Agriculture du Maghreb 89

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mélange peut atteindre 8-10 t de matière sèche équivalant à environ 35 t en frais, sachant que les résultats sont meilleurs sur sols riches, fertiles et dans les zones à plus forte pluviométrie. Au Maroc, l’association vesce avoine est semée en automne (pour bénéficier au maximum des précipitations), essentiellement en bour et accessoirement en irrigué quand les disponibilités en eau d’irrigation ne permettent pas de cultiver des plantes plus exigeantes. Par ailleurs, la culture du mélange vesce-avoine est aussi ‘‘aisée’’ que celle des céréales et se pratique dans toutes les régions du royaume Valeur alimentaire Elle est variable, puisque le fourrage est un mélange de deux espèces qui ne sont jamais récoltées aux mêmes stades et dans les mêmes proportions d’une parcelle à une autre. De même, selon l’utilisation envisagée du mélange (vert, foin, ensilage) l’époque de récolte est différente d’où une valeur alimentaire distincte dans les 3 cas. Selon l’Inra, en moyenne on admet que : - le fourrage vert récolté alors que la vesce est en floraison apporte 0,17 U.F. au kilogramme et 17 g d’équivalents protéiques, - 1 kg d’ensilage apporte seulement 0 ,12 U.F. et 8 g d’équivalents protéiques - le foin est de valeur différente selon le fanage et varie, pour 1 kg MS, entre 0,4 et 0,57 U.F. et 60-90 g d’équivalents protéiques. D’autres données indiquent que la valeur alimentaire varie de 0,66 à 0,75 UFL/kg de MS, sachant qu’elle s’améliore avec l’augmentation de la proportion de vesce dans le mélange. Semences : disponibilité et prix Au Maroc, les prix des semences certifiées fourragères sont libres et sont déterminés en début de campagne en fonction des disponibilités et de la demande du marché. Cependant, malgré la hausse de l’offre et la relative

stabilité des prix des semences (féverole, avoine et vesce), les ventes ont enregistré, en 200607, une chute de 32 % (8.200qx) par rapport aux ventes réalisées en 2005-06 (12.000 qx), soit 45% du disponible. Cette situation est attribuée au recours d’une partie des agriculteurs à la production commune pour satisfaire leurs besoins en semences, à la suite des bons résultats de la campagne agricole 2005-06. D’après les données du ministère de l’agriculture, les prix d’un quintal de semences R2 d’avoine ont fluctué de 2002 à 2009 entre 470 et 665 dh et entre 535 et 700 dh pour celles de la vesce, soit une fourchette de 41 et 31% respectivement. Raisons d’une désaffection La culture du mélange vesce-avoine, malgré les avantages qu’elle apporte à l’agriculteur et à l’éleveur, reste handicapée par plusieurs freins qui l’empêchent de prendre une part plus importante parmi les cultures fourragères et dans les assolements. Parmi ces contraintes on peut citer : - La disponibilité de semences - Le manque de maitrise par les agriculteurs du processus de production (équilibre entre vesce et avoine, fertilisation, lutte contre les adventices, …) - Le prix des semences - Les grains d’avoine non germés ou tombés à maturité (récolte trop tardive) risquent de germer les années suivantes comme adventices. Même chose en cas de montée en graine des adventices - Le manque d’information et d’encadrement des producteurs - Absence de travaux de recherche connus

Itinéraire technique Place dans l’assolement Peu exigeante envers le précédent cultural, l’association vesce avoine peut remplacer avantageusement la jachère et constituer un bon précédent si les conditions régionales (pré-

cipitations) sont favorables et si la coupe a été précoce évitant la montée en graine des adventices et permettant un travail précoce du sol. En outre si la culture est bien conduite elle est considérée comme nettoyante. Cependant, la production est meilleure après les légumineuses (fève, …) et les cultures sarclées (tournesol, betterave, …) alors qu’il est préférable d’éviter un précédent céréale, même si dans la pratique c’est la succession la plus fréquente. En effet, cette succession peut renforcer, à la longue, les effets connus de la monoculture céréalière, c’est à dire déséquilibre des éléments minéraux dans le sol, multiplication des adventices et maladies spécifiques, … Préparation du sol Elle commence juste après la fin des travaux de récolte du précédent cultural (fin printemps début été) et dépend de ce précédent et du type de sol et peut consister en labour profond sans retournement et sans mottes. Elle peut aussi se limiter à un labour peu profond juste après la culture précédente (entre 20 et 25 cm pour l’enfouissement des restes de culture et des graines d’adventices) suivi, avant semis, de travaux superficiels (5-6 cm) à l’aide d’outils à dents ou à

disques. Ces opérations devraient permettre la préparation d’un bon lit de semences et de préserver l’humidité du sol nécessaire à la germination. NB : Une préparation inadéquate du sol cause une germination incomplète des grains d’avoine et graines de vesce, qui resteront dans le sol et germeront comme adventices dans les cultures des années suivantes. Fertilisation L’apport de matière organique avant le premier labour est à recommander vu les avantages qu’il apporte sur le plan de l’alimentation des plantes cultivées, sur la structure du sol et l’amélioration de sa capacité de rétention de l’humidité. Les agriculteurs n’ont presque jamais recours à cette pratique en grandes cultures même s’ils sont conscients de son utilité à court et long terme (disponibilité, besoin de grandes quantités, coût, …). La fumure minérale aussi est souvent négligée par les agriculteurs alors que c’est une composante majeure du rendement et qu’elle est essentielle pour maintenir la richesse du sol et l’équilibre minéral. Cependant, elle est difficile à déterminer en raison de la différence entre les besoins des deux cultures et l’analyse du sol reste le meilleur moyen d’ajuster les ap-

Agriculture du Maghreb N° 89 Novembre 2015

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