Hors série céréales (N°100)

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Figure 4. Piétin échaudage sur blé

Des pertes localisées peuvent être occasionnées par la diminution du tallage, par la réduction de la taille des épis et par la perte des plantes. Cette maladie apparait plus particulièrement dans les zones à faible pluviométrie (arides ou semi arides). Les champignons responsables de cette maladie sont Cochliobolus sativus, Fusarium culmorum et F. graminearum. Les plantes atteintes montrent des épis blancs non remplis. Pour s’assurer de la nature exacte de la maladie, on arrache quelques plantes atteintes et on examine le système racinaire. Des lésions brunes sont observées sur le collet, sous le collet et les racines. Les champignons responsables des pourritures racinaires survivent sous forme de spores dans le sol et sur les résidus des plantes hôtes, à une profondeur de 10 à 15cm. L’infection du sous collet et des racines émergeant du collet est due à la présence de l’inoculum à une profondeur superficielle du sol. Les agents pathogènes responsables des pourritures racinaires sont considérés comme des agents de faiblesse. Ils s’attaquent aux plantes quand celles-ci sont affectées par des stress environnementaux importants. La gravité des pourritures est favorisée par la sécheresse, le semis profond, le manque de tallage.

Lutte contre les pourritures racinaires

La rotation et la jachère restent les méthodes les plus appropriées pour la prévention des pourritures racinaires du blé. Des rotations avec des dicotylédones, comme les légumineuses réduisent le risque de développement des pourritures racinaires. Le traitement des semences avec des fongicides à large spectre d’action, protège les racines du blé des attaques des champignons responsables de la pourriture racinaire. D’autres pratiques sont aussi utiles dans la protection du blé contre les agents des pourritures racinaires, comme le non-labour et le semis superficiel. De même une fertilisation azotée et potassique correcte a un effet indirect sur les pourritures racinaires en améliorant la vigueur des plantes du blé, et par conséquent, leur résistance à l’infection par les agents responsables de ces maladies. Certains auteurs ont rapporté aussi, que la forme ammoniacale de l’azote est plus efficace que la forme nitrate dans la réduction de l’activité des agents des pourritures racinaires.

Piétin échaudage

Le piétin échaudage est causé par un champignon du sol, Gaemannomyces gramins var. tritici qui dans un premier temps attaque les racines. Il peut s’attaquer au blé à tout moment durant la saison. Les pertes de rendement peuvent at20

teindre 50% dans les cas les plus graves. Les plantes sévèrement infectées sont naines, développent peu de talles et peuvent mourir prématurément. Comme autres conséquences du piétin échaudage, on peut citer les grains chétifs (maturité précoce) et des épis vides. Un des symptômes caractéristiques du piétin échaudage est le noircissement des racines qui peut avoir lieu dès le stade plantule. A l’épiaison, les plantes atteintes sont de couleur blanche (paille sèche), et les épis sont blancs et desséchés. C’est un symptôme caractéristique de l’échaudage. Les symptômes apparaissent sous forme de petits foyers ou de grandes zones irrégulières. Les plantes atteintes peuvent être facilement retirées du sol. Ces symptômes apparaissent pendant le remplissage. On assiste à un échaudage complet de toute la plante avec ses talles. Quand on examine les racines des plantes malades, on observe des nécroses noires parfois étendues à toute la racine. Le bas de la tige présente un manchon noir de 1 à 3 cm qui peut remonter au-dessus du plateau de tallage (Figure 4). Les symptômes apparents du piétin échaudage peuvent être confondus avec d’autres anomalies (fusariose de l’épi et cèphe). Pour le piétin échaudage, tous les épis du pied sont échaudés. La fusariose entraine l’échaudage partiel des épis (échaudage de groupes d’épillets sur épi). Le cèphe est un insecte qui sectionne la tige. Par conséquent, lorsqu’on tire une plante atteinte, seul l’épi vient facilement. Le champignon responsable du piétin échaudage est spécifique aux graminées. Sa gamme d’hôtes comprend les blés dur et tendre, l’orge et le brome. La source d’inoculum est constituée principalement par les résidus des cultures hôtes. L’inoculum du champignon s’accumule lentement dans le sol. La survie du champignon est de courte durée. L’agent responsable du piétin échaudage se maintient dans la couche aérée du sol jusqu’à 5 à 10 cm, grâce à sa sensibilité au gaz carbonique. Les sols aérés, favorisent les contaminations par le piétin échaudage qui y trouve l’oxygène dont il a besoin et peu de gaz carbonique qui lui est néfaste. Ainsi, le piétin échaudage est moins fréquent en sol tassé ou lorsque l’aération du sol est faible. Pour limiter les attaques, il est donc recommandé de broyer finement et de répartir les résidus de paille. Le champignon survit sous forme de mycélium saprophyte sur les résidus des cultures hôtes. C’est un mauvais compétiteur qui ne peut pas survivre sans sa base nutritive. Les plantes de blé sont infectées lorsqu’elles rentrent en contact avec des résidus infestés par le champignon. C’est donc à partir des résidus proches des racines du blé que la colonisation va avoir lieu. L’infection va avoir lieu sur les poils absorbants ou les radicelles. A partir de cette base l’invasion va tou-

cher tous les tissus racinaires. Le piétin-échaudage est favorisé par un climat doux et pluvieux en automne. Aussi, les semis tardifs de fin novembre ou décembre sont généralement moins exposés aux attaques car les températures sont plus froides à cette époque. Une fois qu’une infection est établie, le champignon se déplace d’une racine à une autre, infectant les racines d’autres plantes. Ce qui fait que l’infection par le piétin échaudage se manifeste sous forme de foyers plus ou moins larges de plantes malades. Puisque le développement de la maladie est favorisée par les conditions humides, les foyers sont souvent localisés dans les zones les plus humides ou les moins drainées. Il existe ainsi deux phases d’infection du blé par le champignon du piétin échaudage. Une infection primaire qui a lieu en automne à partir de l’inoculum dans le sol et une infection secondaire (de plante à plante) qui a lieu au début du printemps. La maladie progresse aussi des racines vers le collet. Si le niveau de l’infection primaire est élevé, l’infection secondaire va être importante en temps humide et chaud. Les conditions optimales de son développement sont une humidité élevée du sol et une température du sol entre 10 et 20°C. Le piétin échaudage est favorisé par la monoculture, les sols légers à pH alcalins et de faible fertilité, des hivers doux et humides et des printemps pluvieux et les semis précoces. La maladie peut se développer aussi dans les sols lourds. Aussi, la pratique du semis direct est favorable au développement du piétin échaudage. La sécheresse pendant le remplissage des grains accentue les symptômes et aggrave les dégâts. De même, la densité des plantes favorise le développement de la maladie, En effet, plus la densité de semis est élevée, plus le chevelu racinaire est dense. Ce qui fait que l’expansion du piétin échaudage est facilitée.

Lutte contre le piétin échaudage

Le piétin échaudage est causé par un champignon qui se conserve sur les débris des plantes hôtes dans le sol Ce qui fait que la lutte contre cette maladie se base sur des méthodes préventives qui défavorisent l’activité du champignon dans le sol. Il est important d’abord que l’inoculum soit réduit au maximum en automne, pour cela il faut éviter toutes les situations qui lui permettent de subsister et de se développer, en particulier en évitant de laisser des résidus de récolte (chaumes) ou des repousses de céréales à paille ou des adventices (en particulier les graminées), à la surface du sol. La maladie est affectée par la température et l’humidité du sol et aussi par les pratiques culturales. Puisque les facteurs climatiques ne peuvent pas être contrôlés, on peut alors agir sur les pratiques agronomiques pour ralentir le développement de la maladie. Ces pratiques correspondent aux rotations, au contrôle des adventices, à la gestion des résidus des cultures précédentes, et à la fertilisation azotée. Pour la lutte chimique, il n’ya pas de traitement curatif, mais le recours au traitement des semences avec des substances actives spéci-

Agriculture du Maghreb N° 100 - Dec.16 Jan. 2017

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