Hobb,Robin-[Assassin Royal-07]Le prophete blanc(Fool's Errand)(2001).French.ebook.AlexandriZ

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«Vérité, dit le fou à mi-voix, comme exprimant tout haut l’idée que j’avais laissée informulée. ŕ Oui, Vérité, répondis-je. Mon roi. » Avec un soupir, je repris mon récit. Je l’avais découvert dans le Jardin de pierre. Quand j’avais aperçu sa peau turquoise qui luisait dans les tachetures de lumière, sous les arbres, Œil-de-Nuit s’était assis, avait soigneusement rabattu sa queue sur ses pattes de devant et refusé d’approcher davantage. Faisant taire ses pensées, il m’avait prudemment accordé l’intimité de mon esprit. Je m’étais avancé en direction de Vérité-le-dragon à pas lents, mon cœur cognant dans ma poitrine ; là, dans une enveloppe taillée dans l’Art et la pierre, dormait l’homme qui avait été mon roi. Pour l’amour de lui, j’avais subi des tourments et des blessures si terribles que j’en porterais les marques dans mon âme et dans ma chair jusqu’à la fin de mes jours ; pourtant, alors que j’atteignais la forme immobile, j’avais senti des larmes me piquer les yeux et j’aurais tout donné pour entendre à nouveau sa voix familière. «Vérité ? » avais-je fait d’un ton rauque. Mon âme le cherchait de toutes ses forces, parole, Vif et Art mélangés pour retrouver mon roi, mais en vain. J’avais posé mes mains à plat sur son épaule froide, appuyé mon front contre ce dur ressaut, et tendu à nouveau mon esprit sans me soucier des conséquences. Je l’avais alors senti, mais comme un reflet vague et lointain de ce qu’il avait été ; autant prétendre toucher le soleil quand on capte dans ses mains une moucheture de lumière dans la forêt. «Vérité, je vous en supplie », avais-je dit d’un ton implorant, et j’avais encore une fois tendu vers lui jusqu’à la moindre parcelle de mon Art. Revenu à moi, je m’étais découvert affaissé contre le dragon. Œil-de-Nuit n’avait pas bougé, toujours vigilant. «Il n’est plus, lui avais-je annoncé Ŕ déclaration vaine et inutile. Vérité n’est plus. » Alors, courbant la tête sur mes genoux repliés, j’avais pleuré, j’avais pleuré mon roi infiniment plus que le jour où son enveloppe humaine avait disparu dans sa forme de dragon. - 148 -


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