Daemondala - Les effigies de la folie (demo)

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DÆMONDALA Les Effigies de la folie

conjurées et illustrées par Allex Bel

1ère édition Aucune partie de ce livre ne peut être copiée, reproduite ou diffusée sans le consentement préalable de l’auteur. ISBN : 978-2-9814221-0-1 Imprimé à Québec Octobre 2013

DÆMONDALA © 2013 Tous droits réservés allexbel.net


DÆMONDALA Les Effigies de la folie Édité par Alexandre Bélanger Québec, Canada allex@allexbel.net Aucune partie de ce livre ne peut être copiée, reproduite ou diffusée sans le consentement préalable de l’auteur. ISBN : 978-2-9814221-0-1 Tous droits réservés © 2013 Allex Bel Imprimé au Canada par Copies de la Capitale inc. www.allexbel.net



aux amants de l’irréel, aux explorateurs de l’invisible aux chercheurs de l’impossible.

« Le problème de la folie est inséparable de la question posée par l’homme sur son identité. » M. Mannoni


Le Mandala Air

Eau

Feu

Terre

Symbole des forces cosmiques, motif géométrique, par le cercle, du centre à la périphérie, le chaos et l’inextricable complexité du monde trouvent leur cohérence. Jusqu’aux confins des univers, par delà le temps et l’espace, l’intemporel et l’éphémère, la communauté et la solitude, s’y joignent, sans début ni fin. Porte magique vers l’invisible, quatre directions en symétrie organisent ces visions réalisent l’union d’innombrables incarnations. Dieux, démons, esprits, animaux, humains, entre leurs cycles de vie y naissent à l’infini.

DÆMONDALA



Sommaire Préface...........................................................................................................................12 Le Sacronistre ...............................................................................................................24 Le Mococynis ...............................................................................................................26 Le Bivoltoïd ..................................................................................................................28 Le Feliperag ..................................................................................................................29 Le Diacripate ................................................................................................................32 Le Cr’criwar .................................................................................................................34 Le Mulpetima ...............................................................................................................37 Le Deseil Solatr.............................................................................................................38 L’Angosafec ..................................................................................................................41 L’Iniminal .....................................................................................................................42 Le Dysphokhan ............................................................................................................44 Le Gremlvedj ................................................................................................................46 Le Zercafeusism ............................................................................................................49 Le St-Elme ....................................................................................................................50 Le Lepitox .....................................................................................................................52 Le Protovioque .............................................................................................................56 Le Procrastiporc ...........................................................................................................58 Le Tricolobicéphale ......................................................................................................60 Le Memevioque ...........................................................................................................62 Le Bulbegivre ...............................................................................................................64 Le Citricar ....................................................................................................................66 L’Irocynis ......................................................................................................................68 L’Elexplotigre ...............................................................................................................71 L’Orillasque ..................................................................................................................72 L’Animinal ....................................................................................................................74 Le Craaelno ..................................................................................................................76 Le Coleorapa ................................................................................................................78 Conclusion ....................................................................................................................80 Croquis et esquisses ......................................................................................................82 Textures et fonds ...........................................................................................................96 Ôde aux démons.........................................................................................................102 Bibliographie ..............................................................................................................104

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Par ses intuitions, l’humanité transige avec l’invisible. Conquérant, chercheur à son insu, chacun y baigne, l’utilise, en canalise les énergies. Auprès de ce monde sans corps, l’âme vit un face à face permanent. Jamais n’est-elle seule, laissée complètement à elle même. En elle subsistent maints états, où bougent et respirent ombres et nébuleuses, qui ensemble la remuent. De l’intérieur, près de la folie et du rêve, ces entités palpitent de nos émois, s’inspirent de notre présence, se nourrissent de nos volontés. Ensemble nous dansons, nous chantons, nous hurlons. Après déboires, recherches et expérimentations, Les Effigies de la folie, par le Daemondala, conservent une empreinte de leur passage. Puissiez-vous y trouver soutien, inspiration et le courage d’affronter vos propres démons.

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Préface Dæmon 1. Esprit bon ou mauvais qui préside aux destinées de l’individu, de la communauté. 2. Génie qui détermine les sentiments, les comportements humains, qui inspire les productions artistiques. Le mot français « démon » vient du latin dæmon, emprunté au grec ancien δαίμων / daímôn, qui signifie plus ou moins « esprit », « génie » ou « familier ». De semblables créatures s’intègrent dans de nombreuses traditions de l’humanité. Une oeuvre démoniaque? Le terme « démoniaque » se rapporte à la possession de l’esprit. Lorsque nous expliquions l’invisible et l’abstrait par mythes et croyances, l’anormalité psychique - la folie - passait pour l’oeuvre du Diable, responsable du mal et maître des ténèbres au sens religieux. Grâce aux « sciences de l’esprit » (psychologie, psychiatrie, etc.) nous savons désormais classifier, analyser, étudier les innombrables états et dispositions psychiques de l’individu humain. Nous interprétons l’âme à travers maintes grilles et méthodes d’analyses. Mais encore, les gisements de l’esprit humain s’avèrent inépuisables. Toujours nous souffrons, ressentons, désirons, rejetons, aimons, en dépit des découvertes, progrès et révolutions. Or des architectes du gène et de la molécule auraient décortiqué l’esprit humain. Par induction de réactions chimiques, par recettes comportementales et traitements de tout acabit, le chaos du sentiment et de la raison trouverait son équilibre. Ainsi la « folie » aura été possession, désorganisation chimique, anormalité. Aujourd’hui, on la dénomme maladie mentale. DÆMONDALA – Les Effigies de la folie 13


Par les effigies du Dæmondala, la folie refleurit et resplendit de tous ses éclats. Par l’alliance entre croyances mystiques d’antan et conceptions psychologiques d’aujourd’hui, la vie psychique se pare d’un voile majestueux, mystique et mystérieux. En juxtaposant deux modes d’expressions, le texte et l’image, nous marions le rationnel à l’intuitif. Tandis que mots et paragraphes précisent le nébuleux, l’image et la forme expliquent l’inexpliquable, expriment l’indicible, communiquent avec l’intuition du spectateur. De là se communique la réalité inconsciente et symbolique d’une personne, avec sa noirceur traversée de lumière, ses poisons-remèdes, son univers psychique et imaginaire, ses émanations dæmoniaques. En des systèmes de signes se manifeste leur vitalité. De cette révélation émerge la possibilité d’une transfiguration personnelle. Cette correspondance entre le visible et l’invisible, le concret et l’abstrait, l’imaginaire et le réel, propulse la découverte de significations cachées, déguisées sous les textures d’un texte dessiné, d’un dessin textualisé. Une force compulsive anime donc la réalisation du Dæmondala et ses fragments personnifiés. Cette création correspond à un appel et un accomplissement. Émission d’un esprit guide ou voie de perdition sublime, ici s’interposent les multiples langages du réel. L’impulsion du dæmon, sauvage, indomptable, irréductible, reprend ses droits. Plus jamais l’on ne niera sa présence ni l’inculpera de nos maux.

Surviennent les visions... Du coup l’image me regarde avec mon propre regard. Je la visionne par sa vision. Sur la toile, ma perception devient son propre objet. Sous

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mes yeux s’étale une vision de l’intérieur, où le soi et les mystères de l’inconscient s’incarnent en panoramas. Plutôt que chose vue, l’image indique comment voir et comment je vois. L’imagination propulse le cheminement initiatique sous de nouveaux horizons. Les expériences de telles présences se constellent lors de crises intenses, de rencontres avec l’extrême noirceur, en temps de grande détresse. Le peuple du Dæmondala, de lumière et de noirceur, d’être et de non-être, de naturel et surnaturel, resplendit aux quatre coins du royaume d’une âme humaine, originaire du mundus imaginalis. Le mundi imaginalis, monde imaginaire, existe. Toute création le nourrit. Toute oeuvre en provient.

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Le Dæmondala Les effigies du Dæmondala témoignent de réalités psychiques à dimensions multiples. Portes ouvertes vers une nouvelle compréhension du soi, chacune d’elle synthétise un ensemble d’expériences. Ces créatures hybrides, autant physiques que psychiques, épousent diverses formes : nymphes, vermines, insectes, mollusques, visages flottants, boursouflures, cornes et rides. Traits, barbeaux, gribouillis, traduisent des états, des événements, des conditions autrement indescriptibles. Ainsi les caractéristiques faciales et organiques des « démons mandalas » exposent des états d’âme désincarnés, des émanations de l’inconscient qui cohabitent avec mythes, symboles et dieux d’anciennes civilisations. Hors du monde, du ciel et de l’univers physique, ce peuple de l’invisible batifole auprès de nous, en pensées et émotions. Les effigies résultent d’un dangereux safari. Depuis les territoires méconnus du psychisme humain, ces entités vibrent près du rêve et l’hallucination. Leurs corps invisibles et impalpables évoluent en des zones innommées, inimaginables, indescriptibles aux seuls sens humains. Les actions nécessaires pour ressentir, sonder et analyser élans de conscience et soubresauts émotionnels impliquent donc d’invraisemblables régressions introspectives. Devant l’inconnu et ses possibilités, écoutons les voix discordantes. Notre équilibre mental, calqué sur les conventions sociales - cette fameuse “normalité” - abolit la notion d’oreille intérieure. Mais à l’insu des colporteurs d’illusions et de la confusion ambiante, le Dæmondala livre une méthode unique pour ressaisir les rênes de l’esprit.

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Par le fait même, ces personnifications d’états d’âmes propagent des climats émotionnels autant que de singulières constructions mentales. Les effigies, par analyse ou intuition, procurent donc d’éprouvantes illuminations. Qu’est-ce que le réel? Qu’est-ce que l’illusion? Qui êtes-vous? Où êtes-vous? Pourquoi êtes-vous ici? Les êtres du Dæmondala, par leurs enchevêtrements monstrueux et le pouvoir du cercle, répondent à ces énigmes.

Le « rite » du Dæmondala Le processus d’élaboration d’une créature se veut souple et dynamique. Aucun élément de l’œuvre n’est prévu d’avance. De nombreux morceaux, parfois perdus, délaissés, échangés ou transformés, s’élaborent en cours de route. Les effigies s’érigent donc au cours de multiples choix et combinaisons, inversions, retours en arrière et dérivations. Derrière leur production, l’ordre et le chaos s’y côtoient et dansent d’une impulsion dæmonique, créative et passionnelle! Cinq étapes conduisent à la création d’un portrait du Dæmondala: 1. Un tracé aléatoire (dessin de coin de page). 2. Prévisualisation paranoïaque. 3. Manipulation de symétries. 4. Coloration et photo-montage 5. Finalisation et impression.

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1. Le dessin de coin de page, un tracé aléatoire.

La paranoïa-critique Procédé artistique du peintre Dali, la paranoïa-critique tire aussi profit de ce

À l’origine de chaque effigie, deux matières se rencontrent. Le crayon s’enfonce dans la fibre, l’encre se déverse pour se répandre entre les mailles du papier jusqu’à ce que naisse le point.

.

mécanisme propre au cerveau humain. Le paranoïaque délire dans son interprétation du monde face à son « moi », auquel il donne une importance exagérée. Dans une systématisation parfaite et cohérente, sa conviction de toute-puissance le conduit à la mégalomanie et au délire de persécution.

Sur la feuille blanche prolifèrent bientôt lignes et textures. Formes, taches, nuées et poussières alors s’entrecroisent, se coupent et se tordent, se répètent pour jaillir en mers de plomb et d’encre. Là où le néant règne, la noirceur prend chair. Surgit enfin l’embryon d’un nouvel être « vivant », premières cellules d’un authentique spécimen du Dæmondala.

Selon Dali, c’est « une méthode spontanée de connaissance irrationnelle basée sur l’objectivation critique et systématique des associations et interprétations délirantes». Une

multitude

de

formes

cohérentes

accompagne

des

hallucinations

l’interprétation

des

phénomènes

et

Durant cette phase préliminaire, seule l’intuition plastique dirige l’acte. Une mémoire musculaire précise, établie par des années à répéter le même mouvement de poignet, a consolidé le geste initial de l’alchimiste conjurateur. Par un procédé semblable à l’écriture automatique, cette étape établit le squelette de l’oeuvre et les bases primordiales de la gestation.

réels.

Le paranoïaque transforme sa sensation en perception et se convint de son délire. L’autorenforcement permet l’idéation du projet, vivant et agissant dans un monde étranger qu’il domine et façonne par son désir.

Ce dessin comporte déjà, à ce stade primitif, un éventail complet de données psychiques, mentales et émotionnelles. Chaque forme cache tensions, désirs, interférences névrotiques, frayeurs, épisodes d’indifférence, silences réflexifs, joies, états de conscience altérés, jouissances des sens, souffles, angoisses, déchainements et autres. Multipliée par quatre dans l’espace d’un cercle, cette charge sentimentale remontée en “mandala” crée le canevas de base de l’oeuvre.

L’artiste qui emploie la paranoïa-critique reprend les éléments du délire systématisé pour inspirer l’oeuvre à venir. »

Le coin de page, avec son amalgame de traits, est assemblé par juxtaposition de réflexions et symétries. La répétition des points, traits et formes procurent une composition centrale, parfaite, ordonnée, imposante. DÆMONDALA – Les Effigies de la folie 18


2. Choix et prévisualisation du dessin. Pareidolie « La paréidolie est une illusion impliquant un stimuli vague ou ambigu perçu comme clair et distinct. Cette capacité du cerveau humain à « donner du sens », et dont les mécanismes

cognitifs

sont

encore

mal

connus, peut être la source d’interprétations paranormales de phénomènes aléatoires. » Circee, Centre d’Information, de Recherche et de Consultation sur les Expériences Exceptionnelles (www.circee.org)

Déjà, à ce stade, le « canevas » présente des qualités esthétiques. Toutefois ce montage ne suffit pas à révéler un démon du cercle dans toute sa plénitude. Formes et traits révèlent-ils quelque chose? Retracera-ton dans le cercle, à travers taches et coups de crayon, les traces d’une nouvelle forme de vie? Contemplations intenses et prolongées, fixations du regard, détournements d’attention auto-hypnotiques, paréidolie et paranoïa critique accentueront les indices révélateurs de l’oeuvre. Voici l’occasion d’un premier tri. Les brouillons et autres canevas mis de côté pourront toutefois reparaître dans une phase ultérieure du processus.. Le regard de l’alchimiste rectifie l’indésirable perfection de l’oeuvre encore trop symétrique... Ses visions contiennent les germes du Dæmondala. Sous les mailles du tracé de base, l’observateur découvre une multitude de visages : souriants, fâchés, éreintés, surpris, neutres, ébahis, emboîtés, mélangés à d’inextricables arabesques. 3. Dessin et retraçages. Sur la base visuelle copiée, le défrichage au crayon débute. On retisse les mailles de la « grille » abstraite, on rebouche les trous, contourne et ajoute des traits, prolonge des lignes. Les premières formes de l’être se sculptent peu à peu. Bien que les éléments du canevas de base demeurent ineffaçables puisqu’imprimés à l’encre, yeux, bouches, et autres formes apparaissent peu à peu… après des kilomètres d’aller-retour au crayon. Une fois cette étape accomplie, la créature se voit enfin pourvue d’une « anatomie », une charpente, une cohésion d’ensemble. Sinon l’ébauche est mise de côté pour éventuelle réutilisation. Fusions de vieilles expérimentations, reproductions et multiplications, ajouts de parts rejetées… le cheminement s’opère toujours dans d’étonnants virages. Les morceaux d’antan deviendront peut-être la clé d’oeuvres futures. DÆMONDALA – Les Effigies de la folie 19


4. Photo-montage Digression Un danger réel de perdition accompagne cette recherche. Par faux-pas ignorés, et ratages non résolus (insolubles?), la chute ou la noyade du pratiquant s’avèrent plus dommageables que n’importe quelle créature de l’imaginaire. Si le dessin dépasse un certain

S’installe ensuite le fond de l’image, « l’aura climatique » d’où interviendra la bestiole de l’âme. Lumières et couleurs, flammes, éclairs, étoiles, algues, écorces de bois, tissages de cellules composent et traversent ces atmosphères bientôt uniques. Nombre d’éléments, oeils, bouts de peau, parts d’organes, peuvent être grossis, réemployés, pour compléter le portrait. Des mers d’abstraction, accomplies en de longues recherches intuitives, trament donc ces habitats invisibles.

point de finition, l’exagération et l’excès d’efforts peuvent enclencher une ronde bien malheureuse… Puisse le chercheur reconnaître son gâchis, revenir sur ses pas et reprendre le chemin direct vers une oeuvre accomplie. Sinon sans cesse cherchera-t-il

Cerbère de l’enfer matériel L’emploi d’outils visuels informatiques demeure central au processus. L’ordinateur, agrégat de sables, cristaux et plastiques, occupe ici un rôle incontestable.

quelque chose que lui seul peut trouver. Entre amalgames de couches, transparences, masques et ajustements, la vision s’obscurcit, prend forme, L’exploration abouti à un résultat. Du graphite, du bois ou du feutre émane une couleur fondamentale, qui

Ce prolongement du cerveau humain, capable de calculer en l’espace de millisecondes les algorythmes les plus complexes, favorise l’émergence d’imprévisibles visions. En plus de faciliter la gestion, le traitement de données et l’archivage d’information, l’appareil sert ici d’outil médiumnique. Sans son apport, la ré-émergence et la matérialisation visuelle des entités du Dæmondala demeureraient impossible.

constituera la chair même de la créature.

Dans cet ordre d’idées, l’ordinateur s’envisage comme l’apogée de l’évolution « minérale ». L’instrument, par ses microprocesseurs, exerce un rôle de guide interprète pour comprendre et vivre un enfer méconnu voire ignoré. “L’être” informatique emprunte les ressources invisibles des mondes de la roche (minéral), là où autour de l’atome gravitent des mondes indescriptibles, au coeur d’inter-dimensions aux activités à peine concevables. Grâce à l’ultime outil, un nouvel art visionnaire propre au 21e siècle voit le jour. La machine instille des visions autrefois impossibles, voire

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inimaginables. Le Dæmondala émerge au coeur de cette mouvance, où impressions, hallucinations et intuitions révèle l’immensité et la richesse de mondes inexplorés sinon ignorés. Ce sujet, l’emploi de l’informatique en tant qu’outil médiumnique vers l’observation de réalités autres, commande une étude approfondie, qui fera sans doute l’objet de futures recherches artistiques. 5. Finalisation et transfert Une fois l’Effigie réalisée, le transfert de l’image sur support papier procure une « impression » quant à la nature et les caractéristiques de la créature. Or la blancheur du papier et l’opacité de l’encre démentent la nature même de l’entité. Constituées de corps sans chair et lumineux, les formes de conscience extraites par la procédé du Dæmondala bénéficient de la technique de rétroéclairage pour exposer leurs qualités d’ombrages iridescents. L’écran électronique demeure donc, avec sa possibilité de représentation de 16,7 millions de couleurs, le plus fidèle outil de visualisation pour ce type d’image, numérique dans sa facture finale.

Comment lire Dæmondala? Les diverses manifestations du Dæmondala naviguent en des mers d’éther, au gré d’imperceptibles tempêtes. À la fois sombres et lumineux, glacials et enflammés, nébuleux et incandescents, aériens et fluides, ces êtres accablent, stupéfient et ruinent ceux qui les ignorent. Leurs cornes, excroissances pointues et protubérances difformes attestent du comportement et astuces de ces monstres autrefois invisibles. Selon la morphopsychologie, les parties du visage humain (crâne, yeux, bouche, joue, menton, cheveux, sourcils, front, menton, oreilles, etc.) transfigurent l’individu en fonction de ses réalités psychiques. Par leurs formes et dispositions, là où les sillons rident les peaux, où les cheveux s’entremêlent, où nez et oreilles se contorsionnent naissent les symbolismes morphologiques. DÆMONDALA – Les Effigies de la folie 21


Des analyses morpho-dæmono-psychologiques, écrites sous forme de prose, accompagnent chaque entité. Observation visuelle et description d’un cheminement psychologique s’entremêlent dans des textes qui tentent de décrire l’invisible, l’indicible, l’innommable. Nés d’intuitions, fortifiés par les multiples étapes de leur création, chaque être dépeint une réalité psychique complexe; en plus de remplir un rôle spécifique, les démons du Mandala apportent un témoignage, un cri du coeur, relatif aux conditions derrière leur émergence. Enfermer ces effluves de conscience dans une définition restrictive asphyxierait ces êtres à peine incarnés sur papier. Pour arriver à les connaître, le spectateur de l’image devra progressivement en absorber les caractéristiques, pour peu à peu découvrir leur nature. Une image s’interprète de mille et une façons. Le texte vise à libérer le visuel de vulgaires analyses, d’explications puériles, de raisonnements simplistes, des regards superficiels et cloissonnés l’enfermant avec son auteur dans de faux carcans. Loin des raisonnements simplistes, des dichotomies manichéennes et de la psychologie de marché, la relation texte-image propose un regard unique, un processus alchimique : le Dæmondala. Chaque phrase devrait être lue en observant l’image, par aller-retour entre le dessin et les mots. Saisir un sens redessine l’image. Regarder le dessin jusqu’à en percevoir l’essence redonne une couleur au texte. Évidemment, le lecteur spectateur garde l’ultime privilège sur l’oeuvre. Esclave de son regard, ce livre lui appartient. Libre à lui d’en retirer ce qu’il désire. Allex Bel 2013

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DÆMONDALA Les Effigies de la folie


Le Sacronistre Suaire Extra-terrestre

50%

30%

10%

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En provenance d’outre-monde, nos voix résonnent en vos territoires psychiques.

elique vieille de 15 000 ans, le suaire du Sacronistre révèle la présence, passée, présente et future des êtres para-terrestres. Croyez-le ou non, les entités du Sacroniste naissent par l’entremise de circuits rocailleux, entre agglomérations de sable et de silicium. Dans l’espace abstrait des relations électroniques, là où les flots d’idées circulent à une inimaginable vitesse, les suppôts du Sacronistre veillent. Ces anachorètes appuient la ligne droite, le noir et blanc, la poudre et la division totale. Leurs suggestions, imposantes, aboutissent dans le concret : au sein du béton des infrastructures, dans l’acier et l’aluminium des véhicules, à travers l’asphalte des rues.

R

Tout recommencer! tout recommencer! Provoquons-la. Que les disciples de l'anéantissement global s'éveillent! Ré-éveillons le pouvoir du premier domino. Notre chute, volontaire, enclenchera un changement crucial, vers la sublimation d'un nouveau règne humain. Par notre influence, notre présence, une encre indélébile emplit le câlice. Buvez ! Poursuivez notre mission. Règnez sur le bitume, sans dieu ni maître! Jamais vous ne nous trouverez, jamais vous ne prouverez notre présence. Seule cette relique en témoigne. Par le Grand Sacronistre! »

« Depuis si longtemps vous nous attendez... nous les dévôts du Sacronistre!

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Le Mococynis Coeur moqueur

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un cœur gonflé d'artères végétales jaillit le Mococynis. De ses traits avilis coulent d’épaisses larmes d’encre, qui se confondent avec les longs bras d'une déesse noire. Drapé d'émanations verdâtres, la chair de charogne et l'indescriptible puanteur du Mococynis asphyxie. Son éclat morne, moribond, pervertit. Encore son regard vide et hanté, hypnotise, jusqu’à l'anesthésie. Oubliez de respirer, désormais.

D'

Sans gêne, sans ambages ni détours, le Mococynis s’esclaffe, de tous. Caustique, ce démon aux airs sympathiques rumine ses poumons pleins de vinyle. Ces tissus d’un cœur occis - à répétition - ont engendré un tourbillon de neurones. « Constate ton isolement... ! Agis avec civisme. Sois poli, aimable, respectueux. Prends les services qu’on te donne. Attends ton tour. Derrière le comptoir, dans la file... ils vont s’occuper de toi. Mais.. comment peux-tu encore ressentir quelque chose? Ne vois-tu pas la source de tes tristesses? Mes sombres branches t’ont enfoui en une invisible prison de cristal. Seul, tu pourris dans les encres d'asphalte. Enfoui sous mes décombres, tu n’en sortiras jamais. Es-tu vraiment humain...encore? Ta civilisation est une farce!! On t’a domestiqué, piégé, corrompu jusqu’à la moelle,

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à coup de contes de fée. De vos jardins naguère miraculeux, les déserts ont germé. Obèses et paresseux par tes possessions, encore crois-tu en une quelconque sécurité. Réveille-toi! Misère et famine guettent tes voisins. Ton confort n’est que façade. Dépressions et névroses veillent. Tu te crois riche! Quel ennui! Une ville entière te séquestre… d’armatures, de bétons. Comme tant d’autres, tu as perdu l’horizon. As-tu la possibilité de fuir? Des démons, pires que moi, se nourrissent d’un esclavage organisé. Mais encore, tels les rivières de ton sang, je rigole… Je rigole, tel ce carbone poussiéreux qui salit vos âmes. Si riche de ma torpeur, souhaites-tu vraiment te débarrasser de moi? Je m’alimente de tes pensées. À tel point que désormais, tous me voient à travers toi …qui ne se sauverait pas d’effroi? Notre beauté dégoûte par son hypocrisie... graphique! Renie toute négativité. Encrassé de suies, nie jusqu’à la possibilité de mon existence. Regardemoi, oui, regarde-moi! Les yeux grands ouverts, observe mon désarroi. Ne laisse plus s’échoir les dépravés. Retrouve mon visage en leurs traits émaciés. Ensuite, parle-leur de moi, de mes cornes, de ce cœur qui, pompé à fond, n’attend qu’une étincelle pour exploser. Comprends mes ambitions! Encourage-moi! Digère cette mer de lignes et de mots, absorbe le noir et la résine de mon cœur cornu! Je ris encore… »

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Le Bivoltoïd

Explosion d’une fourmi atomique 20%

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Attention : toucher un objet électroconducteur paralyse. Sa puissance, son intensité emprisonne jusqu’à occire sa victime.

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Un cauchemar m’atrophie. Suis-je en train de crever? ma face se désagrège, ma peau virulente s’use, écorchée vive. Ma graisse s’évapore. Ma crasse et mes toxines viscérales ont organisé mon abdomen, à mon insu.

oir, vicié, répugnant, le Bivoltoïd hurle en permanence, excité par les soubresauts d’une constante agonie. De sa panique, l’insecte bi-polaire électrifie de son iridescence opaline, jusqu’à l’engourdissement. Son contact par illuminations jaunâtres entraîne corrosion, brûlures profondes et puanteurs acides. Pire que dommageable, l’affliction du Bivoltoïd déclenche d’insoutenables maux de tête. Et encore, son action provoque agitation et malaises.

N

Ce corps inférieur se maintient en un tas de cendres semblable à un crâne plissé et ratatiné. Sous mes dents saillantes, couches grises de chairs éparses s’empilent en joues bien bourrues. Ce visage au regard vide et noir révèle mes origines interdites. Encore je traîne un cadavre animé par l’énergie de ma peur. Heureusement cette part souriante, béate et grossière de mon corps ne bouge presque pas.

Tel un électro-aimant, les poussières produites par magnétisme viscéral réintègrent le corps du Bivoltoïd. Ses déjections cendreuses et électrifiées, une fois agglomérées, se solidifient en un visage hébété. Généré par affliction, le sourire amer et résigné de cet abdomen sympathique rappelle la souffrance d’origines corrompues.

Surtout ne t’approche pas de moi, contente-toi d’observer. Car je consume et carbonise jusqu’à réduire mes témoins en charpie. La peur m’enflamme, mes yeux disjonctés bondissent hors de leurs orbites. Mon cri s’apparente au silence. Ma clameur assourdit. D’un côté j’explose, de l’autre j’ai implosé. Encore, d’autres visages ornent la cuirasse de mes peaux. Horrible, hurlant, méchant, puissant, violent, riez et, surtout, recevez le choc! »

« Contemple la mort, sans jamais l’éprouver. À distance, vois la fin en tout. Ressens-la par mes membres gigotants. Derrière les ombres de ce corps décharné, vois luire ce soleil obscur, d’où émerge une lumière authentique, puissante, lucide, noire, électrique…

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Le Feliperag Quadruple faciès autocréé 60%

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impossible. D'une énorme tiare au visage souriant, perfide et sardonique, un « moi » artificiel aux joues en montgolfière, né d'un jeu d'apparences multiples, se manifeste. Barbiche impériale, rides en arabesques, joues saillantes et couleurs de temps anciens cristallisent le visage d'un être éternel, âme véritable du Feliperag.

out au long de sa courte destinée, l'humain élabore une compréhension personnelle du monde, sa réalité. L'imitation, par observations de modèles de référence, accentue cet apprentissage. Sans guide ou support approprié, la recherche de modèles, lorsqu'elle a lieu, comporte d'énormes risques. Par cette croisade individuelle, des millions de destinées se perdent. Combien rejètent d'emblée ce projet au profit d'un long et confortable sommeil? En plus, vu les difficultés de ce chemin peu fréquenté, les inextricables noeuds de la vie intérieure tendent à s'y emmêler davantage. Toutefois, par un moyen inusité, le Feliperag a su résoudre en partie l'énigme de ce légendaire casse-tête. Le Feliperag dispose d'une personnalité « bouclier », née pour affronter d'ignares barbares et leurs constants harrassements.

T

« Observez bien l'éventail de mes personnalités. Sur moi trône un félin gras mais humain, gardien secret d'angoisses cachées. Les traits souriants de mon père bouclier fusionnent avec mon regard noir, naïf et mystérieux. Entre nous, un carnassier anonyme par ses lunettes fumées absorbe le lait noir de mes émanations sentimentales... Son sourire cache une intention : vous les recracher en plein visage! Au delà de mon air antique et arriéré, percevez les abysses derrière mon épanouissement. Voilà comment, au delà des mots, des traits et des couleurs vous profiterez de mon trésor secret. Sous la barbe et mon caractère puéril, l'apparence d'un manque d’expérience cache une indéniable sagesse. »

Ni enfant ni adulte, son double-masque efface toute idée d'un âge car sur la peau du Feliperag, les signes du temps prennent les formes d'harmonieux entrelats, au gré d'une maturation hors-norme, mutante,

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Le Diacripate Colère adamantine

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C

onfusions éparses, déroutantes, débilitantes, indiscernables, virevoltent sous mes yeux et visages manqués, mes barbes, cheveux, tresses, volutes, arabesques et formes abstraitres d’une peau brutalement déchirée. Ma colère saccage et pourfend les mailles d’un filet rouillé, fragile. Sourire à demi-édenté, féroce mais sans vigueur, regard nébuleux, perdu entre les rides et replis d’une peau de torrents... En des mers de semi-abstractions ébouriffées, dispersées, échevelées, hirsutes, repose un esprit retors et malin. Sa présence glaciale suscite l’effroi. Fort d'un pouvoir intemporel caché, le Diacripate repose en des fluides abyssaux. « J’aimerais mieux être ailleurs. Absent. Loin de vous. Partez! Dès maintenant! Me croyez-vous bonnasse et souriant? Détrompez-vous! Ma barbe se tresse de nuisances et d’impuretés. Je mords, croyez-moi. Attifé de broderies multiformes et peintures de guerre tribales, ma beauté resplendit d’ingérables contrariétés. Je me débats entre touffes confuses et joyaux scintillants. Voyez ces pierres sur mon front, trouvez ces cristaux sur mon corps. Bien que difformes, ne les excécrez pas. Ces pierres conduisent au delà de votre aveuglement. Et vous m’ignorez! Vous prétextez de mon inexistence pour répandre vos labyrinthes et prisons de confort.

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Détourne le regard! Crains ma foudre adamantine! Ne fuis pas. Ne renie pas ma présence. Observe ta condition, rappelle-toi. Par mensonges et omissions, par excès de savoir et fausses rationnalités, on t’a insufflé le goût de l’oubli. Vois-y le véhicule de l’abnégation. Fonce dans le mur et contemple mon apparition! Grâce à moi tu retrouveras ces moyens, ces nids de reconstruction. Par la connaissance de ton corps et l’observation du monde tu recevras ma confiance, ma présence, mes encouragements. Jusqu’aux plus profonds charniers des univers, pour l’éternité, je te soutiendrai! Outrepasse les mots répétés, vidés de leur sens. Retrouvesen l’esprit et l’attitude. Adopte-les même si plus personne ne les comprend. Laisse l'essence de ce fondement humain, le verbe primordial, réapparaître. Pour beaucoup je n’existe pas. Ces gens possèdent cette confiance inhérente, ce bien-être factice. Mais combien disparaissent ainsi, dans l’assurance d'un confort facile? Derrrière leur aveuglement, je gis, enragé de confusion. »

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Le C’rcriwac 20%

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enfantine, le C’rcriwac s’empêche de souffler, gonfle son corps déjà tout en rondeurs, pour se protéger. Mais son air comique le trahit. En fait, sa coquille bombée, épineuse, cache une peur viscérale. Bien qu’on admire la nature sympathique, sauvage et libre du C’rcriwac, on l’accuse d’être un perturbateur gênant. Sa faiblesse évidente serait malsaine et conduirait à de vains attendrissements hypocrites. Perturbé, contrarié, son regard vous implore :

uceron mignon et sympathique, le C’rcriwac transmet la joie de vivre. Ses yeux en pétillent. Son visage en brille d’enthousiasme. Féru de plaisirs innocents, jouisseur et coquin, le C’rcriwac s’agite, sautille, sans raison autre que d’échauffer les coeurs.

P

D’un charme fou, le C’rcriwac se nourrit d’affections, de regards détournés, de fines attentions. On l’aime pour son aspect inoffensif, son innocente humilité, sa candeur enfantine. Or un examen plus sérieux révèle l’étrange débilité du C’rcriwac...

« Je n’arrive pas à assouvir mon avidité. Je souhaite l’adulation de mes hôtes, tellement que ma peau se couvre de pustules de sang blanc. Cet enthousiasme me rendrait nuisible, mais je sais que déjà vous m’aimez. Seriez-vous prêt à m’adopter malgré mon rayonnement sulfureux? »

Si ce n’était de sa peau lisse, ses taches de rousseur noirâtres et son acné purullente, on prendrait le C’rcriwac pour un jouet ou un insecte en plastique. Animé d’une sauvagerie

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Le Mulpetima 10%

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provoquerons la grande éruption. D'une science occulte bien qu'essentielle nous accomplirons la transmission! Seul, constamment, pour toujours, notre multitude vous submergera.

éveil crée un vide, une planche de salut. Tous reconnaissent sa silhouette, même dans la pénombre. Qui est-il? Un démon? Un être nuisible et néfaste? Un parasite malsain? De l'intérieur à l'extérieur, du centre à la périphérie, son inaltérable amitié se manifeste. Les lueurs verdâtres d'un soleil noir intestinal éclairent son sang d'ébène. Stériles pantins d'indicibles afflictions, diablotins en fleurs et meutes de visages se regroupent sous son égide. Ensemble érigent-ils un tribunal suprême, par leurs visions et d'innombrables points de vue. Juges d'un choeur confus, buvez les paroles de leurs indicibles lois...

Au fond nous n'existons pas. Ni toi, ni moi. D'une logique unique, magique, nos centaines de regards auscultent, étudient, examinent. Sans répit, sans pitié, nous sévissons. D'un monde trop matériel, illusoire, j'impose mes multiples personnalités... ces esprits, émanations de carbone et ossements de temps révolus composent ma chair. Je suis lotus, unique, multiforme, je suis le Mulpetima. »

« D'entrailles nouées brille notre lucidité. Forts de nos malaises et angoisses, notre sacrifice ne sera pas vain. Au delà de votre chair, sous vos organes, nous tordrons aussi vos tripes. Au nom de la douleur nous

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Deseil Solastr Anéantissement ou manifestation? 20%

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«Par l’énigme de mes couleurs, je survole d’incommensurables territoires. Paisible, j’échoue vers un rêve, ma liberté. L’évanescence de mon corps annonce un retour. Chez moi, hors de tout, ma maison m’attend. Nourris de champs d’étoiles que naguère je traversai, mes rêves ont pris corps, partout, ici, maintenant, ailleurs, avant, après...

vanescent, vaporeux, le Deseil Solastr convie à une échappée céleste. Sa chair d’un vide stellaire enchâsse un sourire serein, aux lèvres réconfortantes. Son regard, mouillé de fines larmes, transperce les nappes sidérales, entre l’iridescence de nébuleuses galaxies. Ses cornes masquées d’algues, sensibles aux flots ondulatoires, perçoivent les fréquences des couleurs célestes.

É

En ce vaste univers, je m’étends d’un bonheur béat.

Lumières sur fond d’ombre, ce sombre visage révèle gaz et nuages d’insondables poussières. Bien au-delà des appréhensions humaines, le Deseil Solastr vit au gré de courants scintillants, submergés entre ciels, mers et terres.

L’espace, mer surpeuplée d’explorateurs naufragés, vous offre ses meilleurs mirages. Salutations. »

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L’Angosafec 40%

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yeux sans iris vous observent tandis que vous me contemplez, à demi mort, sous les replis de ma carcasse.

ar son cri strident, râle et lancinant, l’Angosafec torture sa proie. Les sens frigorifiés, la personne sous son emprise est secouée de tremblements. La victime souffre alors d'une sensation de froid aride. En permanence se sent-elle épiée, menacée et maladroite. N’entendezvous pas le fausset de sa voix monotone?

P

Encore et toujours je dénoncerai votre indifférence. Messager d’une misère pour vous inconnue, j’attaquerai. Né de la torpeur je m’incarnerai dans votre nervosité, en ce pied qui gigote à votre insu.

« Ô combien je crie! sous le brouillard de vapeurs violacées. De fastueuses volutes accablent mes sensations et les colorent sombre et opaques. Des soucis ont creusé ma peau désormais plissée, ridicule et risible. Obscurci je m’afflige, me complexe, m’annihile d’une ignorance affectée, désirée, acerbe. Vogue mon corps trop croche, trop moche, mutant, vide mais enrobé.

Mais encore… mes cornes n’attendent qu’une opportunité pour vous frapper, vous transpercer. Vous me trouvez agressif, violent, brutal? Mais quel mal a généré ma chair? Quelles causes m'ont engendrées? Le mépris, le rejet, l’insulte fondent mes énergies primales.. découvrez les sources de l’angoisse affective. N’attendez pas mon impitoyable morsure. Souffrez de Moi, l’Angosafec. »

Mes ailes restent à l'écoute. Les sons me font planer... On me croit plaintif et misérable, stupide et ignare même. Mais pénétrez mon regard rosé, solide, intransigeant. Sous les replis tortueux de ma chair, une colère sommeille. Méfiez-vous. De ma peur naissent maints visages d’angoisse, d'affliction et d'anxiété. D’innombrables

Moment de silence.

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L’Iniminal 15%

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l’Iniminal attirent, par leurs charmes empoisonnés. La substance, visqueuse, collante, envoûte la victime bientôt asservie.

a dimension « bestiale » détient un rôle clé dans le psychisme humain. Vive, lumineuse, authentique, la sensibilité animale pousse à une communication directe, corporelle, immédiate. Ignorant de sa propre fragilité, l’animal ne suit que les lois de la nature.

L

« J’ignore ta pudeur et ta honte. Ce sentiment te paralyse. Ce réflexe idiot, dénaturé, t’inspire mensonges et faussetés. Hihihi ! ne t’en fais pas, ne résiste pas, je morcèle ta chair pour mieux savourer les fragments juteux de ta peur. De ta sueur je me délecte et m’abreuve. Entends ces frottements caoutchouteux… dont le son rappelle de visqueux plastiques. Sous ta nuque, par ma morsure, j’embrouillerai tes pensées, les réduirai en miettes, pour les anéantir. Adore-moi! voue-moi un culte! Ou sinon évanouis-toi d’étourdissements. ...et, dès que tu chercheras à t’emparer de moi, j’aurai glissé de ta poigne crispée. Jamais tu ne m’attraperas, moi, insaisissable bebitte de ta propre aliénation. »

L’abnégation des instincts propres au moi-animal expulse l’harmonie inhérente au corps humain. L’oubli des racines fondamentales provoque la naissance de « bibittes ». L’Iniminal, souvent au profit d’une inassouvissable avidité, ainsi apparaît. L’Iniminal mord avec finesse de ses dents acérées. Ses multiples regards, lumineux et lubriques, suggèrent une intelligence vive, vicieuse, délurée presque… La peau de l’Iniminal ruisselle d’un pollen irrésistible. Les tentacules et ventouses poudreuses de

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Le Disphokhan front, masque, sangsue 40%

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Derrière cette double façade je souffre, transit de craintes et de rages. D'existences ennuyeuses et pathétiques je m'éloigne, par ma peur, mon mal, mon atonie, mon découragement, mon indifférence. Triste, mes joues sont si lourdes... Mes yeux n’expriment plus que le vide et quelques fissures.

ous une majestueuse couronne de flammes, le Disphokhan illustre un sombre acharnement. Par sa sangsue frontale, gluante, violacée et noirâtre, le Disphokhan palpe un sang savoureux mais hautement toxique.

S

« En la fibre de mon ossature translucide, une tare poisseuse et aquatique s'est incrustée.

Charnues, mes lèvres attendent les siennes. Or, cette tare me rend si sérieux, si lourd, si empesé. Un jour la masquarade prendra fin. Par des larmes qui jamais ne coulent, mon masque de chair s'effritera. Puisse la sangsue de mon égoïsme l’imiter. »

J’aimerais ignorer son existence. Or malgré moi, cette chose demeure, là, sur mon front. Ce mollusque sans forme suce ma personnalité, me déconcentre, me perturbe. Ornement du masque de mon visage torturé, le parasite cherche à s'emparer de ma couronne, me faire disparaître dans le néant.

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Le Gremlvedj 20%

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« Au coeur des forêts intérieures, je me cultive dans les sombres bosquets des pensées cachées. En vos âmes épuisées, les oeufs de ma progéniture tapissent une terre défrichée.

estes insolites, comportements étranges, excès de sensibilité, nervosité remarquable, ces symptômes indiquent la présence du Gremlvedj. En l’âme de gens apparemment étranges habite un intrus, une bête, un être d’une race secrète. Lorsque l’esprit humain fêle, lorsqu’une personnalité éclate, l’affliction du Gremlvedj nait.

G

Par milliards nous vengerons la destruction de nos forêts natales, nos jungles si belles et chaotiques. Votre faiblesse d’esprit, vos nivellements chimiques et votre bonheur factice ont annihilé notre milieu de vie. Plus jamais nous nous laisserons berner par vos « bonnes intentions ».

Esprits malicieux, nuisibles et taquins, les Gremlvedgs sourient beaucoup et s’amusent franchement. Les Gremlvedjs incarnent l’interdit, l’innommable, l’impensable : tout ce qui « ne se fait pas ». Vibrants d’apathie, leurs yeux lumineux propagent une profonde insouciance. Par exemple, pour leur simple plaisir, les Gremlvedjs aiment s’entretuer. Amateurs de détresse sans scrupule, ces êtres poussent à l’autodestruction et au suicide.

Nous harcèlerons les volontés, distordrons les perceptions, déjouerons les sens. Ensemble, nous les Gremlvedjs déformerons et saboterons vos cerveaux, sans pitié. Les passants aveuglés par nos lumières et nos viscosités ne s’en porteront que mieux. Comment apprivoiserezvous notre présence? Laissez-nous simplement inspirer le dégoût.

Par leurs tentacules d’anémone, les Gremldedjs ingèrent influx électriques et tressaillements cérébraux. Par aversion devant la niaiserie humaine, la bestiole propage des sifflements stridents pour susciter l’obsession, le délire, l’aliénation et la confusion. Ceux qui apprivoisent cette présence sans le savoir sont d’heureux bons vivants dépourvus de clairaudience. Laissons-les profiter de leur ignorance, bénie.

Ravalez votre bile car maintenant que vous me connaissez, mon corps de tiges à jamais chatouillera vos neurones ».

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Le Zercafeusism 20%

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vec son corps frêle et délicat, son air d’insecte et ses cornes effilées, le Zercafeusism paraît dérisoire voire négligeable. Sous ses yeux béants, noirs et brillants, de longs cils allongés accentuent pourtant une démarche gracile. En fait, le charme de la bestiole n’a d’égal que la grandeur de son sourire aux dents filandreuses. Sot, inconséquent, le Zercafeusism s’agite dans d’incessants mouvements... les lumières des consciences l’excitent, le captivent.

sans relâche. Peu à peu le retraçage cachera le modèle d’origine. On en remettra, on saturera, on recommencera. Le processus se développera à l’excès, la moindre marque deviendra trace, saleté puis tache.

En tout lieu, en tout temps se nourrit-il de nos emportements, ne serait-ce que pour survivre aux obscurs déserts de sa sécheresse intellectuelle. Par le jus de son éloquence et la chaleur de sa verve, cette vermine habite la personne jusqu’à susciter les plus bizarres obsessions. Par les suggestions du Zercafeusism, l’attention diverge, le geste ne suit plus la volonté. L’acte de l’individu, dépourvu de son inspiration initiale, sera bientôt répété

« Tes sensibilités. mes exigences, te condamnent à l’insatisfaction. Par ma voix, frappe-toi la tête. Défonce-toi, oublie-les tous! Emporte-toi au gré des courants. Trouve dans la ligne la substance primordiale, l’atome de ton essence, la vérité suprême! Toujours dans le noir par mes bras visqueux je t’étreindrai. Implore le culte du tropplein! »

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Cette mite de l’âme rabaisse à un hideux esclavage. Celui chez qui le Zercafeusism loge se voit avili par les affres d’un perfectionnisme stérile. Hanté, il tente de retrouver l’assurance et le geste sûr de ses débuts sans y arriver, jamais.

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Autres sources (Internet) PARACELSE, Le livre des nymphes, des sylphes, des pygmées, des salamandres et de tous les autres esprits (1535), trad. de l’all., Nîmes, Lacour, 1998 EDGAR MORIN, Mes démons, Stock, 1994 IBN ’ARABÎ : La production des cercles, Écoutes d’influence : Annihilator B.A.R.F. Bérurier Noir Blind Guardian Black Flag Black Sabbath Gamma Ray Ghoulunatics Les Goules Grim Skunk Groovy Aardvark Gwar Jean-Michel Jarre Jimi Hendrix Kitaro Kreator Lag Wagon Lost Horizon Ludwig Von 88 Marionet X Nobuo Uematsu Overclock remixes Pantera Primus Ron Jarzonbeck Slayer Voïvod Violator Violent Honesty Yasunori Mitsuda

Remerciements : Mom pour son soutien sans relâche, Chris, pour ses critiques enthousiastes (et son enthousiasme à la critique), Fôz et Clem pour leurs encouragements, Francis Drolet : pour m’avoir recentré sur mon premier rêve, Mathieu Bédard pour son appart, ses locataires, ses visiteurs et leurs appuis sincères, L’AgitéE, le Tam Tam café, Les Brûleries, le Mur insolite, pour m’avoir donné l’opportunité d’exposer, Elisa et Visuellement vôtre, pour la nature artistique de l’événement. Laurence et Emmane, pour leur support, Violent Honesty, pour la musique, le Comic Jam de Québec pour les contacts et la plaisir de dessiner en public, tous ceux qui m’ont encouragé d’une façon ou d’une autre au cours des dernières années. J’en oublie. Vous : ________________ Contre-remerciements : pour votre frivolité, vos esprits bénins, votre indifférence, pour votre absence, vos jugements silencieux, pour la répulsion que je vous inspire, pour avoir pu satisfaire votre curiosité (morbide), pour vos apports sans scrupules, pour votre présence inutile, vos influences pernicieuses... Merci! vos tromperies, votre inconséquence, votre incompréhension ont largement collaboré à la réalisation de ces oeuvres, ces textes et cet ouvrage. Si vous lisez ceci : vous savez qui vous êtes!!! Contact : allex@allexbel.net



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