Les banques sous pression citoyenne

Page 52

impliquées fortement dans les secteurs à risques semblent avoir compris l'importance de se doter de politiques spécifiques. Si l'on peut donc saluer cet effort récent des banques de porter une attention particulière sur leur implication dans des secteurs identifiés comme sensibles, le contenu des politiques élaborées reste malheureusement, pour la plupart, décevant sur de nombreux points au vu des enjeux sociaux et environnementaux existants. Ainsi, beaucoup de politiques contiennent de nombreux termes très vagues, laissant la porte ouverte à des interprétations larges, qui ne permettent donc pas de réellement encadrer les financements et investissements avec des règles claires. C'est particulièrement le cas des politiques publiées par la Société Générale. Par ailleurs, plusieurs politiques ne couvrent que le financement de projet, laissant de côté les autres types de prêts ou assistance financière apportés par les banques, tels que les prêts généraux aux entreprises, le financement export, la gestion d'actifs, l'émission d'actions et d'obligations sur les marchés financiers, les activités de conseil. C'est par exemple le cas de la politique de BNP Paribas sur le financement du nucléaire, ou de Dexia sur l'énergie. A l'inverse, du point de vue du champ d'application, on observe certaines bonnes pratiques avec un certain nombre de politiques couvrant l'ensemble des activités et métiers des banques : c'est le cas notamment, pour toutes les banques, des politiques sur le secteur de l'armement, et de quelques autres politiques (politique sur l'huile de palme de BNP Paribas, politiques de Société Générale, certaines politiques de HSBC). Enfin, le manque de transparence des banques permet difficilement de juger des résultats de l'application concrète de ces politiques, et malgré la mise en place de celles-ci on apprend régulièrement que ces banques ont financé ou s'apprêtent à financer des projets apparemment contraires à leurs principes. Il serait impossible ici de commenter dans le détail et de façon comparée chacune des politiques des différentes banques, mais ce travail est réalisé régulièrement par les membres du réseau BankTrack, 50 notamment Les Amis de la Terre .

Recommandations 

Les banques doivent mettre en place des politiques exigeantes, spécifiques aux secteurs suivants : les industries extractives, les énergies fossiles, le nucléaire, les grands barrages, les forêts, l'agriculture, la biodiversité, la chimie, l'armement, la pêche.

Ces politiques doivent être associées à des politiques transversales sur la prévention des violations aux droits humains, la lutte contre le changement climatique, la protection de la biodiversité, la corruption et l'évasion fiscale.

Entre autres, les banques doivent respecter les recommandations de la Commission Mondiale des Barrages ; elles doivent refuser de soutenir l'énergie nucléaire, incompatible avec le développement durable. Pour les énergies fossiles, la politique doit être basée sur les meilleures pratiques internationales (notamment la non intervention dans les zones écologiquement ou socialement les plus menacées ou sensibles), le respect des recommandations de la Revue des Industries Extractives et, à terme, la réduction puis l'arrêt du soutien aux énergies fossiles.

50

Consulter le rapport de BankTrack Close the gap : benchmarking credit policies of international banks (2010), qui analyse les politiques de près de 50 banques internationales : http://www.banktrack.org/download/close_the_gap/close_the%20gap.pdf Consulter également le site des Amis de la Terre : http://www.amisdelaterre.org/-Normes-environnementales-et.html

52


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.