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Une nouvelle aventure du petit Nicolas - le petit Nicolas chez le psychologue en hommage à Sempé et Goscinny Le petit Nicolas revient, il a fait sa rentrée avec des innovations pédagogiques comme on va voir. Il y a cinq jours c'était la rentrée des classes. C'était un peu bizarre car ce n'est plus la même maîtresse, mais un jeune maître et puis il y a des filles dans la classe. Le premier jour, il y avait les filles d'un côté et les garçons de l'autre et tout le monde parlait en même temps dans les couloirs, c'était amusant, on rigolait bien. Quand les maîtres et les maîtresses sont arrivés, on a cru que nous allions nous faire disputer mais en fait ils n'ont rien dit. Notre nouveau maître est tout jeune, il ressemble au grand frère d'Eudes mais avec moins de cheveux. Il s'est mis à côté de la porte, il ne nous a pas mis en rang, il nous a dit de rentrer. Agnan n'a pas bougé car il fait toujours ce qu'on lui ordonne de faire et là il était tout pâle et angoissé. Alceste non plus n'a pas bougé, il finissait de manger ses petits pains au beurre du matin et n'a pas entendu la voix du nouveau maître qui est très douce. Dans la salle de classe, le nouveau maître nous a fait mettre les tables en rond autour de lui pour "que ce soit plus convivial". Ce n'était pas une bonne idée car Agnan et Clotaire ne savaient plus où s'asseoir, puisqu'il n'y avait plus de premier rang ou de pupitre près du radiateur. Quand nous bougions les chaises ce qui faisait beaucoup de bruit, le nouveau maître se frottait les mains en souriant. Il nous a fait remplir une petite feuille en carton où nous avons dû mettre ce que nous voulions faire plus tard ; moi j'ai mis astronaute sur la lune ou alors cow-boy en Normandie car j'aime bien la Normandie, et aussi que je voulais faire plaisir à mon Papa et ma Maman, c'est là où habite Mémé. Agnan a ramassé les fiches et le nouveau maître les a lues en parlant très vite et tout bas et on ne comprenait pas ce qu'il disait. Puis la classe a commencé et nous avons arrêté de faire les guignols, même Maixent qui montrait aux copains ses sandales en plastique rose que sa mère lui faisait porter encore quelques jours après les vacances pour que leur prix soit amorti. A la fin de la journée, le nouveau maître m'a fait venir à son bureau et m'a dit qu'il était très inquiet pour moi du fait des réponses que j'avais mises sur ma fiche, qu'il fallait que je prenne rendez-vous avec mes parents chez le psychologue scolaire. J'ai fait signer le papier à Papa et Maman, après Papa a rigolé drôlement en faisant tourner son index autour de son oreille et Maman a soupiré en me regardant et en me disant : - Tu as des problèmes à l'école, Nicolas ? J'ai dit non et j'avais quand même un peu envie de pleurer et une grosse boule dans la gorge. Ma Maman a pris rendez-vous le mercredi matin et nous sommes allés ensemble chez la psychologue. Quand nous sommes entrés il y avait une dame rousse avec des lunettes très grandes et un peu pointues qui lisait un livre dont le titre était "Vertiges d'Amour ruisselant". Maman lui a dit que nous avions rendez-vous à 10 heures et il était 10 heures, elle a indiqué les chaises qui étaient dans un coin de la pièce et nous a dit de nous asseoir et d'attendre, que la psychologue allait nous recevoir. Et elle a recommencé à lire son livre.


Nous sommes entrés au bout d'une demie-heure d'attente, la dame avait les cheveux jaunes au dessus et un noirs en dessous, elle sentait très fort le parfum et avait un pull blanc qui laissait des petits morceaux partout. Elle me donna une feuille et elle me dit de dessiner mon Papa, ma Maman, moi et puis notre maison. Elle m'a regardé faire en souriant et parfois, elle faisait "bien", "très bien" en me regardant. Elle a pris la feuille et elle n'a rien dit, elle a fait : "mm", "mm mm", "mm" et rien d'autres, moi je croyais qu'elle allait me féliciter car je m'étais drôlement appliqué. Elle ne m'a plus regardé et elle s'est tournée vers Maman en lui disant que "j'avais un imago paternel très chargé en surreprésentation de la virilité, à cause du cow-boy que j'avais rajouté dans ma main, j'en ai toute une collection, et que de manière latente on pouvait deviner une homosexualité mal exprimée mais sous-sous-jacente. Maman a ouvert de grands yeux, elle avait le même regard que lorsque je viens de faire le guignol ou dire un gros mot. Elle a dit : -Allez, Nicolas, on s'en va, je ne vais pas écouter des bêtises pareilles. La dame a répondu la bouche pincée comme monsieur le Directeur quand il reçoit les parents d'Alceste après leur premier goûter du jour : -Mais, Madame, les autres parents m'écoutent, et ils font ce que je leur dis de faire car j'ai souvent raison. J'ai fait des études pour comprendre les enfants Madame. Moi, je ne voulais pas partir, je voulais continuer à faire des dessins et à regarder les feuilles où il y a des taches d'encre, faites exprès, et que l'on imagine ce que çà représente comme j'ai vu dans un film de gangsters et de policiers mais c'est le gentil qui met les méchants en prison à la fin. J'ai été drôlement content quand même car Maman m'a acheté un illustré en sortant, très chouette, avec des histoires de cow-boys dedans. Et le lendemain, le nouveau maître était malade, il faisait une dépression nerveuse nous a dit monsieur le Directeur. il comprenait très bien avec une classe de jeunes gens et de jeunes filles aussi dissipés.

Le voyage en voiture – une aventure du Petit Nicolas D’après les personnages de Sempé et Goscinny et en leur hommage Quand elle va chez le coiffeur, ma Maman rentre souvent énervée, il faut dire qu’elle y croise toujours la maman d’Agnan qui ne cesse de lui parler de son fils. Elle rappelle tous les bons résultats d’Agnan, puis elle parle ensuite de ce qu’elle veut qu’il fasse plus tard et je suis puni à cause de mes mauvaises notes. Il paraît qu’elle veut qu’il fasse l’ « X » mais c’est facile à faire un « x », même Clotaire, le dernier de la classe le saurait. Mais ça, on l’a appris il y a longtemps quand nous étions petits, maintenant nous savons beaucoup plus de choses grâce aux problèmes que nous donnent la maîtresse comme celui où un train part avec 12 minutes de retard de la gare de Bordeaux et qu’un autre part 16 minutes en avance de celle de Toulouse et qu’il faut dire à quel moment ils vont se croiser. Généralement, Clotaire se trompe toujours, il faut dire, et il est tellement habitué à être puni le soir, que le mardi, le jour des problèmes, sa maman ne fait jamais de dessert. Après avoir discuté avec la maman d’Agnan, ma Maman a accepté que j’aille visiter le musée du Louvre avec Agnan et Alceste, avec qui je joue souvent aux pirates, qui « en avait grand besoin lui aussi » à Paris. C’est le papa et la maman d’Agnan qui vont nous y conduire et qui nous guideront dans le musée. Je suis un peu inquiet mais content aussi car j’ai vu hier à la télévision un feuilleton terrible où il y avait un fantôme qui tuait plein de personnes dans le musée la nuit quand il n’y avait plus de visiteurs.


Ce matin, les parents d’Agnan et Agnan sont venus me chercher chez moi ainsi qu’Alceste qui avait prévu une dizaine de sandwichs au jambon pour le voyage et plusieurs petits pains au beurre pour le musée. Le papa d’Agnan a une grosse voiture américaine comme une qu’Alceste, mon meilleur copain, m’a donné en petite auto, une petite auto très chouette. Papa est sorti pour la voir et il a dit que ça devait consommer beaucoup d’essence même si elle était impressionnante comme ça à première vue. Le papa d’Agnan lui a dit que de toutes façons il préférait l’avion quand il allait traiter des affaires à New York. Papa n’a rien dit et m’a juste passé la main dans les cheveux mais il était tout rouge. Agnan m’a donné sa main mais quand je l’ai serrée, elle était toute molle et il n’avait pas l’air très content que je sois là, et Alceste aussi. Il était assis sur les beaux sièges en cuir rouge de la voiture qui avait des pneus qui étaient blancs sur les côtés. Il avait un gros livre à la main avec un château dessiné dessus et un autre gros livre avec des chiffres. Il me dit qu’il voulait réviser ses tables de multiplication avec sa maman quand nous serions sur la route. Il est fou, Agnan ! Dans la voiture, sa maman et Agnan ont chanté une chanson sur les tables de multiplication qui était très longue et un peu ennuyeuse. Puis ils ont beaucoup ri quand Agnan est arrivé au bout de la table de 9, la dernière table à apprendre. Avec Alceste, je ne comprenais pas pourquoi ils riaient car ce n’était pas drôle. Et j’avais une boule dans la gorge. Son papa a dit que grâce à son travail, son fils, lui, n’allait pas lui faire honte et qu’il ne finirait pas au bagne comme des petits voyous mal élevés et incultes, de futurs gibiers de potence sans foi ni loi. Il me dit : « tu n’est pas comme cela, Nicolas ? ». Je dis que non. Il dit alors : « Bien, nous allons donc pouvoir essayer de t’instruire au musée où nous pourrons contempler les merveilles de l’art classique». Et ensuite, il a confisqué les petits pains au beurre qu’Alceste avait commencé car il mettait ses mains partout sur le cuir de la banquette. Arrivés au musée, un monsieur qui était habillé comme l’agent de police qui surveille la circulation devant l’école nous a donné des billets comme ceux du cinéma mais on ne pourrait pas voir un western. Nous avons regardé beaucoup de peintures avec des dames et des messieurs qui pourchassaient des cerfs ou se battaient avec des lions et puis nous sommes arrivés devant le portrait d’une dame qui souriait un peu mais pas beaucoup et on avait l’impression que ses yeux nous suivaient partout. Là, le papa d’Agnan a dit que nous allions rester là, bien sagement, devant « cette merveille de l’art de la Renaissance pour l’admirer tout notre soûl » et qu’Agnan se ferait un plaisir de nous en parler alors que lui et son épouse allaient regarder la boutique de souvenirs. Agnan commença alors à parler en lisant son livre avec le château dessus, quand nous remarquâmes avec Alceste le drôle de thermomètre qu’il y avait à côté de la peinture. Agnan nous a dit qu’il mesurait la température et l’humidité de la pièce pour protéger le tableau. Mais le rouge du thermomètre ne bougeait et Alceste dit : « Peut-être qu’il est cassé ? ». Comme nous étions tous seuls dans la grande pièce, nous l’avons décroché et pour vérifier s’il fonctionnait, nous l’avons mis au-dessus d’un radiateur. Agnan était un peu rouge et il disait que « scientifiquement, l’expérience était intéressante ». Le rouge à côté des degrés est alors monté très vite à 70 degrés et le verre du petit tuyau s’est cassé. Nous l’avons alors vite remis et nous sommes allés rejoindre le papa et la maman d’Agnan à la boutique de souvenirs où il n’y avait même pas de petites statuettes de chevaliers se battant contre des lions ou des cerfs. Et le papa et la maman d’Agnan ont voulu aller voir la dame qui sourit sur la peinture. Quand ils sont entrés, ils ont tout de suite vu que le thermomètre était cassé et le papa d’Agnan l’a décroché pour le prendre en disant qu’il connaissait bien ce modèle car il en vendait beaucoup. C’est le moment où un monsieur habillé comme celui qui nous avait donné les billets est entré et a disputé le papa d’Agnan en lui disant que c’était du propre et que c’était malheureux de voir un adulte montrer un si mauvais exemple à ses enfants. Après, nous l’avons attendu très longtemps, et quand il est sorti de la petite pièce où on l’avait emmené en disant que ce petit voyage d’agrément lui coûtait cher, nous avons décidé de nous taire


avec Alceste et Agnan et de ne rien lui dire. Nous sommes rentrés très tard le soir car le pneu avant de la voiture de son papa a crevé alors que nous étions sur la grande route pour les autos. Quand j’ai raconté tout cela à Papa, il n’a rien dit, il m’a passé la main dans les cheveux en m’appelant « bonhomme » et m’a donné un billet de 5 francs. A suivre…

Une nouvelle aventure du Petit Nicolas... Les cloches en chocolat – une aventure du Petit Nicolas D’après les personnages de Sempé et Goscinny et en leur hommage Ce matin, je me suis levé tôt même si il n’y a pas école, j’étais très énervé car j’avais entendu les cloches sonner à toute volée et je savais bien que ça voulait dire que j’allais avoir un tas de trucs très chouettes à manger. C’est une des fêtes préférées d’Alceste, vous savez, mon copain qui mange tout le temps et qui est très gros. Ses parents invitent toute sa famille les jours de fête pour que les invités amènent beaucoup à manger. Quand je suis descendu prendre mon petit déjeuner, j’ai demandé au moins dix fois à ma Maman quand je pourrai aller chercher les cloches et les œufs en chocolat dans le jardin. Elle me répondit que les cloches n’étaient pas encore revenues et qu’il fallait qu’elles attendent Mémé qui venait pour le repas de midi. Je savais bien que c’était Papa qui les déposait le matin en cachette, mais comme je ne voulais pas faire de peine à mes parents, je ne leur dis rien. Papa n’était pas très réveillé quand il entra dans la cuisine, il ne s’était pas rasé et, au lieu de mettre sa chemise, il était encore en veste de pyjama. Il se gratta la tête en baillant quand le téléphone sonna. C’était Mémé, dit Maman, elle avait pris le train deux heures plus tôt et comme il n’y avait pas de taxis car c’était un jour férié, elle dit à Maman qu’elle allait attendre, que ce n’était pas grave, qu’à son âge, on pouvait supporter d’être laissée toute seule à la gare, qu’elle en avait vu d’autres. Maman lui dit que Papa allait venir la chercher tout de suite bien sûr. Papa avait ses yeux quand il est en colère ou qu’il regarde le journal télévisé du soir, mais il se leva quand même en marmonnant quelque chose que je ne compris pas. Maman lui dit que pour une fois qu’il rendait service à sa mère, il pouvait bien le faire de bonne volonté, et que si ça avait été l’oncle Eugène, il serait parti depuis longtemps. Papa ne répondit rien et partit quand même dans le garage où on l’entendit démarrer la voiture en faisant beaucoup de bruit. Il avait à peine tourné le coin du carrefour pas loin de chez nous que quelqu’un sonna à la porte. C’était Mémé qui entra en souriant, elle avait trouvé un taxi juste devant la gare, et elle avait décidé de le prendre pour ne pas embêter Papa. Elle rit beaucoup quand Maman lui dit que Papa était parti à sa rencontre. Elle se pencha vers moi avec son manteau de fourrure gris, elle sentait bon le parfum mais c’était un peu écoeurant au bout de deux minutes, et une des plumes de son chapeau me chatouillait les joues. Elle me dit que les cloches avaient ramenés pleins de bonnes choses pour moi et aussi des petits cadeaux. Elle est gentille, Mémé. A elle non plus, je ne voulus pas lui faire de peine et je ne lui dis pas que je savais très bien que les sacs de friandises étaient dans ses valises. Alors qu’elle disait qu’elle allait dormir sur le canapé du salon et qu’elle n’allait quand même pas embêter son gendre et son petit-fils en leur demandant de monter de si lourdes valises, Papa rentra de la gare en maugréant. Mémé fit le coup des paupières qui battent très vite comme Marie-Edwige et Papa ne lui dit rien. Il alla boire son café. Quand il sortit, il monta pour se raser et s’habiller mais Mémé était déjà dans la salle de bains depuis une demi-heure pour se « rafraîchir » après « un si long voyage ». Papa se rasa dans la cuisine et s’habilla dans ma chambre, pendant que je cirai mes chaussures, celles que j'avais mis pour la communion de ma cousine Eulalie et qui font un peu mal aux pieds. J’entendais Mémé parler à Maman en riant beaucoup et en poussant des cris très aigus un peu comme la maman de Marie-Edwige quand elle répète ses chants chez elle. Monsieur Blédurt et sa femme arrivèrent, ils mangeaient


avec nous chaque année le jour de Pâques, eux aussi avaient apporté des tas de cloches et d’œufs en chocolat. Monsieur Blédurt dit à Papa : « Tu aurais pu penser à mieux te raser », Papa rigola un peu même si yeux étaient comme devant le journal télévisé là aussi. Il y avait de l’agneau avec un peu d’ail dedans et des pommes de terres rôties au four, très chouettes, et comme dessert on a eu des œufs à la neige avec beaucoup de crème anglaise. Et puis comme les grandes personnes buvaient leur café, j’étais impatient d’aller dans le jardin pour chercher le chocolat caché. Tout le monde sortit en même temps que moi, il y avait un gros œuf en chocolat avec plein de petits poissons aussi en chocolat dedans, deux cloches au chocolat au lait et trois poules en chocolat blanc avec d’autres cloches plus petites dedans. Je commençai à les ouvrir quand Maman me dit qu’il fallait peut-être ne pas tout manger tout de suite. Mémé dit : « Mais ça ne va pas lui faire du mal, des gourmandises une ou deux fois dans l’année ! ». Papa dit : « Tu vas être malade si tu en manges trop ». Je commençai par une poule. Elle était délicieuse. Les grandes personnes restèrent assises jusqu’au soir sur les chaises dans le jardin, il y avait beaucoup de soleil et quand les voitures ne passaient pas devant la maison, on entendait les petits oiseaux. Mais le soir, quand Mémé partit, je ne pus pas lui dire « au revoir » car j’étais très malade et j’avais très mal au cœur. à suivre...

Le remplaçant de la maîtresse – une aventure du Petit Nicolas En hommage à Goscinny et Sempé et d'après leurs personnages Il y a une semaine, monsieur le directeur est venu dans notre classe avec un monsieur qui ressemble à Alceste, vous savez mon copain qui est très gros et qui mange tout le temps, je ne sais pas si je vous l'ai déjà dit. La maîtresse a frappé dans ses mains et a dit : «Debout », le directeur a dit : « Assis » et nous l'avons écouté parlé. Le monsieur était le remplaçant de la maîtresse « en attente d'un heureux évènement » et qu'il fallait être très respectueux et très gentil envers ce monsieur, il s'appelait monsieur Thermidor, c'était le cousin de monsieur Mouchabière, car il allait poursuivre la rude tâche de notre éducation. Nous savions que la maîtresse attendait un bébé car son ventre était tout rond comme Maman sur les photos qu'il y a dans l'album de notre famille et que Papa regarde avec Maman toujours avec les yeux un peu rouges après. La maîtresse avait les deux mains sur les hanches et souriait mais elle avait l'air aussi un peu fatiguées. Le directeur sortit avec monsieur Thermidor. Nous n'avions pas très envie de rigoler ensuite, ni de faire les guignols car nous aimons bien notre maîtresse qui a souvent les yeux qui font de jolies rides même quand elle prend une grosse voix. Quand elle est partie, monsieur Cusenier, le professeur de musique, qui sent le parfum comme Tante Eulalie quand elle vient à la maison, nous a fait chanter une jolie chanson pour lui dire que nous étions tristes de la voir partir mais que ce n'était qu'un « au revoir ». Quand monsieur Thermidor est arrivé devant notre classe hier matin, il nous a dit que ce n'était pas la peine de nous mettre en rang et que nous ne devions pas l'attendre comme ça en faisant le pied de grue. Eudes a alors dit : « comme ça, le gros pourra manger son croissant du matin tranquillement ». Alceste et monsieur Thermidor se sont alors retournés tous les deux en disant : « Qui est gros ? ». Alceste est alors allé donner un coup de poing sur le nez à Eudes et ils se sont bagarrés. Mais au lieu de les envoyer chez le directeur, notre nouveau maître leur a fait se serrer la main et leur a proposé de prendre un rendez-vous chez la dame qui est psychologue de l'école et qui nous montre des tâches d'encre et il faut imaginer ce que l'on voit dedans. Elle est toujours contente de ce que l'on dit et elle tape des mains très vite comme Bathilde la petite soeur de ma cousine Pulchérie. Nous sommes rentrés alors dans notre salle de classe et là, le remplaçant de la maîtresse nous a fait mettre les tables en rond autour de son bureau qu'il a descendu de l'estrade. Comme nous faisions beaucoup de bruit en déplaçant les tables, le maître qui est à côté de nous avec la classe des grands est venu demander : « un problème, cher collègue ? ». Mais monsieur Thermidor a fait un drôle de petit rire pincé et il a dit : « Non, pas du tout, tout va bien, cher collègue, je réorganise l'espace de vie de ces pauvres enfants ». L'autre maître n'a rien répondu mais quand il est revenu dans sa classe, il a dit quelque chose qui a fait rigoler les autres gars.


Comme c'était mardi, nous avions apporté notre cahier pour faire des mathématiques et de la géométrie, mais monsieur Thermidor nous a dit que nous allions faire du dessin. Il nous a demandé de dessiner un arbre, une maison, une rivière et le ciel, et de nous appliquer car cela allait nous apprendre beaucoup sur nous-mêmes. Agnan a levé le doigt et a dit : « Mais ce test est celui du docteur Shmûrtzzn-schmock de l'université de Heidelberg, docteur en psychologie cognitive, et il n'est pas adapté à notre appréhension de l'existence encore marquée par des comportements béhavioristes ». Là, monsieur Thermidor a eu l'air un peu surpris, il a regardé Agnan et s'est gratté le menton en disant : « C'est possible, mais tu devrais passer chez la psychologue car ce n'est pas normal chez un enfant de ton âge un tel besoin de réussite et d'apréhension des connaissances ». Quand il disait cela, il regardait le dessin de Clotaire qui était un peu inquiet, il l'est toujours quand un adulte regarde ses devoirs, mais le nouveau maître a dit : « Quelle virtuosité, quelle compréhension des consignes ! C'est merveilleux ! ». Clotaire était tout fier et il nous regardait en rigolant, jusqu'à ce que Maixent le traite de « sale cafard » comme Agnan et Rufus, dont le Papa est policier, de « chouchou du maître ». Clotaire a crié que ce n'était pas vrai du tout et il a couru pour lui donner un coup sur le nez. C'était chouette, tout le monde se bagarrait, on rigolait bien. Le maître d'à-côté est entré et a dit encore une fois : « Un problème, cher collègue ? ». Monsieur Thermidor lui a dit que tout se passait bien, que c'était simplement la première fois que les pauvres petits soumis à une pédagogie réactionnaire d'apprentissage du savoir pouvaient se libérer et que cela nous faisait du bien. L'autre maître n'a pas eu l'air convaincu et est retourné dans sa salle de classe où l'on entendait les grands bien rigoler. Monsieur Thermidor a entendu quelque chose qui ne lui a pas plu, il est sorti en trombe et a crié dans l'autre salle de classe : « Qui est gros ? ». Alceste a dit : « C'est vrai quoi, le nouveau maître est juste un peu enrobé, comme moi ». Et il a mangé sa deuxième tartine beurrée. C'est alors que le nouveau maître est revenu et qu'il nous a dit que nous allions faire un autre test pour mieux nous comprendre, nous lui avons alors demandé quand notre maîtresse revenait car nous en avions un peu assez d'essayer de nous comprendre, et là il est devenu tout rouge, il était comme quand on a couru longtemps et que l'on n'arrive plus à respirer. Il a crié : « Comment ça ? Je vous aide à vous libérer d'une tutelle abusive et vous n'en voulez pas ? Vous êtes des ingrats ! ». Il est tombé par terre en donnant plein de coups de pieds dans le sol de la classe et c'est alors que monsieur le directeur, le maître des grands et le Bouillon sont arrivés et nous n'avons pas eu classe l'après-midi. Une ambulance avec ses sirènes qui faisaient beaucoup de bruit est venue chercher le nouveau maître qui était vêtu d'une veste avec des manches très longues nouées entre elles. Quelques temps plus tard, Le directeur nous a dit que nous allions avoir une nouvelle maîtresse alors que nous regardions la voiture s'éloigner dans la rue et soulever plein de feuilles mortes qu'il y a par terre. Il nous a dit que monsieur Thermidor était souffrant et que nous avions été cruels de causer du tort à un si brillant pédagogue comme lui diplômé de haute nue. Il a rajouté que nous finirions au bagne puis, après avoir soupiré, est sorti de la classe. À suivre...

Les leçons de piano – une aventure du petit Nicolas Il y a quelques semaines, j'ai accompagné ma Maman qui allait boire du thé et discuter avec Madame Courteplaque, la maman de Marie-Edwige, une petite fille aux cheveux jaunes et aux yeux bleus qui n'est pas trop mal pour une fille, plus tard nous nous marierons, sa Maman est notre voisine dont les cheveux ne bougent pas, même quand il y a grand vent. Elle nous a joué un morceau de piano qu'elle joue d'habitude, mais sans les cris qu'elle fait d'habitude avec quand on l'entend de la fenêtre de la cuisine. J'ai dit que je trouvais ça drôlement chouette parce que ma Maman m'avait jeté un coup d'oeil qui ne rigole pas pour que je sois poli. Madame Courteplaque a dit : « veux-tu que je te donne des leçons ? Comme il est si mignon, les


premières seront gratuites ». Maman a répondu sans attendre ce que je voulais dire que je serais ravi de venir tous les mercredis, que ce serait mieux que de traîner sur le terrain vague avec les petits voyous. A la première leçon, Madame Courteplaque avait une règle à la main et à chaque fois que je faisais une mauvaise note, elle me donnait un coup sur les doigts. Mais ce n'était pas ma faute, je ne savais pas jouer du piano. Je décidai de croiser les bras et de ne plus travailler. Elle s'est mise en colère et elle a appelé Maman en faisait des cris comme la grosse dame que nous avions vu hier à la télévision avec un casque et une cuirasse; elle a dit que je n'étais pas fait pour la musique et qu'elle ne pouvait rien pour moi car je n'avais pas la fibre, c'est tout. Je dis à Maman après que je trouvais cela dommage parce que j'aimais bien la musique en fait mais il ne fallait pas trop le dire aux copains. Nous sommes allés voir le mercredi suivant une autre dame quienseignait le piano, elle habitait dans un quartier où il y avait plein de petites maisons avec des jolies fleurs rouges. Il y avait plein de feuilles jaunes et oranges par terre. Je la reconnus, on voyait son portrait dans la vitrine du photographe qu'il y avait juste avant l'école, elle avait une robe avec des épaules nues comme une vedette de cinéma, elle avait les cheveux noirs et les yeux bleus. Elle était très gentille. Elle avait un gros chien qui s'appelait Moulouk et qui restait à côté du piano. Elle s'appelait Mademoiselle Anne. Bientôt, comme je savais bien jouer un ou deux morceaux, j'en ai parlé à Alceste, mon meilleur copain, je ne sais pas si je vous l'ai dit, il est très gros et il mange tout le temps, il m'a répondu : « T'es pas fou, c'est pour les filles » devant les autres copains, mais en fait le mercredi suivant, il venait sonner chez moi avant que je parte pour ma leçon de piano. Je demandais à Mademoiselle Anne si Alceste pouvait entrer, je promis qu'il serait très, très sage. Elle était d'accord à condition qu'il s'asseye derrière moi pour que je ne sois pas distrait. Il avait de toutes façons apporté plusieurs petits pains au chocolat et croissants pour ne pas risquer de s'embêter. Le téléphone sonna au bout d'un quart d'heure et Mademoiselle Anne dût se lever pour aller répondre, Alceste me dit qu'elle sentait drôlement bon, comme les dames dans les grands magasins. Nous avons voulu aller regarder par la fenêtre mais Moulouk a grondé un petit peu et nous sommes restés assis. Il y avait des drôles de dessins sur les murs avec des écritures qui n'étaient pas comme la nôtre, c'était des guerriers avec des sabres bleus et des chapeaux verts et rouges, ils avaient tous une barbe noire et des habits dorés. Quand Mademoiselle Anne revint, elle avait parlé longtemps, elle avait un peu crié et à la fin elle parlait tout doucement, la leçon reprit, mais avant de sortir, elle me prit par le visage avec les mains et me dit que c'était peut-être notre dernière leçon car elle devait repartir à Paris bientôt. Quand elle me donna un tout petit baiser ensuite, j'étais tout rouge et j'avais très chaud. Elle fit de même avec Alceste qui dit quelque chose mais on ne comprenait pas. Quand nous sommes partis, il me dit qu'il voulait se marier avec Mademoiselle Anne plus tard mais que comme il était mon meilleur ami, il voulait bien que ce soit moi si elle me préférait. La semaine d'après, je ne suis pas allé prendre ma leçon car elle était partie. J'étais un peu triste mais ce n'était pas grave car plus tard, je le sais, c'est avec elle que je me marierai. A suivre... En hommage à Sempé et Goscinny et d'après leurs livres

Le jour de la grève – une aventure du petit Nicolas Mes petits cancres surannés préférés sont de retour... Ce matin, quand je suis arrivé à la grille de l'école, celle-ci était fermée, derrière il y avait monsieur le directeur qui était un peu rouge et s'essuyait le front tout le temps, le Bouillon, ce sont les grands qui l'appellent comme ça parce qu'il dit souvent : « Regardez-moi dans les yeux » et dans le bouillon il y a des yeux, c'est pour cela que c'est drôle, qui regardait sévèrement dans ma direction alors que je n'avais fait aucune bêtise et que nous n'avions pas pu rigoler avec les copains puisque l'école était fermée. Alceste, mon copain


qui est très gros et qui mange tout le temps, je ne sais pas si je vous l'ai déjà dit, est arrivé à ce moment là en finissant son deuxième croissant du matin, il tenait à la main une tartine beurrée, celle qu'il emporte toujours en cas d'urgence s'il a encore un petit creux. Il y avait aussi Rufus, dont le Papa est policier, et Clotaire, qui est toujours dernier, qui tenait son vélo à la main, pendant que Maixent l'aidait à porter son cartable et que Eudes les suivait l'air étonné. Geoffroy est descendu de la voiture de son Papa, qui est très riche et qui est toujours en voyage, il avait un pull-over autour du cou et une raquette de tennis à la main, le chauffeur du Papa de Geoffroy tenait son cartable qui paraissait vraiment très lourd car il soufflait lui aussi beaucoup, comme monsieur le directeur. Il s'épongea le front d'ailleurs à son tour en le posant à terre. Rufus nous dit que la grille était fermée parce que les maîtres et les maîtresses ne voulaient pas travailler aujourd'hui parce qu'ils avaient peur de gagner moins d'argent pour plus tard, comme les conducteurs de trains et d'autobus. Rufus dit que c'était rien que des paresseux mais que son Papa et ses amis allaient y mettre bon ordre, on allait voir ce que l'on allait voir. Mais pour l'instant, la grille ne s'ouvrait pas et nous avions compris que nous n'allions pas avoir d'école. Le directeur nous dit qu'il ne pouvait pas prévenir nos familles car les autres maîtres et maîtresses s'étaient enfermés dans son bureau, et qu'il nous faisait confiance car nous étions maintenant de futurs citoyens modèles. La maîtresse nous a fait un petit signe du bureau du directeur, elle rigolait un peu en se cachant la bouche comme elle fait d'habitude. Geoffroy nous dit que c'était comme les ouvriers de l'usine de son Papa, ils voulaient s'arrêter de travailler pour gagner des tas d'argent et avoir plus de congés mais que son Papa avait été plus malin et drôlement intelligent en les remplaçant par d'autres ouvriers, en Chine, drôlement plus courageux. Eudes, dont le Papa travaille à creuser des tas de cailloux pour les lignes de chemin de fer, lui mit un coup de poing sur le nez en lui criant que c'était un « profiteur », « parfaitement, môssieur ! ». Rufus donna alors un coup sur le nez d'Eudes en lui disant que Geoffroy était son meilleur ami et qu'il avait raison, « parfaitement môssieur ». Je proposais d'aller jouer au football sur le terrain vague qu'il y a pas très loin de l'école pour s'amuser, et les autres étaient d'accord. Dans la rue, nous avons vu pleins de messieurs qui ressemblaient çà monsieur Blédurt, avec une moustache et des casquettes, et pleins de dames qui étaient un peu comme Madame Courteplaque avec ses cheveux qui ne bougent pas même quand il y a beaucoup de vent. En arrivant là-bas, au terrain vague où il y a plein de trucs chouettes, une vieille voiture, un matelas et des pneus, et aussi des chats mais quand on veut jouer avec eux, ils s'en vont, nous vîmes un autre gars comme nous, il nous dit qu'ils'appelait Eusèbe, il était aussi maigre que le chien de Madame Blédurt quant il a la fourrure coupée. Nous étions surpris car nous le voyions jamais d'habitude, il avait un grand frère comme Eudes et il fût bien content quand Alceste lui donna une de ses tartines beurrées (il en avait une en trop dans son cartable). Maman n'était pas tellement contente quand je suis rentré car j'avais plein de boue partout. Elle avait un drôle de sourire et les yeux un peu rouges quand elle vit entrer Eusèbe que je lui présentais comme un nouveau copain. Et Papa qui sortait du salon me passa la main dans les cheveux en rigolant un peu lui aussi. Il m'expliqua que l'on ne pouvait pas garder Eusèbe à la maison mais qu'il allait faire de son mieux avec Maman pour l'aider. Je ne savais pas pourquoi mais j'avais une grosse boule dans la gorge et je n'ai pas eu envie de reprendre du dessert ce soir-là, c'était pourtant de la tarte aux pommes. A suivre... D'après Goscinny et Sempé, et en hommage à ces deux auteurs

Une aventure du petit Nicolas - le meilleur copain d'Alceste Hier, nous nous sommes disputés avec Alceste, mon copain qui est très gros et qui mange tout le temps . Il était gardien de but pendant le match de football que nous


jouions avec des gars d’une autre bande que nous et en voulant ramasser un petit pain au beurre qui était tombé, il n’a pas vu le ballon qui rentrait dans le filet. Nous avons perdu à cause de lui et toute la classe a décidé de l’ignorer. Quand il est entré dans le vestiaire, il est resté très digne et très sérieux et il n’a rien dit jusqu’au moment où il s’apprêtait à sortir, là il a prétendu qu’il avait un nouveau meilleur ami et qu’il s’en fichait complètement car lui et Sigismond, c’était le nom de son nouveau meilleur ami, s’amusaient très bien tout seuls. Sigismond était nouveau dans notre classe, c’était monsieur le directeur qui nous l’avait présenté au début de l’année avec sa maman qui avait un manteau de fourrure blanc avec des taches noires comme le Prince Jean dans le film de Robin des Bois que j’avais vu la veille, et elle sentait très fort le parfum. Quand ils sont entrés, la maîtresse a dit : «Debout ! », le directeur a dit : « Assis ! ». Il a joint ses mains en les frottant l’une sur l’autre et il a dit qu’il fallait être très gentils avec Sigismond qui était quelqu’un de très fragile. Et il est sorti avec la mère de Sigismond. La maîtresse a soupiré un peu en levant les yeux aux ciels et elle a demandé à Sigismond qui était tout rouge, tout petit et pas très costaud, il faisait penser à un petit oiseau, d’aller s’asseoir à côté d’Agnan qui n’appréciait pas beaucoup, il se méfie toujours des nouveaux qui pourraient le supplanter à la première place, il est fou Agnan ! Avec nous, il sait très bien qu’il n’y a pas de risques. Pendant quelques jours, il était très timide, Il alla même pleurer dans les jambes du Bouillon qui le consola, le moucha et lui dit d’aller s’amuser avec nous. Après que monsieur Mouchabière l’ait encouragé à jouer avec nous pendant les récréations lui aussi, tous les jours de la semaine, il avait beaucoup changé. Il n’était plus du tout timide, il rigolait drôlement avec nous, il disait qu‘il était agent secret et aussi détective et qu‘il donnait des grands coups aux méchants, et à la fin des récréations il tournait autour d’Eudes en le tapant un petit peu sur l’épaule, sur le ventre et sur le bras avec son index. Il répétait tout le temps que Eudes était une « poule mouillée », une « fille manquée » et qu’il n’oserait jamais se battre avec lui. Eudes ne dit rien, s’arrêta et lui donna un coup sur le nez. Sigismond se retrouva assis par terre, et monsieur Mouchabière l’emmena à l’infirmerie, pendant que le Bouillon emmenait Eudes chez monsieur le directeur. Sigismond était aussi bon élève qu’Agnan avec qui il repassait les leçons mais celui-ci ne se serait jamais risqué à direune chose pareille à Eudes. Avant le match de football, il n’avait pas d’amis, Agnan le détestait car il avait fini par lui prendre la première place. Depuis qu’Alceste était devenu son meilleur ami, il était toujours autour de lui y compris quand Alceste mangeant et il lui répétait souvent : « Hé bien le gros ! Tu vas encore manger tout ça, tu ressembles déjà à un hippopotame, tu vas finir par ressembler à un éléphant ! ». Devant les autres gars de la classe qui n’était de la bande, il répétait tout le temps qu’Alceste n’était « qu’une poule mouillée » et « une fille » mais qu’il l’aimait beaucoup et que c’était son meilleur ami. Alceste ne répondait rien, les autres gars rigolaient bien. Nous sommes allés voir Alceste pour lui dire que nous ne supportions pas que Sigismond se moque de lui de cette manière, Joachim lui proposa de le défendre comme il défendait déjà son petit frère, mais Alceste nous tourna le dos et dit qu’il s’en fichait et que nous étions jaloux. Et puis quelques jours plus tard, pendant la récréation, Sigismond tournait autour d’Alceste en lui disant qu’il était gros et mollasson et qu’il n’était pas un vrai gars comme lui était. En disant cela, il appuyait son doigt sur les joues et les épaules de notre copain qui ne disait toujours rien. Nous serrions les poings en regardant Sigismond qui nous dit qu’il aimait bien Alceste et que tout ça c’était pour de rire. Mais là, Alceste posa son petit pain de onze heures sur un banc de la cour, il donna une petite tape sur le bras de son nouveau meilleur ami et lui donna un si grand coup sur le nez qu’il se retrouva allongé par terre tout surpris. Eudes avait la bouche qui restait ouverte sans rien dire et Rufus soufflait doucement dans le sifflet à


roulettes que son Papa lui a donné. Alceste alla rechercher son petit pain. Il dit à Sigismond que c’était pour de rire mais il ne riait pas du tout. Il était très en colère. Il dit qu’il était un vrai gars lui au moins, qu’il n’avait pas peur de nous et que sa Maman nous ferait tous renvoyer car il nous connaissait tous et qu’il avait vu toutes nos bêtises et qu‘il le dirait à la police et qu‘il serait bien content que l‘on soit puni, que sa Maman elle ferait aussi renvoyer le directeur qui était un incapable et le Bouillon et monsieur Mouchabière qui étaient deux idiots. Quand il eut fini de dire ça, il tourna la tête et il vit que le directeur, le Bouillon et monsieur Mouchabière étaient derrière lui. Ils avaient le visage tout rouge, monsieur le directeur prit Sigismond par une oreille et lui dit : « On va voir lequel de nous deux va être renvoyé, petit chenapan ». Et la maman de Sigismond dut le mettre dans une autre école car nous ne le revîmes plus. Nous étions bien contents qu’Alceste soit de nouveau notre copain mais nous sommes très fâchés après Maixent car hier il a triché en jouant aux billes avec nous, et m’a pris un gros calot rouge. D’après Goscinny et Sempé À suivre…

Une aventure du petit Nicolas - La visite à Paris La maîtresse nous a emmenés à Paris avec toute la classe. Nous sommes allés au théâtre voir une pièce de Victor Hugo, un monsieur avec une grande barbe blanche et qui avait l'air d'avoir mal à la tête sur la photo de lui à l'entrée de la salle, où des types se battent avec des troncs d'arbres, et un musée où une dame sourit tout le temps mais on ne sait pas pourquoi. Geoffroy, dont le Papa est trèc riche et toujours en voyage, voulait l'acheter et il avait déjà donné mille francs au gardien de la salle quand la maîtresse est venue le chercher en le tirant par l'oreille. Le Bouillon nous accompagnait, il était en culottes courtes comme nous parce qu'il fait chaud et avait une drôle de casquette blanche comme mon Pépé avant. Ma Maman était aussi avec nous alors je ne faisais pas trop le guignol avec les autres, je lui montrais comment j'étais sage et il y avait aussi celle de Maixent. Alceste, mon copain qui mange tout le temps et qui est très gros, avait rempli ses poches de petits pains au beurre car il ne savait s'il allait pouvoir trouver de la nourriture à Paris, il a esayé de rattraper un cuisinier qui passait avec un gros gâteau mais il s'est vite essouflé. Maixent disait tout le temps que "Paris est très beau mais qu'il ne pourrait pas y habiter car les gens y sont tous énervés". Eudes regardait les belles voitures autour de nous sur la place de l'Opéra, il n'était pas content car nous devions marcher vite pour ne pas manquer le train. Il y avait des dames toutes nues qui tenaient des lampadaires. Agnan lisait tout le temps un livre vert, et il disait ce qu'était tout ce que nous voyons, mais sans regarder, il est fou, Agnan ! Nous entrâmes dans le métro devant l'Opéra, c'était un grand escalier, et il y avait beaucoup de grandes personnes qui marchaient très vite. Je tenais la main de ma Maman car j'avais un peu peur, j'avais une petite boule au fond de la gorge et je n'arrivais pas à bien respirer. Nous étions sur un escalier mécanique mais on ne pouvait pas s'amuser à cause de la foule, je regardais les publicités sur les murs à côté et je lâchais la main de ma Maman. Quand j'arrivais tout en haut, je m'aperçus qu'elle était un petit peu devant et je courais pour la rattraper quand tout une file de grandes personnes, des monsieurs en costume comme monsieur Coupon-Duboit le patron de Papa et des dames qui sentaient fort le parfum, déboula devant moi. Je voulais passer mais je ne pouvais pas, et devant je voyais Maman et les autres qui s'éloignaient. J'avais très peur, et je me mis à pleurer un peu. Personne ne faisait attention à moi. Je décidai de remonter le grand escalier vers l'Opéra mais je me trompai de direction. C'était comme un très grand escalier mécanique mais par terre, et il n'y avait pas besoin de marcher. Il y avait une petite fille qui courait dessus en rigolant. Je fis pareil, c'était chouette. Sa maman me demanda si j'étais tout seul, je lui dis que je m'étais perdu et lui donnait le nom de la gare où je


devais aller. Elle m'accompagna avec la petite fille. Elle nous acheta deux grosses glaces à la vanille et au chocolat et à la gare elle alla trouver le chef de gare qui ressemblait un peu à monsieur le directeur mais avec plus de cheveux. Il nous conduisit à mon train qui était du même métal que les casseroles de Maman, onv oyait les sièges orange à l'intérieur. Le chef de gare avait sa casquette et son sifflet qu'il me mit autour du cou, il me frotta les cheveux avec sa main et il me donna des grands autocollants pour dire que le wagon de ma classe était réservé rien que pour nous. Enfin, je vis la maîtresse, ma Maman et mes copains arriver en se dépêchant quand ils me virent, la maîtresse et ma Maman avaient les yeux un peu rouges, et Alceste et Eudes aussi. Ils étaient drôlement contents de me retrouver. Nous sommes montés dans le train et là j'ai vu que la petite fille et sa maman me regardaient en souriant, elles agitaient la main car le train partait, la petite fille courait sur le quai en rigolant comme sur le grand trottoir mécanique. Bientôt, je ne pouvais plus la voir, elle était trop loin. Alceste reniflait un peu encore mais il remarqua soudain que j'avais des traces de chocolat sur la joue. Il me demanda pourquoi j'avais eu droit à une glace au chocolat et pas lui je vous prie monsieur. J'entendais Agnan qui en profitait pour faire un problème de mathématiques sur un train qui s'en va et un autre qui arrive, il est fou, Agnan ! Rufus, qui a un Papa gendarme, était un peu jaloux à cause du sifflet que le chef de gare m'avait donné. Maixent mettait sa bouche sur la vitre pour voir ce que çà faisait, Alceste boudait dans son coin à cause du coup des glaces, le Bouillon lui a dit de la regarder dans les yeux, c'est pour ça qu'il s'appelle "le Bouillon" car dans le bouillon il y a des yeux, ce sont les grands qui ont trouvé son surnom mais je ne comprend pas très bien, et il m'a dit ensuite que je leur avais fait une belle peur. En disant ça, il avait les yeux un peu humides. Moi aussi, j'avais eu peur et j'étais un peu triste car j'avais bien aimé m'amuser avec la petite fille et sa maman. à suivre... D'après Goscinny et Sempé

Une aventure du petit Nicolas - l'élection du délégué de classe Le petit Nicolas est de retour sur ce blog, pas celui auquel vous pensez, l'autre... Ce matin, le directeur est venu nous voir dans notre classe. La maîtresse a dit : « Debout ! ». Il a dit : « Assis ». Il avait les mains jointes et faisaient craquer ses jointures comme le font les méchants dans les films de cow-boys et d'indiens avant de torturer les gentils. Mais, même quand le gentil est attaché aux rails du train, il arrive toujours à s'échapper. Il a toussoté et regardé la maîtresse et il nous a dit que le nouveau gouvernement demandait à ce que soit organisé dans toutes les écoles l'élection de délégués de classe. -Et votre école est une école pilote a-t-il cru bon de préciser. J'ai été content quand j'ai entendu ça car moi j'aime beaucoup les avions mais il nous a expliqué qu'en fait, l'un d'entre nous serait élu par les autres comme dans une vraie élection avec des bulletins, des urnes et des discours ennuyeux comme ceux devant lesquels Papa s'endort parfois le soir après m'avoir dit combien il était important d'être un bon citoyen. J'ai bien vu que le directeur faisait semblant de ne pas écouter quand Agnan, ce sale cafard, lui a demandé si le délégué exercerait sa fonction dans le cadre d'un régime parlementaire ou présidentiel. Il est sorti en bougonnant un peu et en s'épongeant le front. Il avait enlevé ses lunettes et se pinçait le haut du nez mais pourtant, il n'allait pas plonger, il n'y a pas de piscines dans notre école. Il a chuchoté qu'il en avait vraiment assez de ces idées stupides du ministère. Nous étions tous très énervés et la maîtresse a encore puni Clotaire, qui a son coin favori à droite du tableau et Maixent qui criait que si il était élu, il n'y aurait plus de gaspillage et il faudrait bien que les riches lui donnent leur argent. Il disait aussi qu'il se rachèterait un cartable, il a toujours celui


qu'il avait il y a trois ans, ses parents trouvent qu'il peut encore servir. Nous sommes descendus dans la cour en parlant beaucoup et tous les copains voulaient se présenter comme délégué : Eudes, qui disait qu'il donnerait un coup sur le nez à ceux qui ne voteraient pas pour lui, Geoffroy, dont le Papa est très riche et toujours en voyage, donnait déjà des billets de banque aux autres et aux grands dans la cour pour gagner les élections, le Bouillon est allé le chercher en le prenant par l'oreille, rouge de colère et lui a dit qu'il finirait au bagne et « si ce n'était pas malheureux de voir un fils jeter l'argent de son Papa par les fenêtres honnêtement gagnée en travaillant à la bourse ! » . J'ai dû rendre à Geoffroy le billet de cinq-cent francs qu'il m'avait donné. Moi aussi, je voulais me présenter et devenir délégué de classe. Ensuite j'aurais obligé le directeur à ce qu'il y ait cinéma tous les jours et distribution de glaces gratuites. Après la récréation, la maîtresse nous a demandé qui voulait devenir délégué de classe et qu'il fallait seulement quatre candidats. Elle a désigné Agnan, Eudes, Geoffroy et moi et nous devions présenter devant la classe ce que nous allions faire. Elle a dit qu'il ne fallait pas dire trop de bêtises. Alceste, mon copain qui est très gros et qui mange tout le temps, m'a dit alors qu'il ne fallait pas que j'oublie de parler de la collation de dix heures et de celle de quatorze heures dont il avait l'idée. Agnan est monté sur l'estrade avec tout un tas de papiers et il a commencé à parler très longtemps. Il disait qu'il voulait nous rassembler, qu'il voulait des études surveillées tous les soirs et que les grands nous aident à repasser nos leçons enfin sauf lui parce qu'il était déjà très intelligent. La maîtresse a baillé un petit peu et a mis sa main devant la bouche, elle a demandé si il avait fini puis elle a appelé Geoffroy. Nous étions un peu endormis. Geoffroy est venu au tableau avec Joachim et Rufus, qui avait un sifflet comme celui de son Papa qui est gendarme autour de son cou. Rufus a déroulé une grande affiche très chouette où l'on voyait Geoffroy sourire avec des dents très blanches. Il était habillé avec un costume comme celui du directeur et une cravate rouge. Pendant qu'il parlait, nous n'écoutions pas parce que Joachim distribuait des bonbons à tout le monde. A la fin, la maîtresse lui a dit que c'était très bien avec un peu d'agacement et il est retourné s'asseoir avec Joachim et Rufus. Eudes n'a pas parlé très longtemps, il a dit que ceux qui ne voteraient pas pour lui étaient des sales cafards et des guignols et qu'il leur donnerait un coup sur le nez s'il ne devenait pas délégué. La maîtresse lui a donné une punition à copier quatre cent fois : «Je ne dois pas menacer mes petits camarades ». Il n'était pas très content. C'était à moi, j'ai dit que je ne savais pas très bien ce que c'était délégué, mais que j'essaierai de faire de mon mieux, je ne savais pas trop quoi dire. Alors j'ai dit que je ne voulais pas d'études surveillées en plus, que je ne donnerai pas de bonbons parce que je n'en avais pas beaucoup pour moi mais que j'aiderai les copains qui auraient des problèmes. La maîtresse a essuyé le rebord de ses yeux et elle m'a dit que c'était très bien. Et nous avons voté. Agnan a eu deux voix, Nous nous demandions qui était le deuxième quand Clotaire a dit qu'il s'était trompé de bulletin, Geoffroy a eu trois voix, il avait refusé de donner des bonbons tant que l'élection n'était pas terminée. C'est moi qui ait été élu avec quinze voix. C'était très chouette et j'étais très content. La maîtresse a dit que c'était exactement comme dans la réalité, celui qui est le plus honnête gagne. Le soir, mon Papa, qui a dit qu'il avait été délégué de son école toute sa scolarité, et ma Maman étaient très fiers de moi. C'est chouette d'être délégué, j'ai eu deux fois du dessert. À suivre... D'après "le petit Nicolas" de Sempé et Goscinny


L'émission de télévision - une aventure du Petit Nicolas Il a été très amusant d'imaginer le Petit Nicolas chahutant sur le plateau d'une émission de télévision politique... Ce matin, monsieur le directeur est venu nous voir dans la classe. lui qui est si calme d'habitude ressemblait à Georfroy, dont le Papa est très riche, quand il a reçu un nouveau jouet. La maîtresse nous a fait taire, Clotaire se fera encore disputer ce soir par ses parents. Il en a tellement l'habitude que ceux-ci ne font jamais de dessert certains jours. Le directeur nous a dit en joignant les mains : -Mes enfants ! Vous allez recevoir un immense honneur. Notre école a été choisie pour participer à la grande émission politique de la première chaîne et que vous représentiez l'espoir de nouvelles forces vives de la nation, mais il faut que vous vous en montriez dignes aussi. Il nous a expliqué qu'un monsieur trèz connu allait parler à la télévision et qu'il voulait avoir des enfants autour de lui et que ceux-ci lui posent des questions. Il a demandé à la maîtresse de préparer les questions avec nous. Je suppose que c'était pour que le monsieur ait le temps de préparer les réponses. Nous avons travaillé toute la matinée. Et finalement, ce sera Agnan, Eudes et moi qui parlerons. Ma Maman m'a bien peigné et coiffé, en me mettant du gel dans les cheveux comme le jour de la communion de ma cousine Eulalie. J'ai mis un beau costume qu'elle m'a acheté exprès et des chaussures noires qui brillent beaucoup sans que l'on ait besoin de les nettoyer, très chouettes ! Papa a rigolé et a dit qu'il ne voterait pas pour le gars qui avait besoin d'enfants pour sa publicité mais que çà m'amuserait et que c'était l'essentiel. Nous sommes partis dans un car avec la maitresse, le Bouillon qui avait le même veston que tous les jours, et monsieur le directeur qui était très bien habillé aussi. Il avait mis un morceau de tissu rouge à sa boutonnière qui faisait très joli. Nous sommes entrés en rang dans un grand bâtiment tout en tôles, nous savons qu'il ne faut pas faire les guignols quand monsieur le directeur est avec nous. Il y avait des caméras et pleins de personnes qui couraient partout. On nous a fait asseoir en rang sur des bancs qui ressemblaient à ceux du cirque où Maman m'emmène quand il passe en hiver près de la gare et un monsieur est arrivé avec un micro. Il avait les manches de sa chemise rose relevés et il sentait très fort le parfum comme celui de Mémé. Il nous a dit qu'il s'appelait Jean-Claude et qu'il était très content que nous soyons là, il a dit qu'il fallait que nous nous entrainions à applaudir et rire pour que tout aille bien pendant l'émission. Il a dit une plaisanterie et on a tous applaudi très fort même Alceste qui n'aurait pas dû car cela a envoyé sa tartine de beurre de 14 heures en plein sur un projecteur qui était au-dessus de nous. JeanClaude a dit que ce n'était pas grave mais qu'il fallait faire attention maintenant. Il souriait encore beaucoup avec des tas de dents très blanches mais ses yeux étaient tout noirs. En partant du studio, quand on a entendu la musique de l'émission, un autre monsieur lui tapotait sur l'épaule en lui disant que bientôt il n'aurait plus à travailler avec des gosses pénibles. Le monsieur qui voulait que nous soyons là est entré avec le présentateur de l'émission, un autre monsieur avec un sourire avec des tas de dents blanches, et ils se sont assis au milieu juste en face de nous. Comme la tartine d'Alceste était encore collé, çà sentait très bon le pain grillé. Le présentateur a reniflé un peu et un de ses sourcils s'est levé. Il nous a vu et il dit que l'un d'entre nous avait certainement une gentille question d'enfant à poser. Agnan, le sale cafard, a levé la main plus vite que moi et a dit : -Bonjour monsieur, je m'appelle Agnan et je voudrais savoir si dans la conjoncture actuelle, l'on peut dire que l'on a de la Bourse une image faussée par des apréhensions sociologiques certes compréhensibles mais irrationnelles dans l'état actuel du marché ? Le monsieur invité s'est levé et là nous avons vu que Eudes, qui est très grand et très costaud, est presque de la même taille que lui. Ses chaussures avaient des talons très, très hauts comme ceux de


ma Tante Pulchérie quand elle vient à la maison avec un de ses amis plus jeune qu'elle. L'invité a ouvert un peu la bouche en souriant, il a gardé le silence et il a dit : -Mais que voilà un garçon bien élevé et savant, c'est merveilleux de voir que notre système éducatif fonctionne si bien. Là, Jean-Claude nous a fait applaudir et c'est l'éclair au chocolat que mangeait Alceste, mon copain qui est très gros, qui est allé se coller sur une des caméras. Jean-Claude s'est passé la main sur sa figure et il a dit à Alceste de s'asseoir. C'est là qu'Agnan s'est levé et qu'il est allé tirer la veste du présentateur pour lui demander, très en colère, pourquoi le monsieur n'avait pas répondu à sa question. Le présentateur lui a dit de se calmer et l'a repoussé. Agnan s'est alors roulé par terre en hurlant et en disant que personne ne l'aimait et qu'il voulait mourir. On a vu Jean-Claude qui pleurait en serrant un mouchoir dans ses mains en sanglotant comme le fait la petite soeur de MarieEdwige quand elle est triste. Maixent était en train de mettre dans sa poche les serviettes en papier qu'il y avait sur les tables derrière les bancs comme ses parents lui avaient demandé et moi, je voulais voir comment c'était et ce que l'on voyait quand on regardait dans l'écran de la caméra de télévision, le directeur faisait des grands signes avec les bras, la maîtresse essayait de se retenir de rire mais n'y arrivait pas, quand le présentateur a dit d'envoyer une page de publicité. Il a disputé monsieur le directeuir très fort, le Bouillon souriait, et puis nous avons dû partir. Pendant tout le retour, nous avons dû rester en silence mais ce n'est pas grave car c'est chouette la télévision ! j'ai tout expliqué ce matin à Marie-Edwige qui était très impressionnée et m'a fait le coup des yeux qui clignotent... à suivre...

On déménage ! - une aventure du Petit Nicolas Cela faisait longtemps que je n'en avais pas écrit, cela fait du bien finalement... On a déménagé il y a une semaine. Maman et Papa qui sont les parents les plus gentils du monde ont trouvé une petite maison un peu plus grande que celle où nous sommes maintenant et beaucoup plus pratique selon Maman. On a tout rangé dans des cartons pendant une semaine, hier soir, je suis allé chercher sur le trottoir mes vieux jouets que Maman avait oublié là, ils peuvent encore me servir. Ce n'est pas grave si mes petits soldats ont leur fusil tordu, je m'amuse bien avec et même avec la toupie rouge et jaune que Mémé m'a offerte l'an dernier. C'est un jouet de bébé mais Mémé a dit à Papa que c'était très bon pour le développement psycho-moteur de l'"imago" intérieur de l'enfant d'après une de ses amies qui est mariée à un grand psychanalyste. Les pièces sont toutes vides, il y a des carrés et des rectangles un peu plus clairs là où Papa et Maman avaient mis des images pour décorer ou un miroir. Je suis content d'aller dans notre nouvelle maison qui est super-chouette mais j'ai comme une grosse boule dans la gorge et un peu envie de pleurer. Papa me tapote la tête et me dit d'être un homme et après je le vois qui écrase quelque chose avec son doigt au coin de l'oeil. Maman et lui regardent l'endroit du mur où ils ont marqué les tailles que je faisais quand j'étais petit. Il y a tous nos meubles et nos cartons dehors, et il y a un peu de vent. Tout à coup, nous entendons un gros coup de klaxon et nous voyons arriver un très grand camion rouge et jaune un peu comme un camion de cirque. Il y a deux gros hommes dedans. Il y en a qui a une moustache et une casquette sur la tête qui ressemble un peu à celle de mon oncle Eugène et qui est en maillot de corps sans manches. L'autre est tout mince et a un nez comme un vautour ou un aigle. Celui qui ressemble à l'oncle Eugène parle fort et dit plein de gros mots. Le monsieur tout mince, lui, parle comme les


méchants traîtres dans les films de gangsters. Ils portent nos cartons dans le camion pendant que Papa les surveille, ils font beaucoup de bruit et le monsieur qui ressemble à l'oncle Eugène dit encore pleins de gros mots et souffle très fort. Quand ils passent avec le grand miroir du salon, je fais des grimaces dedans mais Maman me dispute tout bas et je dois arrêter de faire le guignol. Maman ne me dispute pas très fort car elle est aussi un peu triste de quitter notre ancienne maison. Je lui promets alors de ne plus faire de bêtises, de bien ranger ma chambre tout le temps et d'être très sage. J'ai beaucoup ri quand le gros monsieur a failli tomber à cause des cintres qui sont tombés d'un carton et se sont entremêlés. Aujourd'hui, Alceste, mon copain qui est très gros et qui mange tout le temps, est venu me voir. Il m'a dit qu'il trouvait que ma nouvelle chambre était un peu triste, qu'il fallait qu'elle ressemble plus à l'ancienne. Il a vu çà dans une émission de télévision de décoration, il faut personnaliser son habitat, il paraît. On s'est bien amusé mais Maman n'était pas très contente, il faut dire qu'Alceste a mis des traces de confiture partout, et moi, je suis privé de dessert pendant trois jours. Mais ce n'est pas grave car maintenant ma chambre toute neuve est comme l'ancienne. à suivre...

Papa cuisine - une aventure du petit Nicolas en deux parties Que celui qui m'a inspiré çà me pardonne car en plus, il cuisine tous les dimanches et bien, lui... J'aime bien les grandes réceptions, les anniversaires de mes amis et les fêtes quand il y a plein de choses chouettes à manger, qui piquent un peu la langue ou sont plus douces. Dimanche dernier, nous étions à table avec Papa et Maman et Monsieur et Madame Blédurt. Papa mastiquait le rôti de boeuf que Maman avait préparé en soupirant de temps en temps. Il avait la tête des jours où il ne faut pas rigoler, et il fronçait les sourcils en regardant sans la regarder vraiment la porte-fenêtre du salon. Il posa d'un coup ses couverts sur l'assiette, çà a fait un drôle de bruit et il a dit : -J'en ai assez de ce rôti, rôti et petits pois tous les dimanches depuis deux mois, tu pourrais faire autre chose, dit-il à Maman. C'est vrai, ce n'est pas compliqué. Maman sortait de la cuisine et elle l'avait entendu dire cela, elle sourit mais ses yeux lançaient des éclairs comme la fois où j'ai cassé le vase bleu qu'il y a sur la télévision en jouant aux cow-boys et aux indiens dans le salon avec Clotaire qui est toujours dernier et Alceste mon copain qui est très gros et qui mange tout le temps. Elle lui répondit : -Puisque tu es si gourmet, pourquoi ce ne serait pas toi qui ferait la cuisine dimanche prochain ? Nous n'avons qu'à inviter Monsieur et Madame Blédurt pour goûter les bons petits plats que tu nous feras. Monsieur Blédurt rigolait un peu en regardant Papa puis il regarda sa femme qui souriait en cachant sa bouche avec sa main et ils dirent qu'ils étaient tous les deux d'accord. Monsieur Blédurt serra la main de Papa, après la mousse au chocolat du déssert qui était très chouette, les cafés et le calva qu'ils avaient bu tous les deux, et lui dit qu'il avait encore raté une occasion de se taire mais qu'il allait être indulgent et que les grands cuisiniers n'avaient qu'à bien se tenir après tout. Ils étaient tous les deux très contents avec Madame Blédurt et rigolaient drôlement quand ils quittèrent notre maison pour rentrer chez eux. Pendant la semaine, Papa était très occupé, il lisait plein de gros livres où il n'y avait que des recettes de cuisine, des photos qui montraient des plats qui avaient tous l'air vraiment très bons. Papa me montra un rôti de canard avec des pommes et des cerises, et de la purée de marrons, et me dit que c'est çà qu'il avait décidé de faire Dimanche et que Blédurt, il dit que c'était un béotien, "n'avait qu'à bien se tenir" et qu'il rigolerait moins, dimanche. Pour l'entrée, il cligna de l'oeil et il


me dit qu'il avait inventé quelque chose qui sera très bon comme pour le déssert. Il allait faire un gateau à la crème comme celui de la communion de mon cousin Pharamond. Le dimanche matin, je me suis réveillé très tôt car j'ai entendu un grand bruit dans la cuisine. Je pris mon revolver à bouchons et mon sabre de pirate et je suis descendu voir. Il faisait encore un peu nuit et j'entendais bien chanter les oiseaux dans le jardin. Ce n'était que Papa qui avait fait tomber le grand saladier de Maman, celui qu'elle prend pour la salade, heureusement qu'il est en métal, il n'a qu'une bosse. Papa m'a dit que çà tombait bien que j'allais l'aider à éplucher les pommes. Il m'a donné un couteau et j'ai pris une pomme. J'ai commencé à l'éplucher mais Papa me l'a reprise des mains très vite car il a dit que je me débrouillais mal et que je faisais de trop grosses épluchures. Maman est arrivée, elle a préparé le petit déjeuner que nous avons pris dans le salon, elle avait l'air de beaucoup s'amuser. Nous entendions pleins de grands bruits de verre et de métal, j'étais un peu inquiet mais Maman me rassura. Je suis remonté dans ma chambre lire mes illustrés à suivre...

Le monsieur à l'air content de lui - une aventure du Petit Nicolas Cela faisait longtemps que je n'en avais écrit, les idées viennent d'un coup et je ne suis content que quand j'ai trouvé un ordinateur et écrit l'histoire... Aujourd'hui, la maîtresse nous a fait mettre en rang avant de rentrer en classe au lieu de monsieur Mouchabière comme elle fait quand le directeur vient nous donner nos bulletins de notes, elle prend un ton plus sévère et là on sait qu'il ne faut plus rigoler. Avec elle il y avait un monsieur et une dame, et aussi un autre monsieur tout réjoui, un peu gros comme Alceste, mon copain qui mange tout le temps, et avec un morceau de tissu rouge à la boutonnière. Il était coiffé avec du fixant comme Maman me met pour mon épi qui rebique tout le temps comme la fois où nous sommes allés à la Communion de la cousine Eulalie. Le monsieur et la dame étaient tout les deux un peu rouges, je suis pareil quand j'ai fait une bêtise. La maîtresse nous fit mettre debout, elle nous dit que le monsieur tout content s'appelait Monsieur d'Harangère d'Urufle, que c'était le frère du sous-préfet et qu'elle lui cédait la parole. Elle tendit la main vers lui et le monsieur à l'air réjoui nous dit qu'il était là pour nous expliquer les méfaits de l'alcool, avec l'autre monsieur et la dame, que le vin pourrit le coeur de l'homme et l'empêche de mener à bien ses devoirs et les tâches qui lui incombe. Il était un peu rouge quand il parlait et il s'arrêtait entre chaque phrase pour rire un peu bêtement, comme Clotaire quand il n'est pas puni pendant la récréation qu'il est content et qu'il est ensuite de nouveau puni parce qu'il rit. L'autre monsieur qui était timide était tout mince et très nerveux, il avait les mains qui tremblaient un peu. Il dit qu'il s'appelait Léopold, qu'il était garde-champêtre dans un petit village et qu'il souffrait du fléau de l'alcool depuis qu'il avait vingt-quatre ans. C'est à ce moment que le directeur frappa à la porte de la classe et passa la tête dans la porte en disant : -Ah ! D'Harangère, vous êtes là ? Je peux vous parler une minute ?" Léopold n'osait plus parler, le monsieur à l'air réjoui se dépêcha d'aller voir le directeur et ils se mirent à chuchoter très fort. Eudes fait la même chose quand il fait semblant de dire un secret à Georffroy et qu'il veut nous faire enrager. On entendait ce que le directeur disait : "Naturellement, vous êtes des nôtres au repas de ce soir, Burgel du bureau du recteur a apporté un très bon Gigondas dont vous me direz des nouvelles et moi j'ai quelques havanes...". Il s'aperçut que nous l'entendions et il dit :


-Continuez monsieur Marchambier, ces jeunes ont besoin d'entendre votre témoignage édifiant." Et il se remit à discuter avec monsieur d'Harangère. La maîtresse se mettait la main devant la figure mais nous voyions bien qu'elle riait un peu. Léopold nous expliqua qu'il avait dû aller à l'hopital quelques semaines et la dame qui était avec lui se mit à se dessiner tout un tas de schémas au tableau pour nous montrer les conséquences de l'alcool. Geoffroy leva la main et dit : - Pourtant, mon Papa, quand il est là, avec d'autres monsieurs, ils boivent pleins de verres de whisky avec pleins de glaçons qui sont amusants à croquer et ils rigolent quand même, ils ne sont pas malades. La dame ne sut pas quoi dire, le Papa de Geoffroy était le patron de l'usine où elle travaillait, elle lui dit qu'il fallait faire très attention à cause des responsabilités de son Papa s'il ne voulait pas avoir des problèmes de santé. Alceste leva alors sa main qui était pleine de chocolat et dit qu'il était en train de manger des bonbons au chocolat et à la liqueur que son Oncle Albert avait offert il y a deux jours à ses parents et que çà ne lui faisait rien du tout. La maîtresse se dépêcha d'aller vers son pupitre, elle dit "petit malheureux" et l'envoya au coin. Monsieur d'Harangère faisait "tss! tss" de la bouche. Il termina sa conférence en ajoutant que l'alcool était mauvais pour la santé comme le tabac et que tout cela allait être bientôt interdits pour notre bien, sinon nous finirions mal. Je n'étais pas d'accord, moi je veux fumer, les détectives et les héros le font bien dans les films et boire du whisky mais pas comme le Papa de Geoffroy, comme le gentil dans le film que j'ai regardé hier avec Papa qui avait un peu peur... à suivre...

Eudes est un mêle-tout - une aventure du petit Nicolas Les histoires du petit Nicolas sont un très bon remède à la morosité et une manière de la surmonter. C'est ce qui constitue une partie de mon plaisir à écrire ces imitations de Goscinny. Il y a deux semaines, il s'est passé quelque chose d'extraordinaire, Eudes a fait deuxième en composition de mathématiques et il était troisième en histoire. Eudes est un copain qui est très fort et qui met très vite un coup de poing dans le nez à ceux qui ne sont pas d'accord avec lui. C'était bizarre car il était tout rouge quand la maîtresse l'a félicité, elle a rigolé un peu, elle est très jolie quand elle fait çà et elle a dit : "Qu'est-ce qu'il va tomber ?". Nous avons alors tous regardé par la fenêtre, mais la maîtresse se trompait car le soleil était très haut dans le ciel audessus du gazomètre de la rue en face de l'école. Agnan était jaloux de Eudes, il le regardait méchamment, il est drôle Agnan, il a toujours peur que quelqu'un soit premier de la classe à sa place. Quand nous sommes sortis, le Papa et la Maman d'Eudes l'attendaient à la sortie, ils étaient tous les deux très bien habillés, ils ont dit à Eudes que son grand-frère les rejoignait plus tard au restaurant "la cloche d'or" où le Papa d'Eudes a un ami qui fait la cuisine. Eudes nous regardait en rigolant drôlement, c'est qu'il n'a pas l'habitude d'être félicité par ses parents ou la maîtresse. Depuis ce jour-là, Eudes donne son avis sur tout et personne n'ose le contredire car il est très fort, il nous a dit qu'il voulait aller faire "Polytechnique" comme lui a dit son père qui, s'il n'était pas allé au service militaire et s'il n'avait pas rencontré sa mère, serait devenu ingénieur des ponts et chaussées au lieu de vendre des assurances, ce qu'il ne fera pas toute sa vie. Il passe son temps à expliquer à Alceste, mon copain qui est très gros et qui mange tout le temps, qu'il mange de trop et ce qu'il devrait manger pour maigrir et vivre mieux. Cela embête Alceste qui ne sait plus comment faire pour finir son croissant de dix heures à temps pour entamer ses deux tartines beurrées de onze heures. Eudes s'assoit souvent à côté de Clotaire maintenant et lui corrige ses fautes, parfois il prend même son cahier et son porte-plumes et luii montre comment on fait pour trouver à quelle heure la baignoire qu'une dame Y remplit à raison de 60 cm3 par minute débordera. Il a dit même à la maîtresse comment faire pour bien écrire au tableau, il n'aurait pas dû car, à la place de Clotaire qui est tellement habitué qu'il a des pages d'avance, il a dû copier cinq-cent fois : "je ne mêlerai plus de


ce qui ne me regarde point". Hier, après qu'il m'ait dit que ma mèche était coiffée du mauvais côté et qu'il ait dit à Geoffroy que des déguisements de cosmonaute çà n'existait pas, nous avons décidé qu'il fallait que "la bande des vengeurs" lui donne une leçon. Nous avons tous rédigé un mot avec plusieurs couleurs pour lui dire qu'il était devenu un sale cafard comme Agnan mais qu'il n'avait pas le droit de se mêler de tout. Il est venu avec le bout de papier devant nous, il l'a déchiré en petits morceaux et il l'a jeté dans le caniveau devant la grille de l'école. Et il nous a suivi jusqu'au terrain vague où des grands jouaient au football. Eudes a oublié pourquoi il était énervé et il nous a dit qu'il fallait que l'on joue aussi. Nous n'osions pas à cause des grands, il y en a un qui a reconnu Eudes et lui a dit de venir dans son équipe car même les grands ont peur de lui. Le lendemain, Eudes a raté la composition de mathématiques du mardi, quand nous sommes sortis de l'école, son Papa qui était en costume du dimanche lui a donné une gifle. Pauvre Eudes ! Nous l'aimons bien notre copain ! à suivre... Le rival d'Agnan - une aventure du petit Nicolas deuxième partie Première partie de l'aventure ici Avec Alceste, mon copain qui est très gros et qui mange tout le temps, et deux autres copains, Geoffroy dont le Papa est très riche et Clotaire qui est toujours dernier, on a été invité chez Mérovée, le rival d'Agnan à l'école qui n'est pas un sale cafard comme Agnan qui rapporte tout le temps. Le monsieur qui ressemble à monsieur Mouchabière et qui est habillé comme Monsieur le curé, j'ai entendu qu'il s'appelait le père François nous a fait mettre en rang devant lui puis il a pris le micro que lui tendait un autre gars habillé en scout, il a dit : "un, deux, un, deux" et il y a eu un sifflement très fort et un peu de grésillement. Il a posé le micro et il est allé disputer le garçon qui avait réglé trop fort le son dans le haut-parleur. Heureusement que nous n'entendions pas car il semblait dire tout plein de vilains mots. Il nous expliqué que nous étions la relève d'une génération de fainéants et de petits voyoux et qu'il fallait absolument montrer maintenant aux adultes comme nous étions dynamiques et solidaires dans l'épreuve en passant plusieurs épreuves sportives. Ensuite, le vieux monsieur en culotte courte comme nous a dit aussi quelque chose mais nous n'avons rien entendu car il y avait tout le temps un sifflement et il parlait trop bas. Cela faisait : "...orces...ives...cadence...eunesse...". Mérovée était drôlement content, il paraît qu'il est très fort à ces jeux là. On devait commencer par escalader une corde le plus vite possible chacun son tour. C'est Alceste qui devait commencer, le monsieur qui ressemblait à monsieur Mouchabière a eu du mal à le convaincre de poser ses gâteaux par terre avant de grimper, il s'est retourné un moment en se passant la main sur la figure puis il a promis à Alceste qu'il aurait plein de gâteaux pareils s'il voulait bien monter sur la corde. Alceste a réussi à escalader la moitié de la corde gràce aux noeuds mais ensutie il a glissé à cause du beurre qu'il a toujours sur les mains à cause de ses tartines de onze heures et il est tombé sur le père François qui a du avoir très mal aux reins car Alceste est très gros. Il ne l'a pas fait exprès mais il a aussi écrasé les gâteaux d'Alceste. Il n'était pas content du tout Alceste. Un autre garçon de notre âge a apporté une serviette au père François qui s'est essuyé, celui-ci a fait comme si il rigolait alors qu'en fait il avait les yeux de Papa quand il n'est pas d'accord avec monsieur Blédurt. Il a dit que ce n'était pas grave et il a demandé à Geoffroy d'essayer. Geoffroy, qui a un Papa très riche, était venu déguisé en général avec le casque, les bottes et les lunettes de soleil. Il a voulu monter comme çà sur la corde et en même temps, il disait un tas de choses comme il avait entendu dans le film que l'on avait vu au cinéma le mercredi avant, "la charge héroïque des joyeux soldats": "En avant les gars ! On va les avoir". Et il est arrivé tout en haut de la


corde sur la branche d'arbre sur laquelle elle était attachée et il a continué à grimper à l'arbre. Le père François disait : "C'est très bien, mon petit mais maintenant, il faut descendre". Puis il a commencé à le dire plus fort et à être tout rouge, il a dit : "Tu vas descendre, oui, petit...!", je n'ai pas entendu la suite car avec Clotaire on était allé voir un autre jeu drôlement chouette. On s'accrochait à une barre comme dans les feuilletons et mes illustrès et on glissait sur une corde au-dessus d'un lac. Clotaire s'est mis d'un côté et moi de l'autre et nous avons commencé à glisser sur la corde mais comme nous étions trop lourds, elle s'est abaissée jusqu'au petit étang au-dessus duquel nous étions et nous étions pleins de boue en arrivant de l'autre côté. La Maman de Mérovée nous a fait rentrer dans la maison et nous a laissé dans le salon avec Alceste qui dégustait une part de gros gâteau à la crème comme il aime. Elle a crié quand elle est revenue car nous avions mis nos mains sur les murs pour comparer leurs tailles. Elle a appelé nos parents et nous avons dû attendre. Le premier à être arrivé est le chauffeur du Papa de Geoffroy qui est allé le chercher en escaladant l'arbre sans dire un mot et est repassé devant nous avec notre copain sous le bras. La maman de Mérovée ne veut pas que nous le revoyons et il est allé dans une autre école, c'est dommage, c'était un chouette copain. A mon avis, nous ne sommes pas encore prêts pour la relève. Agnan est très content, il est redevenu le premier de la classe et a eu encore tous les prix. à suivre...

Le rival d'Agnan - une aventure du petit Nicolas en deux parties Il y a trois semaines, un nouvel élève est arrivé dans la classe, il s'appelle Mérovée nous a dit la maîtresse. Il est allé s'installer directement au premier rang à une table libre à côté de celle d'Agnan ce qui nous a supris. Puis le directeur a frappé à la porte et il est entré dans la salle. "Debout !" a dit la maîtresse, "Assis!" a dit le directeur. Puis il a pris Mérovée par l'épaule et nous a dit qu'il fallait être très gentil avec lui, qu'il connaissait bien sa maman qui était mariée au beau-fils du sous-secrétaire du préfet et qu'il nous montrerait sûrement le bon exemple à suivre. Il est alors sorti et la maîtresse a repris le problème de mathématiques que nous étions en train de faire : deux trains partent de deux gares différentes, l'un de Paris, l'autre de Bordeaux et il faut dire à quelle heure ils se rencontreront à la gare de Versailles. La maîtresse a demandé : "Alors, quelqu'un peut me dire la solution ?". Agnan avait levé la main mais il a eu l'air tout surpris car c'est Mérovée qui a répondu : "à 14h37". La maîtresse a rajusté ses lunettes sur son nez car elle était un peu surprise et puis elle a dit : "Ah ! Bon, d'accord, c'est çà, c'est très bien". Depuis, Agnan est déprimé, il s'asseoit maintenant à côté de Clotaire et parfois, ils sont punis ensembles. Encore hier, sa maman est venu le chercher à l'école et elle lui a fait les gros yeux mais Agnan lui a tiré la langue. Mérovée est premier partout et en plus il fait le guignol avec nous. Il nous a invité à venir goûter chez lui mercredi et c'est aujourd'hui. Maman était un peu nerveuse quand je suis parti tout à l'heure, elle m'a dit d'être bien sage au moins une quinzaine de fois et elle m'a coiffé les cheveux avec ce que met Papa pour qu'ils soient bien brillants. Papa m'a promis la petite auto rouge que je veux depuis longtemps si tout se passait bien, j'étais bien content. Chez Mérovée, il y avait aussi sa maman, un monsieur très âgé en costume de scout et un jeune homme qui ressemblait à Monsieur Mouchabière qui avait un col comme monsieur le curé. Mérovée était drôlement bien habillé et sa maman lui disait qu'il fallait qu'il montre l'exemple, qu'il n'était pas comme ses petits camarades, des graines de petits voyous mais que maintenant çà allait changer. Il y avait aussi Alceste avec moi, Geoffroy et Clotaire, Alceste profitait de ce que le vieux monsieur en scout parle très longtemps et qu'il fallait l'écouter pour remplir ses proches de petits


gateaux qu'il y avait sur des tables. Alors, le jeune homme qui ressemblait à Monsieur Mouchabière nous a dit que nous allions faire un grand jeu. Alceste a été tellement surpris d'entendre que nous allions faire du sport qu'il a avalé un petit éclair au café d'un coup. à suivre...

Alceste est amoureux - une aventure du petit Nicolas / deuxième partie Avec Alceste qui est amoureux, vous savez, mon copain qui est très gros et qui mange tout le temps, nous sommes allés chez Geoffroy dont le Papa est très riche pour l'aider à plaire à Juliette. Il y avait aussi Clotaire et Eudes.et Marie-Edwige devait venir nous voir un peu plus tard parce qu'elle connaissait bien Juliette. Clotaire a dit qu'il allait falloir faire des courses dans les magasins de vêtements comme dans le film qu'il avait regardé hier avec sa Maman où une jeune fille qui n'a pas d'argent devient la femme d'un monsieur très riche qui fait des tas d'affaires et qui la paye au départ parce qu'il est amoureux d'elle mais je n'ai pas très bien compris quel métier elle faisait exactement. Geoffroy avait un costume noir avec des revers un peu lumineux et tout doux quand on les touchait, çà a bien plu à Alceste qui n'avait pas les mains pleines de beurre comme d'habitude et a pu les toucher. Il s'était coiffé avec la raie sur le côté. C'était un peu ridicule. Geoffroy lui a donné le costume qui était à lui et qui était sur un cintre. Alceste est allé s'habiller dans la salle de bains et il est revenu tout fier, il sentait aussi une drôle d'odeur. Les jambes du pantalon remontaient trop haut et il n'avait pas pu fermer la veste. Il dit qu'il ressemblait à un guignol mais qu'au moins avec le parfum du Papa de Geoffroy, il sentirait bon et que çà passerait. C'est alors que Marie-Edwige est arrivée, elle a beaucoup ri en voyant Alceste et elle l'a emmené avec elle dans la salle de bains. Elle lui a enlevé sa raie sur le côté de ses cheveux, elle lui a dit qu'il fallait qu'il soit naturel et puis elle a rougi et elle a embrassé Alceste très vite sur sa bouche. Moi j'avais regardé mon Papa se préparer avant d'aller au cinéma avec Maman et j'ai expliqué à Alceste comment il faisait. Le lendemain il était drôlement content, Juliette allait voir un film de cow-boys et d'indiens au cinéma avec lui mais maintenant, au lieu d'Alceste, il y a Clotaire, Eudes et Geoffroy sur le banc et qui regardent le platane sans le regarder tout en le voyant quand même. Je crois qu'ils sont tous amoureux de Marie-Edwige. à suivre...

Alceste est amoureux - une aventure du petit Nicolas en deux parties Alceste est arrivé ce matin à l'école sans ses deux croissants habituels ce qui nous a étonné car çà n'arrive jamais. Nous lui avons demandé s'il était malade mais il ne nous a pas répondu et s'est contenté de soupirer et de regarder le platane qui est au milieu de la cour sans d'ailleurs vraiment le regarder. Eudes a rigolé, il a dit que c'était un guignol qui ne voulait pas nous parler et qui avait un secret alors que nous étions ses copains et que c'était pas juste. On a bien été étonnés car Alceste ne lui a même pas donné de coup de poing sur le nez et n'a rien dit, il s'est levé et il est allé s'asseoir sur le banc mais là il ne regardait plus le platane sans le regarder mais le soupirail par où Monsieur Duchêne descend le charbon, sans le regarder vraiment non plus. Eudes était aussi étonné, il est allé voir Alceste et s'est excusé de l'avoir traité de guignol. Et puis après qu'ils aient parlé tous les deux, ils regardaient tous les deux le soupirail sans le regarder en soupirant. J'ai dit aux autres que des extra-terrestres, comme j'avais vu hier dans le feuilleton que mon Papa regardait à la télévision hier et qui lui faisait un peu peur, avait enlevé Alceste et lui avait donné une maladie étrange comme ils faisaient hier. Mais en fait, Geoffroy a compris tout d'un coup, il crié : "Le gros est amoureux ! Le gros est amoureux !". Alors là, par contre, çà nous a rassuré, Alceste lui a couru après en répétant : "Non monsieur ! Non monsieur !" et il a fini par lui donner un coup. Et puis, il est devenu tout


rouge et il bredouillait n'importe quoi en regardant une copine de Marie-Edwige drôlement jolie qui entrait dans la cour, Juliette. Moi, j'ai compris qu'Alceste était timide comme moi quand MarieEdwige me fait le coup des yeux qui clignotent. Quand je suis timide, je parle beaucoup, tout le temps parce que s'il y a des silences, j'ai peur d'être ridicule. On a voulu l'aider... à suivre...

Les grands discutent politique - une aventure du Petit Nicolas A côté de notre école, il y a un lycée de grands. Les murs de lycée sont très près de nos fenêtres et parfois, on les entend faire les guignols avec les professeurs ou alors parler de pleins de choses. Hier, comme il faisait beau, la maîtresse avait permis que nous ouvrions les fenêtres de la classe. Elle a dit que de toutes façons, il faisait si chaud pour un mois de décembre que ce serait bête de ne pas en profiter, que le bon air nous ferait du bien. Chez les grands, c'était le professeur qui ressemble à Alceste, vous savez, mon copain qui mange tout le temps et qui est très gros, qui avait cours. Sur son tableau, Clotaire a regardé, c'est d'ailleurs pour cela qu'il n'ira pas encore en récréation aujourd'hui, il y avait marqué "Éducation Civique". Les grands discutaient drôlement avec le professeur qui ressemble à Alceste, ils disaient que c'était la faute des "zétrangers" si çà allait mal en France et qu'il fallait qu'on leur donne des sous au lieu d'aider les gens qui sont dans les pays "zétrangers". Mon Papa et ma Maman m'ont donné un gros billet un jour que j'avais fait dixième en mathématiques, ils m'avaient demandé de donner un petit peu à un monsieur qui tendait la main dans la rue car peut-être qu'un jour, j'aurais aussi besoin que l'on m'aide. On a vu que le cours se terminait et que le prof qui ressemble à Alceste a dit aux grands qu'ils avaient les mêmes opinions que leur grand-mère. Alors, j'ai levé le doigt et j'ai dit que ce n'était pas possible que les grands aient les mêmes opinions que ma Mémé parce qu'elle n'avait jamais vu les grands. La maîtresse a mis sa main devant sa bouche comme elle fait quand elle a envie de rire et elle a dit tout bas merci au prof qui ressemble à Alceste. Elle nous a expliqué que beaucoup de grandes personnes n'aiment pas les "zétrangers", même si parfois ce ne sont pas des "zétrangers", que quelques fois, c'était parce qu'il étaient très pauvres et que personne ne s'intéressait à eux, et que d'autres, c'était parce qu'ils étaient racistes. Après, nous sommes allés en récréation et on a vu les grands parler très fort avec le Bouillon qui ne les a même pas disputé, il trouvait lui aussi qu'il y avait trop d'étrangers et il a dit que c'était la faute de "Maissoissantuite". Nous on a préféré parler du Père Noèl et des cadeaux qu'il nous amènerait si on ne faisait pas trop les guignols. à suivre...

Les deux grands - une aventure du Petit Nicolas Ci-contre le portrait d'Alceste Ce matin, je jouai dans la cour avec Joachim et Eudes aux billes pendant la récréation. Joachim, il tire drôlement, il m'a encore gagné deux calots mais Eudes lui a donné un coup de poing sur le nez parce qu'il pensait que c'était un tricheur. Le Bouillon nous surveillait mais il avait l'air préoccupé par autre chose. Et j'ai vu passer à ce moment là le nouveau professeur qui ressemble un peu Alceste, mon copain qui est très gros et qui mange tout le temps. Il était avec monsieur Mouchabière et deux grands qui parlaient comme les bandits dans le feuilleton policier que Papa regarde à la télé où les héros ont des boîtes de camembert sous le canon de leur fusilmitrailleur. Quand c'est dans la télé, çà ne me fait pas peur, mais là j'avais un peu comme de la glace dans le dos et je ne me sentais pas très bien. Le grand, Clotaire a dit qu'il avait brûlé une maison où il y avait plein de personnes qui venait d'autres pays et qu'il demandait des sous aux autres gars de


sa classe pour les "protéger". Il les protégeait un peu drôlement car souvent, Clotaire m'a dit, il les tapait et leur disait des vilaines choses comme Papa dit quand il bricole à la maison. Le professeur qui ressemble à Alceste est repassé devant nous, il nous souriait mais moi j'ai bien vu qu'il était quand même un peu triste. J'ai eu un peu envie de pleurer et j'ai pensé à mon Papa et ma Maman, à mes copains et à Marie-Edwige et je me suis dit qu'il fallait que je sois très gentil avec eux, que je profite d'avoir mon Papa, ma Maman, mes copains et Marie-Edwige qui m'aiment tant même si Marie-Edwige tire les cheveux de temps en temps et fait le truc des yeux qui clignotent pour faire croire qu'elle n'a pas fait de bêtises. à suivre...

Malade en car - Une aventure du petit Nicolas Ce midi, j'ai pris le car tout seul pour rentrer chez mon Papa et ma Maman. C'est ma Mémé, elle m'offre toujours tout un tas de cadeaux, qui m'a accompagné, elle avait les yeux un peu rouges et elle reniflait comme quand on a le rhume. Elle m'a donné plein de conseils pour être prudent et elle m'a embrassé plein de fois et je suis allé m'asseoir pas loin d'un autre gars qui ressemblait à Clotaire. Il était avec sa maman et sa grand-mère et ils avaient tous les trois la peau plus foncée que moi. Il y avait aussi un monsieur qui ressemblait un peu au Bouillon et une dame qui sentait le parfum très fort comme ma tante quand elle va chercher un rôti pour le repas du dimanche. C'était un peu écoeurant, et comme les fenêtres étaient fermées je me sentais un peu comme quand j'ai fumé un cigare avec Alceste derrière la palissade sur le terrain vague. Le garçon qui ressemblait à Clotaire était tout prêt de la dame qui sentait le parfum. Il était assis juste au-dessus des roues aussi. Un peu avant d'arriver à notre ville, il a été malade, il était tout pâle et il voulait sortir. Mais en fait, il a eu vraiment très mal au coeur, comme dit ma maman, quand il s'est rassis. C'était tout sale par terre mais sa maman a tout essuyé. La dame qui sentait fort le parfum a dit des choses que je ne comprenais pas parce que je ne les entendais pas. Quand le petit garçon, sa maman et sa mémé à lui sont descendus, elle a crié pleins de choses très vilaines avec le monsieur qui ressemblait au Bouillon. Moi, j'ai été content d'arriver enfin car j'allais être malade comme le garçon qui ressemblait à Clotaire. à suivre...


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