Hobb,Robin-[Assassin Royal-04]Le poison de la vengeance(Assassin's Quest)(1997).French.ebook.Alexand

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Molly le regarda, les traits illuminés. « Vous voulez bien me préparer une tasse de tisane, s’il vous plaît ? » lui demanda-telle à mi-voix, et Burrich hocha la tête avec un grand sourire de benêt. J’émergeai du sommeil plusieurs heures avant l’aube, incapable tout d’abord de savoir quand j’étais passé de la rêverie à l’état de veille : à un moment donné, je m’aperçus que j’avais les yeux ouverts et que je contemplais la lune. Il me serait impossible de décrire les sentiments qui m’agitaient, mais, peu à peu, mes pensées reprirent forme et je compris alors les précédents songes d’Art que j’avais eus de Burrich : je le voyais par les yeux de Molly. C’était auprès d’elle qu’il était depuis qu’il m’avait quitté ; c’était elle dont il s’occupait, elle, l’amie qu’il était allé aider, la femme qui avait besoin de la force d’un homme. Il était avec elle pendant que je restais seul... Je sentis une soudaine bouffée de colère m’envahir à l’idée qu’il ne fût pas venu me dire qu’elle attendait mon enfant, mais elle se résorba quand je pris conscience tout à coup qu’il avait peutêtre essayé de le faire : quand il était revenu à notre masure, ce n’était pas pour rien ; encore une fois, je me demandai ce qu’il avait pensé en la trouvant abandonnée. Que toutes les pires craintes que je lui inspirais s’étaient réalisées ? Que j’étais retourné à l’état sauvage sans espoir de retour ? Mais je comptais bien revenir. Comme une porte brusquement ouverte, cette possibilité existait de nouveau ; aucun obstacle ne se dressait vraiment entre Molly et moi ; il n’y avait pas d’autre homme dans sa vie, rien que notre enfant. Je sentis un grand sourire étirer soudain mes lèvres : je ne permettrais pas à une broutille comme ma mort de s’interposer entre nous. Qu’était la mort à côté de la vie d’un enfant partagée à deux ? J’irais la retrouver, je lui expliquerais tout, cette fois, et cette fois elle comprendrait et me pardonnerait parce que plus jamais il n’y aurait de secrets entre nous. Je n’hésitai pas Je me redressai dans le noir, saisis le balluchon qui me servait d’oreiller, et me mis en route. Descendre le fleuve était beaucoup plus facile que le remonter : j’avais quelques pièces, je prendrais place à bord d’une péniche, et quand l’argent viendrait à manquer, je travaillerais pour - 291 -


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