Hobb,Robin-[Assassin Royal-04]Le poison de la vengeance(Assassin's Quest)(1997).French.ebook.Alexand

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propos de l’homme m’avaient déclenché un frisson d’angoisse, mais pas pour les raisons qu’il aurait pu supposer : je m’attendais à tout instant à me faire réveiller du bout d’une botte ou à entendre crier à la cantonade : « Hé, si on le regardait de plus près, celui-là ! » Pourtant, j’en fus pour mes craintes : le ton de l’histoire incitait les auditeurs à guetter des yeux de loup dans le noir, pas à se méfier d’un ouvrier fatigué qui dormait au milieu d’eux. Néanmoins, c’est le cœur battant que je passais en revue les gens qui avaient croisé mon chemin : le tailleur chez qui j’avais changé de vêtements reconnaîtrait la description, la femme qui s’était intéressée à ma boucle d’oreille aussi, peutêtre, voire également la vieille chiffonnière qui m’avait aidé à nouer mon mouchoir sur la tête. Certains répugneraient à franchir le pas, d’autres préféreraient ne pas avoir affaire aux gardes royaux, mais quelques-uns n’auraient pas ces scrupules, et je devais agir comme si c’était le cas de tous. L’orateur, poursuivant son récit, l’enrichissait de détails sur les ambitions démoniaques de Kettricken, qui avait couché avec moi afin de concevoir un enfant dont nous pourrions nous servir pour nous emparer du trône. Sa voix s’était chargée de mépris, et nul ne tenta de tourner ses assertions en dérision ; même Crice, à côté de moi, paraissait d’accord, comme si ces complots contournés étaient de notoriété publique. Il prit la parole et confirma mes pires craintes. « A t’écouter, on dirait qu’on vient de l’apprendre, pourtant tout le monde savait que le gros ventre, ce n’était pas Vérité qui le lui avait fait, mais le Bâtard-au-Vif. Si Royal n’avait pas chassé cette putain des Montagnes, on se serait retrouvés avec un prétendant au trône pareil que le prince Pie. » Un murmure d’acquiescement accueillit cette déclaration. Prenant l’attitude d’un homme qui s’ennuie, je fermai les yeux et me rallongeai, en espérant que mon immobilité et mes paupières baissées dissimuleraient la rage qui menaçait de me consumer ; je tirai mon mouchoir plus bas sur mes cheveux. Quel but Royal Ŕ car je savais que ce poison était issu de lui Ŕ poursuivait-il en faisant répandre des potins aussi révulsants ? Cependant, je n’osai poser aucune question, craignant que ma voix ne trahisse mon trouble et ne souhaitant pas paraître - 274 -


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