Hobb,Robin-[Les Aventuriers de la mer-4]Brumes et tempetes(1999).OCR.French.ebook.AlexandriZ

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Et où aurait-il été ? Il ne savait pas en embarquant où ce travail le mènerait. Théoriquement, on l’avait embauché comme second. La Veille du Printemps était un petit navire leste, à faible tirant d’eau, capricieux par grands vents mais superbe pour négocier les chenaux menant aux villes du lagon ou aux villages installés sur les berges des fleuves. Théoriquement, la Veille du Printemps était un navire-cargo, un caboteur qui transportait et négociait toutes les marchandises qui se trouvaient sur son chemin. Mais la réalité était plus sinistre. Brashen était, au gré du capitaine Finney, second, garde du corps, interprète ou débardeur. Quant à Finney lui-même, Brashen était toujours incapable de s’en faire une idée. Le capitaine s’était-il décidé à lui faire confiance, ou le mettait-il à l’épreuve ? Sa franchise désarmante était une feinte pour duper les marchands les plus douteux qui traitaient avec lui. Cet homme corpulent n’aurait jamais survécu à toutes ces années dans ce commerce s’il était aussi confiant et sincère qu’il le paraissait. C’était un marin compétent et un grand charmeur. Pourtant, Brashen le devinait capable de tout pour sauver sa peau. Un couteau avait laissé, jadis, une longue cicatrice plissée sur son ventre qui ne correspondait pas à la nature apparemment affable de l’homme. Depuis qu’il l’avait découverte, Brashen se surprenait à observer son capitaine d’aussi près qu’il surveillait les marchands qu’montaient à bord. A présent, Finney, nonchalamment penché en avant, tapotait d’un doigt rapide une dizaine de bijoux. « J’ajoute ceuxci dans notre marché. Vous pouvez reprendre les autres. La pacotille des marchands ambulants ne m’intéresse pas. » Le capitaine n’avait pas perdu son sourire placide mais le tapotement preste de son doigt avait désigné infailliblement les pièces que son second considérait aussi comme les plus précieuses de la collection. Faldin lui rendit son sourire mais Brashen surprit une ombre de malaise sur la physionomie du marchand. Il resta impassible. A maintes reprises, il avait vu Finney faire son numéro. L’homme se montrait aussi doux et accommodant qu’un gros matou ronronnant mais quand on en venait au -245-


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