Revue DMA – POUR LE BONHEUR DE TOUS (Mars - Avril 2013)

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Kristin Harmel Tant qu’il y aurades étoile dans le ciel Emilia Di Massimo

C’est la première étoile que l’on cherche tous les soirs. Un rendez-vous quotidien vécu avec un étonnement toujours renouvelé. Le regard scrute le ciel pour trouver la première étoile qui consent à nous rappeler ce que nous sommes et d’où nous venons. Quand la mémoire commence à ne plus être aussi claire qu’avant, la première étoile lui fait retrouver chaque soir ses propres racines : “maintenant que le temps présent se fait confus et fragmentaire, il semblait que ce beau réservoir de souvenirs, fermé à clé depuis presque soixante dix ans, contenait les seuls moments de clarté que Rose avait encore à sa disposition. Parfois elle se demandait si par l’effort de l’oubli les souvenirs n’étaient pas demeurés intacts, comme l’on conserve des années durant un document dans un récipient hermétique et obscur pour éviter sa dégradation” Peut-être que l’on n’oublie jamais vraiment ce qui a été vécu intensément. On reste toujours en lien avec un temps intérieur où le désir le plus vrai que nous portions dans notre cœur exige d’être accompli, demande à être en adéquation avec une promesse lointaine. C’est vraiment ce désir qui permettra de déboucher sur un nouveau rêve où l’on se reconnaît inopinément parce que “personne n’a la vie qu’il attendait, c’est plutôt la manière dont on s’adapte à la question de savoir si l’on est ou non heureux”. Et cela arrive à la jeune Hope, unique petitefille de la vieille Rose, quand lui est confié quelque chose d’inattendu qui lui sera révélé en suivant une liste de noms inconnus et une recette : la recette des gâteaux au goût

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unique et reconnaissable entre tous, qui se vendent depuis des années dans la pâtisserie héritée de sa grand-mère. Celle-ci vivait désormais uniquement pour les jours où elle pouvait revenir en arrière dans le temps et revoir ceux dont elle s’était juré de ne plus jamais reparler”. Parce que c’était là que restait son coeur : elle l’avait laissé derrière elle, sur ces côtes étrangères tant de temps auparavant. Maintenant, alors que sa vue baissait avec le temps, elle comprenait que ça avait été une grosse erreur de tenter d’oublier alors que c’était cela la clé de son identité. Seulement maintenant il était trop tard. Elle avait tout laissé dans ce passé terrible et magnifique. Et elle serait ainsi restée pour toujours”. Rose, rescapée de l’Holocauste ; Rose, juive mais aussi catholique et aussi musulmane. Peut être est-ce cette triple appartenance aux religions, -appartenance à laquelle tant d’épisodes se réfèrent et par quoi ils s”expliquent-, qui serait le thème central du roman de Kristin Hamel, américaine passionnée d’écriture depuis son enfance. Et peut être que cela pourrait aussi constituer un point charnière du texte, sur lequel s’interroger : pourquoi les religions ne sont-t-elles pas mises sur le même plan ? En outre, le roman parle de l’Holocauste, mais pas de manière approfondie, la période historique tenant plutôt lieu de cadre de référence. Toute la nouveauté du récit consiste en la révélation d’un épisode historique méconnu d’une très grande partie de l’opinion publique : l’aide apportée par les Musulmans aux Juifs fuyant le nazisme ; c’est ainsi que le roman évoque -au-delà de la tristesse engendrée par l’Holocauste -la solidarité qui naît entre les gens

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