Béatrice Casadesus, catalogue Dévoilements, 2014

0-Béatrice CASADESUS-2 _CASADESUS 22 X 28 04/10/14 09:33 Page1

CASADESUS

Dévoilements...

à Juliette, à Lila, à Jean-Michel...

0-Béatrice CASADESUS-2 _CASADESUS 22 X 28 04/10/14 09:33 Page2

REMERCIEMENTS Le présent catalogue a été édité à l'occasion de l'exposition Béatrice Casadesus, Dévoilements présentée au Musée barrois et à l'espace Saint-Louis à Bar-le-Duc du 14 juin au 21 septembre 2014 Commissariat :

PHILIPPE LERAT , Université de Lorraine / Expressions ÉTIENNE GUIBERT , attaché de conservation du patrimoine, responsable du Musée barrois

CASADESUS Dévoilements...

L'exposition et le catalogue qui l'accompagne n'auraient pu aboutir sans le soutien et l'aide précieuse des personnes suivantes. Qu'elles trouvent ici l'expression de toute notre gratitude : Les auteurs : MAURICE BENHAMOU , MICHEL ELLENBERGER

BERTRAND PANCHER , président de la Communauté d’Agglomération Bar-le-Duc Sud Meuse, député-maire de Bar-le-Duc GÉRARD FILLON , vice-président délégué à la Culture JEAN ERRARD , président de l’association Expressions JEAN-PIERRE HELAS , vice-président NATHALIE YUNG , directrice La galerie JEAN-JACQUES DUTKO , Paris La galerie GIMPEL ET MÜLLER , Paris L’ensemble des photographes cités aux crédits photographiques LAZLO LICATA , auteur du film consacré à Béatrice Casadesus Les équipes d’Expressions, du Musée barrois et de l’ensemble des services de la Communauté d’Agglomération Bar-le-Duc Sud Meuse

CATALOGUE D’EXPOSITION MUSÉE BARROIS / ESPACE SAINT-LOUIS BAR-LE-DUC 14 JUIN / 21 SEPTEMBRE 2014

Maurice Benhamou Michel Ellenberger Étienne Guibert Philippe Lerat

Nos partenaires financiers :

CONSEIL GÉNÉRAL DE LA MEUSE CONSEIL RÉGIONAL DE LORRAINE COMMUNAUTÉ D’AGGLOMÉRATION BAR-LE-DUC SUD MEUSE VILLE DE BAR-LE-DUC

MUSÉE BARROIS / EXPRESSIONS SERGE DOMINI ÉDITEUR

0-Béatrice CASADESUS-2 _CASADESUS 22 X 28 04/10/14 09:33 Page4

UN TRAVAIL AU SERVICE DE LA LUMIÈRE ET DE LA COULEUR

UN ACTE GÉNÉREUX ET VIVIFIANT POUR TOUS

Depuis de nombreuses années maintenant, l’art contemporain occupe une place de choix au sein de la vie culturelle de notre territoire. Aux côtés de l’Action Culturelle du Barrois qui coordonne de nombreuses initiatives dans le domaine du spectacle vivant et des arts plastiques, d’autres institutions et associations œuvrent pour mettre en contact les habitants avec les créations artistiques les plus récentes.

Le Musée barrois et l’association Expressions en sont deux acteurs importants.

Créée en 1963 pour participer au développement de la vie associative et culturelle de la Meuse, Expressions accompagne et enrichit la formation des animateurs associatifs. Elle soutient leurs projets techniquement et artistiquement.

Ces deux structures partagent la caractéristique d’être implantées au cœur de l’ancienne enceinte castrale dans des lieux chargés d’histoire. Animée par l’association Expressions, la chapelle néo-gothique sert d’écrin depuis vingt ans à des expositions d’artistes vivants. Mettant avant tout en valeur les œuvres du patrimoine dont il assure la conservation, le Musée barrois, non loin de là, s’ouvre légitimement depuis son origine aux arts de son temps : certes, pour créer des ponts avec les œuvres du passé, mais davantage pour convier le public à la délectation.

Il est heureux que de cet ancrage historique, identitaire à ces deux lieux, découle aujourd’hui un projet porté en commun autour de l’œuvre de Béatrice Casadesus.

Habiter les lieux, aussi anciens soient-ils, les révéler par un langage plastique qui lui est propre, tels sont les moyens de Béatrice Casadesus pour investir, sans s’imposer, montrer sans démontrer. L’artiste semble aujourd’hui rompue à cet exercice, après avoir ainsi empli de ses œuvres des lieux aussi chargés d’histoire que le Monastère royal de Brou ou l’abbaye de Port-Royal des Champs.

Néanmoins, l’expérience est chaque fois nouvelle.

En 1994, Expressions s'empare avec gourmandise de la chapelle Saint-Louis et la transforme en un lieu repéré, le centre d'art espace Saint-Louis, qui accueille peintres, sculpteurs, plasticiens, photographes, céramistes... À ce jour, 140 expositions ont été organisées et 200 créateurs ont pu s'y exprimer.

Expressions prolonge l'accueil de ces artistes par l'achat d'œuvres.

Ce patrimoine aujourd'hui très important permet la réalisation d'expositions décentralisées, souvent ambitieuses, à partir de choix thématiques, pour le monde éducatif et le public éloigné des lieux culturels.

Pour réussir cette ambition artistique, des bénévoles passionnés animent Expressions au bénéfice du territoire meusien.

Au nom de toute cette équipe que j'ai le plaisir de représenter, je remercie chaleureusement Béatrice Casadesus qui a accepté notre invitation au côté du Musée barrois. Durant tout cet été, elle expose son œuvre pictural et graphique dans le musée et offre dans notre espace une installation originale in situ.

Un acte généreux et vivifiant pour tous.

JEAN ERRARD Sans fusion ni confusion, les propositions des deux lieux d’exposition se complètent l’une l’autre : installation spécifique à l’espace Saint-Louis à partir d’une œuvre des collections du musée, monstration des peintures et dessins au sein des espaces d’expositions temporaires du Musée barrois. Ces regards croisés, qui nécessiteront sans doute plusieurs allers-retours, permettent de mieux cerner la complexité d’un travail au service de la lumière et de la couleur. Au-delà des liens institutionnels, Béatrice Casadesus nous convainc, pour notre plus grand plaisir, que patrimoine, architecture et création contemporaine sont faits pour s’entendre, se dévoiler mutuellement.

Espérons que cette collaboration n’est que le prélude à un renforcement des liens entre les institutions culturelles de notre territoire.

BERTRAND PANCHER Président de la Communauté d’Agglomération Bar-le-Duc Sud Meuse Député-maire de Bar-le-Duc

Président d'Expressions

0-Béatrice CASADESUS-2 _CASADESUS 22 X 28 04/10/14 09:33 Page6

DEUX LIEUX COMPLÉMENTAIRES ENTRENT EN DIALOGUE Deux lieux patrimoniaux de Bar-le-Duc s’unissent pour proposer au public l’exposition Dévoilements autour de l’œuvre de Béatrice Casadesus. Nous sommes heureux d’offrir conjointement un espace à l’artiste lui permettant ainsi de déployer les différentes facettes de son œuvre.

Résolument contemporaine, Béatrice Casadesus n’exclut pas un dialogue avec les œuvres du passé. Après une visite dans les collections du musée, elle s’est arrêtée sur la toile du XIXe siècle de Louis-Charles Timbal et a souhaité qu’elle serve de support à son dispositif dans l’espace Saint-Louis. Ainsi par son travail, deux lieux complémentaires entrent en dialogue. Aussi volontairement que malicieusement, c’est dans le lieu dévolu à l’art contemporain qu’est exposé le tableau du musée et c’est dans l’espace consacré au patrimoine que sont présentés les travaux les plus récents de l’artiste.

La peinture en dispositif présentée à l’espace Saint-Louis ne peut se comprendre qu’à la lumière des œuvres exposées au musée. Là, nous avons souhaité offrir au public un parcours qui permet d’entrer progressivement dans l’intention plastique de l’artiste. Loin de trouver une présentation chronologique, l’accrochage en trois salles laisse les œuvres interagir. Dès l’entrée, nous proposons une immersion dans la peinture où la variation de la lumière s’exprime par la technique pointilliste appliquée à différents formats. Le visiteur attentif peut en saisir le sens et la profondeur dans sa découverte des œuvres d’arts graphiques de la seconde salle. La troisième salle enfin, propose un travail en série mariant œuvres simples et en diptyque autour de la notion de fugue de la couleur.

La fluidité exprimée dans ses œuvres récentes se radicalise dans le dispositif présenté à l’espace Saint-Louis où l’artiste entre en dialogue avec l’architecture néogothique. Œuvre ancienne et intissés mettent en résonance architecture, couleur et lumière. Dans les lieux très ouverts de l’ancienne chapelle, papiers froissés, peintures en rouleaux et intissés se déploient dans l’espace. En investissant une nouvelle fois un lieu historique, Béatrice Casadesus montre l’intérêt qu’elle porte à l’environnement de ses œuvres. Loin d’être uniquement des supports, murs, pleins et vides sont intégrés à son œuvre ; ils la constituent.

Aussi invitons-nous le public à circuler dans les espaces de l’exposition et mettre en écho les différentes œuvres qui la composent. Nous espérons que l’ensemble de ce parcours permettra à chacun de vivre une expérience sensible aussi intense que celle que nous avons ressentie à voir et à disposer ces œuvres.

ÉTIENNE GUIBERT PHILIPPE LERAT Commissaires de l'exposition

PRESSIONS / IMPRESSIONS Maurice Benhamou page

8

LA PLÉNITUDE DU REGARD Michel Ellenberger page 13 L’ESTAMPILLE DE L’INFINI Philippe Lerat page 14

ŒUVRES GRAPHIQUES

page 21

EMPREINTES

page 33

PEINTURES

page 57

PEINTURES EN DISPOSITIF

page 81

PEINTURES DÉVOILÉES Étienne Guibert page 82 VOILER / DÉVOILER L'ESPACE... Béatrice Casadesus page 92

LIVRES D’ARTISTES

page 99

PRINCIPALES EXPOSITIONS BIBLIOGRAPHIE

page 107

0-Béatrice CASADESUS-2 _CASADESUS 22 X 28 04/10/14 09:33 Page8

PRESSIONS / IMPRESSIONS PEINTURES RÉCENTES DE BÉATRICE CASADESUS « L'exigence d'absolu doit être la même dans toutes les directions où l'on œuvre » enseigne Paul Klee au Bauhaus.

Ce principe règle le travail de Béatrice Casadesus. Aussi bien ce qui, chez elle, initie une nouvelle œuvre n'est pas l'idée d'une forme mais celle d'un outil ou d'un matériau. Ou, dans une direction moins visible, l'intuition d'un « faire » particulier qui impliquerait une création de moyens. La vraie question qu'elle se pose, très en amont de la réalisation du tableau, est celle du « comment ? » jamais du « quoi ? ».

Cela suppose que les outils deviennent agents d'un processus et voués à lui seul.

Ils ne sont outils que pour une certaine pratique. Autrement, ils sont un papier d'emballage, un morceau de bois, ou n'importe quoi d'autre.

De même pour le support, qui ne peut plus être conventionnel comme il le fut pendant des siècles. Le travail de Béatrice Casadesus ne saurait courir le risque d'illustrer une tradition, fût-ce sous l'un de ses aspects, sans affaiblir la force de l'interrogation qui le fonde.

La rencontre jadis de tarlatanes qu'elle utilisait, « outilisait » à vrai dire, comme filtres lui permit de créer à l'aveugle un second tableau subtil au revers du premier. De récentes périodes de son œuvre, celle des rouge et or par exemple font appel à un matériau moderne, l'intissé, fine couche de PVC destiné aux revêtements muraux offrant une qualité plastique qu'il ne se connaissait pas : son aptitude à exprimer la différence d'intensité des pressions ou les écrasements de la couleur en même temps que sa porosité. Il offre à l'oeil des sensations tactiles.

Les toiles de lin de la période actuelle des Pressions / Impressions, avec des bleus, des ors, des irisés, des jaunes souvent en très grands formats, l'ont attirée, car au croisement des fils de trame et de chaîne, de fines saillies viennent jouer en contrepoint entre les traces des bulles de « pack », assurant la participation active du matériau.

Le terme d'Impressions ne se réfère pas à l'effet qu'une cause quelconque, par exemple un soleil levant, produit sur notre sensibilité, mais à une acception tout à fait concrète, l'action d'exercer une pression sur quelque chose ou de tirer des empreintes d'une surface qui offre des saillies. C'est d'ailleurs le caractère concret qui explique le mieux ce travail. Lui encore qui montre la distance qui le sépare de l'impressionnisme : la même qui distingue le réel de l'illusion.

Mais, allant beaucoup plus loin, c'est l'être même du support que questionne Béatrice Casadesus.

Tous les tableaux traînent avec eux un cadavre que le peintre dissimule de son mieux : panneau, carton, toile recouverte de gesso, une matière plâtreuse qui désolidarise la couche de peinture de son support pour mieux éviter l'absorption intempestive de la couche peinte.

Renversement épistémologique. Ce n'est plus le support qui risque d'absorber la peinture, autrement dit le mort qui puisse saisir le vif, mais le vif qui revitalise le mort en l'absorbant au contraire. Plus de support c'est à dire plus de fond. Ce qui devait supporter l'œuvre devient l'œuvre même. Qu'est-ce qui supporte l'ancien support devenu œuvre ? Rien ! Le mur. Et encore, pas toujours. La liberté de la création est sans limites si elle veut être l'absolu de Klee. Le support ressuscité devient léger, imprévisible, aussi insaisissable que le souffle de la vie.

L'intissé une fois peint puis découpé en fragments, monnaie de libération, circule.

Flâneries du regard dans l'étroit atelier qui ouvre sur un jardin ; la peinture, à ce

8

ELLE NE VOIT PAS MAIS ELLE SAIT CE QU'ELLE CRÉE. LE MIRACLE QU'ELLE OBTIENT EST D'ÊTRE TOUT ENTIÈRE, CORPS ET ÂME, DANS UNE ŒUVRE QUI DEMEURE POURTANT ABSOLUMENT IMPERSONNELLE.

C'EST L'ÊTRE MÊME DU SUPPORT QUE QUESTIONNE BÉATRICE CASADESUS.

moment, prend l'air. Littéralement s'en empare. Les bulles de couleurs en foules, migrent de la toile, nomadisent vers des verres, des miroirs, d'improbables objets, colonisent la table à thé de plexiglass au point que celle-ci, assaillie, enivrée de leur champagne, se désintéresse de ses fonctions ancillaires et se métamorphose en une sculpture irisée.

Rencontre d'un outil, le bull-pack à grosses bulles. Elle n'a cessé pourtant depuis bien des années de l'avoir sous les yeux et même de l'utiliser. La rencontre est l'idée d'un nouvel usage. Après en avoir enduit les saillies de peinture bleue, elle plaque ce nouveau « pinceau » sur le matériau. C'est la main, parfois même le corps entier, qui exerce ici ou là des pressions, des relâchements, des frottements.

Avec le sentiment non seulement de créer mais de sécréter elle-même physiquement l'œuvre, elle joue de l'élasticité des bulles et de la réceptivité de l'intissé ou du lin, recommence l'opération avec un « bull » chargé d'or.

Elle ne voit pas mais elle sait ce qu'elle crée. Le miracle qu'elle obtient est d'être tout entière, corps et âme, dans une œuvre qui demeure pourtant absolument impersonnelle. Nulle trace directe d'un geste nous renvoyant à un univers psychologique qui sent toujours un peu le renfermé et limite l'ambition de l'art.

L'on pense aux Anthropométries. Yves Klein dirigeait des femmes enduites d'IKB qui se plaquaient elles aussi contre la toile comme si la pratique de « pinceau vivant » ne pût être que leur apanage et qu'elles dussent être liées à cette parturition esthétique. Il accompagnait cette action d'une interprétation de sa « symphonie monoton ». Béatrice n'a nul besoin, pour faire ses « monochromes ponctués », de ce soutien orthopédique, elle porte en elle la musique.

Là, le vide demeure spatial, extérieur, « éternel ruissellement du dehors » dont parle Blanchot.

Ici, au contraire, le vide matériel des bulles avec sa souplesse et sa tactilité devient le véritable outil ; non un vide de l'espace mais une épreuve physique du vide dont l'espace ne fait que porter l'empreinte.

Là, fascination, élan. Ici, expérience concrète du vide. Mais enfin, il y a le bleu de Giotto. Yves et Béatrice ne pensent qu'à lui. L'on n'approche pas complètement leurs œuvres si l'on oublie Giotto envers lequel Yves a toujours reconnu sa dette.

Autres rapprochements.

Béatrice Casadesus, lorsqu'elle achève son travail de pressions / impressions, arrache la feuille qui lui a servi à cette phase. Celle-ci se décolle dans un crissement aigu et prolongé, une sorte de cri, comme si cet arrachage fût aussi un arrachement. Dans ce cri, la peinture se dévoile, se révèle au peintre lui-même comme une « aléthéia », un dévoilement de la vérité. L'œuvre conservera toujours dans toute sa fraîcheur, et l'on ne sait comment, le surgissement de cette vérité en peinture. Vérité impersonnelle. Sensibilité désindividuée. Le tableau témoigne avec exactitude de ses causes directes, les saillies, les pressions ; les causes secondes demeurent toujours lointaines et conjecturales.

Mais l'étrange violence de la mise au monde se poursuit. Le peintre, emporté par l'enthousiasme obscur de la création, gifle de bleu, de loin, à toute volée, face à face, sa toile, introduisant parmi les grilles d'empreintes, la liberté déchaînée des surcharges, désordres, aspersions, coulures. Yves, jadis, armé d'un lance-flammes de 40 kilos s'en prenait aussi à sa toile de loin, dans la brutalité très ambiguë de l'inspiration.

Pourtant, si tous deux peignent des monochromes bleus (entre autres) ceux-ci se révèlent d'essence toute différente.

Le caractère transcendantal de l'art de Klein s'oppose à la nature totalement immanente du travail de Béatrice qui naît au plus intime de son être. Cette différence apparaît de façon tranchée dans leur approche de l'espace.

9

0-Béatrice CASADESUS-2 _CASADESUS 22 X 28 04/10/14 09:33 Page10

Les grands lés imprégnés de couleurs nuancées emplissent l'espace de l'église de Brou. Béatrice en a saturé par frottage presque deux mille mètres. Ils occupent la largeur et presque toute la hauteur de la nef.

On ne sait comment, est-ce grâce à la lumière versicolore venue d'un très haut vitrail ou à leur propre fluidité, ils conservent bien que secs, diffusent même, une humidité peinte qui adoucit l'austérité ambiante.

Ils introduisent la démesure dans l'architecture gothique rigoureuse. Par leur chute vertigineuse ils rendent bien plus sensible l'aspiration de l'édifice vers le haut. L'espace tout entier en frissonne. Yves Klein disait de façon visionnaire : « Je prévois que la manière de visiter l’espace, plus loin, infiniment plus loin que notre univers solaire sera non pas par des fusées, mais par imprégnation. » Il faut se trouver physiquement devant un monochrome IKB et surtout devant l'Obélisque de la Concorde éclairée de bleu (essai réalisé sans autorisation le jour de l'exposition du Vide et qui sera repris bien plus tard) et devant l'installation de Brou (non devant leurs photographies) pour éprouver comment leur traitement de l'espace par imprégnation est à la fois, pour les raisons que nous avons déjà dites, le plus proche dans le champ de la peinture et le plus éloigné dans son essence.

Action extérieure, action intérieure : l'éclairage de l'obélisque se faisait par des faisceaux venus du sol qui accompagnaient l'élan de la colonne. Les toiles de Béatrice recueillaient au cœur de l'église, le jaillissement gothique, pour le retourner, le reconduire vers l'intériorité.

Comment la peinture est-elle venue à Béatrice ? Comme une planche de salut sur laquelle dériver loin de la pression d'un milieu familial de comédiens et de musiciens. Mais sur son radeau ivre, elle emportait, passagers clandestins, théâtre et musique.

Il y a dans l'œuvre de Brou une profondeur de grand opéra. Et les grands rouleaux de peinture verticaux pourraient bien se trouver quelque jour mis en scène par Bob Wilson.

On ne peut pas dire que l'œuvre fasse une référence explicite à la musique. Les expériences musicalistes de la peinture, Charchoune, dans les années 50, interprétant en peinture un concerto pour clarinette de Weber ou une musique de Bach, ne pouvaient mener à rien. La peinture ne peut avoir comme objet qu'elle-même.

Béatrice n'a jamais pensé prendre la musique pour objet, elle en est elle-même constituée. Sans qu'elle en ait conscience, il y a toujours dans ses œuvres deux instances, l'une, celle de la peinture, concrète, externe, liée à l'espace, l'autre, celle de la musique, sourdement interne, liée au temps, source des rythmes et des intensités. Mais si l'on s'engage sur cette voie, l'on découvre bientôt combien ce travail plastique se fonde sur le contrepoint. Ces myriades de bulles ou de particules ont chacune, souvent, son double de vide ou d'ombre claire faisant bouger la bulle peinte qui semble l'avoir engendré. À moins que ce ne soit l'inverse. Scissiparité par les ombres. Les plus vides s'attirent, s'anastomosent en buées.

Oscillations perpétuelles dont ne peut apparaître que l'immobilité.

IL Y A DANS L'ŒUVRE DE BROU UNE PROFONDEUR DE GRAND OPÉRA. ET LES GRANDS ROULEAUX DE PEINTURE VERTICAUX POURRAIENT BIEN SE TROUVER QUELQUE JOUR MIS EN SCÈNE PAR BOB WILSON.

Certes, la finalité est toujours celle d'une émotion de peinture mais on ne peut s'empêcher de penser que cette confluence de deux formes d'art différentes donne à cette œuvre une originalité unique.

Sentiment de bleu, le bleu de Klein. Celui de Béatrice tout entier dans la sensibilité, mais complexe, celle-ci, tressée de deux qui s'embrassent et s'ignorent.

MAURICE BENHAMOU PEINTURES SANS FIN 1996. Acrylique / intissé H. 236 / diam. 35 cm

10

0-Béatrice CASADESUS-2 _CASADESUS 22 X 28 04/10/14 09:33 Page12

LA PLÉNITUDE DU REGARD Dans ses œuvres, Béatrice Casadesus capte l’énergie de la lumière. Elle saisit la vie dans la dynamique de son élan vital, non dans son incarnation en une forme saillante, ni dans une particularité qui viendrait en troubler l’harmonie générale.

Cette vie anime ses mues où la couleur déborde hors des limites de son support.

Elles pourraient évoquer le mouvement perpétuel des nuages qui se forment et se déforment, tout en étant immobiles, tels les vagues de l’océan sur la ligne lointaine où le ciel rejoint la mer. Rencontre de deux espaces illimités, où affleure le sentiment de l’infini…

INFINITO. TEL EST LE NOM QUE L’ARTISTE DONNE À SES PEINTURES SUSPENDUES DONT LA FACE PEINTE APPELLE LA PLÉNITUDE DU REGARD.

Infinito. Tel est le nom que l’artiste donne à ses peintures suspendues dont la face peinte appelle la plénitude du regard. Elles se regardent à la fois de loin et de près.

De loin, l’œil glisse sur leur surface qui réunit couleurs, transparence et translucidité ; de près, il plonge dans la richesse d’un microcosme d’une densité dépourvue de toute pesanteur, celle du tout.

Ces jeux de la lumière et de la matière accompagnent les recherches de l’artiste qui ne cesse d’explorer les matériaux qui modulent le filtrage, l’absorption et la dispersion des couleurs, aussi bien que la transparence, la translucidité ou l’opalescence des supports. Son minutieux travail artisanal est un lieu de rencontre de la nature et de la culture.

L’œuvre de Béatrice Casadesus offre à notre regard le réel dans son surgissement élémentaire en tant que pur visuel, avant même que les sensations se soient figées en images d’objets visibles.

MICHEL ELLENBERGER

BLEU OR. SUITE INFINITO / détail 2013. Acrylique / toile de lin 200 x 140 cm

13

0-Béatrice CASADESUS-2 _CASADESUS 22 X 28 04/10/14 09:33 Page14

L’ESTAMPILLE DE L’INFINI « La peinture lamente dans ses activités que tout soit perdu à la vue » Jean-François Lyotard Les œuvres que Béatrice Casadesus expose à Bar-le-Duc sous le titre générique de Dévoilements frappent par la diversité de leur support. On y rencontre la toile, le papier, l’intissé. L’œuvre, éprise de liberté, ne se laisse pas enfermer. Derrière cette dispersion apparente, se manifeste l’intention centrale qui traverse toute l’œuvre et lui donne son unité : piéger la lumière.

L’ŒUVRE, ÉPRISE DE LIBERTÉ,

Dans ses œuvres graphiques comme dans sa peinture, l’artiste s’inscrit dans la filiation de Seurat par la rupture de la ligne et du contour. Dans les dessins, si elle en retrouve le geste et la technique, c’est pour aller plus loin. L’esprit est ici plus minimaliste et le dessin s’affranchit de toute représentation, de toute référence à l’objet. Frotter la mine de plomb sur une feuille, c’est en révéler le grain, c’est faire apparaître mille points. Seule la variation d’intensité va créer la forme. Certains dessins semblent prolonger Seurat en conservant une sorte de présence indirecte, en proposant comme un détail agrandi que l’on chercherait presque à replacer dans le dessin original. Cette pratique peut être interprétée dans les deux sens : elle révèle en Seurat une dimension abstraite, elle annonce chez Béatrice Casadesus une ouverture vers quelque chose d’incertain et de non arrêté. Chaque dessin est une manière de capter la lumière, de construire un filtre lui permettant d’affleurer.

Certains dessins ont d’ailleurs des titres qui renvoient explicitement à la variation lumineuse : Brume, Brouillard, Smog.

L’INTENTION CENTRALE QUI

NE SE LAISSE PAS ENFERMER. DERRIÈRE CETTE DISPERSION APPARENTE, SE MANIFESTE TRAVERSE TOUTE L’ŒUVRE ET LUI DONNE SON UNITÉ : PIÉGER LA LUMIÈRE.

Les œuvres graphiques de l’artiste comprennent aussi des séries de petits formats carrés où la mine de couleur est le médium. La finesse de l’exécution traduit les subtils passages d’une couleur à une autre, d’un ton à un autre ou encore les mille nuances d’un ton. Rien à voir cependant avec un nuancier, ce qui fixe le regard c’est ici la respiration même de la couleur, la recherche de son intensité rendue possible par l’affleurement des grains de la feuille de papier. Ce sont des séries non pas au sens où il y a un ordre de lecture mais au sens où l’identité de technique et de format scelle la variation. Ces petits formats manifestent une filiation avec la peinture de Marc Rothko dans la recherche d’une présence de la lumière et de la couleur, dans la volonté aussi de déterminer un sens de lecture, la partie haute étant toujours la plus sombre. La lumière s’y annonce, rien d’autre.

Discrètement, les dessins montrent un geste neutre dans le frottement des mines sur le papier. Ce geste neutre, la peinture le conserve en le radicalisant. Comment ?

Par l’empreinte. Ce procédé n’est pas indifférent. C’est comme si entre le corps de l’artiste et le support, il y avait un intermédiaire, un filtre garantissant une homogénéité de la trace. Les points, déjà présents dans les œuvres graphiques, sont comme agrandis. Toute la peinture de Béatrice Casadesus se caractérise par l’effacement de la touche.

L’outil est sensiblement toujours le même : la feuille d’emballage plastique à bulles.

Il permet un report mécanique de la couleur sur le support. Il ouvre à des variations en fonction du diamètre des bulles. Le matériau est suffisamment souple pour autoriser plusieurs découpes dans des formats qui permettent la migration sur tout type de support : toile mais aussi papier, plexiglas, objets divers. Il peut alors jouer avec la plus ou moins grande porosité des surfaces ou leur translucidité. Le choix de l’outil, par son caractère nomade, conjugue empreinte et goût de liberté. On est presque dans un jeu d’enfant. Quoi de plus impersonnel, de plus mécanique que l’application méthodique et sans cesse réitérée de ces feuilles de plastique sur un support ? Il semble ne pas y avoir de place ici pour les états d’âme ou pour un quelconque expressionnisme.

14

SÉRIE EMPREINTES / détail 1991. Acrylique / papier népalais 50 x 35 cm

0-Béatrice CASADESUS-2 _CASADESUS 22 X 28 04/10/14 09:33 Page16

La variation mécanique de l’empreinte produit un infini de même nature, toujours un peu rigide. Pourtant, le contraste que l’on constate entre la forme mécanique, répétitive de l’empreinte et l’accroche des œuvres au regard est saisissante. Au lieu d’œuvres banales et sans surprises, on est en présence de peintures subtiles, proches mais non identiques, souvent surprenantes dans leur économie de moyens. Des effets de profondeur, un jeu entre le plein et le vide, des espaces incertains donnent aux œuvres une présence troublante.

La notion d’empreinte est centrale dans l’œuvre de Béatrice Casadesus. Elle est d’abord une trace qui renvoie au contact de l’outil. Elle est un envers qui, une fois devenu autonome sur le support, devient un endroit. Le hasard a imprimé sur la fine membrane qui retient les bulles d’air des déformations qui les singularisent.

Rigoureusement identiques, elles finissent par être toutes différentes. Les traces colorées, plus ou moins géométriques, plus ou moins épaisses, plus ou moins translucides, n’accrochent pas de la même manière la lumière. Les nouvelles pressions avec le même morceau, de même celles avec des feuilles aux bulles plus petites ou plus grosses donnent une trace différente de la première. L’impression aussi peut s’inverser : si l’on peut toujours presser l’outil sur le support on peut parfois aussi, selon les matières, presser le support sur l’outil. Le même motif se prête à des variations infinies.

DES EFFETS DE PROFONDEUR, UN JEU ENTRE LE PLEIN ET LE VIDE, DES ESPACES INCERTAINS DONNENT AUX ŒUVRES UNE PRÉSENCE TROUBLANTE.

La dévalorisation relative de la main, pleinement assumée par le choix de l’outil, laisse toute la place à l’agilité de l’œil. Une fois la trace générée, c’est l’œil qui guide la production des nouvelles impressions. Le travail sur la densité des points est à l’origine de la vibration de la surface. En variant la pression de la main, la quantité de couleur, en utilisant d’éventuels filtres comme la tarlatane, en jouant sur l’accumulation ou la dispersion des points de couleur, la nouvelle empreinte vient brouiller les contours et les espacements un peu réguliers de l’empreinte précédente. Ainsi, l’empreinte efface-t-elle l’empreinte. L’effet forme sur fonds se dissout progressivement. La trace perd ainsi le souvenir de l’outil et la peinture avance par recouvrements successifs. C’est au fil de ces recouvrements que l’impression de profondeur émane du tableau. Aux gestes d’impression succèdent les projections de peinture sur la toile depuis la brosse et des coulures appliquées au pinceau. Parfois ces coulures viennent un peu gommer les traces des raccords et rééquilibrent le tableau en lui donnant un élément de verticalité. L’œil décide toujours du geste et assume une succession de choix jusqu’au moment où quelque chose apparaît. Là, portée par le jugement de l’œil, la toile s’arrête.

Piéger la lumière. La variabilité de la lumière impose la variation. Pour obtenir de nouvelles variations, il faut varier les supports. L’œuvre de l’artiste s’apparente à une quête, perpétuellement recommencée pour parvenir à saisir l’apparaître du monde. Cette recherche aboutit à l’utilisation de supports légers et diaphanes.

Rencontre entre la peinture et le tissu, les Papiers voilés proposent des superpositions qui donnent du relief à la composition. Le tissu n’est plus ici un fin voile qui serait collé à l’impression pour en atténuer la vigueur mais bien plutôt un élément matériel qui plié, froissé, écrasé, se montre et joue avec la peinture sur papier dont, dans sa translucidité, il garde l’écho.

Avec les intissés, la peinture prend son indépendance et se détache de tout support. La trace s’allège pour une plus grande fluidité. La couleur et le support ne font qu’un. Ce dernier n’a d’autre existence que de matérialiser les effets colorés. Il n’y a plus ni commencement ni fin, ni envers ni endroit. Qu’ils soient tendus ou disposés au sol, les intissés ne montrent jamais la totalité de leur surface.

PAPIER VOILÉ / détail 2003. 140 x 70 cm

16

0-Béatrice CASADESUS-2 _CASADESUS 22 X 28 04/10/14 09:33 Page18

le travail matériel de création de l’œuvre produit-il lui-même une expérience sensible nouvelle ? Il est difficile d’en décider et les choses, dans le secret du cheminement propre à toute création, se mêlent peut-être un peu.

Chaque nouvelle disposition en révèle les puissances cachées. L’imprégnation de couleur a épousé les incertitudes présentes dans la trame du tissu. La lumière, venant traverser le voile, joue avec les variations de densité de la couleur. Couleur et lumière forment dès lors un alliage subtil et vivant porté par un support qui accepte sa dématérialisation. Avec l’intissé, la peinture se libère du tableau pour devenir écriture dans l’espace. Peut-être faut-il y voir une forme de retrouvailles avec le geste du sculpteur.

LES PEINTURES DE BÉATRICE CASADESUS

Rien n’est plus impersonnel que l’intissé au sortir de son bac de couleur. Les nuances y sont aléatoires comme pouvaient l’être, dans la peinture sur châssis, la densité des points. La main de l’artiste disparaît. L’accrochage vient juste mettre en rapport les différents éléments sans les transformer. Les voiles, superposés comme des notes, font vibrer la couleur grâce à la translucidité de la matière. La souplesse que Béatrice Casadesus avait trouvée dans l’outil se transporte désormais dans le support. On pourrait presque dire que l’outil a disparu dans le support. La souplesse de l’intissé ne tient pas simplement à sa fluidité mais aussi à sa capacité d’ajustement. L’exploitation des possibilités lumineuses de sa surface dépendent à l’accrochage du geste de l’artiste qui en le tendant ou en le froissant peut obtenir une variation d’effets.

La peinture en dispositif qui est portée ici par l’intissé renvoie aux notions d’infini et de frontières de l’œuvre. Les peintures sur châssis, peintes sur leurs bords, refusant toute limite, s’intègrent à leur espace d‘accrochage. De même, les intissés se montrent dans un espace et interagissent avec lui. Les peintures, quel que soit leur support, vont au devant du spectateur. Si les œuvres viennent ainsi au devant du regard, c’est parce que la couleur y est travaillée dans sa puissance de surgissement. La matière est légère, subtile presqu’aérienne. Le spectateur y décèle une présence, comme une annonce suspendue.

Mais qu’est-ce qui apparaît dans la peinture de Béatrice Casadesus ? Le rapport que l’œuvre entretient avec la nature est aussi fondamental qu’il est complexe.

Dans toute sa peinture, l’artiste manifeste sa rupture avec les formes dans la volonté de dissiper le trait, tracé de la forme. Le choix de la couleur pour la couleur, celui d’une forme géométrique et répétitive va dans ce sens. Cette peinture n’est pas représentative, on n’y reconnaît rien. D’un autre côté, l’artiste confie volontiers : « il m’arrive de rester des heures à regarder mon fauteuil d’osier tressé faire écran au jour. Le soleil s’y engouffre, dépose au sol des taches de lumière blanche.

L’empreinte formée par les ajours est instable, apparaît ou disparaît au rythme du soleil qu’un nuage intercepte… » Cette ambivalence de la relation à la nature se retrouve dans le titre des œuvres. Les différences dans les titres n’induisent pas de différences fortes dans les œuvres. Que peut-il y avoir de commun entre Temps Clair, Kinkakuji Temple, D’or et d’azur, Avec Giotto, Blue Note ? Pourquoi certaines œuvres n’ont-elles pas de titre ? L’allusion à la nature est indirecte. Il s’agit moins d’un spectacle que d’une préoccupation pour la lumière dans son apparaître. On peut ainsi légitimer l’allusion à la peinture, à la couleur ou à la musique. Les lieux, comme les titres d’ailleurs, importent finalement peu. La peinture, si elle n’est pas la reproduction d’un spectacle est beaucoup plus la retranscription d’une expérience sensible. Béatrice Casadesus est-elle un peintre chinois, proche par certains côtés de Wang Wei et de Shi Tao ? Sûrement. Elle est aussi proche de la musique dans la recherche du rythme et de la variation comme elle l’est dans le geste même de transcrire. Il n’est pas aisé de préciser la nature de ce qui est retranscrit : la peinture est-elle la simple retranscription d’une expérience passée gardée en mémoire, ou la peinture au terme de son travail ressuscite-t-elle une expérience passée enfouie et à ce titre la reconstitue-t-elle dans l’esprit du peintre, ou encore

18

SONT FAITES POUR CONDUIRE CELUI QUI LES REGARDE DANS UNE EXPÉRIENCE INTIME : CELLE DE L’ORIGINE DE TOUTE APPARITION.

SI LES ŒUVRES VIENNENT AINSI AU DEVANT

Quoiqu’il en soit, parce qu’elle est de l’ordre de la retranscription, la relation à la nature exige la participation visuelle de celui qui regarde. Il y a moins à voir qu’à laisser agir l’œuvre en soi. Les peintures de Béatrice Casadesus sont faites pour conduire celui qui les regarde dans une expérience intime, celle de l’origine de toute apparition.

Les livres d’artistes ou livres uniques allient l’écriture et la peinture. Il ne s’agit pas ici d’illustration. La nature de cette alliance entre les signes et la couleur n’est pas simple. Elle suppose le respect des partis. Respect qui passe par l’harmonie ou le conflit. Le texte n’est pas inféodé à l’image ni l’image au texte. Béatrice Casadesus dans ses livres utilise ses techniques de peintre. La peinture ici se donne contre un texte et avec lui, utilisant la source de lumière qui émane des images poétiques pour lui donner un équivalent visuel, métaphorisant en quelque sorte la métaphore.

Le texte et l’image sont ainsi adossés l’un contre l’autre, l’un vibrant de l’autre. Le critique pourrait être tenté de négliger ces travaux, de les placer au second plan sous prétexte qu’il s’agit de formes pauvres et modestes. Ce serait ne pas apercevoir qu’ils font sens dans leur direction même. S’allier avec le texte poétique est pour le peintre une façon de dire que la peinture n’a pas d’objet ouvertement dicible, qu’elle n’existe que dans le déplacement par rapport à son origine même, qu’elle n’est jamais que production d’une image pour capter l’évanescent. C’est affirmer la parenté qui existe entre peinture et poésie, toutes deux unies dans l’infinie tentative de dire l’indicible, de faire avancer l’emprise du langage – qu’il soit verbal ou pictural – sur notre expérience du monde.

DU REGARD, C’EST PARCE QUE LA COULEUR Y EST TRAVAILLÉE DANS SA PUISSANCE DE SURGISSEMENT.

L’exposition de Bar-le-Duc s’intitule Dévoilements. Un seul mot comme souvent dans les expositions de Béatrice Casadesus. Une sorte de point d’unité. Un pluriel aussi. Chaque œuvre, qu’elle soit sur toile, sur papier ou sur tissu, est l’occasion unique de lever le voile sur cet apparaître du monde et ainsi de faire entrer le visiteur dans une expérience de vision. Au fur et à mesure que l’œil circule dans l’œuvre, s’imprègne de la couleur et de la lumière, se dévoile le mystère du passage à l’être.

Une expérience sans cesse recommencée pour le spectateur comme pour l’artiste.

Les peintures, dans leur manière de venir vers vous, de vous emplir suggèrent une présence depuis leur profondeur cachée. Comme si la surface n’était qu’un voile se déchirant peu à peu, au fur et à mesure que l’œuvre travaille le regard et l’appelle vers une enfance du monde, un au-delà paisible et serein.

Qui ne voit alors le paradoxe que cette expérience recouvre ? Pour que le spectateur et l’artiste lui-même puissent enlever le voile et aller au-delà des apparences vers l’apparaître, il faut un voile. La peinture ne dévoile qu’à la condition d’avoir tissé le voile. C’est par la superposition et le jeu des empreintes, des couches de peinture et des estompages, que l’on assiste à la venue du tableau et de la lumière.

Saisir la lumière ne peut se faire que par le voile qui la présente non dans sa pureté mais filtrée. Si la couleur se donne par la lumière, la lumière – elle – se dévoile au travers du voile de la couleur. Le voile est alors comme un filet lancé vers l’invisible.

Cette opération de saisie est infinie, toujours à reprendre. Par la réitération de l’empreinte, la peinture devient alors l’estampille de l’infini.

PHILIPPE LERAT

19

0-Béatrice CASADESUS-2 _CASADESUS 22 X 28 04/10/14 09:34 Page20

ŒUVRES GRAPHIQUES

0-Béatrice CASADESUS-2 _CASADESUS 22 X 28 04/10/14 09:35 Page22

page précedente : MÉANDRE / détail 2008. Mine de plomb / Arches 50 x 40 cm

ci-contre :

GEORGES SEURAT PORTRAIT fac similé 28 x 21 cm

ci-dessous à gauche :

D’APRÈS SEURAT 1995. Mine Conté / Ingres d'Arches 27 x 20 cm

ci-dessous à droite :

GROS PLAN PORTRAIT D'APRÈS SEURAT 1995. Mine Conté / Ingres d'Arches 27 x 20 cm

page de droite :

D’APRÈS SEURAT 1997. Mine Conté / Ingres d'Arches 38 x 30 cm

22

0-Béatrice CASADESUS-2 _CASADESUS 22 X 28 04/10/14 09:35 Page24

OMBRE IMMOBILE 1999. Mine de plomb /Arches 50 x 40 cm

MÉANDRE 2008. Mine de plomb / Arches 50 x 40 cm

OMBRE EN VOL 2009. Mine de plomb / Arches 50 x 40 cm

CIEL 1 1997. Mine de plomb / Arches 50 x 40 cm

SEURAT EN MÉMOIRE 1998. Mine de plomb / Arches 50 x 40 cm

CIEL 2 1999. Mine de plomb / Arches 50 x 40 cm

24

0-BĂŠatrice CASADESUS-2 _CASADESUS 22 X 28 04/10/14 09:35 Page26

OMBRE EN COLONNE 1987. Mine de plomb / Arches 120 x 80 cm

BRUME 1990. Mine de plomb /Arches 114 x 72 cm

SANS TITRE 2013. Mine de plomb / Arches 59 x 59 cm

26

GRAINES D'OMBRE 1987. Mine de plomb / Arches 115 x 115 cm

0-Béatrice CASADESUS-2 _CASADESUS 22 X 28 04/10/14 09:35 Page28

SÉRIE COUCHANT 2013. Crayons de couleurs / Arches 30 x 30 cm

28

SÉRIE TOMBE LA NUIT 2013. Crayons de couleurs / Arches 30 x 30 cm

0-Béatrice CASADESUS-2 _CASADESUS 22 X 28 04/10/14 09:35 Page30

SÉRIE LUMIÈRE D’ÉTÉ 2013. Crayons de couleurs / Arches 30 x 30 cm

30

31

0-Béatrice CASADESUS-2 _CASADESUS 22 X 28 04/10/14 09:35 Page32

EMPREINTES

0-Béatrice CASADESUS-2 _CASADESUS 22 X 28 04/10/14 09:36 Page34

page précédente : SÉRIE EMPREINTES / détail 1996-1997. Acrylique / papier népalais 53 x 42 cm

CANTATES 5-3-6-2 2008. Acrylique / papier d’Arches 70 x 50 cm

35

0-Béatrice CASADESUS-2 _CASADESUS 22 X 28 04/10/14 09:36 Page36

SÉRIE EMPREINTES GRAPHIQUES 2010. Acrylique et crayon / papier 27 x 19 cm page de droite : 2010. Acrylique et crayon / papier 32 x 22 cm

36

0-Béatrice CASADESUS-2 _CASADESUS 22 X 28 04/10/14 09:36 Page38

SÉRIE EMPREINTES 1991. Acrylique / papier népalais 50 x 35 cm

38

39

0-Béatrice CASADESUS-2 _CASADESUS 22 X 28 04/10/14 09:36 Page40

SÉRIE EMPREINTES. 1991. Acrylique / papier népalais. 50 x 35 cm

40

SÉRIE EMPREINTES. 1991. Acrylique / papier népalais. 50 x 35 cm

41

0-Béatrice CASADESUS-2 _CASADESUS 22 X 28 04/10/14 09:36 Page42

SÉRIE EMPREINTES. 1996-1997. Acrylique / papier népalais. 53 x 42 cm

42

0-Béatrice CASADESUS-2 _CASADESUS 22 X 28 04/10/14 09:36 Page44

page de gauche :

ROUGEOYANT 2003-2006. Acrylique / intissé 77 x 57 cm

OR CUIVRÉ 2003-2006. Acrylique / intissé 130 x 63 cm

44

45

0-Béatrice CASADESUS-2 _CASADESUS 22 X 28 04/10/14 09:36 Page46

46

MER DE CHINE 1 ET 2. 1994. Acrylique / Intissé. 300 x 150 cm

47

0-Béatrice CASADESUS-2 _CASADESUS 22 X 28 04/10/14 09:36 Page48

TEMPLE CHINOIS. 1994. Acrylique / intissé, 340 x 150 cm Collection MNAM / Centre Georges Pompidou, Paris

48

0-Béatrice CASADESUS-2 _CASADESUS 22 X 28 04/10/14 09:36 Page50

GOLDEN PALACE

IN WINTER

1992. Acrylique / Tarlatane 240 x 320 cm Collection particulière (Washington / USA)

1991. Techniques mixtes / Tarlatane 203 x 241 cm Collection MNAM / Centre Georges Pompidou, Paris

51

0-Béatrice CASADESUS-2 _CASADESUS 22 X 28 04/10/14 09:36 Page52

ILE D’OR II 2004. Acrylique / Tarlatane marouflé sur toile de lin. 60 x 60 cm

ILE D’OR III 2004. Acrylique / Tarlatane marouflé sur toile de lin. 60 x 60 cm

ILE D’OR IV 2004. Acrylique / Tarlatane marouflé sur toile de lin. 60 x 60 cm

52

FOND 0R 1993. Acrylique / Tarlatane / toile de coton 200 x 200 cm

53

0-Béatrice CASADESUS-2 _CASADESUS 22 X 28 04/10/14 09:36 Page54

SUNSET 1992. Acrylique / Tarlatane 138 x 339 cm

55

0-Béatrice CASADESUS-2 _CASADESUS 22 X 28 04/10/14 09:36 Page56

PEINTURES

0-Béatrice CASADESUS-2 _CASADESUS 22 X 28 04/10/14 09:36 Page58

page précedente : NUIT / détail. SUITE INFINITO 2013. Acrylique sur toile de lin 200 x 140 cm

FONTAINE MIRACULEUSE 2008. Acrylique / toile de lin Triptyque 140 x 200 cm Collection particulière (France)

58

0-Béatrice CASADESUS-2 _CASADESUS 22 X 28 04/10/14 09:36 Page60

D’OR ET D’AZUR. SUITE INFINITO. 2009. Acrylique / toile de lin. Diptyque 200 x 280 cm

61

0-Béatrice CASADESUS-2 _CASADESUS 22 X 28 04/10/14 09:36 Page62

AVEC GIOTTO. SUITE INFINITO. 2009. Acrylique / toile de lin. Diptyque 200 x 280 cm

63

0-Béatrice CASADESUS-2 _CASADESUS 22 X 28 04/10/14 09:36 Page64

SUITE INFINITO 2010. Acrylique / toile de lin / chassis Triptyque. 200 x 420 cm. Collection particulière, Paris

65

0-Béatrice CASADESUS-2 _CASADESUS 22 X 28 04/10/14 09:36 Page66

66

INFINITO 1

INFINITO 2

2008. Acrylique / toile de lin / chassis 200 x 280 cm

2008. Acrylique / toile de lin / chassis 200 x 280 cm Collection particulière (Belgique)

67

0-Béatrice CASADESUS-2 _CASADESUS 22 X 28 04/10/14 09:36 Page68

DANAË. SUITE INFINITO 2009. Acrylique / toile de lin / chassis 200 x 280 cm Collection Musée du Monastère royal de Brou, Bourg-en-Bresse (France)

page de droite :

OR / AZUR. SUITE INFINITO 2009. Acrylique / toile de lin / chassis 200 x 140 cm. Collection particulière (USA)

68

0-Béatrice CASADESUS-2 _CASADESUS 22 X 28 04/10/14 09:36 Page70

70

ÉTÉ

PLEINE LUNE

2013. Acrylique / toile de lin 140 x 160 cm Collection particulière, Bruxelles (Belgique)

2013. Acrylique / toile de lin 140 x 160 cm Collection particulière, Bruxelles (Belgique)

71

0-Béatrice CASADESUS-2 _CASADESUS 22 X 28 04/10/14 09:36 Page72

HEURE TRANQUILLE. 2013. Acrylique / toile de lin. 200 x 140 cm

72

TEMPS CLAIR. 2013. Acrylique / toile de lin. 200 x 140 cm

73

0-Béatrice CASADESUS-2 _CASADESUS 22 X 28 04/10/14 09:36 Page74

PLEIN SOLEIL. 2013. Acrylique / toile de lin. 200 x 140 cm

74

VIBRATION / OR. 2013. Acrylique / toile de lin. 200 x 140 cm

75

0-Béatrice CASADESUS-2 _CASADESUS 22 X 28 04/10/14 09:36 Page76

BLUE NOTE. SUITE INFINITO. 2010. Acrylique / toile de lin. 200 x 140 cm

76

BLEU OR. SUITE INFINITO. 2013. Acrylique / toile de lin. 200 x 140 cm

77

0-Béatrice CASADESUS-2 _CASADESUS 22 X 28 04/10/14 09:37 Page78

SWIM 2011. Acrylique sur toile de lin Peinture pour le plafond d’un couloir 160 x 640 cm Collection particulière (Paris)

78

79

0-Béatrice CASADESUS-2 _CASADESUS 22 X 28 04/10/14 09:37 Page80

PEINTURES EN DISPOSITIF

0-Béatrice CASADESUS-2 _CASADESUS 22 X 28 04/10/14 09:37 Page82

PEINTURES DÉVOILÉES Souhaitant s’inscrire dans l’histoire des deux lieux barisiens investis et convaincue que le geste artistique ne peut ignorer ce qui préexiste, Béatrice Casadesus a souhaité travailler au sein de l’espace Saint-Louis à partir d’une œuvre des collections du Musée barrois, proposant ainsi un regard croisé des deux institutions qui sont plus que jamais complémentaires. Béatrice Casadesus a rapidement arrêté son regard sur le tableau de grand format (189,5 x 264,5 cm) réalisé par Charles Timbal et qui représente l’ensevelissement du Christ. Si le choix de l’artiste pour cette œuvre si éloignée de son écriture pose question à première vue, il devient naturel lorsqu’on prend le temps d’analyser ce tableau stylistiquement ancré dans son siècle de création : le XIXe siècle. La confrontation des modes opératoires et des buts visés par les deux artistes se montre en définitive très enrichissante.

UNE SCÈNE RELIGIEUSE CLASSIQUE ?

CONVAINCUE QUE LE GESTE ARTISTIQUE NE PEUT IGNORER CE QUI PRÉEXISTE,

Lorsqu’il réalise cette œuvre en 1848, Louis-Charles Timbal (1821-1880) est un jeune peintre parisien de 27 ans. Formé à l’École des beaux-arts dans l’atelier de Drolling (1789-1851), il participe pour la deuxième fois au Salon. L’année précédente, il avait présenté un portrait. C’est toutefois dans la peinture religieuse qu’il se spécialise, obtient commandes et succès (chapelle de la Sorbonne, église Saint-Sulpice à Paris…). Après avoir exposé au Salon jusqu’en 1866, il abandonne la peinture une fois sa fortune faite. Il se consacre alors à la critique d’art où, dans une approche très partiale, il se montre dur avec l’École de Barbizon et notamment Corot. Son goût pour les tableaux et les objets de la Renaissance, qu’il collectionne et dont nombre d’entre eux ont intégré les musées nationaux, est peut-être révélateur du rôle joué par cette période de l’histoire de l’art dans sa création.

Les hésitations lisibles dans les archives sur le titre de ce tableau (La Mort de Jésus, Mise au tombeau, Christ porté au tombeau, Ensevelissement du Christ) révèlent la difficulté d’énoncer une iconographie qui s’éloigne des représentations traditionnelles : il ne s’agit en effet ni d’une descente de croix, ni d’une pietà ou d’une mise au tombeau à proprement parler. Sans doute pour sortir des sujets éculés de l’histoire de l’art et conférer à la scène une intensité dramatique plus élevée, Timbal fait le choix d’un moment rarement représenté : celui où le corps du crucifié est transporté de la croix du Golgotha vers le caveau creusé dans la pierre de la colline, étape finale, croyaient alors ses disciples, d’une aventure de trois années auprès de leur ami dont le message constitue à cette heure encore une énigme.

Le dévoilement de la Foi n’est pas encore accompli.

Toutefois, cette œuvre laisse voir une partie du mystère chrétien de l’incarnation : Jésus est représenté au premier plan dans ce qu’il a de plus meurtri et éteint.

Dans l’histoire de l’art, la couleur rousse de ses cheveux renvoie au diable et donc aux péchés de l’humanité qu’il a volontairement endossés jusqu’à la mort en signe d’expiation. Dieu, manifesté ici par l’auréole, est mort pour le salut des hommes.

Le tragique et le pathétique semblent l’avoir emporté : le jour finissant jette non seulement dans une sourde pénombre les drapés des vingt-deux personnages représentés mais exprime les ténèbres qui ont suivi la mort du Christ. La douleur est vive. La Mère de Jésus, éplorée et les traits tirés, accompagne son fils dont le corps est déjà marqué par la mort : côtes saillantes, bras rigide au premier plan, carnations livides… Tous les membres du cortège ont revêtu un masque de tristesse : du visage fermé et pensif à celui qui pleure, les différentes phases du rendu des passions sont minutieusement décrites.

82

BÉATRICE CASADESUS A SOUHAITÉ TRAVAILLER AU SEIN DE L’ESPACE SAINT-LOUIS À PARTIR D’UNE ŒUVRE DES COLLECTIONS DU MUSÉE BARROIS...

L’ENSEVELISSEMENT DU CHRIST Louis-Charles Timbal (1821-1880) 1848. Huile sur toile Collection du Musée barrois Inv. 2007.0.44

page précédente :

VOILER / DÉVOILER L'ESPACE... / détail 2014. Acrylique sur intissé Espace Saint-Louis, Bar-le-Duc

Toutefois, une certaine retenue et dignité entoure ces représentations augmentant l’impression de silence qui émane de la scène. Aucun détail anecdotique ne détourne l’attention du spectateur renforçant le caractère unique et mystérieux du moment représenté. La croix du supplice elle-même n’est que suggérée dans la partie supérieure et la couronne d’épine est portée en procession, telle une relique, par le personnage ouvrant la marche à gauche. La Passion est bel et bien achevée. Hormis la Vierge et le Christ dont les auréoles annoncent leur élection divine, aucun personnage ne peut être clairement identifié par un attribut. Les visages sont ou cachés ou idéalisés. Telle une scène de théâtre silencieux, chaque acteur ou figurant joue son rôle sans relation avec les autres membres présents. Alors que le sujet devrait signifier un déplacement, la scène semble paradoxalement figée, pétrifiée. Seule la composition en frise du niveau inférieur exprime cette idée d’un cortège qui se dirige lentement vers son but final. Cette mise à distance théâtrale et l’économie de moyens qui l’accompagne confèrent à la scène toute sa sacralité.

Les visages stylisés qui ne renvoient pas à des portraits caractérisés, les pieds nus des protagonistes, les importantes draperies portées par les figures, situent clairement l’épisode à l’époque antique. Ce souci de vérisme historique s’allie à l’engouement du public depuis le milieu du XVIIIe siècle pour une esthétique imitée des œuvres antiques observées in situ ou dans les grands musées européens naissants.

En 1848, le néo-classicisme est encore au cœur de l’enseignement artistique de

83

0-Béatrice CASADESUS-2 _CASADESUS 22 X 28 04/10/14 09:37 Page84

l’École des beaux-arts. À l’image de l’art de Timbal, ce style s’oriente de plus en plus vers un académisme souvent jugé « grandiloquent » (G. Schurr, Les petits maîtres de la peinture). La tentation est grande de faire prévaloir la technique artistique sur le naturalisme de la représentation.

La force émotionnelle de l’œuvre émane davantage des recherches formelles menées par son auteur. La composition est parfaitement équilibrée avec deux registres qui se complètent. Le niveau inférieur dans la pénombre montre treize figures harmonieusement réparties autour de Jésus couché sur un linceul blanc attirant le regard. Au niveau supérieur, la construction est pyramidale autour d’une croix absente. La lumière du couchant éclaire encore le seul visage tourné vers le ciel dans un mouvement de supplication et fait ressortir à contre-jour trois hommes représentés de profil, de dos et de face à droite du tableau. S’agit-il d’un simple exercice de style imposé par l’académisme ambiant ou peut-on déceler une portée symbolique, voire théologique de ces personnages ? Celui qui regarde en arrière la lumière du couchant, celui de profil indifférent et celui qui contemple le Christ dans un geste de bénédiction ne constituent-ils pas une allégorie du passage de l’ancien temps vers un monde nouveau centré sur le Christ ?

DANS LE TRAVAIL DE BÉATRICE CASADESUS, IL NE S’AGIT NULLEMENT DE CONVAINCRE MAIS DE SUGGÉRER. LA LUMIÈRE S’IMPOSE NATURELLEMENT. L’ACCÈS À LA TRANSCENDANCE

Les modèles académiques de l’artiste sont à chercher dans cet art de la Renaissance que Timbal affectionne particulièrement. Bien que le thème du transport du corps du Christ soit peu présent en peinture, l’œuvre du vénitien Titien (14851576), conservée au musée du Louvre constitue un modèle du genre. Timbal y puise l’harmonie tonale qui donne l’unité à toute sa composition. Toutefois, dans l’œuvre du Louvre, une économie de moyens et un cadrage serré mettent davantage l’accent sur l’expression psychologique de chaque personnage. Au XVe siècle, Andrea Mantegna (1431-1506) est le premier à utiliser ce thème. La double construction à la fois en frise et selon des lignes pyramidales convergeant vers un point extérieur à l’œuvre sera reprise par Timbal. Le recours de Mantegna à une gestuelle exacerbée pour exprimer le pathos de la scène trouvera plus tard un écho chez Raphaël (1483-1520) qui propose une interprétation tout aussi théâtrale (Retable Bagioni, 1507, Galerie Borghese). Timbal y copiera sa composition en frise du cortège et la représentation du Christ roux. L’influence du maître italien s’exprime aussi dans les figures masculines du registre supérieur qui semblent directement sorties de la fresque de l’École d’Athènes (Musée du Vatican).

Timbal a également puisé chez les maîtres anciens la science des coloris. Malgré le choix de tonalités adoucies, le rouge occupe une place centrale dans la composition. Déclinée en plusieurs nuances, du rose violacé au pourpre mâté, la couleur rouge s’oppose aux teintes bleues qui ont envahi l’ensemble de l’œuvre. Par un jeu de scansions colorées, ces tons chauds structurent et soulignent toute la construction du tableau. Trois grandes masses rouges organisent le regard pour le registre inférieur tandis qu’au second niveau, la présence des coloris chauds se concentre dans la pyramide autour de la croix. Symbole de la Passion mais aussi de la royauté, ces teintes rouges récurrentes appuient le message véhiculé.

Pureté de la ligne et densité des coloris servent conjointement l’efficacité et la clarté du propos. Une dimension spirituelle se dégage presque.

DU MYSTÈRE DE L’INCARNATION POUR SUJET, À LA LUMIÈRE POUR ÉCRITURE La présentation temporaire de cette toile dans une ancienne chapelle transformée en centre d’art est révélatrice de l’identité du tableau qui, d’un thème religieux devient un exercice académique sur les liens entre dessins et couleurs. Si l’œuvre de Timbal est totalement incarnée par son sujet, la multiplication des acteurs et les jeux de draperies, elle demeure artificielle dans ce refus du recours à l’anecdote

84

QUI CARACTÉRISE LA BEAUTÉ N’EN EST QUE PLUS AISÉ.

TIMBAL A ÉGALEMENT PUISÉ CHEZ LES MAÎTRES ANCIENS LA SCIENCE DES COLORIS. MALGRÉ LE CHOIX DE TONALITÉS ADOUCIES, LE ROUGE OCCUPE UNE PLACE CENTRALE DANS LA COMPOSITION.

ou au portrait naturaliste. Il s’agit davantage d’un exercice de style pour créer une grande composition où lignes et couleurs s’harmonisent. Paradoxalement, alors que le XIXe siècle voit la réaffirmation de la puissance de l’Église notamment dans les arts, ce tableau n’a jamais été présenté dans une église. Il est d’abord exposé au Salon où son auteur reçut une seconde médaille et les encouragements du maître incontesté d’alors : Ingres (1780-1867). Il est acquis 1400 F. par la jeune République qui l’attribue au musée de Bar-le-Duc. Aussi le caractère religieux peut-il paraître artificiel et classe volontiers l’œuvre dans le style saint-sulpicien longtemps décrié. Bien que disparu, on imagine le rôle joué par le cadre d’origine pour renforcer cette impression de monumentalité et de puissance recherchée à l’époque.

Un siècle et demi plus tard, cette tension entre la prééminence de la ligne ou celle de la couleur est au cœur du travail de Béatrice Casadesus. Après avoir remporté le prix de Rome en 1964, l’artiste comprend très vite, à l’instar de son prédécesseur Timbal formé dans la même École, que le sujet ne peut être premier. Parce que son époque a vu éclore l’abstraction, le trait s’estompe naturellement, sans violence ni artifice. Seule demeure la couleur. Largement répandue sur des intissés de différentes longueurs, elle s’exprime avant tout par des tonalités souvent chaudes, jamais franches ou primaires, parfois acides, toujours attirantes et changeantes. Même sans sujet figuré, l’œuvre reste intacte avec toute sa puissance et sa théâtralité.

Mais qu’est la couleur sans la lumière ? Pour lui donner forme, la rendre vivante, atteindre les sens du spectateur, le conduire vers une expérience surnaturelle, la lumière doit entrer en collusion avec la couleur, la caresser, la traverser voire l’affronter. Malgré l’omniprésence du sujet, Timbal au XIXe siècle utilisait, et de façon outrancière peut-être, le langage plastique de la lumière pour donner non seulement unité mais aussi force et puissance émotionnelle à son œuvre. Avant lui, les maîtres verriers du Moyen Âge procédaient de même pour toucher les fidèles.

Dans le travail de Béatrice Casadesus, il ne s’agit nullement de convaincre mais de suggérer. La lumière s’impose naturellement. L’accès à la transcendance qui caractérise la beauté n’en est que plus aisé.

Pour permettre à cette lumière puisée dans la nature de s’exprimer, Béatrice Casadesus sculpte une matière nouvelle bien qu’ancestrale, utilisée par les maîtres écrivains d’Extrême-Orient, l’intissé. Dénommé maladroitement support, il pourrait presque se faire oublier tant il est léger et souple. Sur ce médium, le sujet de l’œuvre ne peut techniquement plus être incarné. Visant l’épure, la couleur et la lumière priment mais ne n’expriment pas seules. Malgré son caractère évanescent, le « support » de l’artiste est physiquement très présent. Il n’y a qu’à voir comment Béatrice Casadesus manipule, tord, froisse, entre littéralement dans la matière pour la sculpter d’abord, la mettre en scène ensuite. Ainsi l’artiste peut-elle investir avec beaucoup d’acuité des espaces très variés, depuis les marches de son atelier aux voûtes de l’abbaye royale de Brou en passant par les salles du musée national de Port-Royal des Champs ou les murs d’une galerie d’art. À Bar-le-Duc, c’est l’ensemble de l’espace Saint-Louis qui devient à son tour une œuvre d’art totale.

Matière, couleur et lumière sont donc les trois modes d’écriture principaux de l’artiste. Comme chez Timbal où les personnages n’existent que par les drapés dont l’artiste les a revêtus, l’œuvre en volume de Béatrice Casadesus naît avant tout de la juxtaposition de voiles non tissés. Tant dans le plan du tableau que dans l’espace, peindre consiste à transformer la couleur en matière. S’exprime plus qu’une simple atmosphère colorée, une véritable invitation à la contemplation.

Ayant le voile coloré pour point commun, les deux œuvres conservent leur part de mystère. C’est pour cela que l’artiste invitée tint tant à ce que le tableau académique du musée soit au cœur de son installation de l’espace Saint-Louis.

85

0-Béatrice CASADESUS-2 _CASADESUS 22 X 28 04/10/14 09:37 Page86

DÉVOILEMENTS RÉCIPROQUES Il pourrait paraître à première vue périlleux pour une artiste contemporaine de vouloir installer dans une ancienne chapelle une œuvre d’art historique qui aurait pu s’y trouver à son origine. L’épaisseur patrimoniale n’est-elle pas trop dense pour permettre à une artiste, aussi aguerrie soit-elle, de s’exprimer librement avec de tels matériaux ? Paradoxalement, il faut toute la délicatesse et la modestie de Béatrice Casadesus pour rendre naturel et incontestable ce retour aux sources. Architecture, peinture et installation prennent sous sa dictée un sens nouveau. Leur juxtaposition les dévoile mutuellement.

DEPUIS L’ORIGINE DU PROJET

À l’instar de l’art de Christo qui, en emballant des éléments de paysage ou des monuments quotidiennement côtoyés, leur donne une force nouvelle peu à peu perdue, les voiles colorés de Béatrice Casadesus révèlent des œuvres parfois peu estimées : sortie il y a une dizaine d’années des réserves du musée, l’œuvre de Timbal a été récemment restaurée et exposée après une longue période d’absence. Bâtie en 1860 pour les besoins d’une communauté de Dominicaines enseignantes, soucieuses de rechristianiser la société et le paysage barisiens par l’élévation d’un monument dominant la cité, la chapelle Notre-Dame du Rosaire ne doit son existence aujourd’hui qu’à sa transformation en centre d’art dans les années 1990. Bien qu’omniprésente, l’architecture néogothique ne fut que rarement un sujet d’expression pour les artistes invités à exposer dans ce lieu.

ET DANS TOUT SON ŒUVRE, BÉATRICE CASADESUS EST DÉSIREUSE DE CRÉER DES LIENS, DES PASSERELLES ENTRE DES HISTOIRES, DES INSTITUTIONS ET DES HOMMES. CETTE ŒUVRE EN EST LE REFLET DÉVOILÉ.

Le piège d’une reconstitution factice est donc aisément écarté par l’artiste. Le tableau de Timbal n’est pas à proprement parler accroché dans l’espace SaintLouis. Y est-il seulement visible ? Un jeu de voiles colorés remplit l’espace, une caisse de transport pour un musée cache au premier abord la toile et la coupe de son environnement néogothique naturel. Les trois protagonistes de l’installation pourraient-ils ainsi se fuir ou s’affronter ? Ce sont les intissés déployés qui vont en fait jouer ce rôle de lien en donnant un sens nouveau à l’ensemble qui devient une proposition artistique à part entière. Depuis l’origine du projet et dans tout son œuvre, Béatrice Casadesus est désireuse de créer des liens, des passerelles entre des histoires, des institutions et des hommes. Cette œuvre en est le reflet dévoilé.

En quittant les cimaises du musée pour intégrer dans une caisse l’espace SaintLouis, le tableau de Timbal est à la fois remis et sorti de son contexte. En le faisant émerger de sa caisse, une nouvelle vie est offerte à l’œuvre qui ne détruit ni ne réduit sa fonction originelle. La scène religieuse ne retrouve son décor naturel que par une suggestion subtile, une déambulation dans l’espace voilé et coloré. Le visiteur ne découvrira la composition peinte du XIXe siècle que lorsqu’il aura les yeux posés sur elle, forçant ainsi son regard et sa réflexion. Il serait un contresens d’y voir un quelconque effet de surprise. Soucieux de ne pas s’imposer, le langage plastique de Béatrice Casadesus vise plutôt à modérer une conversation artistique entre deux amis perdus de vue depuis longtemps et qui ne peuvent reprendre un dialogue avorté par l’Histoire que timidement, après un légitime temps d’observation mutuelle. À l’origine, l’un et l’autre exprimait un même désir de retour aux sources de la foi : la survivance dans l’inconscient collectif de l’apogée gothique pour l’architecture, les racines antiques du christianisme pour le tableau néo-classique. Parce que l’architecture néogothique « transpire » naturellement l’ancienne fonction religieuse du lieu, il n’est nul besoin de forcer la rencontre entre le lieu et le tableau. L’acuité de l’artiste pour la mise en scène suffit.

La connivence de Béatrice Casadesus avec l’architecture est ancienne. Elle la côtoie dans la chaire d’enseignement occupée dans une école d’architecture.

HOMMAGE À PHILIPPE DE CHAMPAIGNE 2012. Acrylique sur intissé Musée national de Port-Royal des Champs

87

0-Béatrice CASADESUS-2 _CASADESUS 22 X 28 04/10/14 09:37 Page88

EMPYRÉE 2012. Acrylique sur intissé Musée national de Port-Royal des Champs

Surtout, l’artiste réalise de nombreuses œuvres destinées à prendre place dans des bâtiments anciens ou neufs construits par l’un ou l’autre de ses amis architectes : Christian de Portzamparc, Gérard Thurnauer, Philippe Robert, Alain Sarfati… Ici, le nom de l’architecte est inconnu mais les voiles colorés présents dans le tableau de Timbal et déployés dans la troisième dimension de la chapelle par Béatrice Casadesus donnent à voir différemment l’architecture et la vocation initiale du lieu. À l’image du travail réalisé au Monastère royal de Brou, ils les dévoilent. Les lignes verticales ascendantes de l’édifice sont soulignées par la disposition descendante des bandes colorées. La profusion des étoffes et la grande variété de leurs tons, loin de créer un sentiment d’oppression redonnent à l’espace toutes ses dimensions. En laissant vide la partie centrale de la nef, c’est l’effet de perspective vers le chœur d’origine qui est évoqué.

Grâce au large déploiement de couleurs, les vitraux du Barisien Alfred Hoen (18521906), bien qu’occultés en partie, retrouvent visuellement leur fonction initiale : amener dans l’espace bâti la lumière extérieure et lui confier, sinon une dimension surnaturelle, une vocation structurante du volume. La lumière devient la palette de l’artiste, et les intissés colorés les supports d’une œuvre d’art totale. Avec humilité, Béatrice Casadesus accepte que cette lumière soit changeante au gré de l’atmosphère extérieure introduisant une part d’aléatoire dans la découverte de son œuvre. Pour mieux déceler les vibrations de la lumière sur les intissés, le visiteur est à son tour invité à pénétrer dans l’œuvre, la vivre individuellement, avec tous ses sens.

S’il y a une volonté manifeste de rompre avec les langages plastiques des siècles précédents, il n’y a pas d’opposition avec eux. Au contraire des propositions artistiques de Christo, le matériau initial n’est pas ici occulté. C’est son envoilementdévoilement qui le magnifie. Bien qu’historiques, le monument et le tableau sont exaltés par le travail de Béatrice Casadesus. Les intissés créent alors le lien entre la rigidité organique de l’architecture, la conscience d’un espace naturellement baigné par la couleur et la lumière et les voiles du tableau de Timbal. Parce qu’elle réintroduit dans l’espace désacralisé un rapport à l’infini et au sublime, la proposition de Béatrice Casadesus invite le visiteur à donner sens au lieu. Paradoxalement c’est grâce aux voiles que le dévoilement se produit.

ÉTIENNE GUIBERT 88

POUR MIEUX DÉCELER LES VIBRATIONS DE LA LUMIÈRE SUR LES INTISSÉS, LE VISITEUR EST À SON TOUR INVITÉ À PÉNÉTRER DANS L’ŒUVRE, LA VIVRE INDIVIDUELLEMENT, AVEC TOUS SES SENS.

LA MUE DE MARGUERITE 2010. Acrylique sur intissé Monastère royal de Brou

0-Béatrice CASADESUS-2 _CASADESUS 22 X 28 04/10/14 09:37 Page90

PAPIERS VOILÉS 2003. Acrylique sur papier et intissé 140 x 170 cm

90

91

0-Béatrice CASADESUS-2 _CASADESUS 22 X 28 04/10/14 09:37 Page92

VOILER / DÉVOILER L'ESPACE...

Si la technique du « glacis » en peinture est ancestrale, c'est vers 1757 que l'usage du terme se précise. Il indique l'effet produit par une mince couche de couleur transparente comme la glace étendue sur une couleur déjà sèche pour harmoniser les teintes et leur donner plus d'éclat.

Ce procédé permet de fondre les plans représentés notamment dans le traitement des drapés pour en accentuer le modelé.

Dans la pièce réalisée pour l’espace Saint-Louis intitulée Voiler / Dévoiler l’espace... , il faut retenir une volonté de métamorphose de la peinture dans l'espace.

Le tableau de Louis-Charles Timbal, L’Ensevelissement du Christ, n'est plus à considérer par le thème – particulièrement saint-sulpicien – , mais comme prétexte à témoigner d'une « mue » de la peinture.

Ce tableau du XIXe siècle est techniquement représenté avec les moyens traditionnels du glacis (transparence des couches conférant un modelé délicat dans l'expression du ciel, des corps et des voiles...).

Décrocher ce tableau du Musée barrois, pour le présenter émergeant d'une caisse dans une église transformée en centre d'art, a pour vocation de révéler une métamorphose de la peinture par rapport à l'espace.

Déplacement physique de l'œuvre qui se donne à voir autrement dans l'espace et non sur un mur.

Déplacement donc de la lecture frontale, et déplacement du sujet qui fait prédominer le processus pictural sur le thème représenté, en écho au changement d'usage de la chapelle devenue écrin d'expositions.

Déplacement aussi d'un mode de représentation appartenant à une époque et qui se confronte à une autre.

Ambiguïté du regard porté sur la peinture trop souvent oublieux de ce qui la constitue, et prompt à se rassurer par la narration que suggère le thème !

Mais, qu'en est-il alors du propos de la peinture ?

Pour le peintre, le voile ne saurait se limiter à un symbole religieux. Il existe picturalement, en soi, comme matière autonome propre, prête à métamorphoser l'espace. De plus, ce matériau, l'intissé, est généralement employé pour restaurer les dessins et les tableaux anciens.

C'est donc une « mue », une métamorphose, qui est ici à l'œuvre : le voile à l'échelle monumentale est à regarder comme un glacis géant voilant l'architecture pour mieux dévoiler le processus pictural dans sa relation à l'espace. L'opposition entre la rigidité de l'architecture, la verticalité donnée par les piliers qui la supportent s'oppose à la fragilité, à la transparence et au frémissement des voiles peints qui viennent se superposer à elle. L'ensemble produit un vacillement du regard. En voilant l'espace, la peinture se dévoile, efface la narration, fait surgir de l'énigme, et pose de nombreuses questions sur l'usage comme sur le renouvellement des moyens propres à créer le climat d'ensemble...

Après la réalisation en 2010 intitulée La Mue de Marguerite embrasse tous les modes du voir pour l'église du musée du Monastère royal de Brou, il s'agit de poursuivre l'idée d'une métamorphose de la peinture dans l'espace : voiler le sujet pour dévoiler un autre regard sur la peinture dans la relation intime qu'elle instaure avec l'espace de l'architecture.

BÉATRICE CASADESUS

92

EN VOILANT L'ESPACE, LA PEINTURE SE DÉVOILE, EFFACE LA NARRATION, FAIT SURGIR DE L'ÉNIGME, ET POSE DE NOMBREUSES QUESTIONS SUR L'USAGE COMME SUR LE RENOUVELLEMENT DES MOYENS PROPRES À CRÉER LE CLIMAT D'ENSEMBLE...

VOILER / DÉVOILER L'ESPACE...

2014. Acrylique sur intissé Espace Saint-Louis, Bar-le-Duc

0-Béatrice CASADESUS-2 _CASADESUS 22 X 28 04/10/14 09:37 Page94

94

VOILER / DÉVOILER L'ESPACE... / détail. 2014. Acrylique sur intissé. Espace Saint-Louis, Bar-le-Duc

0-Béatrice CASADESUS-2 _CASADESUS 22 X 28 04/10/14 09:37 Page96

VOILER / DÉVOILER L'ESPACE... / détails 2014. Acrylique sur intissé Espace Saint-Louis, Bar-le-Duc

96

97

0-Béatrice CASADESUS-2 _CASADESUS 22 X 28 04/10/14 09:37 Page98

LIVRES D’ARTISTES

98

0-Béatrice CASADESUS-2 _CASADESUS 22 X 28 04/10/14 09:37 Page100

page précédente :

TELLE EST LA CRUAUTE / détail Texte de Jean-François Lyotard Octobre 1997

ELLE NE DEMANDE RIEN Texte de Jean-François Lyotard Octobre 1997

101

0-Béatrice CASADESUS-2 _CASADESUS 22 X 28 04/10/14 09:37 Page102

COMME UNE VITRE SOUS L’ORAGE. Texte de Christian Doumet. 6 exemplaires

102

103

0-Béatrice CASADESUS-2 _CASADESUS 22 X 28 04/10/14 09:37 Page104

DANAË DANS LE LIT. Texte de Michel Deguy. Éditions Écarts 2008

CARNETS DE POINTS. 1990

LIVRES ORIGINAUX NON IMPRIMÉS. Richesses du livre pauvre, D. Leuwers, éditions Gallimard, 2008 Textes de Maurice Benhamou, Philippe Reliquet, Patrice Loraux, Béatrice Casadesus, Jean-Dominique Rey, Jean-Michel Rey

104

0-Béatrice CASADESUS-2 _CASADESUS 22 X 28 04/10/14 09:38 Page106

PRINCIPALES EXPOSITIONS BIBLIOGRAPHIE

106

0-Béatrice CASADESUS-2 _CASADESUS 22 X 28 04/10/14 09:38 Page108

PRINCIPALES EXPOSITIONS EXPOSITIONS PERSONNELLES 2014 • DÉVOILEMENTS... , exposition conjointe : Musée barrois et espace Saint-Louis, Bar-le-Duc • IMPRESSIONS... , galerie Jean-Jacques Dutko, Ile Saint-Louis, Paris 4e • BÉATRICE CASADESUS AUX PORTES DE L'INFINI... , Accrochage des œuvres acquises, Musée du Monastère royal de Brou, Bourg-en-Bresse (France)

2012 • OCELLURES... , galerie Gimpel et Müller, Paris 6e • INFINIS... , Musée national de Port-Royal des Champs (France) 2011 • MUES... , Musée Henri-Martin, Cahors (France) 2009 • PEINTURES INFINIES..., galerie l'R du Cormoran, Pernes-lesFontaines (France)

2008 • DANAÉ DANS LE LIT, présentation du livre réalisé en collaboration avec Michel Deguy pour les éditions Écarts, et exposition galerie Nicaise, Paris 6e

2006 • SYNOPTIQUE, Centre Noroit, Arras (France) 2004 • Galerie Jean-Jacques Dutko, Paris 6e • Atelier-galerie Éric Seydoux, Paris 14e

2003 • LE REGARD ET LA TRACE, Institut Français de Barcelone (Espagne) 2002 • LE REGARD ET LA TRACE, Musée de l'Arsenal de Soissons (France) • Maison des Arts de Malakoff (France)

2000 • WORK IN PROCESS, exposition rétrospective (1980-2000) et présentation des installations vidéo TRACES ET AUTOPORTRAIT, en quatre lieux à Issy-les-Moulineaux : espace Boullée, Musée français de la carte à jouer, médiathèque, centre d’Arts plastiques • LES ANNÉES 1990, galerie Romagny, Paris

1986 • TRAMOGRAPHIES, galerie Charles Sablon, Paris • TRAMOGRAPHIES URBAINES, centre culturel de Trith Saint-Léger (Nord Pas-de-Calais)

1979 • Participation à la FIAC, galerie C, Paris • Exposition, galerie Jäggi, Bâle (Suisse) • POINT DE MIRE, galerie C, Paris

et de la Dentelle, Calais (France)

1991 • EMPREINTES, Musée d’art contemporain de Dunkerque. Parution du livre TENSION SUPERFICIELLE de Maurice Benhamou aux éditions Unes, illustration de Béatrice Casadesus. Exposition à cette occasion à la galerie Charles Sablon, Paris

1990 • BLANCS VOLANTS, galerie Sonia K., Lille 1989 • Exposition des dessins et maquettes du mural PROMENADE DANS UN MUSÉE IMAGINAIRE réalisé pour la S.N.C.F à Malakoff, Centre culturel de Malakoff

108

M. Wechsler… , Villa Tamaris, La Seyne-sur-Mer (France) commissaire M. Benhamou • AUTOUR DU POÈTE MICHEL DEGUY, Librairie-galerie Mollat, Bordeaux

1997 • POÉSIE ET PEINTURE, Corderie Royale de Rochefort, Rochefort,

de la Ville de Paris, commissaire G. Gassiot-Talabot

Luxembourg à Paris, et musées de Bordeaux, Aurillac, Sarlat, Tarbes, Angers, Chartres, Chalon-sur-Saône, Grenoble (1976), commissaires J. Pavie et J. Soulillou • L’ART DANS LA VILLE, centre culturel, Vitry (France), commissaire S. Guillou • FEMMES AU PRÉSENT, Musée des beaux-arts, Le Havre (France)

commissaire M. Benhamou

1996 • DIALOGUES, exposition de groupe avec C. Chaussard, J. Degottex, J. Guitet, Ph. Hosiasson, • ZAO WOU-KI, galerie Romagny, Paris

1972 • Plexiglas et matières traditionnelles, centre culturel de Malakoff

1995 • AUTOUR DU LIVRE, centre Albert Chanot, Clamart (France) • SIGNETS D’ARTISTES, bibliothèque de Laon, Laon (France)

1971 • Sculptures en fonte d’aluminium (première exposition personnelle), galerie A.R.P.A., Paris

EXPOSITIONS COLLECTIVES 2014 • ART PARIS, galerie Jean-Jacques Dutko, Paris • BRAFA, galerie Jean-Jacques Dutko, Bruxelles (Belgique)

2013 • CARTE BLANCHE AUX ÉDITIONS ECARTS, espace Despalles, Paris • MADE IN LIGHT, Fondation Vasarely, Musée en herbe, espace Electra, Christie's Paris • UN CERTAIN REGARD SUR LE JAPON, galerie Dutko, Paris

2010 • VISIONS CONTEMPORAINES DE MARGUERITE D'AUTRICHE, Musée du Monastère royal de Brou, Bourg-en-Bresse (France) • Autour de la revue REHAUTS, galerie Nouvellet, Paris

2009 • ELLES, ARTISTES FEMMES DANS LES COLLECTIONS DU MNAM, Centre Georges Pompidou, Musée national d’Art moderne, Paris • REGARDS D'ARTISTES POUR LA CATHÉDRALE DE CHARTRES, espace SaintJean, Chartres (France), commissaire Claude Schweisguth • ACCROCHAGE BLANC, Centre Georges Pompidou, Musée national d’Art moderne, Paris, commissaire Agnès de la Baumelle

2008 • AUTOUR DES ÉDITIONS ÉCARTS, Poésie et Peinture, centre Joë Bousquet, Carcassonne (France)

• Galerie Jean-Jacques Dutko, Paris

2004 • Galerie Jean-Jacques Dutko, Paris • Parution de LUX, livre, aux éditions Voix Richard Meier, exposition à cette occasion à la galerie Mohanjeet, Paris • OTAGES, ambassade de France à New York, services culturels, New York (États-Unis)

1977 • MYTHOLOGIES QUOTIDIENNES, A.R.C., II, Musée d’Art moderne

1973 • SCULPTURES EN MONTAGNE, POÈME DANS L’ESPACE, exposition de 1977 • FAIRE LE POINT, Musée de Poitiers et Musée des beaux-arts

• VARIATIONS OR, galerie Romagny, Paris

1994 • ORIENTS, Musée du Donjon, Niort • galerie Landon, New York

1998 • Exposition de groupe avec J. Degottex, F. Benrath,

1978 • Exposition, galerie Maki, Tokyo (Japon)

2005 • FIAC, Atelier-galerie Éric Seydoux 1995 • ORIENTS, galerie Museum Annex, Hong Kong

J. Clareboudt, galerie Romagny, Paris • HOMMAGE À BERNARD ANTHONIOZ, couvent des Cordeliers, Paris

1975 • L’EMPLOI DE LA PEINTURE, exposition itinérante, galerie du 1984 • TRAMATURGIES, galerie J. Storme, Lille (France)

1997 • Création des LIVRES UNIQUES, livres d’artiste, en collaboration avec J.-L. Baudry, M. Benhamou, J.-L. Binet, M. Conil-Lacoste, M. Cournot, M. Deguy, Gilbert Lascault, D. Lockwood, J. de Longeville, P. Loraux, J.-F. et D. Lyotard, N. Minor, Ch. de Portzamparc, D. Probst, G. Raillard, J.-D. Rey, J.-M. Rey, J. Risset, J.-L. Schefer, E. Tellerman, G. Thurnauer et C. Zins. Exposés à la galerie Romagny, Paris

1999 • Exposition de groupe avec J. Degottex, C. Chaussard,

• • • • •

MÉTHAMORPHOSES DU LIVRE D'ARTISTE, bibliothèque Forney Centre artistique de Verderonne (France) FIAC, Atelier-galerie Éric Seydoux Galerie A. Lagier, L'Ile-sur-la-Sorgue (France) PLASTICITÉ, galerie Mabel Semler, Paris

2002 • Galerie Jean-Jacques Dukto, Paris

1994 • AUTOUR DE LA GRAVURE, galerie La Hune Brenner, Paris 1993 • AUTOUR DU POÈTE MAURICE BENHAMOU, centre culturel, Turin (Italie) 1991 • ŒUVRES ET PAPIERS, exposition de groupe avec P. Buraglio, H. Gaudin, G. Noël, J.-P. Pincemin, E. et Ch. de Portzamparc, galerie Mostra, Paris

1990 • PARAVENTS D’ARTISTES, galerie Leif Stähle, Paris • OBJETS D’ARTISTES, Société des Amis du MNAM, Centre G. Pompidou, Paris, commissaire H. David-Weill, • CINQUANTE PEINTRES CONTEMPORAINS EN ILE-DE-FRANCE, Centre culturel, Argenteuil (France), commissaire Lucien Curzi

1989 • OBJETS D’ARTISTES, exposition avec E. et Ch. de Portzamparc, B. Venet, P. Buraglio, galerie Mostra, Paris

1988 • VRAIMENT FAUX, Fondation Cartier, Jouy-en Josas (France), commissaire J.-M. Ribette • INVENTER 89, Grande Halle de la Vilette, Paris, commissaire H. Tonka

1986 • L’ART ET LA VILLE, ambassade de France à New York, services culturels, New York (États-Unis), commissaires J.P. Poggi et P. Talbot

1985 • LA LIBERTÉ, galerie Denise Breteau, Paris • 92 ARTISTES, centre culturel, Boulogne-Billancourt (France)

1984 • ARTISTES-ARCHITECTES-ARTISTES, sur une idée de B. Casadesus, avec A. Stinco, P. Buraglio, A. Grumbach, Musée de la Rochelle, chapelle du Lycée Fromentin, La Rochelle (France) • SUR INVITATION, Musée des Arts décoratifs, Paris, commissaire F. Mathey

1983 • ESPACE SPATIAL, C.C.I., Centre Georges Pompidou, Musée national d’Art moderne, Paris, commissaire Jana Claverie

1979 • Salon de la Jeune sculpture, Biennale de Sao Paulo (Brésil),

• VICE VERSA, galerie du Fleuve, Paris • Artiste invitée à la Biennale d’art sacré contemporain, Lyon

commissaire D. Chevallier, • L’ART ET LA VILLE, Centre National d’Art Plastique, Paris, commissaires S. Fachard et M. Faux

2001 • DE LA TRANSPARENCE, maison des Arts Georges Pompidou,

1978 • L’ESTAMPE AUJOURD’HUI, Bibliothèque nationale, Paris, com-

Cajarc (Lot / France) • LES RENDEZ-VOUS DE CARDET, centre d’Art, Cardet (Gard / France) • EMPRUNTS À LA NATURE, galerie A. Arichi, Paris • PAGES, salon de la bibliophilie, médiathèque, Issy-lesMoulineaux

missaire F. Woimant • Exposition rétrospective de la Biennale internationale de Paris, Musée Seibu, Tokyo (Japon), commissaire G. Boudaille • LE DESSIN AUJOURD’HUI, galerie municipale, Tours, commissaire D. Marchès

groupe avec des œuvres de Calder, Miro, Cardenas, Singer, etc… Plateau d’Assy, Assy (France), commissaire J.-P. Lemesle

1970 • Salon de la Jeune sculpture, Jardins publiques de la Ville de Paris, puis musée d’Helsinki (Finlande), comm. D. Chevallier • HOMMAGE À HENRI MATISSE, maison de la Culture, Châtillon (France), commissaire R-J. Moulin

1969 • Biennale internationale de Paris, Musée d’Art moderne de la Ville de Paris • Europlastique, parc des expositions, Porte de Versailles, Paris

1967 • Salon de Mai, salon de la Jeune sculpture, Formes humaines, Musée d’Art moderne, Jardin du Luxembourg, Musée Rodin, Paris

COLLECTIONS PUBLIQUES Musée national d'Art moderne, Centre G. Pompidou, Paris Manufactures des Gobelins, Mobilier national, Paris Musée du Monastère royal de Brou, Bourg-en-Bresse Musée de L'Arsenal de Soissons (France) Bibliothèque nationale, Paris Médiathèque d'Issy-les-Moulineaux (France) Ville de Lille (France) Réseau Ferré Français

COLLECTIONS PARTICULIÈRES Paris, Marseille, diverses régions de France,Tokyo, Hong Kong, Washington, Londres, Bruxelles, USA…

PRINCIPALES COMMANDES PUBLIQUES UNE NÉBULEUSE, MARCHER DANS LE CIEL.... , 2009, école primaire Vitry-sur-Seine (France) MÉMOIRE D'UNE SCULPTURE, 1974-2000, Paris 19e, arch. A. Sarfati TRAMOGRAPHIE, 1999, mur, pignon, 33 rue Bouret Paris 19e, architecte G.Thurnauer (œuvre détruite) ECLIPSE, 1993, mural, 82 rue Compans, Paris 19e PASTILLAGES, 1989, Hôtel Foresthill, archi. G. Thurnauer (œuvre dét.)

CONSTELLATIONS, 1987-88, plafonds Hôpital Bichat (détruits) LE GRAND LIVRE DES PAS, 1986, école de Danse de L'Opéra, Nanterre, architecte Ch. de Portzamparc TRAMORELIEF, 1986, école primaire rue Beauregard et rue villeneuve Paris 2e, architecte P. Robert PROMENADE DANS UN MUSÉE IMAGINAIRE,1985-88, pour la S.N.C.F. , Malakoff MÉMOIRE POUR UNE VILLE AMNÉSIQUE, 1985, ensemble d'habitations Marne-la-Vallée / Noisy-le-Grand, architecte A. Grumbach TRAVELLING PICTURE OF MONA LISA, 1983-86, collège de Trith Saint-Léger POINT DE MIRE DU CINÉMA, 1981, espace commercial des Quatre temps, Paris-la-Défense MASQUE NOIR, 1979, banque Ouest Africaine, Lomé (Togo) LE SOURIRE DE NADJA, 1978, façade du théatre de la Rose des vents, Villeneuve d'Ascq

109

0-Béatrice CASADESUS-2 _CASADESUS 22 X 28 04/10/14 09:38 Page110

BIBLIOGRAPHIE 2014 • Magali Briat-Philippe, « acquisitions 2013 / 2014, Danaé, une œuvre de Béatrice Casadesus, inv. 2013. 4, musée du Monastère royal de Brou, Bourg-en-Bresse », Revue des musées de France-revue du Louvre, n° 2014-2, avril • Colin Cyvoct, « Béatrice Casadesus l'élégance », L'Œil, n° 668, mai • Lydia Harambourg, « Mue et lumière » La Gazette Drouot, n° 16, 25 avril • Stéphanie Pioda, Beaux-Arts Magazine, n° 358, avril, et publicité pleine page • Valérie de Maulmin, « Les jeux de lumière de Béatrice Casadesus », Connaissance des Arts, n° 726, mai • Guy Boyer, exposition Béatrice Casadesus, galerie Dutko, Radio Classique, 2 mai, 13 h • Maurice Benhamou « Pressions / Impressions », Michel Ellenberger « La plénitude du regard », Étienne Guibert « Peintures dévoilées », Philippe Lerat « L’estampille de l’infini », catalogue Dévoilements... , exposition Musée barrois et espace Saint-Louis, Bar-le-Duc, Serge Domini Éditeur

2006 • André Descamps, « La lumière au cœur », Bruno Vouters,

2005 • Lydia Harambourg, « Béatrice Casadesus une peinture in-

• Richard Skryzak, « Entretien avec Béatrice Casadesus », catalogue de l’exposition Tramographies urbaines, Trith Saint-Léger • Pierre Cabanne, « Au petit point », Elle, 13 octobre, n° 2127 • J.-P. Poggi, « Béatrice Casadesus, les points de mire du cinéma»,texte du catalogue Des artistes, un quartier, La Défense

carnée par la lumière », La Gazette Drouot, n° 2, 14 janvier • Jean-Marie Chevrier, « La Tisseuse Têtue », revue Siècle 21

1984 • Anne Dagbert, « Béatrice Casadesus, galerie Jacqueline

« depuis que je suis haute comme çà », catalogue Synoptique centre Norrois, Arras • Maurice Bénhamou, Le visible et l'imprévisible, éd. l'Harmattan

2002 • Françoise Dubois, « La Artista Béatrice Casadesus muestra su aventura artistica », El Mundo, quotidien Catalan, décembre • Michel Ellenberger, « La transparence et l'immatériel », exporevue.com, 2 juin • Francis Marmande, « Portrait : Béatrice Casadesus, Regard au Point », Le Monde, 5 décembre • Alix Saint-Martin, « Béatrice Casadesus, une traversée de la lumière », 92 express, n° 130 • Scarlett Reliquet, « L'empreinte d'une aventure », préface du catalogue Le regard et la trace • P. Loraux, M.Benhamou, B. Casadesus, entretien croisé, (en insert lettre au visiteur de B.Casadesus), catalogue Le regard et la trace

2013 • Chloé Bardin, magazine Centralités H2, décembre 2013 2000 • Maurice Benhamou, « La peinture en liberté », Jean Attali, 2012 • Philippe Luez, « Un regard sur l'infini », Michel Ellenberger, « Un reflet de la lumière des origines », Maurice Benhamou, « L'attention dévotieuse qui occupe le peintre... », catalogue Infinis..., Yvelinédition. Exposition Musée national de Port-Royal des champs (France) • Christophe Comentale, « Béatrice Casadesus », Art et Métiers du livre, n° 291 • Véronique Bouruet-Aubertot, « Béatrice Casadesus en quête de Lumière », Connaissance des arts, n° 710, décembre • Lydia Harambourg, « Béatrice Casadesus Infinis... », La Gazette Drouot, n° 42, 30 novembre • Claudine Boni, « portrait », La Gazette Drouot, n° 33, 28 septembre / Marie-Paule Nègre • Lydia Harambourg, La Gazette Drouot, n° 33 • Sylvie Merlino, Décryp't Art, site internet, 19 mai • Jean-François Lyotard, Textes dispersés II Artistes contemporains, direction H. Parret, Postface D. Lyotard, éditions Leuven University Press

« Béatrice Casadesus le motif et l'intime », catalogue Work in process, Issy-les-Moulineaux (France), (en insert texte de B. Casadesus)

1999 • Catherine Firmin-Didot, « Béatrice Casadesus et les Nymphéas », Télérama, hors-série sur Monet

1997 • Maurice Bénhamou, Patrice Loraux, Béatrice Casadesus, « entretien croisé », in Rue Descartes, revue du collège international de philosophie, texte établi par Dolorès Lyotard, éditions PUV

1996 • Lucy Stringer, « Béatrice Casadesus », in B international, magazine Chinois, version anglaise

Drouot, n° 8

Asian art News, vol 5, n° 4, Office interior, magazine Chinois

• Scarlett Reliquet, Une mémoire des possibles, préface de la plaquette Orients, musée de Niort, services culturels de l'ambassade de France et galerie Landon, New York

2010 • Magali Briat-Philippe, Béatrice Casadesus, « La Mue de Marguerite embrasse tous les modes du voir », catalogue Visions contemporaines de Marguerite d'Autriche • Maurice Benhamou, « Béatrice Casadesus et le De Rerum Natura de Lucrèce » (extrait) catalogue Visions contemporaines de Marguerite d'Autriche, et texte intégral in revue Rehauts • Régine Lissarrague, « Une œuvre exceptionnelle de Béatrice Casadesus », Décrypt'Art, 16 novembre • Georges Raillard, La Quinzaine Littéraire, octobre • Christophe Comentale, Art et Métiers du livre, n° 277, mars / avril

1991 • Anne Dagbert, « Béatrice Casadesus au Musée d'Art contemporain de Dunkerque », Art press • Michel Faucher, préface du catalogue du Musée d'Art contemporain de Dunkerque • Maurice Benhamou, texte pour la plaquette de l'exposition L'envers de l'ombre, galerie Charles Sablon, Paris

grand dans le modeste », Richesse du livre pauvre, Daniel Leuwers, éditions Gallimard

2007 • Béatrice Casadesus, « Dérouler la peinture... », revue Midi, n° 29 110

2001 • Béatrice Casadesus, Encyclopédie audiovisuelle de l’art contemporain, Imago, (15 mn)

1994 • Vidéo de l’exposition Orients, Musée du Donjon, Niort 1986 • Béatrice Casadesus. Faire le point, film de Richard Skryzac, produit par le Centre Culturel de Trith Saint-Léger, (7 mn)

1978 • Portrait de famille (90 sec.), Pousse-café (60 sec.), Fragments (30 sec.), films vidéo de Béatrice Casadesus, produits par le Centre Georges Pompidou en collaboration avec Jean Dupuy

1972 • Champ visuel, émission télévisée de M. Chapuis, P. Schneider, R. Valey

DÉCORS DE THÉÂTRE 2004 • Le Théâtre de ... Gisèle Casadesus, mise en scène C. Mathieu

1978 • Béatrice Casadesus, « Le sujet humain comme lieu pictural », texte français et anglais pour L’Annuel d’Art, dir.

Jean-Luc Daval, Paris, édition Skira • Julia Kristeva, « Point de Mire », préface du catalogue de l’exposition, galerie C, Paris • Marc Le Bot, « Béatrice Casadesus », La Quinzaine Littéraire, n° 281, 16-30 juin • Gilles Plazy, « Casadesus (Béatrice) », Le Quotidien de Paris, 20 juin • Pierre Cabanne, « Béatrice Casadesus. Point par point », Le Matin de Paris, 27 juin • Stéphane Deligeorges, « Béatrice Casadesus Galerie C. », Les Nouvelles littéraires, juin

Théâtre du Vieux Colombier, Paris

1978 • Ostéodrame, mise en scène A. Germain, Museum d'histoire naturelle, Paris

1977 • Minuit pour Géants, d'après Tristan Tzara, mise en scène A. Germain, musique de C. Ballif, Musée d'Art moderne de la Ville de Paris, espace Cardin, musée de Poitiers...

SITE INTERNET beatrice-casadesus.com

1977 • Michel Cournot, « La poudre du temps », Le Nouvel Observateur, 29 août • Hélène Démoriane, « Corps à corps », Le Point, 11 juillet • Béatrice Casadesus, Masque Noir, édition B.O.A.D., Lomé (Togo) • Michel Conil-Lacoste et Dominique Ponnau, Préfaces, catalogue des expositions aux Musée de Poitiers, Musée des beaux-arts et de La Dentelle, Calais • Dany Bloch, « Béatrice Casadesus », Info Artitudes, 18 mai

1975 • Jacques Soulillou, « L’emploi de la peinture », Artitudes international, n° 30-32

1990 • Bruno Vouters, « Béatrice Casadesus. Un point c’est tout », La Voix du Nord, 30 mai • Collectif, « Il luogo commune della differenza », Seminario di Filosofia di Marina di Camerota, 1-4 juin 1990. Université de Naples

1989 • Jean-Michel Rey, « Entretien », plaquette d’exposition,

1972 • Jean-Marie Tasset, « Plexiglas et matières traditionnelles », Le Figaro, 9 novembre • Jean-Louis Pradel, « Béatrice Casadesus », Opus international, n° 42 • Pierre Descargues, Serge Guillou, Béatrice Casadesus, « Entretien croisé », France Culture

1971 • Béatrice Casadesus, « Espace de jeux cité Balzac, Vitry », L’Architecte d’Aujourd’hui, n° 154

méro spécial sur la Révolution française

1986 • Mona Thomas, « Portrait de Béatrice Casadesus », Beaux-Arts Magazine, n° 38 • Anne Dagbert, « Trames, Tramographies », Révolution, 10-16 octobre, n° 345

CRÉDITS PHOTOGRAPHIQUES Rurik Dmitrienko : pages 14, 20, 22, 23, 24, 25, 30, 31, 32, 36, 37, 38, 39, 40, 41, 42, 43, 44, 45, 52, 53, 54-55, 112 Sylvain Leurent : couverture et second rabat, pages 12, 26, 27, 28, 29, 52, 60-61, 62-63, 64-65, 66, 67, 68, 69, 70, 71, 72, 73, 74, 75, 76, 77, 106 Jean-Louis Rey : pages 46, 47, 48, 49, 58-59 Martine Médard / Michel Nicolas : pages 80, 92, 93, 94, 95, 96, 97 Antoine Baud : pages 11, 17, 34, 35, 86 Béatrice Casadesus : pages 89, 102-103, 104, 105 Suzanne Nagy : pages 98, 100, 101 Remondo de Andrade : pages 90, 91 Alvaro Yanez : pages 50, 51 Bernard Martinez : pages 78-79 haut

centre culturel, Malakoff

1988 • Anne Chèvrefils-Debiolles, « Inventer 89 », Art Press, nu2008 • Béatrice Casadesus, « Le Livre pauvre, quelque chose de

Silence, cinéma », Le Monde, 13 mars • Marc Gaillard, « Des sculptures aussi », Le Moniteur, Supplément, 11-16 mars • François Werhlin, Bulletin de l’École Spéciale d’Architecture, 11 mars, n° 107

1974 • Jean-Pierre Lemeste, « Poème dans l’espace », L’Œil, mars

2009 • Martine Quinette, La Provence, 28 octobre • Laure Salamon, « Portrait », Réforme, n° 3334 du 10-09 • Dorothée Lagard, « promenade à La Défense avec Béatrice Casadesus », La Défense, éditions du Cherche Midi

1981 • Geneviève Bréerette, « Un mur de Béatrice Casadesus.

2005 • Les variations Casadesus, E. Kapnitz, ARTE

1995 • John Millichap, « Béatrice Casadesus at the Museum annex », 1994 • Béatrice Casadesus, LUX, éditions Voix Richard Meier

2011 • Lydia Harambourg, « La Mue de Marguerite », La Gazette

Storme », Lille, Art Press, juillet-août, n° 89 • Patrice Bachelard, « Béatrice Casadesus, Tramaturgies », Beaux-Arts Magazine, juin • Maxime Lhermitte, « Les yeux du jour, œuvres récentes de Béatrice Casadesus », Le Monde, supplément n° 1, 24 mai • Michel Chapuis, « Entretien », France Culture, 17 mai • Béatrice Casadesus, « Point de vue », texte du catalogue de l’exposition Artistes, Architectes, Artistes, musée de la Rochelle • C. Bouyeure, « Entre le jour et la nuit », texte du catalogue d’exposition, galerie J. Storme, Lille

FILMOGRAPHIE 2010- • Béatrice Casadesus, « peindre n’est peut-être que traverser 2012 la lumière », film de Lazlo Licata, (40 mn)

Jonathan Barbot : page 78 bas Nelly Blaya : intérieur de couverture

1969 • Janine Warnod, « Béatrice Casadesus », Le Figaro, 8 janvier

Michel Petit : page 83

• Otto Hahn, « OttoHahn a vu la Jeune sculpture », L’Express, juin

Lazlo Licata : page 88

1967 • Jean-Jacques Lévêque, « Le sens de l’espace », Arts, juillet 111

0-Béatrice CASADESUS-2 _CASADESUS 22 X 28 04/10/14 09:38 Page112

LE FOND DES CHOSES 1995. Acrylique / intissé 236 x 150 cm

Photogravure et mise en page PMC Patricia Maurice 5 rue Saint-Vincent 57130 Vaux Tél. : 06 31 92 64 41 – 03 87 51 92 43 courriel : pmc.communication@free.fr Achevé d’imprimer en juin 2014