Penser — Magazine

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penser amandine loiseleur

RE NC O NTRES

les choses invisibles

JOUR N A L DATAS

humeurs

esprits confinés

1


1


P R É A M B UL E 2

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Juin 2020. Pour ce rendu de diplôme Out Of School, je décide de présenter un mémoire sous forme de magazine. Vous trouverez ici une ligne éditioriale, des avis divergents, des pistes de réflexion pour les designers mais aussi pour les curieux. Plus qu’un rapport factuel, je souhaite ici proposer un regard neuf sur des sujets d’émotion, de ressenti, de sensibilité gravitant autour de la création au sens large. Penser est une déclaration d’amour à ce métier de directeur artistique qui offre du beau à peu près partout. Bonne lecture.


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E D I TO

Le designer graphique a ce métier qu’on ne sait jamais trop où ranger. Est-il un ingénieur de l’image, un psychologue des couleurs, un artiste ? Certains l’embellissent, d’autres le classent comme non indispensable. Cette question de l’utilité a plus que jamais retenti pendant le confinement où nous valorisions les sauveurs, les vrais, et bien que le design soit formidable, il ne sauve pas le monde d’une pandémie. Mais alors que vaut vraiment le designer ? Comment s’estime-t-il et comment la société cultive l’idée que le graphiste est le créatif parfois oublié ? Le magazine penser vous veut du bien. Il cherche à comprendre les pourquoi et à étudier les comment. A travers différents articles, dataviz, interviews et série photos, penser vous berce au cœur du monde merveilleux de la création graphique, de l’émotivité, de l’empathie et de l’accessibilité.

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/12

/24


SOMMAIRE 6

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DATA S

humeurs

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RE N C O N T RE

les choses invisibles

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J O U RN AL

esprits confinés

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SÉRI E PH OTOS

concevoir ART I C L E

prochain arrêt : bonne nouvelle

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/36

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DATA S

humeurs

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8

En design, les certitudes sont floues,

le lissage des intentions graphiques

voire n’existent pas. Elles nous

qui deviennent parfois un peu

confrontent à un mur devant lequel il

pauvres, frustrent le designer.

faudra choisir quelques briques sur lesquelles se reposer et grimper.

En 2018, l’agence créative Tank réalisait une étude sur la santé

Chercher la beauté et l’associer au

mentale des designers en confrontant

nécessaire, c’est donner un peu de

des témoignages venus de 8 pays

magie au quotidien. C’est ce que

différents.

tente de faire le directeur artistique chaque jour en créant un objet, une

Cette étude met en lumière les

interface, une mise en page et en y

ambivalences de l’esprit créatif tantôt

saupoudrant un peu de lui-même.

inspiré, productif, fort, fier, tantôt stressé, anxieux, perdu. A travers les

Le problème de créer avec le cœur,

pages de Penser, vous retrouverez

c’est ce qu’on y laisse quand ça ne

certaines de ces datas significatives

fonctionne pas. La critique, le refus,

d’un métier dont l’esprit est maître.

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La première data emblématique de l’étude Tank vise à souligner

Oui

D ATAS 9

le bien-être des designers à travers le monde.

Les designers sont-ils heureux ? 50%


11%

6%

Ne sais pas

32%

Non

Presque

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les choses RENC O NTRE

invisibles


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Il y a quelques semaines, j’ai demandé à un panel de designers quels étaient leurs rapports à l’art, au futur et aux nouvelles technologies, principalement aux intelligences artificielles. À travers ces différents témoignages et interviews de graphistes, directeurs artistiques, UI designers, j’ai voulu dressé le portrait d’un univers créatif en constante évolution qui apprend à s’adapter, à évoluer, à accueillir la nouveauté ou parfois pas.


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avec ASTRID TRINH directrice artistique CAMILLE VIDREQUIN directrice artistique CAROLINE TAVINEGNANE directrice de création JULIEN STEPHAN directeur artistique & motion designer THOMAS TACVORIAN directeur artistique MAXIME MIRONNET directeur artistique PAUL LEROY directeur artistique HUGO MÉLINE directeur artistique LÉO MOUR AIRE creative developer


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Selon vous, quelle est l’essence d’un bon designer ? Ce qui l’anime, le rend motivé et inspiré ? Trouver, dans tous les challenges qui lui sont présentés, un chemin pour fabriquer, concevoir, finaliser quelque chose de beau, quelque chose rempli de sens, peu importe le sujet. En résumé, c’est cette valeur du beau mariée à l’importance du fond. J UL I E N

Son attention pour les petits détails, d’où il s’inspire, sa capacité à rebondir lorsque ça ne fonctionne pas, sa vision, son rapport au quotidien, au design. CA M ILLE

Un bon designer, c’est quelqu’un qui se lève tout les matins avec l’envie de rendre le monde meilleur, plus beau, plus smart à son échelle. Il comprend ce qu’on lui demande et s’adapte en fonction. A S T R I D

La passion, faire par plaisir, l’envie de faire mieux, d’évoluer, de voir plus loin, de prendre et de recevoir dans le travail de tous les jours. PAUL

Pourquoi le travail d’un designer n’est pas toujours reconnu comme artistique ? Qu’est ce qui le différencie d’un artiste ? Un artiste rempli son œuvre d’un sens qui lui est propre. Un designer, selon moi doit intégrer un sens à son « œuvre » compréhensive par le plus grand nombre et surtout correspondre à la problématique qui lui est donnée en amont. J UL I E N

Un designer qui fait du beau ou un travail artistique ce n’est pas une insulte. C’est quand même une de ses qualités de savoir et de pouvoir manier l’esthétisme et de s’exprimer avec son style et sa patte. Tous les grands designers ont un style, et le style par définition, c’est une empreinte artistique, quelle qu’elle soit (liée à un courant, une technique, une matière, une école, sa signature, etc). CAROLI N E

MAIS, il arrive parfois qu’il ne le soit juste pas. Parfois il n’y a juste PAS de notion artistique. Le design de service, le design de management, le design environnemental, le design d’expérience… Ces domaines du design sont plus proches de l’ingénierie, mais sont bel et bien des disciplines de designer. Donc là il n’y a pas vraiment de débat sur le fait de reconnaitre ou pas une dimension artistique dans leur travail. La différence avec l’artiste, c’est que ce dernier n’a pas besoin que son oeuvre soit utile. Le design c’est l’utilité (quelle soit sociale, commerciale ou whatever). Du design inutile ou inutilisable c’est clairement du mauvais design. Ou alors c’est de l’art ! Dès lors que cela devient trop conceptuel et que tout est justifié par des choix artistiques, c’est une oeuvre d’art, point. Donc l’artiste, selon moi, n’a pas besoin de cette notion d’utilité / utilisabilité / usage. Il conçoit pour lui ou pour les autres mais les interactions générées n’ont pas vocations à être les mêmes que celles du designer. Le sensible, la technique, le concept sont décuplés chez l’artiste parce qu’il s’affranchit de ces notions d’utilité techniques (je précise technique parce qu’un travail artistique peut avoir de grandes utilités sociales, psychologiques, etc.).


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Pour conclure : rien n’empêche un travail de designer d’être artistique, si ce n’est son domaine. Et rien n’empêche un artiste de faire du design, si ce n’est que son oeuvre doit avoir une utilité technique. Je pense que ça dépend des régions du monde. Aux USA, le designer est un artiste. En France, moins. L’artiste fait de l’art pour de l’art. Le designer est souvent trop considéré comme un « artiste marketing » selon moi. Le design étant très présent dans le milieu de la communication en France, la design en publicité/com’ et le rapport à l’argent sont donc mal vus. C’est pourquoi, je pense que c’est cette partie qui diffère l’artiste du designer aux yeux des français. Et bien évidemment le manque de prise de recul de la mentalité des individus. HUG O

Que pensez-vous de l’intelligence artificielle dans les métiers numériques ? Elle ne peut remplacer un métier créatif 40%

les problèmes d’accessibilité/visibilité. L’IA peut être un outils très créatif tout comme servir des causes bien plus terre à terre. Si l’IA était à peine plus accessible on l’utiliserait d’ores et déjà beaucoup plus dans l’art comme dans la création. LÉO

Est-ce qu’une machine pourrait devenir un bon designer dans le futur, d’après vous ? Tout dépend du développement de la machine. Et si l’on arrivait à intégrer la notion de « sentiment », de « ressenti » à une machine, pourrait-elle devenir aussi sensible qu’un travail humain ? M AXIM E

Non, rien ne peut remplacer la sensibilité d’un humain. Le design ne peut pas être construit uniquement de règles à suivre/d’étapes comme pourrait le concevoir une machine. CAM ILL E

Il existe déjà des outils pour les dev, pourquoi pas pour les créa, mais l’homme sera toujours supérieur à la machine. PAUL

Elle pourrait remplacer certains métiers à l’avenir comme elle l’a déjà fait 50%

Oui mais derrière la machine il y a toujours un cerveau créatif humain avant tout.

Autre 10%

LEO

Comment selon vous, pourrait-elle s’imposer ou intégrer votre processus créatif ?

TH OM AS

Une IA qui t’aide au quotidien dans ta veille créatif ça pourrait être sympa. Qui te donne des conseilles, qui repère A S T R I D

Une machine aura du mal à créer une vrai direction artistique en rapport avec un brief précis ou même créer de nouvelles tendances. Elle sera par contre capable de créer des milliards de combinaisons et d’associations de couleurs/typos/mises en page en 10 sec. Bref, un bon ratio qualité / quantité.


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Pourquoi pas ? mais avec ses limites. On se construit tous de références, de maitres, d’écoles, d’autres artistes, de techniques. Tout ce que l’on peut pré-programmer à une machine en vrai ? CA RO LINE

Donc si une IA peut emmagasiner encore plus d’informations et de savoir que nous, elle peut peut-être se créer un style par la magie d’algorithmes et devenir un designer de renom ? Par contre, elle ne se serait construit de rien de

personnel. Or, on sait que les plus grands ont aussi beaucoup d’expérience du à leur vécu, aux personnes qu’elles ont fréquenté, leur éducation personnelle, etc. Est-ce que l’IA n’a pas ses limites dans le fait de juste ne pas être un humain ? Ce qui est différent fait toujours peur / ou interroge. Mais on se compare à ce qui nous ressemble quand même plus facilement.


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Quels sont pour vous, le ou les atouts d’un designer que jamais une machine ne pourrait remplacer ?

Avoir une famille, des parents, des CA RO LINE

proches, des sentiments, des joies immenses, des ruptures difficiles, une jambe cassée, manger des plats incroyables, s’asseoir sur une chaise qui grince, habiter un tout petit appartement, ou une immense maison, être malade, avoir un pull qui gratte, ressentir le vent dans ses cheveux, respirer l’air salin de la côte ouest, se sentir tout petit après une randonnée de +1000 dans les Alpes. Être humain quoi. Un designer / artiste crée de la frustration, d’une situation vécue ou ressentie par lui ou un humain et qui doit pouvoir être solutionnée. Même si un robot est capable de résoudre ces soucis mathématiquement, il ne le fera jamais aussi sensiblement et subtilement qu’un humain. On s’offusque qu’un homme puisse penser ou savoir mieux qu’une femme ce qu’est le féministe... qu’un blanc né en France dise que le racisme anti-asiatique c’est du fantasme, ça n’existe pas... ça parait aberrent ? Pour moi c’est pareil pour la comparaison robot / designer. On ne peut difficilement remplacer à moins d’avoir vécu / de le vivre.


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Comment voyez-vous évoluer votre métier dans 20 ans ? MA X IM E

Aucune idée.

Je pense que les outils évolueront mais que la créativité et le sens artistique de l’homme ne pourront jamais être échangés par une quelconque machine. Dans 20 ans, si la planète survit d’ici là, nous serons sans doute un des rares métiers qui nécessite encore du bon sens et de la compassion pour le monde de fou qui nous entoure. HUG O

Je pense que les processus de création seront toujours les mêmes, qu’un client aura besoin qu’on lui apporte une réponse mais que les supports et moeurs de la société seront totalement différent. On évoluera avec et on fera de notre mieux pour apporter des solutions. A S T R I D

Thème Source et rencontres

IA Interview de professionnels


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DATAS

A quels ages les designers realisentils pour la premiere fois que leur travail impacte leur sante mentale ?


pendant l'adolescence 12%

20-29 30-39 40-49 plus 1%

4%

23%

60%


esprits confinés JOUR NAL

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Un jour, quelques milliers de jeunes dotés d’un peu de créativité dont moi ont décidé de faire de cet atout leur métier. Après quelques études de design, des projets variés et sensibles, quelques stages, quelques expériences à l’étranger, j’allais être diplômée et jeté dans le monde (impitoyable ?) du travail. Mars dernier, le monde se retrouve confiné. Tout ou presque se retrouve figé, annulé, repoussé y compris les sorties de films au cinéma, les itinéraires de bus, les expositions d’art. Et bien que ces 3 rendez-vous n’aient pas grand chose en commun, ils ont toujours été pour moi une source inépuisable d’inspiration. Que fait-on quand nous voilà privé de cette ressource importante ? Le temps du confinement est-il le temps du renouveau ? Journal d’une confinade à l’objectif créatif.

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lundi

D’abord, le mot « confinade » rend le moment plus sympa. On en trouve de toutes sortes, du cochon à la tomate et comme dit « fsoi » sur un forum de psychologie, elle y trouve quelque chose de convivial plus qu’un confinement morose. Je décide alors de prendre du temps pour ces choses pour lesquelles on n’en trouve jamais. Comme si ce moment devait à tout prix être productif. Spoiler : il ne le sera pas forcément.

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mardi Je découvre le podcast Emotions qui nous

Je me dédouane enfin de mes hontes de

parle d’hypersensibilité au quotidien et au

pleurer en public et parle librement de mes

travail. Prise de quelques anxiétés à la vue

émotions exponentielles.

de mes To Do Lists à rallonge et le sentiment de ne pas avancer en télétravail, je me pose sur ce podcast et comprends enfin que cette hypersensibilité est aussi une force.

Parce qu’après tout, la sensibilité est aussi notre premier atout artistique.

Je saisis tout de suite que je suis au bon endroit, les esprits émotifs ont tendance à se tourner vers les métiers créatifs. Dora Moutot, journaliste, brandit dans ce podcast

Grâce à elle, je conçois à travers le design

la revendication des « hautes émotions », du

émotionnel, je tente de susciter quelque

rire à la colère, et les partage au quotidien

chose chez les gens qu’une machine ne peut

sur Instagram.

encore pas atteindre.

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« On est ce qu’on fait mais on est pas forcément ce qu’on pense » Je découvre le podcast Emotions qui nous

parle d’hypersensibilité au quotidien et au

travail. Prise de quelques anxiétés à la vue

de mes To Do Lists à rallonge et le sentiment de ne pas avancer en télétravail, je me pose sur ce podcast et comprends enfin que cette hypersensibilité est aussi une force. Je saisis tout de suite que je suis au bon endroit, les

esprits émotifs ont tendance à se tourner vers les métiers créatifs. Dora Moutot, journaliste, brandit dans ce podcast la revendication des « hautes émotions », du rire à la colère, et les

Entendu dans le documentaire Ecovillage,

partage au quotidien sur Instagram. en quête d’autonomie.

Partagé sur le compte Instagram de Dora Moutot.

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mercredi Je cherche à atteindre l’art par de nouveaux procédés et mêlant Intelligence Artificielle et Design Emotionnel, je tombe sur le nouveau concept digital du MoMa, l’incroyable musée d’Art Moderne de New-York, qui a créé l’art moderne et contemporain pour tous, quand on veut, où on veut. Il suffit d’envoyer un texto, un mot puis l’art vient à nous, comme par magie. Je commence à me questionner sur l’importance des lieux et ce que nous retiendrons d’être resté chez nous si longtemps sans atteindre nos lieux préférés, ceux qui nous enrichissent mais aussi ceux qui nous rendent nostalgiques, créatifs, curieux, émerveillés…

jeudi Je me rappelle soudain comment échapper à mes 4 murs blancs que composent mon appartement. Depuis très longtemps fascinée par la neige, le froid, le nord, je redécouvre l’artiste musical nommé Molécule proposant de découvrir son nouveau projet artistique autour d’une immersion VR en 360 au coeur des aurores boréales. L’expérience sonore est elle aussi façonnée autour des bruits, des craquements, des doux sons de la banquise.

Le temps d’un instant, je m’exporte ailleurs, retrouve quelques sensations d’extérieur et comble cette petite solitude créative.

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vendredi C’est la panne. Depuis quelques heures,

plus tard avec des idées bouillonnantes. Mais

je me perds dans les méandres de la veille

chez moi, rien n’y fait.

créative, j’ai presque atteint la fin de mon feed Instagram, décortiqué de jolis projets

Alors quoi ? J’abandonne ?

sur Behance, créé de nouveaux boards

Je lance ma partie Animal

d’inspiration sur Pinterest mais l’idée ne

Crossing pour déterrer

vient pas.

quelques fossiles et qui sait,

Mon Illustrator reste blanc immaculé, à l’image de la banquise de mon excursion de

peut-être déterrer LA bonne

la veille. En temps normal, je serais sortie de

idée ?

chez moi pour monter dans le bus 69 sans savoir quel est mon but, mon objectif.

Thème

J’aurais écouté un mix Anjunadeep sur Soundcloud et auraient lancé un programme de bilan créatif dans mon cerveau pour m’assurer de rentrer chez moi deux heures

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Accessibilité Source Etude de Cas des activités digitales du MoMa Podcast Emotions sur l’Hypersensibilité : peut-elle être une force ? Livre sur le Design Emotionnel - Aarron Walter Exposition en VR par Molécule


Untitled, 2019 Landon Metz

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DATAS

72% des designers dans le monde souhaitent ou se font deja aider concernant leur etat mental. 33


humeurs

Après avoir établi ce panel de datas à propos des designers, Tank cherche à creuser les manques à combler, les absences, les frustrations et les indispensables d’un designer qui se cherche en constante évolution.

de la flexibilité du travail de plus en plus valorisée qui allie le temps des projets et le stress qu’il engendre. Enfin, les designers semblent unanimes sur ce que la peur de l’échec peut provoquer psychiquement et l’indéniable boosteur qu’est la reconnaissance.

Bien que l’étude date de 2018, je prends contact avec quelques professionnels me confirmant que les craintes et les nécessités décritent ici sont bel et bien réelles. On nous parle notamment de l’importance de travailler dans une équipe ouverte, bienveillante et collaborative ainsi que de l’importance

Tank dresse finalement une étude subtile sur le complexe réseau de pensées du designer au XXIe siècle et donne de véritables clés pour améliorer notre environnement créatif.

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Thème Datas Source Etude — Mental Health & Creative Industry Report 2018, Tank Agency


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35


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Puisqu’une image vaut mille mots,

Concevoir

penser illustre dans cette série photos le parcours du design émotionnel, son accessibilité et son rapport à l’environnement.


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Se reconnecter à l’extérieur S’inspirer


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Collecter les détails


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Se libérer du syndrôme de la page blanche Tester, recommencer, évoluer


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Se munir de sa papeterie préférée Le papier comme partenaire


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Connecter l’encre au papier


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appréhender le logiciel comme partenaire de création infinie


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atteindre la sensibilité plutôt que la performance


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Prochain arrêt : Bonne Nouvelle En arrivant à Paris pour mes études, ma

J’ai cherché pendant longtemps d’où

première fascination a été la signalétique

venait cette attirance en réalisant très

du métro parisien. J’ai passé des heures

tard que la RATP était une étude de

à tenter d’analyser cette typographie

cas formidable : la smart city bien avant

emblématique pour nommer chaque

l’importance des écrans et des nouvelles

station, à disséquer le code couleur

technologies. Plongez dans l’importance

de chacune des lignes, à me perdre

du détail qui vous fait passer un moment

dans ce bleu nuit profond des panneaux

un peu plus agréable.

de sorties.


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Bel-Air, La Motte-P asmin, Madeleine, aint-Germain-desLa Parisine de biais

atouts qui ne vieillissent pas depuis, sa lisibilité est grande même pour les

Depuis 1996, le réseau du métro parisien a adopté le caractère typographique Parisine designé par Jean-François Porchez exclusivement pour l’entreprise. La Parisine est une police d’écriture sans empattement utilisée en graisse importante d’abord pour notifier chacune des stations de métro, puis elle sera adoptée sur le réseau de bus, de

touristes pour lesquels l’alphabet latin n’est pas natal et sa chasse (largeur d’un caractère) permet de réduire les phrases sur les petits supports et donc faire des économies environnementales intéressantes sur un très grand nombre d’impressions.

La Parisine est aujourd’hui utilisée à l’internationale dans

tram et RER et finalement sur toute la

les métros d’Osaka et d’Alger et

signalétique de la RATP en stations.

prouve la durabilité et la force

Aujourd’hui, elle est l’emblème de tout l’environnement RATP sur tous

de ce caractère grâce auquel la RATP n’a pas changé sa

les supports, en stations comme sur

signalétique depuis 20 ans et la

les plans de lignes. Elle conserve des

planète la remercie.


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L’User Experience avant le digital On ne présente plus l’expérience utilisateur aujourd’hui tant elle est essentielle lorsque l’on conçoit un outil digital. Cette expertise est désormais un métier qui gravite autour du pixel. Pourtant, depuis plus de 30 ans, des équipes se chargent de créer la meilleure expérience de trajet pour les voyageurs franciliens en les plaçant au coeur de leurs nouveaux dispositifs. Comme l’explique cette étude sur le Design du métro parisien : « Tout d’abord, nous venons de le voir, la posture du voyageurs informé n’est pas nouvelle pour l’entreprise. Elle a fait l’objet de nombreuses réflexions et de grands moyens ont été mis en œuvre en son nom. Pendant longtemps, l’information a toutefois été pensée comme un service spécifique, qu’il fallait fournir uniquement lorsque les conditions normales du réseau étaient mises à mal. Avec l’élaboration d’un dispositif de signalétique multimodale, le domaine s’est grandement élargi. Non seulement l’écrit a été intégré comme ressource à part entière de l’information voyageurs, mais la nécessité d’informer les usagers s’est aussi considérablement renforcée : elle concerne désormais les

situations ordinaires. Du coup, la posture s’est ellemême déplacée. Le voyageur qui attend de l’aide en cas de perturbation a peu à peu été enrichi d’un usager qui cherche à mieux contrôler les conditions de son trajet. L’installation progressive de technologies d’information en temps réel est un cas exemplaire de ce mouvement. Le document qui présentait les grandes lignes d’une « politique de l’information des voyageurs » en 1993 en exprime ainsi les enjeux. « Il faut également assurer au voyageur une maîtrise du temps lors de son déplacement, en informant [...] sur le temps d’attente en fonction des conditions réelles d’exploitation » (document RATP, 1993, p. 14). L’information est présentée comme source de maîtrise. »

Ce glissement sociétal vers le « contrôle simple » a amené des outils digitaux par la suite désormais essentiels à grand nombre de nos déplacements :

CityMapper offre une interface

unique centrée autour des habitudes, des différentes possibilités de véhicules, du temps et de l’optimisation jusqu’à nous conseiller sur où se placer sur le quai pour atteindre notre prochaine sortie plus rapidement.


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La station Châtelet reliée

à Châtelet - Les Halles est la plus grande station de métro souterraine du monde s’est offert il y a 1 an une nouvelle signalétique catégorisée par « secteurs » (Seine, Forum ou Rivoli) pour laisser à l’usager la chance de se repérer et connaître plus rapidement son temps de marche entre les différentes zones, enfin !

Plus globalement, la RATP

tente de se diriger vers des outils digitaux et met en place en stations des systèmes pour abandonner petit à petit le papier et son impact écologique. Une initiative intéressante qui pourrait

« convaincu·es que l’écologie n’est ni un luxe ni une question de petits gestes individuels. Pour cela, nous nous mobilisons, professionnels et étudiants, dans les domaines de la conception : graphisme, scénographie, design stratégique, architecte, paysagistes, muséographes, illustrateurs, créateurs textiles, photographes, vidéastes, concepteurs numériques, typographes, artistes et artisans, etc… Nous agissons pour créer de nouveaux récits autour de la conception/création/ fabrication, faire évoluer l’enseignement de nos métiers et être un lobby auprès des commanditaires, institutions et instances politiques. »

rejoindre le mouvement les Rad!cales, un groupe rassemblant des designers de

A suivre de près pour une nouvelle

tous horizons qui, je cite, sont :

approche du design dans sa globalité.


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Prochain Arrêt

Dans la lignée d’une nouvelle ère, Fabrice Liut écrit un article qu’il nomme « Designer de l’effondrement » où il nous confronte aux ambivalences de l’époque que nous créons et à laquelle le designer participe par sa personne et par son travail. Il pointe du doigt notre rapport à l’environnement que l’on dégrade toujours plus : « Tellement de frictions que l’Homme en arrive à saboter son propre corps et son environnement au point d’en perdre la conscience même de ce qu’est Être. Alors le “bon sens” est certainement un autre sens que celui du progrès, de la croissance économique, de la concurrence,


52

52

de la pression et du stress continu, de la lutte, du combat, de la haine, de l’oubli de la famine et de la détresse ». Le prochain arrêt est donc celui, non plus de la prise de conscience, nous savons déjà quel rôle nous avons à jouer, mais celui de la collaboration, de la sélection intelligente, des choix stratégiques où la planète a son mot à dire : des identités graphiques exclusivement digitales ? des logos moins gourmands en encre ? des serveurs exclusivement écologiques ?

À nous de jouer.

Thème Environnement, Smart City Source Cas d’Etude — Design de la Signalétique du Métro Parisien


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C R ÉDITS

DATA S

Etude | Mental Health & Creative Industry Report 2018 — Tank Agency

S MA RT C I T Y

Etude de Cas | Le Design du Métro Parisien Etude de Cas | Grand Paris — IRB Paris Pétition | Les Rad!cales, pour l’environnement, le design

IA

Podcast | Emotions sur l’Hypersensibilité : peut-elle être une force ? Interviews | Designers Professionnels

R É DAC T R I C E E N C H E F & D I R EC T R I C E A RT I S T I Q U E

Amandine Loiseleur amandineloiseleur.com

ACCESSI BI LI TÉ

Livre | Le Design Emotionnel – Aarron Walter Etude de Cas | Les activités digitales du MoMa Exposition | -22.6°C en VR par Molécule

T Y P OG R A P H I E S U T I L I S É E S

Hamburg Hand, Caslon Old Face BT, Mabry Pro, Parisine STD, Neue Machina, Victor Serif, Tired Of Courier, Self Modern, Gascogne TS.

EN VIRONNEM ENT C R É D I T S P H OTOS

Recherche Graphique Personnelle | Série Photos « Conception » Article | Le Designer de L’Effondrement — Fabrique Liut

Unsplash, Amandine Loiseleur, Þrándur Þórarinsson, Artist.

Exposition | Charlotte Perriand à la Fondation Louis Vuitton

Rendu Out Of School, Juin 2020, dans le cadre du Master Direction Artistique Web à l’ECV Digital.


54 C ON T R IB UT E URS

54

A STR I D TRI N H directrice artistique CA M I L L E VI DR EQ U I N

directrice artistique

CA ROL I N E TAV I N EG N A N E J ULIE N STEPH A N

directeur artistique

TH O MA S TACVOR I A N M A XI ME M I RON N E T PAUL LEROY

directrice de création

directeur artistique

directeur artistique

directeur artistique

H UG O M ÉLI N E

directeur artistique

LÉO M OUR A I R E

creative developer

GUI LL AU ME CZOR N E N K A JACQU E S BI ZOT conseiller

coworker


O U T O F S C HOO L

A M A NDI NE LO I SE L E U R


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