De l'activation des délaissés urbains à une re-qualification de l'espace public

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c/ Des moments d’activation « Le projet existe au travers de règles d’engendrement qu’il se donne à lui-même. La procédure est une interrogation permanente sur la conception et la lecture de l’environnement. Le projet vise à faire émerger toute nouveauté possible pour l’architecture. L’architecture est entrée dans le territoire de l’instantané, […] Faire l’architecture, c’est faire apparaître »63. Ces règles, chacun se les fixe et avec, ses attractions. Pour Exyzt, « chaque intervention du collectif s’inscrit dans un contexte déterminé, prenant souvent la forme d’installations temporaires dans le cadre d’événement festif »64. Pour son projet de L’architecture du RAB, Exyzt veut à tout prix garder cette effervescence et réinterroger chaque jour la forme et les usages de son architecture : « Une tonne d’échafaudages par jour et par personne, c’est la quantité à ne pas dépasser pour rester réactif : pouvoir tout remballer en une journée. […] L’autonomie constructive est au cœur de la démarche du collectif »65. Ce projet prévoyait initialement de restituer le RAB à l’espace public, mais la pérennité d’un tel projet n’est possible que si l’activité reste. Dans le cas présent, l’appropriation par autrui n’a pas été persistante. Ces projets font sens par ce qu’ils font apparaître, mais pour qu’ils restent vivants il est nécessaire qu’ils soient investis par d’autres et bien que le temps de montage soit l’instant clé de l’activation, celui-ci ne dépasse que rarement les 15 jours. Lors de leur Détour de France, Etc, ne restait parfois qu’une semaine, comme cela a été le cas à Busséol, et sur leur blog, le commentaire d’une des habitantes résume bien l’idée: « Merci pour votre visite, vous nous avez laissé sur des envies de rencontres et des souvenirs de rire en commun. Un grand moment pour le village. A nous maintenant de faire vivre les projets entrevus…Isabelle »66. Si le relais n’est pas pris par les habitants en association ou collectivement, il y a de forte chance que le projet s’essouffle. Aussi il est de plus en plus fréquent de voir des projets se décliner en plusieurs chapitres ou opus.

Ce principe d’activation séquencée est commun chez tous les collectifs, mais ne prend pas toujours la même forme selon les projets. Il peut se concentrer sur un site, revenant régulièrement : C’est ainsi qu’Exyzt pour le projet Sur la place publique développe son projet en quatre chapitres. Etalé sur 2 ans, le collectif revient tous les 5 mois en moyenne pour passer à l’étape suivante. De la même façon, Etc. a fait un second opus à Saint-Etienne. Et à La Plage, Bruit du Frigo imagine une action pour chaque saison ; ce n’est que l’épisode de l’été qui intègrera Lieux Possibles 2. Mais le choix des épisodes peut aussi

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Alain GUIHEUX, Architecture Action, Une architecture post-théorique, Ed. Sens & Tonka, Paris, 2002, p. 41. Christophe CATSAROS, « Le collectif exyzt, communautés d’action », in D’A, n°192, Juin-Juillet 2012, p.7 § 2. 65 Idem, p.8 § 2. 66 Commentaire d’une habitant de Busséol, sur le blog du Détour de France, http://www.collectifetc.com/etape-busseolpremiers-jours/ 64

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