Hobb,Robin-[Assassin Royal-07]Le prophete blanc(Fool's Errand)(2001).French.ebook.AlexandriZ

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mien, m’accordant son entière attention. Il attendit patiemment que je trouve mes mots, peu empressés à venir. Lentement, je dévidai l’histoire de ce que nous avions vécu à l’époque, le loup et moi. Nous avions voyagé sans hâte ; il nous avait fallu presque une année, en suivant une route très détournée qui traversait les Montagnes puis les vastes plaines de Bauge, pour parvenir au voisinage de Corvecol en Cerf. L’automne avait lancé ses premières sommations quand nous étions arrivés à la bâtisse de pierres et de rondins, au toit surbaissé, accrochée au versant d’une colline boisée. Les grands arbres persistants étaient restés impassibles devant les menaces de l’automne, mais le gel venait d’effleurer les feuilles des buissons et des petites plantes qui poussaient sur le toit moussu, en détourant certaines d’un liséré jaune, en rougissant d’autres. La large porte béait dans l’air frais de l’après-midi, et une onde presque transparente de fumée montait de la cheminée courtaude. Il n’avait pas été nécessaire de frapper ni de signaler notre présence à grands cris : ceux du Lignage qui se trouvaient dans la maison l’avaient détectée sans plus d’hésitation que nous-mêmes avions senti celle de Rolf et de Fragon. C’est donc sans manifester d’étonnement que Rolf le Noir était apparu sur le seuil ; il s’était planté devant la pénombre caverneuse de son logis et nous avait regardés en fronçant les sourcils. «Alors, vous avez enfin compris que vous avez besoin de ce que je peux vous enseigner », avait-il déclaré en guise de salut. La forte odeur d’ours qui imprégnait les alentours nous mettait mal à l’aise, Œil-de-Nuit et moi, mais j’avais néanmoins acquiescé de la tête. Rolf avait alors éclaté de rire, et son sourire de bienvenue avait ouvert une brèche dans la forêt de sa barbe. J’avais oublié sa taille impressionnante ; il s’était avancé d’un pas lourd et m’avait engouffré dans une étreinte amicale qui avait bien failli me broyer les côtes. Puis j’avais eu l’impression de capter la pensée qu’il avait envoyée à Hilda, l’ourse qu’il avait prise comme compagnon de lien. «Le Lignage salue le Lignage », avait dit Fragon d’un ton grave en sortant à son tour de la maison. L’épouse de Rolf était - 177 -


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