raisonner ainsi pour l’éducation des Ă©tudiants et pour les architectes aussi. Produire des images qui sont source de connaissance sur l’architecture. Et puis nous avons eu cette exposition Ă  la Biennale de Venise dans le pavillon italien, l’Arsenale. Nous avons montrĂ© uniquement des maquettes de coupes au 1/20e ou au 1/30e. Cependant, tous les dĂ©tails Ă©taient disponibles dans le catalogue. L’étape suivante a Ă©tĂ© le dessin Ă  la main et ce que nous avons appelĂ© le Dessin public. Il s’agissait d’une sorte de workshop oĂč un dessin Ă©tait rĂ©alisĂ© par plusieurs personnes. YT C’était un dessin collectif avec 10 Ă  20 personnes. Ce dessin s’appelle public parce qu’il s’agit presque toujours d’espace public. Chaque personne a son propre rĂŽle. Certaines personnes dessinent des arbres, d’autres des voitures, d’autres encore des bĂątiments, des gens, etc. C’est une façon de reproduire le processus d’appropriation de l’espace public dans la rĂ©alitĂ© par le dessin. L’espace public n’est dessinĂ© par personne. C’est le rĂ©sultat d’une collaboration ou de la combinaison de diffĂ©rents acteurs sur un mĂȘme lieu qui veulent s’en approprier une partie et sont obligĂ©s de nĂ©gocier entre eux. S’ils trouvent un bon compromis, Ă©quilibrĂ©, alors ils produisent un espace oĂč les gens aiment rester. Nous avons essayĂ© de reproduire ce processus avec ce dessin au crayon, d’une dimension d’environ 1,2 mĂštres par 3,6 mĂštres. Le rĂ©sultat est un dessin trĂšs dĂ©taillĂ©, assez impressionnant en fait. Je me rĂ©fĂšre toujours pour en parler aux gravures de Piranese car nous avons complĂštement empruntĂ© sa façon de faire pour lĂ©gender le dessin, Ă  sa base, ainsi qu’à l’intĂ©rieur du dessin. CREE Pour finir, j’aimerais aborder deux points. Tout d’abord, votre relation avec l’Europe et la France. YT J’ai Ă©tudiĂ© en France ainsi qu’en Suisse, un an, en tant qu’élĂšve-chercheur. Cela s’est fait dans le cadre d’un programme d’échange avec mon Ă©cole et des Ă©coles europĂ©ennes. De ces expĂ©riences, j’ai appris comment penser l’architecture avec la ville.


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Cette vision est totalement absente de la pensĂ©e des architectes japonais des gĂ©nĂ©rations prĂ©cĂ©dentes. Un bĂątiment est un objet autonome qui a son propre monde ; il n’y a pas vraiment de respect de la relation entre l’architecture et la ville, notamment du fait de la transformation rapide qu'a connu le Japon aprĂšs la Seconde Guerre Mondiale. Bien sĂ»r, les MĂ©tabolistes, dans les annĂ©es 1960, ont essayĂ© avec leur manifeste de faire la ville autrement, par l’architecture, avec une imagination monomaniaque gigantesque. Mais cela n’a pas rĂ©ellement rĂ©ussi. Au Japon, les maisons individuelles7 parsĂšment le paysage et ne constituent pas de façade urbaine. Les architectes ont abandonnĂ© cette relation entre la typologie et la morphologie. Nous, Ă  l’Atelier Bow-Wow, essayons de rĂ©introduire ces idĂ©es au Japon. C’est peut-ĂȘtre cela l’impact de notre expĂ©rience europĂ©enne. Parce que nous pensons que ce type de paysage urbain est stable et ne transmet aucune valeur contemporaine. Peut-ĂȘtre que les gens qui vivent en France sont stressĂ©s ou frustrĂ©s de ce paysage urbain fixe ! Mais c’est une des grandes force de l’ĂȘtre humain ; l’animal ne peut pas faire cela. Le paysage urbain est le rĂ©sultat de la contribution d’individus diffĂ©rents. C’est un grand accomplissement des hommes. Au Japon, les machiya, c’est-Ă -dire les maisons de villes, sont des maisons d’une trĂšs belle typologie et morphologie. Il y en a beaucoup Ă  Kyoto ou Kurasawa, dans les quartiers anciens. Elles produisent un trĂšs beau paysage urbain et ont Ă©tĂ© conçues de façon trĂšs intelligente, tenant compte de diffĂ©rents aspects : la nature de l’occupation, la vie sociale, etc. Nous voulons faire revivre et revitaliser cette typologie. AprĂšs 8 Ă  9 annĂ©es d’efforts, Ă  concevoir des nouvelles machiya, je crois que maintenant beaucoup d’architectes de la jeune gĂ©nĂ©ration s’intĂ©ressent vraiment Ă  cette typologie. CREE Enfin, nous aimerions que vous nous parliez de la Biennale de Venise inaugurĂ©e en juin. Qu’en avez-vous pensĂ© ? YT Nous sommes trĂšs contents de cette Biennale Ă©videmment parce que le Pavillon japonais a eu une mention spĂ©ciale du jury et aussi parce que nous sommes trĂšs proches de beaucoup de jeunes architectes qui y sont exposĂ©s. CREE Des Ă©tudiants ? YT Oui, certains sont de mes anciens Ă©tudiants. Ces jeunes architectes essaient de montrer une nouvelle architecture japonaise. Ce n’est pas facile, mais ils prennent des voies intĂ©ressantes, pas seulement pour le Japon, mais aussi pour les autres pays. Cela me fait trĂšs plaisir. Quant Ă  l’exposition montĂ©e par Alejandro Aravena, elle est trĂšs informative et je l’aime beaucoup. L’exposition du Pavillon japonais porte sur les enjeux pour rĂ©duire ou casser les barriĂšres entre les ressources locales et la population, qui rĂ©sultent de l’industrialisation de la sociĂ©tĂ© au 20e siĂšcle. Je crois que c’est trĂšs intĂ©ressant pour les architectes de travailler sur cela

et d’ĂȘtre conscients de cette situation. Beaucoup de projets tentent de rĂ©soudre ces problĂšmes et j’apprĂ©cie le lien fait entre ces projets qui sont critiques envers le 20e siĂšcle. Je crois que beaucoup de projets partagent le mĂȘme point de vue critique vis-Ă -vis de l’industrialisation. C’est difficile car les architectes sont du cĂŽtĂ© de l’industrie et nous sommes des professionnels qui travaillons avec le processus d’industrialisation de la sociĂ©tĂ©. Mais maintenant, nous rĂ©alisons que ce n’est plus quelque chose qui rend les gens heureux. Un architecte est quelqu’un qui comprend l’état complexe de l’industrialisation Ă  travers l’ingĂ©nierie, la science, l’économie, le droit et la politique. Il a lui-mĂȘme affaire Ă  ces domaines. Il ne peut pas ĂȘtre l’interprĂšte de ce qui ce passe Ă  l’endroit oĂč nous nous trouvons, comme un ethnographe. Mais il peut - et nous pouvons - ĂȘtre des activistes qui se battent contre ces situations. Dans ce sens, la biennale de Venise montre une direction importante que les architectes aujourd’hui devraient prendre. CREE Qu’en est-il de l’esthĂ©tique ? YT L’esthĂ©tique de la biennale ? OĂč se trouve-t-elle ? Du cĂŽtĂ© des gens. Les architectes veulent croire que l’esthĂ©tique est de leur cĂŽtĂ©, professionnel, mais l’esthĂ©tique est aussi du cĂŽtĂ© de la population. Il s’agit en fait d’un grand revirement. Alors qu’est-ce que l’esthĂ©tique lorsqu’elle est du cĂŽtĂ© de la population ? Nous devons songer Ă  cette question. CREE Dans le comportement ? YT Le comportement, oui. Si une petite construction est construite par les mains des gens avec de la bonne volontĂ© et qu’elle est vraiment utilisĂ©e et aimĂ©e par les gens, qu’elle permet Ă  plusieurs gĂ©nĂ©rations du voisinage de se rencontrer, alors cette relation est magnifique. Cela devient de l’esthĂ©tique. C’est une esthĂ©tique relationnelle plus qu’une esthĂ©tique visuelle. CREE Donc nous n’avons plus besoin d’architecte. YT Si, nous en avons besoin car il y a des barriĂšres Ă  dĂ©truire, celles qui ont Ă©tĂ© Ă©rigĂ©es tout au long du 20e siĂšcle avec l’industrialisation. Nous avons besoin de la sociĂ©tĂ©, le monde a besoin de quelqu’un qui peut remĂ©dier Ă  cela. La conception et le dessin8, sont des outils puissants pour questionner le monde et le transformer.

1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8.

Tsukamoto Y., Kaijima M., Fujimori T., Nango Y., Washida M., Walker E. The Architectures of Atelier Bow-Wow: Behaviorology. New York : Rizzoli, 2010. Catalogue de l’exposition Ă©ponyme qui eu lieu au Museum of Modern Art (MoMA) de New York, de novembre 1964 Ă  mai 1965. Kaijima M., Momoyo J.,Tsukamoto Y., Made in Tokyo. Tokyo: Kajima Institute, 2001. Fujimori T., Masuda A. Kanban kenchiku. Tokyo : Sanseidƍ, 1988. Il s’agissait de masquer l’avant toit notamment et de crĂ©er des frontons en reprenant des codes de l’architecture occidentale europĂ©enne. Akasegawa G., Fujimori T., Minami S, eds. Rojƍ kansatsugaku nyĆ«mon. Tokyo: Chikuma Shƍbƍ. 1986. Qui ne sont jamais mitoyennes, ndlr Dans le sens anglais du mot design, ndlr


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Entretien avec : SĂ©bastien Barat Martinez et Benjamin Lafore Auteur : Christophe Le Gac

D’abord sous l’enseigne La Ville RayĂ©e (avec David Apheceix) et maintenant sous le nom Martinez Barat Lafore Architectes, ces deux jeunes architectes franciliens se sont fait remarquer lors de la XIVe Biennale d’architecture de Venise de 2014 - celle de Rem Koolhaas ! Le catalogue contenait une longue analyse sur la notion d’intĂ©rieur en fonction du type d’habitat (abbaye, cabane, ferme, squat
 appartement) et du statut d’occupation (colocataire, propriĂ©taire, rĂ©sident). Une campagne photographique trĂšs frontale de Maxime Delvaux accompagnait cette Ă©tude typologique. A partir de cette matiĂšre, Martinez Barat Lafore scĂ©nographiĂšrent un pavillon belge tout en finesse et en dĂ©tails. Un autre trait marquant de leur dĂ©marche tient dans la crĂ©ation, de l'ex revue face b. SĂ©bastien Martinez Barat et Benjamin Lafore s’ancrent Ă  merveille dans l’hybride XXIe siĂšcle.

Courtesy Natacha Nikouline

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EXPRESSIONS : INTERVIEW

Quelques figures de l’intĂ©rieur



Tous visuels courtesy La Ville Rayée (Apheceix, Martinez Barat, Lafore) / Stéphane Ruchaud

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EXPRESSIONS : INTERVIEW

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CREE Quel(s) lien(s) l’architecture entretient-elle avec la crĂ©ation ? Martinez Barat Lafore Plus qu’un acte de crĂ©ation, l’architecture nous semble ĂȘtre l’acte d’interprĂ©tation d’une situation toujours singuliĂšre. Penser une architecture ne consiste pas Ă  tordre une rĂ©alitĂ© Ă  des dĂ©sirs prĂ©Ă©tablis mais Ă  comprendre, sĂ©lectionner et formuler une situation. En amont de toute mise en forme, l’observation inaugure le projet. Il y a toujours un existant, il y a toujours des circonstances qu’il s’agit avant tout de comprendre et de hiĂ©rarchiser pour Ă©tablir un projet. Il faut prendre position face Ă  une rĂ©alitĂ© observĂ©e. Nous nous retrouvons dans la dĂ©finition que donne Andrea Branzi dans les Animaux domestiques : « Le projet n’est plus un instrument pour changer le monde, pour le transformer en quelque chose de diffĂšrent (
), le projet s’ajoute au monde, augmente les choix possibles et crĂ©e de nouvelles alternatives ». CREE Quelle dimension occupe la recherche dans votre pratique ? MBL La recherche fait intĂ©gralement partie de notre pratique, elle conduit les projets. La recherche s’éprouve et se dĂ©veloppe dans chacun de nos projets. De maniĂšre plus Ă©vidente, certains projets de recherches prennent la forme de publications (telle que la revue face b que nous avons dirigĂ©s avec AurĂ©lien Gillier de 2007 Ă  2011), plus rĂ©cemment, d’enseignements et de commissariats d’expositions, Ă  la Biennale de Venise ou Ă  la Villa Noailles. Pour le projet IntĂ©rieurs. Notes et Figures que nous avons prĂ©sentĂ© au Pavillon Belge Ă  Venise en 2014, nous avons Ă©tudiĂ© les paysages domestiques issus des processus de transformation des logements par les habitants. Nous avons visitĂ© et photographiĂ© plus de 300 habitations rĂ©parties sur l’ensemble du territoire belge. De cette observation, nous avons Ă©tabli et nommĂ© des figures architecturales. Par la suite nous avons transformĂ© le pavillon lui-mĂȘme en appliquant ces leçons. Ces analyses ont alimentĂ©s en retour nos propres projets, parfois mĂȘme de maniĂšre rĂ©trospective. Cette Ă©tude nous a permis notamment de saisir, de comprendre certaines attitudes dans nos projets de rĂ©novations. Au-delĂ  de prospections thĂ©oriques, ces recherches sont indissociables de nos productions architecturales. Elles sont in fine utilisĂ©es comme ressources pour produire, comprendre et justifier des formes architecturales. L’intuition ne suffit pas, ce sont ces recherches, ces observations et leurs formulations qui nous guident en dĂ©finitive lorsque nous dĂ©cidons de dĂ©molir des cloisons, de construire des murs.

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1, 2 et 3 Francs-Tireurs, logement et atelier d’artiste, La Courneuve (93), 2014.   4 Grandi Bianchi, galerie Balice-Hertling, Paris (75), 2011.


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CREE Quelle place accordez-vous Ă  l’esthĂ©tique dans vos projets ? MBL Notre pratique se place en deçà d’enjeux esthĂ©tiques. Elle vise Ă  qualifier des situations et Ă  Ă©tablir des rapports entre des groupes d’objets et d’individus. Pour nous, l’architecture consiste en l’organisation plus ou moins spontanĂ©e d’élĂ©ments sur un support plus ou moins dĂ©terminĂ©. L’esthĂ©tique n’apparaĂźt que dans le rĂ©sultat du processus de conception. Pour chaque projet, nous essayons d’établir une logique propre, qui dĂ©coule de l’observation de situations. Nous militons pour une architecture explicite. Une architecture qui par sa forme forte expose les choix qui ont conduit Ă  son Ă©laboration. Une architecture qui s’ajoute au monde en manifestant ce qu’elle autorise et ce qu’elle n’offre pas. C’est le sens de l’étude De l’architecture brĂšve et explicite que nous mĂšnerons Ă  la Villa Kujoyama au Japon de juin Ă  octobre 2016. Nous y dĂ©velopperons une gamme de fabriques de jardin, une maniĂšre d’effectuer une recherche sur des formes fortes et des situations singuliĂšres Ă  travers un langage rĂ©duit. CREE Quel territoire d’exercice constitue l’Europe au sein de votre agence ? MBL Nous sommes basĂ©s dans le Grand Paris Ă  Ivry-sur-Seine, nos projets architecturaux se situent principalement en France, tandis que nos projets de recherches s’étendent au territoire europĂ©en. Nous collaborons rĂ©guliĂšrement avec des artistes et des architectes basĂ©s Ă  Bruxelles, ainsi qu'avec des institutions culturelles et des galeries d’art basĂ©es Ă  Londres, Berlin, Moscou ou Venise. À l’instar de la rĂ©sidence que nous allons faire au Japon, nous essayons de ne pas nous limiter Ă  un territoire, nous allons oĂč nous mĂšnent les projets.


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Auteur : Ugo La Pietra

Le tout-confort télématique

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EXPRESSIONS : FLASH BACK

PubliĂ© dans Architecture IntĂ©rieure - CREE n° 194, avril-mai 1983. ÉditĂ© dans L'idĂ©e de confort, une anthologie, Ă©ditions B42, Paris, 2016

L’introduction dans la maison d’un computer, d’un circuit vidĂ©o, d’un tĂ©lĂ©-tĂ©lĂ©phone, se passe aujourd’hui par collage et superposition, sans conflit apparent d’utilisation spatiale. AprĂšs Mac Luhan et en trois dimensions, Ugo La Pietra dĂ©montre comment les instruments tĂ©lĂ©matiques perturbent insidieusement et irrĂ©versiblement l’ordre ancien. Voici une version humoristique de l’appartement du futur conçu par Ugo la Pietra, Ă  l’occasion de la derniĂšre foire de Milan, et dans lequel est mis en scĂšne l’essentiel de la panoplie tĂ©lĂ©matique aujourd’hui sur le marchĂ©.



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Fauteuil, canapĂ© deux places, ou trois places, luminaire d’angle, petite table au centre, tout est lĂ , figĂ©, pour exprimer le rituel d’une conversation, comme si on allait prendre le thĂ©. « Faire salon », est une pratique en voie de disparition, Ă©branlĂ©e depuis vingt ans par l’introduction de la tĂ©lĂ©vision. La famille se retrouve encore assise dans les fauteuils, mais c’est pour regarder la « tĂ©lĂ© ». C’est pratiquement toujours le chef de famille qui se trouve privilĂ©giĂ© et a droit au fauteuil le mieux placĂ©, devant le moniteur. Les autres, un peu tordus, penchĂ©s, Ă©tirĂ©s, sont chaque jour Ă  la recherche d’un compromis entre l’ancienne place du canapĂ© installĂ© dans une logique « radiophonique ou radiocentrique », et l’exigence d’une nouvelle orthogonalitĂ© divan-tĂ©lĂ©. Avec un ou plusieurs terminaux, l’usage de l’espace est diffĂ©rent : une nouvelle typologie environnementale fait son apparition. L’espace, dĂšs lors, se caractĂ©rise par les fonctions qui y prennent place : information (terminal reliĂ© Ă  plusieurs banques de donnĂ©es), loisirs (jeux Ă©lectroniques), mĂ©moire familiale (enregistrement d’images et d’évĂ©nements se rapportant Ă  l’histoire de la famille), travail (connection avec les centres de traitement), activitĂ© culturelle (thĂ©Ăątre, film...), etc... Et le vieux salon ? Il restera probablement comme il est, Ă  l’image d’un lieu qui n’est plus « habitĂ© », mais conservĂ© en souvenir du rituel.

Un autre espace, le « sĂ©jour-terminal », prendra place, Ă  cĂŽtĂ© du vieux. La coiffeuse de grand-mĂšre demeurera-t-elle, telle quelle, ou sera-t-elle transformĂ©e en systĂšme de camĂ©ra-tĂ©lĂ© en circuit fermĂ©, renvoyant notre image sur plusieurs moniteurs ? En tout Ă©tat de cause, ces choses existent et doivent modifier notre comportement domestique. L’appartement tĂ©lĂ©matique qui a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© pour la Foire de Milan Ă©tait une façon de commencer Ă  explorer ces nouvelles pratiques et de revoir des instruments « compromis » ou « contaminĂ©s ». Naturellement, ce n’est pas facile de montrer de nouveaux comportements avec des instruments ou des objets dĂ©coratifs « revus et corrigĂ©s ». L’attitude projectuelle a donc consistĂ© avant tout Ă  mettre l’emphase sur certains Ă©lĂ©ments et Ă  leur apporter, avec une bonne dose d’ironie, des modifications probables. Le lit conjugal se compose de deux parties, sĂ©parĂ©es ou rĂ©unies, selon le type d’usage : c’est le lieu oĂč l’on peut rester trĂšs intimement pour regarder l’image tĂ©lĂ©visuelle, ensemble, ou individuellement. Manger signifie peut-ĂȘtre encore ĂȘtre ensemble, en mangeant... VoilĂ  pourquoi la forme de la table du dĂźner a changĂ©, ce qui souligne la dĂ©formation du rituel ancien ; changĂ©e encore la table de jeu, avec son tapis vert, puisque les parties d’échec se jouent Ă  la tĂ©lĂ©vision !

Tous les objets prĂ©sentĂ©s dans cette maison tĂ©lĂ©matique n’exprimaient pas les solutions formelles ou fonctionnelles d’un nouveau rituel, mais mettaient l’accent sur les nouvelles possibilitĂ©s de conditionnement crĂ©Ă©es par la tĂ©lĂ©matique, l’informatique et la technologie avancĂ©e. L’exposition avait donc Ă©tĂ© conçue pour rĂ©-amĂ©nager des typologies d’environnement traditionnel (le salon, la salle Ă  manger, les chambres, la salle de bains, la salle de jeux et la cuisine). Le visiteur faisait immĂ©diatement la liaison avec la rĂ©alitĂ© de l’appartement dans lequel il vit quotidiennement, mais il pouvait aussi remarquer des objets « rĂ©visĂ©s », et des signes indiquant des modifications plus ou moins profondes. Il n’y avait pratiquement pas de couleurs afin d’exalter la mise en scĂšne des terminaux. Les meubles Ă©taient contaminĂ©s par la technologie et les dĂ©corations aux murs imitaient les patterns des jeux vidĂ©o. Autant d’images exaspĂ©rantes, inquiĂ©tantes, divertissantes, avec lesquelles il faudra tĂŽt ou tard compter, autant de situations qui modifieront les vieilles hiĂ©rarchies, l’usage de la mĂ©moire, et les rituels que nous avons conservĂ©s jusqu’à maintenant...




perspectives


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Auteur : Georges Teyssot

« Les intérieurs et la fantasmagorie des choses »

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PERSPECTIVES : ESSAI

Extrait de : Georges Teyssot, Fantasmagories du mobilier, in Id., Walter Benjamin. Les maisons oniriques, sĂ©rie : Philosophie (Paris : Hermann, 2013), Chapitre II, pp. 53-111.


1 et 2 Dessins de la sĂ©rie “Otakuism, the era of database animals” par Samuel Esses

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« Des divans profonds comme des tombeaux. »

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PERSPECTIVES : ESSAI

Charles Baudelaire, « La Mort des Amants. »

Walter Benjamin s’est inspirĂ© de la cĂ©lĂšbre remarque de RĂ©my de Gourmont : « Ce fut la premiĂšre originalitĂ© des Goncourt de crĂ©er de l’histoire avec les dĂ©tritus mĂȘmes de l’histoire. » L’Ɠuvre des FrĂšres Goncourt Ă©tait sans doute une source d’inspiration, lorsqu’ils Ă©nonçaient que « [l]’anecdote est l’indiscrĂ©tion de l’histoire. C’est Clio Ă  son petit lever. » En 1852, dans une note de leur Journal, ils annonçaient un programme d’étude : « Le lit oĂč l’homme naĂźt, se reproduit et meurt : quelque chose Ă  faire lĂ -dessus, un jour. » Et Benjamin de renchĂ©rir : « Les constructions de l’histoire sont comparables Ă  des ordres militaires qui tourmentent et casernent la vraie vie. À l’inverse, l’anecdote est comme une rĂ©volte dans la rue. » Pareil Ă  un Ă©vĂ©nement, comme une irruption intempestive, celle-ci « rend les choses spatialement plus proches. » À la recherche de ce qui constitue le mobilier baudelairien, il faut accumuler des choses Ă©phĂ©mĂšres. Loin de dessiner une large fresque, ces menus dĂ©tails devront conserver leur nature fragmentaire. D’ailleurs, tout s’amenuise dans la ville du XIXe siĂšcle, car, comme l’écrit HonorĂ© de Balzac dans les Illusions perdues (1836 - 1843), l’espace vient Ă  manquer: « L’emplacement nĂ©cessaire aux bibliothĂšques sera une question de plus en plus difficile Ă  rĂ©soudre Ă  une Ă©poque oĂč le rapetissement gĂ©nĂ©ral des choses et des hommes atteint tout jusqu’à leurs habitations. » Et Benjamin de commenter : « Il existe peut-ĂȘtre une corrĂ©lation entre le rĂ©trĂ©cissement de l’espace habitable et l’élaboration croissante de l’intĂ©rieur. » S’il existe bien des meubles baudelairiens, il en existe aussi qui sont de nature balzacienne, capable de rĂ©vĂ©ler leur aspect comique : « Aussi de tous les dĂ©mĂ©nagements, les plus grotesques de Paris sont-ils ceux des Administrations – remarque Balzac dans "Les EmployĂ©s" (1838-1845) –. Jamais le gĂ©nie d’Hoffmann, ce chantre de l’impossible, n’a rien inventĂ© de plus fantastique. On ne se rend pas compte de ce qui passe dans les charrettes. Les cartons baillent en laissant une traĂźnĂ©e de poussiĂšre dans les rues. Les tables montrant leurs quatre fers en l’air, les fauteuils rongĂ©s, les incroyables ustensiles avec lesquels on administre la France, ont des physionomies effrayantes. C’est Ă  la fois quelque chose qui tient aux affaires de thĂ©Ăątre et aux machines des saltimbanques. » Une telle approche de l’histoire informe l’ensemble du projet de Paris, capitale du XIXe siĂšcle, Le livre des passages (Das Passagen-Werk), de Benjamin. En assimilant l’histoire aux techniques du collage dans l’art, il se propose de recycler la notion de montage, empruntĂ© aux SurrĂ©alistes : « La mĂ©thode de ce travail : le montage littĂ©raire. Je n’ai rien Ă  dire. Seulement Ă  montrer. Je ne vais

rien dĂ©rober de prĂ©cieux ni m’approprier des formules spirituelles. Mais les guenilles [die Lumpen], le rebut [den Abfall] [...]. » Collectionneur de haillons et amateur de dĂ©chets, il recueille les fragments d’une histoire singuliĂšre, en commençant par en faire un inventaire mĂ©thodique : « La premiĂšre Ă©tape [...] consistera Ă  reprendre dans l’histoire le principe du montage. C’est Ă  dire Ă  Ă©difier les grandes constructions Ă  partir de trĂšs petits Ă©lĂ©ments confectionnĂ©s avec prĂ©cision et nettetĂ©. Elle consistera mĂȘme Ă  dĂ©couvrir dans l’analyse du petit moment singulier le cristal de l’évĂ©nement total. » Le montage et l’assemblage des dĂ©bris conduisent Ă  une esthĂ©tisation du fragment, un procĂ©dĂ© qui, depuis l’époque romantique, a Ă©tabli le fondement du projet moderne. L’assemblage sert Ă  rĂ©vĂ©ler les modes de l’historicitĂ© de chaque fragment recueilli. « L’horreur du Domicile » Le rĂ©servoir apparemment chaotique de faits historiques est reconstituĂ©, non pas dans le tableau immobile d’une pĂ©riode passĂ©e, apprĂ©hendĂ©e au travers de monographies d’artistes et d’architectes, ni par une approche "typologique" des Ă©difices (notion que Siegfried Giedion dĂ©signait sous le terme de Bautyp), mais comme une rĂ©gion spatio-temporelle, comme une vaste zone intermĂ©diaire oĂč les beaux-arts, la sociologie et la politique n’ont pas encore acquis de formes distinctes. Pour Benjamin, le travail historique doit tendre vers une phase de « condensation croissante de la rĂ©alitĂ© » qui se dĂ©clenche comme un prĂ©cipitĂ© chimique et se rĂ©vĂšle comme dans un instantanĂ©. DĂšs lors, « tout Ă©vĂ©nement passĂ© (en son temps) peut acquĂ©rir un plus haut degrĂ© d’actualitĂ© (AktualitĂ€t) que celui qu’il avait au moment oĂč il a eu lieu. Ce passĂ© acquiert les caractĂšres d’une actualitĂ© plus haute grĂące Ă  l’image par laquelle et sous laquelle il est compris. » Dans les annĂ©es 1923-25, Benjamin dĂ©veloppera un procĂ©dĂ© littĂ©raire, celui des « images de pensĂ©es » (les Denkbilder), un petit tableau en prose, associant un titre Ă©vocateur, une image visuelle qui est dĂ©crite, avec une idĂ©e qui y est liĂ©e. L’idĂ©e de Denkbild lui serait venue des Ă©tudes menĂ©es sur l’emblĂšme baroque, lequel peut prĂ©senter une structure en trois parties, comportant d’abord une image ou icĂŽne (res picta) ; puis, le lemme (inscriptio) ou sentence qui coiffe ou habite l’image, une inscription parfois allĂ©gorique; enfin, l’épigramme (suscriptio) placĂ©e en-dessous, qui est une suite de vers, ou un bref commentaire. Benjamin retrouve la technique de l’allĂ©gorie baroque dans la poĂ©sie de Baudelaire : « l’allĂ©gorie baroque ne voit le cadavre que de l’extĂ©rieur ; Baudelaire se


le reprĂ©sente de l’intĂ©rieur. » Pour Benjamin, seul le poĂšte de la mĂ©lancolie et de l’allĂ©gorie voit en toute luciditĂ© le vertige du monde moderne et devine son destin probable : une sociĂ©tĂ© rigidifiĂ©e dans les derniers spasmes de son agonie, suivi d’un amoncellement de cadavres. Ce que Benjamin dĂ©couvre Ă©galement dans l’Ɠuvre du poĂšte, c’est sa passion pour les images. Dans son journal intime (Mon cƓur mis Ă  nu), Baudelaire Ă©crivait : « Glorifier le culte des images (ma grande, mon unique, ma primitive passion). » Ces rĂ©flexions sont parallĂšles Ă  celles des "nouveaux" historiens et illustrent une dĂ©marche qui renonce Ă  la rĂ©vĂ©rence attachĂ©e aux grands noms, pour se fixer sur les faits et leur rĂ©pĂ©tition. Fouillant dans les "poubelles", l’historien abandonne les vieilles idoles, « les idoles politique, chronologique et individuelle », et se propose d’approcher de nouveaux objets, tels que l’horizon de la civilisation matĂ©rielle et technologique, la foule des inconnus, les effets de rĂ©pĂ©tition Ă  l’intĂ©rieur de longues sĂ©ries, les rythmes du quotidien. Les sources d’une histoire des habitations, ces architectures du quotidien, sont vastes et de nature hybrides. Les matĂ©riaux en sont hĂ©tĂ©rogĂšnes, car, Ă  l’histoire de l’art et de l’architecture, il est nĂ©cessaire d’intĂ©grer de nombreux aspects liĂ©s au goĂ»t, Ă  la culture, Ă  l’esthĂ©tique, aux techniques. L’histoire de la maison – pour employer un terme traditionnel –, comme d’ailleurs celle de la ville, s’installe aisĂ©ment dans la longue durĂ©e. Aujourd’hui, tout est maison, dans la mesure oĂč il est possible d’habiter un divan, un lit, une chambre, un hangar, un vĂ©hicule, ou mĂȘme un Ă©cran. Parce que tout ce qui fait maison (logis, demeure, logement, habitation), doit aussi faire Ă©cran. Ce n’est qu’un paradoxe apparent qu’au sein d’une telle dĂ©marche la prise en compte de la longue durĂ©e coĂŻncide avec l’immersion dans une forĂȘt de dĂ©tails. En 1983, lors d’un colloque dĂ©diĂ© Ă  l’Histoire de l’espace privĂ©, Norbert Elias faisait remarquer que nous sommes confrontĂ©s Ă  une abondance de sujets de recherche. DĂšs lors, un risque apparait qui peut aboutir Ă  la dissĂ©mination des objets d’études. Elias avertissait : « Lorsque nous abandonnons les voies de l’histoire traditionnelle – politique, Ă©conomique, sociale –, nous n’apercevons plus l’unitĂ©. [...] il faut peut-ĂȘtre se demander : oĂč est l’unitĂ© ? ». ConfrontĂ© Ă  la multitude de dĂ©tails, l’historien proposait que ceux-ci soient comme concentrĂ©s dans un rĂ©cipient exigu, ou bien distillĂ©s dans une « coquille de noix » (in a nutshell). Par exemple, cette coquille mĂ©taphorique pouvait se concrĂ©tiser dans la « chambre privĂ©e. » Aujourd’hui, on peut mentionner de nouveaux champs, comme l’histoire de l’appartement du XVIIe jusqu’au XXe siĂšcle; ou bien celle des chambres Ă  coucher, des cabinets d’étude, des alcĂŽves, des boudoirs, ou des cabinets de toilette, intimes et privĂ©s. En remontant jusqu’au pamphlet de Virginia Woolf, Une chambre Ă  soi (1929). Pour ce qui est du boudoir, Benjamin donnera la transcription de l’un de ses rĂȘves Ă©rotiques, inspirĂ© en partie de souvenirs de jeunesse, mais aussi par sa lecture des ouvrages de Mercier de CompiĂšgne, auteur et Ă©diteur de contes et poĂšmes Ă©rotiques, dont il cite Manuel des boudoirs ou Essais Ă©rotiques sur les Demoiselles d’AthĂšnes (1789), et dont il extrait cette devise : « Forcer les filles de profession de tenir leurs portes ouvertes ; la sentinelle

se promĂšnerait dans les corridors. » Ce qui confirme l’intĂ©rĂȘt que Benjamin rĂ©vĂ©lait pour le "type" humain de la travailleuse du sexe, au bas de l’échelle dans le systĂšme d’exploitation, mais exposait aussi une passion pour les portes ouvertes, les fenĂȘtres vitrĂ©es, les enfilades transparentes : tous les dispositifs assurant la surveillance de chaque instant de la vie, mĂȘme les plus intimes. Il s’ensuit que l’histoire de l’habitation et des modes culturels de l’habiter se dĂ©velopperait sur deux registres opĂ©ratoires, contradictoires seulement en apparence : d’une part, l’accumulation de dĂ©tails dissĂ©minĂ©s, sortes de monades prises dans la longue durĂ©e; d’autre part, une opĂ©ration de filtrage et de resserrement de cette pluralitĂ© au passage de la dimension restreinte, celle prĂ©cisĂ©ment des espaces domestiques, micro-espaces Ă  dĂ©veloppement lent. Tout se passerait comme si la multitude des micro-Ă©vĂšnements, la sĂ©rie des habitudes individuelles et sociales, rĂ©pĂ©tĂ©e au cours du temps, martelait l’espace par chocs rĂ©pĂ©tĂ©s, crĂ©ant ainsi les environs de la vie quotidienne, littĂ©ralement un environnement. Il se dessinerait la possibilitĂ© de dĂ©finir les espaces de l’habitat par l’action rĂ©pĂ©tĂ© des habitudes dans le temps, ce qui d’ailleurs invoque les sens ancien et moderne du terme latin Habitus (Gr., hexis), que ce soit en mĂ©decine, en philosophie et en sociologie. Le terme a Ă©tĂ© utilisĂ© par Norbert Elias pour dĂ©finir une empreinte de type social laissĂ©e sur les individus par les institutions; et l’on connaĂźt l’usage qu’en feront Marcel Mauss et Pierre Bourdieu. On sait aussi que Benjamin fut aussi le premier traducteur de Marcel Proust en allemand, et combien cette source fut importante pour la dĂ©finition du concept de la demeure. Alain notait qu’une maison traditionnelle se dĂ©veloppait en un certain sens « par le dedans ». Les XIXe et XXe siĂšcles - remarquait Benjamin - ont cherchĂ© plus que tout autre l’habitation (das Wohnen). La difficultĂ© qui se prĂ©sente est la suivante : « [D]’une part, il faut voir l’élĂ©ment trĂšs ancien, Ă©ternel peut-ĂȘtre : le reflet du sĂ©jour de l’ĂȘtre humain dans le sein maternel; d’autre part, abstraction faite de ce thĂšme prĂ©historique, il faut considĂ©rer l’habitation sous sa forme la plus extrĂȘme comme un mode d’existence du XIXe siĂšcle. » DĂ©jĂ  le XVIIIe siĂšcle avait innovĂ© avec l’alcĂŽve, le boudoir, les rideaux, la table de toilette et le bidet. Le XIXe siĂšcle invente les Ă©tuis, les enveloppes, les tapis, les couvertures et les housses. Comme l’ont remarquĂ© Dolf Sternberger, Sigfried Giedion et Mario Praz, Ă  la suite de Benjamin, c’est le siĂšcle des coussins, des poufs et de la passementerie : « Les Ă©tuis, les housses, les gaines qui recouvraient le mobilier bourgeois du [XIXe siĂšcle] Ă©taient autant de dispositifs pour recueillir et conserver des traces. » Dans la Philosophie de l’argent (1900), Georg Simmel notait que l’époque Biedermeier Ă©tait marquĂ©e par cette ambiance particuliĂšre de la Stimmung (All., accord, harmonie), lĂ  oĂč rĂ©gnaient la calme quiĂ©tude des atmosphĂšres et la simple Ă©lĂ©gance des objets, comme cela transparait dans les Ɠuvres de Georg Friedrich Kersting, de Johann Erdmann Hummel, ou d’Octave Tassaert. Mais dĂ©jĂ , dans les Confessions d’un enfant du siĂšcle (1836), Alfred de Musset se trouvait confrontĂ© Ă  des intĂ©rieurs « oĂč se trouvent rassemblĂ©s et confondus


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Quelle est la signification des projets d’architecture dessinĂ©s Ă  partir d’élĂ©ments archĂ©typaux et rĂ©interprĂ©tĂ©s de façon contemporaine ? Telle est une des questions soulevĂ©e par la Casa Tobogan et la Cloud House, deux lieux de rĂ©sidence pour des familles, dont les formes audacieuses et les techniques constructives qui les sous-tendent se prĂȘtent Ă  des interprĂ©tations multiples. ImplantĂ©e dans une zone rĂ©sidentielle de la banlieue madrilĂšne, la Casa Tobogan, tire son nom d’un terrain d’implantation en pente et elle rĂ©pond aux multiples souhaits d’une famille composĂ©e d’un couple et ses trois enfants. Non conventionnelle et ayant connu l’expĂ©rience des grands voyages, la famille dĂ©sirait une habitation Ă  mĂȘme d’incarner les divers scĂ©narios de leur vie domestique, de reprĂ©senter leurs dĂ©placements dans le monde entier et de traduire leur dĂ©sir de vivre dans un jardin. Toutes ces demandes ont Ă©tĂ© rĂ©ifiĂ©es par les architectes de l’agence Z4Z4AAA Ă  travers deux maisons juxtaposĂ©es et sĂ©parĂ©es par un vide de la hauteur d’un niveau. Mettant en scĂšne de maniĂšre visible les dĂ©placements entre les deux parties d’habitation, cet espace central quasi vide mais pourtant majeur, assure le lien de l’ensemble, il sert d’entrĂ©e et de parking et il remplit Ă©galement le rĂŽle de rĂ©gulateur thermique.


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des meubles de tous les temps et de tous les pays » et dĂ©plorait cette nouvelle tendance : « Notre siĂšcle n’a point de formes. Nous n’avons donnĂ© le cachet de notre temps ni Ă  nos maisons, ni Ă  nos jardins, ni Ă  quoi que ce soit. [...] Aussi les appartements des riches sont des cabinets de curiositĂ©s : l’antique, le gothique, le goĂ»t de la Renaissance, celui de Louis XIII, tout est pĂȘle-mĂȘle. Enfin nous avons de tous les siĂšcles, hors du nĂŽtre, chose qui n’a jamais Ă©tĂ© vue Ă  une autre Ă©poque; l’éclectisme est notre goĂ»t; nous prenons tout ce que nous trouvons, ceci pour sa beautĂ©, cela pour sa commoditĂ©, telle autre chose pour son antiquitĂ©, telle autre pour sa laideur mĂȘme; en sorte que nous ne vivons que de dĂ©bris, comme si la fin du monde Ă©tait proche. » Toujours dans la Philosophie de l’argent, Simmel poursuivait en remarquant que l’essor de l’art industriel et du gout Ă©clectique aura eu des effets dĂ©lĂ©tĂšres : « La pluralitĂ© des objets trĂšs spĂ©cifiquement façonnĂ©s Ă  elle seule rend dĂ©jĂ  difficile le rapport Ă©troit [...] aux objets singuliers [...]. Ce fait s’exprime dans les plaintes des mĂ©nagĂšres, dĂ©plorant que l’entretien de leur intĂ©rieur exige d’elles un service fĂ©tichiste. » En outre, « le changement de mode interrompt entre le sujet et l’objet [tout] processus d’enracinement [...]. En troisiĂšme lieu [vient] [...] la pluralitĂ© des styles que nous offrent les objets quotidiennement visibles. » Par exemple, ces appartements sont des antres sombres, saturĂ©s d’objets, qui se rĂ©vĂšlent dans l’IntĂ©rieur parisien (1877), une huile de MihĂĄly MunkĂĄcsy. Dans un texte publiĂ© Ă  propos de l’Exposition de Paris en 1855, Ernest Renan compare les expositions universelles aux grandes fĂȘtes grecques et aux jeux Olympiques, et il croit que c’est la poĂ©sie qui fait dĂ©faut aux premiĂšres : « Notre siĂšcle ne va ni vers le bien ni vers le mal ; il va vers la mĂ©diocritĂ©. » Le philosophe continue : « les progrĂšs de l’art [sont loin d’ĂȘtre] parallĂšles Ă  ceux que fait une nation dans le goĂ»t du confortable. » Il ajoute : « il est permis de dire sans paradoxe que les temps et les pays oĂč le confortable est devenu le principal attrait du public ont Ă©tĂ© les moins douĂ©s sous le rapport de l’art [...]. La commoditĂ© exclut le style. » Et de noter la supĂ©rioritĂ© inĂ©galĂ©e de l’industrie anglaise en terme d’ustensiles de mĂ©nage. Pour lui, il est incontestable que « le progrĂšs de l’industrie n’est nullement, dans l’histoire, parallĂšle Ă  celui de l’art. » CitĂ©es par Benjamin, les opinions de Renan et de Simmel expriment bien un Ă©tat de malaise ressenti face Ă  l’objet industriel, devenu un bien durable et Ă©changeable, une marchandise universelle. Le XXe siĂšcle advenu, les contemporains de Benjamin ne frĂ©quentent plus un monde traditionnel, oĂč les habitants laissent des traces, mais un milieu oĂč, par souci d’éthique autant que politique, il faut effacer ses traces. D’ailleurs, c’est Rainer Maria Rilke, dans Les Cahiers de Malte Laurids Brigge (1910), qui faisait noter combien les traces laissĂ©es par les anciens habitants Ă©taient fĂ©tides et rĂ©pugnantes : « Maisons ? Mais pour ĂȘtre prĂ©cis, c’étaient des maisons qui n’étaient plus lĂ . Des maisons qu’on avait dĂ©molies du haut en bas. [...] On voyait, aux diffĂ©rents Ă©tages, des murs de chambres oĂč les tentures collaient encore; et, ça et lĂ , l’attache du plancher ou du plafond. AuprĂšs des murs des chambres, tout au long de la paroi, subsistait encore un espace gris blanc par oĂč s’insinuait, en des

spirales vermiculaires et qui semblaient servir Ă  quelque rĂ©pugnante digestion, le conduit dĂ©couvert et rouillĂ© de la descente des cabinets. Les tuyaux de gaz avaient laissĂ© sur les bords des plafonds des sillons gris et poussiĂ©reux qui se repliaient ça et lĂ , brusquement, et s’enfonçaient dans des trous noirs. Mais le plus inoubliable, c’était encore les murs eux mĂȘmes. Avec quelque brutalitĂ© qu’on l’eĂ»t piĂ©tinĂ©e, on n’avait pu dĂ©loger la vie opiniĂątre de ces chambres. Elle y Ă©tait encore; elle se retenait aux clous qu’on avait nĂ©gligĂ© d’enlever; elle prenait appui sur un Ă©troit morceau de plancher; elle s’était blottie sous ces encoignures oĂč se formait encore un petit peu d’intimitĂ©. On la distinguait dans les couleurs que d’annĂ©e en annĂ©e elle avait changĂ©es, le bleu en vert chanci, le vert en gris, et le jaune en un blanc fatiguĂ© et rance. Mais on la retrouvait aussi aux places restĂ©es plus fraĂźches, derriĂšre les glaces, les tableaux et les armoires; [...] Et, de ces murs, jadis bleus, verts ou jaunes, qu’encadraient les reliefs des cloisons transversales abattues, Ă©manait l’haleine de cette vie, une haleine opiniĂątre, paresseuse et Ă©paisse, qu’aucun vent n’avait encore dissipĂ©e. » Pour Benjamin, le XXe siĂšcle avait surgi « avec son goĂ»t pour la porositĂ©, la transparence, la pleine lumiĂšre et l’air libre, [lequel] a mis fin Ă  la façon ancienne d’habiter. » Qu’ils s’agissent de Blocks of flats victoriens, d’appartements haussmanniens, de Mietskasernen berlinoises, d’hĂŽtels meublĂ©s parisiens, de CitĂ©s françaises, d’HBM (habitations Ă  bon marchĂ©) en France, de Siedlungen allemandes, de Tenement blocks newyorkais, jusqu’aux actuelles HLM (habitations Ă  loyers modĂ©rĂ©s), en s’articulant comme de grands "organismes", ces constructions alvĂ©olaires deviennent des sortes d’immenses boĂźtiers oĂč chaque habitant trouve sa place, sa case, ses meubles, selon sa classe, son origine, son sexe, son Ăąge. Pour citer de nouveau la Philosophie de l’argent (1900), Simmel distingue entre l’argent, d’une part, et, de l’autre, tous les autres biens de consommation: seul l’argent est Ă  l’abri de la dĂ©ception qui menace toute possession. Cet effet d’éloignement des objets s’explique par le fort potentiel de dĂ©ception en ce qui concerne les biens durables. Comme l’explique l’économiste Albert Hirschman, notre vie quotidienne est rĂ©glĂ©e par un Ă©quilibre instable entre des nĂ©cessitĂ©s liĂ©es au confort et des stimulations provoquant des plaisirs. Face aux choses, notre dĂ©ception naĂźt du fait que les biens durables, meublant nos habitations, apportent un Ă©quilibre entre plaisir et confort, inclinant vers le confort, au dĂ©triment du plaisir. Topologie de l’habiter Selon Benjamin, la tĂąche de l’historien consiste Ă  faire Ă©merger les faits historiques engloutis, alors que ceux-ci ont perdu leur usage d’origine. Dans Le Livre des Passages (Das Passagen-Werk), ces Ă©paves " historiques" sont considĂ©rĂ©es dans le moment oĂč elles tombent en dĂ©suĂ©tude, lorsqu’elles aspirent mĂȘme Ă  disparaĂźtre par anĂ©antissement, dĂ©vastation ou simple nĂ©gligence. En d’autres termes, il se concentre sur les moments de transition, quand les phĂ©nomĂšnes semblent se dissoudre comme des images Ă©phĂ©mĂšres sombrant dans l’oubli. Prenant son inspiration dans la notion proustienne de mĂ©moire involontaire, Benjamin compare l’activitĂ© de l’historien Ă  ce qu’il advient Ă  la conscience au moment d’émerger du sommeil, alors qu’elle est placĂ©e dans une condition de seuil :


« La nouvelle mĂ©thode dialectique de la science historique se prĂ©sente comme l’art de voir le prĂ©sent comme un monde Ă©veillĂ© auquel ce rĂȘve que nous appelons l’autrefois se rapporte en vĂ©ritĂ©. Refaire l’autrefois dans le ressouvenir [die Erinnerung] du rĂȘve ! Ainsi, ressouvenir et rĂ©veil sont trĂšs Ă©troitement liĂ©s. Le rĂ©veil, en effet, est la rĂ©volution copernicienne, dialectique de la remĂ©moration [das Eingedenken]. » L’histoire peut ainsi devenir un travail de ressouvenir (die Erinnerung), mais seulement dans la mesure oĂč son mĂ©canisme demeure similaire Ă  celui du rĂ©veil : « Ce que Proust veut dire avec le dĂ©placement expĂ©rimental des meubles dans le demi-sommeil du matin [
], ce n’est rien d’autre que ce que nous devons Ă©tablir ici, au plan de l’histoire, et collectivement. » En fait, Benjamin se rĂ©fĂšre explicitement Ă  l’opposition, dĂ©veloppĂ©e par le psychanalyste autrichien Theodor Reik en 1935, entre mĂ©moire (das GedĂ€chtnis) et ressouvenir (die Erinnerung). Reik avait remarquĂ©: « La mĂ©moire a pour fonction de protĂ©ger les impressions, le ressouvenir vise Ă  les dĂ©sintĂ©grer. La mĂ©moire est essentiellement conservatrice, le ressouvenir est destructeur. » S’agissant d’un passage, le fait de se rĂ©veiller d’un rĂȘve instaure Ă  la fois une rupture et une continuitĂ©. Cette transition entre les Ă©tats de rĂȘve et de veille est au centre de la pensĂ©e de Benjamin : « Il y a un savoir-non-encore-conscient de l’Autrefois (das Gewesene), un savoir dont l’avancement a, en fait, la structure du rĂ©veil. » Dans de nombreux textes de Benjamin, les appartements du XIXe et du XXe siĂšcle se prĂ©sentent apparemment comme des Ă©tuis formant des sortes de carapaces protectrices. Au cours de cette pĂ©riode, s’est donc imposĂ© le "logement " avec toutes les variĂ©tĂ©s de sens incluses dans la notion d’habitation (das Wohnen) : « La forme originaire de toute habitation, c’est la vie non dans une maison mais dans un boĂźtier (das GehĂ€use). Celui-ci porte l’empreinte de celui qui l’occupe. Dans le cas tout Ă  fait extrĂȘme, l’appartement devient un boĂźtier. Le XIXe siĂšcle a cherchĂ© plus que tout autre l’habitation. Il a considĂ©rĂ© l’appartement comme un Ă©tui pour l’homme; il a si profondĂ©ment encastrĂ© celui-ci dans l’appartement, avec tous accessoires, que l’on croirait voir l’intĂ©rieur d’une boĂźte Ă  compas dans laquelle l’instrument est logĂ© avec toutes ses piĂšces enfoncĂ©es dans profondes cavitĂ©s de velours le plus souvent violet. » Or faudrait-il conserver ces traces, entretenir pieusement ces empreintes ? SĂ»rement pas, car Benjamin, lecteur attentif du Manuel pour habitant des villes de son ami Bertolt Brecht, se souvient du refrain qui en scande les strophes: « Efface tes traces ! ». Devant cette accumulation de marques, il faudra inaugurer un instrument salutaire, qui est celui du « caractĂšre destructeur » : « Le caractĂšre destructeur est l’ennemi de l’homme en Ă©tui. Ce dernier cherche le confort, dont la coquille est la trace tapissĂ©e de velours qu’il a imprimĂ©e sur le monde. » Par consĂ©quent, de tels Ă©crins protĂ©geant l’habitant doivent ĂȘtre considĂ©rĂ©s dans la possibilitĂ© d’une transformation topologique de l’intĂ©rieur en un extĂ©rieur, lorsque la surface des gaines se mue en enveloppes. De prime abord, ce pur intĂ©rieur (das Interieur, dans le texte de Benjamin) apparait comme une capsule dĂ©fensive; toutefois, ce mĂȘme espace tend Ă  ĂȘtre exposĂ©, et donc projetĂ© vers l’extĂ©rieur, comme le sont des marchandises

dans une vitrine ou des objets de collection dans un musĂ©e. Ce qui Ă©tait intĂ©rioritĂ© bourgeoise, un domaine oĂč rĂ©gnaient le calme, la sĂ©curitĂ© et l’intimitĂ©, un lieu endormi ou somnolent, dont l’assoupissement et l’atmosphĂšre font rĂ©fĂ©rence aux diverses significations de la notion de confort (die GemĂŒtlichkeit), cet intĂ©rieur se rĂ©veille soudainement pour se renverser en un dehors: « L’intĂ©rieur se porte vers l’extĂ©rieur, comme si le bourgeois Ă©tait Ă  ce point assurĂ© de son indĂ©fectible aisance qu’il dĂ©daignait la façade, pour dĂ©clarer: ma demeure, en quelque endroit que vous la coupiez, est façade. » Cette remarque permet d’interprĂ©ter l’intĂ©rieur dans une situation de miroir, comme si l’intĂ©rieur et l’extĂ©rieur se reflĂ©taient rĂ©ciproquement. Une telle dualitĂ© spĂ©culaire peut ĂȘtre reprĂ©sentĂ©e par le regard, celui du Peintre de la vie moderne, pour reprendre le titre de l’ouvrage que Charles Baudelaire consacre Ă  Constantin Guys, ce « kalĂ©idoscope douĂ© de conscience », dont l’art est capable de faire percevoir le chatoiement de la foule bigarrĂ©e, « comme dans un immense rĂ©servoir d’électricitĂ©. » Pour un tel peintre, sensible aux vibrations de la grande ville et capable de capter « l’étonnante harmonie de la vie dans les capitales [
] », il faut « ĂȘtre hors de chez soi, et pourtant se sentir partout chez soi [
]. » Le soir venu, « c’est l’heure bizarre et douteuse oĂč les rideaux du ciel se ferment, oĂč les citĂ©s s’allument. Le gaz fait tache sur la pourpre du couchant. » Pour Baudelaire, la citĂ© est un immense intĂ©rieur, dont on peut clore les rideaux et allumer les luminaires pour la soirĂ©e. DĂšs lors, passĂ© le crĂ©puscule, il y a bien une incursion de l’extĂ©rioritĂ© mĂ©tropolitaine, qui envahit les espaces internes, ce qui entraĂźne deux effets concomitants : l’intĂ©rieur se mĂ©tamorphose en une façade, tandis que le passant se mue en un voyeur. « Celui qui regarde du dehors Ă  travers une fenĂȘtre ouverte, ne voit jamais autant de choses que celui qui regarde une fenĂȘtre fermĂ©e. Il n’est pas d’objet plus profond, plus mystĂ©rieux, plus fĂ©cond, plus tĂ©nĂ©breux, plus Ă©blouissant qu’une fenĂȘtre Ă©clairĂ©e d'une chandelle. Ce qu’on peut voir au soleil est toujours moins intĂ©ressant que ce qui se passe derriĂšre une vitre. Dans ce trou noir ou lumineux vit la vie, rĂȘve la vie, souffre la vie. » Pour le poĂšte de la "modernitĂ©" Ă  l’affut de la « beautĂ© particuliĂšre du mal », la fenĂȘtre entraperçue doit ĂȘtre apprĂ©hendĂ©e Ă  la nuit tombĂ©e et de l’extĂ©rieur. À ce propos, Benjamin remarquait: « Pourquoi le regard qu’on jette Ă  travers des fenĂȘtres inconnues tombe-t-il toujours sur une famille en train de dĂ©jeuner ou sur un homme seul, assis Ă  table sous la suspension, et occupĂ© Ă  des choses mystĂ©rieusement futiles ? Un tel regard est la cellule germinale de l’Ɠuvre de Kafka. » Dans sa troublante extĂ©rioritĂ©, la fenĂȘtre encadre l’existence anonyme et solitaire du citadin et offre une image poĂ©tique de ses souffrances muettes, une « allĂ©gorie » de sa solitude mĂ©lancolique. Fin de la partie 1, la suite dans CREE 378.


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Auteur : Sophie Trelcat

MatiĂšres grises CrĂ©e en 2002, l’agence Pezo von Ellrichshausen travaille aux confins de l’art et de l’architecture. ƒuvrant Ă  part Ă©gale dans les deux disciplines et sans distinction, ou presque, elle a produit une collection de maisons comptant parmi les plus originales et remarquables de notre Ă©poque. Leur signature unique Ă©chappe Ă  tout enfermement dans un style ainsi qu’aux dictats de la technologie.

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Tous visuels courtesy Pezo von Ellrichshausen

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PERSPECTIVES : GRAND ANGLE

Pezo von Ellrichshausen architectes



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ÉdifiĂ©e en 2005 sur la pĂ©ninsule de Coliumo au Chili, la casa Poli est en apparence un simple bloc de bĂ©ton brut, percĂ© de maniĂšre alĂ©atoire. Mis en scĂšne par une accroche spectaculaire Ă  la falaise, ses cadrages rĂ©vĂšlent la profondeur de la mer et n’ont rien Ă  envier Ă  ceux de la villa Malaparte, que filmait divinement Jean-Luc Godard dans Le mĂ©pris. Maison d’étĂ© et occasionnellement centre culturel, la particularitĂ© de la Casa Poli est de contenir tous les Ă©lĂ©ments de service tels que la cuisine, les salles de bains, les rangements et les escaliers dans un espace pĂ©riphĂ©rique Ă©pais d’un mĂštre ceinturant la construction. Cette idĂ©e originale permet de laisser libre le reste de l’habitation comme le volume en triple hauteur et les autres piĂšces connectĂ©es les unes aux autres sans qu'il leur soit attribuĂ©e une fonction prĂ©cise. Ce paysage tellurique, façonnĂ© par les forces naturelles semble avoir lui-mĂȘme transformĂ© des phĂ©nomĂšnes locaux en expĂ©rience construite. Il n’en est rien. De la mĂȘme maniĂšre, il ne faut lire ici aucun retour Ă  un rĂ©gionalisme critique, ni Ă  la quelconque apparition d’une Ă©cole chilienne, alors qu’avait disparu l’architecture d’auteur sous la dictature de Pinochet de 1973 Ă  1989. Depuis presque quinze annĂ©es, Mauricio Pezo et Sofia von Ellrichshausen - diplĂŽmĂ©s respectivement de l’universitĂ© de Santiago au Chili en 1998 et de celle de Buenos Aires en Argentine en 2002 - ont une production Ă  l’esthĂ©tique personnelle trĂšs affirmĂ©e, loin de toute tendance.

1, 2, 3 et 4 Nida house, Navidad, Chile, 2016

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PERSPECTIVES : GRAND ANGLE

Guna house, San Pedro, Chile, 2014

Une construction mentale BasĂ©s sur des gĂ©omĂ©tries simples, leurs projets dĂ©gagent spontanĂ©ment des valeurs de durabilitĂ©. « Nous sommes intĂ©ressĂ©s par ce point de croisement, unique et dĂ©licat, entre l’intensitĂ© et l’invention, entre le fait d’ĂȘtre porteur de sens et aussi de sens commun » explique Mauricio Pezo. Ayant toujours ƓuvrĂ© conjointement dans les domaines de l’art et de l’architecture, la recherche spatiale est pour le duo d’abord une construction intellectuelle. Ils assument toutefois une diffĂ©renciation entre ces deux pratiques : « dans le cas d’un travail d’architecture, nous devons affronter une problĂ©matique donnĂ©e, dans le cas d’un travail artistique, cette derniĂšre est une invention autonome. Ce qui nous fascine, c’est d’explorer les possibilitĂ©s de transfert de cette dĂ©finition d’une discipline Ă  l’autre » prĂ©cise Sofia von Ellrichshausen et « c’est dans cette contradiction que rĂ©sident le pouvoir de l’architecture considĂ©rĂ©e du point de vue artistique et le potentiel de l’art, envisagĂ© comme architectonique » ajoute Mauricio Pezo.

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Dans un contexte urbain rĂ©sidentiel, Ă  San Pedro au Chili (2002), la casa Gago destinĂ©e Ă  un couple avec deux enfants prend Ă©galement la forme d’un simple parallĂ©lĂ©pipĂšde au plan carrĂ©, percĂ© irrĂ©guliĂšrement. Car, pour les architectes, la façade doit s’adapter Ă  l’organisation intĂ©rieure ; de plus, ils se sont affranchis de toute dĂ©pendance Ă  un systĂšme constructif, davantage perçu comme une libĂ©ration et totalement au service de l’expression spatiale. Ici, les piĂšces de la maison sont distribuĂ©es de maniĂšre directe depuis un de leur angle, coupĂ© par le passage d’un escalier hĂ©licoĂŻdal central. Fait de grossier bĂ©ton peint en blanc, laissant apparaĂźtre les agrĂ©gats, cet Ă©lĂ©ment porteur traverse la maison de haut en bas, sans palier. Les piĂšces se succĂšdent au fil de la montĂ©e, affichant des hauteurs sous plafond variables, et se situent par consĂ©quent Ă  des niveaux diffĂ©rents. Il en rĂ©sulte un systĂšme sophistiquĂ© de mise en relation des espaces entre eux, tandis que l’emprise libĂ©rĂ©e sur la parcelle est en soi une critique des massives maisons bourgeoises alentours, dĂ©voreuses d’espace. Cette idĂ©e de la connexion inclue dans un tout est rĂ©currente chez Pezo von Ellrichshausen. De mĂȘme, ils explorent de multiples maniĂšres des systĂšmes de trames orthogonales. Ainsi de la casa Meri (2014) Ă 

La Florida, proche de Santiago, dans laquelle se juxtaposent deux rangĂ©es de cinq piĂšces sans couloir de distribution. Seuls des blocs de mobilier intĂ©grĂ©s pour les salles de bains et la cuisine indiquent les possibilitĂ©s d’investissement des lieux. Cette question de la distribution dĂ©note un versant particuliĂšrement Ă©laborĂ© dans la casa Cien (2011) Ă  Concepcion, oĂč vit et travaille le couple chilo-argentin. Prenant la forme d’un T inversĂ©, rĂ©alisĂ©e en bĂ©ton rugueux Ă©voquant la roche marine, elle accueille deux escaliers qui desservent indĂ©pendamment les fonctions atelier/bureau, en partie basse et haute de la construction et celles domestiques, au milieu. La toiture terrasse accessible s’envisage, Ă  l’instar de tous les projets, comme une piĂšce supplĂ©mentaire Ă  ciel ouvert. À Cretas, en Espagne, la casa Solo (2013) est une enfilade selon un anneau carrĂ© de piĂšces totalement ouvertes qui s’ouvrent comme des balcons sur un vide central accueillant une piscine. L’ensemble surplombe un champs d’oliviers. La casa Guna (2014) Ă©difiĂ©e, Pointe LlacolĂ©n au Chili, sur un terrain en pente en bordure d’un lagon, compense le manque d’espace horizontal par un plateau central

Ă  l’air libre, formĂ© par le dessus du socle de l’habitation. Cette fois, un couloir placĂ© en premiĂšre couronne autour de cette salle extĂ©rieure distribue l’ensemble des piĂšces, en porte-Ă -faux sur sa base de bĂ©ton sombre. Pour ces deux maisons, le principe structurel est le mĂȘme : les murs du patio carrĂ©, s’étendent sur leurs 4 cĂŽtĂ©s. Ils constituent alors des poutres Vierendeel depuis lesquelles le pĂ©rimĂštre habitable est suspendu. Dans leur toute derniĂšre livraison, la casa Nida (2016) Ă  Navidad, la suspension est poussĂ©e Ă  son paroxysme avec une gĂ©omĂ©trie exactement contraire Ă  la gravitĂ© : les deux plateaux des niveaux supĂ©rieurs s’élargissent par rapport Ă  celui posĂ© au sol. Ainsi son dernier niveau, sans appui au sol visible depuis l’intĂ©rieur, se perçoit comme en totale lĂ©vitation avec la canopĂ©e pour vis-Ă -vis. Au fil des rĂ©alisations, la force de rĂ©flexion des architectes semble intarissable tant chaque projet donne lieu Ă  une invention typologique, Ă  mĂȘme d’introduire de nouvelles maniĂšres de vivre. « Nous ne venons pas voir une Ɠuvre d’art, mais le monde selon l’Ɠuvre d’art » Ă©crivait Merleau Ponty Ă  propos de CĂ©zanne. Cette citation du philosophe trouve sa transposition parfaite dans les constructions de Pezo von Ellrichshausen.


7 et 8 Poli house, Coliumo, Chile, 2005

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PERSPECTIVES : FOCUS CREE Toutes photos courtesy Tato architects / KenĂą€™ichi Suzuki


Auteur : Sophie Trelcat

Maison Rokko Kobe Tato architectes

Sans limites ImplantĂ©e sur les hauteurs du mont Rokko Ă  Kobe au Japon et surplombant l’immensitĂ© du port, la maison dessinĂ©e par Yo Shimada, directeur de l’agence Tato, explore les relations de l’architecture Ă  son environnement. D’aspect fragile, elle prend la forme d’une boite transparente sur laquelle est posĂ©e une grange en tĂŽle ondulĂ©e. Le terrain d’accueil du projet a nĂ©cessitĂ© une construction entiĂšrement manuelle



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PERSPECTIVES : FOCUS CREE

Comment l’architecture peut-elle intervenir dans des paysages d’exception ? Telle semble ĂȘtre la question partagĂ©e par les auteurs des maisons Rokko et SaLo, ancrĂ©es dans des sites – urbain et sauvage - aux qualitĂ©s totalement opposĂ©es. ImplantĂ©e sur un terrain particuliĂšrement pentu surplombant le port de Kobe, la maison Rokko, dessinĂ©e par Yo Shimada, directeur et fondateur de l’agence Tato en 1997, rĂ©pond Ă  la commande d’un cĂ©libataire de quarante ans. Celui-ci souhaitait pour son habitation une partie publique oĂč il puisse bricoler sur ses vĂ©los, accueillir ses amis et jouer de la musique - et une autre, privĂ©e et sĂ©parĂ©e. La demande Ă©tait simple mais il souhaitait un lieu qui ne soit pas "trop dessinĂ©".



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PERSPECTIVES : FOCUS CREE

Brainstorming Ayant sĂ©journĂ© longuement et de nombreuses fois sur le site, Ă  toutes les heures de la journĂ©e, une question prĂ©occupait Yo Shimada : « comment une architecture peut-elle ne pas impacter trop fortement un paysage tout en exploitant des vues magnifiques ? ». Par ailleurs se posaient des questions logistiques et techniques majeures : le terrain pentu, long et Ă©troit, rendait impossible l’accĂšs aux engins. Tout devait ĂȘtre rĂ©alisĂ© manuellement, y compris le terrassement. La maison est un simple assemblage simple de piĂšces dĂ©tachĂ©es ne dĂ©passant pas 100 kg chacune, apportĂ©es puis montĂ©es sur place par les ouvriers eux-mĂȘmes. S’inspirant des granges Ă  grain d’Ukraine, des queenslanders australiennes, ces maisons sur pilotis ceinturĂ©es par une vĂ©randa extĂ©rieure, mais aussi des rĂ©servoirs surĂ©levĂ©s photographiĂ©s par Bernd et Hilla Becher, la maison se rĂ©sume Ă  une construction mĂ©tallique avec un toit Ă  deux pentes – une silhouette rĂ©pandue dans le quartier -, posĂ©e sur une boite entiĂšrement vitrĂ©e. Ces trois rĂ©fĂ©rences sont revendiquĂ©es par Yo Shimada, en particulier celle de la queenslander qu’il a dĂ©jĂ  utilisĂ©e dans d’autres projets mais en la rĂ©adaptant et la rĂ©interprĂ©tant Ă  chaque fois.

Gracile beautĂ© La lĂ©gĂšretĂ© de la maison, structurĂ©e par un squelette mĂ©tallique fait de profilĂ©s en H de 100 x 100 mm, lui confĂšre une beautĂ© fragile notamment par la prĂ©sence de vides qui sont autant de mises en danger : il en va ainsi des fines plaques mĂ©talliques de l’escalier Ă  clairevoie et du garde-corps ceinturant l’étage, simple barre en acier galvanisĂ©. À travers ce projet, Yo Shimada a le sentiment d’ĂȘtre parvenu Ă  faire face Ă  la particularitĂ© de cet environnement scĂ©nique oĂč l’architecture et les diffĂ©rentes maniĂšres d’habiter dĂ©celables sur le territoire s’entremĂȘlent


MaĂźtre d'Ɠuvre : Tato architects/ Yo Shimada MaĂźtrise d'ouvrage PrivĂ©e Surface du terrain : 295.31m2 RDC : 56.00m2 Total surface habitable : 94.50m2 Livraison : 2011



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PERSPECTIVES : FOCUS CREE


 ÉdifiĂ©e sur la Pointe San Lorenzo au Panama, la SaLo house met Ă  profit le panorama sans jamais encombrer son territoire d’insertion. Bien au contraire, la construction, ouverte et naturellement enchĂąssĂ©e dans la forĂȘt tropicale, permet de recrĂ©er un Ă©cosystĂšme dĂ©truit par l’agriculture. L’architecte Patrick Dillon, auteur et propriĂ©taire de la maison souhaite en faire un cas d’école environnemental.


Maison SaLo Panama Ensitu Patrick Dillon architecte

Toutes photos courtesy Fernando Alda


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PERSPECTIVES : FOCUS CREE

L’esprit du lieu La maison SaLo Ă©difiĂ©e sur le plus vieux rocher du Panama, datant de 71 millions d’annĂ©es, sur la pointe San Lorenzo est une histoire au long cours. AprĂšs avoir aimĂ© habiter dans une mansarde parisienne, l’architecte et propriĂ©taire des lieux, Patrick Dillon s’était mis Ă  rĂȘver Ă  un lieu sans limites. Architecte dans la ville de Panama, au sein de l’agence Ensitu, Patrick Dillon travaillait en 1997 Ă  la construction d’un pont sur une riviĂšre. Il passait ses week-ends Ă  surfer Ă  cĂŽtĂ© de Santa Catalina, une commune proche. Face Ă  la beautĂ© du paysage naturel, il imagina qu’il pourrait y trouver un terrain pour bĂątir sa maison. Cinq annĂ©es furent nĂ©cessaires pour l’acquisition d’une parcelle dont la beautĂ© sauvage avait pour corollaire un accĂšs difficile. Conçue en osmose totale avec l’environnement et les conditions du site, la maison destinĂ©e Ă  une famille, est rĂ©alisĂ©e avec des matĂ©riaux disponibles sur place ; agrĂ©gats de pierre et de sable pour fabriquer les sols en bĂ©ton et surtout, chutes de matĂ©riaux issus de la construction du pont menĂ©e par Patrick Dillon. Tout a Ă©tĂ© transportĂ© par bateau et apportĂ© Ă  dos d’homme ou Ă  l’aide de chevaux. D’une superficie de

250 m2, la maison prend la forme d’une large piĂšce commune rectangulaire. Ouvert sur ses 4 cĂŽtĂ©s, cet espace peut ĂȘtre transformĂ© et protĂ©gĂ© par des cloisons coulissantes en plaques de fibres de verre ondulĂ©e, glissant sur des rails mĂ©talliques qui en dĂ©limitent le pourtour. Une gigantesque toiture en tĂŽle ondulĂ©e, semblable Ă  des ailes d’oiseaux dĂ©ployĂ©es dans le paysage protĂšge l’espace domestique. Ce dernier est prolongĂ© sur ses cĂŽtĂ©s par de larges decks en promontoires vertigineux sur le terrain, rendant perceptible l’épreuve du vide. Ces terrasses sont rĂ©alisĂ©es en bois provenant de la dĂ©molition de maisons alentours. Renaissance d’un Ă©cosystĂšme De forme courbe, la toiture rĂ©cupĂšre l’eau de pluie dans une citerne
 faisant par ailleurs office de piscine. Et c’est ici l’aspect clef de la construction : celui de contribuer Ă  reconstituer un Ă©cosystĂšme qui a Ă©tĂ© mis Ă  mal par une agriculture destructrice. StimulĂ©es par la prĂ©sence de l’eau, de nouvelles plantations et arbres ont pris racine et plusieurs espĂšces animales en voie d’extinction s’y sont installĂ©es. Des panneaux solaires chargent des batteries pour l’éclairage et le fonctionnement

des Ă©quipements Ă©lectroniques comme les ordinateurs. « La nature a poussĂ© de maniĂšre gracieuse, tout comme le devrait l’architecture » en concluait Patrick Dillon. L’expĂ©rience lui a donnĂ© l’envie d’exploiter le site pour promouvoir des mĂ©thodes de construction durables. Il souhaite y convier des Ă©tudiants, architectes et scientifiques, de mĂȘme que la population locale pour des Ă©changes rĂ©ciproques. Fitzcarraldo de l’architecture MalgrĂ© toutes leurs diffĂ©rences, ces deux projets menĂ©s Ă  bien et brillamment, grĂące Ă  l’opiniĂątretĂ© de leurs auteurs, sortes de Fitzcarraldo modernes de l’architecture, convergent vers un idĂ©al commun : celui de s’implanter de maniĂšre juste dans un territoire tout en traitant un programme domestique et en assurant une continuitĂ© de l’histoire de l’architecture. Poussant Ă  l’extrĂȘme le projet moderne de dĂ©matĂ©rialisation, toutes deux Ă©prouvent le vide et nous rappellent en cela la fragilitĂ© de la vie.


Maütre d'Ɠuvre et maütre d'ouvrage : Ensitu Patrick Dillon Superficie : 250 m2 Livraison : 2015


96 / 97 Auteur : Sophie Trelcat

Casa Tobogan Madrid Z4Z4 AAA Rafael Beneytez Duran architecte

CREE

PERSPECTIVES : VERSUS

MĂ©lange de genres Cloud House Fitzroy North Robert mac Bride and Debbie Ryan architectes RĂ©alisĂ©es dans des zones gĂ©ographiques aux antipodes, la Casa Tobogan dans la banlieue de Madrid (Espagne) et la Cloud House, Ă  cĂŽtĂ© de Melbourne (Australie), sont deux maisons familiales dĂ©clinant la forme hautement symbolique du cercle. Toutes deux sont des exemples d’habitations hybrides proposant plusieurs univers au sein d’une mĂȘme entitĂ©.


Visuels courtesy John Gollings photograph

Visuels courtesy Z4Z4 AAA / ImagenSubliminal (Miguel de GuzmĂĄn - RocĂ­o Romero)


CREE

PERSPECTIVES : VERSUS 98 / 99


Casa Tobogan Maütre d’Ɠuvre : Z4Z4 AAA, Rafael Beneytez Duran Eclairage : Ilumisa, Rafael Beneytez, Víctor Cano (z4z4) Paysagiste : Martín Toimil (Land30) Superficie : 512 m2 Livraison : 2015

Quelle est la signification des projets d’architecture dessinĂ©s Ă  partir d’élĂ©ments archĂ©typaux et rĂ©interprĂ©tĂ©s de façon contemporaine ? Telle est une des questions soulevĂ©e par la Casa Tobogan et la Cloud House, deux lieux de rĂ©sidence pour des familles, dont les formes audacieuses et les techniques constructives qui les sous-tendent se prĂȘtent Ă  des interprĂ©tations multiples. ImplantĂ©e dans une zone rĂ©sidentielle de la banlieue madrilĂšne, la Casa Tobogan tire son nom de son terrain d’implantation en pente et rĂ©pond aux multiples souhaits d’une famille composĂ©e d’un couple avec trois enfants. Non conventionnelle et ayant connu l’expĂ©rience des grands voyages, la famille dĂ©sirait une habitation Ă  mĂȘme d’incarner les divers scĂ©narios de leur vie domestique, de reprĂ©senter leurs dĂ©placements dans le monde entier et de traduire leur dĂ©sir de vivre dans un jardin. Toutes ces demandes ont Ă©tĂ© prises en compte par les architectes de l’agence Z4Z4AAA Ă  travers deux maisons juxtaposĂ©es et sĂ©parĂ©es par un vide de la hauteur d’un niveau. Mettant en scĂšne de maniĂšre visible les dĂ©placements entre les deux parties d’habitation, cet espace central quasi vide mais pourtant majeur, assure le lien de l’ensemble ; il sert d’entrĂ©e et de parking tout en jouant le rĂŽle de rĂ©gulateur thermique.

Underground La partie basse de la rĂ©sidence est encaissĂ©e dans le sol et elle est constituĂ©e de deux boĂźtes de bĂ©ton parallĂšles dont les grands cĂŽtĂ©s sont des parois de verre. SĂ©parĂ©s par un patio, ces volumes sont cadrĂ©s par deux jardins aux atmosphĂšres opposĂ©es : au sud, une grande pelouse face Ă  la piscine symbolise le bien-ĂȘtre. Au nord, les roches et la vĂ©gĂ©tation sauvage, Ă©voquent les jardins en friche et renvoient Ă©ventuellement aux parts plus sombres de chaque ĂȘtre humain. Contenant les espaces de sĂ©jours collectifs et la cuisine, ce niveau accueille les activitĂ©s les plus quotidiennes. Au-dessus, en lĂ©vitation sur ses pattes d’acier, la partie privĂ©e toute en lĂ©gĂšretĂ©, adopte une forme et une matĂ©rialitĂ© totalement diffĂ©rentes. Son plan est fait de trois larges cercles dont l’enchainement des uns avec les autres rappelle un mĂ©canisme d’horloge.


Un profil de nuage Com me son nom l’indique, la Clou d House Ă  Fitzroy North, une commune Ă  4 km de Melbourne, utilise l’association de plusieurs cercles pour former un nuage, perceptible en volume. De taille nettement plus modeste, la construction de plan rectangulaire est l’extension d’une maison classique edwardienne du dĂ©but du siĂšcle dernier. Depuis la rue, rien ne laisse prĂ©sager la surprise provoquĂ©e par le nouvel Ă©difice plantĂ© Ă  l’arriĂšre dans le jardin. Le propriĂ©taire ne souhaitait pas perturber le caractĂšre historique du quartier ni celui de la maison d’origine. Remis Ă  neuf, l’intĂ©rieur de cette derniĂšre est simplement repeint en blanc. Seul, le sol du couloir, recouvert d’une moquette pop aux motifs

fleuris vivement colorĂ©s, perceptible dĂšs l'ouverture de la porte, annonce une habitation peu commune. AtmosphĂšre pop Un premier volume carrĂ©, contenant la cuisine, prolonge la maison historique. TraitĂ© comme un gigantesque mobilier, cet Ă©lĂ©ment en bois peint en rouge vif est le pivot de l’ensemble. En effet, il assure la jonction avec le nuage qui accueille la grande piĂšce principale de la maison. Cette derniĂšre est donc constituĂ©e de trois sĂ©quences successives dĂ©bouchant sur un deck semi couvert face Ă  la piscine. Ce volume dont la structure allie l’acier et le bois est habillĂ© intĂ©rieurement de longues lattes en gommier, un bois australien de construction particuliĂšrement dur. Le matĂ©riau recouvre de maniĂšre continue le sol, les murs et les plafonds arrondis du nuage ce qui lui apporte son aspect unitaire. Du point de vue structurel, le volume reprend le systĂšme constructif classique d’une voĂ»te en berceau. À l’extĂ©rieur, il est habillĂ© de tĂŽle ondulĂ©e. Depuis la rue jusqu’à la piscine, l’habitation propose donc des univers diffĂ©renciĂ©s et chaleureux. Des dĂ©ambulations dans la longueur sont possibles depuis les espaces intĂ©rieurs ou en empruntant les chemins extĂ©rieurs de chaque cĂŽtĂ© de la maison. Pour la famille commanditaire du projet, le nuage est un symbole protecteur et de convivialitĂ© et la place centrale accordĂ©e Ă  la cuisine est autant d’invitation Ă  recevoir et partager. Proposant des univers typĂ©s et des modes de vie adaptĂ©s Ă  chaque famille, les deux rĂ©alisations montrent combien l’univers privĂ© de la maison rend possible l’expĂ©rimentation formelle et que cette derniĂšre fait sens. L’une verse dans le postmoderne, l’autre effleure le postmodernisme, mais toutes deux sont pĂ©tries d’humour, un trait faisant parfois cruellement dĂ©faut dans le domaine de l’architecture.

Photos courtesy Z4Z4 AAA / John Gollings

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PERSPECTIVES : VERSUS CREE

Des interprĂ©tations Les interprĂ©tations sont multiples : les cercles en engrenage semblent s'animer d'un mouvement perpĂ©tuel. Ils peuvent aussi bien ĂȘtre associĂ©s Ă  l’esprit de nomadisme, Ă©voquant la yourte ou le chapiteau. Ils s’affichent alors en opposition vis-Ă -vis des volumes rectangulaires du rez-de-chaussĂ©e, lesquels imposent par leur forme des directions cardinales et des repĂšres. De mĂȘme, cette figure ronde Ă©voque encore l’idĂ©e de rassemblement ou de la convivialitĂ©. TraitĂ© de maniĂšre Ă©vanescente voire cĂ©leste, avec ses habillages de verre, de mĂ©tal ondulant perforĂ© et d’acier inox miroir, ce niveau flottant dĂ©voile clairement sa structure d’acier portĂ©e par les dalles et poteaux de bĂ©ton de l’étage enfoui. Pour les architectes, il s’agissait Ă  travers cette rĂ©alisation de questionner la logique porteuse en architecture, de maniĂšre justement Ă  Ă©viter d’envisager la gravitĂ© comme une forme d’architecture. Dans la Casa Tobogan, la structure et la recherche de la lĂ©gĂšretĂ© deviennent une matiĂšre Ă  penser sans jamais perdre de vue une organisation domestique singuliĂšre Ă  organiser en parallĂšle.


Cloud house Maütre d’Ɠuvre : Robert McBride and Debbie Ryan Superficie de l’extension : 70 m2 Superficie totale : 220 m2 Livraison : 2012


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Le bon sauvage Ă  Monterrey

CREE

PERSPECTIVES : GRAND ANGLE

Auteur : Sophie Trelcat


Casa del Bosque San Pedro Garza GarcĂ­a Tatiana Bilbao architecte

Tous visuels courtesy Tatania Bilbao © Rory Gardiner

ImplantĂ©e dans une zone de forĂȘt tropicale, dense et pentue, en pĂ©riphĂ©rie de la grande ville de Monterrey au Mexique, la Casa del Bosque envisage le programme domestique d’une façon pour le moins singuliĂšre : Ă©clatĂ©e en trois volumes indĂ©pendants dispersĂ©s sur le terrain, l’habitation est une confrontation permanente entre l’état sauvage et celui civilisĂ©.


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PERSPECTIVES : GRAND ANGLE

Storytelling, le livre de Christian Salmon publiĂ© en 2008, montrait combien l’époque aime les histoires. L’architecture, rompue Ă  la communication, n’a pas Ă©chappĂ© au syndrome : faire acte d’architecture c’est « raconter une histoire ». Cela fait sens Ă  condition de viser au delĂ  de la seule dĂ©marche marketing. La Casa del Bosque, dessinĂ©e par l’architecte Tatiana Bilbao, est un exemple probant des possibilitĂ©s narratives de l’architecture. Le site du projet se trouve en pleine forĂȘt tropicale ; c’est cependant une zone rĂ©sidentielle, toute proche de la ville de Monterrey, dans le centre ouest du Mexique. Corps Ă  corps avec le site De caractĂšre sauvage, la vĂ©gĂ©tation forme une Ă©paisse couche d’arbres et de bosquets. La cliente souhaitait faire bĂątir sur ce vaste terrain montagneux, une maison de week-end pour sa famille. Sa demande Ă©tait concise : faire coexister le projet avec le site. Tatiana Bilbao, qui s’est fait remarquer en France en obtenant le Global Award for Sustainable Architecture en 2014, mĂšne une recherche permanente sur une architecture Ă  mĂȘme d’ouvrir de nouveaux dĂ©veloppements Ă©conomiques et culturels et de questionner le capitalisme global. MissionnĂ©e sur le projet, elle a proposĂ© une fragmentation des fonctions domestiques au sein de trois diffĂ©rents volumes, occupant chacun une partie du site. MalgrĂ© la dispersion, une rigueur et une unitĂ© d’ensemble sont perceptibles dans l’implantation. Un pĂ©rimĂštre carrĂ© virtuel en constitue le cadre et les Ă©lĂ©ments bĂątis en occupent trois angles. Ces dispositions accueillent respectivement les parties collectives avec sĂ©jour et cuisine, puis deux autres privĂ©es, avec la chambre des parents et celle des enfants ou des amis.

CREE

Le bon sauvage Proposant une pratique de l’espace domestique hors du commun et surtout proche de la nature, le passage de l’une Ă  l’autre des parties de la maison se fait en passant dans la forĂȘt. Ainsi les habitants passent en permanence de l’état sauvage Ă  celui civilisĂ©, hyper connectĂ©, bĂ©nĂ©ficiant de toutes les commoditĂ©s dans les zones de domesticitĂ© protĂ©gĂ©es. La prise en compte du site est totale : les choix d’implantation dans les parties les moins plantĂ©es ont Ă©tĂ© dĂ©terminĂ©s de maniĂšre Ă  Ă©pargner la vĂ©gĂ©tation. De mĂȘme, les matĂ©riaux employĂ©s se fondent totalement avec la nature sans jamais sombrer dans un quelconque mimĂ©tisme.



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PERSPECTIVES : GRAND ANGLE CREE

Une maison camĂ©lĂ©on La zone consacrĂ©e Ă  l’espace social est placĂ©e au niveau le plus plat du terrain. C’est un simple volume avec une toiture Ă  deux pentes. StructurĂ©e de mĂ©tal, cette premiĂšre maison a la particularitĂ© d’ĂȘtre habillĂ©e d’une paroi de verre double dont la partie extĂ©rieure est en miroir. Dans le site, ce matĂ©riau simple produit un effet dĂ©multipliĂ© : de jour les reflets des arbres dans les miroirs la font disparaĂźtre, tel un camĂ©lĂ©on prenant la couleur de son support, et seule apparaĂźt la plate-forme de la terrasse d’accĂšs en terre rouge. La nuit, la maison Ă©clairĂ©e, irradie comme un feu dans la forĂȘt. De grandes portes ouvrent largement le sĂ©jour sur le terre-plein, comme une invitation Ă  la contemplation depuis le canapé ; l’habitation devient un pavillon d’observation de la forĂȘt tropicale. Habitat troglodyte En contrebas, les deux chambres et salles de bains, sont contenues dans un parallĂ©lĂ©pipĂšde qui est, par contraste, enfoui dans la pente. RĂ©alisĂ©e en terre rouge, un matĂ©riau traditionnel des pays tropicaux, elle prend, par sa texture et son implantation, l’allure

d’un habitat troglodyte. Les espaces dans la pente sont mis Ă  profit pour des rangements. Quant au troisiĂšme volume, qui sera la prochaine Ă©tape du projet, il sera surĂ©levĂ© sur pilotis. Concernant les deux rĂ©alisations achevĂ©es, le travail sur la matiĂšre est trĂšs prĂ©sent : la tuile en terre cuite dite Canal, traditionnelle au Mexique, est utilisĂ©e mais son profil en accent circonflexe a Ă©tĂ© spĂ©cialement dessinĂ© pour la maison. De plus, dĂ©clinĂ©e de maniĂšres diffĂ©rentes, elle en explore les diverses possibilitĂ©s structurelles. Dans l’habitation des enfants, les tuiles, protĂ©gĂ©es par un vernis mat contre l’humiditĂ©, habillent les murs des salles de bains. TraversĂ©es par des tiges mĂ©talliques structurelles, puis assemblĂ©es avec du bĂ©ton, elles deviennent murs porteurs. Dans l’espace collectif, elles adoptent un statut ornemental et sont montĂ©es en claustras, plus ou moins ouverts, pour sĂ©parer sans occulter la lumiĂšre et pour laisser l’air circuler. À l’extĂ©rieur, elles stabilisent les terrasses. Dans chacune des configurations, leurs creux sont remplis d’une couche de terre, prĂ©levĂ©e sur le site, plus ou moins profonde qui en constitue la finition extĂ©rieure visible.



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PERSPECTIVES : GRAND ANGLE

MaĂźtrise d’ouvrage : PrivĂ©e MaĂźtre d’Ɠuvre : Tatiana Bilbao, Mexico Superficie totale : 480 m2 Livraison : 2016, en cours

Un ascĂ©tisme volontaire Dans les chambres, des contreplaquĂ©s bruts recouvrent les plafonds. La rĂ©union de ces matiĂšres et le traitement des dĂ©tails traduisent un ascĂ©tisme volontaire bien que le dessin et la mise en Ɠuvre particuliĂšre de chaque Ă©lĂ©ment relĂšvent d’un luxe raffinĂ©. Architecte remarquĂ©e Ă  la derniĂšre biennale de Chicago par un projet d’habitat abordable Ă  7500 euros, Tatiana Bilbao tĂ©moignait de ce mĂȘme souci du dĂ©tail soignĂ© et du plan Ă©laborĂ©. À Monterrey, la Casa del Bosque rĂ©sout Ă  merveille l’équation nature et culture. Cette rĂ©alisation montre par ailleurs que des idĂ©es fortes sur l’architecture peuvent se formaliser Ă  l’aide de gĂ©omĂ©tries trĂšs simples. En l’occurrence, le travail d’analyse topographique poussĂ©e favorise la simplicitĂ© des volumes et l’architecture est servie par l'extraordinaire exploitation des matĂ©riaux. Un choix d’évidence.



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Leçon d’équilibre

Collage architectural et fonctionnel adoptant une Ă©criture brutaliste coordonnĂ©e Ă  l’atmosphĂšre urbaine Paulista, le projet de l’agence PAX.ARQ oppose Ă  de multiples contraintes un Ă©nigmatique voile de bĂ©ton incliné ; un Ă©lĂ©ment qui transforme le bĂątiment en sculpture contemporaine industrielle.

Tous visuels courtesy Pax.ARQ ©Bruno Candiotto

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PERSPECTIVES : FOCUS

Auteur : Amélie Luquain


LA CASA OFICINA São Paulo PAX.ARQ architecte


PERSPECTIVES : FOCUS

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Campant hardiment sur un coin de rue du quartier de Pinheiros Ă  SĂŁo Paulo (BrĂ©sil), ce bĂątiment aux allures minimalistes dĂ©ployant une composition gĂ©omĂ©trique tendue a Ă©tĂ© conçu pour la sociĂ©tĂ© Tecnomec, une entreprise qui enseigne et pratique la mĂ©canique automobile. Occupant un terrain de 260 m2, l’édifice rĂ©partit diffĂ©rentes fonctions sur trois niveaux : un garage automobile au rezde-chaussĂ©e, comportant une partie lavage et une salle de dynamomĂštre pour l’essai des vĂ©hicules. S’y superpose une Ă©cole privĂ©e au premier Ă©tage, qui comprend salle de classe, service, et bureau d’accueil. Enfin, on retrouve au dernier niveau l’appartement du propriĂ©taire du garage et de l’école, dans un programme mixte qui rĂ©invente, de fait, la notion de travail Ă  domicile ; Ă  moins qu’il ne rĂ©actualise la typologie classique du logement au-dessus du garage. Chaque niveau se singularise par sa matĂ©rialitĂ© et sa volumĂ©trie, habillĂ© du bas vers le haut par des persiennes en aluminium, du bĂ©ton banchĂ© ou des caillebotis. AssociĂ©s aux balustrades en plaques d’aluminium, les matĂ©riaux dessinent une peau monochrome grise et neutre. L’approche minimaliste se prolonge Ă  l’intĂ©rieur, oĂč les carreaux de sol gris lumineux se juxtaposent habilement au bois chaud de l’escalier droit, parfois dĂ©couvert, parfois enserrĂ© entre deux murs de bĂ©ton.

CREE

MaĂźtre d'ouvrage : Tecnomec MaĂźtre d'Ɠuvre : PAX.ARQ Structure : Telecki Arquitetura de Projetos Paysagiste : Marcel Steiner Installations (ElectricitĂ©, Climatisation, Fluides) : Grau Engenharia Maçonnerie : SBN Engenharia ConstruçÔes e Acabamentos

Consultant pour les sols : Apoio Assessoria e Projetos de FundaçÔes Menuiseries métalliques : Montart Esquadrias Metålicas Acoustique : SPR Divisórias Articuladas LumiÚre : Reka Surface du terrain : 260m2 Livraison : 2015



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PERSPECTIVES : FOCUS CREE

ÉlĂ©ment capable Le bĂ©ton est un Ă©lĂ©ment essentiel du projet, non seulement parce qu’il est utilisĂ© en structure mais surtout parce qu’il forme un voile inclinĂ© en façade ouest. ConfĂ©rant une identitĂ© forte au projet, cet "Ă©lĂ©ment capable" est façonnĂ© par ce que Lina Bo Bardi appelle les substances, c’est-Ă -dire les matĂ©riaux que sont notamment l’air et la lumiĂšre, et remplit diffĂ©rentes fonctions. D’une part, son pan inclinĂ© crĂ©e une limite visuelle entre les domaines publics et privĂ©s, tout en protĂ©geant la salle de classe de la lumiĂšre directe forte. D’autre part, il favorise la ventilation naturelle, gĂ©nĂ©rant une circulation d’air entre l’arriĂšre de la parcelle et la rue. Enfin, il protĂšge aussi de la pollution sonore, attĂ©nuant les bruits de la circulation. PlutĂŽt que de se fondre dans le contexte - un quartier en devenir Ă  l’emplacement d’une forĂȘt de pins dense -, l’ensemble compose un point focal sculptural. Redents, renfoncements et creux modĂšlent la volumĂ©trie de la construction. Par endroit, la façade se place en retrait, libĂ©rant des terrasses extĂ©rieures, Ă  d’autres, elle est en porte-Ă -faux, abritant un espace urbain qui favorise les rencontres. Manifestation primitive de ce qu’une construction peut dire, la Casa Oficina, sous ses dehors brutalistes, accueille « l’imprĂ©visibilitĂ© de l’occupation humaine, permettant la subversion des conceptions initiales du projet » ; un sujet cher aux architectes.



Photos courtesy Repossi / Cyrille Weiner


matiÚres réfléchies


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6 aménagements pour APC Laurent Deroo architecte

Entretien avec : Laurent Deroo Auteur : Olivier Namias

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SchĂŒco DR

FIGURE DISCRÈTE DE LA SCÈNE ARCHITECTURALE, LAURENT DEROO A RÉALISÉ EN 15 ANS DE NOMBREUSES BOUTIQUES POUR LA MARQUE APC. CETTE COLLABORATION AU LONG COURS LUI A PERMIS DE DEVELOPPER UNE APPROCHE PROJECTUELLE ORIGINALE, QU’IL A APPLIQUÉE À D’AUTRES PROGRAMMES. L’ARCHITECTE, QUI FUT DANS UNE PREMIÈRE VIE DÉCORATEUR DE CINÉMA, REVIENT SUR SON TRAVAIL DANS L’ARCHITECTURE COMMERCIALE ET LES RESSORTS PARTICULIER QUI LE SOUS-TENDENT.

© Taiyo Watanabe

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MATIÈRES RÉFLÉCHIES : INTERVIEW

ÉLÉGANCE FRUGALE



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1, 2, 3, 4 et 5 APC Melrose Place, Los Angeles

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Tous visuels ©Taiyo Watanabe

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MATIÈRES RÉFLÉCHIES : INTERVIEW

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CREE Vous avez travaillĂ© dix ans dans la conception de dĂ©cors pour le cinĂ©ma et depuis 2000 vous ĂȘtes revenu Ă  l’architecture et Ă  la conception d’appartements, de maisons, mais surtout de boutiques. Voyez-vous des liens entre ces deux univers, ou sont-ils totalement sĂ©parĂ©s ? Laurent Deroo Je conçois mes projets de boutiques comme un architecte, non comme un dĂ©corateur de cinĂ©ma ou un designer, mĂȘme si mon expĂ©rience du cinĂ©ma transparaĂźt toujours. Dans le fond, quelle est la finalitĂ© d’un dĂ©cor de film ? C’est de raconter quelque chose des personnages, traduire des caractĂšres et des ambiances en mettant des Ă©lĂ©ments en perspective, avec pour outils, le choix des textures, des couleurs, des transparences ou des embrasures qui masquent ou dĂ©couvrent des parties de l’espace montrĂ©... Autant de notions que je mets au service du projet d’architecture, au travers de sĂ©quences de mouvement, de travellings, de plongĂ©es et contre-plongĂ©es, et ce, dĂšs le premier croquis. J’essaye de m’imaginer Ă  la place du client, de comprendre comment il parcourrait un lieu, comment il en sortirait. Je suis trĂšs soucieux d’éliminer les configurations en cul-de-sac, trop souvent prĂ©sentes dans l’architecture commerciale, car j’estime qu’elles vont Ă  l’encontre de la fluiditĂ© de l'espace et des corps. Je veux faire en sorte que l’on ne dĂ©couvre pas tous les aspects d'un lieu au premier coup d’Ɠil. J’ai tendance Ă  fractionner les boutiques en sĂ©quences, ce qui m’a conduit Ă  recourir aux contrastes : contrastes de matĂ©riaux, de volumes, de luminositĂ©, une stratĂ©gie toujours efficace lorsque cherche Ă  basculer d’une sĂ©quence Ă  une autre, somme toute une forme assez proche du montage cinĂ©matographique.


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Pour ma part, l’imperfection m’attire beaucoup. Pour revenir au cinĂ©ma, j’ai toujours trouvĂ© un grand intĂ©rĂȘt aux envers du dĂ©cor, aux structures bois des chĂąssis, qui lorsqu’elles sont bien rĂ©alisĂ©es, deviennent beaucoup plus parlantes que le dĂ©cor lui-mĂȘme. J’ai transposĂ© ça trĂšs tĂŽt dans mon travail d’architece dans plusieurs projets de boutiques APC, Ă  Harajuku, au Japon, SĂ©oul, etc. Montrer le dos, l’ossature, donne l’opportunitĂ© d’une matĂ©rialitĂ©.

6 APC Harajuku, Tokyo  7 APC Paris Royale   8 APC Sydney

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CREE

MATIÈRES RÉFLÉCHIES : INTERVIEW

CREE Les dĂ©cors de cinĂ©ma comportent une dimension factice, de simulacre, qui a pu ĂȘtre critiquĂ©e par Koolhaas. Comment passe-t-on du faux, du temporaire, Ă  l’univers plus pĂ©renne de l’architecture, oĂč aucun accessoiriste ne viendra rĂ©parer la patĂšre qui se dĂ©croche, la porte malmenĂ©e par un usager ? L.D. J’ai surtout collaborĂ© avec des rĂ©alisateurs qui avaient des dĂ©marches d’auteurs, recherchant des univers esthĂ©tiques singuliers. La question n’était pas de savoir si telle tasse ou dĂ©cors seraient jolis Ă  l’image mais plutĂŽt si la sensation exprimĂ©e par l’espace ou l’objet correspondait Ă  l’atmosphĂšre de la sĂ©quence. J’évoluais avec une approche un peu abstraite et peu exploitĂ©e du dĂ©cor comme personnage, tenant plus de l’art contemporain que du parc d’attractions, de la reconstitution historique et ses faux boulons ou l’imitation de rouille trĂšs valorisĂ©s dans le cinĂ©ma français, qui s’intĂ©resse trĂšs peu Ă  la reprĂ©sentation de l’espace dĂšs qu’elle ne touche pas Ă  la reconstitution historique.

© Courtesy LDA


© Terence Chin

© Olivier Placet

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CREE Pourriez-vous dĂ©velopper cette notion ? L.D. Cette problĂ©matique de la matĂ©rialitĂ© ne concerne pas que l’amĂ©nagement de mes projets de boutiques. Elle me paraĂźt centrale dans la question des projets et des façades contemporaines, dont la peau peut parfois ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme des dĂ©cors. Pour redonner de la substance Ă  ces parois qui tendent vers l’évanescence et l’immatĂ©rialitĂ©, on rapporte des Ă©lĂ©ments , des double ou triple peaux, censĂ©s rĂ©introduire une certaine forme de matĂ©rialitĂ©, alors que celle-ci rĂ©side intrinsĂ©quement dans ce qui est en arriĂšre-plan, dans ce qui porte, ce qui soutient, dans la texture de ce qui n’est pas considĂ©rĂ© comme noble. C’est une idĂ©e difficile Ă  transmettre, que d’envisager que la matĂ©rialitĂ© puisse rĂ©sider dans les choses non nobles, dans la prĂ©sence physique des Ă©lĂ©ments. Plus on interpose de filtres entre nous et les choses, plus on s’en Ă©loigne. Dans mes projets, je cherche Ă  Ă©viter les artifices en restant ambitieux sur la prĂ©sence des choses, des espaces, des matiĂšres. C’est une façon d’exprimer des valeurs et des qualitĂ©s morales Ă  travers le projet, une maniĂšre de s’inscrire dans un mouvement de remise en question de l’immatĂ©rialitĂ© qu’on perçoit aussi Ă  travers mon intĂ©rĂȘt pour les matĂ©riaux massifs et donc, durables.

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CREE Le soin apportĂ© Ă  vos projets semble Ă  mille lieues de cette “scĂ©nographie de l’imperfection” que vous revendiquez. L.D. Je ne me situe pas dans l’esthĂ©tique du bricolage et cela ne m’empĂȘche pas de voir partout des imperfections dans mes projets livrĂ©s ! Mon abĂ©cĂ©daire projectuel est trĂšs rĂ©duit. Je conçois les objets et les espaces en les pliant, en les assemblant, en les rapprochant les uns des autres Ă  travers des registres d’opposition : le minĂ©ral et le bois, le lourd et le lĂ©ger, le rugueux et le lisse, etc. Ces dichotomies peuvent paraĂźtre trĂšs basiques, elles sont opĂ©rantes dans un contexte oĂč la qualitĂ© de rĂ©alisation et les savoir-faire sont de plus en plus faibles. Faire un assemblage de bois aujourd’hui est un vĂ©ritable enjeu : il faut trouver le menuisier qui saura l’exĂ©cuter sans basculer dans le maniĂ©risme de l’artisanat d’art. Les artisans d’art conservent un savoir-faire mais gardent des a priori esthĂ©tiques liĂ©s Ă  une culture de la reproduction, du faux, et s’intĂ©ressent rarement Ă  nos demandes d’assemblages contemporains mais trĂšs bien exĂ©cutĂ©s. Trouver l’interlocuteur correspondant Ă  votre niveau d’exigence sans verser dans la piĂšce unique ou l’Ɠuvre d’art Ă©tant trĂšs compliquĂ©, j’ai choisi de me concentrer sur des Ă©lĂ©ments basiques que l’on met vraiment en scĂšne. Puisqu’on met de


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MATIÈRES RÉFLÉCHIES : INTERVIEW

l’énergie dans une fabrication - un plafond, une paroi, un prĂ©sentoir - autant la montrer : c’est en cela que je qualifie mon approche de low cost. J’essaye de mesurer l’énergie que l’on va dĂ©ployer, de choisir les endroits oĂč l’on met la matiĂšre grise, oĂč l’on met du travail d’artisan ou de constructeur... C’est cette matĂ©rialitĂ© lĂ  que j’expose - sans verser dans le constructivisme annĂ©e 80 - ni le culte du high tech du boulon. Lorsque l’on dĂ©veloppe une mĂ©canique particuliĂšre pour un portant, ce n’est pas seulement pour magnifier un assemblage mais avant tout pour transformer de espace. CREE Peut-on vraiment, au sujet de votre travail avec APC, parler d’une dĂ©marche low cost ? L.D Que ce soit au cinĂ©ma ou avec APC, j’ai toujours commencĂ© avec de tous petits budgets, ce qui m’a conduit Ă  dĂ©velopper un grand intĂ©rĂȘt pour l’économie du projet. Pour APC, les budgets et les ambitions ont grandi avec le client. Les budgets sont devenus plus confortables tout en restant trĂšs en dessous de ce qui se fait ailleurs dans la mode, oĂč l’on assiste Ă  une surenchĂšre des coĂ»ts. Des entitĂ©s comme LVMH ou Kering, pour ne citer qu'elles, mobilisent des budgets auxquels je n’accĂ©derai jamais. Il faut que je propose une autre philosophie de l’architecture commerciale et j’ai eu la chance de pouvoir la dĂ©velopper avec un interlocuteur comme Jean Touitou d’APC, pour lequel j’ai aussi rĂ©alisĂ© plusieurs projets Ă  vocation rĂ©sidentielle et tertiaire. Avec APC, j’ai eu la chance qu’on me demande progressivement de participer Ă  l’évolution de l’identitĂ© de la marque, de remplir un rĂŽle de directeur artistique dĂ©passant largement les problĂ©matiques esthĂ©tiques ou fonctionnelles sur la disposition d’étagĂšres ou de portants.

CREE

9 Ă  13 APC Downtown Los Angeles

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Photos © Taiyo Watanabe

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MATIÈRES RÉFLÉCHIES : INTERVIEW

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CREE Qu’est-ce qu’a permis de dĂ©velopper cette relation privilĂ©giĂ©e avec ce client, pour lequel vous avez rĂ©alisĂ© prĂšs de 80 projets ? L.D. D’abord la confiance rĂ©ciproque sur la durĂ©e. Ensuite mon travail pour APC va Ă  rebours des usages en vigueur dans l’architecture commerciale. D’abord, je suis impliquĂ© dans le projet dĂšs le choix d'une boutique, d'un emplacement et je peux mĂȘme donner un avis nĂ©gatif sur l’achat d’un local dans lequel je sens que l’on n’arrivera pas Ă  exprimer l’identitĂ© de la marque par l’architecture. Ensuite, nous n’avons dĂ©cidĂ© trĂšs tĂŽt qu’il n’y aurait pas de concept, ce qui revenait Ă  se tirer une balle dans le pied Ă  chaque nouveau projet mais Ă  permis de faire Ă©voluer progressivement l’identitĂ© architectecturale de la marque, sans heurt. Au niveau de la temporalitĂ©, vous Ă©voquiez des temps de chantier de deux mois, je demande pour ma part Ă  ce qu’on me laisse trois mois d’études, ce qui est beaucoup pour une simple boutique, certains projets plus ambitieux demandant plus de temps. Nous tenons Ă  ne pas Ă©tirer le temps de conception, par souci pour notre commanditaire qui doit aussi diffuser des collections et doit donc faire face Ă  des enjeux financiers. Nous savons aussi qu’un projet qui s’éternise finit souvent par s’enliser : nous en avons fait l’expĂ©rience avec plusieurs projets de maisons individuelles. Si nous avons pu dĂ©velopper des relations avec d’autres clients sur ces bases temporalitĂ© minimale, recherche conjointe d’identitĂ© etc. -, il faut bien reconnaĂźtre que dans ce secteur, cette collaboration est contre-modĂšle.

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14, 15 et 16 APC SĂ©oul

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Un ouvrage en préparation retrace la collaboration de Laurent Deroo avec APC APC & LAURENT DEROO ARCHITECTE, 2000-2015. Auteur et édition : Laurent Deroo Architecte. Distribution: libraires d'architecture et boutiques APC, disponible partir d'octobre 2016

CREE comment adaptez-vous cette dĂ©marche trĂšs particuliĂšre au service de clients privĂ©s, et de projets de maisons, d’appartement ? Quelles sont les similitudes et les divergences ? L.D. J’essaye d’abord de travailler avec des gens qui ont les mĂȘmes attentes : je les interroge, sur leur goĂ»t, j’essaye de cerner leur personnalitĂ©, leur sensibilitĂ©... Dans les projets commerciaux comme dans les projets privĂ©s, je dĂ©veloppe une stratĂ©gie que je dĂ©finirai comme une stratĂ©gie de la friche : je pense qu’il faut laisser des terrains neutres et poser des choses trĂšs fortes pour laisser des parties en friche - pas sans travaux mais en friche d’appropriation -, laissant une certaine libertĂ© au maĂźtre d’ouvrage. PlutĂŽt que de rĂ©aliser une architecture totale, s’occupant de dessiner l’espace Ă  360° dans ses moindres dĂ©tails - une attitude que je trouve aussi oppressante qu’ingĂ©rable d’un point de vue de l’économie du projet - je prĂ©fĂšre concentrer mes efforts sur quelques points prĂ©cis qui me semblent cruciaux. Cette dĂ©marche fonctionne aussi bien pour les boutiques que pour les projets privĂ©s. Elle produit, entre des pĂŽles trĂšs dĂ©finis et le reste de l’espace, des mises en tension que je trouve trĂšs fertiles. Cela permet de passer d’un monologue esthĂ©tique de l’amĂ©nagement Ă  un dialogue du projet et des usages. Je n’aime pas l’architecture du monologue !


Photos © Courtesy APC&ALAND

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Boutique Repossi Place VendĂŽme, Paris OMA architectes

DE L’ALU POUR L’OR

Photos courtesy Repossi / Cyrille Weiner

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MATIÈRES RÉFLÉCHIES : PROJET

Auteur : Olivier Namias

Petit joaillier parmi les gĂ©ants de la place VendĂŽme, Repossi, maison fondĂ©e en 1920 Ă  Turin et monĂ©gasque depuis 1979, a choisi de se distinguer par une boutique horsnorme, compensant par le dĂ©cor ce qu’elle ne peut offrir en taille. Le lieu de dimensions rĂ©duites a Ă©tĂ© repensĂ© par l’OMA, qui livre ici son deuxiĂšme commerce parisien aprĂšs le restaurant le dauphin dans le XIe art. Point commun entre ces deux Ă©tablissements aux vocations bien distinctes, l’importance des moyens dĂ©ployĂ©s - marbre sur panneaux nid d’abeille pour le cĂ©tacĂ© gourmand, aluminium et verre miroir pour les structures diamantĂ©s. La joaillerie s’articule sur trois niveaux totalisant 90 m2 : un rez-de-chaussĂ©e vitrine, un sous-sol, et un Ă©tage, un peu plus Ă©tendu, reprenant la surface d’anciens bureaux. A chaque Ă©tage correspond un rythme d’achat : rapide en RDC, plus posĂ© en Ă©tage, et lent au soussol, ou le client doit pouvoir faire son choix en toute tranquillitĂ©. Colonne vertĂ©brale du lieu, l’escalier occupe les deux tiers du rez-de-chaussĂ©e dont la surface ne doit pas excĂ©der les 30 m2. L’élĂ©ment est si imposant qu’OMA en a fait le pivot d’une sorte de spectacle : les murs de cages sont recouverts d’un lambris aluminium, qui s’avĂšrent en fait n’ĂȘtre que la face visible d’un systĂšme mobile similaire Ă  celui des panneaux d’affichage publicitaire « trivision ». La paroi peut prĂ©senter trois aspect, l’un comprenant des petits prĂ©sentoirs, l’autre un verre miroir, le dernier devant pouvoir servir d’écran. Il est possible de ne pivoter les lames que de 90° pour obtenir un effet de parois en relief, au reflets dĂ©multipliĂ©s. L’aluminium et le verre miroir rĂšgnent sur l’espace, effaçant presque des prĂ©sentoirs volontairement discrets. Au sol, Koolhaas a rĂ©employĂ© la mousse d’aluminium utilisĂ©e Ă  la fondation Prada, en en bouchant les anfractuositĂ©s avec une sorte d’injection plastique. A l’étage, le sol et plafonds sont en aluminium brossĂ©s. Quant aux miroirs, ils sont plus un instrument de texture qu’un dispositif d’élargissement spatial : nous ne sommes pas Ă  l’American Bar d’Adolf Loos, ou ils sont utilisĂ©s pour donner une impression de grandeur dans un espace minuscule. TeintĂ©s dans des couleurs unis ou dĂ©gradĂ©es, ils laissent planer un doute quant Ă  la matĂ©rialitĂ© de l’ensemble, dĂ©jĂ  chargĂ© de reflets en pagailles.


Repossi, 6 place VendĂŽme, Paris MaĂźtrise d’ouvrage : repossi MaĂźtrise d’Ɠuvre : OMA - Ippolito Pestellini Laparelli/chef de projet Francesco Moncada. Architecte associĂ©s : DATA architectes

BET Structure : Batiserf BET Fluides : Louis Choulet Panneaux Trivision : Goppion. Présentoirs fixes : Sice-Previt. Conception des miroirs : Sabine Marcelis Studio.

Les prĂ©sentoirs ont Ă©tĂ© dessinĂ©s par OMA, le mobilier courant est signĂ© Donald Judd, une passion de Gaia Repossi, directrice de la marque, dont les Ă©tudes aux Beaux-Arts ont Ă©veillĂ© cette sensibilitĂ© qui l’a conduite Ă  engager Koolhaas. Le Pritzker aurait empruntĂ© un peu de ce minimalisme Ă  l’artiste amĂ©ricain, l’amĂ©nagement parfois extrĂȘme de la boutique n’en aurait pas souffert, tant reste l’impression qu’il Ă©tait possible d’en dire autant avec moins de moyens.


Toraya Paris DGT architectes

MÉTISSAGE PÂTISSIER

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MATIÈRES RÉFLÉCHIES : PROJET

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Auteur : Olivier Namias

TORAYA EST DEPUIS QUATRE SIÈCLES UN MAÎTRE INCONTESTÉ DU WAGASHI, PÂTISSERIE TRADITIONNELLE JAPONAISE. LE NOUVEL AMÉNAGEMENT DE SA BOUTIQUE PARISIENNE VEUT TRANSCRIRE EN ESPACE LE RAFFINEMENT SUBTIL DE CET ART CULINAIRE. LE PROJET SUIT LA PHILOSOPHIE DE SON MAÎTRE D’OUVRAGE, ET RÉALISE LUI AUSSI « UNE ARCHITECTURE JAPONAISE AVEC DES INGRÉDIENTS FRANÇAIS ».


Tous visuels courtesy Takuji Shimmura


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MATIÈRES RÉFLÉCHIES : PROJET

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Ă  cette dĂ©licatesse, reflĂ©ter le raffinement des wagashi. Il devait aussi, Ă  l’image de son maĂźtre d’ouvrage, utiliser des matĂ©riaux locaux pour rĂ©aliser un espace japonais. Cette contrainte se traduit par l’emploi de chĂȘne sciĂ© dans l’arriĂšre-salle, d’enduit et de mobilier, tous rĂ©alisĂ©s par des entreprises françaises.

Fournisseur officiel de la cour impĂ©riale depuis le 16e siĂšcle, Toraya a ouvert sa premiĂšre pĂątisserie Ă  Kyoto avant d’essaimer dans tout l’archipel, oĂč il possĂšde aujourd’hui 80 points de vente. Hors du Japon, il n’y a qu’à Paris que l’on trouve une boutique Ă  son enseigne, rue Saint-Florentin, entre La Concorde et la place VendĂŽme. La pĂątisserie-salon de thĂ© a ouvert en 1980. Une architecte japonaise avait rĂ©alisĂ© le premier amĂ©nagement du lieu, complĂštement transformĂ© par Sylvain Dubuisson en 1997. L'actuel propriĂ©taire voulait rĂ©nover son commerce pour fĂȘter ses 35 ans de prĂ©sence parisienne. Plusieurs architectes furent consultĂ©s, dont l’agence DGT, qui compte parmi ses trois associĂ©s un architecte japonais, Tsuyoshi Tane.

DGT fut retenue par le maĂźtre d’ouvrage, dĂ©sireux de travailler avec un interlocuteur Ă  mĂȘme de comprendre les subtilitĂ©s de la culture nippone. SubtilitĂ©s qui s’expriment aussi dans sa pĂątisserie. DĂ©concertante pour un Français, la pĂątisserie japonaise ou wagashi joue sur les formes, les textures, les couleurs, autant - sinon plus - que sur le goĂ»t. À chaque saison correspond un type de pĂątisserie, nommĂ©e d'aprĂšs une image poĂ©tique, comme « cĂ©lĂ©bration Ă  la lumiĂšre de la lune », une maniĂšre de flatter l’ouĂŻe dans un art culinaire qui entend s’adresser aux cinq sens. Toraya propose Ă  ses clients diffĂ©rents types de wagashi, des crĂ©ations rĂ©centes ou puisĂ©es dans une bibliothĂšque de plus d’un millier de recettes. Le projet de DGT voulait faire Ă©cho

Design global Si le qualificatif de pĂątisserie appliquĂ© Ă  l’architecture renvoie gĂ©nĂ©ralement aux objets chargĂ©s et prend une connotation pĂ©jorative, ici, la pĂątisserie architecturale rime avec minimalisme. Les parois ont Ă©tĂ© passĂ©es Ă  l'enduit blanc et le sol en travertin clair est calepinĂ© Ă  la façon d’un parquet. Toutes les intersections entre parties verticales et horizontales sont raccordĂ©es par des angles arrondis, une façon d’adoucir les confrontations et fondre les surfaces en un tout. L’enduit prĂ©sente de trĂšs lĂ©gĂšres variations de texture, laissant percevoir une matiĂšre plus riche que ne l’aurait apportĂ© un revĂȘtement complĂštement lisse et net. L’amĂ©nagement maintient un difficile Ă©quilibre entre continuitĂ© et lĂ©gĂšre hĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©itĂ© des surfaces : l’entreprise chargĂ©e d’appliquer l’enduit a cherchĂ© Ă  masquer les joints apparaissant inĂ©vitablement sur les parois et nĂ©cessitant plusieurs jours de travail pour ĂȘtre recouverts. L’enduit a ensuite Ă©tĂ© protĂ©gĂ© par un vernis mat indĂ©celable. L’éclairage est intĂ©grĂ© dans un plafond suspendu terminĂ© latĂ©ralement par deux gorges lumineuses. Celles-ci dissimulent des ouvertures pour l’évacuation de la chaleur produite par les spot LED, Ă©vitant ainsi l’insertion d’une climatisation qui aurait contraint Ă  diminuer une hauteur sous-plafond dĂ©jĂ  rĂ©duite pour ce type de programme. La façade ouvre directement sur la salle, reliant le salon de thĂ© Ă  la rue sans le filtre d’une vitrine d’exposition. DĂ©clinaison des thĂšmes de la fusion et de l’arrondi, un verre courbe crĂ©e un renfoncement pour la porte d’entrĂ©e. Les architectes ont Ă©galement dessinĂ© le mobilier : le plateau des tables imite une des grandes spĂ©cialitĂ©s de Toraya, le yokan au chocolat. Il est composĂ© d’une base en bois teintĂ© au haricot rouge, un des ingrĂ©dients de base des wagashi, puis recouvert d’une rĂ©sine qui lui donne sa brillance. Les chaises ont aussi Ă©tĂ© dessinĂ©es spĂ©cialement pour le magasin. Une des tables occupe la moitiĂ© de la salle, proposant aux clients venus dĂ©jeuner de s’assoir en compagnie d’autres convives, et Ă©ventuellement, de lier connaissance. Un design global, alliant amĂ©nagement, savoirfaire artisanal, rencontre des cultures et changement des usages.


MaĂźtre d’ouvrage : Toraya MaĂźtrise d’oeuvre : Dgt, Dorell.ghotmeh. tane/ Architects, Paris Surface : 125 mÂČ Livraison : 2015 Construction : A.R.T.I.S


2 appartements Paris AAVP architecte

UNE CABANE CHEZ HAUSSMANN

LA RESTRUCTURATION DE DEUX APPARTEMENTS AU CENTRE DU PARIS HISTORIQUE DONNE À L’AGENCE D’ARCHITECTURE VINCENT PARREIRA L’OCCASION DE TRAVAILLER À LA PETITE ÉCHELLE DANS UN CONTEXTE EXCEPTIONNEL.

Toutes photos courtesy Vincent Parreira / Luc Boegly

CREE

MATIÈRES RÉFLÉCHIES : RÉHABILITATION

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Auteur : Olivier Namias



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MATIÈRES RÉFLÉCHIES : RÉHABILITATION CREE

MalgrĂ© ses dĂ©terminismes formels et constructifs, le bĂąti haussmannien se montre d’une plasticitĂ© remarquable, supportant des changements d’usages Ă  rĂ©pĂ©tition, parfois, il est vrai, au prix de lourdes interventions. Dispositif central du Paris d’Haussmann, le quartier OpĂ©ra-Madeleine s’est transformĂ© sans changer de visage : ainsi, le 17 du boulevard des Capucines est occupĂ© par un vaste programme de bureau dernier cri. Quelque numĂ©ros plus loin, l’atelier d’architecture Vincent Parreira vient de convertir un atelier de photographie du XIXe siĂšcle en logements. Si les locaux ont une surface bien plus modeste que le gĂ©ant tertiaire voisin, les travaux restent consĂ©quents. Deux membres d’une fratrie sont les maĂźtres d’ouvrage de ces deux appartements contigus partageant une mĂȘme Ă©criture architecturale pour une occupation temporaire. On accĂšde Ă  ces logements prestigieux par l’escalier de service et le couloir menant aux chambres autrefois rĂ©servĂ©s aux domestiques, autre signe de bouleversement des usages et des hiĂ©rarchies des circuits de distribution si chers Ă  la bourgeoisie du Second Empire. Chaque appartement est en duplex, les chambres et salles de bains occupent le niveau bas, l’espace de rĂ©ception comprenant salon et cuisine Ă©tant placĂ© au niveau supĂ©rieur, sous la verriĂšre de l’ancien atelier de photographe. Le niveau supĂ©rieur est traversant dans les deux appartements. Deux visages du panorama parisien s’y rĂ©vĂšlent : cĂŽtĂ© salon, le prestige et les ors de l’OpĂ©ra, l’ordonnancement des façades du Grand HĂŽtel. CĂŽtĂ© cuisine, l’envers du dĂ©cor avec le paysage chaotique des toitures encombrĂ©es de tous les Ă©lĂ©ments de service nĂ©cessaire au fonctionnement de cette scĂ©nographie urbaine, blocs de climatisations, escalier de secours, trappes de dĂ©senfumage...


VerriĂšre structurelle Une partie importante du projet a Ă©tĂ© consacrĂ©e Ă  la reconstruction de cet ouvrage, reprĂ©sentant des efforts de conception, de suivi et un budget comparable Ă  celui d’une maison individuelle, explique Vincent Parreira. La nouvelle verriĂšre reprend le gabarit exact de celle construite en 1899, respectant l’emplacement des parties vitrĂ©es en façade et en toiture. En dĂ©pit de cette continuitĂ© de gabarit, il a fallu convaincre l’architecte des bĂątiments de France du bien-fondĂ© du projet qui entendait dĂ©velopper une Ă©criture trĂšs contemporaine, et non reproduire une structure plus traditionnelle. Des doubles vitrages anti-effraction faiblement Ă©missifs et faiblement rĂ©flĂ©chissants ont Ă©tĂ© insĂ©rĂ©s dans des profilĂ©s mĂ©talliques. Avec l’avancĂ©e des travaux sont apparus les alĂ©as propres Ă  tout chantier de rĂ©habilitation. L’atelier avait subi un incendie et des fuites d’eau qui avaient dĂ©gradĂ© la structure du plancher, reprise avec la verriĂšre dont la

structure fait aussi office de charpente et façade. Dans ce contexte, le coĂ»t des travaux s’évalue en fonction de diffĂ©rents paramĂštres qui vont bien au-delĂ  de la fourniture d’élĂ©ments de construction et leur assemblage : entrent en compte l’accessibilitĂ© du chantier, la pose d’échafaudages et la protection des ouvrages existants, le dĂ©lai nĂ©cessaire Ă  l’obtention des permis de travaux dans un contexte de secteur sauvegardĂ© et l’intervention en milieu occupĂ© comportant bureaux et boutiques. Et tout cela dans un budget travaux supĂ©rieur Ă  la moyenne certes, mais pas pour autant illimitĂ©, souligne Parreira. Le chantier a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© par deux entreprises principales, une entreprise gĂ©nĂ©rale qui a pu sĂ©lectionner ses sous-traitants, et un serrurier en charge de la partie verriĂšre. Cette configuration a permis de s’assurer de la qualitĂ© du gros Ɠuvre et du second Ɠuvre aux dĂ©tails trĂšs soignĂ©s, un point du projet ou s’expriment des positions sur l’habiter.


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MATIÈRES RÉFLÉCHIES : RÉHABILITATION CREE

Transparences C’est surtout dans l’un des appartements, destinĂ©s Ă  un occupant unique ou un couple, que ces propositions sont le plus abouties. DĂ©gagĂ© des questions d’intimitĂ©s ou d’accĂšs aux services posĂ©es par la prĂ©sence de plusieurs occupants autonomes et indĂ©pendants, Parreira a pu prendre une certaine libertĂ© dans le partitionnement, rĂ©alisĂ© en verre transparent ou en miroir sans tain. L’utilisation de vitrages Ă©vite de recloisonner une petite surface, ou agrandit l’espace en cachant le dĂ©sordre d’une salle de bain. « La chambre est placĂ©e derriĂšre une cloison de verre transparent. L’intimitĂ© n’est pas crĂ©Ă©e par un mur, elle est restituĂ©e par un voilage qui laisse deviner des ombres. Quant au bloc miroir, un clin d’Ɠil lointain Ă  la Galerie des Glaces, il gĂ©nĂšre une ambiguĂŻtĂ© : on ne sait plus si c’est un

mur de verre, un placard
 et on n’imagine pas un instant qu’il dissimule
 une douche. Il y a un jeu un peu thĂ©Ăątral d’apparition/ disparition et la volontĂ© de toujours pouvoir saisir l’ensemble de l’espace ». L’escalier existant a Ă©tĂ© conservĂ© et traitĂ© comme un objet particulier, dĂ©calĂ© par sa matĂ©rialitĂ© constructive d’une autre Ă©poque. Il relie un Ă©tage aussi ouvert que le rez-dechaussĂ©e est intime. Dans son salon, l’habitant est placĂ© en vitrine, projetĂ©e dans l’espace urbain, et pourrait avoir le sentiment d’ĂȘtre aussi l’objet d’un spectacle, ou de faire partie d’un de ces films policiers qui se terminent plus souvent qu’à leur tour sur l’ocĂ©an de zinc et d’ardoise des toits parisiens, Frantic, Fantomas et autre Peur sur la ville... Le choix de ne pas mettre de rideau ou de store est dĂ©libĂ©rĂ© et se justifie par une particularitĂ© du vis-Ă -vis ;

en face se trouve un grand hĂŽtel de luxe dont la clientĂšle n’est que de passage et reste peu dans sa chambre. L’intĂ©gration des Ă©lĂ©ments de mobilier - placard, banquette fixe courant le long de la façade vitrĂ©e pouvant servir d’assise ou d’étagĂšre libĂšre la piĂšce de tout Ă©lĂ©ment superflu, ce qui met en valeur des Ă©lĂ©ments exceptionnels : rideau de cuir sĂ©parant la cuisine du salon, ou inserts, Ă©galement en cuir, formant assises devant les parties ouvrantes de la verriĂšre et, au final, le contexte. « Assis sur le banc, tu es complĂštement emportĂ© par le ciel » rĂ©sume Parreira, pour dĂ©crire son projet, lointain descendant de l’appartement Bisteigui, dotĂ© par Le Corbusier d’une piĂšce qui avait le ciel en guise de toiture.


MaĂźtre d’ouvrage : PrivĂ©e MaĂźtre d’Ɠuvre : AAVP - Atelier d’architecture Vincent Parreira Surfaces : Appart 1 : stp 89 m2 Appart 2 : stp 79 m2 Entreprise coordonatrice et pilotage : Barthelemy rĂ©novation (75) VerriĂšre/chĂąssis/banc : Ets Dessenne (02) Miroiterie/serrurerie : Montmartre miroiterie concept (75)

Electricité : Touhelec (93) Plomberie : Philippe Brun, Paris Menuiserie bois : Philippe Buns Menuiserie (78) Couverture zinc : Ets. IFTC (93) Assise et rideau cuir : Silva Créations (61) Store : Roussel Stores (75) Climatisation/Chauffage Aquastyl (75)


La Villa Montebar Medeglia, Suisse JMA architectes

DE LA CÉRAMIQUE PARTOUT PERCHÉE SUR LES HAUTEURS DE MEDEGLIA, AU CƒUR DES ALPES SUISSES, DANS LE CANTON DU TESSIN, LA VILLA MONTEBAR DONNE TOUTE SA MESURE GRÂCE À L’UNIQUE MATÉRIAU QUI LA RECOUVRE, UN CARREAU DE GRÈS CÉRAME GRIS ANTHRACITE.

Tous visuels courtesy JMA Architects / Jacopo Mascheroni

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MATIÈRES RÉFLÉCHIES : PROJET CREE

Auteur : Christophe Le Gac


MaĂźtre d'Ɠuvre : JMA, Milan, Italie IngĂ©nieur structure: Messi & Associati, Suisse Structure prĂ©fabriquĂ©e : Rihter, Ljubno ob Savinji - Slovenie Façades : Geos Italy, Italie Murs rideaux & fenĂȘtres : Casma Involucri Edilizi, Italie

Le PLU oblige toute personne dĂ©sirant construire de faire corps avec l’environnement, impose la toiture Ă  deux pentes et la couleur gris foncĂ©. Ces contraintes, l’architecte milanais Jacopo Mascheroni les transforme en donnĂ©es crĂ©atives. Dans un paysage boisĂ© et avec toutes ces exigences, il fallait rĂ©pondre par une forme monolithique, ramassĂ©e sur elle-mĂȘme et ouverte en mĂȘme temps sur un panoramique plein sud, la meilleure vue possible sur la montagne d’en face. À l’importance donnĂ©e Ă  l’écriture trĂšs sobre du volume - une espĂšce de parallĂ©lĂ©pipĂšde biseautĂ© sur certains angles - rĂ©pond une lĂ©gĂšretĂ© des contours de liaison entre façade et sol. Vue de l’entrĂ©e, entre chien et loup, lorsque les LED sont allumĂ©es et les

Carrelage : GrĂšs cĂ©rame de Casalgrande Éclairage : Oty Light, Italie Surface : 200 m2 Livraison : 2015

fenĂȘtres fermĂ©es, la villa ressemble Ă  un vaisseau militaire furtif, prĂȘt au dĂ©collage. À l’inverse, en contre-plongĂ©e du vallon, la sixiĂšme façade est complĂštement vitrĂ©e. L’intĂ©rieur de la maison s’offre en ombres chinoises et invite Ă  venir se reposer sur la LC4 de Charlotte Perriand and co., ou de dĂ©guster un verre de Colle d’Avra (merlot tessinois) sur la terrasse, assis dans l’une des Eames Plastic Armchair DAR. La belle vie ! De l’extĂ©rieur, la meilleure façon de dĂ©crire la villa serait de parler d’une coque composĂ©e de carreaux de grĂšs cĂ©rame gris foncĂ©. D’habitude, le carrelage est cantonnĂ© Ă  l'intĂ©rieur, cuisine voire salon et les piĂšces d’eau. Ici, l’inverse a Ă©tĂ© privilĂ©giĂ©. Les carreaux de sol en grĂšs cĂ©rame

jouent le rĂŽle de toitures et de murs. Et les planches de bois traditionnellement utilisĂ©es pour l’essentage des chalets, recouvrent les planchers. VĂ©ritable manifeste sur la recherche autour de la cĂ©ramique, la Villa Montebar excelle en trouvailles de toutes sortes. La taille des carreaux sur mesure permet un ajustement parfait des volets pliants sur les façades renforçant l’aspect monolithique de la maison lorsqu’ils sont fermĂ©s. L’unitĂ© globale demeure l’atout majeur de maison oĂč il doit faire bon vivre.

Le 27 mai dernier, pendant la Biennale de Venise, cette demeure a reçu le 1e Prix - section bùtiments résidentiels, dans le cadre de la dixiÚme édition du Grand Prix Casalgrande Padana 2012-2015.


Courtesy Eduard Hueber

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MATIÈRES RÉFLÉCHIES : LUMINANCE 142 / 143


CONSTELLATION Auteur : Olivier Namias

La rĂ©novation du musĂ©e de la Ville de New York s’était achevĂ©e en laissant un vide dans le hall du bĂątiment historique, que la directrice jugeait triste. Pour animer cet espace nĂ©o-classique, le studio Joseph a proposĂ© l’installation d’un luminaire aux allures de sculpture cinĂ©tique baptisĂ© Starlight. Une multitude de points lumineux disposĂ©s sur une grille tridimensionnelle reconstitue un cercle. La forme se dĂ©compose lorsque l’on s’en approche, formant des figures moirĂ©es, des rĂ©seaux diagonales, pour se recomposer lorsque l’on s’en Ă©loigne Ă  nouveau. Ce luminaire contemporain Ă©voque l’engagement de la ville de New York dans la vie moderne. Il fait un usage original de la LED, disposĂ©e en nuage de 10486 points montĂ©s sur 219 cĂąbles lestĂ©s par un poids Ă  2,60 mĂštres du sol. 4,8 km de cĂąbles ont Ă©tĂ© utilisĂ©s pour recrĂ©er un volume virtuel parallĂ©lĂ©pipĂ©dique de 7 x 4,5 x 1 m. Ils servent Ă©galement d’alimentation Ă©lectrique. Chaque point lumineux est constituĂ© de deux LED montĂ©es directement sur

un circuit imprimĂ© individuel, l’une Ă©clairant vers le haut, l’autre vers le bas. Elles ne sont Ă©quipĂ©es d’aucune optique, la canalisation du flux lumineux Ă©tant jugĂ©e trop complexe eu Ă©gard Ă  la quantitĂ© de sources, elle-mĂȘme dĂ©terminĂ©e par le budget du projet, qui atteignait tout de mĂȘme la coquette somme de 100 000 US$. Refusant de cĂ©der Ă  la mode des LED colorĂ©es, les concepteurs ont tenu Ă  utiliser des sources blanches statiques. En outre, aucun programme ne vient animer le cercle virtuel, l’éteindre ou l’animer par partie. C’est le visiteur, lors de sa montĂ©e des marches, qui met en mouvement cette constellation intĂ©rieure : une rigueur qui donne sa force Ă  l’installation.

Starlight Maütrise d’ouvrage : Museum of the City of New York Maitrise d’oeuvre : Studio Joseph, architecte Conception lumiùre : Chris Cooper Consommation : 1131 W pour 71304 lumen


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Auteur : Françoise Marchenoir

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MATIÈRES RÉFLÉCHIES : INSTALLATION

LE LIÈGE EN ÉTAT DE GRÂCE

MaĂźtre d’ouvrage : CAPC de Bordeaux, avec le soutien du ChĂąteau Haut-Bailly. Directrice du musĂ©e et commissaire de l’exposition : MarĂ­a InĂ©s RodrĂ­guez LiĂšge du sol : SĂ©rie CorkComfort de Wicanders (groupe Amorim rivestimentos)

La nef central du CAPC (Bordeaux) accueillait cet hiver la premiĂšre exposition monographique, Le plan flexible, de Leonor Antunes, artiste portugaise qui a investi l’espace de maniĂšre magistrale. S’emparant du lieu Ă  bras le corps, Leonor Antunes a voulu « 
mĂ©tamorphoser l’espace du CAPC, d’une Ă©chelle imposante vers une autre, Ă  dimension plus humaine, dans laquelle les visiteurs pourraient s’incarner, grĂące Ă  la proximitĂ© avec les Ɠuvres». Avec une grĂące arachnĂ©enne, elle a tissĂ© un lien entre l’histoire, le modernisme et la crĂ©ation artisanale de son pays natal, le Portugal, mettant en scĂšne liĂšge, laiton et corde dans une chorĂ©graphie captivante. Plan flexible Empruntant le titre de son installation Ă  Anni Albers, The Pliable Plane, Leonor Antunes a dĂ©ployĂ© sur toute la largeur de la nef un rideau de maille de laiton, telle une sculpture souple dont l’éclat dorĂ© trouve un Ă©cho dans le sol en liĂšge incrustĂ© de laiton, disposĂ© selon les motifs textiles d’Anni Albers. En s’appropriant l’essence du lieu, l'EntrepĂŽt LainĂ©, bĂąti en 1822 et symbole de la prospĂ©ritĂ© coloniale de Bordeaux, l’artiste a repris des pans vĂ©cus d’histoire, utilisant l’architecture de cette "cathĂ©drale" paĂŻenne pour tendre son filet dorĂ©, lĂ  oĂč, autrefois, une toile de jute courait d’une travĂ©e Ă  l’autre pour tamiser la lumiĂšre trop crue. Leonor Antunes Ă  mĂȘme repris le systĂšme de support, une seule corde qui zigzague pour soutenir son filet de laiton au maillage souple et dont la longueur est Ă©gale Ă  la largeur de la nef. « Je suis fascinĂ©e par les notions de proportion, d’élargissement, de gravitĂ©, de poids et de changement. Mon travail est trĂšs classique d’une certaine façon. Je pense souvent Ă  la sculpture, en particulier Ă  la sculpture classique et Ă  la matiĂšre, ainsi qu’au fait de retirer et d’ajouter de la matiĂšre. » Échelle et proportion maĂźtrisĂ©es au sol Ă©galement, par les motifs exprimĂ©s Ă  partir de bandes de laiton, incrustĂ©es Ă  fleur dans le parquet flottant en liĂšge qui couvre le sol de l’espace central. La magie opĂšre par la reproduction Ă  grande Ă©chelle, sur 1500 m2, du motif qui vibre sous la lumiĂšre, selon le niveau d’oĂč on l’aperçoit, au ras du sol ou depuis les coursives. Le liĂšge, spĂ©cialitĂ© portugaise mondialement rĂ©pandue et reconnue, fait partie du registre culturel et familial de Leonor Antunes, nĂ©e en 1972. ApprĂ©ciĂ© pour ses qualitĂ©s d’isolation acoustiques et thermiques, son esthĂ©tique chaleureuse, il est remis ici Ă  l’honneur par une de ses plus talentueuses ambassadrices.

Leonor Antunes expose ses Ɠuvres au Tensta Konsthall de Stockholm jusqu’au 25 septembre 2016, au San Francisco Museum of Modern Art jusqu’en octobre 2016, et au Museo Tamayo, Mexico en 2017.


Photos D.R.


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Auteur : Françoise Marchenoir

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MATIÈRES RÉFLÉCHIES : BAIN

TUBES Origami Design Alberto Meda

MILAN DANS SON BAIN DÉSORMAIS INSÉPARABLE DU SALON DU MEUBLE, EUROBAGNO, LE SALON DÉDIÉ AU BAIN CONFIRME LES TENDANCES AMORCÉES EN 2014. PAS DE RÉVOLUTION TECHNOLOGIQUE MAIS PLUTÔT DES AMÉLIORATIONS ET EXTENSIONS DE GAMMES, AVEC LA QUALITÉ POUR OBJECTIF. Quelques touches de couleurs ici et lĂ  semblent confirmer que le marchĂ© en reprend (des couleurs) - lentement - au rythme de la relance de la construction. En revanche, celui de la prescription et notamment en rĂ©novation, tous horizons confondus, du logement Ă©tudiant Ă  l’Ehpad en passant par l’hĂŽtellerie

moyen et haut de gamme pousse les fabricants Ă  orienter leur recherche vers une accessibilitĂ© design et confort, non stigmatisante. Les matĂ©riaux continuent sur leur lancĂ©e ; la cĂ©ramique joue la finesse, l'acier se colore et les composites s'envolent, nous rĂ©servant encore quelques belles surprises.

À la fois paravent et radiateur et sĂšcheserviettes, il dĂ©ploie ses 3 parties articulĂ©es pour chauffer l’espace. Plug and play, haute efficacitĂ©, en aluminium extrudĂ© recyclable, il existe posĂ© en free standing ou mural. H 100 x  l 33 cm (par vantail), 200 W et H 160 x l 36 cm (800 W).




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VITRA Time and Moment Sertan Özbudun

Le bain : un monde toujours en Ă©volution dans lequel des industriels audacieux encouragent la rĂ©flexion et la prospection faisant voler en Ă©clat l’image figĂ©e du bain d’antan. Avec le temps comme mesure Ă©talon, VitrA (groupe Eczacibasi) a menĂ© une sorte de think tank sur le thĂšme Bath Time Good Time, explorant le champ temporel de l’espace bain. Les rĂ©sultats Ă©taient exposĂ©s dans une galerie d’art de Brera Ă  Milan. Sous la direction d’Erdem Akan, le directeur artistique de VitrA, 8 projets ont Ă©tĂ© imaginĂ©s et rĂ©alisĂ©s par l’équipe design de VitrA et des designers internationaux : Sezgin Aksu, Jozeph Forakis, Diego Grandi, Setsu & Shinobu Ito, Sertan Özbudun, Terri Pecora and Mario Trimarchi. 8 thĂ©matiques consultables sur www.bathtimegoodtime.com

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INBANI Origin Design by Seung-Yong Song

CrĂ©Ă©e par un designer et sculpteur corĂ©en, cette ligne «originelle» rĂ©interprĂšte le geste du potier guidant ses piĂšces. Celle-ci en ceramilux (rĂ©sine de synthĂšse) au toucher poli, Ă©voque par ses proportions Ă©quilibrĂ©es la forme et l’usage des piĂšces artisanales. Vasque sur pied ou Ă  poser sur un meuble en bois massif avec baignoires assorties.

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LAUFEN Val Design Konstantin Grcic

Adepte des lignes simples, le designer enrichit sa collection de modĂšles muraux associĂ© Ă  un meuble suspendu Ă  tiroir. Mettant en avant le SaphirKeramic Âź (cĂ©ramique enrichie de Corindon permettant des bords fins et un rayon de courbure de 2 mm. La tablette arriĂšre ajoute Ă  sa fonctionnalitĂ©. De L 45/55/60/65 x 42 x H 11,5 cm; Ă  partir de 350 € ht. Meuble en placage chĂȘne avec profil bizeautĂ© en L 90 et 120 x P 43 x H 50 cm. Env. 2300 € en 120 cm. Chez David B.


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EVER Link Design Diego Cisi

MATIÈRES RÉFLÉCHIES : BAIN

SystĂšme linĂ©aire Ă  composer associant, plan, vasque en CristalplantÂź et module coiffeuse avec abattant de mĂȘme format (L 60 x l 45 x H 16 cm). Une barre de soutien (charge maxi 120  kg) fait office de sĂšche-serviettes et se retourne sur le cĂŽtĂ©. Existe en chĂȘne ou Ă©bĂšne de Macassar.

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NOVELLO Oblon Design Stefano Cavazzana CEA Coll. Giotto

La ligne des boĂźtes Ă  bento japonaises empilables a inspirĂ© le profil oblong des meubles, vasques, nombreux accessoires polyvalents, miroirs, etc. Vasque en Teknorit (65 x 38 cm) composĂ©e de 3 parties amovibles ; un bassin, un anneau et un plateau interchangeable et personnalisable en jouant sur les couleurs. Receveur et panneaux muraux en Teknorit.

La technologie s’allie Ă  l’acier inox (AISI 316L) et signe un style dĂ©pouillĂ©. Sur 3 collections (Giotto, Ziqq et Bar), les robinets se parent des manettes en bois. ChĂȘne, teck, noyer US, wengĂ©. Robinetterie murale ou sur gorge.

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CREE

ALAPE Folio Design Gerhard Busalt

Telle une feuille pliée autour du meuble, la structure en acier vitrifié de 3 mm, incorporant le plan vasque enserre le meuble. Vasque centrée ou décalée sur le grand modÚle, sans trop-plein avec bonde émaillée assortie. 5 couleurs de façades satinées et denses (aubergine, pierre de lune, terre ombragée, gris fossile et blanc). L 80, 100 et 125 x P 45 ou 50 cm selon la robinetterie murale ou sur gorge.

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AGAPE Ell Design Benedini Associati avec André Jost

Une Ă©pure de plan de toilette en marbre (blanc ou noir) ou CorianÂź dont la surface striĂ©e matĂ©rialise la zone d’écoulement de l’eau. Un cm d’épaisseur Ă  l’avant pour 4 cm au droit du mur, il peut atteindre 3 m de long. Version suspendue ou Ă  poser il se conjugue aux meubles FaltXL et XXL.

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EX.T Plateau Design Sebastian Herkner

Toute la collection de vasques Ă  poser ou sur pied et baignoires se caractĂ©rise par un plateau latĂ©ral ; fonctionnel et dĂ©calĂ©, il Ă©voque l’ombre portĂ©e qui s’étire avec la lumiĂšre. FabriquĂ©es en Italie, les lignes sont Ă©laborĂ©es en collaboration avec le studio danois Norm Architects et reposent sur le savoir-faire matĂ©riaux (ici un solid surface) d’ateliers artisanaux exigeants. Miroirs et lampes vienent complĂ©ter cette ligne.


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MATIÈRES RÉFLÉCHIES : BAIN

ROCA L90-C Mitigeur compact, sans tirette associĂ© au vidage clic-clac. Écologique, il s’ouvre sur l’eau froide «cold start». Soft turn et traitement «evershine» pour une brillance durable de la finition chromĂ©e. H 17,2 cm. 357 €.

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Un profil carrĂ© surmontĂ© d’un joystick Ă©ffilĂ© souligne son caractĂšre. 3 tailles pour le mitigeur et une gamme complĂšte. Cartouche Joystick la plus aboutie de la marque et fixation brevetĂ©e assurant jusqu’à 200 000 cycles. À partir de 380 €.

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GROHE Eurocube

Design Matteo Thun & Antonio Rodriguez Ce mĂ©langeur arbore des manettes colorĂ©es dont la couleur produit un effet d’optique dans le corps en mĂ©thacrylate. Bicolore ou unie, sa couleur vive Ă©voque la fluiditĂ© de l’eau.

RITMONIO Haptic Ligne complĂšte en acier ou nickel brossĂ© rapproche le poli de l’acier et la rudesse du bĂ©ton brut. TraitĂ© il ne se tĂąche pas mais va se patiner Ă  l’usage. RĂ©alisĂ©e Ă  la main, cette piĂšce avec ses petits dĂ©fauts atteste par lĂ  son authenticitĂ©.

13 CISAL Vita Design Karim Rachid Une finition peu courante pour ce modÚle qui arbore des couleurs métallisées intenses comme un noir titane, un bleu marine, un nickel poli ou un rouge ruby ou plus sages en noir et blanc mat. Une ligne organique évoquant un arbre stylisé.

16 TRES Cuadro Mitigeur spectaculaire Ă  bec cascade ouvert (ou fermĂ©) Ă©quipĂ© d’un systĂšme brevetĂ© de limitation de dĂ©bit intĂ©grĂ© dans sa cartouche pour un plus grand confort d’usage.


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CIELO Le pietre

18

17

Ce lavabo trĂšs pures en solid surface s’adjoint une tablette en bois (livrĂ© avec 2 tablettes chĂȘne et wengĂ©) Ă  droite ou Ă  gauche, encastrĂ©e dans la masse du cube. Il se dĂ©cline en double de part et d’autre du plan qui fait pont. L 76 x P 45 x H 30 cm (tablette incluse). À partir de 750 €.

Une collection cĂ©ramique unique par son rendu imitant Ă  s’y mĂ©prendre les pierres naturelles. RĂ©alisĂ©e par une marque virtuose qui explore de nouvelles frontiĂšres. L’aspect saisissant du marbre de Carrare ou Marquina, de la pierre grise, de la BrĂšche noire ou brune exalte le savoir-faire manuel et artistique encouragĂ© par Cielo. Ces textures sont disponibles sur les ligne Shui Comfort et Le Giare.

ARTELINEA Dama

KRAMER Calabria

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Ce meuble met en avant le procédé Dualite de ce spécialiste du verre en assemblant deux plaques de verre dont l'épaisseur totale fait 8 mm. Ce procédé de stratification à chaud sous vide scelle les deux plaques de verre par une membrane EVA. Le cristal securit en est renforcé au-delà de l'association de couleurs et finitions (brillante ou satinée). Le mobilier en bois et les pieds confÚrent une allure sixties. Accessoires, étagÚres, miroirs assortis. Existe en plusieurs couleurs.


MATIÈRES RÉFLÉCHIES : BAIN

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20

BETTE Haute couture Design Tesseraux + Partner.

InĂ©dite cette baignoire en acier vitrifiĂ© s’habille de vert ou rose et s’enveloppe de tissu outdoor technique Ă©tanche et facile d’entretien (de JAB) en vert pistache ou rose assorti. Par un spĂ©cialiste de l’acier vitrifiĂ© garanti 30 ans, ses bords n'excĂšdent pas 8 mm. Vidage central Bette Sensory conseillĂ© (avec capteur intĂ©grĂ© qui stoppe le remplissage Ă  un niveau donnĂ©). Option : antidĂ©rapant PRO. Disponible fin 2016.

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22

THG Saint Germain Un hĂ©ritage industriel pour cette ligne complĂšte de bain. MĂ©langeur Ă  manettes Ă  croisillon ou droite. Nombreuses finitions par ce fabricant 100% français aurĂ©olĂ©e du Label EPV. Finition nickel vieilli. 906 €

23 STOCCO Iks Full Ligne rigoureuse pour ce meuble suspendu qui offre plusieurs choix de façade et plan ; la vasque est intĂ©grĂ©e dans le plan en HPL et Fenix (matĂ©riau rĂ©sistant frittĂ©). La façade est en bois naturel chĂȘne rouvre, noyer, finition vintage et thermotraitĂ©. L 90/105/120/140/180 x P 51,5 x, H34/50 cm.

DURAVIT New Darling L cube

SpĂ©cialiste de la cĂ©ramique, Duravit a dĂ©veloppĂ© un procĂ©dĂ© unique au monde liant la cĂ©ramique du plan de toilette au meuble placĂ© en dessous. C-bonded, nom de cette technologie confĂšre au meuble vasque une fluiditĂ© visuelle unique rĂ©duisant le plan de toilette Ă  une arĂȘte prĂ©cise. BrevetĂ©e DuraCeramÂź, La cĂ©ramique affiche une rĂ©sistance renforcĂ©e aux chocs et une longĂ©vitĂ© accrue. Son entretien en est facilitĂ© (elle est utilisĂ©e pour les Ă©viers de cuisine). C-bonded existe sur les lignes Darling new combinĂ©es aux meubles L-Cube.


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REXA Hammam Design Monica Graffeo

S’inspirant des rituels du hammam, cette collection mise sur la sensualitĂ© mais aussi la modularitĂ© de l’espace. Les Ă©lĂ©ments, receveur, baignoire, meuble coffre sructurent la piĂšce en fonction de cloisons habillĂ©es d’argile aux tons doux dans lesquelles s’encastre la robinetterie, voire des Ă©tagĂšres
 Le CorianÂź de la vasque et la baignoire, repose sur un socle en marbre.

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NEOLITH The Size

Cette surface compacte frittĂ©e (cf.p 160) en panneaux dĂ©cline des finitions mate, brillante, structurĂ©e dans des effets bluffants. Plusieurs formats panneaux de 3,20 x 1,50 m et en dalles carrĂ©es et rectangulaires. Au mur et sol "marbre" Esturario. Ce matĂ©riau est aurĂ©olĂ© de prix : Red Dot, Product Design 2015. Prix Bronze A’ Design Award 2016 et prix Architizer A+ Popular Choice Award 2016.

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HANSGROHE Talis Phoenix Design

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La technologie Select, mise au point par la marque pour la douche s’étend aux mitigeurx de lavabo. Le bouton presseur remplace le levier et s’utilise facilement du coude, du bras libĂ©rant la main savonneuse. MĂ©canique, ce bouton dĂ©veloppĂ© Ă  partir une cartouche spĂ©ciale dĂ©livre 5L/min (Ecosmart) d’eau aĂ©rĂ©e par un mousseur. La tempĂ©rature se prĂ©sĂ©lectionne sur le bouton. 3 hauteurs. Talis Select S, 189€. .

27

KALDEWEI Scona

EfficacitĂ© et Ă©lĂ©gance d’une bonde en acier Ă©maillĂ© assortie au matĂ©riau des receveurs, baignoires et vasques de cette marque spĂ©cialiste de l’acier Ă©maillĂ©, garanti 30 ans. Pour la douche le modĂšle KA 90 s’intĂšgre Ă  fleur du receveur extraplat Scona et se dĂ©cline dans toute la gamme de couleurs mate. Les vasques assorties aux baignoires de la marque intĂšgrent elles aussi une bonde Ă©maillĂ©e avec push lash pour les modĂšles sans trop-plein.

AXOR Waterdreams 2016

28

FidĂšle Ă  son image d’industriels innovant et visionnaire, la marque Axor (Hansgrohe) a proposĂ© Ă  5 designers de rĂ©aliser leur propre modĂšle Ă  partir de la U-base, "socle" du modĂšle Vortex (Philippe Starck) lancĂ© en 2014. Sous l’égide de Philippe Grohe, directeur gĂ©nĂ©ral de la branche Design de la marque d’Axor, ces crĂ©ations ont Ă©tĂ© dĂ©voilĂ©es Ă  Milan en avril. Utilisant des matĂ©riaux naturels tels le bois, le marbre, le laiton, l’argile, chaque designers a explorĂ© les limites de sa crĂ©ativitĂ© avec une totale libertĂ© quant au matĂ©riaux et Ă  la forme obtenus. Ces morceaux de poĂ©sie aquatique non dĂ©pourvus de technologies embarquĂ©es nous permettent de rĂȘver Ă  un monde meilleur. https://www.axor-design.com/en-int/


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MATIÈRES RÉFLÉCHIES : ÉLÉMENTS

SOLUTIONS TECHNIQUES

La boĂźte dans la boĂźte SpĂ©cialisĂ©e dans la fabrication de boĂźtes aux lettres depuis 1872, la sociĂ©tĂ© Decayeux a fait appel Ă  Jean Nouvel pour repenser cet Ă©lĂ©ment aussi fondamental qu’encombrant, ne trouvant sa place qu’avec plus ou moins de bonheur. Le systĂšmeTranscript imaginĂ© par Nouvel a pour module de base une boĂźte fermĂ©e par une façade aluminium striĂ©e en relief. Ces horizontales

Évacuation invisible PiĂšce de grĂšs cĂ©rame pour piscine Ă  dĂ©bordement offrant une Ă©vacuation d’eau quasi invisible. InstallĂ©e sur le complexe caniveau-margelle S9 du fabricant, la piĂšce s’installe sans colle. DĂ©pourvue de perforation, elle se confond avec les carreaux scellĂ©s. L’évacuation des eaux s’effectue par des orifices latĂ©raux trĂšs discrets analogues Ă  des joints creux. Ils disposent d’une capacitĂ© de dĂ©bit suffisante pour Ă©couler correctement le trop-plein des bassins. La face vue des carreaux est lĂ©gĂšrement convexe,

Pierre 2.0

CREE

dĂ©finissent une suite d’interstices dans lesquelles viennent s’insĂ©rer les noms, Ă©crits dans une police en relief Ă©galement dĂ©finie par Nouvel. Les groupes de boĂźtes sont placĂ©s dans un doublage reprenant le mĂȘme motif, l’ensemble venant reconstituer un "mur de noms", selon les mots de son concepteur. Des accessoires autorisent l’application du revĂȘtement Ă  l’ensemble du hall : profil d’angle rentrant et

MatĂ©riau de surface compact, cette "nouvelle pierre" est issue d’un procĂ©dĂ© de frittage brevetĂ©, assimilable aux mĂ©canismes de formation des roches mĂ©tamorphiques. Un mix composĂ© principalement de matiĂšres premiĂšres minĂ©rales (argiles, feldspaths, silice et oxydes minĂ©raux naturels) est exposĂ© Ă  des conditions de pression et de tempĂ©rature Ă©levĂ©es (1200 °C) le plaçant juste en dessous de son point de fusion. DĂ©veloppĂ© par la sociĂ©tĂ© The Size en 2010, ce process confĂšre des propriĂ©tĂ©s physiques et mĂ©caniques remarquables en terme de compacitĂ©, de rĂ©sistance aux rayures, Ă  l’abrasion, ainsi qu’en terme de durabilitĂ©. Non poreux, ses caractĂ©ristiques

chromatiques sont inaltĂ©rables et il est recyclable. Il peut s’appliquer partout, au sol ou au mur, en intĂ©rieur comme en extĂ©rieur. L’emploi d’un procĂ©dĂ© de design numĂ©rique (NDD - Neolith numĂ©rique design) permet d’enrichir constamment les gammes qui offrent dĂ©sormais, outre les finitions polies brillantes, des finitions adoucies (soft), bouchardĂ©es, ou imitant une large gamme de matĂ©riaux avec un rĂ©alisme trompeur : bĂ©ton, acier corten, bois, pierre bleue du Hainaut
 Les Ă©paisseurs se dĂ©clinent en 3, 6 et 12 mm selon les sĂ©ries. Dimension dalles/panneaux (cm) : 150x70, 75x75, 30x30/320x150, 150x150. Neoltih/The size

sortant, porte d’ascenseur, mais aussi boĂźte Ă  colis, poubelle, niche Ă  extincteur, prise, interrupteur, miroir. L’ouverture des boĂźtes peut s’effectuer par badge. La composition des barrettes nominatives s’effectue directement sur le site internet du fabricant, qui s’occupe Ă©galement de leur livraison. Disponible dans huit anodisations- clair ou foncĂ©, ocre, noir, rouge, bleu, etc. Transcript/Decayeux

de façon Ă  retenir l’eau cĂŽtĂ© bassin et faciliter son Ă©coulement cĂŽtĂ© plage. Une cĂ©ramique de la mĂȘme gamme permet la rĂ©alisation de margelle courbe : prĂ©sentant une surface striĂ©e, elle est beaucoup plus visible, gagnant en flexibilitĂ© ce qu’elle abandonne en discrĂ©tion. Dimensions : 24,5 x 49, 8 x 2,2 mm. Compatible avec les nombreuses rĂ©fĂ©rences carrelages du fabricant. Convient aux projets privĂ©s comme aux projets publics. Flex et Compact/Rosa Gres


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FOCUS SUR L’ARCHITECTURE D’INTÉRIEUR

ARCHILISTE : PALMARÈS 2016

Entretien avec : Linda Ijalva ChargĂ©e des relations publiques et intersyndicales Ă  l’UNAID (Union nationale des architectes d’intĂ©rieurs, designers). Auteur : Olivier Namias

RÉALISÉE AVEC ARCHILISTE, CETTE ÉTUDE PRÉSENTE LES 150 PREMIÈRES STRUCTURES DU SECTEUR, CLASSÉES PAR CHIFFRE D’AFFAIRE 2015. UN CRITÈRE QUI NE PRÉSAGE PAS DE LA QUALITÉ DE LEUR TRAVAIL, MAIS FOURNIT UNE INDICATION SUR LE VOLUME D’ACTIVITÉ, L’ORGANISATION DE LA PROFESSION ET SES CHAMPS D’ACTION. EN INTRODUCTION, LINDA IJALVA REVIENT SUR LES SPÉCIFICITÉS DE CETTE PROFESSION TROP MÉCONNUE.

CREE

CREE Vous reprĂ©sentez l’UNAID, aujourd’hui principal syndicat professionnel des architectes d’intĂ©rieur. Peut-on tracer les contours de cette profession ? Linda Ijalva Contrairement aux architectes, aux avocats ou aux mĂ©decins, la profession d’architecte d’intĂ©rieur n’est pas rĂ©glementĂ©e. N’importe qui peut se dĂ©clarer architecte d’intĂ©rieur et ouvrir son agence et intervenir dans le secteur - que l’on soit dĂ©corateur, marchand de meubles ou autres -, ce qui serait impossible dans les mĂ©tiers citĂ©s prĂ©cĂ©demment. Une profession non rĂ©glementĂ©e, certes, mais reconnue par la force des choses : tout le monde parle d’architecture intĂ©rieure, mĂȘme dans les mĂ©dias, et des Ă©coles sĂ©rieuses enseignent le mĂ©tier. CREE Quelle diffĂ©rence faites-vous entre un architecte d’intĂ©rieur et un dĂ©corateur, profession Ă  laquelle on vous assimile souvent ? L.I. Le dĂ©corateur travaille sur un lieu donnĂ©, il va habiller un espace sans en modifier les partitions,

les cloisonnements et les ouvertures. L’architecte d’intĂ©rieur va plus loin et transforme l’espace. Personnellement, il m’est arrivĂ© d’intervenir dans des hĂŽtels particuliers de rĂ©aliser un projet impliquant d’abattre des cloisons, de percer des murs porteurs et d’effondrer des planchers, en m’entourant bien sĂ»r de BET. On voit qu’entre la personne qui va faire de l’habillage, choisir des rideaux, des lampes et des canapĂ©s, et celle qui va restructurer radicalement l’espace, l’ambition - et la portĂ©e de l’intervention - n’est pas la mĂȘme. Dans ce dernier cas, il s’agit bien d’architecture. Il n’est, bien sĂ»r, pas exclu qu’à la demande de son client, un architecte d’intĂ©rieur prenne en charge le projet jusque dans ses aspects dĂ©coratifs, mais son mĂ©tier porte sur le changement des espaces, et il peut mĂȘme construire une maison tant qu’il reste en deçà du seuil lĂ©gal des 150 m2. CREE Quels sont les principaux problĂšmes posĂ©s par la non-rĂ©glementation de la profession ? L.I. Le principal problĂšme vient des personnes


s’intitulant architectes d’intĂ©rieur sans mĂȘme possĂ©der les assurances obligatoires, Ă  savoir l’assurance personnelle civile et la garantie dĂ©cennale, avec tous les risques que cela implique pour le maĂźtre d’ouvrage. De ce point de vue, je reproche beaucoup au lĂ©gislateur de laisser le maĂźtre d’ouvrage sans aucune protection. La rĂ©glementation protĂ©gerait d’abord le client : si le mĂ©tier Ă©tait rĂ©glementĂ©, il n’aurait affaire qu’à des personnes assurĂ©es travaillant selon une mĂ©thodologie prĂ©cise, au lieu de ça il se retrouve face Ă  une myriade d’individus n’offrant aucune garantie quant Ă  leur professionnalisme. La formation d’architecte d’intĂ©rieur rĂ©clame quatre Ă  cinq annĂ©es d’études : ce n’est quand mĂȘme pas rien ! Il y a tout un suive et une technicitĂ© qu’il faut maĂźtriser ! CREE Que propose votre l’UNAID face Ă  ce contexte chaotique ? L.I. Syndicat patronal reprĂ©sentĂ© sur toute la France et Ă  l’étranger, l’UNAID Ă  mis au point un rĂ©fĂ©rentiel mĂ©tier(1), expliquant comment doit travailler l’architecte d’intĂ©rieur, quelles sont les phases de projets qu’il doit suivre et son rĂŽle dans ce trio que forme le commanditaire, le concepteur et l’entreprise qui rĂ©alise le chantier. Ce document comporte une phrase trĂšs importante que je vous cite in extenso : « l’architecte d’intĂ©rieur construit Ă  partir de l’intĂ©rieur, un cadre de vie, de travail, d’accueil ; il Ă©coute, conçoit et organise tout ce qui concourt au bien-ĂȘtre et au plaisir quotidien, dans des lieux fonctionnels aux ambiances harmonieuses; artiste, technicien, gestionnaire, il est l’interlocuteur unique des projets depuis les plus simples aux plus ambitieux. » Le rĂ©fĂ©rentiel spĂ©cifie explicitement qu’il est assurĂ© en consĂ©quence pour couvrir sa responsabilitĂ© civile et dĂ©cennale. CREE Cela ne dit pas qui a la compĂ©tence rĂ©elle d’architecte d’intĂ©rieur. À l’instar du CFAI (Conseil français des architectes d’intĂ©rieur), vous avez mis en place une certification. À qui s’adresse-t-elle, et comment s’obtient-elle ? L.I. La population qui cherche Ă  obtenir notre certification est diverse : elle provient pour partie des Ă©coles qui ont depuis quelques annĂ©es mis en place des cycles d’architecture intĂ©rieure, ou de personnes qui arrivent d’autres horizons, comme des Ă©coles d’architecture, et des professionnels qui se sont formĂ©s sur le tas. Lorsque vous devenez membre du syndicat, vous devez prĂ©senter deux dossiers complets de projet Ă  une commission qui va s’assurer que votre façon de travailler correspond bien Ă  la mĂ©thodologie suivie par les architectes d’intĂ©rieur. Pour les jeunes qui sortent des Ă©coles, et n’ont pas encore de rĂ©alisations Ă  leur actif, nous avons mis en place un club de capacitaires. Un parrain les aidera pendant deux ou trois ans, jusqu’au moment oĂč ils auront les compĂ©tences suffisantes pour passer devant la commission, oĂč nous certifierons leur compĂ©tence comme architecte d’intĂ©rieur. CREE Combien comptez-vous de certifiĂ©s aujourd’hui ? Quel est le panorama de la profession d’architecte d’intĂ©rieur,

la composition des agences, leur domaine d’intervention, leur place dans les marchĂ©s privĂ©s et publics ? L.I. Nous avons certifiĂ© prĂšs de 500 architectes, tous ne sont plus nĂ©cessairement membre de l’UNAID. Nous avons fait de la prĂ©sentation annuelle des assurances civiles et dĂ©cennales un impĂ©ratif pour adhĂ©rer Ă  notre syndicat, et souvent par laxisme, faute de retourner les documents demandĂ©s, certains s’en retrouvent exclus. D’autres peuvent partir Ă  l’étranger, devenir salariĂ©s, changer de mĂ©tier : nous les perdons de vue. Selon Archiliste, qui fait un peu rĂ©fĂ©rence en la matiĂšre, il y aurait environ 2800 architectes d’intĂ©rieur en France. En ont-ils tous les compĂ©tences ? C’est difficile Ă  dire. Au niveau des agences, nous n’avons pas une vue trĂšs prĂ©cise : on va trouver des structures comportant 40 personnes, dont tous les membres ne seront pas architectes ; vous aurez aussi des mĂ©tiers supports, assistants, comptables, etc. D’autres agences ne tournent qu’avec 4/5 personnes, un certain nombre d’architectes d’intĂ©rieur travaillent seuls Ă  domicile. Le panorama est variĂ©, il se diversifie encore plus dĂšs lors que l’on prend en compte les architectes d’intĂ©rieur travaillant dans les agences d’architectures, chez les agenceurs... Pour ce qui est des projets, ils interviennent dans de nombreux domaines : hĂŽtellerie, restauration, boutiques, privĂ©s, bureaux, mĂȘme ci ce secteur tant Ă  ĂȘtre repris par les space planners... En ce qui concerne la commande publique, nous avions proposĂ© que les Ă©quipes de maĂźtrise d’Ɠuvre rĂ©pondant Ă  des marchĂ©s publics intĂšgrent des architectes d’intĂ©rieur, mais cette suggestion n’a pas Ă©tĂ© retenue dans la version finale de la loi LCAP. Quant Ă  la commande, elle est forte en rĂ©gion parisienne, RhĂŽne-Alpes et Aquitaine. CREE Architecture, urbanisme, paysage, design, architecture d’intĂ©rieur... La tendance de ces domaines Ă  dĂ©border de leur champ d’action original est grande aujourd’hui : on voit les paysagistes et les architectes se mettre Ă  l’urbanisme, les designers faire des boutiques. Dans ce contexte mouvant, oĂč situez-vous la place des architectes d’intĂ©rieur aujourd’hui ? L.I. A la leur ! Nous avons de trĂšs bonnes Ă©coles, nous avons une autre vision, une autre conception de l’espace, partant de l’intĂ©rieur, nous pouvons trouver une vraie complĂ©mentaritĂ© avec l’architecte, qui voit d’abord les choses de l’extĂ©rieur, ce qui est normal puisqu’il doit inscrire son bĂątiment dans un paysage. Ne serait-ce qu’à en juger par la demande, toujours forte, de personnes dĂ©sirant modifier un intĂ©rieur rĂ©alisĂ© par un architecte, l’architecte d’intĂ©rieur Ă  toujours sa raison d’ĂȘtre. Mais peut-ĂȘtre que ce qui dĂ©plaĂźt, c’est finalement que nous portions nous aussi le mot « architecte » dans notre raison professionnelle ! 1.

TĂ©lĂ©chargeable sur le site de l’UNAID http://www.unaid.fr/uploads/4/1/9/3/41935973/referentiel_2015.pdf


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ARCHILISTE : PALMARÈS 2016 CREE

AGENCE

ADRESSE

CP

VILLE

CA2015*

1

Decoration Jacques Garcia

212 Rue De Rivoli

75 001

Paris

10 475

2

Rdai Renee Dumas

13 Rue Du Mail

75 002

Paris

9 137

3

Ubik (Starck)

1 Avenue Paul Doumer

75 016

Paris

9 123

4

Sacma

15 Rue Vercors Zi La Chauvetiere

42 000

St Etienne

8 729

5

Galerie Joseph Karam

61 Avenue Raymond Poincare

75 116

Paris

7 760

6

Pierre-Yves Rochon S.a.s.

9 Avenue Matignon

75 008

Paris

5 691

7

Deniot

39 Rue De Verneuil

75 007

Paris

3 594

8

Opus Certum (Ste)

39 Rue Faidherbe

75 011

Paris

3 486

9

Gilles Et Boissier

10 Rue Portalis

75 008

Paris

3 442

10

4 Bi Et Associes

41 Avenue Montaigne

75 008

Paris

3 268

11

Axel Schoenert Architectes

20 Avenue De L’opĂ©ra

75 001

Paris

3 215

12

IMH

5 Rue Las Cases

75 007

Paris

3 213

13

Global Office Conseil En Aménage

47 Rue Voltaire

92 300

Levallois Perret

3 166

14

Western Design

34 Rue Pasquier

75 008

Paris

3 154

15

Sercq

313 Avenue Marcel Merieux

69 530

Brignais

2 943

16

Synthese

Rue De L Artisanat

73 190

Challes Les Eaux

2 918

17

Cartron

216 Rue Des Moulins

94 120

Fontenay Sous Bois

2 870

18

Studio Marc Hertrich Et Nicolas Adnet

5 Passage Pivert

75 011

Paris

2 710

19

Sybille De Margerie Design

9 Rue Emile Allez

75 017

Paris

2 630

20

Bonnefille Roulier

5 Rue Breguet

75 011

Paris

2 533

21

Patrick Jouin Et Jouin Manku

8 Passage De La Bonne Graine

75 011

Paris

2 524

22

An Archi Design

114 Rue Amelot

75 011

Paris

2 226

23

Sarah Lavoine

9 Rue Saint Roch

75 001

Paris

2 169

24

Arcane Concept

99 Quai De La Marne

94 345

Joinville Le Pont

2 135

25

Dumas

18 Rue Du Pre Aux Clercs

75 007

Paris

1 870

26

Ste 3 D Design

25 Avenue Leon Jouhaux

92 160

Antony

1 806

27

Iseppi

21, Rue Du Fbg Saint-Antoine

75 011

Paris

1 771

28

Studio E Motions

1 Rue Vignoble

68 440

Habsheim

1 707

29

A.r.t. Realisations

97 Rue Pierre Poli

92 130

Issy Les Moulineaux

1 650

30

Versions

15 Rue Colbert

78 000

Versailles

1 621

31

J.c.t.

40 Rue Francois 1 Er

75 008

Paris

1 599

32

Studio Kompa

15 Rue Jean Marie Poulmarch

94 200

Ivry Sur Seine

1 590

33

Degw France

43 Rue Bobillot

75 013

Paris

1 500

34

Francois Le Grix Decor

15 Rue Lamennais

75 008

Paris

1 493

35

Zaoui

6 Rue Mathurines

91 080

Courcouronnes

1 438

36

Trace Et Associes

3 Rue Keravel

29 200

Brest

1 426

37

Nombre D’or

39 Avenue Reille

75 014

Paris

1 418

38

Lignes A.s.m.

20 Rue Octavie

69 100

Villeurbanne

1 409

39

Archinetdesign

34 Rue Scheffer

75 016

Paris

1 365

40

Inter Art Etudes

8 Rue Halevy

75 009

Paris

1 340

41

Inex

11 Avenue Du Dauphiné

13 600

La Ciotat

1 297

42

Mansio

10 Rue De Saint Senoch

75 017

Paris

1 289

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H.dais

3 Rue Florian

6 400

Cannes

1 285

44

Cazagnes

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1 170

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11 Villa Gaudelet

75 011

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Stil Sarl

2 Avenue De Brogny

74 000

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75 002

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11 Rue Des Arquebusiers

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Pres Viviers

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12 Rue Mace

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5 Rue De L Hotel De Ville

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2 Rue Charles Lamoureux

33 000

Bordeaux

651

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Espace Design

Res Lot Des Accates

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Catugier

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Le Parc Des Rastines No 7

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Antibes Juan Les Pins

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15 Avenue Jean Jaures

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605

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15 Place Chamaillard

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599

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585

85

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26 Cite Trevise

75 009

Paris

584

86

Boiffils

44, Rue D’assas

75 006

Paris

582

87

Shirine Design

111 Avenue Victor Hugo

75 116

Paris

570

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8 Cour Du Chene Vert

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Paris

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15 Passage Saint Sebastien

75 011

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Ls Projets

8 Route De Chateaurenard

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558

91

Id-Wad

64 Rue Taitbout

75 009

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542

92

Murail Architectures

8 Quai Magellan

44 000

Nantes

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9 Boulevard Carnot

6 000

Nice

532

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83 Rue Saint Honore

75 001

Paris

528

95

Xi Design

79 Rue De Seine

75 006

Paris

517

96

Bulles

22 Quai Saint Antoine

69 002

Lyon

515

97

Zen + Dco

176 Rue Du Temple

75 003

Paris

509

98

AER

38 Rue Madeleine Michelis

92 200

Neuilly Sur Seine

502

99

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5 Rue De Charonne

75 011

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69 009

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8 Rue Du Jour

75 001

Paris

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105 Atelier Gil Architecture

5 Rue Hotel De Ville

65 100

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7 Place De La Gare De La Varenne

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11 Rue Scaliero

6 300

Nice

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2 Bis Rue De Marmande

33 800

Bordeaux

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5 Rue De Saintonge

75 003

Paris

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111 Sarl Smile

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25 Rue Michel Le Comte

75 003

Paris

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113 Eurl Krempp

32 Rue Le Peletier

75 009

Paris

431

114 European Design Office Edo

88 Rue De Courcelles

75 008

Paris

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115 L Atelier

5 Rue De La Lime

49 600

Beaupreau

421

116 Sar Rousseaumotte

2 Rue Benjamin Franklin

85 000

La Roche Sur Yon

418

117 Buttazzoni Et Associes

214 Rue Rivoli

75 001

Paris

412

118 Pruilh Maison Et DĂ©coration

4 Place Gambetta

33 000

Bordeaux

407

119 Conceptu El

Parc De Broceliande

35 763

St Gregoire Cedex

406

120 Atelier D Architecture & Design

3 Rue Merciere

39 200

Saint Claude

399

121 C-Interieur

1 Rue Charles Cavasseur

2 760

Holnon

398

122 A I Design

420 Chemin Des Mattes

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La Ciotat

394

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32 Rue Gustave Eiffel

74 600

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391

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Port Marina Baie Des Anges

6 270

Villeneuve Loubet

391

125 J L C

11 Boulevard Jean Jaures

45 000

Orleans

389

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5 Boulevard Douville

35 400

Saint Malo

385

127 Adam & Partners

12 Rue Du Pre Paillard

74 940

Annecy Le Vieux

373

128 I D E O

28 Rue Beaurepaire

75 010

Paris

371

129 Pravda Arkitect

22 Rue Capucines

75 002

Paris

371

130 Dai One

78 Avenue Du Chalet

93 360

Neuilly Plaisance

365

131 Architectural Deco

46 Rue De Naples

75 008

Paris

365

132 Interiors Of Life

12 Avenue De Madrid

92 200

Neuilly Sur Seine

364

133 Dorique

36 Rue Gambetta

92 100

Boulogne Billancourt

358

134 Sarl Cossée De Maulde

30 Rue Caumartin

59 000

Lille

349

135 Arc

31 Rue Jean Mace

29 200

Brest

343

136 Art Project

791 Route Nationale

74 120

Megeve

340

137 Atmosphere Architecture

15 Rue Pernety

75 014

Paris

325

138 Design D Azur

156 Route Du Villard

74 410

St Jorioz

319

139 Alidade Architecture Interieure

1 Boulevard Du Midi

61 800

Tinchebray

319

140 Villa M

20 Boulevard Du Montparnasse

75 015

Paris

318

141 A.i.a. Olivier Ros

44-46 Avenue De Flandre

59 700

Marcq En Baroeul

317

142 Saulnier Jean-Marc

5 Rue De La Faulque

7 300

Glun

317

143 99 Interieurs

99 Rue Jouffroy D Abbans

75 017

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1 Grande Rue Des Feuillants

69 001

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145 Rbba Associes

3 Rue Claire

69 009

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311

146 Agena (Sarl)

1 Rue Four St Jacques

66 000

Perpignan

310

147 Beuneiche

2 B Chemin Des Coteaux

14 123

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309

148 Agence Blanchet D’Istria

41 Rue Violet

75 015

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ARCHISTYLE INTERIEURS D’ARCHITECTURES FABRICE BOLENOR Groupe SUD Architectes 27 rue Joannes Carret 69009 LYON T. 04.78.64.07.07 www.fabrice-bolenor.com Lyon-Paris-Varsovie Date de crĂ©ation : 1997 CrĂ©Ă©e en 1997 par Fabrice Bolenor, l’agence IntĂ©rieurs d’Architectures a su, au fil des annĂ©es s’imposer comme un acteur qui compte dans le paysage du design d’intĂ©rieur en rĂ©gion RhĂŽne-Alpes puis en France. Avec des rĂ©fĂ©rences emblĂ©matiques, Fabrice Bolenor et Sandrine MouliĂšre rejoignent le groupe SUD Architectes en 2011 pour crĂ©er le pĂŽle SUD Design et diversifier ainsi leurs domaines d’expertises, notamment Ă  l’international.

Quelques références : Fabrice Bolenor

Sandrine MouliĂšre

SiĂšge social Groupe SEB, siĂšge social ATS Packaging, siĂšge social 6Ăšme Sens Immobilier, C Gastronomie, Caverne du Pont d’Arc, Centre commercial Espace Saint-Georges, Restaurant PĂŽl DĂ©veloppement (Groupe Bocuse), Restaurant Christian TĂȘtedoie...

SiĂšge ATS

E. Saillet

SiĂšge Groupe SEB

B com Brasserie

G. Aymard

Caverne du Pont d’Arc

G. Perret

Si l’architecture tente d’exprimer l’identitĂ© d’un lieu dans la citĂ©, le design intĂ©rieur vise quant Ă  lui Ă  crĂ©er une Ă©motion et une expĂ©rience. Bureaux, restaurants, concepts-stores, logements, boutiques, espaces d’accueil du public
 Qu’il s’agisse de bĂątiments neufs ou anciens, les projets soumis Ă  notre Ă©quipe sont multiples et leurs enjeux complexes : identification des usages, rĂ©flexion sur les flux, gestion des espaces, space-planning, scĂ©narisation, scĂ©nographie de la lumiĂšre, choix des matĂ©riaux, des teintes et signalĂ©tique identitaire. À chaque Ă©tape, Sandrine MouliĂšre & Fabrice Bolenor prennent le temps du dĂ©cryptage et de l’investigation afin de proposer un concept rĂ©pondant Ă  l’activitĂ© premiĂšre du lieu et respectant son histoire et de sa destinĂ©e.

E. Saillet

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 Essences exotiques courantes et rares nous fabriquons des parquets en Ă©bĂšne de macassar massif, mais Ă©galement des parquets en galuchat. Nous crĂ©ons des produits pour les architectes exemple inclusion de corianÂź dans un chĂȘne fumĂ© ou sur un teck birman massif 
 J’étudie les demandes projet par projet et propose les meilleurs produits afin d’ĂȘtre certain de satisfaire nos partenaires architecte. J’ai travaillĂ© sur tous les derniers grands hĂŽtels de luxe Parisien mais Ă©galement sur de nombreux projets privĂ©s avec cette mĂȘme volontĂ© de trouver le produit idĂ©al. Nous nous plaçons Ă  tous niveau de prix mais en respectant toujours une qualitĂ© de fabrication minimum. Les beaux projets n’étant pas toujours les plus chers. Ayant une formation d’architecte je comprends parfaitement l’esprit de mes interlocuteurs et c’est un plaisir de participer Ă  mon niveau en quelques sortes Ă  leurs projets. Pour plus d’informations, retrouvez-moi sur : ‱ Houzz : http://www.houzz.fr/pro/fsiebert/addarchitecture-design-decoration ‱ Archilovers : http://www.archilovers.com/add-siebert ‱ Homify : https://www.homify.fr/experts/239230/add

Architecte : Eric Gizard


Créateur de plafonds & murs tendus Décoration / Acoustic Cinéma Eden ,

ALYOS technology 4, rue de la Mine 68500 Berrwiller TĂ©l. 03 89 74 10 75 www.alyos.eu

Montmorency

(95)

SpĂ©cialiste des revĂȘtements techniques pour murs et plafonds et solutions acoustiques, la sociĂ©tĂ© ALYOSÂź propose toute une gamme de systĂšmes dĂ©coratifs innovants conforme aux normes pour habiller les intĂ©rieurs. Soucieux du confort et du bien-ĂȘtre, ALYOSÂź intĂšgre au besoin des solutions acoustiques dans ses systĂšmes et propose Ă©galement des baffles et Ă©crans acoustiques sur mesure. Ceux-ci garantissent une absorption optimale des bruits et de l’écho, ainsi qu’une forte rĂ©duction des temps de rĂ©verbĂ©ration. VĂ©ritables solutions dĂ©co et techniques, les systĂšmes ALYOSÂź s’adaptent aux piĂšces humides ainsi qu’à toutes les formes architecturales et permettent d’intĂ©grer les Ă©lĂ©ments techniques nĂ©cessaires. ALYOSÂź propose de nombreuses collections pour habiller les intĂ©rieurs issues de la crĂ©ativitĂ© du studio ALYOSÂź et de ses collaborations rĂ©guliĂšres avec des artistes. Tous les revĂȘtements ALYOSÂź, classic ou acoustic, s’impriment Ă  l’envie, pour Ă©veiller un plafond ou rĂ©hausser un mur. A.D E.H.P.

Puteaux (92)

,

BibliothĂšque,

Salle Gramont, Conservatoire J-B Lully, Puteaux (92)

© photos sur cette page : Dominique Giannelli

Salle des choeurs, Conservatoire J-B Lully,

Malters

(Suiss

e)

Malters (Suisse)


La lumiĂšre sur mesure

AMBIANCE LUMIÈRE 65, quai Blanqui 94146 Alfortville cedex Tél. +33 (0)1 43 68 45 22 www.ambiance-lumiere.com

Lignes lumiĂš re homogĂšn es encastrĂ© es Linel - Ha ll d’entrĂ©e, Pa ris

© HA Segalen

Ambiance LumiĂšre est fabricant de solutions d’éclairage depuis 1979. Travaillant en collaboration avec les architectes et les concepteurs lumiĂšre pour rĂ©pondre Ă  des projets aussi bien dĂ©coratifs que fonctionnels. Nous accompagnons nos interlocuteurs pour trouver ensemble le produit idĂ©al, que ce soit dans notre gamme de produits ou bien conçu sur mesure. Nous proposons des solutions techniques et esthĂ©tiques rĂ©pondant Ă  la crĂ©ativitĂ© des concepteurs pour des effets de lumiĂšre uniques !

th MĂ©dia ama iĂšre R m lu e Lign

Fibre optique dans le sol - Hotel 123, Paris

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Ligne lumiÚre Hanah - Cabinet médical, Paris

Spots sur mesure - Hotel I MATIC, Paris - © HA Segalen

Ligne lumiĂšre Linel - Hall d’accueil, Paris - © HA Segalen


Sonorisation d’installations Fixes AUDIO-TECHNICA 11, Rue des Pyramides 75001 PARIS TĂ©l. +33 1 43 72 82 82 info@audio-technica.fr

Audio-Technica, sociĂ©tĂ© Japonaise crĂ©Ă© il y a plus de 50 ans, est spĂ©cialisĂ©e dans le dĂ©veloppement et la fabrication de microphones, casques, systĂšmes de confĂ©rence. Exigeante sur la qualitĂ© et la fiabilitĂ© de ses produits, la marque est utilisĂ©e dans les salles de spectacles, palais des congrĂšs, salles de conseil et autres lieux oĂč l’intelligibilitĂ© audio est essentielle. Pour complĂ©ter sa gamme Audio-Technica distribue en France la marque Belge d’enceintes et produits Ă©lectroniques Apart. SpĂ©cialiste des petites et moyennes installations fixes, de la boutique de mode tendance Ă  l’hĂŽtel de luxe en passant par le restaurant Ă©lĂ©gant et le bar d’ambiance, Apart a mis au point des solutions novatrices combinant fiabilitĂ©, discrĂ©tion et robustesse pour une intĂ©gration facile et naturelle. Audio-Technica en partenariat avec les installateurs et intĂ©grateurs français propose une gamme de produits et des conseils pour vous accompagner dans la rĂ©alisation de vos projets. Toute l’équipe d’Audio-Technica est Ă  la disposition de ses utilisateurs pour organiser des dĂ©monstrations et tests.


Créateur français de sols textiles DARE YOUR

BALSAN MOQUETTE Corbilly – D14 36330 Arthon TĂ©l. +33 (0)2 54 29 16 00 www.balsan.com

DREAMS

Balsan, fabricant français, est implantĂ© dans l’Indre, dans un cadre prĂ©servĂ© avec deux sites industriels parfaitement intĂ©grĂ©s dans leur environnement naturel. Balsan propose une gamme complĂšte de revĂȘtements de sols textiles de qualitĂ©, avec 2000 rĂ©fĂ©rences, en grandes largeurs et en dalles, et dĂ©veloppe des solutions esthĂ©tiques et fonctionnelles, Ă  destination de ses 3 principaux marchĂ©s : Office, Hotel et Home, en France et Ă  l’export.

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SHOWROOM PARIS : 99 Rue de la Verrerie - 75004 Paris TĂ©l. 01 43 70 49 32 showroomparis@balsan.com

MACRO MICRO : CANOPY TO BARK

INFINI COLORS : STONEAGE

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Ecrans professionnels pour les designers BENQ 381, avenue du Général de Gaulle 92140 Clamart Tél. 01 70 37 17 00 www.benq.fr

BenQ prĂ©sente sa gamme d’écrans professionnels dĂ©diĂ©e aux designers et architectes. Des images authentiques et parfaites pour tous les professionnels et les passionnĂ©s. BĂ©nĂ©ficiez d’une haute authenticitĂ© des couleurs et de hautes rĂ©solutions (4K2K). Avec des finitions de qualitĂ© pour une utilisation polyvalente. Montage vidĂ©o, imagerie numĂ©rique et modĂ©lisation 3D ne leurs font pas peur. Ces Ă©crans professionnels sont complets et reconnues sur le marchĂ© professionnel de la CAO/FAO, de l’animation, du montage vidĂ©o et des arts graphiques. Les produits phares de cette gamme : le BL2420PT (24’/full HD), BL2710PT (27’/WQHD), BL2420U (24’/UHD 4K ), BL2711U (27’/UHD 4K ) et BL3201PT (32’/UHD 4K). (Dalle IPS 100% sRGB et modes exclusifs CAO/FAO, animation, anti scintillement, faible lumiĂšre bleue, Ă©cran ajustable, contraste natif de 1000:1, affichage fluide avec un temps de rĂ©ponse rapide, connecteurs DVI, HDMI, DisplayPort et MiniDisplayport, haut-parleurs et possibilitĂ© de fixation murale (VESA 100 x 100 mm). Ils sont conçus par des professionnels, pour les professionnels mĂ©ticuleux et soucieux du dĂ©tail capable dĂ©sormais de travailler avec une prĂ©cision parfaite et atteindre une productivitĂ© plus Ă©levĂ©e.


VĂ©gĂ©talisation d’espace indoor C-VEGETAL TĂ©l. +33 (0) 4 67 50 85 10 contact@c-vegetal.com www.c-vegetal.com

C-Vegetal est une entreprise spĂ©cialisĂ©e dans l’amĂ©nagement vĂ©gĂ©tal d’espace indoor. L’utilisation de feuillage et de plantes stabilisĂ©es nous permet de crĂ©er des scĂ©nographies vĂ©gĂ©tales originales tout en vous libĂ©rant des contraintes et de l’entretien . PassionnĂ© de design et en recherche permanente d’innovation notre seul but est de transmettre au travers de nos rĂ©alisations notre crĂ©ativitĂ© et la passion de notre mĂ©tier Hall d’accueil, espace de reception, salle de rĂ©union, bureau, C-vĂ©getal rĂ©alise des dĂ©cors et des ambiances plus agrĂ©ables pour vos visiteurs et vos collaborateurs en vous donnant une veritable identitĂ© vĂ©getale. Rien n’est impossible, sublimer un volume, crĂ©er une ambiance ou faire en sorte de ne pas laisser indiffĂšrent vos visiteurs.

Confiez nous votre projet, il deviendra unique et sera un nouveau challenge pour notre Ă©quipe de designers, concepteurs, et agenceurs. Il n’y a de limite que votre imagination...


AmpliïŹcateur sans ïŹl multiroom MTX iWa250 Ampli dissimulable 2x50W AirplayÂź/DLNA Toslink Auxiliaire DessinĂ© et dĂ©veloppĂ© en France TĂ©l. 01 42 28 72 52 mtxaudio.fr


Tableaux magnétiques en verre IDGV 11, av Alphonse de Neuville 92380 Garches Tél. 09 81 97 36 22 gregchat-boardfrance@hotmail.fr www.chat-board.dk

CHAT BOARDÂź propose des produits et solutions complĂštes stimulant la communication, la crĂ©ation et l’expression dans tous les espaces collaboratifs et tertiaires. RĂ©alisĂ©s Ă  partir de verres haute qualitĂ©, offrant lumiĂšre et profondeur des couleurs, les tableaux magnĂ©tiques CHAT BOARDÂź proposent un design Ă©purĂ© et qualitatif, des fonctionnalitĂ©s parfaitement adaptĂ©es aux modes de travails actuels et une facilitĂ© de mise en Ɠuvre sans Ă©gal. Qu’ils soient muraux (gamme de 13 formats) ou Mobiles (2 dimensions), avec 25 couleurs standards au catalogue, les CHAT BOARDÂź offrent de rĂ©elles possibilitĂ©s en termes de dĂ©coration et d’animation des espaces, tout en stimulant la crĂ©ativitĂ© et les Ă©changes entre utilisateurs.

VĂ©ritable vecteur d’images dans les bureaux, les CHAT BOARDÂź peuvent ĂȘtre Ă©galement rĂ©alisĂ©s sur mesure en dimensions, couleurs et avec impressions de photos ou autres logos. Ils se dĂ©clinent Ă©galement en Vestiaires, Tables, Tablettes, en verres mats ou avec Ă©cran de projection. Les CHAT BOARDÂź sont rĂ©alisĂ©s Ă  la main au Danemark, dans le plus pur esprit de qualitĂ© et de Design Scandinave.


AmĂ©nagez et dĂ©corez les intĂ©rieurs avec les textiles techniques CLIPSO 5, rue de l’Eglise 68800 Vieux-Thann TĂ©l. +33 (0)3 89 37 10 84 contact@clipso.com www.clipso.com

Le concept de plafond et mur tendu est parfaitement adaptĂ© Ă  l’amĂ©nagement et la dĂ©coration d’intĂ©rieur. Nos revĂȘtements sont personnalisables, sans substances nocives, mis en oeuvre Ă  froid et sans nuisances. Fabricant français basĂ© en Alsace,nous maĂźtrisons notre process de fabrication et notre R&D afin de vous offrir des textiles techniques dignes de vos plus beaux projets. Nous rĂ©pondons Ă  vos besoins avec une gamme technique et variĂ©e aux normes exigĂ©es dans le bĂątiment: acoustique, lumineuse, antibactĂ©rienne, imprimĂ©e ou standard. Beaucoup d’architectes et designers ont choisi de travailler avec nos textiles techniques Ă  travers le monde ! Vos projets nĂ©cessitent la mise en place de plafonds suspendus, panneaux acoustiques, caissons lumineux, formes architecturales, cloisons etc.. nous mettons Ă  votre service notre bureau d’étude et notre rĂ©seau d’installateurs. Complexe aquatique Badewelt - Sinsheim, (Allemagne) Architecte : ArchitekturbĂŒro Wund - Installateur : Art Design Hahn Distributeur : Baumann Spanndecken

Photo ci-dessus :

En haut : Intelcia, Technopark - Casablanca, (Maroc) - RĂ©alisation : Art Tech Innovation En bas : Salon Equip’HĂŽtel, espace tendance (France) Conception & photos : Cabinet Elizabeth Leriche RĂ©alisation : Clipso

Photo ci-dessous : Musee de demain Rio de Janeiro (BrĂ©sil) Architecte : Santiago Calatrava Valls (Zurich – Suisse) Installateur : Diarco Produtos Arquitetonicos (BrĂ©sil)

Shopping Mall Groupe AZRAILI (Israel) Architecte : Avner Sher architects (Cadres acoustiques) RĂ©alisation : ART COVER


SystĂšme d’évacuation d’eau DallFlex Zentrix

DALLMER GMBH + CO. KG Wiebelsheidestraße 25 59757 Arnsberg - ALLEMAGNE TĂ©l. +49 2932 9616-0 klaus.kaufmann@dallmer.de www.dallmer.de/fr

DALLMER Depuis 1913, des produits parfaits naissent d’une coopĂ©ration entre l’excellence de la fonction, la haute qualitĂ© des matĂ©riaux et la rĂ©ussite de la forme. Ce n’est que quand toutes ces conditions sont remplies de la meilleure façon possible que DALLMER est satisfait des rĂ©sultats. DallFlex - Un corps d’avaloir. Cinq caniveaux de douche. Polyvalent, le corps d’avaloir DallFlex est compatible avec les caniveaux de douche CeraFloor S, avec les modĂšles CeraWall S et P et puis avec les caniveaux de douche courts Zentrix et CeraNiveau. Les systĂšmes d’évacuation d’eau DallFlex allient ainsi habilement simplicitĂ© d’installation et diversitĂ© du design.

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Corps d’avaloir DallFlex CeraWall P

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La robinetterie Haute Couture DORNBRACHT FRANCE SARL 2 Rue de la Roquette 75011 Paris TĂ©l. +33 (0)1 40 21 10 70 mail@dornbrachtgroup.fr www.dornbracht.com www.alape.com

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Sens de la proportion, prĂ©cision des formes, sobriĂ©tĂ© et innovation forment le design caractĂ©ristique et intemporel des robinetteries de salle de bains et de cuisine du fabricant allemand Dornbracht. GrĂące Ă  ses formes archĂ©typales et Ă  la haute qualitĂ© de sa production 100% Made in Germany, Dornbracht s’affiche comme un leader mondial du secteur des robinetteries premium, avec des produits, comme TARA, devenus des classiques du design. Par ailleurs, depuis 2005, Dornbracht se focalise sur le SPA Ă  la fois sur le plan de l’architecture, du design, de la technologie mais aussi sur sa fonction d’espace de bien-ĂȘtre et de prĂ©vention de la santĂ©. Les diffĂ©rents programmes de Dornbracht – Ambiance Tuning Technique, Horizontal Shower, Sensory Sky, Foot Bath et maintenant Comfort et Leg Shower - s’inscrivent dans le parcours de soins de nombreux SPA : aprĂšs une sĂ©ance de yoga, un sauna, un soin du corps ou encore une sĂ©ance de sport. GrĂące au design et Ă  la qualitĂ© de ses robinetteries, Ă  ses produits innovants dotĂ©s de nouvelles technologies, Dornbracht est une marque plĂ©biscitĂ©e internationalement et peut se prĂ©valoir de rĂ©fĂ©rences prestigieuses dans le domaine de l’hĂŽtellerie, du Spa haut de gamme tout comme de rĂ©alisations dans le domaine public ou de bureaux : l’HĂŽtel Ritz Spa de Paris, l’hĂŽtel du MinistĂšre de Paris, le Peninsula, l’hĂŽtel Castelbrac de Dinard, le Mandarin Oriental de Paris, le Royal Monceau, l’hĂŽtel Sezz, l’hĂŽtel du Castelet dans le Var, l’hĂŽtel Spa Intercontinental de Paris OpĂ©ra, l’hĂŽtel du Cheval Blanc et l’hĂŽtel des Airelles Ă  Courchevel, l’Hermitage de Monaco, La RĂ©serve Paris et Ramatuelle, la Boutique Guerlain Ă  Paris.

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SiÚge de bureau, une histoire de design Universalité

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EUROSIT, un des acteurs majeurs europĂ©ens du siĂšge de bureau a toujours organisĂ© sa politique vers le progrĂšs environnemental, sociĂ©tal mais aussi ergonomique. Sa politique de Design reprend tous ces Ă©lĂ©ments et s’inscrit comme l’ADN mĂȘme de l’entreprise, elle a toujours Ă©tĂ© accompagnĂ©e par les plus grandes signatures. Roger TALLON, crĂ©ateur culte dans le domaine ferroviaire, il a dĂ©veloppĂ© notre emblĂ©matique gamme MEDIUS. Thierry BLET, signature reconnue dans le mobilier de bureau, il a dessinĂ© la gamme COLORING. Christophe MARCHAND, designer Suisse, il voue une vĂ©ritable passion pour la projection dans le futur. La gamme E est une de ses crĂ©ations phares. Christophe PILLET, designer international, il travaille pour des marques prestigieuses. Il a conçu la banquette HAPPY MEETING. EUROSIT a choisi de soutenir et d’éditer de jeunes talents. Romain VESVRE, avec son programme LOBI, s’inscrit dans cette dĂ©marche. Qu’ils soient Ă©tudiants, jeunes designers, ou designers rĂ©putĂ©s, tous ont participĂ© Ă  Ă©crire cette histoire, vĂ©ritable tĂ©moignage du Design Français au bureau. EUROSIT continue dans cette politique en dĂ©veloppant des gammes de produits Ă©co-socio conçues et en Ɠuvrant pour le dĂ©ploiement industriel français avec notamment la prĂ©sentation du 1er siĂšge O.F.G. (Origine France Garantie) UdO.

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Tapis d’entrĂ©e Classe Premium

Solutions et systĂšmes de Guidage visuel et tactile Le fabricant GEGGUS complĂšte sa gamme de tapis d’entrĂ©e grand trafic avec des solutions de guidage visuel et tactile. Sans obstacle sur le tapis, ces systĂšmes rĂ©alisĂ©es : ‱ grĂące aux diffĂ©rentes finitions de la gamme, (reps, brosses, caoutchouc,
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Historique Depuis sa crĂ©ation, il y a plus de 60 ans, la sociĂ©tĂ© Geggus E·M·S s’est forgĂ©e une rĂ©putation de qualitĂ© et d’innovation dans la conception et la fabrication sur mesure de Tapis d’EntrĂ©e Grand Trafic Ă  structure aluminium. L’usine Geggus, qui emploie prĂšs de 60 personnes, est situĂ©e en Allemagne, Ă  cĂŽtĂ© de Karlsruhe, Ă  100 km de Strasbourg, oĂč se trouve la filiale pour la France. La forte rĂ©putation de la sociĂ©tĂ©, qui se place aujourd’hui parmi les Leaders dans son domaine, repose avant tout sur la qualitĂ© des matĂ©riaux utilisĂ©s, sur le soin, la prĂ©cision et la rĂ©gularitĂ© apportĂ©s Ă  la fabrication avec recherche constante de la satisfaction du client.

Tous les modĂšles TOP CLEAN rĂ©pondent aux normes d’accessibilitĂ© HandicapĂ©s


Rideaux techniques ISOTISS 56470 Saint-Philibert France TĂ©l. 02 97 57 44 27 isotiss@orange.fr

Architectes: Atelier Kempe Thill , Architects & Planners & FRES architectes. MO : Siemp / Solutions Isotiss: textile Isocolor couleur champagne.

« La Tour bois le prĂȘtre » 
. Ă©tait couleur Argent* « Rue Binet » ....................... est couleur Or** Et si la prochaine couleur Ă©tait la votre *** Pour ce projet Rue Binet Ă  Paris (18Ăšme), Nous avons produit une couleur spĂ©cifique afin de s’accorder Ă  la vĂȘture de verre et d’aluminium anodisĂ© champagne. Ces voilages thermiques offrent un Ă©cran de discrĂ©tion parfaitement intĂ©grĂ© au dessin orignal. Un rail ininterrompu anodisĂ© champagne supporte cette protection textile aux nuances changeantes tout au long de la journĂ©e.

Notre mĂ©tier : Ă©couter, proposer, confectionner, installer. Gamme ISO.COLOR (vertical ou horizontal). * textile alu anodisĂ© naturel, ** textile alu anodisĂ© champagne, *** votre couleur : Ă  partir de 700 mÂČ.


Solutions bois LAUDESCHER TĂ©l. 02 33 42 09 52 Fax. 02 33 42 15 69 info@laudescher.com www.processbois.com

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Aller de l’avant dans la continuitĂ©

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En matiĂšre de mobilier, Wilkhahn personnifie dans le monde entier le ‘Design made in Germany’, avec des solutions d’amĂ©nagement des environnements tertiaires et des espaces confĂ©rence qui sont autant de rĂ©fĂ©rences pour toute la profession. Depuis 60 ans, Wilkhahn est fidĂšle Ă  trois principes : valeur d’usage optimisĂ©e, esthĂ©tique pĂ©renne et qualitĂ© durable. Wilkhahn se distingue en outre par son implication dans le domaine social et le dĂ©veloppement durable. Interagir. Veiller. Rester curieux. Nous n’avons jamais cru Ă  la forme pure : crĂ©er des meubles ou agencer des espaces, c’est agencer l’environnement et les relations mĂȘmes entre les individus. Aussi l’esthĂ©tique a-t-elle toujours eu pour nous une dimension Ă©thique.


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Ce numéro comprend un encart jeté de 4 pages

DépÎt légal : 3e trimestre 2016


UN DÉDALE DE CAMPS : LA VILLE DIVISÉE Auteur : Bozar Ben Zeev UnitĂ© de DiplĂŽme 8, AA school Traduction : Emma Nubel


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DIPLÔME CREE

Ce projet de diplĂŽme explore les champs de la biopolitique et de l’architecture qui eux-mĂȘmes se chevauchent dans la notion de campement. Les camps se prĂ©sentent sous diverses formes et sont multi-facettes. Cependant ils sont tous fondĂ©s sur le mĂȘme principe : un espace d’exclusion dĂ©limitĂ© et contrĂŽlĂ©. Ce projet a pour but d’expĂ©rimenter et de rĂ©articuler ces zones d’exclusion qui sont en train d’émerger dans les villes contemporaines. Il souligne et dĂ©voile le campement comme Ă©tant la forme principale de production spatiale dans la ville moderne. La vision d’une ville nouvelle est proposĂ©e grĂące Ă  des

expĂ©rimentations sur des modĂšles de classifications types de ce phĂ©nomĂšne : parc d’attraction, centre commercial ou encore le quartier rĂ©sidentiel sĂ©curisĂ©. La ville va devenir un paysage divisĂ© par des frontiĂšres urbaines entre quartiers prisĂ©s enclavĂ©s et aux alentours des quartiers qui vont se marginaliser progressivement. Ce sera un endroit oĂč les rĂ©sidants ne seront plus dans le continuum de l’espace urbain mais vivront quotidiennement dans des systĂšmes socioĂ©conomiques et spatiaux complĂštement sĂ©parĂ©s. La ville comme un dĂ©dale de camps est une anticipation de la citĂ© du 21e siĂšcle : un endroit d’inĂ©galitĂ©s et d’exclusion.


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