Hobb,Robin-[Assassin Royal-04]Le poison de la vengeance(Assassin's Quest)(1997).French.ebook.Alexand

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somnolence inquiète ; je rêvai, mais c’étaient des songes sans substance, à peine teintés d’Art, qui vacillaient et tournaient comme agités par les vents d’automne. Mon esprit sembla faire un méli-mélo des images de toutes les personnes qui me manquaient, et je vis Umbre qui prenait le thé avec Patience et Brodette ; vêtu d’une robe de soie rouge piquetée d’étoiles, à la coupe très démodée, il adressait des sourires gracieux aux deux femmes et faisait naître le rire même dans les yeux de Patience, bien qu’il parût étrangement épuisé. Je rêvai ensuite de Molly qui jetait un coup d’œil à l’extérieur par la porte d’une chaumière tandis que Burrich, dehors, resserrait son manteau autour de lui pour se protéger du vent et lui disait de ne pas s’inquiéter, qu’il ne serait pas absent longtemps, que les tâches trop dures pouvaient attendre son retour, qu’elle devait rester enfermée et ne s’inquiéter que d’elle-même. J’eus même une vision de Célérité ; elle s’était réfugiée dans les légendaires Cavernes de glace du glacier Dévoreux, en Béarns, où elle se cachait en compagnie des quelques troupes qu’elle avait pu rallier et de nombreux Béarnais privés de logis par la guerre contre les Pirates ; je la vis soigner Félicité qui souffrait de fièvre et d’une blessure infectée au ventre occasionnée par une flèche. Enfin, je rêvai du fou, assis devant un âtre, le regard perdu dans les flammes ; son visage blanc était devenu ivoire, et l’on n’y lisait plus le moindre espoir ; j’avais l’impression de me trouver dans le feu et de plonger mes yeux profondément dans les siens. Non loin, et pourtant pas si près que cela, Kettricken pleurait inconsolablement. Mes songes se fanèrent soudain, et je vis des loups qui chassaient, lancés à la poursuite d’un cerf, mais c’étaient des loups sauvages, et si le mien se trouvait parmi eux, c’est à eux qu’il appartenait et non plus à moi. Je m’éveillai avec la migraine et une douleur dans le dos due à un caillou sur lequel j’avais dormi. Le soleil commençait à peine à fendre le ciel, mais je me levai tout de même pour me rendre à un puits, tirer de l’eau et boire autant que mon estomac le permettait ; Burrich m’avait dit un jour que se remplir d’eau était un bon moyen de tromper la faim : j’allais devoir mettre aujourd’hui cette théorie en pratique. J’aiguisai mon poignard, me demandai si j’allais me raser, puis décidai de n’en rien faire : - 277 -


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