Alice Leloup - Dipôme Paysage - ENSP Versailles

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La Vallé e du Go uët Une échappée dans l’épaisseur du littoral

Certificat d’Etudes Supérieures en Paysage, ENSP Versailles, 2015

Alice Leloup



Projet de fin d’études

Certificat d’Études Supérieures Paysagères

École Nationale Supérieure du Paysage de Versailles | 2014 - 2015 |

Alice Leloup Directrice d’étude Laurence Robert


Brest Saint-Brieuc

Rennes

Quimper Lorient Vannes


Sommaire p.7....................Dans l’épaisseur du littoral, Avant-propos p.9....................De l’étendue de la baie au creux de la vallée, Introduction p.13..................LA VALLÉE CÔTIÈRE, Contexte p.14 1. Littoral, Arrière-pays, de la baie à la vallée, poser les bases 2. Territoire d’enjeux, entre continuité et limite p.16 - Le socle – continuité ancrée p.20 - De l’eau douce à l’eau salée – continuité mobile p.22 - Encastrement d’échelles - limites administratives 3. Transformations et abandon, l’influence de l’Homme p.24 - Dompter l’élément p.32 - Évolution des pratiques agricoles p.36 - La prise en compte du risque p.41..................IMMERSION DANS LA VALLÉE, Place au terrain p.42 1. Des cimes de Kerchouan au Port du Légué, Approche p.44 2. Du barrage St Barthelemy au Port du Légué, Séquences paysagères p.46 - Au rythme de l’estran p.52 - Tension salée p.58 - Dessus, Dessous p.64 - Méandres boisés p.70 - Le vallon ouvrier p.76 - L’eau ressource p.82 - La vallée engloutie p.88 3. Vallée aux mille visages, Paroles d’utilisateurs p.95..................LE BLEU COMME FIL ROUGE, Outils de projet p.96 p.98 p.110

1. Échelle territoriale 2. Échelle de la vallée 3. Échelle locale

p.113................L’ÎLE, LA BOUCLE, LE VALLON, Zoom sur les points d’activation p.119

Bibliographie 5


Dessin baie saint Brieuc + affluents

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Dans l’épaisseur du littoral Avant-propos

Libre choix. De sujet, de site, d’échelle, de démarche. Bien. Alors il y aura la mer, quelque part. Ou de l’eau, cet élément liquide qui s’engouffre ou glisse silencieusement, pénètre, s’évapore, se transforme, et transforme ce[ux] qu’elle traverse. Fascinée par le phénomène des marées, ces va-et-vient de la mer sur un territoire qui est alors parfois une mer, parfois une terre ; par les paysages mouvants qu’elles génèrent. Surprenants entredeux qui ne laissent pas indifférent. C’est la grande baie de Saint-Brieuc, vaste territoire d’où la mer se retire à plus de 7 km des côtes aux grandes marées - ce qui lui vaut le 5e rang dans le classement mondial des plus grands marnages - qui m’a appris cette surprenante métamorphose des lieux, par la présence, ou l’absence, d’un élément. Que tout n’est pas figé. Ces paysages, que pourtant je commence à bien connaître, continuent encore, chaque fois, à me surprendre. Selon la hauteur d’eau, la lumière, les vents, ce ne sont décidément jamais les mêmes. Mais un projet de paysage se fait sur terre, pas en pleine mer. Et c’est justement cette interface qui me semble intéressante ; que l’on peut concevoir en ligne de séparation, en trait de côte, en bande maritime, en frange littorale, mais que l’on pense rarement en épaisseur. Et si c’était justement cette épaisseur qui était intéressante, qui donne l’espace pour faire le lien avec ce qui se passe derrière ?

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Richesses de territoire de la vaste étendue de la baie, à la concentration au creux de la vallée

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1000 m


De l’étendue de la baie au creux de la vallée Introduction

Dans le fond de la baie de Saint-Brieuc, parce que justement c’est le fond, et que la mer ne daigne pas y rester en permanence, cette relation à la mer « à mi-temps » dérange. Le littoral est aujourd’hui partout le « nouvel » eldorado où se pressent en masse population active, retraités, commerces et industries, toujours plus proches de la mer, avec l’idée vendeuse d’avoir «les pieds dans l’eau». En Bretagne, la densité d’habitants sur le littoral est trois fois supérieure au reste du territoire. Mais quand l’eau n’est pas là, que la longueur de côte à proposer est moindre, ou que cette portion de territoire est déjà saturée, comment envisager une alternative à cette influence maritime qui attire ? Et s’il fallait arrêter de se concentrer sur cette petite portion de territoire déjà sous pression et élargir sa vision ? Resituer la question du littoral par rapport à un enjeu plus général de territoire, à savoir le territoire dans sa profondeur. Mieux regarder ce qui est déjà là, ce qui compose ce territoire. Et si une réponse possible était déjà là, mais qu’on ne regardait pas au bon endroit ? Le territoire en profondeur pourrait ainsi être considéré pour ses valeurs propres et non plus comme uniquement l’arrière du littoral. Il est sans doute temps de se pencher sur cette deuxième strate, même si le paysage y est considéré comme plus « banal », pour en faire une ressource réelle. En étudiant plus en détail le territoire, il y a cette vallée qui apparaît, petit à petit, comme une évidence. La vallée du Gouët traverse tout le Pays de Saint-Brieuc, l’eau douce y coule des cimes de Kerchouan dans l’arrière-pays lointain, jusqu’au Port du Légué, où elle se mélange à l’eau salée de la mer, avant de se déverser dans la baie de Saint-Brieuc. Au milieu de sa course, un barrage crée une vaste retenue d’eau qui alimente en eau potable toute l’agglomération. Rôle majeur sur le territoire, cette vallée est cependant aujourd’hui délaissée après une période faste liée à l’utilisation de ses ressources. 9



Problématique

Au travers de la ré-activation de la vallée à partir de ses potentiels propres, ainsi que de la mise en valeur de ses ressources, la vallée du Gouët ne pourrait-elle pas retrouver sa place de structure paysagère majeure qui met en lien ? Ne pourrait-elle pas ainsi être le potentiel réconciliateur du territoire, afin d’amener à un regard qui ne serait plus uniquement longitudinal mais transversal ? « Pour voir grand il faut y regarder de près » Atelier Figures d’une ville, 2009, F. Andrieux, L. Devisme, S. Argant

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-1 LA VALLEE CÔTIÈRE contexte

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LITTORAL, ARRIÈRE-PAYS, DE LA BAIE À LA VALLÉE, Poser les bases

Littoral : du latin li(t)toralis “du rivage, du littoral”, dérivé de litus, litoris, “rivage, côte”. “Interface entre la terre et la mer. Lieu de grande diversité biologique et paysagère, soumis à de fortes pressions naturelles et humaines.” Définition du Ministère de l’Écologie, du Développement Durable et de l’Énergie.

“Partie d’un pays situé au contact de la mer et comprenant l’espace soumis aux forces marines agissant au contact des terres.” Définition CNRTL (Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales)

“Zone sinueuse où s’établit le contact entre la mer et la terre. Le terme a un sens plus large que rivage et côte, qui désignent respectivement les domaines du littoral soumis directement ou indirectement à l’action de la mer.”

est en effet caractérisée par une mobilité dans le temps et dans l’espace. Mobilité due aux hausses du niveau marin et aux accumulations sédimentaires liées aux successions de périodes glacières et interglacières ; mobilité liée aux dynamiques telles que la dérive littorale, l’érosion et l’accrétion ainsi que les impacts des activités humaines (défenses de côtes, barrages, extractions de sable) qui aggravent les processus d’érosion marine. Enfin une mobilité à une échelle courte, et locale, liée aux marées, aux vagues et au vent, ou encore à la submersion. L’idée selon laquelle la submersion peut délimiter le littoral (Plan de Prévention des Risques Littoraux) montre que le risque peut aussi être un angle de définition. La limite interne du littoral se trouverait alors au niveau des zones temporairement submergées.

Définition Larousse 2015

Le littoral. Il apparaît compliqué de trouver un consensus sur sa définition. Le seul dénominateur commun serait qu’il s’agit d’ une «zone d’interface entre l’espace continental et l’étendue maritime». Dictionnaire de la géographie et de l’espace des sociétés. Jacques Levy et Michel Lussault.

Sa dimension dans l’espace, ses limites, elles, semblent variables. Dans une vision large, côté mer sa limite est parfois vue comme celle de l’estran, parfois comme celle du plateau continental. Côté terre, la limite est plus floue, et semble selon les points de vue s’étendre de quelques centaines de mètres à plusieurs kilomètres. Mais quelles qu’en soient les limites, ces premières définitions sont relativement statiques et ne décrivent que partiellement le caractère dynamique de l’espace littoral. Cette entité 14

Partie 1. 1. Littoral, arrière-pays, de la baie à la vallée, Poser les bases

Mais les limites du littoral peuvent aussi être envisagées autrement que par des facteurs physiques, et notamment par les formes d’occupations humaines spécifiques à cet espace, les activités liées aux ressources disponibles, les influences météorologiques, les paysages qui en découlent, les sensations et les ressentis. Tandis que le sujet du littoral est beaucoup traité dans la littérature scientifique et institutionnelle, l’arrière-pays dans son lien avec la côte, lui, en est quasiment absent. On entend cependant récemment parler de “rétro-littoral” dans les réflexions du littoral avec son territoire. Cependant le terme rétro-littoral semble trop flou ou mal défini pour être consensuel et utilisé par tous. On remarque ainsi que dans la Stratégie Nationale de Gestion Intégrée du trait de côte, le terme est parfois évoqué, mais il n’est jamais explicité.


Dans cette étude, nous utiliserons simplement « littoral » et « arrière-pays », sans se perdre dans une accumulation de termes, et nous étudierons la relation passée et présente entre ces deux entités afin d’envisager les possibles, au travers de la vallée du Gouët. En fonction de ses propres ressources quel rôle peut jouer la vallée du Gouët dans une réflexion plus globale du territoire ?

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TERRITOIRE D’ENJEUX, ENTRE CONTINUITÉ ET LIMITE Le socle – continuité ancrée

Le territoire de la Baie de Saint-Brieuc fait partie du Massif armoricain, unité géologique très ancienne et complexe : c’est un vieux socle qui fut tour à tour chaîne de montagnes, puis submergé sous les mers (époques sédimentaires), avec des épisodes tectonique, métamorphique, plutonique et volcanique. Sur ce territoire les formations géologiques sont constituées de deux «sous-ensembles» : le socle primaire et la couverture sédimentaire. Le socle primaire du Massif armoricain, substratum ancien, composé de roches magmatiques et métamorphiques, constitue la majorité du substrat géologique affleurant. Les granites bretons sont des roches d’origine magmatique. Les formations sédimentaires les plus fréquentes, qui recouvrent partiellement le socle primaire, sont les schistes (souvent ardoisiers) et les grès.

« Dans l’ensemble du Nord-Ouest de la France, les vallées, même petites, constituent un trait fondamental du paysage »1 Il est intéressant de prendre conscience que, bien que rarement représenté entièrement sur une carte, c’est un même socle qui se prolonge de la terre à la mer, au delà de la limite habituellement considérée, limite fluctuante suivant les marées. La baie de Saint-Brieuc, d’où la mer se retire sur plus de sept kilomètres lors des vives eaux, est un territoire propice pour se rendre compte de cette continuité, de ce prolongement du socle au delà du zéro terrestre. « Pour le paysagiste, celui qui travaille avec les plantes et la terre, il est passionnant de considérer que cette dernière ne s’arrête pas au bord de la mer »2

Le cisaillement Nord armoricain délimite, au Nord, le domaine Cadomien, et bien qu’il n’atteigne guère plus de 300 mètres d’altitude, il doit cependant être classé géologiquement parmi les massifs montagneux, tant pour la nature de ses sols que pour ses paysages parfois escarpés. L’impression de relief est renforcée par la présence de nombreuses vallées encaissées que le réseau hydrographique a incisé pendant des millions d’années, avec des épisodes d’érosion plus ou moins violents. La vallée se démarque de son environnement par la rupture que crée sa forme en creux, et la ligne continue qu’elle dessine ainsi au travers du territoire. Prenant naissance dans le relief à l’intérieur des terres, elle marque profondément la physionomie du paysage, et sillonne le territoire jusqu’à la mer, où les cartes se mélangent.

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Partie 1. 2. Territoire d’enjeux, entre continuité et limite

De la caractérisation à la gestion des paysages ordinaires des vallées dans le Nord-Ouest de la France, M.A Germaine, Thèse de géographie, univ. de Caen 2 «Les dessous des cartes ou la continuité terre-mer», Laurence Robert et Agnès Baltzer, Serge Cassens, Carnet du paysage n°20, Cartographies 1


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TERRITOIRE D’ENJEUX, ENTRE CONTINUITÉ ET LIMITE Le socle – continuité ancrée

Parmi les vallées qui sillonnent le territoire de l’intérieur des terres à la mer, la vallée du Gouët est la plus longue et la plus profonde débouchant dans de la baie de Saint-Brieuc. Elle se forme dans le Massif Armoricain, près des cimes de Kerchouan, dans les massifs de granites cadomiens et hercyniens, puis traverse des domaines métamorphiques, jusqu’à l’Anse d’Yffiniac, territoire du fond de la baie. Dans la vallée du Gouët quatre grands types de profil se dégagent et se succèdent au fil de la vallée selon le type de roche rencontrée. La vallée amont traverse des roches granitiques dures et peu érodables, elle a donc un profil à fond large et à versants peu pentus. En aval, le fleuve traverse des roches plus tendres (schistes, gneiss) et les a davantage érodés pour former une vallée encaissée, avec des fonds plus ou moins larges suivant les endroits. Mais ces types peuvent aussi se combiner entre eux, avec sur une rive un versant peu pentu, et sur l’autre rive un versant abrupt, comme c’est parfois le cas dans les méandres par exemple.

Continuité par les roches qui composent ce socle continu, la vallée s’individualise pourtant du plateau ou de la plaine environnante par sa forme en creux issue de l’érosion d’un cours d’eau. Elle constitue donc un élément particulier du paysage. Comment cet élément, à la fois continuité et faille, peut participer à mettre en lien le territoire qui l’entoure ?

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Partie 1. 2. Territoire d’enjeux, entre continuité et limite


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TERRITOIRE D’ENJEUX, ENTRE CONTINUITÉ ET LIMITE De l’eau douce à l’eau salée – continuité mobile

Le Gouët, fleuve côtier qui coule au cœur de la vallée du même nom, prend sa source sur la commune du Haut Corlay, au lieu-dit de Pelven, sur les cimes de Kerchouan, ligne de crête du Massif Armoricain et ligne de partage des eaux entre celles qui vont se jeter dans la Manche, au nord, et celles qui filent vers l’Océan Atlantique, au sud. Sa source étant juste du côté Nord de la ligne de partage, le Gouët coule d’abord du sud vers le nord, puis plein Est, après un virage à 90°, pour rejoindre la baie de Saint-Brieuc par le port du Légué. La longueur du fleuve est de 48 km. Le soussol breton étant peu perméable, il favorise le ruissellement de l’eau de surface créant un réseau hydrographique dense. Le bassin versant du Gouët possède donc un important chevelu, dont l’ensemble des rivières, fleuve côtier et affluents, a une longueur de 281 km. Le bassin versant draine une superficie de 240 km2. Le Gouët est dans l’ensemble une rivière à fond plat, de faible profondeur et de courant moyen, mais 4 parties peuvent être définies selon les caractéristiques du cours d’eau, qui dépend de la morphologie de la vallée. Dans sa partie supérieure – de la source au déversoir de Quintin – le cours d’eau a une pente assez faible, la largueur moyenne est de 3 mètres environ. Dans la partie moyenne – de l’aval du déversoir de Quintin à Sainte-Anne du Houlin – la vallée est plus encaissée, le cours d’eau traverse Plaintel et forme les Chaos du Gouet, énorme amas rocheux dégagé par l’érosion et entassé dans le lit de la rivière au travers duquel l’eau s’écoule. La largeur moyenne est alors de 6 mètres, et le courant y est assez rapide, et même très rapide aux pentes fortes de Plaintel. Après le plan d’eau immobile de la retenue, le barrage coupe littéralement la vallée, et 20

Partie 1. 2. Territoire d’enjeux, entre continuité et limite

marque une rupture dans celle-ci, et dans la rivière. Dans sa partie inférieure – de l’aval du barrage de Saint-Barthélemy jusqu’au moulin du Grognet – la vallée est de plus en plus encaissée. D’environ 9 mètres de large, le courant y est assez rapide. Le cours d’eau principal est souvent doublé de biefs, plus étroits. Enfin, dans sa dernière partie, lorsque le Gouët approche du port, le courant diminue, et sa largeur augmente considérablement jusqu’à atteindre 30 mètres au pont de pierre qui marque le début du port. Le barrage Saint-Barthelemy forme une retenue d’eau qui s’étend sur 6 km en amont de ce dernier, et sert à alimenter en eau potable le pays de Saint-Brieuc, soit quelques 200 000 habitants. Ses berges sont des pentes abruptes qui en limitent les accès. La profondeur de la retenue augmente de l’amont vers l’aval pour atteindre 37 m au barrage, ce qui lui confère une capacité maximale de 8 millions de mètres cubes d’eau. Lors de périodes de sécheresse, son niveau baisse considérablement, parfois même jusqu’à découvrir d’anciens vestiges de la vallée avant sa submersion – comme en 2011. A l’inverse, lors de périodes de fortes précipitations, d’impressionnants lâchers d’eau sont effectués du haut du barrage, qui se déversent dans le Gouët aval. La morphologie de la vallée a été engendrée par le Gouët, dont l’emprise et le débit varient au fil de sa descente vers la mer . Puis l’Homme est intervenu sur son cours, dictant selon ses besoins la forme qu’il devait prendre.


1-Partie supérieure pente et courant faibles largeur env. 3m

2-Partie moyenne courant rapide largeur env. 6m

3-Partie inférieure courant assez rapide largeur env. 9m

4-Dernière partie courant faible largeur jusqu’à 30m

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TERRITOIRE D’ENJEUX, ENTRE CONTINUITÉ ET LIMITE Encastrement d’échelles – limites administratives

Le fleuve côtier du Gouët a été choisi comme objet de délimitation entre les différentes communes du territoire. Au total il est en contact avec 16 communes, mais traverse une seule d’entre elles. Toutes les autres n’ont la gestion que d’une seule rive du fleuve, l’autre rive dépendant d’une autre commune. La vallée additionnée de ses vallons peut être comparée à une armature dans le paysage, mais sa topographie est en réalité aussi une contrainte qui limite le développement du territoire, où l’urbanisation s’est principalement développée sur les plateaux. « L’agglomération de Saint-Brieuc est marquée depuis des siècles par ses vallées. Le développement de la ville a été obligé de s’adapter à cette contrainte. L’acharnement des ingénieurs au fil du temps a permis à la ville de franchir les vallées par des ponts qui sont devenus des éléments identitaires de l’agglomération. » (SCOT) De nombreux viaducs enjambent en effet les vallées de l’agglomération, permettant de passer d’un plateau à l’autre. Ces infrastructures répondent au problème de franchissement, permettant de s’accommoder à la topographie des vallées. Cependant ces ponts ne permettent pas l’accès à la vallée en elle-même, qui est d’autant plus délaissée par l’existence de ces contournements. Sur le territoire, la question des vallées se pose à différentes échelles. Au niveau administratif, aux différentes échelles de découpage du territoire, correspondent différents documents administratifs qui prescrivent des orientations futures. Il y a tout d’abord les communes, avec chacune leur PLU et PADD. Puis, ici, l’agglomération de Saint-Brieuc, qui comprend toutes les communes en aval de la retenue d’eau, et presque toutes celles qui l’entourent, excepté Plaine Haute. A cette 22

Partie 1. 2. Territoire d’enjeux, entre continuité et limite

échelle, l’agglomération développe le Schéma Baie Grandeur Nature, et depuis peu assure la maîtrise d’œuvre du programme Action Bassin Versant. Ensuite, à une échelle plus large, le Pays de Saint-Brieuc englobe toutes les communes qui bordent le Gouët, excepté la commune où il prend sa source, le Haut Corlay. Le SAGE (qui dépend du SDAGE) et le SCOT sont les documents élaborés à cette échelle. Puis vient le département des Côtes-d’Armor et son Schéma des Espaces Naturels Sensibles, la Région, etc. Le SCOT du pays de Saint-Brieuc est le premier document d’urbanisme applicable qui prend en compte les vallées, suivi de ceux de l’ag­glomération de Saint-Brieuc, puis de ceux de toutes les communes qui ont une partie de la vallée sur leur territoire. À ces trois échelles, les vallées sont abordées surtout en lien avec la notion de trame verte, d’espaces naturels et d’écologie, bien que dans le cas de la vallée du Gouët, la vallée soit aussi habitée. Ce sont néanmoins les trois grandes échelles qui ont un impact sur l’orientation que prend la place de la vallée dans le territoire.

Continuités et limites, le devenir de la vallée et du Gouët dépend de plusieurs échelles de décisions. En cohérence théorique les uns avec les autres, les objectifs ne sont cependant pas toujours appréciés de la même manière. Surtout, la superposition des différents documents et l’imbrication des différents services responsables rendent très compliquées la définition et les limites du rôle de chacun, et encore plus les actions concrètes.


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TRANSFORMATIONS ET ABANDON, L’INFLUENCE DE L’HOMME Dompter l’élément

Afin de tirer profit de la ressource que représente l’eau dans la vallée et dans la baie, de grands travaux ont été réalisés au fil du temps tout au long du Gouët. Des projets pharaoniques ont aussi été envisagés à différentes époques pour tenter de répondre à la question de la non-permanence de l’eau. Dans le creux de la vallée, les activités de production qui utilisent la force hydraulique ou bien l’eau pour rincer, nettoyer, chauffer, etc. se sont développées sur les berges du Gouët. Moulins à farine, papeteries, huileries de lin et de chanvre, filatures de laine, teintureries, foulons à draps de lin et de laine... elles étaient plus de cinquante activités, au XIXe siècle, à se répartir tout au long du Gouët. Le cours d’eau a été aménagé en vue de faciliter le transport de l’eau jusqu’aux roues des moulins et pour permettre le déchargement des marchandises. Digues, lavoirs et biefs, ces canaux de dérivation gérés par de petites écluses, parsèment les berges. Puis, avec l’arrivée de l’électricité, la construction d’un premier barrage en 1920 et de son usine hydraulique, ont accéléré la transformation des moulins à eau traditionnels en minoteries, papeteries, boulonneries et usines de fabrication utilisant l’électricité. Mis à part la boulonnerie qui a évolué en usine de production de pièces pour l’aérospatiale, et un moulin à moudre le grain qui est encore en fonctionnement, les dernières structures ont définitivement cessé toute activité de production dans les années 1960-70. En 1978 un barrage de 45 mètres de haut est construit, un peu en amont du premier, pour former la gigantesque retenue d’eau de la Méaugon qui alimente en eau toute l’agglomération. Une usine de production d’eau est construite à proximité pour traiter l’eau afin de la rendre potable.

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Partie 1. 3. Transformations et abandon, l’influence de l’homme

À l’embouchure au XVIIIe siècle, le Portus Cessonnius, où de petits navires à voiles viennent s’échouer sur la grève, se développe jusqu’au fond de la ria pour devenir le port d’échouage du Légué, qui accueille les caravelles traversant la Manche ainsi que les goélettes de Terre-Neuve. Le commerce maritime présent autour de la région participe à l’économie de l’arrière-pays : les toiles de lin notamment, et les produits agricoles sont exportés. A cette époque, les navires reposent dans des souilles à marée basse. Les difficultés du chargement et du déchargement des navires sont de plus en plus présentes. Les armateurs obtiennent la construction de bassins à flot pour pérenniser le trafic. En 1885, une première écluse est installée sur une rive de l’Ile aux lapins, créant un premier bassin à flot. En 1915, un barrage-déversoir est construit sur l’autre rive, formant un grand bassin à flot du pont de pierre, début du port, jusqu’à l’Ile aux lapins. À partir de cette date, le trafic ne cesse d’augmenter. Mais dans le milieu des années 70, les navires sont de moins en moins nombreux à accoster aux quais du Légué. Les infrastructures ne sont plus adaptées aux tailles des bateaux, de plus en plus gros. Le port de plaisance sert de bassin d’hivernage pour trop peu de voiliers. Le port est en déclin et les habitants de Plérin et Saint-Brieuc boudent ce quartier. Depuis toujours, l’idée d’un grand Légué plane au-dessus de la vallée du Gouët. Différents projets de fermeture complète de la baie, puis de l’embouchure, ont régulièrement été envisagés, mais toujours jugés trop coûteux. Alors, dans les années 80, à défaut de la fermeture complète du port par un grand sas, un avant-port de commerce est construit dans le prolongement de la rive sud. À cette époque, le port du Légué est le premier port d’échouage français à accueillir des navires de commerce.


zoom port x2


zoom port x2


zoom port x2


zoom port x2


zoom port x2


TRANSFORMATIONS ET ABANDON, L’INFLUENCE DE L’HOMME Dompter l’élément

Aujourd’hui dans la vallée, il n’existe plus qu’un seul moulin à vocation commerciale, le Moulin des Isles, et une seule entreprise industrielle, le Moulin puis usine du Jouguet devenu LISI Aerospace. L’usine de production d’eau va déménager sur les plateaux. Beaucoup de biefs ont disparu, à défaut d’entretien, et les autres moulins sont majoritairement devenus des résidences privées. Le port quant à lui a regagné une position centrale, classé 5e port breton. Encore port de pêche, il tourne cependant son développement vers le commerce, toujours plus en avant du port, à cause du tonnage de plus en plus important des bateaux, et vers la plaisance qui se développe. La vallée a peu à peu été délaissée au profit de l’embouchure, de la proximité de la mer. Les interventions humaines successives sur la vallée, les multiples constructions qui se sont succédées et additionnées ont perturbé petit à petit le flux naturel de l’eau, élément clef de la vallée, et ressource convoitée. Les écluses et le barrage perturbent l’écoulement naturel de l’eau et régissent désormais le débit du Gouët. Les écluses bloquent la marée aux portes de l’Ile aux lapins, arrêtant net le lent rythme du va-et-vient de la mer dans l’ancienne ria. Ces grands barrages modifient non seulement le flux naturel de l’eau, mais aussi ceux des éléments qu’elle transporte (sédiments, sables et vases), provoquant des accumulations de dépôts dans la retenue d’eau et le port, qu’il faut régulièrement curer et désenvaser. De même, des poissons migrateurs arrivant de la mer se trouvent bloqués au pied des écluses à marée basse, puis définitivement bloqués au pied du barrage de la retenue d’eau. Ces grandes portes ont aussi désormais le rôle de régulateur de crues, qui, si elles ne sont pas bien anticipées, sont responsables d’inondations rapides de la vallée du bas Gouët.

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Partie 1. 3. Transformations et abandon, l’influence de l’homme

L’impact sur les paysages est fort car le cours d’eau, autrefois lieu central des vallées et composante essentielle, disparaît ou bien dans une moindre mesure est rétréci. C’est tout le paysage de la vallée qui s’en trouve bouleversé. Ces actions de modification en profondeur des cours d’eau témoignent également d’une volonté de maîtrise de l’homme sur son milieu. Maîtrise qui s’avère cependant insuffisante dans le cas des inondations.


1906-1936 Le fleuve du Gouët a un lit mobile et soumis aux influences de marées dans ce secteur d’embouchure. L’axe de communication longe la berge. Les versants sont cultivés.

1995 Les transformations sont nombreuses et d’ampleur pour le paysage de la vallée. Le Pont de Souzain a été détruit en 1995. Le Gouët a été rectifié, diminuant de moitié sa largeur. Les versants ne sont plus cultivés mais recouverts de friches arborées et de résidences périurbaines. 31


TRANSFORMATIONS ET ABANDON, L’INFLUENCE DE L’HOMME L’évolution des pratiques agricoles

Parallèlement aux activités industrielles de la vallée, l’agriculture y avait aussi une place très importante. Lorsque le dénivelé n’était pas trop important, l’essentiel de l’espace des vallées était dédié à l’agriculture. Les exploitations agricoles présentes tout au long de la vallée avaient des activités diversifiées. La répartition de leurs activités montre une différenciation dans la mise en valeur du sol selon les caractéristiques topographiques des lieux. Les fond de vallée, plus fertiles et grâce à une absence de pente significative, étaient dédiés aux cultures maraîchères et céréalières. Dans la partie aval de la vallée, les versants sud, plus ombragés et plus humides que leurs équivalents du nord était souvent aménagés en terrasses, et plantés de vergers, culture alors très présente pour la production du cidre. Le versant nord, composé d’une végétation plus broussailleuse s’apparentant à de la lande, et les parties les moins accessibles pour la culture, étaient dédiées au pâturage du bétail. La présence de haies bocagères était nécessaire afin de séparer les animaux des parcelles cultivées. Dans cette partie inférieure de la vallée, l’essentiel de l’activité agricole était maraîchère, fournissant en produits frais les marchés urbains. La forme des parcelles que l’on retrouve encore aujourd’hui, toute en longueur, est caractéristique de ce mode de production. Des petites exploitations agricoles réparties dans et autour de la vallée, nous sommes passés aujourd’hui à de grandes exploitations d’agriculture intensive sur les plateaux. Surtout sur la partie amont de la vallée, où il s’agit essentiellement 32

Partie 1. 3. Transformations et abandon, l’influence de l’homme

d’une production bovine et laitière, ainsi que d’élevages de volailles, le plus souvent hors-sol. En approchant du littoral, on trouve encore des productions maraîchères. A l’intérieur de la vallée, l’agriculture a presque totalement disparu. Aux parcelles de petites dimensions ou escarpées de la vallée ont été préférés les larges plateaux environnants, mieux adaptés à l’évolution des pratiques agricoles et notamment à la mécanisation du travail. Les anciennes parcelles agricoles se sont enfrichées progressivement, laissant place à des boisements spontanés qui forment aujourd’hui un couvert dense et presque uniforme. Même les fonds de vallée se sont boisés, refermant les zones humides ouvertes qui participaient à l’expansion des crues du Gouët lors des fortes précipitations. L’activité agricole intense des plateaux est la principale cause de pollution sur ce bassin versant. Il existe un excédent de déjections, qui de plus est mal utilisé. La présence de pesticides est avérée sur l’ensemble des cours d’eau du bassin versant, et les charges en nitrates véhiculées par les cours d’eau sont responsables des marées vertes de la baie de Saint-Brieuc. Depuis le début des années 90, de nombreuses évolutions des pratiques agricoles sont constatées (mise aux normes des exploitations, intégration de la valeur fertilisante des effluents d’élevage...), mais les répercussions significatives sur le milieu ne se produisent cependant pas à la hauteur des efforts entrepris.


1950

Evolution des surfaces boisĂŠes et urbanisĂŠes au regard de s surfaces agricoles

2010

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TRANSFORMATIONS ET ABANDON, L’INFLUENCE DE L’HOMME L’évolution des pratiques agricoles

En effet, le sol a un effet « réservoir ». Cette inertie du milieu explique, pour partie, les concentrations toujours élevées observées dans les eaux malgré les différents programmes de résorption mis en place. En vue aérienne, la vallée aval, boisée, contraste avec le reste du territoire, ouvert ou urbanisé. Elle est aujourd’hui le support de la trame verte dans les documents d’urbanisme. La dernière révision du PLU de Plérin par exemple, a classé la quasi-intégralité des parcelles boisées de la vallée en EBC “Espaces Boisés Classés”, gelant toute possibilité de transformation de ces parcelles. En déprise agricole, le paysage ouvert de la vallée s’est fermé par le développement des boisements denses qui l’ont colonisé. La nouvelle vision de la vallée comme support de la trame verte et bleue encourage les élus à classer ses boisements, figeant ainsi le paysage, tandis que les affluents et le cours d’eau sont pollués par les nouvelles pratiques agricoles des plateaux environnants. Ne serait-il pas possible de concilier richesse écologique et réouverture de la vallée, en travaillant notamment à des aménagements participant à la dépollution de l’eau ?

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Partie 1. 3. Transformations et abandon, l’influence de l’homme


1900-1903 La vallée est cultivée, l’essentielle de l’activité agricole est maraîchère comme en témoigne les grandes parcelles en longueur, typiques de ce mode de production.

1936 Au premier plan de petites parcelles potagères cultivées en terrasse. Dans la partie inférieure du versant opposé, la taille des parcelles a diminué, leur forme est plus rectangulaire. De nouveaux espaces se sont enfrichés, notamment dans la zone supérieure du versant.

2012 L’agriculture a totalement disparu pour laisser la place à des résidences. Les espaces boisés se sont développés sur les anciennes friches agricoles. 35


TRANSFORMATIONS ET ABANDON, L’INFLUENCE DE L’HOMME La prise en compte des risques

La vallée du Gouët est régulièrement le théâtre d’inondations, liées à de fortes pluies qui provoquent des crues du Gouët, des tempêtes ou de fortes marées provoquant des submersions marines dans le port du Légué. Ces inondations résultent parfois de deux ou aux trois phénomènes conjuguées. Depuis 2011, la préfecture des Côtes-d’Armor a prescrit l’élaboration d’un Plan de Prévention des Risques naturels Littoraux et d’inondation (PPRL-i) pour la baie de Saint-Brieuc. Suite à la terrible tempête de Xynthia de mars 2010, l’État avait décidé de se pencher sur la protection du littoral. Ici ce plan s’étend sur huit communes. Les communes littorales de Saint-Brieuc, Plérin, Langueux, Yffiniac et Hillion sont susceptibles d’être touchées par des phénomènes de submersions marines et d’éboulement de falaise. De plus Saint-Brieuc, Plérin, ainsi que les communes dans les terres de Trémuson, Ploufragan et La Méaugon sont susceptibles de subir des inondations lors de crues du Gouët, et d’autres petits fleuves côtiers. Ce PPRL-i délimite les zones exposées aux risques, réglemente dans l’ensemble de ces zones tout type de construction et d’aménagement, et définit les mesures auxquelles doivent obligatoirement se soumettre les constructions et aménagements antérieurs à la date de l’approbation du plan. C’est un document purement réglementaire, basé sur des calculs et une analyse des aléas, enjeux et risques. La vallée du Gouët est concernée par le PPRL-i sur sa partie en aval de la retenue d’eau. L’intégralité des fonds de la vallée y est classé en aléa d’inondation : fort à très fort jusqu’au pont de pierre, puis faible, moyen à fort jusqu’à l’Ile aux lapins. Cet aléa d’inondation se superpose donc à l’aléa de submersion marine qui remonte de l’embouchure jusqu’au 36

Partie 1. 3. Transformations et abandon, l’influence de l’homme

pont de Pierre, marquant la fin du port. Les études montrent que les résultats des débordements dans le port sont plus élevés à cause des ouvrages de retenue tels les écluses et le déversoir de l’Ile aux lapins. Les niveaux atteints avec le blocage des apports hydrologiques du Gouët et du Gouëdic, concomitamment avec le niveau marin de référence, sont supérieurs à ceux obtenus sans ces ouvrages. Une réglementation spécifique devrait concerner les fonds de vallée et vallons afin de garantir des zones d’expansion des crues, contribuant à réduire l’aléa inondation. Un rapport intermédiaire qui n’est pas encore le règlement définitif, recommande ainsi de préserver les prairies humides occupant les plaines alluviales des cours d’eau. Ce plan de prévention prend en compte une montée des eaux potentielle liée aux changements climatiques pour 2100. Elle est basée sur une estimation du GIEC de 2007, de 20 à 59cm dans le pire des scénarios. Cette estimation avait revu à la baisse celles de tous les rapports précédents. Le plan de prévention de la baie de Saint-Brieuc prescrit en 2011 est en fin de rédaction et en cours de validation. Il devrait sortir en 2016, basé sur des chiffres de 2011 concernant les changements climatiques, alors que la dernière estimation du GIEC donnée en 2014 s’élève déjà à 98cm. Déjà dépassé avant même d’être publié, il a tout de même le mérite de poser de premières bases sur les zones à risques. Mais ce décalage avec les nouvelles estimations, et sans doute celles à venir, ainsi que ce point de vue uniquement réglementaire, amènent à questionner la manière de prendre en compte ces réglementations, mais aussi à questionner la manière dont est perçue aujourd’hui l’eau dans la vallée.


TREMUSON

PLOUFRAGAN

LA MEAUGON

Cadastre

Aléa Faible

Limite co

Moyen

Limite de

Fort

Bâti

Très fort

PPRLi - Carte d’aléas - scénario de référence débordement de cours d’eau _ 1/50 000

PPRLi - carte d’aléa - scénario de référence submersion marine, avec changement climatique

8. Cartographie de l'aléa maximal - T100 avec changement climatique (2100), port du Légué

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Des interventions de l’homme sur le cours de l’eau, puis une déprise marquée du territoire, industrielle et agricole, ont transformé fortement les paysages de la vallée, et de manière plus marquée la vallée aval. Les paysages autrefois largement ouverts sont aujourd’hui principalement fermés, et les zones boisées majoritairement classées. La vision de la vallée comme trame verte et réserve écologique, ajoutée à la récente prise en compte des risques d’inondation et de submersion liés aux changements climatiques, interdisent toute nouvelle construction et gèlent toute modification du paysage. En aval de la retenue d’eau, la vallée, délaissée, se ferme et se fige. C’est donc cette partie de la vallée, plus fortement marquée par les changements passés et les risques futurs, qui sera l’objet de ma réflexion et de mon intervention dans ce travail.

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-2 IMMERSION DANS LA VALLテ右 place au terrain

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Des cimes de Kerchouan au Port du Légué Approche de terrain

Après de nombreux voyages sur la carte IGN 25 000, les premières vraies expéditions, sur le terrain. À pied, en vélo, en voiture, en bottes dans la rivière. Armée de mon carnet de bord, à quoi s’ajoutent la trousse des essentiels, la carte IGN pliée en fonction de la zone d’étude, l’appareil photo, le dictaphone, et mes bottes, « au cas où », j’ai parcouru le territoire à la rencontre de ce site et de ceux qui l’habitent. D’abord un peu en saut de puce, sur certains lieux repérés qui intriguent. Premières rencontres, premières approches. Puis la vallée dans son entier, en remontant de l’embouchure à sa source, pour comprendre le territoire dans son intégralité. Les paysages qui changent, et les personnes croisées aussi. Le midi dans un petit restaurant ouvrier avec les locaux, ceux qui sont nés ici, et qui y sont toujours. Pour finir par me concentrer sur la zone d’étude choisie, le « Bas Gouët », ou « la vallée aval » comme l’appellent les locaux. Partie « surréaliste » de la vallée comme aime à le dire une artiste rencontrée, où s’entremêlent passé industriel et utilisateurs actuels, rivière disparue et infrastructures monumentales, vallée cachée et pratiques de passionnés. Des sorties courtes, parfois, et d’autres plus longues, sur un petit bout de territoire, où on ne regarde pas sa montre. Prendre le temps, de voir, de ressentir, de discuter, de tout, de rien, avec ceux qui l’habitent. Fruit du hasard, Un anthropologue en déroute était une de mes lectures dans cette période de terrain. Période à la fois d’effervescence et de doute quand à la piste à prendre, j’ai accompagné Nigel Barkley en terre Dowayo, aux confins du Cameroun, partageant - à ma mesure - ses doutes, ses questionnements sur les interprétations des signes environnants et des impressions, ses déboires avec le labyrinthe administratif, et ses joies quand une nouvelle piste éclaire la route à suivre. 42

Partie 2.1. Approche de terrain

Explorant en solitaire ou accompagnée d’habitants, de spécialistes-utilisateurs, sur un morceau de route, je ne pourrais sans doute pas compter mes sorties sur le terrain, ni le nombre de personnes rencontrées, mais qu’importe. Nourrie de mes expériences du site, et de celles des habitants au travers de leurs récits, j’ai pris le temps de le découvrir et de le comprendre. Cette vallée aval, qui peut paraître à première vue uniforme, s’est révélée complexe et multiple. Afin de comprendre au mieux sa nature, ses contradictions, ses enjeux, et de la raconter, la zone d’étude est rythmée en sept séquences. De l’embouchure au barrage, ces séquences ont été définies suivant des critères physiques, rationnels - de morphologie de la vallée, de l’eau, des acteurs, des activités - mais aussi selon des ressentis, des perceptions de transition.


La vallée du Gouët des sources à l’embouchure

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Du barrage St Barthélémy au Port du Légué Séquences paysagères du Bas-Gouët

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Partie 2. 2. Séquences Paysagères du Bas Gouët


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Séquence 1

Au rythme de l’estran

L

a vallée démarre au port, encadrant l’estuaire de ce fleuve côtier qui débouche au beau milieu d’un impressionnant estran, d’où la mer se retire, chaque jour, à perte de vue. Cette dernière quitte ses côtes rocheuses parfois abruptes, parfois domptées par diverses digues et perrés que l’homme a bâtis, pour aller se retirer au loin. Là, elle laisse une vaste étendue salée, meuble, sillonnée de minces cours d’eau qui rappellent sa présence même lorsqu’elle s’éloigne aux plus basses mers des vives eaux, aux confins de son zéro. Là donc, commence la vallée. D’abord assez large, ouverte aux allées et venues de la mer, bien que la main de l’homme ai tenté plus d’une fois de l’en couper définitivement. Même si ce dernier n’y est pas complètement parvenu, la récente digue du port de commerce d’échouage forme une première barrière visuelle au-dessus de l’eau, barrière mécanique aux flux naturels en dessous, modifiant courants et zones d’accrétion des sédiments. En face, sur la rive Nord, le petit phare vert tente tant bien que mal de rester visible face à ce gigantesque terrain gagné sur la mer, et qui devrait s’agrandir encore prochainement. En amont, quelques plaisanciers du petit port d’échouage associatif me racontent les métamorphoses du port, et les difficultés de l’envasement progressif lié aux constructions.

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Partie 2. 2. Séquences Paysagères du Bas Gouët

Les coteaux pentus de la vallée, ouverte sur la baie mais déjà bien échancrée, abritent au sud un boisement dense où l’on aperçoit encore dépasser le squelette de la tour de garde de Cesson, tandis qu’au nord, l’urbanisation littorale a gagné le terrain. Linéaire au pied de la falaise, elle est remontée dans les petits vallons perpendiculaires et s’est développée sur les plateaux jusqu’aux lignes de rupture de pente. En fond de vallée, le terre-plein de la Ville-Gilette, gagné sur la mer, ponctue la progression vers l’intérieur. Des transporteurs de maërl – ce riche mélange, protégé, d’algues et de coquillages encore dragué dans la baie – me confient leurs doutes quand à leur avenir. Un peu plus loin, l’Ile aux lapins qui abrite les écluses. Véritable seuil qui marque la fin de la mer libre, et le début de la zone canalisée, hybride fluvio-maritime dompté petit à petit.


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Le petit phare et la digue de l’avant-port de commerce cadrent l’embouchure de la vallÊe dans la baie

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Séquence 2

Tension salée

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’Ile aux lapins. Étrange nom pour cette porte censée souhaiter aux bateaux un bon départ en mer, ou une bonne arrivée dans l’abri qu’elle renferme, eux qui traditionnellement évitent à tout prix ces petits mammifères aux longues oreilles. Porte d’entrée ou de sortie suivant les heures, elle n’est véritablement île entourée d’eau de toutes parts qu’à mi-temps. Île à mi-temps, île à moitié, elle a plusieurs visages. L’un à pleine mer, l’autre à basse mer ; l’un rive sud toujours en eau, l’autre rive nord partagé entre le rythme de l’estran et celui du port. En plus des écluses, l’île abrite encore aujourd’hui le centre technique départemental, bien que plus aucune livraison ne se fasse par bateau. Ses anciennes cuves rappellent l’intérêt passé de ce site stratégique. Le chef d’atelier me raconte cette époque révolue, et le flou qui entoure leur déménagement futur. Au delà de ce seuil, dont l’éclusier m’explique la gestion des hauteurs d’eau dans le bassin, le port à flot. Comme un souffle qui s’engouffre, port de commerce, port de pêche, port de plaisance se succèdent. Les quais filent droit, le long des rives urbanisées qui se bataillent le bénéfice de ce gain maritime. La rive Sud est entièrement centrée sur les activités qui s’y déroulent . Ses coteaux toujours boisés et escarpés sont de nouveau surplombés de tours - cette fois densément habitées - au niveau de l’embouchure du Gouédic, affluent urbain du Gouët. La rive Nord, elle, abrite sur sa partie de pente douce l’ancien bourg du Légué qui s’est développé avec le port.

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Partie 2. 2. Séquences Paysagères du Bas Gouët

Au café, on croise des navigateurs comme des personnes âgées qui ont toujours vécu là sans jamais mettre le pied sur un bateau. Vie de village, elle offre aux plaisanciers les petites commodités du quotidien. Mais sur ses hauteurs, son plateau encore largement agricole, elle se méfie de l’urbanisation grignotante qui l’entoure. Entre deux eaux, deux rives, deux plateaux, aux vues différentes.


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Les marées depuis la pointe de l’île aux lapins

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Déversoir et écluses, régulateur de niveau d’eau dans le port

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Séquence 3

Dessus, dessous

U

n colosse marche sur la vallée. C’est un peu la première impression que l’on a, la première chose que l’on voit en arrivant sur le port. Démesuré. Le viaduc du Gouët ne fait pas qu’enjamber la vallée, il l’écrase aussi, un peu, de ses piliers de géant de béton. Au dessus, la RN12, l’autoroute à la bretonne, qui relie la région d’un bout à l’autre en longeant plus ou moins les côtes. Ici c’est plutôt plus que moins. C’est d’ailleurs l’endroit où elle frôle au plus près le littoral, et le seul d’où l’on aperçoit la mer. En contrebas, au autre pont, tout petit, le pont de pierre, qui franchit le cours d’eau là où on le traverse depuis plus de 200 ans. Fin du port. Au delà, le mélange doux-salé s’estompe petit à petit, le Gouët, dans sa plus grande largeur, retrouve progressivement des berges moins ouvragées même si elle ne sont pas encore ses rives naturelles. L’urbanisation continue sur les deux rives ; au sud, séparée du Gouët par un ancien site GDF, aujourd’hui friche au sol pollué et terrain d’accueil pour les gens du voyage ; au nord, par une route qui marque l’ancien lit majeur du fleuve, et surplombée d’une ancienne voie ferrée abandonnée. Urbanisations linéaires toujours limitées par la pente des coteaux, elles sont les prolongements lointains des centre villes qui les surplombent sur les plateaux. Saint-Brieuc et Plérin se font face. Au pont de Gouët, dernier franchissement avant longtemps, l’école de canoë-kayak a installé sa base. Naviguant sur tout le cours d’eau, elle joue avec les différents biefs et déversoirs des propriétés privées, et se fâche des embâcles non gérés. Passé le pont, et les rangées d’habitations qui longent les routes de chaque rive, les pentes Sud se perdent dans le bois communal de Saint-Brieuc, le Bois-Boissel, là où l’intersection de plusieurs petits vallons permet une accessibilité plus aisée qu’ailleurs. Au Nord, les maisons mitoyennes s’espacent progressivement jusqu’à laisser place à d’anciennes terres agricoles de fond de vallée dont l’activité perdure : La Horvais. 58

Partie 2. 2. Séquences Paysagères du Bas Gouët


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Le viaduc de la RN12 qui enjambe la vallĂŠe

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Les nombreux embâcles en travers du Gouët

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Séquence 4

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Méandres boisés

Partie 2. 2. Séquences Paysagères du Bas Gouët


A

u-delà de la Horvais, la vallée devient plus sinueuse, plus étroite. Ses coteaux sont escarpés, et en fond de vallée des biefs se succèdent, traduisant la présence de nombreux anciens moulins qui ponctuaient le cours du Gouët. Sur la cinquantaine, seul l’un d’entre eux est encore en fonctionnement. Et sa farine est très prisée ! me confie un passionné, avec qui je discute de la restauration en cours d’un second moulin. Aux XIXe et début XXe siècles, la vie et l’activité de cette partie de la vallée étaient étroitement liées à l’exploitation de ses ressources. Moulins et filatures profitaient de l’énergie hydraulique, tandis que les exploitations agricoles tiraient profit de la fertilité des plaines alluviales, et des coteaux moins accessibles pour faire pâturer leurs animaux. Puis, au début du XXe siècle, ce sont ses coteaux qui ont été l’objet d’intérêt. Sur trois sites, l’homme est venu grignoter la roche, créant de nouveaux reliefs. Carrières du Grognet, du Jouguet et de Persas, du nom des moulins voisins. En réaction, un comité de « sauvegarde de la vallée » s’est monté, contre les nuisances provoquées par les carrières. Depuis la fin des exploitations, il s’intéresse aussi au devenir des sites, me raconte l’une de ses membres. Une des carrières coupe net l’ancienne voie ferrée qui reliait le port à une gare sur le plateau de Plérin. Cette ligne aujourd’hui interdite d’accès parcourt le coteau nord à mi-pente. Trois beaux viaducs, mais entière-

ment masqués par les boisements denses, se succèdent pour enjamber les vallons perpendiculaires. Lorsqu’une percée dans le rideau d’arbres qui encadrent la voie le permet, elle offre de superbes vues sur la vallée. Des coteaux aux fonds de vallée, la densité des boisements qui ont gagné les terres abandonnées fait ressentir ce changement, créant parfois une impression de tunnel, intensifiée par la sinuosité de la route. Quelques ponts menant aux moulins permettaient de rejoindre Saint-Brieuc par les pentes sud. Aujourd’hui propriétés privées, plus d’alternatives, on ne peut que filer droit. Le Gouët a disparu sous la végétation omniprésente. Parfois cependant, une parcelle encore pâturée ou cultivée crée une fenêtre, révélant le cours d’eau proche ou les coteaux qui l’entourent, rappelant alors brièvement la géographie des lieux.

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D’un viaduc de l’ancienne voie ferrée

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Les coteaux boisés et le Gouët

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Séquence 5

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Le vallon ouvrier

Partie 2. 2. Séquences Paysagères du Bas Gouët


U

n dernier virage après la carrière de Persas, et une longue route vierge de toute construction mène bientôt aux Mines. Des premiers toits en contrebas nous accueillent, bientôt suivis d’alignements de surprenantes maisonnettes qui remontent le long d’un vallon perpendiculaire. Vestiges des corons et pavillons ouvriers liés à l’exploitation des mines, elles intriguent le visiteur non averti, qui n’aura cependant pas plus d’information. Ici pas d’indications des nombreuses entrées de mines qui ponctuent pourtant le vallon et le coteau ouest, pas plus que de l’ancienne fonderie en ruines un peu plus en amont. Cependant, l’ambiance si particulière que créent ces maisonnettes et leurs jardins ouvriers qui perdurent, esquisse l’imaginaire d’un passé ouvrier disparu. Le filon vierge de galène qui en est à l’origine, découvert en 1730, n’est réellement exploité qu’après la première guerre mondiale, et jusque dans les années 30-40 seulement. C’est la société d’exploitation elle-même qui a construit à ses frais un village pour les employés, sur le lieu d’extraction. Une association locale me raconte le travail de récolte des récits des anciens mineurs avant que toute la mémoire de ce lieu ne disparaisse. Un film en a été tiré, ainsi qu’une thèse très détaillée.

Aujourd’hui à cheval entre les communes de Plérin et de Trémuson, le village des Mines a relativement peu changé. Seuls quelques pavillons néo-bretons et une petite salle communale sont venus compléter le tableau, en entrée et sortie de village, entourant l’ancien moulin Maréchal jusqu’alors isolé. Abandonné depuis 1976, le moulin et ses bâtiments attenants tombaient en ruines avant qu’un passionné d’histoire le rachète pour le restaurer. Son but, le refaire fonctionner, comme à l’ancienne, et essayer de partager cette passion en organisant visites et conférences. Au-dessus, une petite station d’épuration par filtres à sable a été mise en place, entre les habitations du vallon et le Gouët. Entourée d’un haut grillage vert, et malgré les tentatives de plantations d’arbustes ornementaux, elle est d’allure peu engageante avec ses grands plastiques noirs que le sable découvre, et ses accès techniques qui sortent de terre comme des champignons. Le calme règne au milieu de ces pavillons où le passé semble figé. Mais c’est sans compter l’arrivée prochaine d’un grand projet de ville aux alentours. La rocade sud, censée délester la RN12 qui frôle le littoral, enjambera la vallée et son vallon de deux nouveaux viaducs.

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Les ruines des fonderies

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Le moulin MarĂŠchal

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Séquence 6

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L’eau ressource

Partie 2. 2. Séquences Paysagères du Bas Gouët


A

ux Mines, la vallée opère un virage à 90°, la grande orientation est-ouest depuis la mer devient nord-sud, et les communes ainsi délimitées ne sont plus Plérin et Saint-Brieuc, mais Trémuson et Ploufragan. La route grimpe aux pont des îles. Partie la plus resserrée de la vallée dont les populations ont su tirer profit depuis plusieurs siècles, pour traverser d’un plateau à l’autre. Le pont actuel, très bel ouvrage de pierre, devient difficile à voir depuis un point de vue autre que son propre tablier, tant la végétation omniprésente a comblé la vallée. Côté Trémuson, on peut passer sous le pont pour descendre dans le fond de la vallée et arriver au dernier moulin encore en activité, Le Moulin des Iles. Peu après, l’ancien Moulin de la Roche, devenu aujourd’hui « Les truites du Gouët », plus grand élevage piscicole du bassin versant. Au bout de la route en impasse, une exploitation agricole qui cultive tout le coteau. Au-delà, des bois. Côté Ploufragan du pont des Iles, la route descend plus tranquillement sur le versant est, perçant de sa linéarité le coteau entièrement boisé. Elle dessert un chenil, quelques rares habitations, et, en fond de vallée, un autre élevage piscicole, ainsi que la vieille station de production d’eau potable Saint-Barthélémy. Encore en fonctionnement, mais plus pour longtemps. Une nouvelle, plus aux normes,

devrait être construite dans les années à venir en haut du coteau, sur le nouvel écoquartier de la CCI, m’explique le responsable exploitation-traitements. Celle-ci ? Elle restera probablement à l’abandon. Après l’usine de production, l’impasse est longue. En dépassant les ruines du premier barrage de 1920, commence le parcours de pêche « no kill ». Zone dense en gros poissons, puisqu’ils sont bloqués dans leur remontée du cours d’eau, il est obligatoire ici de les remettre à l’eau. Mais il y a aussi beaucoup de braconnage, me confie tristement un pêcheur qui connaît parfaitement le milieu. Au fil de l’avancée, un grondement sourd commence à se faire entendre. Jusqu’à arriver à sa source. Là, un gigantesque mur de béton strié de coulées noires s’élève, barrant intégralement la vallée. Tel un géant en effort, qui, s’appuyant si fort sur ses flancs, en épouserait les formes. Une petite bouche à son pied crache un flot continu, tandis qu’une autre bien plus impressionnant en haut du mur, laisse imaginer le spectacle d’un lâcher. Le barrage Saint-Barthélémy, bienfaiteur qui alimente en eau potable toute l’agglomération bricochine, et en électricité quelques industries, est aussi le terrible prédateur des habitants de la vallée. Lors de ses lâchers d’eau concomitant des pleines mers des grandes marées, il lui arrive, parfois, d’inonder la vallée.

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Pisciculture Les Truites du GouĂŤt

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DĂŠbut du parcours kayak au pied du barrage

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Séquence 7

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La vallée engloutie

Partie 2. 2. Séquences Paysagères du Bas Gouët


P

ar un retour sur ses pas depuis le barrage, le pont du petit champ, entre la station de production d’eau et le pont des Iles, permet de traverser le Gouët et de gagner le plateau de la Méaugon rive Est. C’est par cette commune qui borde la retenue d’eau que l’on peut accéder au chemin qui passe sur le dessus du barrage. Sur la route, les plateaux cultivés ouverts sont comme une bouffée d’air, respiration oubliée dans la vallée. Retour dans les bois pour accéder au chemin piéton qui, passant sur le barrage, fait partie du GR de Pays « Entre Gouët et Gouessant », puis fait le tour de la retenue d’eau, mais malheureusement ne s’approche plus du Gouët après le barrage. Il parcourt les plateaux urbanisés de Ploufragan et Saint-Brieuc, avant de retrouver la vallée au niveau du Bois-Boissel.

En amont le Gouët continue de s’écouler, comme depuis toujours, mais à cet endroit précis il se heurte à un mur. Aujourd’hui ce sont quelques huit millions de mètres cubes (8 000 000 m3) d’eau que ce voile de béton - qui semble tout à coup bien fragile face à la masse qui le presse - retient derrière lui. L’étendue d’eau a des berges à pic, réminiscences des hauts coteaux qui encadraient la vallée, et la végétation paraît comme sur le point d’y plonger. Au fond, sans doute quelques ruines de moulins, de ponts de fond de vallée, et du café du Pont Noir, dont les anciens se souviennent avec nostalgie.

Étrange paysage à deux visages qui s’offre alors depuis ce point de vue. D’un côté la plénitude d’une vaste étendue d’eau, intégralement bordée de boisements, de l’autre, le gouffre. Grand vide qui fait plonger le regard au fond de la vallée. La végétation dense en amortit le choc, et le fait rebondir d’un plan boisé à un autre, enchaînement uniforme qui perturbe la lecture de cet encaissement.

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Les rives boisÊes semblant plonger dans la retenue d’eau

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VALLÉE AUX MILLE VISAGES Rencontrer les usagers

Les paroles ici retranscrites sont des mots de personnes rencontrées. Des acteurs de ce territoire, des habitants, des habitués, des passionnés, souvent. Bien sûr ce ne sont que certaines parties de leurs discours, celles qui soulèvent des difficultés, des interrogations, qui font échos aux enjeux identifiés en partie grâce à eux. Les autres parties ne sont pas là, mais il y avait aussi beaucoup de beauté dans leurs voix, car ce sont avant tout des passionnés, qui font vivre la vallée.

« Je ne voulais pas que le moulin s’arrête. C’est pas très rentable, c’est sûr, mais elle est très prisée ma farine, beaucoup de crêperies m’en demandent » Le meunier du Moulin des Isles

« La zone de pêche No-Kill c’est un peu une formalité, les pêcheurs responsables savent bien qu’il faut remettre à l’eau si on pêche là, tous les poissons migrateurs, et pas qu’eux d’ailleurs s’agglutinent ici vu qu’ils peuvent pas remonter plus haut à cause du barrage. » Un pêcheur averti

« L’histoire des Mines est incroyable. Le seul bâtiment qui reste visible aujourd’hui depuis la route c’est l’ancienne fonderie, mais il y en a encore pleins d’autres liés à l’exploitation dans les bois du vallon ! Sans compter toutes les entrées de mines, il y a des galeries partout là-dessous ! » Un membre de l’association Le Signet

« Il y a les pollutions qui descendent des plateaux, et puis il y a les agriculteurs du fond de vallée qui déversent de la terre dans la rivière alors que le barrage lâche pas beaucoup d’eau en ce moment, ça colmate le fond... » Un technicien rivière - St Brieuc Agglo.

« L’usine est vieille, on a fait une étude pour savoir s’il fallait la mettre aux normes ou en construire une nouvelle, et finalement bah, on va en construire une nouvelle. Celle-ci ? Elle restera probablement à l’abandon » Le responsable exploitaion-traitement St Brieuc Agglo.

« C’était en 2011, la retenue était presque à sec ! C’est rare de la voir comme ça. De toite manière quand ça devient limite le niveau de l’eau, ils ferment les vannes, ça coule plus de l’autre côté. Ça doit pas être joyeux pour toutes les p’tites bêtes de l’autre côté, mais bon, faut bien faire boire les hommes avant tout hein. » Une vieille dame

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Partie 2 .3. Vallée aux mille visages


« C’est bien ce qu’il fait sur le moulin, j’espère que ça va attirer du monde. Après faut pouvoir y venir..il n’y a pas trop de chemins dans le coin. Et puis il a dégagé tout le bief aussi qui était en train de se refermer. Il n’y a plus grand monde qui entretient les rives ici, c’est trop de travail pour les gens, ils savent plus faire. » Une éleveuse de chevaux qui fait pâturer aux Mines

« Ah ben oui avec toutes leurs digues, écluses, quais et compagnie, ça circule plus librement tout ça, et ça s’envase forcément. Et après ça coûte cher.» Un plaisancier du Port Associatif

« Ah oui ça a bien changé, du temps de mes beaux-parents vous voyez tous ces bois là, eh ben y avait pas un arbre, ou juste pour séparer les parcelles. Tout était utilisé ! Le maraichage c’était dans le fond de la vallée, et dès que c’était plus assez praticable pour nous, c’était pour les bêtes. Ah on savait utiliser les lieux oui. » Une ancienne agricultrice de la Horvais

« Nous on pratique toute la rivière, même si c’est pas toujours pratique avec les anciennes constructions des aux moulins...mais bon les gens ils y tiennent. Non, le plus gênant c’est tous les embâcles [les arbres qui tombent en travers de la rivière], c’est même dangereux parfois. » Un des moniteurs de canoë-kayak

« Tu vas pas m’croire, mais ça fait 38 ans que je viens, bénévole, pour entretenir ces rives avec l’association ! On est une bonne équipe, de gens qui connaissent bien le terrain. Et là on nous donne plus les marchés, ça va être une p’tite entreprise qui y connait rien et qui va venir faire le travail n’importe comment...pffff » Un membre de l’association APPMA

« Le maërl ça devient interdit de l’extraire, déjà ici on en fait moins, avant il y en avait sur toute la ville Gilette. A mon avis bientôt on en fera plus ici. » Un des transporteurs maërl

« Il faut être bien en communication, parce que si là-bas eux [au barrage] ils font des lâchers alors que nous ici on peut pas ouvrir les portes parce que cça tombe mal avec la marée, ben ça inonde toute la vallée! » L’éclusier

« C’est sûr que depuis qu’on est plus livré par bateau, et qu’on envoie plus rien par bateau non plus, c’est pas très logique qu’on soit là. Et puis c’est pas très pratique pour les camions de venir jusqu’ici sur l’île. Mais bon nous on va pas se plaindre on est bien ici. » Le chef d’atelier du Centre Technique Départemental

89


90

Partie 2 .3. VallĂŠe aux mille visages


En amont du port, la vallée du Gouet a changé de visage, suite à un certain désintéressement dû au départ des activités économiques. Peu médiatisée, peu pratiquée faute en partie d’accès et de cheminements, peu mise en valeur, on en vient presque à oublier cette vallée. Souvent mentionnée dans les discours des élus en tant que trame verte, la vallée du Gouet est alors réduite à ces mots clefs. Peu de nouveaux venus, mais ses habitants, ses habitués et ses passionnés, qui connaissent les richesses du site, s’organisent chacun de leur côté, avec des intérêts souvent bien divergents. Ne serait-il pas possible, en s’appuyant sur les dynamiques locales déjà présentes, de penser une réactivation à l’échelle de la vallée ? De réveiller les ressources en dormance afin de sortir la vallée de son confinement ?

91


92


Trois échelles d’enjeux

A l’échelle territoriale, l’enjeu est d’établir des interactions entre littoral et arrière-pays, au travers de la vallée. Faire émerger cette figure comme un élément structurant du paysage, ayant la capacité de mettre en lien le territoire qui l’entoure. A l’échelle de la vallée, il s’agit d’abord de révéler la vallée ellemême. Ouvrir la vallée. À la lumière, à la vue, à la connaissance, aux flux de personnes, de matières, d’idées. Il s’agit aussi de redonner sa place à l’eau au cœur de la vallée, fil conducteur et moteur de sa transformation. A l’échelle locale, échelle aussi intercommunale puisque les deux rives du Gouët dépendent toujours de deux communes différentes, l’enjeu est de stimuler des points d’activation à des endroits stratégiques, à partir de la rencontre de ce et ceux qui composent les lieux.

Agir sur le petit pour activer le plus grand. Allers-retours permanents entre les approches, les enjeux des différentes échelles se font écho et résonnent d’une échelle à l’autre.

93



-3 LE BLEU COMME FIL ROUGE outils de projet

95


ÉCHELLE TERRITORIALE Établir des interactions entre littoral et arrière-pays au travers de la vallée

La vallée n’est pas qu’une faille qu’il s’agirait de franchir. Convoquée dans toute son épaisseur, part ses vallons annexes comme ramifications la vallée se déploie sur le territoire, et remonte jusqu’au plateaux. S’appuyer sur les infrastructures, aller chercher la ville, valoriser les ressources locales, révéler les potentiels. Épaisseurs et résonances de la vallée.

96

De la ligne à l’épaisseur

Accroche au grand paysage.

Convoquer toute l’épaisseur de la vallée Étendre la vallée aux plateaux

Accrocher la ville Mettre en relation les centres urbains et la vallée

Partie 3.1. Le bleu comme fil rouge - Échelle territoriale


S’appuyer sur les infrastructures passées et présentes. Anticiper les futures

Valoriser les ressources locales Mettre en lien les signaux identitaires

Stimuler des points d’activation du territoire

97


ECHELLE DE LA VALLÉE Ouvrir la vallée, et remettre l’eau au centre Carte des dynamiques et potentiels

Dynamiques et potentiels naturels Boisements avec plan de gestion 2013-2027

N

Boisements spontanés non gérés 0

98

250

500

1000 m

Partie 3.2. Le bleu comme fil rouge - Échelle de la vallée

Zones humides enfrichées


Dynamiques et potentiels perceptifs Points de vue intéressants occultés

Dynamiques et potentiels d’usages Traversées existantes Traversées à créer ou à restaurer

Oppositions itéressantes espaces ouvert / espaces fermés

Patrimoine bâti à mettre en valeur

Sensation de couloir d’enfermement

Sites en mutations futures 99


NVO QU OU ER T A L’EP

o nn

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l’eau comme

moteur

Valoriser les ressources

OUVRIR SUR LES PLATEAUX

IN

100

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ANTICIPER LES TRANSFORMATIONS

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RÉSONNANCE AUX DIFFÉRENTES ÉCHELLES

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Déployer les dynamiques

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N

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Révéler les potentiels

Mettre en lien les signaux identitaires

INTERFACE

101


ECHELLE DE LA VALLÉE Ouvrir la vallée, et remettre l’eau au centre Détail des potentiels

L’EAU L’eau qui coule dans la vallée a disparu. Pas au sens physique, bien qu’elle n’ait plus son flux naturel à cause du barrage et des écluses qui l’enserrent d’un côté et de l’autre du Bas Gouët, mais au sens perceptuel. Elle n’est plus visible, dissimulée sous des rives encombrées qui se prolongent en boisements denses. Elle apparaît aux yeux des riverains presque uniquement lors des inondations liées aux lâchers du barrage, souvent contemporains des pleines mers de vives eaux. Polluée par les activités agricoles des plateaux, l’eau du Gouet est responsable, avec les autres cours d’eau des environs, des marées vertes qui sévissent dans la grande baie de Saint-Brieuc. Les zones humides de la vallée ont été en partie remblayées ou drainées pour cultiver les fonds de vallée, tandis que d’autres disparaissent sous un enfrichement de ces fonds de vallée délaissés.

LES BOISEMENTS Les boisements des coteaux et des fonds de vallée sont majoritairement des boisements spontanés, qui se sont développés à la suite de l’abandon des pratiques agricoles de pâturage et d’exploitation du bois. Non exploités, ces boisements sont souvent denses et enfrichés. Seules certaines parcelles du fond de vallée ont été plantées de peupliers par des propriétaires, mais le bois ne semble pas non plus y être exploité. Les parcelles sont en effet en grande partie privées, y compris les fonds de vallée, ce qui rend compliquée une gestion des lieux. Car les particuliers dont les parcelles bordent le Gouët sont propriétaires du sol jusqu’au milieu de la rivière, et sont tenus d’entretenir les rives. Mais certaines parcelles sont grandes et les riverains aujourd’hui ne savent plus faire ; d’autres parcelles ne sont pas habitées – c’est la majorité des cas - et donc laissées entièrement à leur état spontané, rives comprises. 102 102

Partie 3.2. Le bleu comme fil rouge - Échelle de la vallée


LES VUES Les vues panoramiques potentielles sur la vallée à partir de points hauts, depuis les plateaux, les anciennes carrières, les infrastructures (ponts, barrage, ancienne voie ferrée) sont presque toutes occultées par un rideau végétal qui masque le panorama. Les vues de fond de vallée à fond de vallée sont aussi presque inexistantes, tout comme les vues depuis la vallée vers un élément marquant du paysage, qu’il soit naturel ou architectural. La géographie de la vallée n’est plus lisible.

LES PARCOURS et USAGES De nombreux usages indépendants se superposent dans la vallée, pratiqués par des connaisseurs du territoire. Sur l’eau, plaisanciers et pêcheurs en mer sur le port et l’embouchure, pêcheurs en rivière et kayakistes du barrage au port, se partagent le cours d’eau. Sur terre, automobilistes, routiers et agriculteurs en tracteurs partagent parfois les routes avec les cavaliers, vététistes et promeneurs entre les différents fragments de chemins. En effet, pas de chemin continu pour parcourir la vallée de l’intérieur. Les GR et PR balisés passent sur les plateaux ou sur la côte. A l’inverse, de nombreux petits tronçons de chemins spontanés, créés par les utilisateurs eux-mêmes, traversent les boisements. Pas toujours facile de les voir, ils s’enfrichent rapidement sans passage régulier. Deux passages en hauteurs, et une multitude de petits passages en fond de vallée...souvent privés. Plusieurs petits ponts qui permettraient de passer d’une rive à l’autre, d’un plateau à l’autre, sont sur des parcelles d’anciens moulins, propriétés privées, qui y interdisent le passage.

LE PATRIMOINE BÂTI Riche d’un passé particulier lié à l’exploitation de ses ressources, la vallée conserve enfouis les restes de cette activité presque disparue. Moulins à eau, exploitation minière, fronts de taille de carrières, ouvrages d’art qui enjambent la vallée, anciennes villas d’armateurs, tour de garde, rien n’est expliqué, ni mis en valeur. Pourtant sur les 16 moulins à eau une dizaine est encore debout, les entrées de mines sont encore visibles, tout comme les ruines des grandes fonderies, ainsi que les villas et la tour de garde. 103


ECHELLE DE LA VALLÉE Potentiels ::: L’eau Boite à outils

Plusieurs outils peuvent être développés en réponses aux problèmes rencontrés par ce potentiel. Suivant l’endroit dans la vallée ce ne sont pas forcément les mêmes qui seront mobilisés.

Disparition de l’eau > La rendre visible, entretenir les rives encombrées, ouvrir complètement à certains endroits.

Inondations > Dégager les fonds de vallée pour laisser les crues s’étendre > Mettre en place un système de lecture du niveau de l’eau, et d’alerte locale lorsqu’un seuil est dépassé

Disparition ou enfrichement des zones humides > Restaurer zones humides disparues : déblayer, enlever les drains > Réouvrir les zones, humides enfrichées : remettre en place une prairie, ré-ensemencer avec des espèces locales.

Pollution > Restaurer les zones humides qui participent au filtrage des nitrates > Aménager des bassins filtrants, pédagogiques afin de sensibiliser

104

Partie 3.2. Le bleu comme fil rouge - Échelle de la vallée


N 0

250

500

1000 m

Cartes des zones humides de la vallée à restaurer

Restaurer les zones humides

Créer des zones d’expansion des crues

Mettre en place des bassins filtrants 105


ECHELLE DE LA VALLÉE Poteniels ::: Les boisements - Les vues Boite à outils

Boisements non gérés sur parcelles privées > Proposer des contrats de gestion entre les riverains et l’agglomération pour l’alimentation de ses nouvelles chaudières à bois. > Mettre en place ce plan de gestion à l’échelle de la vallée afin de gérer l’approvisionnement en bois de chauffe, ainsi que de créer un paysage mouvant par l’alternance des parcelles coupées.

Entretiens des rives > Inviter les propriétaires privés des parcelles non habitées à rétrocéder à l’agglomération une bande de 5mètres le long du cours d’eau, qui assurera l’entretien des rives. > Confier l’entretien des rives à l’AAPPMA qui connaît bien le milieu > Créer une servitude de passage sur les rives rétrocédées

Points de vue occultés sur ou depuis éléments remarquables > Déterminer points de vues stratégiques par rapport aux parcours, éléments de patrimoine et géographie de la vallée pour ouvrir des vues permanentes, en plus des vues évolutives créées par la gestion ondulatoire des boisements.

106

Partie 3.2. Le bleu comme fil rouge - Échelle de la vallée


Principe de gestion des parcelles pour la production de bois de chauffe Les lisières des espaces ouverts se déplacent rappelant les paysages changeants de l’estran.

« La lisière n’est pas une bande fixe, elle avance continuellement : ce qui était hier un pré ou un champ devient ourlet ; puis l’ourlet devient manteau ; et le manteau devient bois. C’est l’éternelle avancée de la forêt. La stabilité de la lisière est un artifice, qui se conduit a la manière souple du ressac de l’estran littoral » « Petit precis des terrains vagues », Marc Rumelahrt & Gabriel Chauvel

Gestion des boisements dans le temps Parallèle au mouvement ondulatoire de la houle et des marées 107


ECHELLE DE LA VALLÉE Potentiels ::: Usages - Parcours - Patrimoine bâti Boite à Outils

Absence de chemins balisés dans la vallée > Prolonger et compléter des segments de chemins spontanés afin de créer un parcours piéton dans la vallée. Alterner des passages au bord de l’eau dans les fonds de vallée ouverts, au milieu des zones humides restaurées, à mipente des coteaux, afin de diversifier les vues et les rapports à la géographie de la vallée. > Dévier des parties des GR existants et les relier aux nouveaux cheminements de la vallée

Traversées privées > Ré-ouvrir ces ponts aux circulations douces pour restaurer les liaisons d’une rive à l’autre, et d’un plateau à l’autre.

Partage de parcours > Penser des espaces publics aux interfaces stratégiques des parcours des différents utilisateurs de la vallée. Favoriser les échanges à ces points de rencontres.

Patrimoine bâti > Révéler et valoriser les éléments remarquables. Mettre en lien ces signaux identitaires afin d’inviter à parcourir le territoire d’un point à un autre. > Les anciennes voies ferrées pourraient être la trame de nouveaux parcours, mettre en relation des sites, révéler des points de vue disparus en belvédère sur la vallée.

108

Partie 3.2. Le bleu comme fil rouge - Échelle de la vallée


N 0

250

500

Carte des éléments de patrimoine et des parcours des différents usagers

N 0

500

1000 m

Carte des cheminements piétons existants et envisagés 109

1000 m


ECHELLE LOCALE Stimuler des points d’activation avec ce et ceux qui sont déjà là

Dans la prolongation du travail d’analyse, et de la réflexion à l’échelle territoriale et à l’échelle de la vallée, trois sites ont été identifiés. Confluence, interface ou seuil, chacun de ces trois sites a une position particulière dans la vallée et sur le territoire, et sont des condensateurs de leurs différents enjeux. Chacun d’entre eux concentre des préoccupations propres à sa singularité, qui résonnent à l’échelle de la vallée , et convoque des enjeux de grande échelle, qui se traduisent chaque fois de manière particulière. Il sont ces points d’activation, porteurs de la ré-ouverture de la vallée, et des différents rapports à l’eau et à ses variations.

Les Mines La croisée des vallons

Ancien village ouvrier qui a peu changé de forme depuis l’abandon de ses activités. À la croisée de la vallée et de vallons perpendiculaires, à la confluence du Gouët et de deux affluents, dans la zone de la vallée la plus fortement soumise aux inondations.

N 0

110

250

500

1000 m

Partie 3.3. Le bleu comme fil rouge - Échelle locale


La Friche GDF La boucle urbaine

L’île aux lapins La porte des marées

Ancien site industriel fermé sur lequel une friche s’est installée. À l’interface des deux plateaux urbanisés de Plerin et de Saint-Brieuc, à la rencontre de l’eau douce et l’eau salée, juste en amont du port, sur le parcours de la ville à la mer.

À vocation technique et portuaire, l’île est très construite, et très peu perméable. Située entre le plateau de Plerin à dominance agricole et celui urbain de Saint-Brieuc, elle est le seuil entre la vaste étendue de la baie et la concentration du creux de la vallée, entre l’estran soumis au rythme des marées et le port toujours en eau. 111


112 112


Échelle locale - Rapport à l’eau

Ces trois sites sont stratégiques par leur emplacement sur le territoire et dans la vallée notamment dans leur rapport à l’eau. Qu’ils soient à la confluence du fleuve côtier et de plusieurs affluents, à la rencontre des eaux douce et salée, ou en limite entre un plan d’eau statique et l’espace soumis au rythme des marées, chacun entretient un rapport particulier à l’eau et à ses fluctuations. En lien avec le socle commun dont il est question depuis le départ, sur ces trois sites stratégiques, comment évolue-t-on sur ce socle par rapport à l’eau, et à ses variations ? Qu’est ce que cela implique suivant que l’on se trouve à l’embouchure, ou plus dans les terres ? Comment donner à voir et à sentir ces fluctuations ? Qu’elles ne soient pas seulement perçues comme des contraintes ou des dangers, mais qu’elles soient aussi un outils de lecture, un moyen de comprendre le territoire, et ses dynamiques. Comment l’aménagement de ces sites peut raconter à la fois les mouvements continuels et la fragilité de ces milieux particuliers, mais aussi participer à la compréhension et à l’anticipation de leurs fluctuations par ceux qui habitent et pratiquent ces espaces ?

113



-4 L’ÎLE, LA BOUCLE, LE VALLON zoom sur les points d’activation

115


ZOOM SUR LES POINTS D’ACTIVATION Les Mines - La croisée des vallons

Les Mines La croisée des vallons

N 0

116 116

250

500

1000 m

Partie 4.1. Zoom sur les points d’activation - Les Mines


117


ZOOM SUR LES POINTS D’ACTIVATION Les Mines - La croisée des vallons

EXISTANT

Affluents pollués

Patrimoine des Mines enseveli

Zone habitée inondable

Fond de vallée fermé Rives encombrées Cours d’eau invisible

Ripisylve opaque

Boisements spontanés denses non gérés

Pas de cheminements piétons

Vallon fermé N

1/20 000

Site à la confluence de la Vallée du Gouët et de deux valons perpendiculaires, du fleuve côtier perturbé et de deux affluents pollués descendant des plateaux agricoles. Aujourd’hui cette confluence n’est plus visible, à tel point que la partie la plus récente du village, en zone à risque d’inondations, tourne le dos au Gouët.

118

Partie 4.1. Zoom sur les points d’activation - Les Mines


INTENTIONS

Filtrer l’eau qui arrive des plateaux agricoles

Penser le parcours de la future rocade

Mettre en valeur le patrimoine Entretenir la ripisylve Ouverture du fond de vallée Nouveaux cheminements Eclaircir les boisements Mettre en place différents types de gestion

Ouvrir fond de vallon nouvel accès à la vallée

N

1/20 000

L’intention principale est d’ouvrir, pour donner à lire le paysage de la confluence, et ré-orienter le village vers le cours d’eau.

119


ZOOM SUR LES POINTS D’ACTIVATION Les Mines - La croisée des vallons

BOISEMENTS ET VUES

Points de vues mouvants suivant le rythme de gestion des boisements Gestion en futaie vue piéton dégagée

Gestion en taillis pour bois de chauffe

Entretien des espaces ouverts de fond de vallée par pâturage

Gestion en taillis sous futaie de certaines parcelles

N

1/20 000

La gestion des boisements des coteaux se fait suivant le plan de gestion établit entre les propriétaires privés et l’agglomération, créant de nouveaux points de vues qui évoluent au rythme des coupes. Les lisières des espaces ouverts se déplacent, rappelant les paysages mouvants de l’estran.

120

Partie 4.1. Zoom sur les points d’activation - Les Mines


CHEMINEMENTS

Cheminement à mi pente

Ouverture du hameau sur le cours d’eau

Parcours en fond de vallée

Traversée des anciennes fonderies

Nouvelle liaison plateau / vallée

N

1/20 000

Des plateaux à la vallée, à mi-pente des coteaux, en fond de vallée. Trois niveaux de parcours sont mis en réseau, et s’articulent notamment autour de la place du village.

121


ZOOM SUR LES POINTS D’ACTIVATION Les Mines - La croisée des vallons

RAPPORT À L’EAU

122

Les pavillons récents

Les terrasses en tunage

Le bief du moulin

Le Gouët

Les bassins filtrants

Le vallon sud

>Libérer de l’espace pour l’expansion des crues. >Se servir de la gestion des crues comme levier de projet pour fabriquer de nouveaux rapports à l’eau. >Filtrer les eaux polluées des affluents par la mise en place de bassins filtrants.


N

1/2 000

ĂŠch. 1/2 000

123


LES MINES - LA CROISÉE DES VALLONS Les Boucles d’expansion des crues

SE des PLACER AU DESSUS DE L’EAU Afin d’éviter l’inondation habitations basses du village des Mines, un travail de modelage du sol au niveau des dernières boucles du Gouët, permet de répondre à l’enjeu d’expansion des crues, tout en créant de nouveaux rapports à l’eau.

En temps normal, la parcelle pâturée répertoriée en zone humide conserve sa fonction, tandis qu’en période de crue, la partie basse des boucles, décaissée, et avec une faible pente, absorbe les variations de niveaux. Lui faisant face, un nouveau relief correspondant au volume en positif des parties décaissées (boucles d’expansion + terrasses clayonnées), crée de nouveaux points de vue. Terrasses successives du niveau de la route jusqu’au Gouët, ces nouveaux belvédères permettent le développement de nouveaux rapports et de nouveaux usages au plus proche de l’eau. Accepter les variations du niveau de l’eau, tout en créant de nouveaux rapports à celle-ci.

(+18 000m3)

124

Partie 4.1. Zoom sur les points d’activation - Les Mines

TOLÉRER

S’ADAPTER


N

ĂŠch.1/1 000

(-13 500m3)

01

5

10 m

125


LES MINES - LA CROISÉE DES VALLONS Les Terrasses Clayonnées

PLACER AU DESSUS DE L’EAU Les Terrasses clayonnées SE complètent le système d’absorption des crues des boucles d’expansion, au droit des habitations. Elles se développent autour du bief de dérivation du Gouët, fabriquant un nouvel espace public autour du bief, et invitant ainsi à retrouver le cours d’eau proche.

Ces terrasses successives, de quarante centimètres de hauteur, sont marquées par un système de clayonnage qui retient les nouvelles berges créés. Le dénivelé ainsi souligné donne à lire les variations, et permet d’anticiper une montée des eaux en cas de crue. La traversée du bief sur une passerelle surélevée reste accessible en cas de crue, et assure la liaison entre la place du village désormais ouverte sur le fond de vallée, et le vallon qui remonte vers Saint-Brieuc. Ces deux aménagements autour du village des Mines donnent à lire et à comprendre les variations du niveau de l’eau, tout en gérant le risque inondation.

126

Partie 4.1. Zoom sur les points d’activation - Les Mines

TOLÉRER

S’ADAPTER

SE PLACER AU DESSUS DE L’EAU

TOLÉRER

S


N

ĂŠch.1/1 000

01

5

10 m

127


ZOOM SUR LES POINTS D’ACTIVATION La Friche GDF - La boucle urbaine

N 0

128 128

250

500

1000 m

Partie 4.2. Zoom sur les points d’activation - La Friche GDF


La Friche GDF La boucle urbaine

129


ZOOM SUR LES POINTS D’ACTIVATION La Friche GDF - La boucle urbaine

EXISTANT

Boisements spontanés denses non gérés

Ancienne v oie

ferré e

Ri

Friche dense Cours d’eau encombré «Sentier de la rivière» peu praticable

pi

en fric he

sy

lve

op

aq

ue

murs

Bâtiments abandonnés

«boulevards suspendus» invisibles

N

1/20 000

Au carrefour des deux plateaux urbanisés de Plerin et Saint-Brieuc, entre l’eau douce et l’eau salée, cet ancien site industriel est actuellement un site en friche, peu accessible.

130

Partie 4.2. Zoom sur les points d’activation - La Friche GDF


INTENTIONS

Vers Plerin Promenade à mi-pente sur la voie ferrée

Vers la vallée

Restaurer zones humides

Ré-ouvrir des points de vue

Ecl a

irci

rR

Vers le port

ipi

syl

ve

Réhabiliter le bâti Mettre en place une gestion des boisements

Vers Saint-Brieuc

N

1/20 000

L’intention principale est d’ouvrir le site afin d’inviter à l’investir et à le pratiquer, notamment par l’installation d’équipements destinés au public.

131


ZOOM SUR LES POINTS D’ACTIVATION La Friche GDF - La boucle urbaine

BOISEMENTS ET VUES

Gestion en taillis contrats pour bois de chauffe

Entretien des zones humides par fauchage

Gestion en futaie et taillis sous futaie de certaines parcelles Points de vue permanents >Sur coteaux pentus sans accès - Strate arbustive entretien tous les 3 ans >Sur faibles pentes ou parties accessibles - espaces ouverts fauchés 1 à 2 fois par an

Points de vues mouvants suivant le rythme de gestion des boisements

N

1/20 000

132

Partie 4.2. Zoom sur les points d’activation - La Friche GDF


CHEMINEMENTS

Cheminement à mi pente sur voie ferrée

Sentier de la rivière retravaillé Création de différents rapports à la pente et au cours d’eau

Venelle menant au Gouët

Nouvel accès sur les traces de l’ancien viaduc Nouvelle liaison plateau / vallée

N

1/20 000

133


ZOOM SUR LES POINTS D’ACTIVATION La Friche GDF - La boucle urbaine

RAPPORT À L’EAU

134

Equipement public

Le coteau habité de St Brieuc

Sur ce site désormais ouvert au public, la nouvelle accessibilité de la friche permet d’expérimenter de nouveaux rapports à l’eau. La restauration de la dernière zone humide de la vallée avant l’embouchure introduit une série d’aménagements : cheminer au niveau de l’eau sur les berges s’avancer sur les pontons au dessus du fleuve traverser les jardins humides s’immerger depuis la cale surplomber de l’allée des tilleuls ou froler l’eau de la promenade submersible descendre au fleuve depuis les gradins.


La promenade de la voie ferrĂŠe

Le GouĂŤt

Les jardins humides

N

1/2 000

1/2 000

135


LA FRICHE GDF - LA BOUCLE URBAINE La Promenade Submersible

AU DESSUS DE L’EAU La promenade de l’allée SE desPLACER tilleuls, qui positionne le promeneur en surplomb du fleuve, est complétée par cette nouvelle promenade submersible en contrebas. Plateforme en caillebotis, elle vient prendre place dans l’espace du fleuve, au ras de l’eau.

Zone de rencontre entre les eaux douces du fleuve et les eaux salées de la baie, cet aménagement raconte par un rapport de proximité à l’élément, ce mélange invisible. Les très légères variations de niveaux d’eau, caractéristiques de cet endroit, sont mises en évidence par la position au ras de l’eau de la promenade qui se laisse submerger.

136

Partie 4.2. Zoom sur les points d’activation - La Friche GDF

TOLÉRER

S’ADAPTER


N 0

01

5

10 m

5 10

20 m

137


LA FRICHE GDF - LA BOUCLE URBAINE Les Gradins - Le théâtre d’eau

SE PLACER DESSUS DE En prolongeant la promenade, la AU passerelle deL’EAU caillebotis débouche sur les marches submersibles des gradins, dont les dernières sont immergées dans le fleuve.

Ces gradins qui descendent à l’eau, et l’espace minéral qui les surplombent, forment un prolongement de l’espace public du port voisin, et le point d’entrée vers le nouvel espace public de la friche. Ils servent les usages existants, tel que la terrasse du restaurant adjacent, et en favorisent de nouveaux : fin du parcours fluvial des kayakistes, marqué par le pont de pierre, les gradins leur créent un accès direct au fleuve. Ces aménagements invitent à investir l’espace et à se le réapproprier en multipliant les contacts direct avec le Gouët. Ils donnent à vois cette transition entre la vallée fluviale et la vallée maritime, et ses légères fluctuations, par les différentes possibilités d’occuper l’espace en fonction des niveaux d’eau.

138

Partie 4.2. Zoom sur les points d’activation - La Friche GDF

TOLÉRER

S’ADAPTER


N 0

01

5 10

5

20 m

10 m

139


ZOOM SUR LES POINTS D’ACTIVATION L’île aux Lapins - La porte des marées

N 0

140 140

250

500

1000 m

Partie 4.3. Zoom sur les points d’activation - L’île aux lapins


L’île aux lapins La porte des marées

141


ZOOM SUR LES POINTS D’ACTIVATION L’île aux Lapins - La porte des marées

EXISTANT

Boisements spontanés denses sur coteaux

ie

ha

Elément signal disparaissant sous les boisements

mur d’encein te e+ ns

de

rd

mu

te ein nc

’e

Pas de relation > entre les rives de l’île > entre l’embouchure et le port

Parcelles agricoles en déprise

Elément signal disparaissant sous les boisements

N

1/20 000

Seuil entre la vaste étendue de la baie et la concentration au creux de la vallée, entre l’estran soumis aux marées et le port toujours en eau, entre le plateau de Plerin à dominance agricole et celui urbain de Saint-Brieuc, l’île aujourd’hui à vocation technique est fermée sur elle-même et n’a pas de relation avec son environnement.

142

Partie 4.3. Zoom sur les points d’activation - L’île aux lapins


INTENTIONS

Nouveaux parcours

Créer des traversées Mettre en lien les rives

Donner à sentir la fluctuation des marées Mettre en valeur les signaux identitaires

Donner à voir la stabilité du niveau d’eau Mettre en relation plateau et vallée

Resaturer des co-visibilités

N

1/20 000

Avec l’augmentation du tonnage des bateaux, on peut supposer que très prochainement toute l’activité de commerce se déroulera uniquement dans l’avant port d’échouage. Le port à flot actuel, tout en conservant son activité de pêche, pourra alors se développer autour de la plaisance, qui s’étendra alors jusqu’à l’île. L’île technique devient alors une île ouverte aux plaisanciers et au public, plus urbaine, plus fréquentée, en lien avec son territoire.

Située dans une courbe de la vallée, de n’importe quel point de l’île il n’est pas possible d’avoir une vue sur l’embouchure et sur le port dans un même temps. Cependant, les différences de fluctuations qui caractérisent ces deux entités existent aussi sur les rives Nord et Sud de l’île. Par un travail de l’île nord-sud, et de création de percées et de traversées entre les deux rives, le contraste fort qui caractérise ce site particulier devient enfin perceptible.

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ZOOM SUR LES POINTS D’ACTIVATION L’île aux Lapins - La porte des marées

BOISEMENTS ET VUES

Fauche annuelle des espaces ouverts dégagés

Eclaircie des boisements Point de vue tenu ouvert par le maintien d’une strate basse à intermédiaire

Générer des co-visibilités

Générer des co-visibilités entre plateaux

Espace ouvert du Parc Fauche 2 à 4 fois par an

N

1/20 000

Par la création de fenêtres dans les boisements des coteaux, il s’agit de recréer des co-visibilités entre plateaux, entre île et plateaux, et entre l’île et les repères forts de ce site de l’embouchure, tels que la Villa Rohannec’h et la Tour de Cesson.

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Partie 4.3. Zoom sur les points d’activation - L’île aux lapins


CHEMINEMENTS

Che min em en tà

Nouvelle liaison plateau / vallée

m

i

r is su pu te n pe

la ligne de crête

Traversées

Nouvelle liaison plateau / vallée

N

1/20 000

En terme de cheminements, de nouvelles liaisons permettent de relier les plateaux à l’île, et les rives entre elles, de l’île, et de l’embouchure.

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ZOOM SUR LES POINTS D’ACTIVATION L’île aux Lapins - La porte des marées

RAPPORT À L’EAU Les berges naturelles rives nord, et les quais construits rive sud, deviennent des matériaux de projet pour mettre en scène la magie des évènements naturels et le contraste fort qui caractérise ce site. Il s’agit de mettre en scène d’un côté le marnage et ses fluctuations, et la stabilité du plan d’eau de l’autre.

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Le port à flot

Parcelle agricole en déprise

L’île, libérée de ses hauts murs d’enceinte et de ses vieux hangars retrouve une respiration. Seuls les bâtiments ayant un intérêt architectural sont conservés, et réhabilités afin d’acceuillir les nouvelles activités de l’île. Une alternance de trame pleines, bâties, et de trames ouvertes, rythment la progression sur l’île. Sur la rive nord, plus intime, de la grande halle seule est conservée sa structure et sa couverture dans les trames ouvertes, créant des espaces ouverts-couverts, tandis que dans les trames pleines les murs sont conservés et l’ensemble réhabilité. La rive sud quant à elle est ouverte, et les quais sont confortés pour accueillir le nouveau port de plaisance.


Plateau agricole de Plerin

Le bras d’échouage

Le belvédère de chasse

1/2 000

N

1/2 000

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L’ÎLE AUX LAPINS - LA PORTE DES MARÉES Le Ponton à flot

Sur cette rive sud il s’agit de conforter les quais existants afin d’accueillir le nouveau pot de plaisance. Le bâti réhabilité qui s’ouvre sur le quai héberge la maison des plaisanciers et un café ouvert à tous. Face à ce dernier se déploie, au dessus de l’eau, un ponton fixe, qui parle de cette stabilité artificielle du port

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Partie 4.3. Zoom sur les points d’activation - L’île aux lapins

SE PLACER AU DESSUS DE L’EAU

TOLÉRER


N 0

01

5 10

5

20 m

10 m

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L’ÎLE AUX LAPINS - LA PORTE DES MARÉES La Terrasse des Marées

SE PLACER AU DESSUS La rive nord DE et L’EAU la pointe TOLÉRER est de l’île,

dans la prolongation du vaste estran de la baie, suivent le rythme des marées. La terrasse des marées, comme une extension de l’île vers l’embouchure, se déploie sur l’eau. Mobile, elle suit les fluctuations du niveau d’eau et met en scène cet impressionnant marnage. Suivant la hauteur d’eau la manière d’accéder à la terrasse varie. La passerelle d’accès, plane aux plus hautes mers, s’incline progressivement à marée descendante. à marée basse, elle est complétée par un petit escalier existant qui descend de l’île au port associatif d’échouage qui fait face à la terrasse.

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Partie 4.3. Zoom sur les points d’activation - L’île aux lapins

S’ADAPTER


N 0

01

5 10

20 m

5

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L’ÎLE AUX LAPINS - LA PORTE DES MARÉES Le Belvédère de Chasse

Sur la pointe ouest de l’île, rive nord, un pont-déversoir ferme le port à flot. À petite distance, dans le prolongement d’une trame de l’île, un belvédère minéral s’avance sur la berge naturelle de la rive, mettant en scène l’effet de chasse du déversoir. Tel une soupape, ce déversoir, et son effet de chasse, rappellent que derrière la stabilité articficielle du port, le Gouët, élément naturel, continue de s’écouler.

Par ses aménagements, l’île devient l’endroit où l’on prend conscince de l’impact des marées sur le paysage, incidence qui elle a presque disparue de la vallée suite à la construction successive des différents barrages aux flux. Des niveaux d’eau ce sont aussi des lumières particulières, des reflets, des vents qui varient selon les marées montantes ou descendantes. Cette succession de niveaux et d’éléments qui varient avec eux génèrent les paysages mouvants si particuliers à ces territoires, qui sont ici donnés à voir.

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Partie 4.3. Zoom sur les points d’activation - L’île aux lapins

SE PLACER AU DESSUS DE L’EAU

TOLÉRER


N 0

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LA VALLÉE DU GOUËT, UNE ÉCHAPPÉE DANS L’ÉPAISSEUR DU LITTORAL Ouverture

L’intention de départ de ce diplôme était de requestionner le rapport entre littoral et arrière-pays. Il m’a semblé que la première intervention devait avoir lieu à l’échelle locale, en construisant, simplement, un nouveau rapport à l’eau au quotidien. Ces sont ces aménagements locaux et quotidiens qui impulsent dans un périmètre proche une nouvelle relation entre fond de vallée, coteaux et plateaux.

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LA VALLÉE DU GOUËT, UNE ÉCHAPPÉE DANS L’ÉPAISSEUR DU LITTORAL Ouverture

En multipliant ces actions à moyen et long terme tout au long de la vallée, la vallée devient la figure réconciliatrice du territoire.

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Bibliographie (non exhaustive)

> Zones humides du littoral français, Estuaires, deltas, marais et lagunes, Fernand VERGER ; éd. BELIN, 2009 ; 447p > «Les dessous des cartes ou la continuité terre-mer», Laurence ROBERT, Agnès BALTZER, Serge CASSENS, Carnet du paysage n°20, Cartographies, Actes Sud, 2010. > “Sables-d’Or-les-Pins et l’urbanisme balnéaire français. De la construction d’une singularité à une reconversion nécessaire”, Roland VIDAL, Carnet du Paysage n°12, Ca et Là, Actes Sud, 2005 > « Petit précis des terrains vagues », Marc RUMELAHRT, Gabriel CHAUVEL, Carnet du Paysage n°12, Ca et Là, Actes Sud, 2005 > River. Space. Design. Planning strategies, methods and projects for urban rivers, M.PROMINSKI, A.STOCKMAN, S.ZELLER, D.STIMBERG, H.VOERMANEK ; éd. BIRKHAUSER, 2012 ; 256p > Riverscapes, Deigning urban embankments, Collectif ; éd. Birkhäuser, 2008 ; 574p > Espacios del agua/Waterscapes, PAISEA n°24, 2013 ; 111p > La Costa/Waterfronts, PAISEA n°26, 2013 ; 111p > La vallée du Gouët ? Le port du Légué, Association Le Signet, Ed. Alan Sutton, 2012, 128p > Carnet du port, Gildas CHASSEBOEUF, Ed. Chasse-marée, 2006, 128p > Un anthropologue en déroute, Nigel BARLEY, Petite Bibliothèque Payot, 2002, 334p PDF > Les paysages de Bretagne, Région Bretagne > Le Pays de Saint Brieuc, environnement et territoire, Direction Régionale de l’environnement > Gestion intégrée des Zones Cotières, Pays de Saint-Brieuc > Aménagement des vallées du Gouëdic et du Gouët-Bois Boissel de Saint-Brieuc, ONF > Atlas de la biodiversité dans les communes - Plerin, Vivarmor Nature > Nombreux pdf concernant le Plan de Prévention des Risques Littoraux et inondations pour la baie de Saint-Brieuc, Prefecture des Côtes d’Armor > Bassin Versant du Gouët, Eau&Rivières de Bretagne > Atlas de l’enveloppe de référence des zones humides du SAGE de la baie de Saint-Brieuc > Documents de travail sur les zones humides, Saint-Brieuc Agglomération > Documents de la CCI sur le port du Légué

> www.conservatoire-du-littoral.fr > www.geobretagne.fr > www.observatoire-eau-bretagne.fr > www.brgm.fr >www.zones-humides.eaufrance.fr > www.shom.fr > www.evolution-paysage.bretagne-environnement.org > www.onml.fr > www.cotes-darmor.pref.gouv.fr/- documents PPRLi > les sites internet des différentes communes, de l’agglomération, du pays de Saint-Brieuc, de la réserve naturelle de la baie, de la région... 159



Remerciements

Je tiens à remercier ma directrice d’études, Laurence Robert, pour son écoute et son soutien, ainsi que tous les membres de mon jury, Agnès Baltzer, Alexis Faucheux, Marie France et Brice Laffargue. Merci aux habitants et usagers de la vallée dont j’ai croisé la route, aux passionnés qui font vivre ce beau territoire. Un merci chaleureux à toutes les belles personnes rencontrées durant cette année, qui en ont fait la richesse et la générosité. Enfin j’adresse un grand remerciement à tous ceux qui ont été présents et m’ont entourés pendant cette période intense de recherche, et de découvertes. Une attention particulière à Alexandre et Camille pour leur énergie et leurs conseils avisés, Gaëlle pour sa bonne humeur à toute épreuve, Clément, Florence, à ma famille pour son soutien, à la coloc’ du 17, et à tous les camarades d’ateliers pour leur dynamisme contagieux.


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