Voyage en Roumanie

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Roumanie Du 7 au 18 Juin 2018


Chronologie du circuit

2/5 Chronologie/cartes/rappels 6/8 Paris/Bucarest/Constanta 9/14 Constanta/Mamaia/Histria/Tulcea 14/15 Delta du Danube 16/17 Galati/Piatra Neamt/Bistrita 18/21 Piatra Neamt/Bucovine 22/29 Les Monastères de Bucovine 30/32 Le Maramures 33/35 Vadu Izie/Cluj Napoca/Targu Mures 36/43 Targu Mures/Sighisoara/Sibiu 44/48 Sibiu/Fagaras/Château deBran/Brasov 49/52 Brasov/Château Peles/Sinaia/Bucarest 53/54 Bucarest/Paris 55/57. Notes et Impressions personnelles

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Quelques notions de Géographie La Roumanie est un pays de l'Union européenne, situé au sud-est de l'Europe, à cheval sur les Carpates et le Bas-Danube, riverain de la mer Noire, voisin de la Hongrie et de la Serbie à l'ouest, de l’Ukraine, de la République de Moldavie au nord et à l'est, et de la Bulgarie au sud. Par son histoire, la Roumanie appartient à l'Europe centrale (Transylvanie), à l'Europe orientale (Moldavie) et aux Balkans (Valachie). La Roumanie est le 7ᵉ pays le plus peuplé de l'Union Européenne et le 9ᵉ par sa superficie. Sa géographie s'articule autour des Carpates, du Danube et de la mer Noire, sa superficie est de 238 400 km2 pour 20 millions d’habitants. Sa structure géographique s’est formée autour du plissement alpin des Carpates (point culminant le mont Moldoveanu 2 544 m), des plaines du Danube au sud et sud-est, et du plateau Transylvain au centre. Son climat est continental. Une forte majorité de sa population s'identifie de langue roumaine et de tradition chrétienne orthodoxe; 11% des habitants déclarent appartenir à des minorités ethniques et 19% à des confessions minoritaires ou être sans religion.

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Rappels historiques L’histoire de la Roumanie ne commence réellement qu'avec la création des Principautés unies de Moldavie et de Valachie en 1856. Cependant, l'histoire des pays où évoluent les romanophones remonte à l'Antiquité et comprend des territoires plus vastes que la Roumanie actuelle. On peut distinguer neuf périodes dans l'histoire des pays formant la Roumanie actuelle : • • • •

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l'Antiquité, dominée par la confrontation entre les civilisations Gète/Dace et Latine, suivie de leur fusion par l'influence Grecque sur le littoral. l’Âge Pastoral, appelé « âge obscur » IIIè au XIIIè siècle, influencé par la christianisation, puis par les grandes invasions des Huns, des Goths et des Tatars et l'installation des Slaves, enfin des Magyars, la population romanophone, appelée « Valaque » vivait dispersée. la Période Voïvodale, XIVè fin XVIIIè siècle, les Voïvodats de Transylvanie, de Moldavie (Étienne le Grand XVè siècle) et de Valachie. L’unification en 1600, de ces trois provinces a été faite par Michel 1er le Brave, elle n’a duré que deux ans. Ensuite, la Valachie et la Moldavie sont devenues vassales de l’Empire Turc. Le territoire de ces deux provinces se réduit au XVIIIè siècle par l’expansion des Empires Austro-Hongrois et Russe. la Période d’Incertitude, au milieu du XIXe siècle, la Moldavie et la Valachie, toujours vassales de la Turquie, deviennent indépendantes suite au Congrès de Paris de 1856, et de celui de Berlin 1878. la Période Moderne, correspond au Royaume de Roumanie, règne de Carol 1er, après la guerre de 14/18, le territoire connaît une grande extension liée à l’effondrement des Empires Austro-Hongrois et Russe, c’est le traité de Trianon 1920 et la création de la « Grande Roumanie ». La Période de Monarchie autoritaire Carliste, avec le roi Carol II de 1930 à 1940.les dimensions territoriales sont de nouveau réduites en 1940 avec un démembrement au profit de l’URSS, de la Hongrie et de la Bulgarie. La Période de Dictature Fasciste 1940/1944 du maréchal Ion Antonescu dit le« Conducator »et sa « Garde de Fer » destitué fin 1944, par décret du roi Michel 1er . La Période du Régime Communiste, établi en 1945, confirmé par l’abdication du roi Michel en 1947, c’est la mise en place d’une nouvelle et ultime répartition territoriale, puis la dictature de Nicolae Ceausescu en 1974, il sera le dernier dirigeant de ce régime communiste qui s’effondre le 22/12/1989. La Démocratie Parlementaire libérale va alors doucement s’établir avec l’entrée dans l’Union Européenne en 2007.


Notre circuit

Organisé par Marie Hélène Colzy et par AMSLAV pour les retraités de l’ARCEA SACLAY

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Jeudi 7 juin-Paris/Bucarest/Constanta Bucarest, météo chaleur, orages possibles, 15 heures, nous sommes accueillis par Nicoleta, notre guide francophone, mais pour cette première étape nous changeons de guide pour des raisons personnelles (rendezvous pour finaliser ses études en France) nous récupérons donc à la gare, une autre guide, Laura. La traversée de la capitale est assez rapide, malgré l’importante circulation automobile, nous prenons la direction de l’autoroute A2 dite « autoroute du soleil », pour 250 km, vers la mer Noire et Constanta, le plus grand port maritime du pays (70% du commerce avec l’Orient).

Bucarest est étendue sur 216 km2 (deux fois Paris), elle a été fondée par Pal l’empaleur en 1459, mentionnée pour la première fois comme marché fortifié au carrefour des routes commerciales entre la Valachie , Brasov en Transylvanie et le port fondé par les Génois sur le Danube. Elle est devenue d’abord capitale de la principauté de Valachie au XVIIè siècle puis en 1859 celle de la Roumanie. C’est une capitale verte comportant cinq parcs, six secteurs différents avec six maires, un coeur de ville qui date du Moyen-Âge, un quartier d’architecture communiste, comme l’université qui est la copie de celle de Moscou, un autre quartier appelé le « Petit Paris » du XIXe siècle. Nous suivons une large avenue et longeons un écomusée réputé de 1936 : le musée du Village roumain, puis l’avenue des ambassades et des beaux hôtels. La rivière Dambovita parcourt la ville d’ouest en est, en grande partie à ciel ouvert et traverse des lacs naturels ou artificiels. Malgré cet écosystème naturel verdoyant, Bucarest est très polluée et l’été ses habitants la fuient à cause de l’intensité de la chaleur estivale et de la pollution, pour se rendre sur les plages de la mer Noire aux alentours de Constanta. Nous sortons de Bucarest, et nous apercevons le pont ferroviaire(anciennement pont Carol 1er) construit en partie par Eiffel et l’architecte roumain Anghel Saligny entre 1890 et 1895, au-dessus du Danube. Il fait près de 2 km de long avec une portée de 190 m, au-dessus du fleuve. Lors de son inauguration, l’ingénieur est resté sur le pont, tandis que quinze locomotives à vapeur traversaient le Danube, pour vérification de la solidité ! L’autoroute traverse une région céréalière, sans grand intérêt, on aperçoit une centrale nucléaire vieillissante et de nombreuses éoliennes.

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Constanta Le port de Constanta existe depuis l’époque grecque, au Vè siècle avant J.C, la cité s’appelait Tomis signifiant « tranché » ce qui correspondrait à la forme d'une presqu’île aujourd’hui enfouie sous le port moderne, ou bien à la légende de Jason s’enfuyant avec la Toison d’Or et découpant en morceaux le fils du roi de Colchide (actuelle Géorgie) pris en otage et dispersant les morceaux de son corps dans la mer ! La région est occupée par les Daces venus de Thrace, puis fut conquise par l’empereur romain Trajan en 106. Au IVè siècle après J.C, l’empereur romain Constantin 1er lui donne le nom de Constantiana, en l’honneur de sa soeur Constantia. L’empereur Galère imposa ensuite la liberté de religion pour les Chrétiens. Mais les siècles suivants verront de nombreuses invasions : Goths, Huns, Slaves, Bulgares et l’empire Byzantin s’emparera de la région. La ville de Constanta restera sous domination ottomane jusqu’au XIXè siècle, ainsi que toute la région de la Dobroudja. À partir de 1878, lors du rattachement à la Grande Roumanie, Constanta devient un grand port industriel et commercial et aussi une station balnéaire pour les touristes aisés des monarchies européennes. L’essor économique est lié aux liaisons ferroviaires rendues possibles grâce au Pont Carol 1er, construit par l’ingénieur Anghel Saligny qui modernisa aussi le port de Constanta et aussi grâce au Canal Danube-Mer Noire commencé en 1949 et achevé à l’époque de Ceausescu en 1980. Ce canal fut construit dans des conditions épouvantables aussi bien durant la période d’après-guerre (300 00 détenus politiques) que durant la période de Ceausescu (40 000 « dits volontaires » y laissèrent la vie). Les Roumains revendiquent leur latinité par l’originalité de leur langue, isolée au milieu des langues slaves, même si elle s’écrivit longtemps en cyrillique, et si l’adoption de l’alphabet latin ne fut faite qu’à la fin du XVIIIè siècle. C’est pourquoi on peut voir dans de nombreuses villes la statue de la Louve Romaine et de Remus et Romulus, et pour Constanta la statue du poète Ovide qui y fut exilé pour raisons politiques ou à cause de ses possibles relations amoureuses avec la soeur de l’empereur Constantin !

Musée d’Histoire et d’Archéologie, ancien Hôtel de Ville, et la statue d’Ovide en bronze de 1887 de Etore Ferrari 7


Mosquée Mahmoud II, offerte par le roi Carol 1er à la communauté musulmane de la Dobrodja, construite en 1910, son minaret fait 47 m de haut. Statue de l’ingénieur Anghel Saligny dominant le port.

Cathédrale orthodoxe St Pierre et St Paul.

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Vendredi 8-Constanta/Mamaia/Histria/Tulcea Quel plaisir de se promener tôt le matin au pied de notre hôtel le long de la lagune, construit dans la zone touristique de Mamaia ! Nous retournons à Constanta avec notre première guide Nicoleta, elle est originaire de la région de la Dobroudja et fière de son riche passé historique, et nous explique que 700 ans avant J.C, Tomis était une importante colonie grecque, on trouve de nombreux sites archéologiques et le musée de Constanta présente une belle collection d’objets. Le port de Constanta s’étend sur 40 km, nous nous arrêtons pour contempler le Casino de 1910 de style rococo et baroque, édifice emblématique d’une époque révolue, il est tristement délabré... Il fait très chaud, la Mer Noire est bleue, difficile d’imaginer que certains hivers, elle est complètement gelée, la dernière fois il y a 10 ans!

Phare de 1860 élevé à la mémoire des marins génois qui fréquentaient la région au XIIIe siècle.

Buste de Mihai Eminescu poète romantique 1850/1889

Musée de sculpture Ion Jalea 1887/1983 9


La cathédrale orthodoxe St Pierre et St Paul avec ses coupoles cuivrées, construite dans le style roumain en 1885, rénovée en 1950 suite aux bombardements de l’Armée Rouge lors de la Seconde Guerre Mondiale.

Reconstitution archéologique d’un quartier de la Tomis antique

De retour sur la place Ovidiu pour visiter le musée d’Archéologie et d’Histoire.

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Le musée d’Archéologie et d’Histoire présente l’histoire de la Dobroudja du paléolithique à nos jours, sur trois étages. Les plus belles pièces grecques et romaines se trouvent au rez-de-chaussée, en particulier le célèbre « Glycon » divinité-serpent greco-romaine du IIIè siècle (corps de serpent, tête de mouton, chevelure humaine), dont le culte se retrouve du Danube à l’Euphrate, il est le symbole protecteur de la famille et de Constanta. La région de Tomis au IVè siècle est devenue la province de Scythe chrétienne, dépendant religieusement de Byzance, favorisant les liens économiques et culturels entre le Bas Danube et l’Asie Mineure, on peut voir de nombreuses amphores signes de ce passé . Un autre objet remarquable attire l’attention, c’est le « penseur de Hamangia » appelé aussi « penseur de Cernavoda », petite sculpture néolithique, (3500 à 4000 avant notre ère) qui nous amène à découvrir une civilisation peu connue. Cette statuette ainsi que des poteries de la même culture sont la preuve d’un peuplement très ancien des rives de la mer Noire.

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Au dernier étage, une exposition temporaire nous a beaucoup intéressés : «le Communisme en Dobroudja entre 1945 et 1989 ». Les textes étaient uniquement en roumain, mais il était aisé de comprendre les photos!

L’histoire de la construction du Canal Danube-Mer Noire est très détaillée, il suffit de lire les chiffres : pour 64,2 km, commencé en 1949, achevé en 1980 Même des femmes étaient arrêtées et envoyées dans ces camps de travail forcé.

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Mamaia, c’est la station balnéaire à la mode, sa plage s’étend entre la Mer Noire (sa couleur vient de l’anoxie des ses eaux profondes, plus salées qu’en surface, on dit aussi euxinisme) et le lac salé lagunaire de Siutghiol de couleur verte contemplé de notre hôtel ce matin. Nous avons pris plaisir à ce bain de pied digestif après notre déjeuner ! Puis, départ pour la visite du site archéologique d’Histria, les Grecs de Milet (Ionie, côte sud-ouest de la Turquie) y fondèrent vers 657 avant J.C, un comptoir commercial avec les habitants de l’arrière-pays les Gètes. Cette cité a été détruite par l’invasion des Goths au IIIè siècle. Les ruines en partie remontées plutôt que restaurées en montrent un plan assez complet avec le mur d’enceinte, les portes, les thermes, un temple, une petite citadelle et une basilique.

Tulcea, arrivée en fin d’après-midi à notre hôtel, petit tour en ville pour faire du change, les rues embaument le tilleul, l’air est doux, en revenant nous nous promenons sur le large quai où stationnent une multitude d’embarcations.

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Samedi 9 juin-Delta du Danube La journée est consacrée à la visite en bateau du Delta du Danube, petits bateaux puissants et rapides avec lesquels nous allons pénétrer dans des bras du delta plus étroits que ceux que nous aurions visité avec un bateau de type roue à aubes...Merci à l’organisatrice avisée ! Le delta est un lieu sauvage : 400 lacs communiquant entre eux, des centaines de kilomètres de canaux, c’est une réserve de la biosphère depuis 1990, classée par l’unesco.

À défaut de photographier des oiseaux difficiles à trouver et à voir, malgré leur nombre considérable (plus de 300 espèces répertoriées, parmi 3500 espèces animales) nous photographions les touristes que nous sommes, grands enfants heureux de cette promenade vivifiante et dépaysante.

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Nous déjeunons chez l’habitant, Alexandre et Alexandra, du poisson du Danube (perche, silure, brème) sauce à l’ail, de la polenta, du vin blanc doux de la Dobroudja, du gâteau au chocolat et de la stuica (alcool de prune). Nous avons pris au départ le canal de Tulcea puis le canal 36 et traversé un lac, aller-retour environ 85 km. Nous ne sommes pas des ornithologues, donc nous ne sommes pas déçus de ne pas avoir vu beaucoup d’oiseaux, par contre nous aurions aimé rencontré un peu plus la population locale, les Lipovènes (« vieux croyants ») habitants des maisons bleues, qui ont trouvé refuge dans le Delta fuyant les persécutions religieuses de la Russie du XVIIIè siècle.

Retour à Tulcea, c’est moins joli ! vue du fleuve (immeubles époque communiste)...

Départ pour Galati, traversée du Danube, 900 m en bac. C’est une ancienne ville romaine, très industrialisée avec de nombreuses raffineries, la ville était belle avant la Seconde Guerre Mondiale, elle a été partiellement détruite par les bombardements russes. Elle serait devenue la plus grande ville sidérurgique d’Europe de l’Est après 1960. Aujourd’hui c’est l’industrie textile qui prime, pour des compagnies étrangères.

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Dimanche 10 juin-Galati/Piatra Neamt/Bistrita Nous arrivons à Tecusi en milieu de matinée, Nicoleta a bien bavardé durant cette partie du voyage, pour nous donner des informations variées sur l’économie et la vie sociale en Roumanie, elle saute facilement d’un sujet à l’autre, les notes manuscrites sont difficiles à prendre. La région traversée, la vallée de la rivière Siret, affluent du Danube, est fertile ,alternant cultures céréalières, vinicoles, de la lavande et des roses. On s’arrête quelques instants devant le monument de Marasesti qui commémore la victoire de l’armée roumaine soutenue par la mission française du général Berthelot, sur les Allemands en 1917. La région du Neamt est réputée pour être très agréable, jolis paysages vallonnés, de nombreux monastères...La ville de Piatra Neamt, bâtie sur la rivière Bistrita, est une ancienne ville industrielle, elle s’appuie maintenant sur le tourisme en étant un point de départ pour découvrir la région. Son centre ville est tout petit et s’articule autour d’une place dominée par l’église St Jean-Baptiste du XVè siècle, sans clocher, et la tour de l’horloge de la même période, il y a de beaux bâtiments abritant des musées. Cette place correspond à la Cour Princière fondée par le Voïvode Stefan cel Mare (Étienne le Grand). Le très intéressant musée d’Art Enéolithique (défini par l’âge d’apparition du cuivre) sur la civilisation Cucuteni, nous permet de découvrir l’une des plus vieilles civilisations d’Europe (entre 5500 et 2750 avant J.C) riche d’un savoir-faire dans le domaine de la céramique, poteries toutes en courbes avec des spirales blanches sur poterie rouge, certaines si grandes que l’on est étonné d’une telle maîtrise dans la fabrication. La majorité de ces poteries a été découverte dans la région de Iasi, en Moldavie et en Ukraine. Les Cucuteni déplaçaient leurs villages fortifiés régulièrement tous les 50 ans, toujours près d’une rivière dans la plaine. Les spirales sont un symbole féminin de fécondité, l’élément masculin sont les cornes stylisées du taureau. Le dépôt de ces poteries correspond à des rituels de sacralisation lors de la construction d’une maison.

L’église St Jean-Baptiste édifiée par Étienne le Grand en 1498 est un petit édifice sans clocher, Sa décoration est riche de céramiques émaillées. 16


En fin d’après-midi, visite du monastère fortifié de Bistrita, fondé au XVè siècle par le prince de Moldavie Alexandre cel Bun (Alexandre le Bon), il fut détruit par un séisme au XIXè, reconstruit à l’identique. L’église de facture moldave classique, la tour nord, a été élevée par Étienne le Grand en 1498 pour sa victoire contre les Turcs. Le monastère est en activité, on entend l’appel à la prière, c’est un moine qui frappe avec un maillet sur une barre en bois.

En soirée, balade par le téléphérique sur le mont Colza (679m) d’où l’on a une jolie vue sur la ville et la vallée.

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Lundi 11 juin-Piatra Neamt/Bucovine En route pour la Bucovine, arrêt au monastère d’Agapia, c’est un important centre religieux du nord-est de la Roumanie qui accueille plusieurs centaines de religieuses tout au long de l'année. Cette construction datant du milieu du XVIIè siècle, fut décorée entre 1858 et 1861 par Nicolae Grigorescu (peintre de l’école de Barbizon) auquel les Moldaves doivent les fresques de nombreux monastères de la région. Certaines religieuses habitent les cellules du monastère, mais pour la plupart des petites maisons traditionnelles blotties dans le village à l’extérieur des murailles. Elles travaillent dans un atelier de tissage et de couture, dans un charmant fouillis, avec des machines à coudre ou à tricoter qui nous paraissent désuètes, elles se protègent des personnes du monde extérieur qui leur rendent visite par la concentration dans leurs prières, seule la responsable a des relations commerciales avec les visiteurs.

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Paysan de Tarpesti, (département de Neamt), Nicolae Popa, né en 1919, a collectionné tout au long de sa vie un assortiment considérable de masques, de pièces d'art traditionnel, d'icônes, de peintures populaires, de sculptures en pierre et en bois. On visite son sympathique musée. Il confectionne également des costumes et surtout des masques pour les fêtes populaires, où il compose à l'improviste les vers particuliers à ces spectacles.

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Le monastère de Neamt a été construit à 10 km de Targu Neamt par Étienne le Grand en 1497, sur les ruines d’une église en bois détruite après un séisme, il est protégé par une muraille du XVIè siècle, l’église principale est considérée comme la synthèse de l’architecture moldave. Les peintures intérieures sont plus tardives, du XIXè siècle. Le monastère a toujours eu une riche vie culturelle : école de copiste, calligraphie, musée d’icônes, évangile de Moscou de 1759 (37 kg) offert par Catherine II, bibliothèque de plus de 20 000livres..

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Après le déjeuner, une petite pause nature dans la réserve de Dragos Voda en évitant le gros orage qui a fait des dégâts dans la région, quelques aurochs (symboles de la Moldavie) et de tristes ours bruns en cage ! Nous entrons en Moldavie, ancienne principauté aujourd’hui partagée entre la république de Moldavie et la province roumaine de Moldavie, qui garde les traces de la lutte de ses voïvodes réputés Alexandre le Bon (1400/1432) et Étienne le Grand (1457/1500) contre les Ottomans et par le nombre très important de ses monastères peints, en particulier en Bucovine, permettant d’éduquer les habitants dans la foi chrétienne. Le monastère de Dragormina, véritable forteresse fut fondé de 1602 à 1609 par Anastasie Crimca, métropolite moldave, qui avait prêté serment de fidélité à Michel le Brave, le voïvode qui a réuni pour la première fois les trois principautés. Les dimensions du monastère sont impressionnantes, l’épaisseur des murailles , son église en forme de croix latine, très haute (42 m pour 9,6 m de large), monastère de moniales en activité, il est en cours de restauration, l’église en particulier, dommage pour les photos ! Cependant nous pouvons admirer le cordon torsadé autour de l’édifice, tradition locale et les sculptures en haut du clocher. L’iconostase à 6 niveaux de l’église est en bois d’if doré, les peintures sont du XVIIIè siècle.

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Mardi 12 juin-Les monastères de Bucovine La Bucovine est une région de la Moldavie partagée aujourd’hui entre l’Ukraine et la Roumanie; c’est une terre de collines et de forêts, son nom vient du slave « hêtre », elle fut en partie occupée par les Polonais, ensuite vassale des Ottomans, puis occupée par les Autrichiens, enfin son partage devint définitif lors du pacte germano-soviétique de 1940. Les Roumains sont attachés à la Bucovine considérant primordial, le rôle dans l’histoire de la Roumanie d’Étienne le Grand (1457/1504) qui fit barrage aux Ottomans, mais aussi, installa le christianisme orthodoxe par la construction d’une quarantaine d’églises pour autant de ses victoires (il en choisissait lui-même l’emplacement) combattant aussi bien les Polonais, les Hongrois que les Turcs La légende raconte que Étienne le Grand , grand voïvode mais petit homme (1,50 m) tirait une flèche pour choisir l’emplacement d’une église ou d’un monastère. La tradition picturale de ces églises peintes apparaît sous le règne du fils d’Étienne le Grand, appelé Petru Rares, sous l’influence du métropolite Grigore Rosca, pour expliquer le christianisme à une population locale qui n’était pas roumanophobe et la convertir à la religion orthodoxe en luttant contre la religion catholique des Austro-Hongrois; enfin, par le style des peintures naïves, personnages en costume traditionnel moldave, ennemis clairement identifiés en tenues ottomanes, l’histoire sainte ainsi racontée était compréhensible par tous. Si ces monastères ont été un peu abandonnés pendant l’ère communiste, au contraire, actuellement avec le ressaut religieux de la population roumaine, et la prise de conscience de la richesse artistique de ce patrimoine, ainsi que de l’importance touristique et de son apport économique, les Roumains les restaurent, ils sont fiers de ce passé et de son inscription au patrimoine mondial de l’Unesco.

Gura Humorului est une ville d’étape qui permet de visiter en étoile la Bucovine et de profiter l’hiver des aménagements pour les sports d’hiver. La ville, elle-même n’a pas un grand attrait, cependant au matin le son des cloches nous attire et nous allons visiter sa cathédrale et photographions la statue d’Étienne le Grand .

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Le monastère de Voronet est surnommé la Sixtine de l’Orient grâce à ses peintures uniques. Construit en 1488 (en seulement 21 jours), le monastère est en fait un cadeau d’Étienne le Grand à Daniel l’Ermite qui lui avait conseillé de continuer la lutte contre l’invasion turque. L’église est dédiée à Saint Georges Le bleu unique, azurite, qui domine les fresques est connu comme « bleu de Voronet ». La plus grande composition est le « Jugement dernier ». Cette fresque occupe tout le mur ouest et comprend des scènes célèbres comme « les Anges aux prises avec les Diables », « la Résurrection des morts » et « Les Archanges ». Parmi les pécheurs conduits au jugement dernier, il y a beaucoup de Turcs, les ennemis de la Moldavie, la composition ayant un caractère manifeste anti-ottoman. Le bleu des fresques extérieures, intense, presque vivant, suggère le ciel et la mer, deux extrémités vers lesquelles se dirigent presque tous les personnages de ces compositions, ainsi que notre âme avide de pureté. On peut voir aussi, les Prophètes, l’arbre de Jessé (arbre généalogique de Jésus), le siège de Constantinople.

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Notre circuit organisé par Marie-Hélène Colzy et l’Amslav passe par la Bucovine, partie nord-ouest de la Moldavie, la « Terre d’en haut » la région des montagnes et des monastères peints, la région devenue convoitée sur le plan touristique. Pour nous famille Preisser, c’est la région que nous avons découvert au printemps 1990, lorsque nous y sommes venus dans le cadre associatif humanitaire du Comité d’Aide Louveciennes Roumanie, association que nous avons créée avec notre ami Mircea Tabacovici qui en est le président. Vama, est une petite ville parrainée par le CALR, nous y sommes revenus en 1991 toujours dans un cadre humanitaire, accompagnés des membres de l’association, avec un gros camion, plus de 700 colis à distribuer individuellement aux enfants scolarisés, notre camping-car et notre dernier enfant Lucie qui avait 6 mois. Nous avons créé des liens avec des habitants de Vama en particulier avec la famille de Nicolae Morosan prêtre orthodoxe, l’association a perduré et continué ses actions qui ont évolué en tenant compte de la vie économique et sociale de Vama. N’ayant pas eu l’occasion de revenir en Roumanie, nous sommes ravis de profiter de ce voyage pour faire une petite halte à Vama. L’idée de cet arrêt non prévu dans le programme du voyage, soutenue par notre organisatrice, et acceptée par l’Amslav, a permis à l’ensemble du groupe de visiter l’église Saint Nicolas (de 1890) restaurée de Vama. Cette restauration a été le rêve de Nicolae Morosan, ce sont ses frères peintres d’icônes qui ont réalisé les peintures intérieures de 1994 à 1999. - Mihai Morosan, 76 ans (tristement décédé en ce matin du 12 juin 2018, jour de notre visite) peintre reconnu, qui a en particulier à son actif les restaurations des monastères de Sucevita et Putna en Roumanie. - Gavril Morosan (décédé il y a une dizaine d’années) à qui nous avions acheté deux petites icônes en 1990. L’aménagement intérieur de l’église a été réalisé par des artisans locaux pour la menuiserie en bois de tilleul, le lustre importé d’ Ukraine. Nicolas et sa femme Marcella et leurs deux petites filles Iustina (8 ans) et Tatiana (6ans) nous avaient accueillis dans leur maison en 1990, avec chaleur et simplicité, l’année suivante nous sommes revenus avec notre fille Lucie (6mois), les travaux de l’église étaient balbutiants, différents dons des paroissiens de Vama et de bienfaiteurs étrangers ont permis de finaliser ce projet de restauration.

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L’église de Vama suit le plan classique des églises de Bucovine orientées vers l’est : le pronaos ou narthex où les paroissiens se tiennent debout durant les offices, le naos ou nef plutôt réservé aux femmes, le sanctuaire réservé au clergé avec l’autel. L’iconostase est un mur d’icônes de plusieurs registres qui protège le sanctuaire: - celui du bas : les grandes icônes, mur percé de trois entrées, celle du centre est fermée par une porte à deux battants « les portes royales » traditionnellement on retrouve les mêmes personnages, les archanges Michel et Gabriel, le Christ, la Vierge Marie, St Jean Baptiste. - le second registre : les fêtes ou l’histoire sainte - le troisième : les apôtres - le suivant : les prophètes - le dernier : les patriarches

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Une petite pause avant de poursuivre notre découverte des monastères de Bucovine dans le village de Moldovita au musée des oeufs peints de Lucia Condrea, 11 000 oeufs décorés roumains, mais aussi de onze pays étrangers, beaucoup sont des modèles uniques, certains aux couleurs traditionnelles, d’autres plus modernes, toujours avec la technique du batik en utilisant la cire, plusieurs couches de couleur et la chaleur pour faire fondre la cire, ces oeufs sont vidés. Nous en avons à la maison depuis 1990, que des amis de Vama nous ont donnés, qui ne sont pas vides, le jaune s’est rétracté en boule élastique, si la coquille se casse, une odeur nauséabonde de soufre se répand...

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Le monastère de Moldovita, fondé par Petru Rares, le fils d’Étienne le Grand en 1532, est protégé par de solides remparts, construits en 1612 ainsi que l’école de copistes, actuellement musée, édifice en pierres à tuiles de bois, le trône du voïvode y est conservé, ainsi que des manuscrits précieux. L’église se présente par un exonarthex (un porche) ouvert sur un socle de pierre avec une ouverture de trois arcs. La façade sud est la mieux conservée, les peintures datent de 1537, on peut y admirer un bel arbre de Jessé, le siège de Constantinople. Ce monastère de religieuses peut accueillir et héberger des touristes pour une période de retraite . L’appel à la prière se fait en tapant avec un maillet sur une planche de bois de tilleul.

Nous avons le plaisir de retrouver soeur Lucia (84 ans) qui est la soeur des trois frères Morosan, les peintres et le prêtre, nous l’avions rencontrée en 1990, puis en 1991 avec Lucie, notre fille alors bébé de 6 mois, nous avons reconnu ses yeux intelligents et rieurs que nous avions aimé il y a 28 ans !

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Le monastère de Sucevita se découvre après une belle route de montagnes et le passage d’un col, il est bien conservé avec des remparts flanqués de tours pointues à chaque angle. Il fut achevé en 1601, ses peintures datent de 1595/1596, elles sont célèbres pour leur vert foncé. On remarque en particulier la représentation de l’échelle de Jacob appelée l’échelle des Vertus, c’est une scène en diagonale qui sépare symboliquement le chaos de l’Enfer de la quiétude du Paradis, et les trente étapes ou vertus que les mortels doivent franchir.

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Le monastère de Humor, est proche de Gura Humorului, nous y arrivons en fin d’après-midi, un peu fatigués par cette journée riche en visites. Ses remparts ont été détruits, seule une grande tour de 1641 subsiste. L’église date de 1530, elle a survécu aux incendies et aux divers pillages qui ont détruit les murailles, en particulier lorsque la Bucovine a été annexée à l’empire Austro-Hongrois, en 1775, les Autrichiens voulaient alors renforcer le catholicisme. C’est une petit édifice trilobé comme toutes les églises de Bucovine mais avec un exonarthex, porche à trois gros piliers. Les peintures sont à dominante rouge brique sur les thèmes classiques de la prise de Constantinople, de la vie de St Nicolas ou de scènes à la gloire de la Vierge Marie, le monastère lui est dédié.

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Mercredi 13 juin-Le Maramures Nous quittons la Bucovine pour prendre la direction du Maramures, en passant par Campulung Moldovenesc, ville située sur la rivière Moldova, c’était une ville autrichienne, depuis l’annexion en 1775 de la Bucovine par l’Empire Austro-Hongrois, jusqu’en 1918, où elle fut rendue à la Roumanie. Nous nous y arrêtons pour visiter le musée de l’Art du bois de 1936, fondé pour promouvoir les arts traditionnels en créant une école d’arts et métiers « flamme vivante dans la ville » il se trouve près de la cathédrale aux tuiles colorées. La ville était devenue industrielle, à l’époque communiste, elle s’appuie aujourd’hui sur le tourisme grâce au ski et aux randonnées dans les montagnes environnantes qui dépassent les 1800 m, aux belles forêts grâce à un écosystème préservé.

Nous suivons la route vers Vatra Dornei, ville thermale du temps des Hasbourg, de nombreux bâtiments de cette époque sont malheureusement en ruines, comme le casino de 1896. La route monte vers le col de Tihuta, 1201 m, en direction de Bistrita, dans les Carpates Orientales entre la Moldavie et la Transylvanie. Ce col est mentionné sous son nom hongrois de Borgo comme une localisation proche du château de Dracula, dans le roman homonyme de Bram Stoker, le héros s’y fait déposer par la diligence venant de Bistrita, il y croise des Tchèques et des Slovaques. Dans la réalité, il n’y a dans cette régions ni minorités tchèques, ni slovaques, ni château médiéval.

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Bistrita a conservé un quartier médiéval composé de maisons basses aux façades pastel, avec des ruelles moyenâgeuses, des cours communes entre les maisons, des églises évangéliques de style gothique, liées à l’occupation hongroise, un quartier renaissance avec des maisons à arcades , on pouvait différencier les corporations par un sceau, Bistrita était alors une ville franche, avec une foire annuelle et un blason « une autruche tenant un fer à cheval dans son bec », la ville est entourée de fortifications importantes avec 18 tours.


Notre incursion dans le Maramures sera très court et ne nous permettra pas de pénétrer loin dans cette région septentrionale de la Roumanie, près de l’Ukraine. Elle est composée de vallées isolées par la chaîne des Carpates au sud, avec de nombreux lacs d’origine tectonique. C’est un pays de forêts à la faune variée, parcouru par des trains à vapeur pour la récolte du bois, un pays minier (mines d’or). C’est un pays de traditions au passé rude, montagnard. Des portails en bois, monumentaux, accueillent les visiteurs, ce sont les « porti ardelenesti » aux motifs sculptés, rosettes solaires, cordages... C’est un pays qui a souffert, lors des diverses occupations étrangères de son territoire, ainsi que lors de la seconde guerre mondiale entraînant l’extermination des populations juives, ou l’internement des opposants au régime communiste ensuite. Nous allons découvrir un patrimoine particulier de la région : les églises en bois, expression locale de la civilisation montagnarde valaque des Carpates, elles étaient reconstruites tous les quatre ou cinq siècles, certaines ont des fondations en pierre. Huit églises sont inscrites au patrimoine mondial de l’Unesco

Ceux qui arrivent, avoir la paix. Ceux qui restent avoir la joie. Ceux qui partent avoir la bénédiction.

L’église St Nicolas 1720 de Bogdan Voda et ses symboles : le chandelier, le pigeon pour la paix, l’hirondelle pour l’aspiration, le rossignol pour chanter le nom de Dieu, les anneaux pour la vie.

L’église de Rozavlea, 1717, dédiée aux archanges Gabriel et Michel, restaurée par une équipe japonaise, l’intérieur peint dans sa totalité. On remarque que les jointures entre les planches de bois ont été comblées par des bandes de tissu.

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Visite du monastère reconstruit de Barsana, il existait au milieu du XIVè siècle une église sur la propriété de la famille princière des Dragos de Maramures, au XVIIè siècle l’existence du monastère y est avérée. En 1791, les biens du monastère sont confisqués par l’État autrichien et attribués au monastère catholique de Cernok, tandis que les moines orthodoxe se retirent à Neamt en Moldavie. Le monastère orthodoxe reste à l’abandon jusqu’à la fin du XXè siècle. La reconstruction commença en 1993, les premières religieuses s’installèrent en 1994, le monastère est entièrement reconstruit de façon traditionnelle en bois, même les chevilles sont en bois !

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Jeudi 14 juin-Vadu Izie/Cluj Napoca/Targu Mures La Transylvanie est une terre de diversité culturelle, les Daces, les Hongrois et les Saxons allemands y ont érigé leurs cités, leurs églises fortifiées, leurs villages typiques et différents. Nous quittons notre bel hébergement dans le Maramures et par une longue petite route de montagne, nous rejoignons un grand axe de circulation jusqu’à Cluj Napoca, centre économique et universitaire de la Transylvanie, fondée sur l’ancienne cité romaine Napoca. Compte tenu des ses trois grandes communautés différentes, de langue roumaine, hongroise et allemande, Cluj (Kolozsvar en hongrois) est une ville biculturelle, de confession protestante en grande majorité, le hongrois y est plus parlé que le roumain; c’est aussi une grande ville universitaire de renom, ouverte sur l’Europe. Les étudiants ont toujours joué un rôle important dans cette cité, il faut se rappeler que ce sont les étudiants de Cluj qui se révoltèrent contre le régime des Hasbourg en 1848. C’est aussi une ville industrielle (constructions de meubles). Nous déjeunons dans un restaurant hongrois, aux décors paysans traditionnels. Ensuite, visite de la cathédrale gothique Saint Michel du XIVè siècle, sauf le clocher reconstruit à la suite d’un incendie au XIXè, elle est passée du culte catholique, au culte protestant, puis retour au culte catholique.

Palais du XVIIIe siècle Matias Corvin 1er roi de Hongrie

Théâtre national

Cathédrale orthodoxe 1933 le révolutionnaire Avram Iancu brandit son sabre en souvenir de 1848

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Route vers Targu Mures, nous nous arrêtons pour visiter la mine de sel de Turda, la région était connue depuis l’époque romaine pour ses lacs salés et son thermalisme. La mine a toujours existé, à l’époque de l’Autriche-Hongrie les mines sont organisées en quatre exploitations souterraines qui reçoivent des noms princiers autrichiens (comme Marie-Thérèse ou Joseph II...). Le site est ouvert au public en1992, rénové en 2009, la visite touristique est inscrite dans tous les circuits.

Les cures thermales y sont recommandées, on trouve aussi dans la mine des salles de traitement, de sports, de théâtre...!

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Arrivée à Targu Mures, ville hongroise, dite ville des Sicules, descendants des Huns, mais pour les historiens plutôt des Magyars ou Hongrois, fermiers-soldats chargés de la protection des frontières au IXe siècle. La ville est belle, l’empreinte hongroise est évidente, en particulier autour de la grande place centrale, où se trouvent le Palais de la Culture, la cathédrale catholique, la cathédrale orthodoxe récente et des immeubles de style architectural hongrois dit « Sécession » (fin XIXe mouvement sécessionniste créé à Vienne, autour de Gustav Klimt) dans la variante dite « florale ».

Une agréable promenade à pied nous permet d’admirer Targu Mures.

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Vendredi 15 juin-Targu Mures/Sighisoara/Sibiu Sighisoara, fut fondée au XIIè siècle, par des Saxons sur une colline fortifiée auparavant par les gardes -frontières Sicules. Lors des invasions Tatars au XIIIè, la ville est sécurisée par des murailles construites grâce à l’argent des corporations (9 tours pour chacune d’elle) autour d’une citadelle perchée sur la colline, tandis que paysans et artisans peuplent la ville basse. Au XVè, un prince de Valachie s’établit à Sighisoara, Vlad II, appelé Dracul depuis son admission dans l’ordre de chevalerie du Dragon, il est chargé de lutter contre l’expansion ottomane. Son fils, Vlad III Tepes autrement dit« l’empaleur» était connu pour sa cruauté, aujourd’hui, il fait la publicité touristique de Sighisoara. L’écrivain irlandais Bram Stocker pour situer les aventures du vampire de son livre, a choisi la Transylvanie et a repris arbitrairement le nom du « Fils du Dragon » pour créer le personnage de Dracula. Sighisoara est une ville médiévale pleine de charme qui mérite son classement au patrimoine mondial de l’Unesco par ses remparts intacts, ses façades colorées, ses églises (catholique et réformée) et sa tour de l’Horloge du XVIIe siècle.

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La Tour de l’Horloge, 64m de hauteur, emblème de la ville, 1648. C’était la porte principale, précédée de barbacanes côté ville basse, composée de quatre étages, elle accueillait les assemblées de notables, c’est maintenant un musée d’Histoire. Côté ville haute (à midi, quatre petits personnages, deux femmes, l’une porte la balance, l’autre , l’épée, une fée et un tambourineur, la scène représente le jugement) Côté basse ville (à minuit, un tambourineur et un barbare).

Vlad III Tepes, l’Empaleur 1431/1476 fils de Vlad II Dracul, voïvode de Valachie chevalier de l’Ordre du Dragon fondé par Sigismond de Luxembourg, roi de Hongrie au XIVe siècle, Nous visitons sa maison de naissance, selon la légende, aujourd’hui, un restaurant.

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Biertan, église fortifiée de style gothique tardif 1493/1522, de type église-halle typique des églises construites en Roumanie, entourée d’une double enceinte. À l’intérieur, on remarque une belle chaire en pierre sculptée, les nervures des voûtes et surtout un beau retable de 1524 d’un certain Ulrich de Brasov.

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Arrivée à Sibiu ou Hermannstadt en fin d’après-midi, surnommée la « Petite Vienne », nous sommes ravis de découvrir cette ville dont le nom apparaît dans l’acte de décès de Michel Adolphe Preisser, l’aïeul de Jacques. Ce monsieur est né en 1791 à Rohrbach en Transylvanie, aujourd’hui Rodbav, Roumanie, il s’engage dans l’armée Française en 1819, comme musicien gagiste, il se marie avec une alsacienne, naturalisé en 1848, il devient professeur de musique, il décède en 1866 à Lorgues dans le Var. Nous n’avons que peu de renseignements sur sa famille saxonne en Transylvanie, mais il est certain qu’il a fait des études musicales assez poussées ,certainement à Sibiu, car il a composé en 1831 de la musique militaire reconnue et publiée . Nous visitons Sibiu ,en montant directement dans la ville haute où se concentrent la plupart des monuments, autour de trois places historiques peu éloignées les unes des autres, notre promenade commence par les remparts. Enfin, juste une partie car Sibiu était une ville protégée par quatre enceintes, la première englobait la ville basse, la tour de l’escalier du XIIIè siècle existe toujours, elle a été remaniée au XVIè, nous suivons une partie de la troisième enceinte avec ses trois tours bien conservées du XVè, reliées par des courtines de 10 m de hauteur, en particulier la tour des Potiers. Nous passons devant le théâtre Salle Thalia abritant l’orchestre philharmonique de Sibiu construit fin XVIIIè. Nous gagnons la Grand-Place « Piatra Mare » de forme triangulaire, les maisons sont bien restaurées et amusantes avec leurs petites fenêtres sur les toits, on dirait des yeux qui surveillent les passants, elles permettaient aux propriétaires d’échapper à une certaine fiscalité. De nombreuses maisons remarquables, colorées, mériteraient plus de temps.

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Sibiu est un véritable musée en plein air, maisons médiévales, immeubles baroques d'époque austro-hongroise, imposante église évangélique Sainte Marie, (1320/1520) avec sa tour de 73m, église catholique, cathédrale orthodoxe, nombreux musées : - Musée Brukenthal, superbe palais baroque que fit construire Samuel Von Brukenthal, seul saxon ayant occupé la charge de gouverneur de Transylvanie durant le règne autrichien... Musée d’histoire, Musée de la Civilisation traditionnelle en Roumanie ... Sibiu, c’est aussi des petites rues reliées par des escaliers, la Petite Place « Piata Mica » de forme biscornue, bordée de demeures médiévales et baroques et encore des musées...Elle est dominée par la Tour du Conseil, existante depuis le XIIIè , restaurée, son aspect actuel date de 1824. Le Pont des Mensonges, pont de fonte de 1859, d’après la légende, c’est ici que se font les promesses de mariage ,sans mensonge, sinon le pont s’effondre! Il enjambe une rue en pente qui dévale vers la ville basse. La place Huet est dominée par la cathédrale évangélique du XIVè siècle de type église-halle, elle a été remaniée au XVè en transformant les nefs latérales pour qu’elles soient à la même hauteur que la nef centrale, mais nous n’avons pas le temps de la visiter, c’est regrettable.

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La cathédrale métropolite orthodoxe (1902/1906) est imposante en briques, elle s’inspire de la basilique Sainte Sophie d’Istanbul, elle est entièrement décorée de peintures murales d’un artiste de Sibiu.

La cathédrale de la Sainte Trinité du XVIIIè a été construite par les Jésuites, à l’extérieur elle est assez sobre avec son clocher à lanternon, contrairement à l’aménagement intérieur baroque avec colonnes de marbre et stucs.

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Direction Sibiel, à 25 km, dîner et coucher chez l’habitant, nous serons répartis dans deux pensions différentes mais nous dînerons ensemble, l’orage menace, cependant la balade en carriole à cheval peut se faire et nous entrons au petit trot, dans ce petit village qui vit essentiellement du tourisme.

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Chez Christina et Irina, nous avons trouvé deux pensions différentes avec le même accueil simple et chaleureux, des chambres rustiques mais confortables. Le dîner a été copieux, composé de plats traditionnels, en particulier les « sarmales » feuilles de choux farcies à la viande de porc, et de la bonne « stuica » alcool de prunes. L’ambiance était joyeuse, particulièrement lorsque certains ont été invités à se vêtir de costumes transylvaniens.

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Samedi 16 juin-Sibiu/Château de Bran/Brasov Arrêt à la forteresse de Fagaras, important château des princes de Valachie durant les XIIIè et XIVè siècles, précédé par une construction en bois au XIIè, il devient la propriété de voïvodes successifs, en particulier Michel 1er le Brave, unificateur de la Valachie, de la Transylvanie et de la Moldavie en 1600, ce fut la période du renforcement des remparts et des douves. Au XVIè, le château est la demeure du prince Gabriel Bethlen qui fait des améliorations de style renaissance. Le régime des Hasbourg au XVIIIè le transforme en une caserne militaire, et au XXè l’État communiste en une prison pour les opposants et les dissidents. Les douves alimentées par les eaux de la rivière Olt affluent du Danube, ont été en partie transformées en lac, lorsque le rôle stratégique de la forteresse est devenu moins primordial, c’est à dire lorsque la frontière austro-hongroise a été décalée vers l’est à Brasov. La ville de Fagaras est un point important de départ pour les touristes qui désirent faire des randonnées dans les monts de Fagaras surnommés les « Alpes de Transylvanie » ou pour visiter les Églises fortifiées de Transylvanie, nombreuses dans cette région. Un parc est aménagé autour de la forteresse on peut y voir un monument à la résistance anticommuniste. Tout proche s’élève une cathédrale orthodoxe terminée il y a juste une dizaine d’années.

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Après la chute du communisme, la restauration du château de Fagaras commença, actuellement celle-ci est terminée pour 80%, on peut visiter 26 pièces, dont la salle du trône et un musée local

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Le château de Bran a la réputation d’être le château du comte Dracula, personnage fantastique inventé par l’écrivain irlandais Bram Stocker, ce qui est complètement faux et lié à l’imagination du romancier. C’est un château fort bien placé dans un col sur un rocher, un ancien point de garde et de passage de douane entre deux régions, la Transylvanie et la Valachie, sa belle architecture du Moyen-Âge est bien conservée malgré une restauration un peu éclectique. Sa première construction date des chevaliers Teutoniques, au début du XIIIè siècle, faite pour contrôler la route stratégique vers Brasov dans la passe de Bran. Le château appartient ensuite au roi de Hongrie Sigismond de Luxembourg, puis aux voïvodes Mircea 1er et Vlad 1er qui se disputent sa propriété. Au XVIè et XVIIè siècle, le château fait partie de la Transylvanie, il est en partie détruit lorsque sa tour poudrière explose en 1663, il est solidement reconstruit par les Habsbourg, ils en restent propriétaires jusqu’en 1920. Il devient alors, propriété de la maison royale de Roumanie, branche cadette des Hohenzollern, comme résidence d’été de la reine Marie de Roumanie très aimée de son peuple, épouse du roi Ferdinand, jusqu’à l’abdication en 1947 du roi Michel 1er fils du roi Carol II. Le château est confisqué par l’État communiste roumain et transformé en musée national. En 2006, au terme d’une longue procédure, le château de Bran a été rendu au descendant de la reine Marie, Dominique de Habsbourg, résidant aux États-Unis. La légende de Vlad III Tepes « l’Empaleur » dit Dracula est un « plus touristique » pour la Roumanie et surtout pour la Transylvanie.

La visite du château de Bran est à la fois charmante et décevante, beaucoup de monde, la vue sur les murailles est difficile, on les perçoit à travers la cime des arbres lorsqu’on grimpe le chemin pour accéder à son entrée. À l’intérieur, c’est un curieux mélange de rappels historiques à la gloire de la reine Marie, des différents princes anciens propriétaires et du légendaire Dracula. Le circuit organisé passe dans différentes pièces où sont exposés meubles, vêtements, tapis, armes et l’on trottine les uns derrière les autres, on monte des escaliers étroits, on passe par un passage secret, paraîtil, pour aboutir à une coursive donnant sur la cour intérieure et sur les toits couverts de tuiles vernissées.

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Brasov, en allemand Kronstadt (ville de la couronne) est située dans le pays de la Barsa, petite dépression au centre de la Roumanie encadrée par les Carpates et le mont Tampa. C’est une fondation saxonne, sa forteresse et ses bastions datent des Chevaliers Teutoniques, conduits par Hermann Von Salza, qui se sont installés à la demande du roi André II de Hongrie pour protéger ce carrefour important, des Tatars et des Turcs. Des découvertes archéologiques ont attesté l’existence plus ancienne de temples Daces, dans la montagne Tampa, au lieu dit « les Pierres de Salomon » Au XVIè siècle, la ville, métropole des Saxons de Transylvanie connaît un grand essor économique, grâce à sa position géographique sur la route entre la mer Baltique et Constantinople. Elle devient aussi le lieu d'un essor culturel par l’influence de la Réforme, soutenue par l’humaniste Johannes Honterus, avec la fondation du premier collège, et les premiers livres imprimés par le diacre Coresi. Brasov fut bombardé par l’Armée Rouge durant la Seconde Guerre Mondiale, en 1945, ses habitants d’origine saxonne furent déportés en URSS. L’État communiste changea son nom en Orasul Stalin (Ville-Staline) durant des années, des opposants se cachèrent dans la montagne, il y eut une révolte locale, en 1987 fortement réprimée. En 1989, Brasov fut la deuxième ville de Roumanie à se révolter contre le régime communiste après Timisoara. Suite à ces répressions, la ville reçue le titre de « ville martyre ». Le centre historique de Brasov est ramassé au pied du mont Tampa, une partie de ses fortifications a été conservée et la ville est organisée autour de sa grande place du Conseil.

Étienne le Grand (1457/1504) vainqueur des Turcs en Moldavie

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L’église Noire de Brasov « Biserica Neagra » est une église-halle (89 m de long, 65 m de haut, la nef et les deux transept de hauteur égale), de style gothique, dédiée à la Vierge Marie, catholique puis évangélique après la Réforme. Sa construction de 1389 ne fut achevée qu’en 1477 après une destruction importante due aux Ottomans. En 1689, un incendie ravagea la ville et en partie la cathédrale colorant de noir de suie ses pierres. L’église était entièrement peinte, les seules fresques qui ont résisté à l’incendie sont celles de la Sainte Vierge et de Sainte Catherine. Quarante-cinq corporations ont payé les tapis orientaux d’Anatolie qui décorent les stalles de l’église, son orgue du XIXè siècle de 4 000 tuyaux a été réalisé par un allemand, ce serait le plus grand de l’Europe de l’Est.

Petite sculpture en haut d’un contrefort, celle de l’apprenti de l’architecte.

Johannes Honterus prêcha la réforme en 1544.

Église orthodoxe Saint Nicolas XIVè de style gothique peintures murales d’origine, certaines restaurées.

En route pour Poiana, station de ski de Brasov, à notre arrivée à l’hôtel Alpen, dégustation de vins roumains... 48


Dimanche 17 juin-Brasov/Château Peles/Sinaia/Bucarest Route vers la vallée de la Prahova, surnommée « la Voie Royale »principale voie de communication entre la Valachie et la Transylvanie, trait d’union entre l’Europe et les Balkans et dans laquelle passe la principale voie ferrée de Roumanie et le train Orient-Express, jusqu’au château Peles à 60 km au sud de Brasov, près de la ville de Sinaia. Ce château a été commandé par le prince Charles de Hohenzollern qui deviendra le roi Carol 1er de Roumanie en 1881. Sa construction commença en 1876 et dura huit ans, suivant les plans de deux architectes allemands. L’aménagement intérieur a été réalisé par un architecte tchèque, dans un style néo-Renaissance allemand. Une centrale électrique fut construite sur les rives de la rivière Peles, faisant ainsi du château le premier d’Europe à disposer de l’électricité, de même l’installation du chauffage central rendait ce château confortable, même s’il a surtout servi de résidence d’été. Sur le même site furent construits les châteaux de Foisor et de Pelisor. Nous nous arrêtons en premier à Sinaia pour visiter le monastère fondé en 1695 par Mihail Cantacuzino après avoir échappé à une tentative d’assassinat, il avait fait un pèlerinage dans le Sinaï, à son retour il a fondé ce monastère qui est toujours en activité. Il se présente avec deux cours intérieures et deux églises la Biserica Vache (la vieille) date de 1695 et la Biserica Mare (la grande) de 1846. On peut visiter une bibliothèque conservant de précieux bijoux appartenant à la famille du fondateur ainsi qu’une bible en langue roumaine de 1668. Après la construction du château Peles, la ville de Sinaia devient une station touristique avec casino et villas du début du XXè siècle, lorsque le roi Carol 1er décide de venir régulièrement à Peles en villégiature. Aujourd’hui, entre résidences rénovées ou délabrées et immeubles modernes, les habitants de Bucarest viennent à Sinaia en week-end ou en vacances de ski

La Biserica Mare du monastère de Sinaia dédiée à la Sainte Trinité matérialisée par un cordon de céramique verte qui en fait le tour, caractéristique de l’architecture moldave, mais ici symbolique de la Sainte trinité ou de l’union entre les trois principautés (Valachie, Transylvanie et Moldavie).

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La Biserica Veche du monastère de Sinaia dédiée à la Dormition de Marie

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Le château de Peles comprend 160 pièces, une riche collection d’armes et d’armures, des candélabres de Murano, près de 2000 tableaux, différents salons et un curieux hall d’entrée avec un plafond verrière mobile. Quatorze essences de bois utilisées, marbres de carrare, tapisseries d’Aubusson, les riches matériaux, les différents décors sculptés et surchargés, racontent l’histoire et les passions de la famille royale. Les fresques et les vitraux s’inspirent de contes et de légendes allemands et roumains. Plus de 400 ouvriers et huit ans de travaux ont été nécessaires pour réaliser cette construction fastueuse et extravagante. Carol 1er et son épouse Elisabeth de Wied, désiraient que leurs invités passent de salon en salon dans des décors et des ambiances différentes. En 1945, lLe château est devenu la propriété de l’État communiste, il a été récupéré par le roi Michel 1er en 2006.

Le roi Carol 1er et sa femme Elisabeth n’ont eu qu’un enfant, une fille, Maria, morte de la scarlatine à 3 ans. Le neveu de Carol, Ferdinand accéda au trône. La reine Elisabeth était une femme très cultivée, elle parlait 7 langues. Elle était aussi musicienne et poète, sous le pseudonyme de Carmen Sylva.

Le roi Carol II devait succéder au roi Ferdinand, mais menant une vie dissolue son père désigna à sa place, son petit fils Michel pour la succession. Cependant ,au décès du roi Ferdinand en 1927, le futur roi Michel n’avait que 6ans. Un conseil assura la régence, après des élections législatives, on rappelle Carol II comme roi en 1930, il abdiqua en 1940 pour son fils Michel 1er, qui lui abdiqua en 1947.

Sur le même site, se trouve le château de Pelisor, résidence construite pour accueillir Ferdinand et la future reine Marie d’Édimbourg, neveu et successeur du roi Carol 1er en 1914. 51


L’après-midi, route des vignobles, nous sommes au niveau de la latitude 45°N c’est la même que Bordeaux, traversée de Ploiesti (ville de notre chauffeur) dans la région industrielle du premier puits de pétrole en 1856 et montée sous les averses vers l’exploitation viticole, petit manoir Conclu Urlateanu , 250 ha de vignes, visite de la cave...dégustation...

Arrivée à Bucarest, et dîner dans le quartier « le Petit Paris » suivi d’une balade nocturne

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Lundi 18 juin-Bucarest/Paris Visite du Palais du Parlement, c’est vraiment la DÉMESURE du style néoclassicisme stalinien La construction de ce palais commence en 1984 d’abord appelé la Maison du Peuple « Casa Poporului » à l’époque de Ceausescu (surface au sol 45 000m2, surface habitable 350 000m2, 1 100 pièces sur 12 étages), qui nécessite la destruction de 520 ha de la ville de Bucarest (1/5 de la superficie totale du centre historique), entraînant l’expulsion de 40 000 personnes. La coordination des 600 architectes et des 20 000 ouvriers est assurée par Anca Petrescu 35 ans. Tous les matériaux sont roumains, le projet coûte 40% du PIB du pays. Fin 1989, la « Maison du Peuple » n’est pas achevée à la chute de Ceausescu, le gouvernement provisoire décide tout de même de terminer sa construction, et change son appellation. Depuis 1994, le bâtiment abrite la Chambre des Députés, rejointe par le Sénat en 2004. La visite dure deux heures et ne concerne que 5% du bâtiment, on peut s’y perdre ! Notre guide local est charmant, efficace et plein d’humour

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Sur la Colline de la Métropole à Bucarest, se trouve le siège de l’Église Orthodoxe Roumaine. Depuis 1925, elle s’est déclarée autocéphale (indépendante de l’Église orthodoxe). Après l’effondrement de l’État communiste en 1989, l’influence de l’Église est devenue très importante en Roumanie. Les édifices groupés sur la colline sont de tailles, d’époques et de matériaux différents mais ils forment un bel ensemble. La Cathédrale Patriarcale a été fondée au XVIIe siècle par le voïvode de Valachie Constantin Serban Basarab, elle fait face au siège de la Métropole et à la résidence du Patriarcat.

C’est l’apôtre André, au premier siècle qui évangélisa la région de la Dobroudja. À partir du IVè siècle, lorsque l’empereur Galère d’origine dace décrète la liberté de religion, l’évêché de Tomis (Constanta) est élevé au rang de Métropole. L’Église orthodoxe roumaine se répartira dans les différentes régions pour devenir autocéphale reconnue en 1885. Actuellement 85% de la population est de religion orthodoxe.

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Quelques notes prises à la volée Change 50 euros = 228 Lei, salaire moyen 400 euros, Nicoleta 800 euros comme professeur, 1,30 euro l’essence, 1 euro le pain, 39 000 euros un appartement de deux pièces à Constanta, la retraite des hommes 65 ans, des femmes 62 ans. Universités d’État, 60% des étudiants, certaines sont payantes, aussi Universités privées, 2 mois de vacances du 15 juin au 15 septembre, 3 semaines l’hiver, 2 semaines à Pâques, pas de mercredi libre, l’après-midi réservé au gymnasium, congé parental 2 ans avec 80% du salaire. Taux de natalité très bas, un enfant par famille, 23 millions d’habitants en 1990, 22 millions en 2000, les Roumains partent à l’étranger environ 2 millions, 5 à 6 millions des habitants en Roumanie sont des personnes âgées; 87% Roumains, 6,5 Hongrois, 3% Gitans. Les Gitans ont été sédentarisés à l’époque communiste, dans des quartiers à la sortie des villages, avec obligation de se déclarer (naissance, travail) actuellement ils ont 3 à 5 enfants par famille, ils sont ferronniers, travail du cuivre, ils fabriquent des broderies métalliques pour décorer le toit des maisons, à Bucarest ils vendent des fleurs, ils sont musiciens. 87% des Roumains sont orthodoxes de rite grec, 5% sont protestants essentiellement luthériens, 4% sont catholiques, 0,6 sont musulmans surtout dans la Dobroujda. La Roumanie était un pays très industrialisé au temps du communisme, après 1990 toute l’économie a été privatisée, 60% de chômage entraînant une forte émigration. Les parents partis à l’étranger, les enfants ont été élevés par les grands-parents. L’agriculture roumaine dans les plaines du Danube est basée sur la culture extensive des céréales, le colza surtout pour le biogaz, l’élevage surtout ovins. Plaines 36% de la Roumanie, 70% seraient en culture BIO !!! Programme post-communisme de repeuplement des villages, aides financières diverses pour changer de voiture, rénover l’habitat, installer des éoliennes. Le problème des expropriations des terres agricoles au temps du communisme, depuis 15 ans un début de récupération de ce patrimoine, certains récupèrent jusqu’à 35 ha. Les plaques rouges sur les immeubles signifient que ces bâtiments ne sont pas construits suivant les normes antisismiques. Le pétrole et le gaz sont exploités en mer Noire, à seulement 10% des réserves estimées. Ceausescu est devenu président en 1967, ses-idées au début étaient bonnes, il voulait conserver les traditions, il ouvrit les frontières surtout avec la Chine et les Pays Arabes !!! Il voulait un « communisme démocratique », il a été adulé, les Occidentaux le regardaient avec un bon oeil surtout lorsqu’il a refusé de participer à l’intervention en Tchécoslovaquie avec les troupes du pacte de Varsovie, il reçu le général De Gaulle et Richard Nixon. Il a eu trois enfants, un fils, une fille mathématicienne, le plus jeune Nicolas a été maire de Sibiu et l’amant de la gymnaste Nadia Comaneci. Après les années soixante-dix, on a développé le culte de sa personnalité. Devant la dette extérieure, il a mené une politique de rationnement économique, de censure et de systématisation du territoire tout en lançant des projets pharaoniques à sa gloire. Dicton roumain : « le matin, pour moi, le midi pour mes amis, le soir pour mes ennemis » ou bien « le matin, déjeuner de roi, le midi , de prince, le soir, de mendiant ».

Impressions personnelles La Roumanie n’est pas une destination touristique très attractive, cependant on y trouve des paysages variés, un climat agréable en juin, une hôtellerie suffisante et de bons restaurants. Cela suffit-il ? L’histoire de la Roumanie est complexe, sa géographie aussi, le pays est grand, il faut du temps pour parcourir ses différentes régions et comprendre son évolution, le peuple roumain, lui aussi est complexe, sa latinité revendiquée intrigante pour nous de l’Europe de l’ouest, les déplacements de population liés à son histoire sont difficiles à comprendre, mais ont laissé des traces architecturales et culturelles évidentes. Lorsque le voyage est terminé, et que nous réfléchissons, il est nécessaire de relire les guides pour mieux ingérer les informations reçues. Notre guide Nicoleta a été brouillonne dans ses présentations, cependant il faut honnêtement reconnaître qu’elle a été complète dans ses informations. Pour nous, ce voyage a été l’occasion de retourner en Bucovine et de revoir des personnes chères à notre coeur car symboles d’un épisode de notre vie où nous avons participé activement à un projet humanitaire. Le Roumain est un être chaleureux et amical, francophile, souvent francophone, il est aussi de nature profondément religieux. Est-il prêt à mettre à plat tout son passé avec son rejet d’une partie de sa population saxons-hongroise, des juifs et des tziganes ? Une anecdote m’a touchée par sa gentillesse simple et spontanée : En sortant du Musée du Bois à Campulung, fatiguée je cherche du regard un endroit pour m’assoir, il y a un banc, une dame y est assise, elle me fait signe avec un sourire et essuie la partie humide du siège .avec un mouchoir pour mon confort. 55


Marie-Hélène, Combien de revues spécialisées, Combien de sites de tourisme, As-tu compulsé puis digéré, Avec ton légendaire dynamisme ? Tu es une fois encore, dans ce voyage L’organisatrice responsable Et attentionnée, avec ton bagage, Ta valise grise et ton sourire aimable ! Notre groupe a aimé avec un bon feeling, Repas copieux, gâteaux au chocolat, Hôtes confortables de bon standing, La bonne ambiance après un verre de stuica ! L’appréciation du beau Danube Vert, Des paysages et des nombreux monastères, Des musées et des églises fortifiées Je laisse à chacun sa propre liberté, Mais, je pense traduire la pensée De tous, et après t’avoir remerciée, En te disant, continue, cherche, élabore De nouveaux projets, on te suivra même au pôle Nord !

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Pour remercier Nicoleta, Louis a ĂŠcrit un subtil acrostiche !

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